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08/10/2008

Le retour des services publics.

La logique de privatisation qui prévalait depuis 20 à 30 ans était fondée sur l'idée que la création des grands services publics, dans l'après-guerre, avait été subie par l'occident pour résister à la pression du modèle soviétique sur nos peuples. On va redécouvrir que la création de la SNCF, la modernisation de la poste, l'invention des organismes de sécurité sociale, tout cela avait matérialisé la conclusion tirée par les penseurs des causes de la crise de 1929 et des remèdes à y apporter.

En d'autres termes, l'existence des services publics n'est pas un facteur dogmatique, mais une nécessité pour le bon fonctionnement de l'économie de marché.

Dans ces conditions, il fauit d'urgence réclamer un moratoire sur les privatisations en Europe.

07/10/2008

Le temps des voeux pieux.

Il est très flagrant, ces jours-ci, alors que la bourrasque financière s'abat sur l'Europe, de voir, d'entendre, de lire, toutes sortes de déclarations de principe des grands états, à peu près dans l'esprit du "plus jamais ça" qui a suivi la Ie guerre mondiale.

C'est à qui s'en donnera le plus à coeur joie pour appeler à moraliser les marchés, à sanctionner les indélicats...

Mais que diable n'ont-ils fait tout ça avant, alors qu'ils savaient ?

Décidément, leurs trop beaux sanglots ne sont que des larmes de crocodiles.

10:25 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : économie, finance, international, europe | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

03/10/2008

Tonneau des Danaïdes.

300 milliards en janvier, 600 milliards en septembre, pourquoi pas 1200 milliards en décembre ? C'est comme une drogue, une fois qu'on a mis le doigt dans l'engrenage, impossible de s'arrêter.

Le Canard Enchaîné signale cette semaine un cas semblable qui serait celui de la Caisse d'Épargne, laquelle a pompé 3,2 milliards en janvier et se trouverait en nécessité du double, soit 6,5 milliards.

Diable !

Cela s'appelle une croissance exponentielle, non ? Et si le puits n'a pas de fond ? Et si demain il s'agissait de 1200 milliards et de 13 milliards, puis de 2400 milliards et de 26 milliards ? Qui sait ? Engloutir ainsi des trésors sans connaître la profondeur du trou, est-ce une bonne idée ?

À votre avis ?

01/10/2008

Crise financière : l'illusion d'une illusion.

J'ai écrit que le Plan Paulson était en quelque sorte un emplâtre sur une jambe de bois. Aussitôt volée de bois vert décernée contre mon hérésie par un spécialiste en la matière, L'Hérétique, et un diplôme de suicidaire galonné décerné par le Dr Ginisty. Je lis aujourd'hui un article d'hier de l'excellent blog "Les coulisses de Bruxelles" sur la nationalisation "provisoire" de Fortis par les autorités de feu le Benelux, avec l'idée que, bien entendu, cette nationalisation n'est que transitoire, le temps que les marchés "reprennent leurs esprits".

Ce ne serait donc que cela ? une crise d'hystérie collective ? Une brutale illusion ? Les marchés financiers auraient des vapeurs et, le temps de jeter un peu d'eau froide sur la machine, tout rentrerait dans l'ordre ?

Mais alors, L'Hérétique et Ginisty auraient raison. Argh.

Mais non, ils ont tort. Le réseau Alcibiade, tout d'abord, a étayé (dans les commentaires) mon affirmation profane par celle d'un spécialiste dénommé Rubini, dont j'invite à consulter l'opinion ici. Ensuite, Frédéric Lefèvre-Naré (à ne pas confondre avec le liberticide Frédéric Lefebvre, il y a soi dit en passant des avantages à porter un nom rare comme Torchet, on s'y trouve rarement en mauvaise compagnie), Frédéric Lefèvre-Naré, donc, ayant observé que nous étions lui, Christophe Ginsty et moi des non-spécialistes, et que nous devions conséquemment faire preuve de modestie, je lui ai rétorqué amicalement que, vu que ce sont les spécialistes qui ont fichu le système par terre, il était peut-être temps de s'adresser à d'autres...

La crise actuelle est affaire de bon sens. Comme je l'ai écrit voici plusieurs jours, "on ne peut pas indéfiniment traire la même vache sans lui faire produire des veaux de temps à autre". C'est un problème d'adéquation de la production à la richesse.

On y trouve la conjugaison d'une bulle financière monstrueuse, d'un appauvrissement des habitants du pays le plus riche du monde (dû entre autres à la baisse du dollar), de l'incurie d'un système destiné à produire de l'argent coûte que coûte, de la financiarisation de l'économie qui en découle, et d'une pure et simple surchauffe.

