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20/01/2010

Obama se trompe sur Haïti.

Barack Obama est en train de commettre à la fois une erreur et une faute en Haïti.

L'erreur est factuelle : quand il explique qu'Haïti fait partie du bassin géographique des États-Unis, il se trompe. Haïti est un pays d'Amérique Latine, par toutes ses fibres, en même temps que d'Afrique par bien de ses traits culturels. Comme l'a rappelé en son temps le regretté Césaire, c'est d'Haïti qu'est parti Bolivar, le libérateur de l'Amérique Latine. Haïti a été la matrice de l'émancipation de toute cette partie des Amériques.

Même du point de vue de la diaspora, les États-Unis sont minoritaires : il y a, aux États-Unis, un peu plus d'un million d'Haïtiens (ils iraient volontiers tous là-bas, mais les Américains les rejettent suffisamment à la mer pour que ce chiffre n'augmente guère), il y en a un autre million en République Dominicaine hispanophone (qui partage l'île d'Haïti ou de Saint-Domingue avec la République d'Haïti), au moins cent ou deux cent mille au Canada (majoritairement au Québec, et francophones), et près de deux autres millions disséminés un peu partout, en particulier en Amérique Latine (au moins trente mille en Guadeloupe) et en Europe (plusieurs dizaines de milliers en France métropolitaine). Au passage, je signale que cette diaspora envoie chaque année environ un quart du PIB en invisibles en Haïti, soit environ un milliard de dollars.

Donc une erreur, qui est destinée à légitimer la domination, qui est une faute.

Obama a déjà laissé faire un coup d'état au Costa Rica dans des conditions qu'un vrai homme de démocratie n'aurait pas tolérées. Le voici qui, à propos d'Haïti, se vautre dans l'idée de domination. Les États-Unis veulent prouver au monde et à eux-mêmes qu'ils ne sont pas finis. Comment ? En écrasant le pauvre petit peuple haïtien. On a les victoires qu'on peut, mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, et surtout, cette décision brutale achève de dévoiler la vraie nature du pouvoir d'Obama : il n'est pas la libération (en particulier celle des noirs), mais la domination, la domination par l'Amérique, encore et toujours le projet impérial.

L'Amérique veut retrouver et prouver son "leadership" en piétinant Haïti, sous prétexte d'intervention humanitaire, c'est exactement ce qu'Obama a dit.

Et d'ailleurs, pour ceux qui douteraient de la vraie nature de l'intervention américaine, qu'on ne s'y trompe pas : les soldats  US envoyés là-bas sont blancs, bien blancs, caricaturalement blancs, pour que l'on sache bien qui est le maître. Obama se fait là le valet de la domination raciale, le principe de la domination blanche américaine a déjà été organisé en Haïti par les démocrates américains dans les années 1910.

Pourquoi est-ce une faute ?

Parce que le nationalisme haïtien est le plus ancien des Amériques après celui des États-Unis. Parce que les 15 000 morts de l'occupation américaine du XXe siècle ont laissé des traces de sang dans les esprits, même chez ceux qui ne savent rien de l'Histoire, autant que la colonisation française.

Parce que surtout, la vraie nature de l'intervention américaine se dévoilera tôt ou tard aux esprits les plus naïfs, et qu'alors, Obama sera aussi impopulaire que les dirigeants américains qui l'ont précédé.

Oui, décidément, nous pouvons nous dire que l'Amérique est incorrigible. Nous nous le disions lorsque les débats parlementaires sur la nouvelle Sécurité Sociale US rejetaient toute idée de structure publique et organisaient la domination de la nouvelle Sécu par les opérateurs vénaux privés, et lorsque le vote final imposait (grâce si j'ose dire à un sénateur démocrate !) que pas un sou d'argent public ne financerait l'avortement... Nous nous le disions lorsque le silence de Washington sur la situation du Costa Rica réveillait les souvenirs de la Banana & Fruit Republic.

Nous nous le disons aujourd'hui à propos d'Haïti.

Or c'est une faute, parce que les Américains eux-mêmes ne veulent plus entendre parler de cet esprit de domination, on les "possède" aujourd'hui par le mensonge de l'humanitaire, mais ils finiront par y voir clair. Et même ceux qui applaudissent aujourd'hui le retour du "leadership" (un "America is back" reaganien qui ne dit pas son nom) s'en mordront les doigts demain, car on ne peut pas sacrifier l'opinion publique internationale au nom de l'opinion publique intérieure. Désormais, pour les grands pays qui rayonnent dans le monde, ce sont les mêmes.

