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29/03/2009

"Le petit Nicolas" (le vrai) a 50 ans.

C'est le 29 mars 1959 que parut la première histoire du Petit Nicolas à la une du quotidien régional Sud-Ouest. Ce mioche a donc exactement cinquante ans aujourd'hui.

Le dernier album de ses aventures paraît à cette occasion, avec un beau ballon rouge sur la couverture et un avant-propos émouvant d'Anne Goscinny, fille du très regretté et génial René Goscinny. Matériellement, l'album est très soigné. Il contient les dix dernières histoires restées inédites en album. Et comme certaines de ces histoires n'avaient jamais été illustrées, le vétéran Sempé a repris ses crayons de couleurs et il a, une dernière fois sans doute, ressuscité le Petit Nicolas. À savourer par tous les mioches qui n'ont pas encore cinquante ans (et les autres).

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27/04/2008

"Élysée - République - immunité présidentielle".

Voici quelques années travaillait, au siège de ce qui était Force Démocrate (période entre le CDS et l'UDF dans l'activité de Bayrou et la mienne), le fils très diplômé d'un conseiller d'État adhérent de ce même mouvement. Le père taquinait la muse théâtrale et a été joué, avec une plume volontiers courtelinesque. Le fils se nommait Rémy Le Gall.
 
L'an dernier, il m'avait échappé que, durant la campagne présidentielle, paraissait chez Casterman une BD très solide sur les rouages de la politique, intitulée "Élysée - République", avec comme sous-titre "Secret présidentiel". Le scénariste, présenté comme un "homme de l'ombre", acteur occulte de la politique, mais dont on ne savait rien d'autre, sinon qu'il en était fin connaisseur, se nommait ... Rémy Le Gall.
 
Le deuxième album de ce qui est appelé à devenir une pentalogie (non pas une pantalonnade, mais un cycle en cinq oeuvres) vient de sortir également chez Casterman, intitulé "Élysée - République - immunité présidentielle".
 
La deuxième de couverture porte les visages de 45 chefs de partis d'envergure nationale ayant exercé leur coupable activité sous la Ve République. Le premier, en haut à gauche, est Guy Mollet (SFIO). Le dernier, en bas à droite est ... François Bayrou.
 
La page de garde du livre révèle que le héros de l'histoire se nomme Constant Kerel, c'est un jeune député breton (breton comme Le Gall), présidentiable et président de son parti, le RDS, épris d'idéaux, mais sachant arbitrer comme l'a suggéré le philosophe Max Weber, entre "l'éthique de conviction" et "l'éthique de responsablité".
 
Constant Kerel est favorable à la démocratie sociale, combinant efficacité économique et justice sociale. Il dit : "Je suis démocrate". Il croit à l'humanisme. Il ne lui manque que la couleur orange, quoi.
 
Il est favorable au mandat unique du président de la République, il souhaite que l'on puisse s'opposer sans détruire systématiquement ce que l'autre tente de construire, etc. 
 
Il s'est lancé dans une croisade contre le ténébreux président de la République Édouard Montfaure, dont il est le principal opposant.
 
Le reste est à lire, en commençant par le tome 1. D'urgence ! 
 
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04/12/2007

"Le guide du moutard" prix René Goscinny.

Si vous avez une tirelire, cassez-la et courez à Paris, en bas des Champs-Élysées, chez Ledoyen, une des tables les plus réputées de la capitale. En ayant étranglé votre vieille grand-mère pour lui extorquer son bas de laine, vous pourrez vous offrir un repas à la petite carte. Si vous avez une demi-douzaine de grand-mères à étrangler, vous pourrez aller jusqu'à la grande carte, à l'étage.
 
C'est dans ce restaurant, dans l'un des salons du rez-de-chaussée, qu'est attribué chaque année, autour d'un buffet succulent, le prix René Goscinny à un sénariste de BD.
 
