22/05/2007
Ce soir, repos : parlons de littérature.
J'ai commencé ce blog en janvier avec l'idée que j'y parlerais essentiellement de littérature, d'Histoire (c'est tout de même ma spécialité), et que parfois, ici ou là, je glisserais des allusions fines à mes préférences politiques.
Or comme tout le monde, j'ai été emporté par le maelstrom de la campagne présidentielle, toute allusion est devenue un obus de bazooka et mes préférences politiques s'étalent à longueur de mes colonnes.
Eh bien oui, j'ai voté Bayrou, j'en suis fier, et je me battrai pour que quelques mauvais génies ne l'empêchent pas de poursuivre sa propre idée de la rénovation politique dont la France à besoin et qui a peu de rapport avec l'hyperprésidentialisation du régime que chacun constate ces jours-ci.
J'ai annoncé que je parlerais de littérature ce soir ; eh bien, c'est vrai aussi.
La raison pour laquelle j'ai eu à ce point envie de faire cette campagne présidentielle et de me replonger dans la fièvre politique dont je m'étais éloigné depuis 2001, c'est tout ce que Victor Hugo a écrit sur le devoir de ceux qui ont une responsabilité quelconque dans la cité, qu'elle soit intellectuelle, morale, philosophique ou politique : "agrandir les esprits, amoindrir les misères".
Et agrandir les esprits, dans la mesure où, comme le dit ailleurs Victor Hugo (phrase que j'ai placée en exergue de ma colonne de gauche), "quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors est venu le temps de la démocratie", c'est cultiver la démocratie, la faire vivre, la vivifier, la prolonger, la développer.
Oui, il n'y a pas de démocratie sans militantisme du savoir.
Or la campagne qui a triomphé était tout l'inverse de ce militantisme-là et, au contraire, celle de François Bayrou en était constamment imprégnée, comme l'a d'ailleurs démontré la structure de son électorat.
C'est pourquoi, si la campagne que j'ai faite a été perdante, elle a cependant été juste et rien ne pourra me la faire regretter.
Campagne contre la crétinisation, contre l'utilisation de symboles consternants et parfois abjects, contre la peoplisation, contre la bipolarisation irréfléchie et mécanisante.
Campagne pour l'intelligence, pour la sincérité, pour la fraîcheur, pour la vertu, toutes notions que la politique écrase en général. Pour la liberté et pour l'autonomie de l'esprit.
Et je crois que le Modem, le nouveau parti de François Bayrou, prolongera cette campagne dans son programme et, espérons-le, dans son fonctionnement.
On a lu récemment ma colère contre certains choix que je continue à trouver absurdes. Mais la politique consiste parfois à transformer la colère en acte. Cet acte, ce sera un engagement pour que le Modem prenne les chemins les plus modernes, les plus démocratiques et les plus justes. J'y veillerai, ou plutôt je contribuerai, avec d'autres, à y veiller, car mon chemin reste le livre et je laisse à d'autres le soin de devenir ce qu'ils doivent être : des armes citoyennes.
Je sais que je viens de parler de politique alors que j'ai annoncé un sujet littéraire, mais voilà, tout cet effort personnel, toute cette vision que j'ai eue et pour laquelle j'ai lutté, elle me vient tout droit, encore une fois, de Victor Hugo qui me l'a, de loin, du fond des "Contemplations" (le livre que j'emporterais sur l'île déserte) soufflée.
Alors, de grâce, courez relire les "Contemplations" avant de retourner sur le blog de Quitterie Delmas.
22:20 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : écriture, littérature, poésie, présidentielle, udf, bayrou, sarkozy | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Vous devez être content Sarkozy réalise le projet de Bayrou : réunir des gens de droite et de gauche dans son gouvernement.
Écrit par : Fabrice | 22/05/2007
@ Fabrice
Sauf que pour Bayrou, l'union nationale était le moyen, pas la fin.
Écrit par : Hervé Torchet | 22/05/2007
Dommage d'annoncer "littérature" et de terminer sur "Quitterie Delmas"... Cette jeune femme semble vous obséder! Libérez-vous d'elle en vous déclarant ou en l'oubliant et revenez nous parler de littérature comme vous savez si bien le faire... Me semble-t-il!
