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29/11/2007

MoDem, un parti Iso ?

Plusieurs fois, Quitterie Delmas a employé, à propos du MoDem, l'expression, "ce doit être un parti iso", c'est-à-dire un parti où le contenant ressemble au contenu, un parti qui "fait ce qu'il dit et dit ce qu'il fait", un parti, selon l'expression de Victor Hugo, où "la forme c'est le fond qui affleure", un parti donc dont la structure et le message sont identiques, phasés, synchrones.
 
Il s'agit de sincérité.
 
Et c'est cette sincérité, avec la fraîcheur qui s'y attache, que les adhérents sont venus chercher dans ce parti nouveau qui combine la tradition démocrate à la française et la perspective d'un courant démocrate mondial à accomplir.
 
Pour commencer, pour être "iso", le Mouvement Démocrate doit être démocrate.
 
Il a des chances de l'être. La façon dont Bayrou a accueilli les revendications des adhérents, la souplesse qu'il a adoptée, la modestie de sa propre attitude, tout cela donne espoir que l'exercice de rédaction des statuts soit finalement aussi démocratique qu'il en a progressivement pris la tournure.
 
Bien sûr, on est parti tard, le délai a été court. Mais la ferveur a pallié la plupart des inconvénients de ces défauts. Le travail immense auxquels se sont livrés des milliers d'adhérents, séparément ou collectivement, aboutit à une abondance de propositions qui laisse augurer deux journées passionnantes ce week-end et, ensuite, la mise en place d'une structure qui, à travers d'autres luttes, constantes, produira de l'innovation, de la révolution sans violence, de la métamorphose démocratique.
 
Des luttes constantes ? Oui, pour être "iso" le Mouvement Démocrate doit être un mouvement.
 
Donc fini l'inféodation statique à la droite. Vive la quête de programmes créatifs, d'oeuvres utiles, tous azimuts. La société française souffre de lourds blocages. Le Mouvement Démocrate ne doit pas seulement être un mouvement pour lui-même, mais pour la France, pour les réalités. Il doit être un mouvement dans sa substance et dans ses actes.
 
Et si l'on se demande quel mouvement il doit vouloir imprimer à la société pour être "iso", je réponds qu'il faut que ce mouvement soit démocrate lui aussi.
 
C'est ainsi qu'il ira jusqu'au bout de sa nature "iso", ne fût-ce que pour le bonheur de Quitterie Delmas.

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28/11/2007

Négocier en France.

On reconnaît parfois au prézigoto Sarkozy (alias le président Sarkophage) le talent des sorties de crise. Oui, mais... pourquoi ces crises ?
 
Il semble qu'en France, il faille incendier une école, une bibliothèque, un chalutier, bloquer un train, taguer un amphi, brutaliser un policier, pour être reçu par le président de la République.
 
La grève a toujours été le moyen pour les ouvriers de contraindre les patrons à la négociation ; l'émeute semble être devenue le moyen ordinaire pour les populations de contraindre la société politique à la négociation.
 
Est-ce un syndrôme de mai 1968, séisme qui n'en finirait plus de produire des répliques de plus ou moins forte ampleur ? Est-ce seulement le symptôme de l'érosion de la France ? Est-ce le résultat d'une gestion humaine calamiteuse ?
 
J'ai tendance à penser que la raison fondamentale reste la troisième : le pouvoir demeure altier. Il se bâtit une clientèle. Pour entrer dans sa clientèle, il faut d'abord le secouer, puis négocier.
 
Un de mes cousins, qui possédait il y a peu des usines d'une industrie de main d'oeuvre (il prend sa retraite l'an prochain) me confiait que, de son point de vue, la CGT était un excellent syndicat : une poignée de billets de banque à la fin de la semaine, et la paix sociale était assurée. Selon mon interprétation, il y avait donc une institution, un corps intermédiaire, qui s'occupait (parfois avec violence) de calmer les humeurs des travailleurs. La réputation de la CGT était de savoir parfaitement étouffer un conflit. C'est d'ailleurs ce qu'un nombre croissant de cheminots lui reproche, comme on l'a vu récemment. Car les billets de banque descendent rarement jusqu'à la base.
 
Longtemps, grâce à l'implantation des familles syndicales ainsi apprivoisées, le pouvoir a pu considérer que la paix civile ne lui coûtait pas cher et, partant, ne pas se préoccuper de l'intérêt direct des populations. Quand il le faisait, c'était en calculant un peu plus large sa clientèle. C'est ainsi que les collectivités locales, à travers le RMI et nombre de mesures conjointes, croient s'assurer des réseaux d'affidés en leur faisant croire qu'ils bénéficient de leur générosité sociale.
 
