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21/12/2008

A propos des quotas de boursiers dans les grandes écoles.

J'ai été frappé de l'abondant silence qui a entouré l'exigence faite par le présicrate de recruter un tiers de boursiers dans les grandes écoles. Sur le papier, l'idée paraît généreuse, mais en fait, elle s'attaque au problème de la formation et de la sélection des élites par le mauvais côté. Feu Bourdieu, voici déjà une bonne quinzaine d'années, a mis le doigt dans son ouvrage "la noblesse d'état" sur le réel problème des grandes écoles : leur recrutement est désormais pour une forte proportion composé d'enfants d'anciens élèves des mêmes écoles.

Et comme la seconde population nombreuse dans les grandes écoles, ce sont les enfants de prof, la proposition présidémentielle aboutit à découper le recrutement en trois tiers : un tiers d'enfants d'anciens élèves, un tiers d'enfants de prof, un tiers de boursiers, et rien pour les autres. La situation n'en est que faussement améliorée, puisqu'on remplace le tiers méritocratique des classes moyennes par un tiers "ascenseur social" dont les capacités ne sont pas le premier critère (sinon, il suffirait d'augmenter la dotation en bourses et le système roulerait de lui-même). Résultat : on affaiblit la sélection sans améliorer les performances du système, au contraire.

N'y a-t-il pas quelque chose d'authentiquement démagogique et dangereux, et ne vaudrait-il pas mieux redonner du poids (et des bourses) à l'université qui, elle, a prouvé sa capacité à promouvoir l'égalité ?

12/11/2008

La discrimination positive est le contraire de l'égalité.

Le principe d'égalité est inscrit au fronton de nos monuments. C'est l'un des trois piliers de la république. Mais de même qu'au temps où les penseurs communistes réfléchissaient à la distinction entre "égalité formelle" et "égalité réelle", on entend aujourd'hui, ces jours-ci en particulier avec l'élection d'un non-blanc à la présidence des États-Unis, des inventaires des inégalités réelles auxquelles aboutirait le principe d'égalité formelle, et que seule la discrimination positive pourrait corriger.

Ce qui est assez drôle, c'est que ce sont les mêmes qui disent avoir admiré feu le président américain Reagan et qui defendent aujourd'hui la notion soviétique d'égalité réelle...

Ce qui est moins drôle est que ce sont aussi les mêmes dont le projet (récemment désavoué aux États-Unis) rejoint le principe d'inégalité croissante qui est en train de plonger le monde dans une crise inédite après avoir dominé les esprits pendant trente ans.

Les faits sont connus, Quitterie Delmas est la première à els dénoncer : nos instances politiques ne sont pas représentatives. Elles reflètent un quasi-monopole des hommes blancs de plus de cinquante ans (parlement) ou d'une manière générale une grave sous-représentation des Français d'origine étrangère ou ultramarine. Ces faits sont indiscutables et qu'on le veuille ou non, ils traduisent un échec de l'égalité, une résistance aux impératifs de l'égalité.

D'où vient cette résistance ? C'est là qu'il faut réfléchir.

La discrimination positive dit "peu importe la cause, agissons sur l'effet". Et prend pour exemple les lois sur la parité. Le seul hic, c'est que la parité, qui est devenue réelle dans les scrutins de listes, n'a pas (ou si peu) fait progresser le rôle des femmes en politique. La preuve : en cas de scrutin uninominal, et même dans certains scrutins de courtes listes (sénatoriales), le nombre de femmes élues progresse très peu. Pour quelle raison ? Mais parce que les femmes élues aux scrutins ne le sont pas par principe en vertu de leurs qualités, mais seulement de leur sexe.

L'élection même de Barack Obama à la présidence des États-Unis est une gifle à l'idée de discrimination positive, car sa désignation aux primaires, puis son élection, ne doivent rien qu'à son talent et ont été faites sur le principe d'égalité.

Il n'existe donc aucune raison de recourir au principe dangereux de discrimination positive.

Nous devons en revanche, comme responsables politiques, faire une sorte d'examen de conscience pour savoir pourquoi nos structures restent si inégalitaires, même au MoDem qui pourtant fait de grands efforts (mais comment sont nos présidents des MoDem départementaux métropolitains ?), et ne jamais manquer d'encourager tous nos concitoyens, quelle que soit leur origine, à partir en conquête.

Rappelons-nous que nous avons eu, en France, deux petits-fils d'esclaves qui ont eu des rôles de premier plan : Félix Éboué, l'homme de l'Afrique résistante, et Gaston Monnerville, qui fut pendant dix ans président du Sénat, deuxième dans l'ordre protocolaire de la République. juste après le président. Tout cela semble très éloigné de la réalité d'aujourd'hui.

Agissons pour l'égalité.