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30/11/2008

Firefox 3.1 au premier trimestre, Ubiquity à découvrir.

Si j'ai acheté un Mac lorsque j'ai acquis mon premier micro-ordinateur, en avril 2001, c'est parce que je ne savais pas me servir d'un ordinateur et que je voulais pouvoir, assez vite, y faire la mise en page de mes premiers livres (d'abord des brochures parues en juin 2001, puis mon premier gros livre en décembre 2001). Depuis ce temps, à très petits pas, j'apprends à connaître l'outil informatique et son prolongement vertigineux, Internet. On ne m'en voudra donc pas de m'exprimer avec prudence sur des notions que je ne maîtrise qu'imparfaitement.

Cette précaution prise, me voici rentré de la seconde journée de l'Ubuntu party, un week-end de promotion organisé à la cité des Sciences de La Villette, dans le nord à nord-est de Paris.

Je suis arrivé vers trois heures et demi, au milieu d'une conférence de Pascal Chevrel, qui est l'un des salariés de Mozilla France. Il expliquait les grandes lignes de Mozilla et de ses outils web, Firefox et Thunderbird en particulier, devant quelques dizaines de personnes, surtout des hommes jeunes. Il annonça la sortie de Firefox 3.1 pour le premier trimestre 2009. Il nous indiqua que, par chance, sa conférence serait inopinément suivie d'une table ronde autour de Tristan Nitot, président de Mozilla Europe, dans la salle de réunion dévolue à Mozilla par l'organisation.

Nous avons donc suivi les flèches pour trouver Tristan Nitot devant un écran nourri par un rétroprojecteur. Il commençait à présenter les quatre objectifs définis par Mme Mitchell (euh... j'ai oublié son patronyme), présidente de Mozilla monde.

D'emblée, il a fallu répondre à la question d'une personne du public : l'objectif de cette dame se définissait en anglais en "Mindshare" et en "Marketshare". La première notion est difficile à traduire, je pense qu'il serait honnête de dire "notoriété", car "part d'esprit" est abstrait, "part de cerveau" fait un peu "temps de cerveau disponible".

La deuxième notion, elle, en revanche, ne pose aucune difficulté de traduction : part de marché. Et évidemment, quand on nous explique que Mozilla Corporation fait un profit de 80 millions de dollars (pour 200 salariés, ce qui n'est pas mal, 400 000 dollars par salarié), on se demande forcément où va l'argent, et si l'on n'est pas en présence de l'une de ces ONG qui vivent du charity business, alors qu'on vient chercher un mouvement d'idées désintéressé.

Tristan Nitot se défend bien et défend bien son organisation. D'une part, parce que celle-ci est en concurrence frontale dans un secteur presque exclusivement peuplé de vastes entités mues seulement par le profit (ce qui n'est pas le cas du charity business, qui n'est en concurrence qu'avec lui-même), et orgnaisées en sociétés cotées en bourse, qui ont nom Microsoft, Opéra et autres, alors que Mozilla est une fondation aux États-Unis et une association régie par la loi de 1901 en France. D'autre part, parce que la méthode de travail de Mozilla est le meilleur gage de la nature de cette entreprise, compte-tenu du fait qu'elle repose sur des réseaux de bénévoles surinformés, dont des hordes de trolls, et que le résultat du travail de la "communauté" Mozilla est entièrement ouvert, transformable à tout instant, copiable par qui veut (Ubuntu p ex ne s'en prive pas, nous dit-on), et que, donc, l'utilité de l'ensemble est patente.

Cela étant, le côté cocardier de la mentalité américaine est un peu étranger à la méfiance congénitale française qui a du mal quand on lui dit, "faisons en sorte que Mozilla soir numéro 1". Un peu comme ce que je disais de Bayrou hier : ce qui m'intéresse, ce sont les principes qu'il défend, pas Bayrou lui-même, ce qui ne signifie évidemment pas que je sois contre lui, puisqu'il est le mieux à même de faire le succès de ces principes. eh bien, c'est un peu la même chose : on se méfie de la récupération affective sur Firefox, mais on est évidemment pour que la philosophie du libre occupe la place centrale.

Ce rapport entre la structure et le principe crée un problème insoluble. Mutatis mutandis, c'est celui de l'église catholique et de ses croyants, des appareils politiques et des militants, des états-majors et des soldats en temps de guerre. Se bat-on pour la patrie ou pour l'intérêt de quelques-uns ? Milite-t-on pour la cause ou pour la carrière de quelques-uns ? Va-t-on à l'église pour sauver le monde ou pour nourrir quelques-uns ?

