Depuis trois décennies que Paris élit son maire, la ville cherche une formule transparente et efficace.
Jacques Chirac a été un bon maire de Paris : il a réorganisé l'administration de la Ville et lui a conféré réactivité, rigueur, ponctualité, bref, beaucoup de qualités rares dans ce type de structures. Il faut dire qu'il pouvait le faire : le budget de la ville était structurellement excédentaire d'un milliard de Francs de l'époque, soit 3% du budget de la Ville. Et il y avait un revers à cette médaille, comme le procès des emplois fictifs du RPR et celui des marchés publics d'Île de France l'ont prouvé.
Comme Sophie Coignard l'a très bien démontré dans un livre utile datant de 2005 ("le marchand de sable"), Delanoë a peu révolutionné l'organistion de son administration. Mme Coignard suggère même que les enveloppes occultes n'ont pas baissé, puisque certains fournisseurs ou prestataires de service "se sont succédé à eux-mêmes" comme disent inélégamment les journalistes de la télé.
Quoiqu'il en soit, cette ville a perdu en efficacité lorsque le tandem Mitterrand-Monory (ce dernier alors pdt du Sénat) a inventé une taxe de péréquation des collectivités locales, s'élevant à peu près au milliard précédemment évoqué. Alors, de structurellement excédentaire, la ville est progressivement revenue à l'équilibre, avant de s'engager dans la spirale du déficit et de l'emprunt. Et compte tenu des énormes investissements en infrastructures de circulation (pistes cyclables, tramway), ce n'est pas près de s'arrêter, pour la plus grande joie de certaines entreprises.
Et cependant, il est évident que Delanoë sera réélu, sauf énorme erreur de sa part : les seconds tours des législatives dans le XIIe et dans le XVe, arrondissements-clef de l'élection, ne laissent aucune chance à la droite, qui d'ailleurs part divisée, Bernard Debré conduisant une dissidence guillerette qui aura des conséquences dans le XVIe arrondissement au moins, celui où il est député.
Comme le dit Quitterie Delmas aujourd'hui même, il serait grand temps que, à l'occasion de la préparation de ses listes, le MoDem montre aux autres partis ce que signifie vraiment transparence et démocratie pour faire de Paris une vitrine de la rénovation des pratiques politiques.