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21/12/2008

A propos des quotas de boursiers dans les grandes écoles.

J'ai été frappé de l'abondant silence qui a entouré l'exigence faite par le présicrate de recruter un tiers de boursiers dans les grandes écoles. Sur le papier, l'idée paraît généreuse, mais en fait, elle s'attaque au problème de la formation et de la sélection des élites par le mauvais côté. Feu Bourdieu, voici déjà une bonne quinzaine d'années, a mis le doigt dans son ouvrage "la noblesse d'état" sur le réel problème des grandes écoles : leur recrutement est désormais pour une forte proportion composé d'enfants d'anciens élèves des mêmes écoles.

Et comme la seconde population nombreuse dans les grandes écoles, ce sont les enfants de prof, la proposition présidémentielle aboutit à découper le recrutement en trois tiers : un tiers d'enfants d'anciens élèves, un tiers d'enfants de prof, un tiers de boursiers, et rien pour les autres. La situation n'en est que faussement améliorée, puisqu'on remplace le tiers méritocratique des classes moyennes par un tiers "ascenseur social" dont les capacités ne sont pas le premier critère (sinon, il suffirait d'augmenter la dotation en bourses et le système roulerait de lui-même). Résultat : on affaiblit la sélection sans améliorer les performances du système, au contraire.

N'y a-t-il pas quelque chose d'authentiquement démagogique et dangereux, et ne vaudrait-il pas mieux redonner du poids (et des bourses) à l'université qui, elle, a prouvé sa capacité à promouvoir l'égalité ?

Commentaires

Très juste comme proposition.

Écrit par : Werner | 21/12/2008

Ex-boursiere et mere de boursiers,j'ai ete tres choquee de cette proposition d'un tiers de boursiers.Tout comme je suis contre la discrimination positive(mes enfants portent un nom etranger et je tiens a ce que leur reussite soit due a leur seul merite ).Il ne faut pas oublier tous ceux qui ne sont pas boursiers et doivent travailler pour leurs etudes.Les criteres d'attribution de bourse sont parfois discutables et a partir du moment ou l'etudiant est boursier,il a de nombreux avantages,exoneration des droits d'inscription,secu gratuite et locapass.
Celui qui n'a pas de bourse ,meme si sa famille a des revenus modestes,doit tout payer plein pot et surtout se loger,ce qui a Paris est prohibitif.L'urgence ,c'est le logement social.

Écrit par : exilee | 21/12/2008

Démagogie, démagogie ... on lance des petites phrases dont on croît qu'elles vont caresser le "bon peuple" dans le sens du poil, et en fait on dit des incongruités ! Tu as parfaitement raison ! Occupons nous de l'Université, remontons le niveau et rapprochons là des entreprises... On évitera tout ce gâchis !

Écrit par : Mirabelle | 22/12/2008

Le vrai problème selon moi c'est le bac...
On a voulu une génération de bachelier par démagogie, à l'heure actuelle c'est un diplome de fin d'étude et rien de plus.
Comme les parents refusent pour leurs enfants un apprentissage d'un véritable travail, chacun étant sensé faire Polytechnique, on enfourne dans des facs poubelles ces pauvres gosses à charge pour ces facs de procéder à une sélection féroce.
Elle laisse sur le tapis des kyrielles de sous-intellectuels frustrés profil Besancenot.
Alors boursiers ou pas...
Discriminé ou pas...

Écrit par : Jean Marie | 22/12/2008

pas totalement d'accord avec Jean Marie, oui le bac est une calamité, mais le problème de l'université est précisément qu'elle n'est plus en mesure de vraiment sélectionner, d'où une dévalorisation de ses diplômes, ce qui fait les beaux jours des grandes écoles !!! Le gros pb de la fac aujourd'hui c'est que lorsqu'on en sort avec bac +5, on est bon à rien sur le marché du travail, il faut encore passer des concours ... c'est à dire que tout est encore à faire pour trouver un taf, alors que dans les grandes écoles, qui elles, sélectionnent, c'est la voie royale, les partenariats avec les grandes entreprises etc ...
donc sélectionner sur les revenus ou absence de revenus c'est n'importe quoi ! la vraie égalité consisterai à donner les bonnes bases au primaire et au secondaire, en respectant la gratuité de l'enseignement, et par la suite sélectionner sur les vraies capacités des candidats et accorder les bourses nécessaires en conséquence.
dans ce que prévoit sarko, c'est prendre le problème à l'inverse ... totalement inopérant ! le jour le bac ne sera plus l'examen de passage pour entrer en fac, mais un vrai bon petit diplôme, permettant de s'en sortir, on aura fait un grand progrès... car on constate en 1ère année de fac que les étudiants ont majoritairement du mal à s'exprimer dans un français correct !

Écrit par : Mirabelle | 22/12/2008

Mirabelle, ce sont des nuances entre nous...
Le concept commun est celui de sélection, mot obscène, mais qui correspond à la réalité de la vie.
Il faut revaloriser l'enseignement technique.
Tout le monde sait que la France ne peut donner du travail à des armées d'historiens, de communiquants, de psychosociologue etc.
Elle ne pourrait pas plus en donner d'ailleurs à des kyrielles de médecins, d'ingénieurs etc...
A mon avis la solution se trouve dans un examen d'entrée en Fac.
C'est d'ailleurs ce qui se fait hypocritement.
Sinon comme en Grèce, en Italie, en Espagne les vraies études se font à l'étranger (Suisse, USA, Angleterre) sur la sélection de l'argent des parents.

Écrit par : Jean Marie | 23/12/2008

@jean marie : exactement, de toutes les façons quand il n'y a pas de sélection au début, il y en a à la fin ...et c'est pire parce que cela fait perdre des années à ceux qui sont boulés. Un examen d'entrée à l'université fait le doublon avec le bac ou l'ESEU et risque de ne porter que sur des matières générales, or on peut être plutôt mauvais en général et très bon dans sa spécialité ( certains se révèlent en fac). Je pense que le système des facs de médecine qui sélectionnent au bout d'un an est une bonne chose. Par contre je suis totalement contre le fait de limiter un tel examen à 3 possibilités de passage. Il ne faut pas le limiter, on peut devenir bon, on peut avoir ponctuellement des problèmes etc etc .... donc laisser sa chance à chacun de pouvoir évoluer à son rythme.

Écrit par : Mirabelle | 23/12/2008

Les commentaires sont fermés.