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22/01/2009

Le curieux soutien d'Askolovitch à Siné.

Le site Bakchich.info rend un compte assez précis (mais en deux temps) de l'audience qui s'est tenue mardi pour juger de l'éventuelle diffamation qu'aurait commise le journaliste Claude Askolovitch en qualifiant d'antisémite l'article où Siné s'en prenait sur le ton du vif pamphlet au fils du présiflop.

À cette occasion, Askolovitch a dit qu'il maintenait que les propos de Siné étaient antisémites, ce qui ne signifiait pas que Siné le fût lui-même et, par ailleurs, il a ajouté qu'il trouvait aussi nécessaire à liberté d'expression de pouvoir prononcer ce jugement de valeur, que Siné puisse, lui, tenir des propos antisémites si cela lui chante, puisque cela doit faire partie de la liberté d'expression.

Ce faisant, Askolovitch utilise un argument qui priverait d'efficacité l'instance ouverte par ailleurs par la LICRA contre Siné. C'est un peu fort, en vérité, et le compliment "liberté d'expression" cache mal son venin "antisémitisme".

Prenons les éléments de l'argumentation d'Askolovitch dans ses deux éléments.

Le premier est repris par le Parquet : au fond, avoir qualifié des propos d'"antisémites" n'est pas diffamatoire en soi, cela relève de la liberté d'expression, ce n'est pas plus grave que d'avoir dit "ce gars-là n'aime pas les Bretons". C'est véniel. À vrai dire, cette façon de voir constituerait un revirement par rapport à des années de pratique, et même par rapport à la loi. Elle adopte une forme de symétrie (comme Askolovitch l'a souligné) : "peu importe que vous disiez une chose antisémite, du moment que j'ai le droit de vous en critiquer". C'est un argument au fond étrange, visant à banaliser la critique d'antisémitisme comme l'a justement souligné Thierry Lévy, avocat de Siné, et donc parfaitement contradictoire avec le fait d'en avoir fait tout un foin à la radio et d'avoir viré Siné de Charlie Hebdo (ce dont Askolovitch a été informé avant l'intéressé si l'on suit bien les faits).

Le second élément est plus insidieux : les propos de Siné seraient antisémites.

Eh bien non. J'ai lu et relu la phrase en entier (lisible chez Bakchich). Ce qui est en cause, c'est l'éventuelle conversion religieuse de Sarkozillon. J'ai lu cette phrase comme étant la critique d'une conversion religieuse dont le but est vénal. En d'autres termes, si je l'avais écrite, j'aurais mis ainsi : "il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme pour épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty". Siné a écrit avant d', ce qui est moins clair mais ne peut avoir d'autre sens. Franchement, je maintiens que ce n'est pas le fait juif que Siné épingle, mais la conversion vénale.

Et je reste persuadé que s'il ne s'en était pas pris au Sarkojunior, il n'aurait jamais eu tous ces ennuis.

Après tout, Siné n'est qu'un pamphlétaire, une grande gueule. "Il n'y a que les petits hommes qui craignent les petits écrits".

Enfin, je trouverais extrêmement surprenant que la justice ne considère pas un vrai propos antisémite comme condamnable, et que donc elle ne considère pas comme diffamatoire un qualificatif qui mènerait à une condamnation qu'elle prononcerait. Si demain dire "vous êtes un assassin" n'est plus de la diffamation, qu'est-ce qui le sera ?

Voilà, pour conclure, je suis opposé à la banalisation de l'antisémitisme (le vrai), mais je trouve qu'il existe une très vaste catégorie de mises en cause qu'on inclut trop facilement ou trop rapidement dans l'antisémitisme, par amalgame. Il faut savoir crier au loup au bon moment, ni avant, ni après.

Si j'étais juge, je condamnerais Askolovitch à Paris et je relaxerais Siné le 27 à Lyon.