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13/06/2007

Don Quichotte.

Voici deux ans a été célébré le quatrième centenaire de Don Quichotte de la Manche.
 
Paru en 1605, le roman de Miguel de Cervantès a fixé pour des siècles (déjà quatre, donc) le profil d'un personnage intraitable, fantasque voire fou, en tout cas irréfléchi et gouverné par un mode de raisonnement dominé par l'absurde et l'emphase.
 
L'image du chevalier qui se jette contre les moulins qu'il assaille du haut de sa jument, un bidet famélique, au service d'une princesse de rêve ou de fantasme, est l'une des plus émouvantes, quoique ridicule et grinçante, de la littérature mondiale.
 
Bien sûr, on peut le trouver gratuit, risible, le prendre au premier degré, mais vaincre ses tabous, décider qu'il faut cesser d'accepter l'inacceptable et de tolérer l'intolérable, ce sont des pulsions de Don Quichotte que chacun de nous reconnaît en lui.
 
D'une manière générale, le rapport entre la pulsion, le désir, le caprice et notre relation à la réalité sont les moteurs de la fascination que Don Quichotte exerce sur chacun de nous.
 
S'il va contre les moulins, c'est pour des motifs théoriquement nobles et universels, mais la cause de l'acte qu'il commet n'existe pas ailleurs qu'en lui : de là vient que son geste n'est qu'une pulsion et non un véritable engagement. Don Quichotte est habité par des principes forts et incontestables qui ne rencontrent rien dans sa vie réelle.
 
Cette distance pourrait affaiblir les principes en question et les entraîner dans le ridicule ; c'est tout le contraire qui se produit.
 
Car le paradoxe de Don Quichotte est que sa quête absurde est profondément associée dans notre inconscient à tout ce qui a trait aux vérités douloureuses, aux "choses cachées" dont parle René Girard, à ces moteurs sombres et secrets qui font de la vie humaine un bouillon de culture fétide si l'on creuse un peu. Don Quichotte est l'homme qui veut arrêter la vague de l'océan avec ses doigts. Il n'y arrivera pas, bien sûr, mais s'il n'essaie pas, sera-t-il digne de vivre ?
 
Il est un inusable perdant, un looser indécrottable, mais il fait ce que chacun de nous voudrait oser faire dans sa réalité.
 
Répétons ici la phrase de Gandhi notée par notre blogueuse favorite Quitterie Delmas : "Si tu vois un problème et que tu ne fais rien, c'est que tu fais partie du problème". 

15:30 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écriture, littérature, poésie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Merci pour le retour au littéraire même si la tonalité de ce billet est plutôt psy !

Écrit par : Rosa | 14/06/2007

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