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29/11/2008

À quoi sert le Mouvement Démocrate ?

Dans un débat récent ici, sur mon blog, j'indiquais que si le MoDem n'est qu'une machine à gagner des élections, et en particulier une machine à faire gagner l'élection présidentielle par Bayrou, alors le MoDem ne m'intéressait pas. Cette même opinion, je l'ai déjà exprimée dans le passé et j'en ai déjà tiré les conséquences nécessaires : de 2001 à 2004, je suis resté un adhérent distant, ne participant à rien. 2004 a été un moment sympathique, mais c'est l'apparition de Quitterie Delmas en 2005 qui m'a vraiment ramené vers l'engagement politique.

Tout en étant distant, je n'ai pas changé mon vote, ni d'ailleurs mes convictions foncières, mais mon activité a été nulle, parce que je trouve sans le moindre intérêt de consacrer du temps au culte de la personnalité ou à une stratégie dont je ne suis qu'un paramètre (faible).

En réclamant aux adhérents du Modem un esprit "commando", Bayrou a réitéré le choix qu'il avait déjà exprimé du temps de l'UDF : celui d'un appareil voué à lui obéir sans débat, un choix qui a à mon avis accéléré le déclin démographique de la vieille famille centriste et démocrate. Je crois personnellement dans la vertu du débat.

C'est son choix, à chacun d'en tenir compte en conscience. Pour ma part, comme on le sait, je préfère consacrer mon travail politique à Quitterie. D'autres ont pris la tangente.

C'est chez l'un de ceux-ci, Hyarion (passé au PS) que j'ai trouvé un texte qui m'a ouvert à l'idée que la proposition de Ségolène Royal de transformer le PS en fan-club était sérieuse : il faut vivre avec son temps, dit en substance Georges Frêche selon les propos rapportés par Hyarion, et notre temps a besoin de partis politiques qui soient des écuries présidentielles, rien de plus.

Il y a donc bien une opinion commune chez les politiques, chez les gens d'en haut, ceux qui nous gouvernent, que la participation des citoyens est un leurre et que l'adoration est l'état natif du militant politique.

Tant pis pour eux s'ils croient cette folie.

Mais il faut dire qu'ils sont alors moins en situation de critiquer la pratique despotique et discrétionnaire (pour ne pas dire arbitraire) du président Sarkozy, puisque leur conception du pouvoir est en fait la même.

Il y a là, de toute évidence, un constat qui va continuer à éloigner les gens de la politique dont ils seront de plus en plus les spectateurs et non les acteurs, quoi qu'en disent nos responsables politiques qui me semblent plus inconscients que réellement malveillants.

Le discours participatif se dévoilera comme triste farce assez vite.

Pour ma part, ce constat ne signifie pas que je ne soutienne pas Bayrou, il y a un socle programmatique qui nous est propre et que Bayrou, je crois, n'éludera pas s'il est élu et s'il conquiert le pouvoir législatif ensuite : liberté de la presse, indépendance de la justice, bonne gouvernance, saine gestion. Ce constat ne signifie pas non plus que je penche subitement du côté de ceux qui semblent tourner le dos à la logique des partis-croupions : le PS canal historique de Martine Aubry. Non, car on voit que les vieilles marmites ne sont parfois capables que de réchauffer des plats rances et moisis. Mais ce constat fait que je ne perdrai pas mon temps dans des activités vides de sens.

Heureusement, il y a Quitterie Delmas.

Commentaires

Je partage quelques unes de tes exigences en matière de relation entre leader politique et militant : l'adoration et la soumission ne font pas avancer les débats.

Mais sur le commando souhaité par Bayrou, je dirais autre chose : il ne sert pas seulement à créer l'écurie qui fait gagner Bayrou aux Présidentielles, même si c'est sa vocation première.

Un parti fort peut aussi faire entendre sa voix dans tous les débats,et porter des valeurs aux oreilles de la population. Je souhaiterais vraiment que Bayrou ne soit plus le seul à apparaître en public et dans les médias, nous avons suffisamment de talents qui savent s'exprimer et convaincre, sans pour autant apparaître comme des personnes avides de pouvoir. Si on voyait que le MoDem a du monde et qu'il a de nombreux protagonistes qui veulent faire bouger les choses, l'élan de la population vers nous serait plus évident.