On y rencontre toujours un mélange de relations mondaines (un professeur de chirurgie réputé, un comte, Valérie Broquisse, ex-femme de François Baroin qui est arrivée tard cette fois, sans doute parce que Marie Drucker faisait partie du jury...), littéraires (l'éditeur du da Vinci Code, Laurent Laffont, ami de la famille), goscinnyesques (PIerre Tchernia, fidèle qui se déplace difficilement avec des béquilles, Roger Carel, voix historique d'Astérix), amicales (Sophie, l'amie comédienne d'Anne Goscinny, qui joue au Lucernaire en janvier, Caroline, autre amie qui a écrit un livre remarqué sur Goscinny aux Éditions du Chêne, le conservateur du musée des Compagnons de la Libération...), familiales (Aymar du Châtenet, l'époux d'Anne, Simon et Salomé leurs enfants, la belle-mère, son secrétaire, un cousin, tous du côté d'Aymar, les Goscinny ayant pour la plupart subi un sort tragique pendant la dernière guerre mondiale), auxquelles se sont joints, cette année, une escouade de dessinateurs de BD qui ont réalisé un très joli et drôle livre publié chez IMAV ("Du Panthéon à Buenos Aires") autour de textes inédits de René Goscinny. J'ai donc croisé là avec émotion Jean Giraud-Moebius, Lauzier, anciens du "Pilote" de Goscinny, mais aussi Bilal et quelques autres, bref la crème de la BD française et francophone.
 
Le jury était animé par François Busnel, patron du magazine Lire qui vient de publier un numéro spécial à l'occasion du trentième anniversaire de la mort de Goscinny (il présente aussi une émission sur Direct 8), avec Marie Drucker que je n'ai pas vue, soit qu'elle fût trop petite, soit qu'elle se fût éclipsée par une porte dérobée pendant la délibération du jury, et quelques autres personnages fort compétents, auxquels s'est jointe Anne Goscinny bien sûr.
 
L'an dernier, elle avait marqué beaucoup d'admiration pour l'oeuvre couronnée par le jury, tout en regrettant que ce ne fût pas un album drôle, plus fidèle à l'esprit de son père. C'est chose faite cette année avec le "Guide du moutard", une BD absolument hilarante qui effectivement relève de la filiation sirituelle du génial Goscinny.
 
Bravo donc au jury et à Jul, auteur jeune, à faire lire d'urgence par tous les jeunes parents. 

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05/11/2007

Trente ans sans Goscinny.

Il y a aujourd'hui tout juste trente ans que René Goscinny est mort, le 5 novembre 1977.
 
Je me souviens parfaitement de l'annonce de son décès : on avait envie de gifler son cardiologue. Je venais d'avoir treize ans (l'avant-veille) et j'étais élève du lycée Janson à Paris. Quant on indiqua qu'il était mort d'une crise cardiaque chez son cardiologue, je supposai que celui-ci avait perdu toute sa clientèle d'un seul coup, que les gens n'entreraient plus chez lui qu'en tremblant, qu'en claquant des dents. C'était ridicule et triste, mourir du coeur en pédalant chez son cardiologue.
 
Bien sûr, dans l'oeuvre de Goscinny, il y avait une baisse de régime, les derniers albums d'Astérix et de Lucky Luke ne valaient pas les plus anciens, mais aucun scénariste de BD ne pouvait rivaliser avec l'extraordinaire génie du père d'Astérix. On achetait un album les yeux fermés, rien que parce qu'il était scénarisé par Goscinny, un label de rire garanti. On ne savait pas alors que Goscinny avait moins le coeur à rire en raison du cancer de sa femme (leur fille Anne a dit pour une amère plaisanterie que son père était "mort du cancer de (s)a mère"). On découvrait effaré que cette baisse de régime serait définitive. Et pour cause. 
 
L'oeuvre de Goscinny repose sur trois piliers principaux : le Petit Nicolas, Lucky Luke et Astérix.
 
Le Petit Nicolas, j'avoue ne l'avoir jamais lu. Mais j'en ai toujours entendu parler avec émerveillement. Quand j'étais enfant, les camarades du Petit Nicolas faisaient partie des personnages que l'on pouvait se distribuer dans la cour de récréation au même titre que Zorro ou Fantômette (pour les filles). On en riait de cette joie ensoleillée que peuvent avoir les mioches. Et bien plus tard, en 2004, quand j'ai été mis dans le secret de la parution prochaine d'histoires inédites du Petit Nicolas, les quelques personnes à qui j'ai confié ce secret en ont eu instantanément les yeux brillants de joie. C'est un monument minuscule et intime, le Petit Nicolas ; ah, si seulement sa parution n'avait pas servi la candidature de Sarkozy !..
 
Le Petit Nicolas est une création personnelle de Goscinny ; Sempé l'a dit et redit au moment de la nouvelle parution : l'idée était déjà entière en Goscinny quand celui-ci a sollicité Sempé pour des dessins d'illustration.
 