Obama, loup à la geule enfarinée ?

L'intervention américaine en Haïti a lieu, par une curieuse coïncidence, quelques jours à peine après les ratonnades anti-noirs de Sicile. Si l'on voit aujourd'hui les soldats blancs descendre d'avion pour s'emparer de la plus ancienne république noire du monde, on va se trouver assez vite gêné. Après tout, Obama est aussi blanc que noir, il y a en lui un Janus plus ou moins ensommeillé. La carte du vote Obama de 2008 montrait clairement que la question raciale avait été centrale dans le scrutin. Y a-t-il eu une usurpation, Obama est-il un blanc qui s'est, comme le loup de la fable de La Fontaine, enfariné la gueule pour pénétrer dans la bergerie ? espérons que non.

25/08/2009

1,9 million de milliards de dollars : la bataille de l'argent.

Oh, ne croyez pas que je sois en train de vanter les résultats financiers de la vente de mes livres, hélas, je n'en suis pas là... 1 900 000 milliards de dollars, c'est, selon le numéro spécial été du "Canard Enchaîné", la masse financière accumulée dans les paradis fiscaux pour alimenter la spéculation mondiale.

1,9 million de milliards de dollars, plus d'un million de milliards d'Euros... trente fois le PIB mondial, le PIB d'une génération entière, trente ans de PIB. 300 000 dollars par être humain, tous âges et nationalités confondus. La détention de monnaie signifiant une créance sur l'émetteur de la monnaie, cela signifie que chaque être humain doit en principe 300 000 Euros à ceux qui contrôlent ces fonds spéculatifs. Une famille de huit enfants qui vit avec 30 dollars par semaine a ainsi une dette théorique de 3 millions de dollars envers des gens qui se dorent la pilule aux Bahamas. Un cauchemar.

Face à cette somme astronomique et purement théorique, on comprend que les 10 000 milliards de dollars de casse dus à la crise des subprimes, qui hier encore nous faisaient pâlir, soient devenus dérisoires, anecdotiques, et que même les 28 000 milliards de dollars de capitalisation boursière effacés par la tornade financière de l'automne 2008 ne soient plus l'abîme insurpassable capable d'engloutir les finances du monde. 10 000 milliards de dollars, c'est 2 % de la capitalisation accumulée dans les paradis fiscaux. 28 000 $, 3 %. Une paille, un brin d'herbe dans la prairie des billets verts.

Pour une super-taxe Tobin

Accessoirement, si l'on analyse que l'endettement public mondial se monte à une année de PIB, eh bien, il suffit de taxer les capitaux des paradis fiscaux à hauteur de 3 %, et l'endettement public mondial aura disparu d'un coup, libérant des sommes considérables pour la santé, pour l'éducation... et pour les réductions d'impôts et autres charges sociales de l'économie réelle.

Alors, on s'y met quand ?

Et au-delà même, j'ai été frappé par la subite apparition de l'OMS cette année comme premier réelle agence fédérale mondiale, oui, la mondialisation appelle des formes gouvernement mondial, et on en tient une : l'OMS.

Bon, on peut s'interroger sur l'empressement de cette organisation à dramatiser une maladie, la grippe A H1N1, considérée comme plutôt bénigne pour sa catégorie, et dont la statistique mortelle est infinitésimale, on peut se demander aussi s'il n'y a pas un lobbying efficace de la part des fabricants de tamiflu et autres vaccins plus ou moins futurs, mais la réalité est là : si demain une épidémie réelle se déclarait avec tous ses dangers, les relais existent, les protocoles sont en place. J'ai eu l'occasion d'aller à l'hôpital cet été, et j'y ai vu les masques à l'entrée destinés aux précautions éventuelles. C'est une étape étonnante, spectaculaire.

Gageons que nous allons voir ces agences se multiplier et quadriller peu à peu notre espace vital, en bien comme en moins bien. Comme elles sont la conséquence inévitable de la mondialisation, on se félicitera des aspects positifs de cette évolution, et on tentera d'améliorer les autres.

Heu, sauf que... parmi les agences mondiales déjà connues, il y en a une, l'OMC, dont on connaît le principal défaut : elle est contrôlée par la puissance dominante, les États-Unis, comme d'ailleurs la Banque mondiale et le FMI. Contrôlée, car financée. Alors, il faudra innover et détacher les agences mondiales des états en coupant le cordon omblical.