Or c'est dans le premier des objectifs fixés par Mme Mitchell truc que se trouve l'argument décisif. Et c'est peut-être une erreur qu'a commise Tristan Nitot en commençant par le quatrième objectif, le plus opérationnel, au lieu de suivre le plan indiqué par la présidente de Mozilla Corp., qui débutait par les objectifs philosphiques et terminait par les objectifs opérationnels. Du moins c'est peut-être une erreur, étant donné que nous n'étions pas, là, suffisamment armés pour gober tout crus les objectifs opérationnels (Mindshare et Marketshare) qui sont déjà de l'ordre de la lutte active.

Cette erreur n'est pas grave, au fond, puisque nous avons pu trouver notre chemin jusqu'à la juste organisation des idées, nous avons pu comprendre pourquoi il était utile et même nécessaire de promouvoir Mozilla, parce que c'est une fondation dans un monde de requins, parce que c'est un vecteur de propagation d'outils informatiques libres dans un monde qui cherche sans cesse à les rationner. On a bien compris, par exemple, que les excédents d'exploitation de Mozilla garantissaient son indépendance et sa liberté, par exemple si Google décidait de rompre les accords commerciaux qui unissent les deux entités.

Et alors, à propos de Google, on nous a présenté une sorte de Supergoogle qui semble encore dans une phase semi-expérimentale, mais qu'on peut d'ores et déjà télécharger et utiliser : Ubiquity. Ca a l'air fascinant et, tenez, je vous laisse, je cours l'essayer.

Ah, une dernière chose : je ne peux quand même pas terminer sans avoir précisé que, ce matin, était venue à l'Ubuntu Party notre Quitterie Delmas.

Commentaires

ubiquity et quicksearch les partenaires de mon clavier de Macers. (launchy avec mon pc)
...le gros problème d'ubiquity pour l'instant : obligé de laisser traîner son historique et penser en anglais ce que l'on tape. Le logiciel apprends de ce que les utilisateurs font.

Maintenant, je n'utilise plus ubiquity mais je lui redonnerais une chance une fois terminée la phase d'essai. C'est vraiment le prototype des logiciels intuitifs dont on nous parle depuis un bout de temps. Et c'est vraiment PHENOMENALE.

A court terme je vois bien ubiquity comme LE compagnon des smartphones qui s'annoncent : des smartphones connectés au net avec vidéo-projecteur intégré et un clavier projeté sur un support plan par infra-rouge ou lasers. Des outils de communication petits, adaptés à la morphologie des humains avec des logiciels embarqués intuitifs au services des humains.

Amusez vous bien !!!

Écrit par : chr!s | 30/11/2008

Intéressant, merci pour toutes ces informations !

Écrit par : L'hérétique | 30/11/2008

Heureux que Quitterie ait pu venir, au moins elle s'intéresse un peu au sujet. En effet, le dernier intervenant a déclaré que les logiciels libres ne soulèvent guère d'enthousiasme dans les rangs des parlementaires européens. Du beau travail de lobbying en perspective...

Écrit par : Jérôme Helbert | 30/11/2008

En marge de ces considérations fort judicieuses sur le libre ;-)

"Un peu comme ce que je disais de Bayrou hier : ce qui m'intéresse, ce sont les principes qu'il défend, pas Bayrou lui-même, ce qui ne signifie évidemment pas que je sois contre lui (…)"

-> Je te comprends bien, et c'est le point de vue de François Bayrou lui-même ; je crois que quand quelqu'un vient lui dire "je me suis engagé pour vous", il répond souvent quelque chose comme "vous voulez dire : pour nos idées". En tout cas, il dit des choses similaires sur son propre engagement passé auprès de Jean Lecanuet etc.

Et tout à fait d'accord avec ton paragraphe suivant sur la comparaison avec les états-majors ou les clergés.

Mes commentaires précédents ne contestaient pas ton engagement avec François Bayrou, loin de là ;-) Je trouvais simplement trop lourd pour un seul homme, le cahier des charges que tu semblais proposer pour le Mouvement démocrate. Un Mouvement démocrate peut avoir besoin d'un leader qui en est l'inspirateur et le point de ralliement, mais il ne peut pas, il ne doit pas reposer sur la volonté d'une personne. Il faut au contraire souhaiter que le leader y soit peu présent, laisse le Mouvement libre et autonome, sinon c'est le risque de la secte.

Je crois donc que nos amis "pro-démocratie interne" qui voudraient voir François Bayrou intervenir à tout bout de champ (pour faire le procès de tel ou tel leader local, le ménage parmi tels ou tels "ex-UDF", etc.), font là une erreur d'appréciation sur ce que peut être une "démocratie interne". Et que identiquement, nos mêmes amis "pro-démocratie interne", quand ils s'indignent de supposées multiples interventions de François Bayrou pour fausser, verrouiller, que sais-je, la vitalité du mouvement, devraient réexaminer de plus près quels actes concrets qu'ils lui reprochent : généralement presque rien, sinon justement de laisser faire d'autres, ce qui, selon moi, est plutôt louable.