On ne pourra cependant pas éviter l'abnégation de certains militants vis à vis de leurs chefs.

Nous devons apprendre à créer davantage de débats. Même si c'est plus difficile avec tant de monde. Quitterie a morcé quelques exemples, d'autres suivent. L'énergie de certains peut permettre envers et contre toute réticence de vraiment commencer à faire autrement... Bayrou a dit "je veux des automoteurs"... il l'a dit, inutile d'attendre d'autres signaux!

Écrit par : Nelly | 29/11/2008

Tu sais que je partage ce que tu écris ici, nous en avons parlé très souvent.
Je ne cesse pas de m'étonner de constater que plus le "petit peuple" des fourmis militantes et citoyennes réclame d'ouverture et de coopération, plus il rejette la notion de "chef suprême" et plus les hommes politiques semblent vouloir a contrario renforcer leur leadership et leur fanclub :(

Écrit par : marie laure | 29/11/2008

Il y a une contradiction dans ton discours, Hervé : toi même admet "consacrer mon travail politique à Quitterie"

Au delà de l'opinion que chacun d'entre nous peut avoir (ou pas) sur Quitterie, ne tombes tu dans le même travers que tu dénonces ("je trouve sans le moindre intérêt de consacrer du temps au culte de la personnalité") ?

Et finalement, si on part de l'idée que toute personne impliquée en politique a une ambition, la question pertinente ne serait par hasard pas celle-là : http://skeptikos.hautetfort.com/archive/2008/11/29/individuel-et-collectif.html ?

Écrit par : Claudio Pirrone | 29/11/2008

@ Claudio

Non, parce que mon admiration pour Quitterie est aussi d'une autre nature et que je ne m'en cache pas.

Écrit par : Hervé Torchet | 29/11/2008

@ Claudio
La "contradiction" dans le propos d'Hervé ne me semble pas évidente.

Sauf erreur de ma, part Quitterie n'appelle pas à la création d'un commando de fidèles pour soutenir son action, mais à la construction d'un mouvement de militants libres et responsables autour de valeurs fondamentales.

Maintenant chaque militant a le droit d'avoir ses préférences ...

Écrit par : Spaulding | 29/11/2008

Pardonnez-moi, je pensais qu'on parlait de politique :-)

@Spaulding
Désolé de ne pas être d'accord. Bayrou, Quitterie, vous, moi, même Hervé :-) nous avons tous des positions qui nous sont propres. En quelque sorte, différentes. Et cela bien qu'on partage suffisamment de valeurs, repères et convictions qui nous amènent au sein du même parti.

Voyez, je ne sais pas si vous avez lu l'article que j'ai cité. C'est réellement ma position depuis toujours. Mon pirronisme politique à moi en quelque sorte.

Mais je trouverais bizarre que quelqu'un me soutenant en tant que Claudio s'en prenne au "fans clubs" des autres.

Écrit par : Claudio Pirrone | 29/11/2008

Hervé, je suis très d'accord avec ton article, et pourtant la comparaison que fait Claudio me semble avoir plus de sens (au moins pour d'autres que toi) que tu ne lui en reconnais. Ou pour le dire autrement : je suis entièrement d'accord avec ton article, mais pas tout à fait avec ce que tu dis de François Bayrou. Allez - j'irais même dire que je suis un peu déçu par cette appréciation. Quand des nouveaux militants qui ont rallié avec enthousiasme François Bayrou, ont investi (transféré) sur lui énormément d'eux-mêmes, en encaissent le contrecoup en revenant au réel - je comprends le déchirement, l'aigreur, la douleur qu'ils peuvent ressentir. Et au passage, j'imagine que ça fait partie du plus difficile dans le métier de personnage politique médiatique - la violence que vous subissez de la part d'enthousiastes frustrés, de personnes dans la confusion - ils vous voudraient superman, et vous n'êtes qu'un homme ordinaire, ils pensaient être un peu vous, et ils ne le sont pas. Bref, je m'éloigne du sujet. Le sujet, c'est : pas toi, Hervé ! Toi qui connais ton François Bayrou depuis l'aube des temps centristes ou presque, tu pourrais être plus juste (de mon point de vue).

