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05/12/2009

Quitterie et les nouvelles solidarités sur Internet.

Dans une précédente note, je relatais une conférence organisée par Babyloan, qui traitait des nouvelles solidarités sur Internet, et que Quitterie avait animée avec dextérité.

Les vidéos de cette conférence viennent d'être mises en ligne. Voici la vidéo de l'introduction du débat par Quitterie


01:24 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : solidarité, internet, quitterie, babyloan | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/11/2009

Quitterie alone in Babyloan.

Quand on a une rolls, c'est assez criminel de la laisser au garage ou de l'utiliser pour aller acheter du pain, quand on a un trimaran, c'est dommage de le faire caboter au moteur. Voilà ce que m'inspire le fait que Quitterie ait été seulement la modératrice du débat organisé par Babyloan au Jardin d'Acclimatation, à Paris XVIe, cet après-midi. Faire taire une si jolie voix est un crime affreux. Je trouve qu'elle se laisse trop bouffer par des gens qui ne la respectent pas assez.

Quoi qu'il en soit, la table ronde à laquelle j'ai assisté était d'un grand intérêt, un double intérêt : la compréhension par les créateurs de sites de l'esprit collaboratif et bijectif d'Internet, d'une part, et d'autre part, les principes qui doivent inspirer ces créateurs pour que leurs sites soient bien considérés par les internautes.

Un site institutionnel d'une puissante ONG mondiale (la Croix-Rouge) fournit le contre-exemple : on y trouve des info sur l'ONG, sur ses activités, comme dans un magazine, on y trouve aussi de quoi verser un soutien financier, mais rien, aucune fenêtre, qui permette aux internautes de s'approprier une partie du site, de se constituer eux-même en groupe capable d'assumer une partie des tâches revendiquée par l'ONG. Tout est vertical dans le sens ONG en haut - internaute en bas.

Il faut dire que la grande expertise de Quitterie dans ce domaine a permis de disséquer en quelques phrases le défaut de ce site avec ses cinq interlocuteurs.

Deuxième contre-exemple plus discuté : le site Soliland, qui vend des produits de distribution ordinaire, mais verse une partie du montant des ventes à des ONG. L'évidence du blanchiment que constitue ce processus n'empêche pas le représentant de Danone Communities de minimiser ses défauts en considérant qu'un tel site peut être une incitation pour l'économie traditionnelle à se rapprocher de la philosophie d'Internet. Mais comme le même représentant se fait sèchement rabrouer ensuite par une question de la salle qui fustige les pressions exercées par Danone sur les producteurs français de lait (pressions qui permettent par contrecoup de jeter les producteurs de lait des pays pauvres dans la misère), on voit se dessiner assez clairement la ligne de fracture entre deux conceptions du monde. D'ailleurs, le même représentant, à bout d'argument, s'en sort par une pirouette en montrant un produit créé par l'acclimateur d'Internet en France, et en affirmant qu'Internet n'est qu'un outil, alors que Quitterie a déclaré souvent qu'Internet est bien plus : un art de vivre.

Et c'est elle qui a raison.

Les autres sites présentés entrent plus dans le cadre de l'Internet solidaire : MyCoop, du Crédit Coopératif, Adie.org de l'Adie, Peuplade qui vise à remplacer le bon vieux bistrot d'en bas pour structurer les rencontres de quartier, et bien sûr Babyloan.

J'ai déjà eu l'occasion de parler du crédit coopératif, qui est désormais ma banque.

L'Adie est une association qui existe depuis vingt ans et qui vient de passer au support Internet, ce qui lui a permis de toucher une population bien plus nombreuse qu'auparavant. Son métier est le micro-crédit, en particulier pour les auto-entrepreneurs. La mise en réseau des bénéficiaires de ses prêts paraît être l'un des ses prochains horizons dominants.

Bien entendu, le site le plus directement collaboratif, parmi ceux présentés aujourd'hui, est Babyloan. Son métier est également le micro-crédit, mais avec l'originalité de permettre à des gens qui ont 30 Euros devant eux de prêter ces 30 Euros pour quelques mois à une famille d'un pays pauvre, qui s'en servira pour un investissement crucial. Belle idée, il faut le dire.

Je suis en revanche un peu plus réservé sur l'une des conséquences du salutaire principe de transparence qui anime cette structure : un prêteur, se rendant au Cambodge, a voulu avoir l'adresse de la famille à laquelle il avait prêté (on ne dit pas quelle somme, est-ce 100 Euros ?). On la lui a donnée, ce qui était normal. Il est allé voir ces gens, et il a pu envoyer un mail satisfait, puis montrer des photos.

Subitement, en imaginant les bons Français en vacances dans la ferme cambodgienne, me revenait la vision de ces bourgeoises du XIXe siècle qui prenaient un air béat en considérant "leurs" pauvres. Comme le dit le célèbre "Voyage de M. Perrichont", il n'y a rien de plus satisfaisant pour l'égo que de rendre service à autrui. Et je me rappelle que le XXe siècle est celui qui a remplacé toutes ces charités bourgeoises par des institutions sociales. Alors, quand j'entendais, à la fin de la conférence, les réflexions selon lesquelles le charity business d'Internet va se développer considérablement dans les années qui viennent, j'avoue que j'en ai eu un pincement au cœur.

Car le pays où le charity business est roi, les États-Unis, est aussi celui où l'espérance de vie baisse depuis plusieurs années, où des millions de citoyens ne disposent d'aucune couverture sociale, et où les institutions supposées caritatives sont parmi les adversaires les plus résolus du projet de sécurité sociale poussé par Barack Obama. J'avoue donc que je préférerais que ce business ne se développe pas, mais qu'au contraire, nous ayons, conservions et inventions des institutions sociales dignes de ce nom.

L'avenir d'Internet n'est pas sans risque, et nous devons garder en tête un repère essentiel : l'éthique.