La surchauffe est une phase de croissance économique aiguë, violente, démesurée, un emballement de la machine, qui conduit toujours à la dépression.

Or le monde vient de traverser une période de surchauffe, matérialisée par la frénésie du cours des matières premières, par un taux de croissance mondiale très fort, qui ne pouvait que déstabiliser les rouages de l'économie de notre planète (ce qui n'est que le moindre de ses inconvénients avec la déforestation, la pollution, la détérioration de notre planète et de notre avenir). Après la surchauffe, la dépression.

On comprend bien que les gouvernements européens cherchent à éviter la panique, mais doivent-ils pour autant mentir ?

La crise n'est pas que financière, c'est une dépression économique profonde, il n'y aura pas de retour des marchés au statu quo ante (et hanté). C'est pourquoi il est illusoire de prétendre empêcher le système financier de s'écrouler : ce serait impossible.

Il faut laisser l'offensive de l'ouragan se déployer et intervenir seulement au moment où elle faiblira. Tout ce qui sera fait entre-temps sera perdu.

Et pour éviter la panique, on peut aussi choisir mieux sa banque, merci Quitterie, et aller consulter la note des Amis de la Terre. Évidemment, choisir sa banque paraît un luxe, beaucoup de gens se contentent de l'établissement qui veut bien d'eux, mais c'est moins vrai qu'il ne semble et, pour ceux qui peuvent, cela devient une double responsabilité.

30/09/2008

L'échec du plan Paulson est une bonne nouvelle.

Il faut laisser le système financier s'effondrer. Il y a à cela plusieurs raisons.

La première est d'ordre moral : le système financier a commis une faute, il s'est arrogé une puissance excessive, il s'est voulu le maître, puis il a mésusé de sa puissance. Il s'est trompé, il a commis des fautes impardonnables qui sont pour beaucoup dans l'effondrement actuel. Il n'existe donc aucune raison de sauver le système financier mondial.

Laissons-le s'effondrer puis, si besoin est, recontruisons-en un autre avec ce qui sera resté de solide dans la débâcle.

Mes lecteurs vont me trouver sévère, voire glacial, au regard des conséquences de ce que j'appelle de mes voeux : l'implosion. Ils vont, comme la presse, la télé, comme Paulson, comme tant d'autres, trouver qu'"on ne peut pas laisser faire". Mais si. On peut. Et je dirais même plus : on doit.

En janvier, j'écrivais que le plan de relance de l'économie américaine ne servirait à rien d'autre qu'à cramer 300 milliards de dollars. Dans un premier temps, les 300 milliards ont paru efficaces, puis la réalité s'est remanifestée, en pire. Dépenser 700 milliards de plus n'aurait été qu'une folie supplémentaire : on n'arrête pas la mer avec les mains.

Le système financier est un jeu d'apparences, de confiances croisées, de paris sur du papier, du papier rédigé avec du vent. Une fois que le masque du papier a révélé le vent, l'ouragan se lève.

Et le voici, l'ouragan, il monte, il souffle, il tonne, il jette des éclairs. Il approche.

Qui a lu "Typhon" de Joseph Conrad sait qu'il ne sert à rien de marcher contre le cyclone : il faut au contraire se laisser porter par lui, se lier à lui, c'est ainsi qu'on le traverse en limitant les pertes. Laissons le cyclone passer. C'est après qu'il faudra réinjecter de l'argent dans tout ça, pas avant, encore moins pendant.

La guerre en Irak a coûté au moins 1500 milliards de dollars aux États-Unis. 1500 milliards de dollars, c'est à peu près le coût de la crise des subprimes. Ces 1500 milliards ont cruellement manqué à l'économie américaine, de là l'étendue de la crise.

Qu'on se le dise et qu'on se le redise : il n'y a pas de prospérité dans la guerre, pas de bonheur, pas même de destin. Dans la guerre il n'y a, comme disait Chrchill, que "du sang et des larmes".

Cette crise qui s'ouvre, nul ne peut en prévoir l'étendue ni la fin. C'est pourquoi il est illusoire de vouloir dépenser de l'argent qui n'existe pas pour sauver des entreprises qui n'existent plus.

Au lieu de nationaliser des banques, le gouvernement américain ferait mieux de nationaliser les fonds de pension. D'une part, parce que la logique purement rapace qui les a mus porte une lourde responsabilités dans l'implosion du système, en ayant découplé la logique financière de la logique industrielle, d'autre part parce qu'on n'ose pas imaginer le nombre de retraités américains que l'effondrement du système financier peut priver de ressources.

Cet argent-là serait utilement dépensé et d'ailleurs, cette nationalisation-là devrait coûter tout juste un Euro symbolique.