Concrètement, tu dis deux choses : 1) en demandant un "commando", François Bayrou refuse le débat, 2) tu es d'accord sur son programme mais c'est tout.

J'ai eu le plaisir de lui poser la question du commando (re :-) lire http://www.francedemocrate.info/spip.php?article341 ). Quelles que soient les connotations de l'image, et le peu d'envie que nous pouvons avoir de rester au garde-à-vous, François Bayrou ne refuse pas le débat. À l'UDF, il y en avait, que je sache - censurait-on qui que ce soit ? Dans les congrès, quand la parole est à la salle, c'est vraiment M. Lambda dans la salle qui peut dire ce qui lui passe par la tête, sans filtre ni noyautage. ("Je le sais, je l'ai fait"). Au MoDem, il y en a toujours : a-t-on exclu qui que ce soit, ou même suspendu, sanctionné, averti, pour l'expression de leurs idées propres, éventuellement différentes de celles de François Bayrou ? Au contraire, beaucoup en font des blogs et certains en font des livres.

Dans mon esprit, laisser le débat se dérouler ne veut pas dire payer pour organiser des divisions artificielles : François Bayrou ne veut pas d'un parti à courants - et franchement, quand je vois le PS tenir des "assemblées de motion" en préambule ou en parallèle de leur congrès, je me dis qu'ils sont mabouls.

Bref, on peut reprocher plein de choses à l'organisation du MoDem (et je crois pas m'en être privé), mais je ne crois vraiment pas que le débat y soit exclus de quelque manière que ce soit.

Bon, et puis moi aussi, j'approuve le programme de François Bayrou, mais j'approuve aussi sa conviction que "la fin est dans les moyens comme l'arbre est dans la graine". La façon d'exercer ses responsabilités produit des résultats. Et il me semble que la façon de voir les choses, d'interagir avec les autres, de François Bayrou, correspond bien à ce dont nous avons besoin pour un Président (de la République,… ou d'un Conseil d'administration d'entreprise, ou d'un parti qui aurait un bon Secrétaire général).

Evidemment, au Mouvement démocrate, nous n'avons pas de Secrétaire Général et nous n'en aurons sans doute pas - j'imagine qu'entre M. Douste-Blazy et quelques autres expériences de binôme n°1/n°2, à l'UDF ou ailleurs, François Bayrou a pu se convaincre que dans les partis français, ça rate à chaque fois. Moralité, nous avons un parti doté - comme l'UDF - d'une bonne inspiration, avec un leader incontesté, et voilà tout. Un parti sympathique, accueillant, et qui se met à "vivre" comme mouvement sous l'impulsion d'initiatives bottom-up - comme Quitterie en a pris avec succès à plusieurs reprises. Je préfère ça à un parti organisé fonctionnellement, aux leaders contestés et sans inspiration.

Voilà… j'en enfilé comme perles quelques banalités, merci de m'avoir donné l'occasion de les poser là !

Écrit par : FrédéricLN | 29/11/2008

@ FLN

Il n'y a jamais eu de débat dans l'UDF. La place du militant y était forcément marginale pour des raisons philosophiques : la structure fédéraliste s'interposait entre le militant et Bayrou.

Le seul aspect de la philosophie nouvelle qui est bon est que dans la forme antérieure, le responsable local ne prenait aucun engagement de servir l'adhérent qui venait pour la personnalité de Bayrou. Dans la forme nouvelle, Bayrou demande expressément aux responsables locaux de faire cet effort, c'est un progrès.

Mais franchement, nous ne sommes pas bridés dans notre expression, mais la question est-elle pour la tête de ne pas empêcher le débat ou de le susciter ? et menons-nous un réel débat ? Pas sûr. Sauf sur un point : nous pouvons critiquer. Et d'ailleurs c'est heureux puisque, comme je l'ai rappelé, "sans la liberté de blâmer, il n'y a pas d'éloge flatteur", ce qui fait que quand j'approuve, on peut croire que c'est sincère.