Par ailleurs, j'ai de multiples regrets concernant nos institutions internes - je les ai exprimés lors des débats sur ces sujets. Je suis persuadé que, dans une organisation aussi grande que le Mouvement démocrate, "tout", ou beaucoup, "est dans les institutions". Mais certaines des dispositions qui me semblent paralysantes (comme la présidence collégiale, contraire au principe de "cohérence de l'exécutif" sur lequel François Bayrou avait insisté au niveau national) ont été soutenues par beaucoup des militants "pro-démocratie interne". Donc moi non plus, je ne ferais pas reposer toute la responsabilité sur une seule personne !

Écrit par : FrédéricLN | 01/12/2008

Merci Hervé de ton passage dans la salle de Mozilla hier. J'espère que cet échange aura été aussi instructif pour toi qu'il a été pour moi. Je ne suis pas sûr que le format de la discussion ait été parfait, mais j'aurai appris dans cette interaction avec les personnes présentes dans la salle, et tu n'étais pas le dernier !

Tu aura peut-être remarqué qu'il y a dans notre approche du logiciel Libre des points communs avec l'engagement politique. J'espère que tu n'y es pas insensible. Je tenais à te féliciter pour avoir trouvé et signalé la phrase de Victor Hugo qui a résonné en moi quand je l'ai lue :

> je fais mien ses autres vers qui sonnent comme une devise, celle que devrait adopter tout homme qui détient un pouvoir et un savoir : "Agrandir les esprits, amoindrir les misères".

Même si chez Mozilla, on en est pas à amoindrir les misères (à part celles des utilisateurs d'Internet Explorer ;-) ), on essaye de faire avancer les choses (du Net) dans le bon sens, celui de la participation et de l'appropriation, ce qui vise à faire du citoyen un acteur plutôt qu'un simple consommateur. (A rapprocher du récent discours de F. Bayrou en contre-pied de celui de N. Sarkozy sur l'importance de l'argent par rapport à l'éducation).

Bref, merci encore pour ta présence dimanche.

--Tristan

Écrit par : Tristan | 01/12/2008

@ Tristan

Ce fut une rencontre fructueuse et je souhaite avoir rendu un compte fidèle des engagements réels de Mozilla pour le progrès de la généralisation de la connaissance.

Mon Internet a pris un tout autre visage le jour où Mac est passé d'I.E. à Safari. Et tout s'est encore accéléré, lorsque je suis passé à Firefox sur le conseil de Quitterie Delmas.

Écrit par : Hervé Torchet | 01/12/2008

@ Frederic,
Relisez donc les textes, la présidence collégiale concerne les grandes villes seulement, ben oui pas que l'échéance des Européennes qui arrive! mdr

Écrit par : Martine | 01/12/2008

"la présidence collégiale concerne les grandes villes seulement"

???? http://www.mouvementdemocrate.fr/evenements/telechargement/RI_261008.pdf article 4c.

Écrit par : FrédéricLN | 01/12/2008

:)) Merci, Fred je les connais ;)) Il y a de prochaines élections internes, non??? Pour certaines circonscriptions...

Écrit par : Martine | 01/12/2008

Voilà un billet qui explique beaucoup mieux (et qui analyse mieux) l'argumentaire de Tristan que celui que j'ai écrit moi-même.
La "politique" de Mozilla qui vise a pousser le web dans le bon sens est un pari assez osé, mais pour le moment, cela marche pas mal. J'espère que cela continuera. L'utilisation d'outils ouverts et standards est une nécessité pour assurer la pérennité et la liberté du web.
Les confrontations d'idées étaient vraiment intéressantes autour de la table ronde. Il ne reste plus qu'une chose... Comment faire le point dans un an ?

Écrit par : kankan | 02/12/2008

@ kankan

Votre blog est sympa, j'ai essayé d'y laisser un commentaire, mais ça n'a pas fonctionné.

Écrit par : Hervé Torchet | 02/12/2008

Pour le bug, c'est désormais réparé. Un simple point oublié dans mon code...

Écrit par : kankan | 02/12/2008

"je suis passé à Firefox sur le conseil de Quitterie Delmas." : Voilà qui me réjouit, à double titre :

1 - Ca confirme que le bouche à oreille est infiniment plus puissant que la pub (que nous n'avons pas les moyens de faire), car Firefox (en tant que produit de qualité) et Mozilla (en tant que structure à but non lucratif) s'y prêtent.

2 - Compter Quitterie Delmas parmi ses ambassadeurs est quand même une performance :-D .

Écrit par : Tristan | 02/12/2008

Merci.

Écrit par : Mozilla Firefox | 14/12/2009

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