Seulement, l'inconvénient de cette stratégie, c'est qu'elle ouvre des appétits qui, en fait, n'ont pas de fond, pas de limite. On n'est jamais rassasié des aubaines de l'argent public. De là une partie de l'hystérie périodique qui s'empare des populations les plus dépendantes.
 
Et la tendance récente de notre vie politique est encore pire : elle repose sur la manipulation des masses. Plus question de l'intérêt de l'être humain. Une foule est une statistique. Une mesure politique est une autre statistique. L'homme politique, à la façon de Sarkophage, se fait tout miel et hypertrophie sa propre apparence d'humanité pour mieux déguiser les rouages de sa machinerie. Il se fait robot et velours.
 
Au clientélisme se superpose la crétinisation. 
 
Dans les banlieues, un autre phénomène s'ajoute à ce mépris des institutions contre l'humanisme : les policiers sont saturés d'adrénaline. Aux dires de gens que je connais dans ces zones difficlles, dans ce nord parisien qui porte tous les stigmates architecturaux des cinquante dernières années, et où vivent des populations mêlant de nombreuses références culturelles, les policiers se conduisent comme des cow-boys. Ils se prennent pour les rois du monde. Comme si, Sarkozy président, il ne pouvait rien leur arriver.
 
Pire encore, quelques agités, parmi eux, ne cessent de multiplier les provocations, entrant dans l'engrenage stupide des provocations et des répliques. L'atmosphère détestable, constamment tendue, devient parfois éruptive : résultat du dernier désastre, à Villiers-le-Bel : deux morts adolescents et cent-dix policiers blessés. Pour quel effet ? Pour quelle cause ? Rien. Juste la bêtise.
 
Et de chaque côté la récupération politique bat son plein : Sarkophage qui ressort son invariable discours terminé par la locution "et-je-traînerai-les-coupables-devant-les-assises" (Bayrou, avec un humour discret, a taxé cette phrase d'"habituelle" dans la bouche de Sarkophage), cependant que les maires socialistes du coin, tout à leurs futures élections, se sont alignés comme une rangée de croque-morts.
 
Au milieu de tout cela, rien ne change pour les gens : ni le confort, ni la sécurité. De psychodrame en pantomime, leur réalité demeure.
 
C'est à cette réalité et non à leurs habituels mensonges que les politiques devraient s'atteler, faute de quoi, un jour, la réalité sera plus forte que leur mensonge. 

17:25 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, banlieues. | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Un témoignage vidéo sur l'affaire de Villiers-le-Bel.

On voit clairement sur cette vidéo pourquoi les habitants du quartier réclament que soit reconnue au moins une part de faute des policiers. Homicide volontaire ? Le témoin ne croit pas. Il hésite entre accident aux torts partagés et manoeuvre dangereuse qui aurait mal tourné :
 

Il écarte tout à fait l'hypothèse de la non assistance à personne en danger. Au contraire, les policiers ont tenté de réanimer les jeunes. On y voit plus clair.
 
Merci Alcibiade qui a signalé la vidéo. 
 
L'un des arguments de ceux qui croient que les policiers ont délibérément percuté les jeunes est qu'il n'y a pas de trace de freinage de leur voiture sur la chaussée. Sur ce point, pas de nouvelle info.
 
(Compte tenu de l'ouvrerture d'une information judiciaire, je ferme les commentaires sur cette note et sur la précédente). 

04:25 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : banlieues | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

27/11/2007

Chaos ou cahots ?

La République hoquette, elle gargouille, elle suffoque. Revendications catégorielles, violences, tensions latentes sans solution, espoirs déçus, promesses électorales mensongères ou dangereuses, inflation, essence coûteuse, de partout le pays grince.
 
Est-ce le chaos qui se répand ou les réformes qui suscitent des cahots ?
 
Rien n'a été fait depuis deux ans pour les banlieues, sinon l'accélération du clientélisme, l'accroissement de la répression, la multiplication des provocations.
 
Et que constate-t-on ces jours derniers dans les méthodes du gouvernement ? La concession clientéliste (pêcheurs, cheminots, étudiants), la répression comme un étendard et les provocations inlassables contre les réflexes de colère.
 
Alors oui, il y a bien une responsabilité des décisions d'État dans les événements actuels.
 
