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16/09/2008

La troisième tour du World Trade Center s'est effondrée.

Lorsqu'un ouragan terrible dévasta la Bretagne, mi-octobre 1987, des forêts entières furent réduites à néant, les résineux tombèrent les premiers, et avec eux une myriade d'espèces forestières de toutes les natures et de toutes les tailles. Quelques mois plus tôt, en me promenant dans des bois que je connaissais bien, un spécialiste, qui s'y promenait avec moi, me montrait les signes d'un affaiblissement qui, peu à peu, gagnait le tronc de ces arbres et qui finirait par les tuer. Selon lui, l'origine du mal se situait dans la sécheresse de 1976 et dans le fait que, par la suite, rien n'avait été fait pour panser les plaies. L'ouragan s'abattit sur des végétaux qui lentement, imperceptiblement, périclitaient. Ce fut un carnage.

L'ouragan qui depuis un an dévaste la finance américaine est semblable à celui dont les Bretons se souviennent : il frappe des organismes qui, lentement, cuvaient la grande meurtrissure de l'effondrement des "tours jumelles" et de la paralysie du principal centre financier mondial. Il faut se souvenir des mois, longs mois, qu'il fallut à Wall Street pour retrouver un fonctionnement normal malgré le traumatisme et la cicatrice béante de "ground zero". De longs mois à retisser la toile financière, des efforts pour faire repousser des billets verts dans la poussière sale et amiantée des vestiges des tours.

La titrisation des créances douteuses que l'on englobe sous le vocable des "subprimes" relève de cette logique de reconstruction, de réinvention de la richesse à partir du néant.

Qu'on ne s'y trompe pas : la crise avait commencé dès avant le 11 septembre. C'était comme une perte de substance, une fuite de gaz, que le 11 septembre a transformée en déflagration, en implosion. Par la suite, les artifices et les efforts, conjugués aux effrayantes dépenses de guerre, ont permis aux États-Unis de retrouver une croissance apparente. Mais les artifices finissent toujours par se dévoiler, par se payer cash. C'est ce qui arrive avec la faillite de Lehman Brothers, celle masquée de Merryll Lynch, acteurs historiques de la finance américaine et mondiale, et le séisme qui ébranle de proche en proche tout l'édifice financier international. Cash. Ce qui se cache se paie cash, on ne peut pas indéfiniment jouer à cache-cash.

Nous devrions nous réjouir (un peu jaune tout de même) de ces faillites : ceux qui affirment que l'argent ne doit pas être le roi du monde y trouvent une approbation, mais plus encore, nous qui dénoncions la financiarisation de l'économie, nous avons là la preuve la plus flagrante que nous avions raison : la titrisation est le degré un de la financiarisation et l'effondrement du système des subprimes est la démonstration grandeur nature de la folie inhumaine de cette financiarisation qui, tôt ou tard, aboutit au drame, parce qu'elle tente de faire faire indéfiniment des petits au même petit tas de billets verts. La multiplication des pains, ça a peut-être existé, mais on n'en est pas sûr et, de toutes façons, on n'a pas vu ça depuis près de 2000 ans, alors il faut admettre qu'on est toujours rattrapé par la valeur réelle des choses et qu'on ne peut pas indéfiniment traire la même vache sans lui faire faire des veaux de temps à autre.

Les réactions en chaîne ne sont pas terminées : les entreprises en première ligne se battent pour ne pas avoir à inscrire trop de dépréciation d'actifs, mais une fois qu'elles ont atteint leur point de rupture, elles deviennent elles-mêmes des actifs à déprécier, dépréciation qui pèse dans les comptes d'autres entreprises qui, à leur tour, en sont fragilisées, et ainsi de suite.

700 milliards de dollars de dépréciation ont déjà été constatés, dit-on, et il y en a encore au moins autant à révéler.

L'État américain a pris, avec Fanny et Fred, plusieurs centaines de milliards à sa charge, qui s'ajoutent aux centaines de milliards de dollars du déficit déjà programmé. Viendra-t-il un temps où l'État américain lui-même ne pourra plus mettre au pot ? C'est possible. Et c'est ce genre d'engrenages qui, à la suite de la participation de la France à la guerre d'indépendance américaine, a produit la Révolution française.

Or étant donné les pratiques de plus en plus cruelles, inégalitaires, népotiques et corrompues du pouvoir américain, il y a de quoi s'interroger sur la santé de la démocratie américaine.

À suivre de près, donc.

Commentaires

J'ai, personnellement (pléonasme mais j'insiste), entendu monsieur Trichet expliquer que le niveau de complexité des nouveaux instruments financiers étaient tels, que quasimement personne, n'était capable d'en comprendre le fonctionnement, pour ne pas parler d'existence de contrôles...

Lui-même s'incluait dans les gens qui n'y entendaient rien...

Je vous assure exacte l'information.

Écrit par : Jean Marie | 16/09/2008

Alors on fait quoi maintenant. Le communisme a fait faillite. Le capitalisme fait faillite selon un rythme cyclique réglé comme une horloge suisse.
Y at'il une solution ou est on condamné à pleurer sur notre triste sort.

J'ai l'impression qu'on est depuis longtemps sur la mauvaise voie. Le produire plus pour gagner plus dans le quel se sont engouffrés des pays comme la Chine ou l'Inde qui ont destabilsés de nombreux états a permis de créer une classe moyenne riche mais n'a pas résolu la misère de la majorité.
Aujourd'hui la Chine qui a investi des milliards de $ dans les banques américaines risque aussi de s'écrouler avec des conséquences en cascade au delà de ses frontières. L'Europe ne sait plus fabriquer les composants électronques , tâche qui a été déléguée à la Chine .
bonne nuit

Écrit par : houhou | 17/09/2008

Pour nous en sortir, il faudra se résoudre à voter MoDem lors des prochaines élections sénatoriales et europeéennes !
Nous touchons le fond du gouffre !

Écrit par : GuiGrou | 17/09/2008

@ houhou

vous devenez tous adeptes de l'économie responsable (cherchez, vous trouverez) :-)

Écrit par : Claudio Pirrone | 17/09/2008

Les commentaires sont fermés.