Lucky Luke, au contraire, est né tout entier de l'imagination de Morris. C'est au bout de plusieurs albums que celui-ci, sentant les limites de sa création, a demandé du secours à Goscinny. Alors sont nés les cousins Dalton, Rantanplan, et tant d'autres qui comptent au moins pour moitié dans le succès de la série. Mais si Morris pouvait être bien reconnaissant envers Goscinny, l'inverse était vrai aussi, car les scénarii de Lucky Luke ont été le vrai sésame qui a permis à Goscinny d'entrer en BD.
 
Morris expliquait qu'au moment où il a "recruté" Goscinny, la fonction de scénariste n'était pas reconnue, le nom du seul dessinateur figurait sur l'oeuvre et c'est à peine si on rémunérait les écrivains.
 
Or pour Goscinny, l'accès à la BD était le commencement du rêve : élevé en Argentine (dans une famille d'ailleurs très engagée dans le sionisme), il avait voulu, peu après guerre, faire son trou à New-York dans les studios Disney, qui n'avaient pas voulu de lui. Il était reparti des États-Unis avec la déception d'un rêve d'adolescence brisé. Toute sa carrière allait le conduire à réaliser ses propres dessins animés (il ne le savait pas encore) et Lucky Luke était la première vraie marche de cet escalier.
 
Personnellement, je trouve que la plupart des meilleurs albums de Lucky Luke scénarisés par Goscinny sont parmi ceux parus chez Dupuis : "la Ville fantôme", "Billy the Kid", "des barbelés sur la prairie", par exemple, mais j'ai adoré recevoir comme cadeaux de Noël, à leur parution, "le pied tendre" et "chasseur de primes". Je les possède toujours et il m'arrive de les relire.
 
Je relis chaque année ses quinze chefs-d'oeuvre qui sont, de mon point de vue, les albums d'Astérix (dont Uderzo assume à juste titre la moitié de la paternité) à partir du "Tour de Gaule" jusqu'à "Astérix en Corse" inclus. Ces albums sont bons et hilarants de la première phrase au banquet final. Goscinny y glisse quantité de sa gourmandise : les calembours.
 
À côté de ces trois mastodontes, l'oeuvre de Goscinny se développe avec deux autres classiques, les Dingodossiers et Iznogoud qui est passé dans le langage courant parce que tout le monde connaît quelqu'un qui veut être "calife à la place du calife".
 
On peut y ajouter une poussière d'autres oeuvres, comme Oumpah Pah, Modeste et Pompon, d'autres moins connues comme "Jean Pistolet", tout un peuple qu'on peut rencontrer désormais à la librairie Goscinny, rue Goscinny, à Paris, à un jet de pierre de la Bibliothèque nationale de France, dans le XIIIe arrondissement.
 
Il y a eu aussi une série d'histoires courtes pour la télévision, toutes empreintes de son esprit incisif et malicieux, et bien sûr des scénarii de cinéma, notamment pour Pierre Tchernia ("le viager"). Bref, on se demande comment il faisait pour produire tant avec seulement vingt-quatre heures par jour (dont quelques-unes à dormir).
 
L'accouchement était chez lui toujours douloureux, solitaire, concentré, anxieux. Il écrivait sur une petite machine à écrire et ses dessinateurs recevaient leur copie à exécuter par la poste, sans commentaire.
 
Il leur arrivait fréquemment de pester, car Goscinny aimait leur lancer des défis en imaginant des scènes panoramiques et fourmillantes, ou bien des mouvements de foule compliqués que le dessin devait rendre. On pense à certaines scènes de bataille ou de bagarre. On pense aussi aux décors parfois grandioses.
 
Il ne riait plus guère, Goscinny. Les progrès de la maladie de sa femme augmentaient son anxiété. Les engagements financiers qu'il avait pris pour monter son studio de dessins animés l'angoissaient. Il menait de front Pilote et tant d'autres activités.
 
Il est mort âgé d'à peine plus de cinquante ans, laissant une veuve, Gilberte, qui a fondé le prix René Goscinny pour honorer un scénariste de BD chaque année, et une fille, Anne, née en plein mai '68, et devenue une romancière qui aurait fait la joie de son père.
 
Il a surtout laissé orphelins ses millions de lecteurs, en France, en Allemagne où Astérix est aussi vendu qu'en France, et finalement aux quatre coins du monde. Nous tous, ses orphelins.
 
Ils sont fous, ces orphelins. 

17:40 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, écriture, bd, goscinny | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook