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24/01/2011

L'horrible président attend ses juges

Il a ordonné des tortures, enrichi ses amis, pillé l'État, s'est cru au-dessus des lois. De qui s'agit-il ? À votre avis ?

Il est en liberté, milliardaire, et personne ne l'inquiète. Mais qui donc ?

L'ex-président GW Bush.

Vous pensiez à un autre ?

Non vraiment, ils me font rire (jaune) les Américains, à donner des leçons à tout le monde, des leçons d'éthique et de démocratie, alors que leur ancien président a provoqué la mort de dizaines de milliers d'innocents, et qu'il a ordonné la torture de centaines de personnes à Guantanamo, qui étaient toutes innocentes, car aucune n'avait été reconnue coupable par un juge.

Et en Haïti ?

Il y a eu des élections voici quelques semaines. Le pouvoir sortant avait refusé l'aide agricole de Monsanto après le tremblement de terre et était donc disqualifié d'avance. Avant le séisme, il avait, en collaboration avec l'ONU, rétabli la paix civile, et, comme l'explique l'écrivain Dany Laferrière dans son dernier livre, on voyait, pour la première fois depuis des décennies, les jeunes filles discuter et rigoler sur le capot à une heure du matin dans les rues. Les choses enfin s'amélioraient. Ce pouvoir était donc disqualifié par nature aux yeux des autorités américaines. On vote. Le scrutin est entériné par l'Organisation des États Américains et même par l'ONU. Et que se passe-t-il ? Les Américains trouvent le résultat du scrutin "incohérent". Pourquoi ? Parce que leur candidat ne s'est pas qualifié pour le second tour ? Et voilà l'OEA qui finalement demande le recompte des votes, et, de fil en aiguille, le deuxième tour est renvoyé aux calendes. Et pendant ce temps-là, l'argent ne parvient toujours pas sur le terrain.

Allons, qui donne des leçons de droits de l'homme ? Et qui donne des leçons de démocratie ?  L'Amérique ? Sûrement pas. La France est certes appelée à la modestie mais si nous avions, nous, eu un président qui avait avoué avoir dans l'exercice de ses fonctions ordonné la torture de centaines de détenus arbitraires, il ne se promènerait pas en liberté, au-dessus des lois. Notre ancien président Chirac est un justiciable comme les autres. Le chef de l'État au-dessus des lois, nous lui avons coupé la tête en 1793. Alors, l'Amérique ? Chiche ? À quand la tête de W Bush dans le panier ? D'ici là, camembert !

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18/01/2011

"Ne cédez jamais" (Stiglitz et Georges Frêche)

Le numéro papier de Marianne de cette semaine révèle deux trésors. Le premier est une citation de Madonna (si, si, je vous jure), p 17 : "Sarkozy a trahi le peuple". Le deuxième est une longue et passionnante interview de l'économiste qui pense autrement, Joseph Stiglitz.

Stiglitz conteste la nécessité de la rigueur et affirme que la solution de la crise, en Europe, ne peut être dans l'austérité telle qu'elle est actuellement entreprise. De fait (c'est mon commentaire), d'austérité en austérité, depuis trente ans, nous sommes allés de chute en rechute. Pour Stiglitz, des pays comme le Royaume Uni, la France et l'Italie devraient investir massivement dans l'intelligence et dans la production. De cette façon, ils pourraient surmonter progressivement la crise en plaçant leur croissance au-dessus du service de leur dette. L'Allemagne, en revanche, devrait se montrer solidaire en opérant une relance par la consommation qui profiterait aux économies de ses voisins et partenaires européens.

La première phase du processus décrit par Stiglitz est exactement ce que préconisait Barre : la relance par l'offre. La deuxième (la relance par la conso allemande) est le point faible de son argumentation : les Allemands ont été bien contents de s'appuyer sur la solidarité européenne quand il s'est agi de financer l'énorme coût de leur réunification, mais ils sont très réticents à exercer eux-mêmes cette solidarité comme on l'a vu dans l'affaire grecque.

Cet article doit être lu et relu pour comprendre en quoi l'économie, aujourd'hui, est bien plus politique qu'elle ne l'a été depuis longtemps, et pourquoi les solutions ne sont pas seulement nationales. De fait, la vraie solution, pour renflouer les États, ce serait, comme je l'expliquais voici quelques mois, une taxation sur les mouvements financiers internationaux, limitée à 5% ou 10% pendant trois ans. Cette simple taxe suffirait à ramener l'endettement des États  très en deçà du seuil de remboursement.

