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13/04/2009

Obama : voix des rêves oubliés, chagrin d'un songe.

Nous avions fait un rêve.

Nous avions fait le rêve que l'élection d'Obama ne serait pas que la première d'un non-blanc dans un pays qui pratiquait encore activement la ségrégation raciale voici à peine quarante ans. Nous avions fait le rêve qu'il serait aussi le président qui bousculerait les structures financières de ce pays qui l'ont conduit au gouffre.

Mais non.

Déjà, voici quelques jours, j'apprenais avec amertume que pour l'élection d'Obama, le Parti Démocrate américain avait "fiché" 220 millions d'Américains, pratiquement tous les adultes.

Puis peu à peu le bilan du G20 a révélé que les États-Unis, fidèles à eux-mêmes, choisissaient de changer les normes comptables plutôt que d'améliorer la vertu de leurs institutions financières. Le mensonge permet de se faire croire que tout va pouvoir reprendre comme avant. Sauf que... sauf que la réalité finit toujours par l'emporter comme le fait très justement remarquer Marc Vasseur dans son article du jour.

Alors ? ils vont gagner du temps, autant de temps qu'ils le pourront : le système n'a pas d'autre solution que lui-même, il n'a pas de plan B. S'il tombe, il tombe. Tant qu'il se trouvera des étais, de plus en plus artificiels, de plus en plus mensongers, ils les utilisera pour faire croire qu'il tient debout. Le système est droit dans ses bottes. S'il tombe, ce sera tout d'un bloc, avec d'autant plus de fracas.

(EDIT : je m'aperçois que j'ai oublié de préciser que c'est à Châteaubriant que j'emprunte la formule "voix des rêves oubliés, chagrin d'un songe", qui m'a toujours évoqué comme les vestiges d'une illusion).

11:42 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : international, états-unis, obama, wall-street, g20 | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Bonjour Hervé, je dois être un peu naïf, mais peux-tu m'expliquer ce que signifierait concrètement "améliorer la vertu" (de leurs institutions financières) ?

Sur le fond, il y a effectivement plusieurs façons de voir le monde de l'après-crise. Au moins quatre.

L'une consiste à supprimer le capitalisme, ce qui signifie : Interdire à des personnes d'investir de l'argent dans des entreprises où travaillent d'autres personnes. On voit sur les murs des affichettes anti-capitalistes, alors je suppose que cette solution a des partisans.

Les trois autres supposent de maintenir le capitalisme. Il y a encore trois options.

Option a, le laisser en état. Business as usual. La crise est dans la nature des choses, destruction créatrice, hauts et bas de cycles, de toute façon on n'a pas mieux. Ce discours, dénoncé par Barack Obama par exemple, je l'ai pourtant entendu, certes tenu mezzo voce, par quelques financiers, et je m'attends à ce qu'il retrouve les faveurs de l'UMP dès le premier frémissement de reprise du PNB (c'est juste une prévision).

Option b, le moraliser, c'est-à-dire l'appeler à être moral. C'est ce que fait actuellement notre Président de la République. Et comme le dit François Bayrou, c'est compter sur le jour où les poules auront des dents.

Option c, le refonder, en créant les conditions politiques pour que l'activité économique des entreprises capitalistes soit le plus proche possible de l'intérêt général. C'est, à mon avis, le travail des démocrates, sur les deux rives de l'Atlantique et ailleurs.

Il me semble que le G20 a pris plutôt cette troisième direction ; ce qui m'inquiète, c'est qu'il n'a fait que de tous premiers pas dans cette direction, et je doute que la volonté collective de refondation soit durable. Donc pour moi, c'est plus une question d'urgence à tenir, que de "mensonge" à dénoncer. Il y a plus besoin de pression de l'opinion (il y a des élections en juin ! il y a au moins deux partis, les Verts et le MoDem, clairement engagés sur ces sujets !), que d'amertume.

Écrit par : FrédéricLN | 13/04/2009

@ FLN

Ce qui est mensonger, ce sont les normes comptables qui permettent d'avantager la présentation de comptes qui ne sont pas bons.

Écrit par : Hervé Torchet | 13/04/2009

@Hervé : Tout à fait d'accord là-dessus, enfin, à moitié d'accord. Tout à fait d'accord sur le fait que la comptabilisation à la "juste valeur" (fair value) est de nature nourrir les bulles spéculatives, surtout sur des actifs peu liquides, dont l'estimation "fair value" laisse beaucoup de place à l'arbitraire et au truquage. Mais à moitié d'accord seulement, car je ne crois pas qu'on ait trouvé encore une alternative "plus vraie". La comptabilisation au coût historique (ancienne norme française) est certes plus prudente, mais elle ouvre un boulevard aux délits d'initié, puisqu'elle permet à l'entreprise de cacher la vraie (juste) valeur de ses actifs.

Ce point est donc loin d'être réglé, mais il y en a d'autres sur lesquels les Etats-Unis progressent alors que la France et l'Europe en sont aux parlottes. Par exemple la réglementation des ventes à découvert (annonce du 8 avril), ou la création d'une réglementation permettant de fermer des banques en faillite (Timothy Geitner, 24 mars).

Écrit par : FrédéricLN | 13/04/2009

Pour ma part, j'ai aussi entendu une option d qui estime que le capitalisme a trop été perverti par l'état. Son équilibre est faussé par le fait de savoir que l'état sera toujours derrière certains acteurs. La solution étant alors moins d'état et moins de réglementation.

Écrit par : Oaz | 13/04/2009

@ OAz : merci ! je crois aussi avoir vu ça sur un blog libéral. A la fois c'est délirant, et ça peut donner des pistes intéressantes : en l'occurrence, ça met en garde contre la tentation socialiste habituelle. Celle qui consiste - au lieu de réduire les risques et déviations intrinsèques au capitalisme - à les concurrence par encore plus de risques et de déviations intrinsèques à l'Etat ;-)

Écrit par : FrédéricLN | 13/04/2009

Les commentaires sont fermés.