À agences mondiales, il faudra un financement mondial. Et pourquoi ne pas créer la fameuse taxe Tobin, mais en l'étendant au financement des organisations étatiques mondiales ? Taxer les flux de capitaux est désormais une évidence éthique pour tout le monde, cela ne peut se faire qu'à l'échelle mondiale, et cela doit avoir un but mondial. Financer le gouvernement du monde par une taxe mondiale me paraît de bonne gestion.

Ensuite, il faudra songer à la coordination des agences mondiales.

L'échec du modèle américain, la solidité du modèle européen

Il y a deux façons d'envisager l'avenir du monde : la première, c'est un aréopage dominé par la puissance dominante (les États-Unis pour le moment), et cela s'appelle le G 20. La deuxième, c'est une construction d'égaux inspirée du modèle communautaire européen, comme les communautés européennes ont été regroupées en Union européenne après l'existence de traités et d'entités séparées.

J'ai été très frappé par la révélation des effrayants archaïsmes de la société politique américaine. On l'avait vu en 2000 avec la pathétique séance de recompte des cartons perforés en Floride, on s'aperçoit que ce n'est pas seulement le mode de scrutin, mais le squelette même de la société américaine, qui est à la fois vétuste et sclérosé, et encore plus vétuste que sclérosé.

J'ai lu quelque part des chiffres édifiants : les États-Unis consacrent 18 % de leur PIB à soigner leurs habitants, mais 15 % desdits habitants ne sont pas couverts et l'espérance de vie ne cesse de baisser aux États-Unis ; la France et l'Allemagne consacrent 12 % (un tiers de moins) de leur PIB à soigner leurs habitants, tout le monde est couvert, et l'espérance de vie continue à augmenter. La France est même (selon la CIA...) le troisième pays où l'espérance de vie est la plus longue, après le Japon et... Saint-Marin.

Cherchez l'erreur.

Y a-t-il preuve plus éclatante de la profonde inefficacité du modèle américain qui, outre son injustice honteuse, démontre sa contreproductivité manifeste ?

Bien sûr, c'est l'occasion pour nous de nous féliciter d'avoir si fort soutenu Barack Obama lors de la dernière présidentielle américaine. Nous avions raison, c'est évident, et s'il fallait faire quelque chose pour l'espèce humaine ces temps-ci, ce serait aller aux États-Unis soutenir Obama pour qu'il fasse passer son système de sécurité sociale qui a fait atteindre le point Godwin à la vitesse supersonique à une quantité invraisemblable de crétins dont l'Amérique a le tragique secret.

Alors évidemment, s'il faut choisir entre l'option G 20 et l'option Bruxelles, je choisis Bruxelles, sans illusions d'ailleurs sur les améliorations que le système européen réclame, notamment en matière de subsidiarité, de démocratie, et d'impartialité, mais avec la conviction que la régulation à l'Européenne (orchestrée, il faut le souligner, par les deux grands présidents de la commission qu'ont été Jacques Delors et Romano Prodi) est le modèle que le gouvernement mondial devra convoiter et approfondir s'il veut être efficace.

Je vais en trouver la démonstration dans le cinéma.

La Californie en plein naufrage

On avait vu, voici quelques années, la compagnie d'éléctricité californienne en pleine banqueroute. Terminator a terminé le travail en mettant l'état de Californie sur le flanc. On voyait aussi les techniciens du cinéma se plaindre des délocalisations croissantes des tournages qui, les un après les autres, fuyaient Hollywood, qui pour l'Australie, qui pour Seattle ou Vancouver, comme les 4 Fantastiques par exemple. Or je suis allé plusieurs fois au cinéma ces derniers jours. C'est significatif.

Aujourd'hui, j'ai vu le film autobiographique (ou d'autofiction) "le temps qu'il reste" du cinéaste palestinien Elia Suleiman, ou comment dire des choses graves sur un ton léger. Mais ce n'est pas mon propos.

Auparavant, j'ai vu plusieurs films présentés comme américains et... tournés en Europe : "Inglorious basterds" de Tarantino (une BD dont le propos serait risible sans l'intention délibérément décalée, et qui a la particularité de cartonner aux USA alors qu'on y parle surtout le français et l'allemand), tourné aux studios de Babelsberg à Berlin, "une arnaque presque parfaite" tourné en Serbie-Montenegro, en Tchéquie, en Roumanie, et "G.I. Joe" tourné à Prague et à Paris. Voici donc où les producteurs américains trouvent des liquidités alors que leur système bancaire fond à la même vitesse que la banquise des pôles : en Europe.