Et si l'on a vu tant de journalistes pris à parti et molestés, ce n'est pas contre eux personnellement, d'autant plus que les violences ont là été particulièrement injustes, mais ce qui a été attaqué par les émeutiers, ce sont les média asservis au pouvoir, c'est cette collusion maintes fois dénoncée à juste titre par François Bayrou. C'est la presse de Sarkozy qui est attaquée.
 
Et encore une fois, les journalistes, pris en otage par le pouvoir, sont les victimes de choix qui les dépassent. Il faut que cela cesse. Il faut que la presse retrouve son indépendance. 

20:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : banlieues, bayrou, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Quitterie Delmas et le cas de conscience du Val d'Oise.

Quitterie Delmas était l'invitée, ce soir, de Jean-Michel Cadiot, candidat du MoDem dans la législative partielle du Val d'Oise rendue nécessaire par la démission de Dominique Strauss-Kahn, désigné à la tête du Fonds Monétaire International. Or c'est dans cette circonscription qu'a eu lieu la veille la mort de deux jeunes tués par des policiers. Du coup, le café démocrate électoral a pris un tour grave et inquiet.
 
Grave d'abord en raison du deuil. L'humanité sincère du candidat Cadiot était touchée par le drame vécu par les familles des deux victimes. Son supléant, Ali Menzel, était même absent de tout le début de la réunion : il habite le quartier de l'événement, il a été témoin des toutes premières suites de l'affaire : les gamins abandonnés sans secours par les policiers qui se sont enfuis, effrayés peut-être, malveillants peut-être, hagards en tout cas. La colère immédiate du quartier.
 
Ali Menzel ne mâche pas ses mots : selon lui, les policiers avaient contrôlé les deux jeunes deux fois dans la même journée et les avaient menacés : s'ils les revoyaient sur cette même moto, ça se terminerait mal. Pour lui pas de doute, c'est délibérément que les policiers ont percuté les gamins. D'ailleurs, il note que la moto n'a rien, tandis que l'avant de la voiture est très abîmé.
 
Et aussitôt, il ajoute que, de son point de vue il ne peut plus être question de faire campagne à Villiers-le-Bel jusqu'à l'élection qui doit avoir lieu le 9 décembre, soit dans treize jours.
 
La discussion tourne alors autour de ce choix : faut-il continuer ? Faut-il s'interrompre ? Quel meilleur hommage rendre à la mémoire des victimes ? Comment saluer mieux leurs familles ?
 
En tout cas, pas question de récupération politique.
 
Et puis, comment faire éclater la vérité ? Comment lever le voile d'incompréhension ou de malveillance qui empêche les média de diffuser autre chose que la version officielle ?
 
Quitterie Delmas est alors bienvenue de rappeler qu'Internet est l'instrument idéal. Elle donne des clefs, suggère l'ouverture d'un blog citoyen des habitants de Villiers-le-Bel, où seraient diffusés images et témoignages, à la fois sur l'affaire et sur la ville, sa vie ordinaire et ses efforts pour le bonheur.
 
Elle obtient soutien de la salle et approbation. 
 
Je suggère aussi que les candidats demandent le report de l'élection. Ils y ont pensé. Cela pose des problèmes. Quitterie suggère que j'interroge Éric Azière, l'homme des élections du MoDem, mais celui-ci est injoignable.
 
La soirée se termine par quelques verres de vin et de modestes petits-fours, dans la fièvre des conversations passionnées.
 
Quitterie continue à prodiguer conseils et adresses.
 
Les amis d'Ali Menzel arrivent en fin de soirée : des jeunes auraient utilisé un fusil contre deux policiers.
 
Nous sommes incapables d'intérioriser cette information. Il est tard.
 
Sur la route par laquelle l'un des invités, affable (et ici remercié) nous ramène vers Paris, nous sommes dépassés par une longue file de véhicules de CRS et de police, les voitures banalisées alignant des rangées de casques de CRS sur leur plage arrière. Ali Menzel s'attendait à un embrasement et à de longues flammes.
 
Ce qui nous conduit tout naturellement à parler du congrès de l'UDF et de celui du MoDem, rendez-vous vendredi, autre embrasement, autres flammes.
 
Sur le trottoir où on nous laisse, Quitterie, très émue de cette soirée au coeur des événements, grille sa dernière allumette pour une marlboro dorée. Il fait frais. La politique est parfois dérisoire.

25/11/2007

"Ce soir, je dors chez toi".

