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17/02/2009

La Ve république, c'est fini.

La Ve république est née en 1958, treize ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et un peu moins de vingt ans après l'effondrement de 1940. Elle est née sur un double fondement : d'une part, le discours de Bayeux où, en 1946, le général de Gaulle avait exposé sa conception de l'organisation d'une France que l'on voulait régénérer ; d'autre part, la réflexion conduite par de nombreux acteurs politiques et administratifs sur les causes de l'effondrement spectaculaire (et tragique) de 1940.

De Gaulle voulait un patron pour fixer le cap. Les analystes jugeaient que la défaite de 1940 était due en partie aux baronnies administratives et à l'abaissement du politique face à ces entités qui ont la permanence pour elles : les ministres passent, les département ministériels demeurent. Et sous la IIIe république, comme sous la IVe, les ministres passaient drôlement vite. Il fallait donc de la stabilité.

Le régime qui sortit de cette marmite était hybride : un président au-dessus de la mêlée, disposant de pouvoirs personnels consistants, et un gouvernement capable d'imposer ses vues au parlement. La bataille des nouveaux pouvoirs fut rondement menée : en 1962 le parlement se rebella contre l'exécutif, fut dissous, et l'exécutif obtint sa majorité fixe. Depuis ce temps, une seule question a hanté la pratique institutionnelle française : celle de la "dyarchie" exécutive, c'est-à-dire celle de l'exécutif bicéphale, autrement dit la rivalité plus ou moins latente entre le président de la république et son premier ministre.

Car il n'existe qu'un contrepouvoir à l'autorité présidentielle : le premier ministre. En 1968, de Gaulle limoge Pompidou qui commence à lui faire de l'ombre, quelques mois plus tard dans la campagne référendaire, Pompidou se venge et annonce que si le référendum est négatif, il est prêt, lui Pompidou, à assumer ses responsabilités. C'est la mort de de Gaulle en direct et le scénario se poursuit par la victoire feutrée de l'ex-premier ministre sur son président.

Sans entrer dans les détails, disons que la querelle dyarchique ne va cesser d'enfler : en 1978, Giscard annonce qu'en cas de victoire de la gauche aux législatives, il ne se retirera pas, et qu'il ne pourra empêcher la gauche de gouverner à sa guise. C'est une nouvelle étape qui va se cristalliser par trois cohabitations, en 1986-88 et 1993-95, et surtout 1997-2002. Sur les seize dernières années, neuf auront été alors passées en cohabitation, la majorité.

La dernière cohabitation avait produit des effets très regrettables en politique extérieure, notamment le traité de Nice, où la négociation française avait été déplorable.

Mais surtout, le long rang des candidats à la présidentielle ne pouvait accepter que le pouvoir guigné par tous fût amoindri par l'ombre parlementaire du premier ministre. Contre mon avis que je lui avais donné, Bayrou accepta l'inversion du calendrier, l'élection de l'Assemblée Nationale après celle du président, qui subordonnait celle-là à celui-ci. Exit le dernier contrepouvoir, enterré le premier ministre, il ne restait plus rien pour entraver la marche impérieuse de la volonté présidentielle.

Exit aussi l'utilité des partis politiques : les législatives n'étant plus que l'émanation de la présidentielle, il n'est plus nécessaire de les préparer par un travail de profondeur.

Finalement, il ne reste plus qu'une élection, plus qu'un pouvoir dans la république : celui du président.

Et c'est là qu'arrive Sarkozy et qu'apparaît toute l'absurdité de ce processus de cinquante ans qui a conduit à ce que l'élection la plus importante produise l'élu le plus nul.

Jamais personne n'a eu autant de pouvoirs de toutes natures en France depuis plus de cent quarante ans. Et jamais la France n'a été aussi mal gouvernée, politique étrangère floue et servile, politique économique onéreuse et improductive, politique sociale injuste et régressive, politique de justice et de police liberticide et brouillonne.

Tout ça pour ça ?

Faut-il donc continuer, par notre activité politique, à cautionner un processus qui ne peut aboutir qu'à de tels désastres ?

Certainement pas, et c'est pourquoi je suis impatient et confiant dans une initiative dont le contour n'est pas encore connu, mais qui donnera d'autres buts à notre soif d'engagement pour l'intérêt général : l'initiative de Quitterie.

Commentaires

Vous avez oublié de ponctuer les phrases suivantes par des "à mon avis", "selon moi", "il me semble"....

"Et c'est là qu'arrive Sarkozy et qu'apparaît toute l'absurdité de ce processus de cinquante ans qui a conduit à ce que l'élection la plus importante produise l'élu le plus nul.

Jamais personne n'a eu autant de pouvoirs de toutes natures en France depuis plus de cent quarante ans. Et jamais la France n'a été aussi mal gouvernée, politique étrangère floue et servile, politique économique onéreuse et improductive, politique sociale injuste et régressive, politique de justice et de police liberticide et brouillonne."

...Si le vote populaire vous déçoit, changez le peuple ou changez de peuple...mais ne vous imaginez pas être le Deus ex-machina tranchant du Bien et du Mal...

Tel que vous l'écrivez on a l'impression que de la même façon que les clients sont la plaie du commerce, les électeurs sont la plaie de la Démocratie.

Écrit par : Jean Marie | 17/02/2009

@ JM

Si je l'écris, eh bien, à votre avis, c'est que je pense le contraire ?

Écrit par : Hervé Torchet | 17/02/2009

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