Oh, ce n'est pas que tout soit parfait en Europe : l'État britannique a dû injecter 44 % de son PIB d'une année pour sauver ses banques, la France en est, paraît-il, à 26 % d'aides directes et indirectes. Mais tout de même, la régulation existe.

Rappelons que le déficit budgétaire américain s'élève à bien plus de 10 % du PIB annuel. Rappelons aussi que ce qui, dans les années 1980, a coûté tant d'influence et de position à la France en Europe et dans le monde, c'était le différentiel de déficit et d'inflation par rapport à nos principaux alliés et voisins. L'Amérique peut croire qu'elle rebondira et effacera les abimes qu'elle creuse, ce n'est pas vrai : son déficit budgétaire kilométrique traduit implacablement la diminution de son influence. Les USA produisaient plus de la moitié du PIB mondial vers 1950. Ils sont autour de 20 %. Et par manque de rigueur, ils laissent filer ce qui leur reste. La croissance induite par ces déficits publics leur est si inférieure que ce sont près de 10 points de PIB que les déficits publics coûtent chaque année au pays...

La bataille de l'argent ne fait que commencer

Qu'on ne s'y trompe pas : la bataille pour sauver l'État américain de la faillite, nous la connaîtrons aussi en Europe et bien des structures étatiques vont succomber à la guerre financière qui s'annonce.

Les crapauds juchés sur leur million de milliards dans les paradis fiscaux, puisqu'ils ont de l'argent, veulent que cet argent ait un sens, qu'il leur permette de se soigner quand le péquin moyen crève dans la fièvre, qu'il leur permette de se loger, de se nourrir, avec un éclat qui traduise concrètement ce qu'avoir de l'argent signifie. En somme, ils vont continuer à dépenser des millions pour déclarer que l'État, c'est mal, qu'il faut démanteler les protections publiques qui sont aussi inefficaces qu'immorales. C'est bien ce que nous avons clairement lu et constaté dans le programme de la majorité française actuelle, cette volonté d'inégalité.

On nous dit dans la bonne presse que le prochain objet de la voracité des prédateurs du million de milliards, ce seront les endettements publics, les structures étatiques elles-mêmes. Certaines vont donc craquer, d'autres résisteront si leurs dirigeants agissent pour l'intérêt commun, pour le bien public, et non pour la sauvegarde des banquiers et autres gens de Neuilly (même ceux de "Neuilly sa mère" qui m'a fait rire).

Face à cette offensive qui s'annonce, nous pouvons bien entendu contribuer à l'émergence d'une solution politique, même si nous savons qu'il n'y aura pas d'Obama français.

Nous pouvons aussi nous engager avec les moyens qui seront les nôtres, à notre niveau, en consommant mieux, en vivant mieux, en utilisant notre marge de manoeuvre pour favoriser les producteurs et les marchands qui sont les moins liés à la logique des prédateurs des paradis fiscaux.

Rien n'est encore prévisible en matière politique, mais dans ce domaine au moins, il n'est besoin d'attendre le signe de personne pour agir, nous pouvons le faire sans délai, merci de nous l'avoir rappelé, merci Quitterie.

13/04/2009

Obama : voix des rêves oubliés, chagrin d'un songe.

Nous avions fait un rêve.

Nous avions fait le rêve que l'élection d'Obama ne serait pas que la première d'un non-blanc dans un pays qui pratiquait encore activement la ségrégation raciale voici à peine quarante ans. Nous avions fait le rêve qu'il serait aussi le président qui bousculerait les structures financières de ce pays qui l'ont conduit au gouffre.

Mais non.

Déjà, voici quelques jours, j'apprenais avec amertume que pour l'élection d'Obama, le Parti Démocrate américain avait "fiché" 220 millions d'Américains, pratiquement tous les adultes.

Puis peu à peu le bilan du G20 a révélé que les États-Unis, fidèles à eux-mêmes, choisissaient de changer les normes comptables plutôt que d'améliorer la vertu de leurs institutions financières. Le mensonge permet de se faire croire que tout va pouvoir reprendre comme avant. Sauf que... sauf que la réalité finit toujours par l'emporter comme le fait très justement remarquer Marc Vasseur dans son article du jour.