Mélanie Doutey veut que Jean-Paul Rouve s'engage : ils se voient depuis déjà un certain temps, elle souhaite qu'ils vivent ensemble. Jean-Paul Rouve, lui, tout en disant "oui", s'enfuit de toutes les manières possibles.
 
Les romantiques donnaient une vision déchirante de ce genre de situations. Notre époque préfère le traiter en comédie. Légèreté, quand tu nous tiens...
 
Le film est très juste, parfaitement interprété, construit sans effet de manche, drôle sans concession de la vérité.
 
Le tandem Kad et Olivier est à la manoeuvre : Olivier (Baroux) filme Kad (Merad) dans le rôle cocasse d'un éditeur orné de longs cheveux raides qui semblent teints au henné et qui lui tombent sans cesse sur les yeux.
 
Il est d'ailleurs la seule part d'irréalité : éditeur improbable qui se nourrit de caviar et cependant est salarié (je n'en connais pas de si épanouis), éditeur qui a publié le premier roman de Jean-Paul Rouve, lequel a été un bide commercial et critique ("franchement mauvais" disent les personnages, même les anonymes), il pourrait "sauter" si Rouve ne lui remettait pas le manuscrit de son second roman. Tout cela aurait mérité un peu plus de réflexion, mais ce n'est pas grave, puisque le film n'est au fond pas sérieux.
 
La comédie new-yorkaise est à la mode, la conclusion du film s'y réfère donc, mais pour le reste, c'est une histoire sans patrie et c'est mieux.
 
Allez donc voir "Ce soir, je dors chez toi". 

11:20 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Métempsychoses de l'extrême gauche.

Une partie de l'extrême gauche a voté Sarkozy pour pouvoir faire le "grand soir". C'est raté.
 
Pourtant, on leur avait dit que si Sarkozy était élu, toute la France serait dans la rue six mois plus tard. Ils y croyaient donc, à la "situation objectivement prérévolutionnaire" recherchée avec obstination par les marxistes-léninistes et autres trotskystes de tout poil. Seulement voilà : la France a déjà plusieurs révolutions au compteur. Elle sait se modérer. D'autant plus que ses dirigeants incapables ne savent pas se retenir de jeter l'argent par les fenêtres. Alors, s'il y a un jour une nouvelle révolution, ce sera 1789, pas 1793.
 
Ils le comprennent d'ailleurs. Et le loup se change en agneau pour entrer dans la bergerie. Après tout, Chavez n'a-t-il pas été élu légalement avant d'entamer sa réforme constitutionnelle qui semble destinée à faire de lui un "président à vie" à la mode castriste ? Et Hitler, n'a-t-il pas d'abord gagné das les urnes avant d'établir sa tyrannie ?
 
Ils viennent donc de fonder un nouveau parti, prêt pour l'action démocratique à fin révolutionnaire.
 
Première limite : ils n'ont pas résolu la question de la balkanisation de l'extrême gauche. Deuxième limite : s'ils réussissent, non pas à prendre le pouvoir, mais à s'implanter électoralement, résisteront-ils mieux que le PCF, ex-parti révolutionnaire, aux sirènes de l'encroûtement ?
 
En tout cas, il reste à souhaiter qu'ils contribuent à clarifier les choix à l'intérieur du PS entre ceux qui penchent vers eux et ceux qui penchent vers le MoDem. 

10:15 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, Besancenot | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

24/11/2007

Pour la vertu municipale.

Mercredi soir, je suis allé dîner chez un cousin dans le XXe arrondissement, à l'autre bout de Paris. À court de métro et trouvant le trajet un peu long pour la bicyclette, étant donné le froid vif qui régnait, j'ai pris un taxi. Le chauffeur, âgé d'une trentaine d'années, dont les parents devaient être venus d'Algérie avant sa naissance, m'expliqua qu'il venait de débuter dans la profession après avoir été livreur pour le journal "Le Monde", qu'il jugeait un patron odieux. Il se félicitait de son nouveau métier. Et, de fil en aiguille, il en vint à évoquer ceux qui, au lieu de se battre comme lui, préfèrent vivre dans l'assistanat. Il relata un reportage qu'il avait vu un peu plus tôt à la télévison, sur un chômeur qui touchait une indemnisation depuis des années sans travailler jamais. Je l'interrompis, un peu agacé :
 
- Mais ça, c'est ce que dit la télé. Et vous, est-ce que vous en connaissez, des gens qui vivent comme ça ?
 
- Oui, dans ma cité, il y en a un.
 
