Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« 2010-11 | Page d'accueil | 2011-01 »

16/12/2010

Loppsi, déjeuner, Sarkozy fait danser les blogueurs sur un cadavre

Churchill, du fond de sa tombe, pourrait lancer à Eolas et Versac : 'Pour déjeuner avec le diable, il faut une très longue cuiller !" Rarement prise en otage aura été plus ouvertement insultante que celle faite pour ce déjeuner de jeudi à l'Élysée. Que des industriels d'internet, en quête d'abandon d'un projet de taxe sur leur chiffre d'affaires (la mal nommée "taxe Google") se laissent inviter à la table du prince, après tout, c'est la dure loi du genre et on voit que ceux qui, par ailleurs, s'affirment ardents défenseurs du web pur et dur et du Nouveau Monde, sont facilement happés par l'ancien. Que d'autres blogueurs dont le blog et le sponsoring sont le métier s'y laissent prendre aussi, après tout, tant pis pour eux. Mais versac, et Eolas, ont-ils été assez vigilants ? 

Le problème n'est pas le principe d'aller à l'Élysée (il faut toujours accepter le débat) mais ... comment dire ?... la moindre des choses n'aurait-elle pas été que l'Élysée veuille rencontrer les blogueurs ... AVANT de faire voter sa loi par ses godillots ? Tel que ce déjeuner s'organise, il consiste à danser sur des cadavres ou, si l'on veut mieux dire, à boire, en lieu et place d'un bon bourgigne, le calice jusqu'à la lie.

Quelle imposture ! Quelle enflure !

Et dire qu'hier, nous en étions encore à nous lamenter (à juste titre d'ailleurs) qu'il n'y eût que des hommes invités, au mépris de nos excellentes blogueuses (invitées à un contre-gueuleton par Abiker). Mais voyons, n'est-ce pas encore une diversion ? Le pire, dans ce déjeuner, n'est-il pas, non pas qu'il n'y ait que des hommes, mais que simplement il ait lieu ? Qu'il ait lieu maintenant, le lendemain même du vote par lequel une vingtaine de députés-godillots a cru pouvoir autoriser le ministre de l'Intérieur à fixer lui-même, sans aucun contrôle judiciaire préalable, sans aucune publicité, la liste de sites qu'il jugera entrer dans le cadre de la répression organisée par la LOPPSI 2, et à ensuite décider, sans aucun contrôle judiciaire préalable non plus, le filtrage de ces sites qu'il aura jugés fautifs ?

Bien sûr que si. J'ai de la peine pour ceux qui vont s'y rendre comme s'ils étaient appelés à contempler du haut d'un balcon la guillotine décollant leur plus intime amie. Quelle honte. Honte à ceux qui ont eu cette idée abjecte.

Quant à LOPPSI 2, vivement que le Conseil Constitutionnel lui lime les dents comme il l'a fait de l'Hadopi. Et ensuite, il faudra se charger d'ACTA.

Un jour, je crois, nos dirigeants actuels paieront pour les décisions honteuses qu'ils prennent et pour l'humiliation qu'ils infligent à nos amis et à leurs principes.

01:57 | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

12/12/2010

Un tour au congrès du MoDem

"C'est surtout pour les militants", m'a confié un journaliste un peu dépité en expliquant que, de ce fait, il n'avait pas obtenu un grand article à rédiger pour son quotidien. Tant pis pour le journal et tant mieux pour les militants.

Ce congrès du Mouvement Démocrate était d'abord exigé par les statuts. La réélection de François Bayrou ne faisait pas grand doute, même s'il avait été concurrencé par un autre candidat. J'ai l'impression que la participation a été à peu près comparable à la fois précédente, sur un collège un peu restreint : plus de 18000 adhérents à jour de cotisation, 25 % de votants par internet, c'est une proportion ordinaire. C'est vrai qu'il n'y avait guère d'enjeu.

Outre les blogueurs plus ou moins actifs, les piliers FLN (Démocrate Sans Frontière), Jérôme Charré et L'Hérétique,  Claudio (ex-Skeptikos), Spaulding qui s'interroge sur ses choix futurs, Françoise du Canard à l'Orange des Landes, Erwan Balanant heureux jeune père, Christelle Carcone sexycentriste modèle 2007, et d'autres, parmi lesquels, enfin démasqué pour les initiés, un sympathique Alcibiade.

Un moment chaleureux, Maud, Éric, et toute la bande un peu dispersée du 133bis, celle de l'élection du Consril National de 2008 un peu décimée, Marielle à fond, Bayrou très mordant et plein d'appétit. Nostalgie. Où est Quitterie ?

19:59 | Lien permanent | Commentaires (6) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

05/12/2010

Wikileaks, ACTA, où est l'extrémisme ?