Alors ? ils vont gagner du temps, autant de temps qu'ils le pourront : le système n'a pas d'autre solution que lui-même, il n'a pas de plan B. S'il tombe, il tombe. Tant qu'il se trouvera des étais, de plus en plus artificiels, de plus en plus mensongers, ils les utilisera pour faire croire qu'il tient debout. Le système est droit dans ses bottes. S'il tombe, ce sera tout d'un bloc, avec d'autant plus de fracas.

(EDIT : je m'aperçois que j'ai oublié de préciser que c'est à Châteaubriant que j'emprunte la formule "voix des rêves oubliés, chagrin d'un songe", qui m'a toujours évoqué comme les vestiges d'une illusion).

11:42 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : international, états-unis, obama, wall-street, g20 | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

04/04/2009

MoveOn.org

Une partie de mes lecteurs sait déjà ce qu'est moveon.org, mais il m'a paru utile, après la vidéo de Quitterie (qui a employé ces mots : "il n'y a pas d'organisation de type MoveOn en France"), d'indiquer à celles et ceux qui ne le sauraient pas que Moveon.org est un mouvement civique ancré à gauche aux États-Unis, s'appuyant grandement sur les possibilités d'Internet. Ses combats nous sont chers : l'environnement, la limitation du pouvoir de l'argent, et quelques autres essentiels.

Voici le début de la notice wikipedia :

 

 

MoveOn.org a été formée en 1998 par deux entrepreneurs dans l'informatique : Joan Blades et Wes Boyd, qui sont notamment les créateurs du système Berkeley Systems. Les deux militants pétitionnent le Congrès pour qu'il passe ("move on") la procédure d'impeachment contre le président Bill Clinton, proposant de censurer le président sans pour autant passer par l'impeachment. A leur grande surprise le bouche à oreille fonctionne et de fait la pétition est un grand succès avec un demi million de signatures.

Entre 1998 et 2002 le couple utilise la même méthode de campagne en s'engageant sur plusieurs autres sujets . Dans le domaine écologique : pour la diminution de la pollution à l'arsenicet au mercure. Dans le domaine démocratique : pour la réforme du mode de financement des campagnes électorales, qui fait appel selon eux à trop de fonds privés et venant d'entreprises.

Depuis les années 2000, l'association à commencé à drainer des fonds pour plusieurs candidats de l'aile gauche et syndicale du Parti démocrate. En 2003, MoveOn a publiquement condamné puis manifesté contre l'invasion de l'Irak par George Bush. En 2004 un soutien important est apporté au candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine John Kerry.

Positionnement progressiste [modifier]

A ses débuts le mouvement est un groupe transpartisan. Rapidement MoveOn devient une association qui fait pression sur le Parti démocrate pour qu'il adopte « un programme vigoureusement à gauche » qui aille « au delà de la simple opposition à l'Administration Bush » selon le journal le Washington Post2.

Le co-fondateur Wes Boyd rejette la stratégie des centristes de l'aile droite du Parti démocrate réunis au sein du Democratic Leadership Council (notamment les époux Clinton) « qui veulent que les démocrates droitisent leurs positions sur la guerre, la fiscalité, la couverture sociale... »

S'exprimant en juin 2003 devant la conférence "Take back America"3Wes Boyd a déclaré « la première manière de faire revenir la confiance, est de se battre ardemment pour ce dont les gens ont besoin ». Selon lui les américains seraient prêt à soutenir une politique de gauche et progressiste mais à la condition « que quelqu'un émerge pour prendre en main ces idées », « à chaque fois que nous l'avons fait, les citoyens américains se sont levés. »

La suite ici.

12/11/2008

La discrimination positive est le contraire de l'égalité.

Le principe d'égalité est inscrit au fronton de nos monuments. C'est l'un des trois piliers de la république. Mais de même qu'au temps où les penseurs communistes réfléchissaient à la distinction entre "égalité formelle" et "égalité réelle", on entend aujourd'hui, ces jours-ci en particulier avec l'élection d'un non-blanc à la présidence des États-Unis, des inventaires des inégalités réelles auxquelles aboutirait le principe d'égalité formelle, et que seule la discrimination positive pourrait corriger.

Ce qui est assez drôle, c'est que ce sont les mêmes qui disent avoir admiré feu le président américain Reagan et qui defendent aujourd'hui la notion soviétique d'égalité réelle...

Ce qui est moins drôle est que ce sont aussi les mêmes dont le projet (récemment désavoué aux États-Unis) rejoint le principe d'inégalité croissante qui est en train de plonger le monde dans une crise inédite après avoir dominé les esprits pendant trente ans.