J'eus envie de faire remarquer qu'un sur une cité, c'était peu.
 
- Il y en a un, poursuivait-il : il est au RMI. L'APL (Aide Personnalisée au Logement) couvre son loyer à 50 Euros près... Il touche en plus des bons alimentaires, 50 Euros par semaine.
 
En somme, concluait-il, il vit très bien et ne voit pas pourquoi il devrait travailler.
 
À sept Euros de nourriture par jour, ce n'était évidemment pas un gourmand.
 
Une jeune femme que j'avais rencontrée dans un café m'avait fait lire le manuscrit de son roman, avant l'été, qui évoquait d'autres situations où les municipalités en font trop : il s'agissait de grands dadets auxquels les villes, quoiqu'ils fussent français, offraient des voyages collectifs dans leurs pays dits d'origine, dont ils ne parlaient cependant pas la langue et où leurs séjours étaient le plus souvent écourtés, tournant au vinaigre. Elle estimait, du haut de son expérience d'assistante sociale banlieusarde de vingt-cinq ans, que les communes faisaient cela pour la paix civile dans les quartiers, l'été : il fallait tout simplement éloigner les jeunes, coûte-que-coûte.
 
Elle poursuivait sur les autres moyens utilisés pour choyer ceux qui ne travaillent pas.
 
C'est ainsi que je vois se dessiner, de jour en jour, le clientélisme municipal, une des corruptions les plus cyniques et les plus pernicieuses. Encourager les gens à la dépendance plutôt qu'à l'indépendance.
 
À l'autre bout de la chaîne, la vieille affaire Chirac a réveillé le souvenir d'un temps où l'argent coulait à flots sur le personnel politique, sur les journalistes, les syndicalistes. Mais aussi, à travers les marchés publics d'Île-de-France (et d'ailleurs) sur les entrepreneurs et, à travers des commissions d'intermédiaire, sur tout le monde politique, comme l'a révélé le procès : RPR, PS, PCF, libéraux du Parti Répubiicain, sur tout le monde en somme, sauf sur les centristes de feu le CDS.
 
À Paris, les vrais scandales n'ont jamais éclaté. Il faut dire qu'ils sont loin de ne concerner que le pouvoir politique et ses partenaires économiques.
 
Il s'agit par exemple des marchés de travaux publics. Je crois avoir déjà donné quelques pistes dans ce sens.
 
Je possède des devis de travaux dans des écoles datant des années 1990. La peinture d'un préau coûtait ainsi à la ville non moins de 150000 (cent cinquante mille francs). Je me suis toujours demandé avec quoi on peignait : avec de la feuille d'or ?
 
Il s'agissait d'une pièce ordinaire, dix mètres sur six, le devis ne mentionnait aucune particularité de support qui pût justifier ce devis extravagant.
 
La Ville de Paris était réputée pour ne jamais faire jouer la garantie décennale : en cas de malfaçon, c'était la ville elle-même qui finançait les réparations, comme à l'école maternelle de la rue Gros, dans mon XVIe arrondissement.
 
Les travaux coûtaient fort cher, vraiment.
 
Voici donc les deux extrémités du lourd travers qui déshonore tant d'équipes et d'administrations municipales : clientélisme et prévarication.
 
Il faut donc que les candidats aux municipales s'engagent à lutter contre ce double fléau.
 
À Paris, comme l'a démontré le livre "le marchand de sable" sur la gestion Delanoë, on n'a constaté aucun changement notable dans ce qui constitue le symptôme, la part visible de la réalité budgétaire : les montants budgétisés n'ont pas baissé et cependant on n'a pas constaté une forte augmentation de la quantité de travaux effectués.
 
La question vient donc tout naturellement à l'esprit : les pratiques ont-elles changé ?
 
Il faudra que Bertrand Delanoë réponde à cette question.
 
S'il ne le fait pas ou s'il ne convainc pas, il est évident que l'UMP sera mal placée pour le critiquer. L'existence d'une candidature MoDem prendra alors un sens d'autant plus fort et nécessaire.
 
Il pourrait en être ainsi dans bien des villes.
 
C'est pourquoi, plus que jamais, j'en appelle à la vertu municipale. 

10:20 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, municipales, Paris, Delanoë | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

22/11/2007

"le goût et le pouvoir" : un livre à consommer sans modération.

