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09/09/2008

Les Démocrates et l'Europe, l'Europe et la démocratie.

En juin prochain auront lieu les élections européennes, les sixièmes au suffrage universel direct. Elles se dérouleront dans un contexte politique alourdi, dans une crise croissante du lien qui unit les citoyens de l'Europe à leurs institutions communes, dans une période de doute en somme, et de danger pour le monde.

On anticipe sur une nouvelle progression de l'euroscepticisme, nourri et entretenu par les adversaires de l'indépendance de l'Europe autant que par ceux de son unité. Pourtant, si les eurosceptiques sont encore plus nombreux, il ne fait aucun doute que les électeurs favorables à la construction européenne seront fidèles au poste, mobilisés pour le scrutin, cherchant par leur vote à exprimer leur foi dans une construction politique qui a procuré paix, stabilité et prospérité à l'Ancien Monde, même si elle n'a pas su atteindre toutes les perfections imaginables. Nul doute que ces europtimistes s'attendront à ce que le Mouvement Démocrate parle d'Europe d'une voix forte, pas forcément pour exprimer des béatitudes, mais pour dire avec clarté que l'horizon européen est bon.

Et quoiqu'on en pense, il ne fait aucun doute que la campagne produira ce résultat et drainera vers le MoDem une très forte proportion des 20 % environ qu'ont constitué dans les dernières décennies les électeurs "fédéralistes".

Ni la candidature éventuelle de Bernard Tapie, ni celle non moins éventuelle de Daniel Cohn-Bendit (toutes deux destinées sans doute à gêner la formation bayrouiste) ne changeront le fait que l'épine dorsale de l'idée européenne se trouve, en France, dans la famille démocrate.

Reste à savoir de quoi il faudra parler.

L'Europe se trouve à un carrefour historique. Ceux qui, voici quinze ans, pronostiquaient la fin de l'Histoire, s'aperçoivent que, d'un pas impérieux, celle-ci s'est remise en marche ; or, comme disait Cocteau, l'enfer existe : c'est l'Histoire.

L'élargissement de l'Union européenne n'est plus très loin d'atteindre son terme avec les deux seules dernières questions de l'ex-Yougoslavie et de la Mer Noire, sans aller jusqu'à l'hypothèse envisagée par Dominique Strauss-Kahn d'un élargissement à l'ensemble du bassin méditerranéen. L'élargissement n'est donc plus une question centrale, sinon en ce qu'il contient la menace de l'engrenage guerrier en Ukraine et en Géorgie.

En revanche, l'approfondissement, qui a toujours constitué l'autre pendant de la dialectique européenne, est un chantier très effervescent.

La fin du mauvais traité de Nice était programmée avec l'adoption du traité constitutionnel en 2005. L'échec de celui-ci a ouvert une période d'incertitude qui ne s'est toujours pas refermée. Le traité de Lisbonne a repris plusieurs dispositifs centraux du traité avorté, notamment pour l'amélioration du travail démocratique de l'Europe. Mais il est lui-même en suspens et, de toutes façons, sujet à certaines des mêmes critiques que son prédécesseur, ce qui est logique, puisqu'il en adopte la plupart des points de vue. La question de la laïcité de l'Europe fait partie de ces sujets.

Autre inconvénient de ce nouveau traité : il entérine le fait que pour au moins dix ans, les États-membres renoncent à toute intiative d'envergure pour relancer la construction européenne.

C'est dommage mais, après tout, peut-être est-ce le moment d'en profiter pour proposer des mécanismes et des institutions capables d'améliorer l'Europe sociale et l'Europe des citoyens.

François Bayrou, dans son discours de clôture, a indiqué les thèmes d'une campagne électorale. Parmi eux et dans l'arsenal de la vie quotidienne des gens, il y a matière à inventer.

L'Europe se préoccupe d'équipements publics, elle a raison, mais ce n'est pas suffisant, il lui faut prouver qu'elle n'est pas l'éternel Père Fouettard, mais au contraire la protectrice des modes de vie, du développement durable et des faibles.

De ce point de vue, Jean-Luc Bennahmias avait raison d'épingler récemment à Cap Estérel l'opacité des décisions du conseil européen, où les gouvernements, en catimini, prennent des décisions, entérinent dans le secret des arbitrages parfois douloureux qu'ils font endosser à la seule Europe. Ce n'est pas de bonne gouvernance et cela doit être amélioré par la clarté et la transparence.

Certes, le principe de subsidiarité s'oppose en partie à une présence trop marquée des institutions européennes sur le terrain, mais sans celle-ci, il ne fait aucun doute que la construction européenne continuera à accompagner l'ensemble des institutions dans la crise qu'elles subissent.

Voilà quelques idées, en somme pour aider à prouver que l'Europe n'est pas qu'un mariage de raison, mais que s'y mêle - plus que tout - le coeur.

23:36 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : europe, modem | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Je pense qu'on peut être, raisonnablement, un poil plus optimistes.

Bien sur, les euro-sceptiques existent et la cassure qui s'est manifesté dans les consultations populaires ne s'est pas refermée. Malgré cela, quelque chose bouge. Notamment, j'ai eu déjà plusieurs appels de la part d'amis "euro-déçus" qui avaient voté non au TCE, me demandant des informations sur notre approche. Cette "Europe des Citoyens" qui a été plusieurs fois évoquée à Cap Estérel (à mon plus grand plaisir, par ailleurs) fait brèche.

Le Modem a entamé un travail remarquable. Maintenant, il faut continuer. Et je crois que les urnes seront belles, très belles, en 2009

Écrit par : Claudio Pirrone | 10/09/2008

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