Après avoir lu ce numéro de Marianne, j'ai profité de mon passage par Paris pour aller voir le film sur Georges Frêche.

Beaucoup de mes lecteurs vont me trouver masochiste d'être allé me farcir ce condensé de beauferie, mais il se trouve que, comme je l'ai expliqué fin 2009, Frêche était un ami de mon père dans les années 1970, et qu'il me fallait comprendre comment il était devenu ce personnage très sulfureux décrit par notre ami le Faucon.

Visiblement, le film est une opération de com organisée par le publicitaire de Frêche, destinée à ancrer l'idée que Frêche était un homme de gauche, un vrai. Maoïste dans sa jeunesse, engagé contre la uerre d'Algérie, puis tourné vers le social autant que vers le développement économique.

Je pense que le maire du Grau du Roi, Bastide, fut celui par qui mon père connut Frêche au plus tard en 1973. À cette époque, mon père, avec la gauche locale, se battait contre les projets de bétonnage de la côte camarguaise dans la foulée de la Grande-Motte (ces projets sont devenus Port-Camargue après que la droite eut pris le Grau du Roi en 1977). Nous avons passé des vacances très politiques, l'été 1973 à Aigues-Mortes. Dans le film, on entend Frêche se définir comme un écologiste léniniste.

C'est surtout, le long métier politique aidant, un caméléon : quand il reçoit Elkabbach pour une émission de radio dans son bureau de président de la région, à Montpellier, il explique, l'air de rien, que parmi les "grands hommes" de sa future et polémique "place du XXe siècle", il y aura une femme : Golda Meir. de fait, Elkabbach se montre aussitôt chaleureux. Sans doute est-ce son engagement pro-israélien qui a rendu Frêche particulièrement odieux aux Verts qui ont depuis longtemps assumé le fait que leur couleur emblématique soit aussi celle de l'islam militant.

Frêche raconte que, dans sa jeunesse, il a milité contre la guerre d'Algérie, mais comme il y a 25000 pieds-noirs à Montpellier, première ville de rapatriés de France selon Wikipedia, il a créé, à la mode stal, une Maison des Rapatriés, visiblement vaste, et voici notre Frêche entonnant devant plusieurs milliers de pieds-noirs "C'est nous les Africains" après leur avoir expliqué, pour les brosser dans le sens du poil :

- C'est vrai, c'est vous qui avez apporté les instituteurs, c'est vous qui avez apporté les médecins, les hôpitaux.

Où ? En Algérie, bien sûr. Dans leur paradis perdu. Un discours (pas totalement faux d'ailleurs) dont les pieds-noirs raffolent. Moisson de voix.

On voit ensuite une succession de mises en scène assez curieuse. La séquence la plus étrange est celle où Frêche, avec le lent appétit d'un ruminant, mâchonne puis avale des post-it en consultant son courrier et les notes qui l'accompagnent.

Il y a enfin les polémiques. J'ai dit ce que je pensais de l'affaire des harkis et je ne change pas mon opinion sur ce point. Mais voir étalée celle des "noirs" de l'équipe de France est autre chose. En fait, ce que Frêche dit est bien moins inacceptable encore que les arguments par lesquels il se défend. Disons qu'il est tout simplement mauvais, parce qu'il ne se rend pas compte de ce que suggère ce qu'il énonce.

La phrase est connue : "Il y a beaucoup trop de noirs dans l'équipe de France". Je crois qu'en fait, la leçon qu'il veut donner est celle de la pugnacité : si vous êtes un jeune footballeur "blanc", vous avez intérêt à vous bouger le cul autant que les "noirs". Au passage pas de racisme chez Frêche. Le Pen est raciste, il croit dans l'inégalité des races. Frêche ne croit pas dans l'inégalité des races : pour lui, si les "noirs" réussissent mieux, ce n'est pas parce qu'ils sont intrinsèquement et collectivement (donc génétiquement) meilleurs, mais parce qu'ils ont la gnaque, ils ont faim de réussir, ils en veulent plus, ils bougent plus.