Mais franchement, pour le reste, ce qu'on fait est fonction de ce qu'on cherche à faire et je sais bien ce que je n'ai pas fait de 2001 à 2004 et ce que je ne ferai pas non plus demain, de quoi me préserve l'apparition de Quitterie.

Écrit par : Hervé Torchet | 29/11/2008

@ Hervé : nous donnons peut-être des significations différentes au mot "débat", ou nous avons été à l'UDF à des endroits différents ou des époques différentes !

Au congrès de janvier 2005, participant de base qui/que ne connaissait personne dans la salle, j'ai fait adopter deux amendements aux motions proposées au vote. Si ce n'est pas de la liberté de débattre ?…

D'un autre côté, j'ignorais que "Bayrou demande expressément aux responsables locaux de faire (l') effort ... de servir l'adhérent" - mais là-dessus je suis d'accord avec toi - l'adhérent n'a pas à "être servi", mais à être mis en situation d'activité / d'efficacité politique, et là-dessus il y a tout à faire.

Écrit par : FrédéricLN | 30/11/2008

@Claudio,
Il y a au moins une différence entre les attitudes de F.Bayrou et de Q.Delmas, du moins telle que je les perçois.

Pour poursuivre sur la métaphore initiée par FredericLN sur ton billet "Individuel et collectif", F.Bayrou est passé d'une position de meneur de jeu qui profite à tout le monde (le catalyseur d'énergies du printemps 2007 pendant la campagne présidentielle) à une position d'avant-centre (filez moi la balle pour que je marque en étant élu président en 2012).

Le peu que je vois de Q.Delmas à travers son blog et celui d'Hervé, me donne l'impression qu'elle se place depuis longtemps en position de meneur de jeu et qu'elle n'a pas, pour l'instant, l'intention d'en changer.

Écrit par : Oaz | 01/12/2008

@ OAz

Très juste métaphore, élégante.

Écrit par : Hervé Torchet | 01/12/2008

La métaphore est juste, et les personnes qui se posent telles sont actuellement :
- Quitterie Delmas
- Corinne Lepage
- Marielle de Sarnez
(ordre alphabétique)

Je prends les deux premières comme plus en phase avec la base pour parler gauchiste et donc sur une meilleure trajectoire.

Je crois quand même que côté homme ça manque un peu donc on devra faire sans la parité. :o)

Pour revenir sur la question de l'expression des militants, certes, l'on peut critiquer, signaler les disfonctionnements etc. Mais depuis que le MoDem existe (virtuellement, soit un peu plus d'un an), les militants ne s'en sont pas privé. Résultat : rien. Des élections ont lieu, l'organisation se met leeeeeeeentement et louuuuuuuuuuurdement en place et pour le moment, une grande impression de rien persiste. Je dirais même que s'il n'y avait Quitterie et Madame Lepage, la sclérotique serait quasi parfaite sauf dans certaines sections (heureusement pour celles-ci). J'espère que la fin des alibis et du provisoire montrera qu'il peut y avoir un volonté d'action et du concret qui avance. Je n'irai pas jusqu'au fonctionnement participatif, mais déjà si les points soulevés localement par les minorités sont résolus comme il se devrait, c'est après tout pour le bien du parti, ce serait bien, et soyons fous : si un peu de transparence et de mélange des genres autrement que par en haut dans les listes des futures élections ce ne sera pas plus mal et même du bien.

Écrit par : Diogenes | 01/12/2008

oui tu parles du programmatique de Bayrou mais c'est quoi?Parce que caricaturer le ps en parti de fans c'est bien gentil mais il propose quoi précisément le modem?pour l'instant on entend que du "on veut pas".

Écrit par : romain blachier | 01/12/2008

@ Romain Blachier

Merci de votre visite, cela étant, ce n'est pas Bayrou qui caricature le PS en fan-club, c'était la proposition de Ségolène Royal reprise par Georges Frêche.

Écrit par : Hervé Torchet | 01/12/2008

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