Jonathan Nossiter est l'auteur du très atypique documentaire "Mondovino" qui a fait sensation au festival de Cannes voici plus de trois ans. Il y révélait beaucoup de secrets petits ou moins petits sur les réalités du vin autour de l'an 2000. Trois ans de tournage, deux je crois de montage, avaient été nécessaires à l'élaboration de cette cuvée militante.
 
Militante ?
 
Oui, Nossiter défend le travail du viticulteur, sa liberté, sa subjectivité. Il aime les vins de terroir, qui ne cèdent pas à la facilité du goût stéréotypé. Il estime d'ailleurs que la phase où le vin perd sa personnalité relève d'une entrée dans les rouages du pouvoir, du calcul économique ou politique. Pour lui-même, il revendique le caprice du goût, de son propre goût, qui lui ferme les logiques du pouvoir (ou qui finit, ce qu'il ne dit pas, par lui ouvrir le pouvoir par d'autres portes).
 
Ce goût intraitable lui fait tourner le dos au célèbre guide Parker qui exerce un magistère très fort sur l'élaboration des vins et qu'il juge porté à la facilité.
 
Ce goût obstiné lui fait refuser de présenter la carte des vins d'un restaurant new-yorkais pour lequel il travaille comme on le fait aux États-Unis : par cépage. Il le fait par terroir et ne présente que des vins français, alors que partout ailleurs, les vins californiens et italiens sont imposés par la mafia italienne qui contrôle (selon lui) 90 % du routage des vins aux États-Unis.
 
Ce goût capricieux le lance en quête de petits producteurs inventifs, agrippés à un carré de terre et à quelques pieds de vigne.
 
Il défend contre toute la logique actuelle l'autonomie des petits producteurs, la saveur de la diversité appuyée sur la richesse du terroir. Il faut dire que, s'il aime le jurançon cher à François Bayrou (mais en y incluant un rare sec plutôt que les courants moëlleux), il se méfie un peu des bordeaux. Il est en revanche émerveillé par la Bourgogne et les bourgognes, un terroir exceptionnel qui, à partir d'un seul cépage rouge (le pinot noir) est capable de produire la plus grande diversité de palais, des sophistiqués vosne-romanées jusqu'aux charpentés nuits-saint-georges (perso, j'adore le nuits-saint-georges).
 
Bien entendu, il n'est pas dupe, il sait que les trois quarts de la production de bourgogne sont dénaturés par les négociants et la tyrannie du marché, mais il en reste tout de même un quart, ce qui suffit à emplir une vie entière.
 
Il cite ses noms, ses favoris. On le sent tenté par l'idée de lancer un "contre-parker", un guide où l'indépendance du vigneron et la qualité de son travail seraient mis en avant, où l'identité du vin prévaudrait sur sa séduction. 
 
On peut donc lire son livre comme le témoignage d'un honnête homme qui se bat pour des principes que je trouve justes.
 
On y lira aussi la chronique d'une époque, car sa vie professionnelle, oenologique et cinématographique s'enracine dans les décennies 1970 à 2000 et lui permet de critiquer la gestion de New-York par Giuliani, de vanter le souvenir d'une photographe épouse d'une personnalité française à laquelle il a loué un loft, de parler d'une foule de gens qu'il a croisées ou connues, d'exprimer ses choix esthétiques.
 
Il y a dans son livre une esthétique éthique. Et c'est cette éthique qui l'irrigue et qui le rend nécessaire.
 
Il met enfin en garde contre la récupération dont sont victimes les meilleurs travaux, comme celui du vigneron de vins de Loire Joguet qui, face à de graves difficultés financières, avait dû vendre sa terre et dont les successeurs, purs financiers, se bornent à exploiter la "marque" éthique qu'il a créée, en la dilatant sur une surface triple de celle qu'il cultivait, dont l'effet de terroir n'a plus rien de commun avec celui qu'il obtenait.
 
L'ennemi ultime est donc, ici, comme ailleurs, la financiarisation de l'économie.
 
Pour soutenir l'entrepreneur contre le financier, le cultivateur contre le marchand, la PME contre le géant, le réalisateur de cinéma contre le producteur, l'être humain contre la machine, on peut lire ce livre, qui donne envie de boire une bouteille, une vraie.
 
Jonathan Nossiter, "Le goût et le pouvoir", aux éditons Grasset. 
 
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Article publié sur le site La librairie.org .

18:20 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, écriture, économie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

21/11/2007

Une pétition contre le cumul des mandats.

Les municipales ne sont pas une élection comme les autres. Voici une pétition pour que l'édition 2008 soit l'occasion d'un déclin du cumul.
 
Ici

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