Ce message de volontarisme serait utile, après tout, s'il n'était pas irrémédiablement gâché par l'argument à peine implicite que les Français sont les "blancs" et les autres des "Français devenus" si l'on ose dire, ou des faux Français, ou on ne sait pas bien quoi. Il y a une forme de bouillie intellectuelle dans ce que dit là Frêche qui n'aboutit qu'à une réflexion communautariste. Inacceptable.

L'une des façons dont il synthétise sa pensée est que "les Français (sous-entendu les "Blancs") ne veulent plus rien foutre". L'idée est de parler comme les gens, de porter leur parole. Mais ici, je pense que Frêche avait tort. Il y a des sujets sur lesquels les politiques, c'est vrai, doivent recoller avec la façon dont les gens s'expriment, mais dans les matières "raciales" ou "communautaires", adopter le ton du plus petit commun dénominateur, c'est forcément encourager le communautarisme, banaliser les arguments haineux et, finalement, faire le lit de Le Pen comme on l'a vu l'été dernier avec le discours du président de la république sur les Tziganes.

Donc alors qu'il voulait dire aux jeunes du centre de formation de son ami Nicollin "Il faut se battre comme des chiens" (sous-entendu "pour réussir") comme il le dit à ses colistiers, il ne fait qu'attiser des préjugés communautaristes et frileux.

Si bien que, de tout ce film, de ce long moment passé à examiner sa façon de fonctionner, on ne retient que l'une de ses toutes dernières phrases, une réponse à un journaliste qui l'interroge :

- J'ai lu Machiavel et Sun-Tzu, vous savez.

- Et ?... fait le journaliste.

- Et... NE CÉDEZ JAMAIS !

C'est ce qu'on peut retenir de positif : un personnage qui ne cède jamais, qui ne s'incline pas, ni contre plus fort, ni devant ses conseillers. C'est lui qui mène la belote. Une forte tête.

Stratégiquement, il procède d'une façon très simple : il bétonne ses positions (en l'occurrence les fédérations socialistes de la région qu'il préside) dont il s'assure un contrôle absolu, et il attend qu'on l'attaque. Oh, il n'attaque jamais le premier. Peut-être agite-t-il sournoisement un petit chiffon rouge pour attirer l'œil de ses adversaires, mais il ne prend jamais l'initiative de la guerre. Solidement protégé par sa ligne Maginot, il attend qu'on l'attaque et, dès qu'on l'attaque, il bombarde sans sortir de la protection imperméable des positions bétonnées à l'avance. Une stratégie extrêmement simple et efficace. Résultat : 55% en triangulaire au second tour, une victoire impériale. En chemin, une règle simple : "Ne cédez jamais".

Et le plys effrayant dans tout cela est qu'on n'a jamais évoqué, durant la campagne, ce qu'il avait fait ou non pour sa région, la qualité de sa politique, ses choix initiaux, ses succès et ses échecs. Tout cela a été balayé par la transformation du scrutin en référendum pro- ou anti-Frêche. On n'a pas évoqué non plus les raisons qui ont fait que le Faucon est plus que sévère à son encontre, le système Frêche et ses soutiens.

Finalement, tout s'est cristallisé sur les "grands hommes du XXe siècle", l'anecdote et la marotte.

Donc un week-end contrasté, de la sagesse de Stiglitz à la gargantuesque folie de Frêche. Une journée à Paris, quoi.

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02/01/2011

Résolution : opter pour les productions locales

Les vétérinaires sont parfois des gens extraordinaires. Vendredi 31, deux énormes chiens noirs sont passés dans le jardin, suivant sans doute de loin un chasseur qui, visiblement, ne se souciait pas de laisser ses bêtes divaguer dans un périmètre certes un peu boisé, mais pas si éloigné des maisons que ça. Ici, les chats vivent dans le jardin. La plupart du temps, le passage de chiens se fait sans dommage. Les chats grimpent aux arbres, le chien tourne en rond la truffe au sol, nous lui hurlons dessus, il s'éloigne et tout est dit. Cette fois, les deux chiens de chasse se sont acharnés sur les chats, sont revenus à la charge et, compte tenu de la taille de ces bêtes, c'était un peu effrayant de tenter de les chasser, ce que nous avons tout de même tenté. Enfin, au bout d'une heure de promenade menaçante des molosses et de trajectoires hyperboliques des félins, les premiers ont fini par laisser les seconds en paix.