Je ne suis pas un natif d'internet, je n'y viens que depuis dix ans. Je ne suis pas non plus un natif de la micro-informatique, j'ai eu mon premier ordinateur (un cube d'Apple) voici justement dix ans, à l'âge de trente six ans. Je ne suis pas non plus un libertaire le couteau entre les dents, ni un partisan de la décroissance, ni un ennmi acharné de quoi que ce soit. J'ai voté oui au TCE, je vote à tous les scrutins depuis que je suis majeur, en principe pour un démocrate, je suis personnellement centriste engagé dans la grande famille démocrate qui est bien plus large que cette obédience centriste, et surtout qui est modérée. Depuis dix ans, je contribue à un réseau d'échange d'info sur la noblesse bretonne, non pas un concours d'élégances ni de snobbisme, mais une recherche généalogique que je contribue à tirer vers sa dimension historique.

Depuis 2007, je suis devenu un blogueur, engagé. Depuis cette époque et un peu avant, je suis très attentif à la circulation de l'info et des idées sur la Toile. Comme le conseil constitutionnel (qui a eu l'occasion de s'exprimer sur le sujet à propos de l'Hadopi), je suis maintenant convaincu qu'internet est vital pour la liberté d'informer et de s'exprimer. C'est la place du village de nos arrière-grands-parents, la place du village planétaire. C'est d'ailleurs le seul contrebalancier des effets douloureux de la mondialisation.

La puissance de résonance d'internet est apparue dans diverses circonstances politiques. Cette puissance de résonance, plus que tout le reste, est ce qui a fini par inquiéter les pouvoirs politiques du monde démocratique. Bien entendu, les régimes autoritaires ont pris internet en grippe d'emblée, parce que ces régimes ne tolèrent qu'une information sous contrôle et qu'internet est l'inverse de ce type d'info.

Devant la doube inquiétude des autoritaires et des démocraties, une vaste négociation a été entreprise voici je crois deux ans, dans le plus grand secret. Ce fut, il faut le dire, un exemple de négociation internationale secrète inédit depuis des décennies. Voici quelques jours, dans une émission de Frédéric Taddéi, le représentant d'Owni.fr a interpellé Hubert Védrine :

- Vous êtes pour le retour à la diplomatie secrète ?

- Pourquoi dites-vous ça ? a répondu Védrine, visiblement ébranlé.

C'est que la tentation du secret est bien revenue et que la longue première phase d'ACTA a été le reflet de ce secret.

Mais ce secret a fini par être éventé, peu ou prou, et la Quadrature du Net a signalé récemment que le Parlement européen ouvrait la voie à l'adoption d'ACTA. Le tout n'a suscité aucun débat sur la place publique, alors que ce traité touche à nos libertés fondamentales et en particulier à notre liberté d'expression.

La FCC, autorité de régulation des États-Unis, a pris une position au fond assez semblable à celle du Conseil constituionnel français : les sites ne doivent être bloqués que dans des cas extrêmes.

Cependant, Amazon a subi des pressions telles que cette entreprise a dû renioncer cette semaine à héberger Wikileaks, et en France, on a vu un ministre exprimer son intention de bloquer Wikileaks, depuis peu hébergé en France. Si j'ai bien compris, il l'a d'ailleurs fait.

Or Wikileaks, comme je l'ai expliqué dans un article précédent, n'est en rien un site excessif, les info et documents qu'il diffuse appartiennent à une catégorie qu'on trouve régulièrement dans le Canard Enchaîné, il n'y a pas de quoi fouetter un chat (pauvre bête), même s'il est vrai que les États-Unis ne sortent pas grandis de cet étalage, c'est d'ailleurs le plus authentique effet des révélations de Wikileaks.

En somme, on a des pouvoirs publics qui ne subissent plus aucun châtiment lorsque, comme George W Bush, ils mentent au monde entier pour fomenter une guerre injuste et illégale.

On a des États qui, au mépris de tous leurs engagements internationaux, reviennent au temps des négociations diplomatiques secrètes.

Et, à travers Wikileaks, à travers un travail ordinaire d'information et de journalisme, ce serait internet qui serait extrémiste ? Ah non, c'est un peu fort.

Dans les dernières livraisons de Wikileaks, j'ai bien aimé les révélations sur le sommet de Copenhague, montrant que les États-Unis, malgré les engagements officiels d'Obama, ne veulent pas d'un traité universel contraignant, qu'ils préfèrent la tambouille d'arrière-cuisine. Tout s'explique en lisant ces documents. La vérité est décidément la plus grande subversion.

Et ce serait internet qui serait extrémiste ? Tsss.

09:31 | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

03/12/2010

7e salon d'hiver des écrivains bretons à Paris

Je signale que je signerai demain à ce salon.

Affiche-Salon-Ecrivains-2010web.jpg

00:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

02/12/2010

Wikileaks : du vrai nouveau sur le PS

Le lent débit de Wikileaks continue à livrer son flux de dépêches. Hier, Le Monde a remarqué une phrase de Dominique Strauss-Kahn (DSK) sur Ségolène Royal. Il me semble cependant que l'exploitation des dépêches citées en sources par l'article du journal aurait pu être plus approfondie.