Les faits sont connus, Quitterie Delmas est la première à els dénoncer : nos instances politiques ne sont pas représentatives. Elles reflètent un quasi-monopole des hommes blancs de plus de cinquante ans (parlement) ou d'une manière générale une grave sous-représentation des Français d'origine étrangère ou ultramarine. Ces faits sont indiscutables et qu'on le veuille ou non, ils traduisent un échec de l'égalité, une résistance aux impératifs de l'égalité.

D'où vient cette résistance ? C'est là qu'il faut réfléchir.

La discrimination positive dit "peu importe la cause, agissons sur l'effet". Et prend pour exemple les lois sur la parité. Le seul hic, c'est que la parité, qui est devenue réelle dans les scrutins de listes, n'a pas (ou si peu) fait progresser le rôle des femmes en politique. La preuve : en cas de scrutin uninominal, et même dans certains scrutins de courtes listes (sénatoriales), le nombre de femmes élues progresse très peu. Pour quelle raison ? Mais parce que les femmes élues aux scrutins ne le sont pas par principe en vertu de leurs qualités, mais seulement de leur sexe.

L'élection même de Barack Obama à la présidence des États-Unis est une gifle à l'idée de discrimination positive, car sa désignation aux primaires, puis son élection, ne doivent rien qu'à son talent et ont été faites sur le principe d'égalité.

Il n'existe donc aucune raison de recourir au principe dangereux de discrimination positive.

Nous devons en revanche, comme responsables politiques, faire une sorte d'examen de conscience pour savoir pourquoi nos structures restent si inégalitaires, même au MoDem qui pourtant fait de grands efforts (mais comment sont nos présidents des MoDem départementaux métropolitains ?), et ne jamais manquer d'encourager tous nos concitoyens, quelle que soit leur origine, à partir en conquête.

Rappelons-nous que nous avons eu, en France, deux petits-fils d'esclaves qui ont eu des rôles de premier plan : Félix Éboué, l'homme de l'Afrique résistante, et Gaston Monnerville, qui fut pendant dix ans président du Sénat, deuxième dans l'ordre protocolaire de la République. juste après le président. Tout cela semble très éloigné de la réalité d'aujourd'hui.

Agissons pour l'égalité.

08/11/2008

Le sujet de l'élection présidentielle américaine était bien l'égalité.

J'ai mis en regard, mercredi, la carte du vote de la veille et celle de la guerre de Sécession, qui coïncidaient étroitement. Il se trouve que le sujet idéologique central de la guerre de Sécession était le principe d'égalité : interdire l'esclavage, c'est reconnaître que, comme le dit notre "déclaration des droits de l'homme et du citoyen" de 1789, "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".

Il se trouve que, dans le siècle qui a suivi la guerre de Sécession, les états sécessionnistes du Sud ont cultivé une identité politique complexe sous l'étiquette démocrate, parce que Lincoln, qui les avait vaincus, était républicain, et que, dans les années 1980, ces états démocrates sont devenus républicains, comme ils sont aujourd'hui, parce qu'ils trouvaient dans la doctrine néoconservatrice une inspiration tournée vers l'inégalité, ce "principe d'inégalité croissante" dont Bayrou a beaucoup parlé ces derniers mois, qui faisait écho à leur nostalgie de l'esclavage et de la supériorité blanche.

L'inégalité était donc la colonne vertébrale qui liait les différentes branches du néoconservatisme et qui permettait à celui-ci de tenir debout en s'appuyant sur un lot de valeurs ultramoralisatrices, toutes compatibles avec l'idée inégalitaire.

En présentant un homme qui n'était pas tout à fait blanc, les démocrates ont fait un choix qui, en fait, quoi que l'on pense de l'homme (et on en pense a priori du bien), rendait son élection nécessaire en révélant les soubassements idéologiques de ses adversaires. Les néoconservateurs se retrouvaient à nu.

Obama ne devait pas seulement gagner parce qu'il était le premier non-blanc in abstracto, mais parce que la société américaine a fait une bonne fois pour toutes les choix de l'égalité de principe de tous les humains. Depuis trente ans, les républicains lénifiaient leur propension à la régression philosophique, la candidature d'Obama les a obligés à appeler un chat un chat, et l'égalité a gagné.