Esther
Écrit par : esther | 22/05/2007
@ esther
Relisez l'actualité des jours précédents et vous comprendrez le sens de cette allusion finale et apaisée.
Écrit par : Hervé Torchet | 23/05/2007
bonjour Hervé, j'aime te retrouver ainsi, quand la colère fait place à la volonté d'agir encore et encore. Un temps, fort court, j'avoue avoir été "déstabilisé" par tes propos sur FB et le MoDem. Mais je sais aussi que nos sensibilités interdisent la tiédeur et encouragent la vivacité de l'expression et des sentiments :-) bon, je retourne faire la campagne d'Elisabeth de Fresquet et t'adresse mon amitié fidèle. Christophe
Écrit par : bertin | 23/05/2007
J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce message auquel je souscris de toutes mes forces.
Je suis tellement d'accord avec vous!
Sur Hugo, vous êtes un peu emphatique mais il l'était lui-même et si la passion qui a été le moteur de sa vie l'a conduit à changer d'orientation politique, il ne faut pas oublier, jamais, qu'il l'a toujours fait avec conviction, et en dernier lieu par opposition à un pouvoir bourgeois et décevant et ce, jusqu'à l'exil... Peut-être d'ailleurs, serait-il de meilleur aloi de lire les Châtiments plutôt que les Contemplations, par les temps qui courent!
Sur la différence profonde de "culture" des deux campagnes, je vous rejoins vraiment. Je ne peux m'empêcher de regarder régulièrement Bayrou récitant Eluard sur la Télé libre pour me souvenir de la source de mon enthousiasme au départ de la campagne du premier tour. Non pas que je l'ai choisi parce qu'il était capable de réciter des vers, mais parce que, pour moi, on ne peut être un guide que si on est habité par autre chose que soi-même; on ne peut marcher devant que si on est pétri de la pensée de ceux qui ont fait progresser l'humanité; on n'est digne d'admiration que si on est capable soi-même d'admirer et de le dire.
Et plus que tout, puisque moi aussi la littérature me tient à coeur, je crois que quand on s'est construit grâce au souffle de la langue, on est mieux à même de définir ce qu'est la vérité, que quand on a forcé pour grandir, les portes des antichambres du pouvoir.
Je pense que la lecture de la lettre de Guy Moquet est une chose importante pour la jeunesse d'aujourd'hui mais je devine que Notre Président a entendu Bayrou lire celle de Camus à Bercy et je devine aussi qu'il l'a entendu dire Aragon pour le rejoindre sur cette idée que la Résistance n'a pas de bord!
Que Bayrou ait été l'initiateur de cette lecture de lettres en chaînes, l'une répondant à l'autre, et de cette lecture tout court d'ailleurs, me fait dire qu'il a contribué à élever le niveau et que si aujourd'hui, il n'est pas à la place que nous aurions souhaité lui voir occuper, il a fait de bonnes semailles... Et je ne m'irriterai pas de ce plaggiat-là (bien moins visible que certaines autres reprises...) puisqu'il fait progresser la démocratie!
Merci encore pour la pertinence de votre note. Et n'hésitez pas à nourrir notre résistance d'autres commentaires, d'autres lectures, d'autres analyses. Car quand nous parlons de littérature, non seulement nous apaisons nos colères, mais nous leur donnons la dimension qui les rend fécondes.
Il faudra aussi lire René Char... et Bernanos, et Péguy, et Giono, et...Céline, et Ramuz, et Sophocle...
Merci aussi de ce que vous dites sur Quitterie. Je ne la connais pas personnellement mais je pense que ce qu'elle croit est juste et le fait qu'elle ait des amis comme vous ne peut que lui faire du bien, même si sur Quitterie, vous êtes aussi un peu emphatique parfois... C'est votre côté hugo-lien;)
Mapie
Écrit par : Mapie | 23/05/2007
@ Mapie
j'échangerais la totalité de ce que j'ai écrit sur elle contre la moitié de son investiture, qu'elle méritait. Mes mots n'ont pas servi à grand chose.
Sur le lecture de Guy Môquet, c'est poudre aux yeux, mais si les fins sont douteuses, goûtons au moins les moyens.
Écrit par : Hervé Torchet | 24/05/2007
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