Le tout se passait vers midi. Une heure plus tard, en cherchant du bois derrière la maison, j'ai remarqué des traces de sang sur le barbecue. J'ai commencé à inspecter les chats pour savoir si l'un d'eux avait été blessé. Mais je n'ai rien vu. Peut-être avaient-iils finalement réussi à blesser leurs agresseurs et à les repousser. Ils ont déjà triomphé plus d'une fois d'un renard plus entreprenant que les autres.

Puis, ne voyant rien, je n'y ai plus pensé. Vers onze heures du soir, la partie repas du réveillon étant terminée, je me suis dirigé vers la porte pour sortir recharger le feu en chêne, le bois qui produit le plus de chaleur. Nous avions dans l'âtre du mimosa, jolies flammes, du châtaignier qui crépitait, du laurier, et le reste d'une précédente branche de chêne.

En ouvrant la porte, paf, l'horreur.

Une pauvre petite chatte fauve d'aspect un peu birman (et de sang très mélangé) qui vit dans la maison se tenait sur le seuil, le museau en sang. Trois chats vivent dans la maison, dont deux depuis l'été dernier, deux petites chattes sœurs âgées d'à peine six mois.

Le pauvre petit animal avait la respiration d'un centenaire asthmatique et entra à pas lourds malgré sa petite taille et son poids mini. Elle paraissait totalement piteuse et horriblement blessée. Je pensais à mes traces de sang.

Nous avons aussitôt appelé la clinique vétérinaire qui suit la petite bête. Un répondeur nous renvoya à la clinique d'astreinte en ce week-end de fête. Le répondeur de cette seconde clinique nous renvoya sur le portable du vétérinaire de permanence. Celui-ci se révéla être ... une femme.

Et voilà que cette admirable jeune femme, qui a visiblement des enfants, a quitté son réveillon familial pour obéir à son astreinte et à notre appel de détresse. À onze heures et demi, nous étions devant la clinique. C'est ainsi que nous avons passé le cap de la nouvelle année au chevet de la petite chatte sous auscultation.

Aux dernières nouvelles, elle a la mâchoire inférieure fracturée, c'est une opération assez onéreuse, mais nous avons décidé que, si le chirurgien vétérinaire la croit possible, nous la tenterions.

Voilà comment on passe parfois le réveillon. Oh, il y a bien pire et je ne me plains pas. En chemin, m'est venue l'idée d'une résolution, pour une fois, moi qui n'en prends jamais , une résolution sans rapport avec l'événement, mais aussi puissante que l'évidence, pour 2011 : opter pour la production locale.

Avoir le choix

Il arrive souvent que  nous nous trouvions en présence d'un choix où les produits ont des qualités similaires, et finalement, nous ne savons quel critère adopter.

Par ailleurs, le sujet de la relocalisaton des emplois en France est à la mode, Bayrou en a par exemple parlé lors du dernier congrès du MoDem.

L'une des qualités incontournables des productions locales est le bilan carbone de leur transport, forcément plus bas que s'ils étaient fabriqués à l'autre bout du monde.

La production locale, ce sont les paniers bio des AMAP, ce sont les produits des PME de votre canton ou du mien. Le label Produit en Bretagne a un sens, par exemple.

Mais le plus de la production locale n'est pas seulement environnemental : il sagit d'une solidarité entre consommateurs et producteurs, d'un geste d'union, dans le sens indiqué par Bayrou. Bon, on peut y voir aussi un pied-de-nez à la mondialisation et à ses filières de production internationales qui assemblent des éléments fabriqués aux quatre coins du monde sans discernement.

Il faut reconnaître que, pour une voiture, il est devenu difficile d'opter pour la production française, tant les composants et autres accessoires ou commandes sont fabriqués un peu partout, organisant une filière de production éclatée dont l'unique avantage est au producteur : bénéficier des privilèges fiscaux des pays de délocalisation des usines.

Mais souvent, on peut en toute clarté choisir un produit fait près de chez soi. Alors, il faut le faire et il faut dire qu'on le fait. Et plus on connaît l'entreprise productrice, plus on sait qu'elle honore ses devoirs fiscaux et qu'elle évite la facilité honteuse et l'artifice des paradis fiscaux (on voit que les produits des PME auront plus facilement nos faveurs que ceux des géants du Cac 40 dont l'appétit pour la défiscalisation est connu, presque autant que celui des scandaleuses banques), plus on sera heureux d'opter pour ses produits, des produits locaux. C'est décidé : en 2011, j'opterai pour les produits locaux.

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