Et parce qu'il s'agissait d'un principe majeur, l'un de ceux qui font tenir toute une société, tout un monde, c'est une réponse historique qui a été donnée, rappelant avec clarté la véritable seconde naissance des États-Unis qu'a été la guerre de Sécession, comme la carte le montre.

C'est une leçon valable en France aussi, la phrase de la Déclaration de 1789 que j'ai rappelée au début de cette note, la première du texte de 1789, aligne d'emblée les deux premiers mots-clefs de notre identité collective : liberté, égalité. deux principes qui doivent nous servir de boussole.

Nous y avons ajouté depuis lors le beau mot de fraternité qui doit être indissociable des deux autres, non pas qu'il soit comme eux un principe (la fraternité ne se décrète pas, ne s'institutionnalise pas), mais parce que sans lui, la liberté et l'égalité sont deux tyrannies symétriques. La fraternité, c'est la part de choix personnel, la part de conscience, qui donne son sens à l'ensemble. Ce n'est pas un principe, c'est à peine une valeur : c'est un élan.

05/11/2008

Distancés par la Chine, les États-Unis vont s'intéresser de très près à l'Afrique.

J'ai rendu compte voici déjà plusieurs semaines de l'ouvrage paru chez Grasset, la Chinafrique, qui étudie avec soin l'implantation de la Chine en Afrique depuis plusieurs années, sur fond de retrait de la France à bout de souffle.

À n'en pas douter, l'élection d'un fils de Kenyan à la tête des États-Unis va donner une impulsion nouvelle aux appétits des entreprises américaines en Afrique. Reste à souhaiter qu'Obama ne joue pas là une partition trop cynique et qu'il n'utilise pas sa position pour affaiblir le continent où est né son père.

Par ailleurs, nous avons à défendre en Afrique à la fois la francophonie et le pluralisme linguistique, puisque l'anglais comme le français ont tendance à éradiquer les vieux parlers autochtones africains.

Il n'y a pas eu de vote anti-noir... ah bon ?

Je suis très frappé de la superposition de la carte du vote d'hier soir et de celle de la Guerre de Sécession trouvée sur Wikipedia.

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04/11/2008

Nuit démocrate : j'y serai.

Je ne me suis pas inscrit sur le blog collaboratif de la nuit démocrate consacré à Obama l'élection d'Obama présidentielle lisez Nader américaine et Obama, mais j'y serai avec mon MacBook et ma caméra, et je posterai ce que je pourrai de texte et d'image, notamment de la partie animée par notre Quitterie Delmas.

29/10/2008

Toute la nuit avec Quitterie Delmas

Je signale la note que vient de donner Quitterie Delmas et l'invitation qu'elle contient. Toute une nuit !

Regards sur le financement de la campagne présidentielle américaine.

On apprend, par le site Open Secrets, que, en plein cataclysme financier et économique, l'actuelle campagne présidentielle américaine est la plus onéreuse qui ait jamais existé. Il faudra bien qu'une telle indécence trouve son terme.

Quoi qu'il en soit, observer le détail des recettes de l'un et l'autre candidats n'est pas inintéressant, bien qu'en principe les entreprises n'aient pas le droit de contribuer aux campagnes, interdiction qui est paraît-il détournée par le fait que ce sont les employés des entreprises qui contribuent à leur place. On imagine alors les observateurs pointant le nom des contributeurs des candidats et menant l'enquête pour déterminer leur entreprise et, ainsi, révéler les subventions cachées des grands groupes aux candidats. Il y a, là encore, quelque chose de choquant et qui omet que le donateur agisse selon sa propre conscience plutôt que par ordre.

Mais poursuivons l'examen.

Le site Open Secrets note que, selon lui, l'industrie pétrolière finance à hauteur de 24 millions de dollars, la campagne, trois quarts pour McCain, un quart pour Obama (soit environ 18 millions pour l'un et 6 millions pour l'autre), tandis que les industries liées à l'environnement, qui ne donnent que 2 millions en tout, se portent à 92 % sur Obama, ce qui ne laisse guère plus de 150 000 dollars pour McCain, presque rien. Rien d'étonnant à cela, mais il faut constater que le poids du pétrole est tel que la part très minoritaire d'Obama pèse quand même deux fois plus lourd pour lui que son quasi-monopole dans l'environnement.

Le site du "Point" a relevé une liste de donateurs favorables à Obama où l'on trouve beaucoup de financiers et d'universités prestigieuses, sans établir le pendant des mêmes donateurs pour McCain, ce qui paraît de mauvaise méthode, car la page consacrée à ce sujet est bien plus prolixe, elle met d'ailleurs clairement en valeur l'énorme injustice subie par les autres candidats.