Et quand je pense qu'au milieu du cyclone, alors que le bateau fait eau de toute part, l'urgence absolue, LA priorité du gouvernement français, c'est de faire passer son funeste projet Hadopi au forceps, au nez et à la barbe de l'Europe... il y a de quoi se la prendre et se la mordre.

16/09/2008

La troisième tour du World Trade Center s'est effondrée.

Lorsqu'un ouragan terrible dévasta la Bretagne, mi-octobre 1987, des forêts entières furent réduites à néant, les résineux tombèrent les premiers, et avec eux une myriade d'espèces forestières de toutes les natures et de toutes les tailles. Quelques mois plus tôt, en me promenant dans des bois que je connaissais bien, un spécialiste, qui s'y promenait avec moi, me montrait les signes d'un affaiblissement qui, peu à peu, gagnait le tronc de ces arbres et qui finirait par les tuer. Selon lui, l'origine du mal se situait dans la sécheresse de 1976 et dans le fait que, par la suite, rien n'avait été fait pour panser les plaies. L'ouragan s'abattit sur des végétaux qui lentement, imperceptiblement, périclitaient. Ce fut un carnage.

L'ouragan qui depuis un an dévaste la finance américaine est semblable à celui dont les Bretons se souviennent : il frappe des organismes qui, lentement, cuvaient la grande meurtrissure de l'effondrement des "tours jumelles" et de la paralysie du principal centre financier mondial. Il faut se souvenir des mois, longs mois, qu'il fallut à Wall Street pour retrouver un fonctionnement normal malgré le traumatisme et la cicatrice béante de "ground zero". De longs mois à retisser la toile financière, des efforts pour faire repousser des billets verts dans la poussière sale et amiantée des vestiges des tours.

La titrisation des créances douteuses que l'on englobe sous le vocable des "subprimes" relève de cette logique de reconstruction, de réinvention de la richesse à partir du néant.

Qu'on ne s'y trompe pas : la crise avait commencé dès avant le 11 septembre. C'était comme une perte de substance, une fuite de gaz, que le 11 septembre a transformée en déflagration, en implosion. Par la suite, les artifices et les efforts, conjugués aux effrayantes dépenses de guerre, ont permis aux États-Unis de retrouver une croissance apparente. Mais les artifices finissent toujours par se dévoiler, par se payer cash. C'est ce qui arrive avec la faillite de Lehman Brothers, celle masquée de Merryll Lynch, acteurs historiques de la finance américaine et mondiale, et le séisme qui ébranle de proche en proche tout l'édifice financier international. Cash. Ce qui se cache se paie cash, on ne peut pas indéfiniment jouer à cache-cash.

Nous devrions nous réjouir (un peu jaune tout de même) de ces faillites : ceux qui affirment que l'argent ne doit pas être le roi du monde y trouvent une approbation, mais plus encore, nous qui dénoncions la financiarisation de l'économie, nous avons là la preuve la plus flagrante que nous avions raison : la titrisation est le degré un de la financiarisation et l'effondrement du système des subprimes est la démonstration grandeur nature de la folie inhumaine de cette financiarisation qui, tôt ou tard, aboutit au drame, parce qu'elle tente de faire faire indéfiniment des petits au même petit tas de billets verts. La multiplication des pains, ça a peut-être existé, mais on n'en est pas sûr et, de toutes façons, on n'a pas vu ça depuis près de 2000 ans, alors il faut admettre qu'on est toujours rattrapé par la valeur réelle des choses et qu'on ne peut pas indéfiniment traire la même vache sans lui faire faire des veaux de temps à autre.

Les réactions en chaîne ne sont pas terminées : les entreprises en première ligne se battent pour ne pas avoir à inscrire trop de dépréciation d'actifs, mais une fois qu'elles ont atteint leur point de rupture, elles deviennent elles-mêmes des actifs à déprécier, dépréciation qui pèse dans les comptes d'autres entreprises qui, à leur tour, en sont fragilisées, et ainsi de suite.

700 milliards de dollars de dépréciation ont déjà été constatés, dit-on, et il y en a encore au moins autant à révéler.

L'État américain a pris, avec Fanny et Fred, plusieurs centaines de milliards à sa charge, qui s'ajoutent aux centaines de milliards de dollars du déficit déjà programmé. Viendra-t-il un temps où l'État américain lui-même ne pourra plus mettre au pot ? C'est possible. Et c'est ce genre d'engrenages qui, à la suite de la participation de la France à la guerre d'indépendance américaine, a produit la Révolution française.

Or étant donné les pratiques de plus en plus cruelles, inégalitaires, népotiques et corrompues du pouvoir américain, il y a de quoi s'interroger sur la santé de la démocratie américaine.

À suivre de près, donc.