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01/12/2007
Deuxième épitaphe de l'UDF.
Le parc des expo de Villepinte est un vaste complexe de salles de congrès, à un jet de pierre de l'aéroport de Roissy, tout au bord du train régional qui vient de Paris en passant par le Stade de France et l'ancien aérodrome du Bourget. Le double congrès de l'UDF et du MoDem occupe un hall entier. Les bureaux d'accueil sont placés en haut, près des portes vitrées, ce qui est logique, puis on descend par un vaste couloir bordé de stands de fédérations départementales, offrant produits dérivés, gastronomie ou objets politiques divers. La fédération de la Gironde a orné son stand des affiches de ses candidats aux législatives de juin dernier.
Je suis arrivé vers quatre heures de l'après-midi. Le bureau politique n'avait pas encore terminé ses travaux. Olivier Henno, ami d'Éric Azière et homme-clef de l'UDF du Nord (il est maire d'une commune importante), debout, s'exprimait, de sa voix sans timbre, avec l'autorité de sa carrure drue.
Plus tard, j'appris que c'est à peu près à ce moment-là que les choses se décantaient : Arthuis affirmait son amendement à la motion Bayrou, Bariani soutenait Bayrou en esquissant un autre amendement qui prolongeait l'esprit de Bayrou, et tout s'organisait autour de ces mouvements. La réunion se termina sur le projet de soumettre la motion de Bayrou au vote et, au préalable, l'amendement de Jean Arthuis.
Ce dernier a été plus courageux que Robien qui, début 2006, n'a pas osé venir défier le congrès extraordinaire de l'UDF à Lyon.
La motion de Bayrou est simple : l'UDF subsiste comme personne morale, capable de gérer son patrimoine et ses intérêts moraux (ce dernier point résulte de l'amendement Bariani absorbé par Bayrou : il vise à permettre à l'UDF de se prévaloir contre l'usurpation de son nom). L'UDF adhère au Mouvement Démocrate, ses adhérents sont de ce simple fait adhérents au MoDem. Ses instances dirigeantes deviennent celles du MoDem.
Les spécialistes des fusions-acquisitions mesurent la portée de ces réalités : en vérité, l'UDF disparaît en tant qu'acteur politique.
C'est d'ailleurs à ce dernier décès que jean Arthuis tentait de s'opposer : son amendement visait à permettre à l'UDF de défendre non seulement ses intérêts moraux et patrimoniaux, mais aussi politiques, avec en filigrane un partage de la dotation d'État : la part électeurs revenait aux MoDem, la part parlementaires restait à l'UDF.
Bayrou a refusé de transiger. L'amendement Arthuis va être rejeté, ne recevant que moins de quarante voix sur plus d'un millier de congressistes encore présents en cette heure tardive.
Mais coup de théâtre : Michel Mercier évite la mise en minorité à Jean Arthuis, une formulation souple permet à chacun de sauver la face. Arthuis se rallie.
Exit donc l'UDF, vive le MoDem.
Au passage, je signale que le siège du MoDem (objet du mot "patrimonial") appartient en partie non négligeable au MRP qui subsiste comme personne morale.
Bref.
Avant d'en venir au vote, la discussion a été interminable, conjuguant les heures de gloire de quelques reines d'un soir auxquelles on donnait enfin le micro et les interventions de quelques grandes voix de ce parti moribond.
Par moments, on avait l'impression d'une veillée funèbre. À d'autres instants, un orateur soulevait un peu la salle, qui s'assoupissait vite.
Quelques parlementaires s'exprimèrent, parfois d'une façon alambiquée.
Queques futurs candidats aux municipales (ou à des primaires en vue des municipales) le firent aussi.
Thierry Benoît se lança d'une voix forte, évoqua les centristes dispersés : Nouveau Centre, Radicaux de tout poil, et même à l'UMP qui sont partis en 2002 insista-t-il en mentionnant ainsi son voisin de circonscription Méhaignerie. "Et au PS aussi !" lui lança alors Quitterie Delmas de la salle.
En tout cas, lui, Thierry Benoît, restant fidèle à l'esprit de l'UDF, il voulait désormais pouvoir travailler avec la majorité. Il n'adhérerait pas au MoDem. Bayrou lui fit alors remarquer qu'il avait été élu avec des voix de tous bords, y compris de gauche. Mais c'était trop tard. D'ailleurs, Benoît a voté le budget.
Dans la salle, Quitterie Delmas, belle évidemment, citée comme contestataire de la candidature Sarnez à Paris par "Le Monde" d'aujourd'hui, recevait de nombreuses et chaleureuses visites.
Bayrou, lui, ne manquait pas une occasion de signaler son bonheur de pouvoir conformer sa famille politique à la France du nouveau siècle.
Et c'est fait : le siège de l'UDF et sa dotation d'État sont transférés au MoDem. Fin du premier acte.
Fin d'une structure politique qui, en trente ans, n'a gagné aucune élection majeure : l'Union pour la Démocratie Française.
00:30 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, statuts, Quitterie Delmas, UDF | | del.icio.us | | Digg | Facebook