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08/05/2009

"Commis d'office" : "aux soutiers du pénal".

La profession d'avocat devrait être réservée aux rentiers, à ceux qui n'ont pas besoin de travailler pour vivre. Cela éviterait aux petits besogneux de s'y abîmer et aux plus gros de s'y perdre en cédant aux nombreuses tentations qui s'y présentent.

Les avocats commis d'office sont la piétaille des avocats. Au mieux, on est commis d'office en début de carrière, quand il faut se faire la main, se faire connaître, avant de se faire une clientèle ou, de plus en plus, d'intégrer un grand cabinet où l'on est d'abord salarié, puis éventuellement associé. Au pire, on y végète, et c'est un métier très dur et peu rémunérateur. Il y a déjà fort longtemps que Paris compte un bien trop grand nombre d'avocats pour que tous puissent en vivre dignement, et la fusion des professions d'avocats et de conseillers juridiques, voici une bonne quinzaine d'années, n'a rien arrangé. Il faut pourtant se souvenir que la paupérisation des métiers judiciaires est l'un des moteurs de la Révolution française.

Rappelons que la commission d'office est la conséquence du droit qu'a toute personne à un procès équitable, donc à être défendue : si elle ne peut se payer un avocat, la société lui en offre un (pour pas cher : 300 Euros, le contribuable est fauché).

Pour certains avocats, les causes d'office sont cependant une garantie de revenu minimal, une planche de salut. Tel est le cas pour Antoine Lahoud (Roschdy Zem), avocat d'office depuis plus de dix ans, cantonné aux cages du palais de justice et aux causes minables de gamins qui ont dealé une barette de shit, aux putes nigérianes que l'on va renvoyer dans leur pays malgré le risque qu'elles y soient lapidées, aux paumés de toutes les tailles, de toutes les couleurs et de tous les pays.

Portrait là d'un sacerdoce que, comme le dit un avocat bien plus installé, "il faut laisser aux jeunes et aux femmes".

Cette partie documentaire mérite d'être vue, réellement. Ensuite s'enclenche l'engrenage d'une intrigue bien menée, assez convaincante, où l'abattage de Roschdy Zem et de Jean-Philippe Écoffey fait merveille.

La conclusion a une fin très dans l'esprit des avocats. La blague qui circule depuis des lustres sur ceux-ci est la suivante : un jeune avocat vient de plaider sa première cause. Il la gagne. Tout content, il envoie un mail (dans la blague antédiluvienne, c'est un télégramme) à son vieux maître : "le bon droit a triomphé". Le vieux maître répond par un mail laconique : "faites appel", qui signifie que la question n'est pas de savoir si le droit a triomphé, mais si l'avocat a gagné le procès.

On est loin, au fond, du serment par lequel les avocats s'engagent à exercer leur métier avec "dignité, conscience, indépendance, probité et humanité".

En somme, un bon moment, très instructif, écrit et réalisé par une avocate qui a dû se faire de solides ennemis à cette occasion, et, espérons-le pour elle, de nombreux amis parmi les défenseurs de la justice pour tous.

19:17 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, cinéma, roschdy zem, avocat, écoffey | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

06/11/2008

Ma très très grande...

Mais non, je ne parle pas de ma très très grande..., d'ailleurs elle n'est pas si grande que ça, mais du nouveau film de Pierre Jolivet : "Ma très très grande entreprise", avec Roschdy Zem, Jean-Paul Rouve et Marie Gillain.

J'en profite pour signaler le précédent film de cette dernière, "Magique", dont la fréquentation n'a pas été magique, mais où elle interprétait avec gravité et humanité une apicultrice qui élevait quinze millions d'abeilles au fin fond de la campagne québécoise, avant de recevoir un cirque et de tomber amoureuse d'un clown. Une comédie musicale. Un film optant pour une esthétique pauvre et réaliste (sauf quand il s'agit de couper une femme en trois...) qui va sans doute préfigurer un courant entier de la cinématographie de la crise économique qui s'ouvre.

Ayant vu ces deux films, je crois que Marie Gillain est mûre pour les grands rôles sociaux, qui ne vont pas manquer hélas.

Elle est entourée de Roschdy Zem, qui renfile son costard-cravate de vigile de La fille de Monaco, et de Jean-Paul Rouve, restaurateur gay et pas gai.

Le thème du film : la multinationale voyou. Il s'agit d'une entreprise du secteur "agrochimique", qui pollue sciemment et qui provisionne des centaines de millions pour faire face aux éventuelles indemnisations, qui ne l'empêcheront pas de continuer à polluer. Hélas pour cette mégaboîte, une de ses usines vaporise du fluore près d'un étang où Roschdy Zem élève des huîtres, il doit fermer, un fleuriste doit en faire autant et, de proche en proche, le restaurant de Jean-Paul Rouve s'asphyxie. Quant à Marie Gillain, c'est la société de son époux qui est frappée, mais comme il est sous-traitant de la mégaboîte, il préfère empocher une très modique indemnité de 12000 Euros et se taire, si bien qu'elle le quitte.

Ces 12000 Euros sont obtenus à l'issue d'un procès retentissant dont leur avocat est extrêmement fier. Mais que représentent 12000 Euros en regard de deux ans de lutte, d'emplois supprimés ? Nos trois compères veulent faire appel pour obtenir des indemnités plus justes, c'est-à-dire plus élevées. Leur avocat les prévient : pour les suivre, il a besoin d'info supplémentaires, consistantes.

Pour découvrir ces info, il va falloir s'introduire dans le siège mondial de la mégaboîte, une tour de La Défense.

Le film est un peu mou, mais les rapports entre les personnages sont un régal. Le directeur financier de la mégaboîte a un patronyme curieux : il se nomme Boissy d'Anglas de la Sarnaise. DE LA SARNAISE. J'en suis resté perplexe. Mais pour comprendre la façon dont raisonnent les grands groupes pollueurs et corrupteurs mondiaux, il n'est pas inutile d'aller voir Ma très très grande entreprise.