N'oublions pas, en effet, que, comme nous le rappelait récemment Quitterie Delmas, il n'y a pas moins de 17 candidats à la présidentielle américaine, dont 15 dont on n'entend pour ainsi dire jamais parler, ce qui est scandaleux.

Cette précision apportée, il va de soi que je me réjouirai, si elle se confirme dans les urnes, de la victoire d'Obama.

11/09/2008

Une Amérique pour la paix.

Les démocrates français ont été troublés dans leur soutien affectueux à Barack Obama lorsqu'ils se sont aperçus que le président Sarkozèbre se targuait aussi de son amitié déjà éternelle pour ledit Obama.

Pour dire la vérité, ledit Obama, lorsqu'il vint à Paris dans le courant de sa tournée européenne, avait l'air plutôt perplexe en considérant notre présicule : d'un côté, il lui reconnaissait d'être bien informé, de l'autre... comment dire ? Il avait l'air un peu perplexe.

En vérité, le fantasme kennedyen, que j'ai déjà diagnostiqué en Sarkozy, trouve une évidente expression dans sa recherche de lien avec Obama et, par ailleurs, François Bayrou ayant une vocation naturelle à se rapprocher d'Obama, occuper le terrain a un sens pour notre adversaire. C'est au nom de la même logique que celui-ci a recruté Kouchner, Bockel, Jouyet et quelques autres dans son gouvernement.

Ne nous laissons donc pas troubler par un épiphénomène et considérons la situation américaine dans sa réalité entière : il y a des différences notables entre le tandem Obama-Biden et le duo McCain-Palin, contrairement à ce qu'on commence à entendre ou lire ici ou là. Ces différences sont au-delà du machinal débat républicains-démocrates.

En effet, sur les valeurs, l'arrivée de Sarah Palin dans l'équipe de campagne de McCain a matérialisé le choix de celui-ci de se référer aux idées les plus rétrogades et les plus aberrantes qui courent aux États-Unis, qui sont désormais le principal handicap de ce pays : Sarah Palin est favorable à la thèse créationniste, c'est tout dire...

Du reste, elle est également favorable à l'exploitation du sous-sol de l'Alaska, en particulier du pétrole, et si l'on peut accorder à elle et à son candidat-président un réel engagement contre les dépenses publiques inutiles et contre la corruption, il faut immédiatement tempérer ces bonnes notes en soulignant qu'ils sont tous deux soutenus ardemment par l'industrie pétrolière, dont l'ardeur corruptrice et manipulatrice est bien connue.

En vérité, le duo McCain-Palin est bien la continuité pure et simple de l'administration Bush : une coloration idéologique forte et dangereuse, l'obédience du lobby pétrolier, le parti de la guerre (on flingue d'abord et on discute après, la politique de l'inspecteur Harry en somme).

Face à cela, Obama est celui qui veut développer les énergies renouvelables, rétablir le pays, renoncer aux guerres inutiles. Faites votre choix.

En vérité, il n'est pas absolument certain qu'Obama puisse faire mieux que McCain, mais d'une part, on peut imaginer qu'il ne fera pas pire et, d'autre part, on peut avoir confiance qu'au moins il essaiera de faire mieux.

Personnellement, cela me suffit pour conserver ma préférence nette à Obama.

09:48 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : États-unis, usa, obama, mccain, palin, biden | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

05/06/2008

Obama - McCain : la politique étrangère américaine ne sera pas libre.

Chacun a vu à quel point la politique étrangère américaine était partiale, sous l'administration Bush, et cette partialité a beaucoup nui à la paix au Proche-Orient, à la justice, et l'influence des États-Unis, notamment.
 
En se rendant à l'invitation d'un lobby pro-israélien hier et en y exprimant son engagement pour que Jérusalem soit une ville entièrement israélienne, Barack Obama m'a déçu, car il a choisi l'efficacité contre la justice. C'était évidemment la condition mise pour le retrait de Billary Clinton, mais de fait, c'est la fin du rêve Obama en matière de politique étrangère.
 
Les États-Unis doivent savoir : quand on est le plus fort, il faut être aussi le plus juste.
 
Souhaitons quand même qu'Obama soit élu président, pour la promotion de l'égalité dans ce pays, mais avec tout de même un grand regret.