Selon cette livraison de Wikileaks, l'ambassadeur américain à Paris a reçu, entre février et juin 2006, au moins trois des présidentiables du Parti Socialiste : Ségolène Royal en février, DSK en mai et François Hollande en juin. On ne doit pas s'étonner de cette démarche, l'ambassadeur est dans sa fonction en anticipant sur ce que pourraient devenir les relations franco-américaines en cas de victoire de tel ou tel candidat. De la part des candidats socialistes, il n'y a pas là non plus d'expression de vassalité particulière à l'endroit des États-Unis. Il est ordinaire que les candidats rencontrent les diplomates des pays qui ont un lien, quel qu'il soit, avec le leur.

On a signalé que l'actuel président de la république avait annoncé sa future candidature à l'ambassadeur américain dès février 2005, soit dix-huit mois avant de l'annoncer aux Français, mais Mme Royal ne fait pas autrement, puisqu'elle annonce sa candidature aux primaires socialistes à l'ambassadeur en février 2006, plus de sept mois avant de le faire officiellement. Il n'y a rien là d'étonnant non plus.

L'ambassadeur est visiblement impressionné par l'énergie et l'envie de gagner de son interlocutrice, en un mot pas sa gnaque. Il note qu'elle ne s'écarte guère des clichés qu'il attribue à l'esprit de gauche, mais qu'elle fait un effort pour se montrer accommodante avec les États-Unis. Elle cite en particulier l'Afrique où elle "n'aurait pas fait campagne contre les États-Unis", ce qui dit à la fois beaucoup et pas assez.

Bien entendu, nous sommes lassés d'un lien françafricain réservé à certains des dictateurs les plus obtus du continent africain. Mais d'un autre côté, la bataille entre Chirac et Jospin, l'introduction des intérêts américains par ce dernier sous les oripeaux de l'évangéliste M. Gbagbo en Côte d'Ivoire, aujourd'hui même où le blocage des résultats des élections présidentielles par M. Gbagbo montre qu'il n'acceptera pas le résultat des urnes, cependant que son pays, naguère prospère, n'en finit pas de dégringoler, tout cela fait que certes, nous serions bien aise que les dictateurs liés à la France ne fussent plus, mais que si c'est pour qu'on les remplace par des dictateurs liés aux intérêts de la Banana Company, ni les peuples africians, ni les droits de l'Homme, ni les Français, ni la France, n'y gagneraient rien. Des trois interlocuteurs socialistes de l'ambassadeur américain, Mme Royal est la seule à avoir parlé de l'Afrique, on voit qu'elle a d'ailleurs favorablement impressionné l'ambassadeur.

DSK, lui, est décrit comme sympathique, détendu, superintelligent, mais ....

"while he may be the most capable and qualified candidate among the Socialists, he lacks the fire in the belly that would propel him to victory. He is one of those who would clearly be better governing than campaigning -- and therefore may never get the chance to govern".

Je traduis :

"alors qu'il pourrait être le plus capable et le plus qualifié candidat parmi les socialistes, il manque du feu sacré qui le propulserait vers la victoire. Il est l'un de ceux qui peuvent clairement  mieux gouverner que faire campagne -- et donc devrait n'avoir jamais aucune chance de gouverner".

On ne peut pas s'étonner, après cet éloge, que les Américains aient ensuite recruté DSK au FMI.

On retrouve d'ailleurs à peu près le jugement formulé par Mme Royal : DSK ferait un excellent premier ministre. DSK démentira-t-il ces pronostics ?

Je suis frappé de trouver, dans sa bouche comme dans celle de François Hollande, le nom de Bayrou. Il est vrai que ce dernier a rendu un vrai service à DSK, je crois que c'était pour les législatives de 1993. Les deux hommes sont personnellement liés, et ils ont en ce moment la même ambition pour la France.

Fraçois Hollande, dans ce qu'en dit l'ambassadeur, n'est quant à lui qu'un plan B de la candidature Royal, selon les éléphants du PS. La vision de ceux-ci explique pourquoi ils ont tant poussé pour prendre le contrôle de la rue de Solférino à l'automne dernier.

Voici donc enfin du neuf qui sort de Wikileaks, dont il faudra sans doute finir par dire du bien. De toutes façons, si la vérité et la lumière ne sont pas aussi intenses que nous l'espérions, nous savons qu'au moins il y a un perdant : la morgue américaine, comme le juge très joliment l'écrivain italien Umberto Eco.

Verra-t-on le retour des messages expédiés par pigeons voyageurs, comme encore pendant la Grande Guerre ? Ce serait une sacrée économie de CO2, mais... comment dire... à raison de 10000 dépêches au moins par jour, les grandes ambassades devraient s'acheter des villages entiers pour les  changer en colombiers. On ne peut pas toujours gagner tout à la fois.

EDIT : Wikileaks a changé d'adresse IP. Les doc mis en lien peuvent être trouvés à la nouvelle adresse wikileaks.ch sous le tag FR et ici.

14:07 | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook