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30/11/2011

"Les Lyonnais", d'Olivier Marchal, les "roms" et le SAC

J'ai été surpris de lire, au début du film "Les Lyonnais", d'Olivier Marchal, sorti aujourd'hui : © 2010. 2010 ? Nous sommes en 2011, fin 2011, même. Ce film, qui n'est pas un petit film, prêt depuis donc au moins un an, n'aurait pas été sorti plus tôt ? Pourquoi ?

Les premières séquences montrent (avec des allusions appuyées au "Parrain" de Coppola) des Gitans, de ces gens que le président de la république, un mauvais jour, à Grenoble, a désignés sous le nom de "roms". Plus loin, dans le film, on voit d'ailleurs des images qui semblent prises d'une action réelle, des images d'évacuation d'un camp de "roms", à peu près les mêmes que celles que vient d'utiliser le film "Polisse" de Maïwen.

Tiens ? Août 2010, le discours sur les "roms". 2010. © 2010.

Du coup, comme les malfaiteurs protagonistes principaux du film d'Olivier Marchal sont des Gitans, on se retrouve un peu mal à l'aise, à ne trop savoir que penser de ce qu'on regarde, qui paraît pencher vers la stigmatisation de tous ceux que l'on rattache aux cultures gitane, tzigane et "rom". Cependant, un détail ressort du lot : le Service d'Action Civique (SAC). Les membres du Gang des Lyonnais, dont il est question dans ce film, ont débuté comme hommes de mains de braqueurs employés par le SAC (les gros bras mafieux du parti postgaulliste dans les années 1970), on les voit en action dans ce cadre, avant qu'ils ne parviennent à s'en émanciper.

Du coup, on se demande si le discours de Grenoble n'aurait pas eu pour but accessoire de gêner la sortie du film en l'embrigadant dans l'anti-"rom". Et l'arrestation de Michel Neyret, cet automne, résonerait comme un écho de ce coup de boule contre le film, puisque Neyret est en fait l'un des personnages de l'hitoire, il y est incarné par Patrick Catalifo, et c'est lui qui, apparemment, a mis Marchal en relation avec Vidal, dont la vie est retracée par le film. En somme, l'imagination, suivant son petit bonhomme de chemin complotiste, se demande si, au sommet de l'État, il n'y aurait pas encore, aujourd'hui, quelques défenseurs du SAC. Mais bon, la parano, ça va cinq minutes.

Et puis, en sortant de la salle, on est assailli par l'actualité récente : en une semaine, il y a eu une fusillade par jour à l'arme lourde, exactement comme dans le film, et un mort par balle par jour également, dans un camp ou l'autre. Tant de fusillades en si peu de temps, bien sûr, c'est une autre coïncidence, puis, d'un pas dodelinant, on rentre chez soi s'installer devant son ordinateur.

Mais tout de même, quelle histoire, et quel film.

 

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26/11/2011

Leçons paradoxales du contre-modèle argentin

Au cours d'une discussion animée chez le Démocrate Sans Frontière, le débat s'est porté sur la dévaluation de la monnaie à propos du fait que les banques centrales pouvaient (et peuvent) faire faillite. J'en ai profité pour glisser quelques réflexions sur le pseudo-modèle argentin et Frédéric Lefebvre-Naré, auteur du blog, a mis en lien un article et interview d'excellente qualité qui détaillait la dernière décennie de l'économie argentine, pays qui passe désormais pour une terre de miracle économique. Cet article ne m'a pas fait changer d'opinion et il m'a paru utile d'expliquer ici pourquoi.

L'effondrement en 2001

L'explosion de la bulle internet a fait beaucoup de victimes au début des années 2000. L'Argentine fit partie de ces victimes. La déroute complète de son économie provoqua celle de ses finances publiques et, après quelques tâtonnements, les autorités argentines choisirent une solution radicale : elles déclarèrent leur pays en défaut des 100 milliards de dollars de dette qu'il subissait. Cette dette, notons-le, n'était pas très lourde selon nos critères actuels, environ 30% du PIB. Le défaut s'éleva à 75%. Ensuite, l'Argentine décida de renoncer à la parité fixe de sa monnaie avec le dollar américain et, flottant, le peso argentin se retrouva avec la parité de 3 pesos pour un dollar, au lieu d'un peso pour un dollar antérieurement.

Le tout, crise et réaction à la crise, acheva l'économie argentine, les investisseurs internationaux se retirèrent, le plongeon de la monnaie ruina totalement les petits épargnants au moment même où la montée du chômage rendait leur épargne particulièrement nécessaire, voire vitale. Il y eut des violences, une atmosphère de guerre civile, et le PIB tomba de 40%.

Une fois sa dette allégée et le fond du gouffre atteint, le gouvernement argentin retrouvait des marges de manœuvre financières pour rebondir. Il relança donc massivement son économie et veilla à la protéger par un protectionnisme actif. Malgré cet effort, il fallut plusieurs années à l'économie argentine pour retrouver son niveau d'avant-crise (comme on le voit ici, au moins sept ans). Aujourd'hui, dix ans après la crise, tous les indicateurs sont florissants.

De ce fait, la situation argentine est prônée en modèle par tous ceux (assez nombreux) qui pensent qu'il faut dévaluer constamment la monnaie et laisser filer l'inflation pour nourrir la croissance. Ce sont d'ailleurs parfois les mêmes que ceux qui veulent que les pays résistent aux injonctions du Fonds Monétaire International (FMI). Voyons en quoi ils ont raison et en quoi ils ont tort, à mon avis.

Leçons négatives

Tout d'abord, que reproche-t-on au FMI ? D'affamer les populations. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la méthode argentine (l'Argentine a refusé l'aide du FMI) n'a pas été plus tendre que si le FMI s'en était mêlé : des centaines de milliers (voire des millions) de gens ruinés, beaucoup contraints à l'expatriation, et finalement, une population affamée prête à tout pour travailler et pour gagner sa vie, le rêve des capitalistes les plus cyniques. On ne peut donc pas dire que la solution argentine soit plus tendre que celle du FMI.

Ensuite, il y a eu une mutation de l'économie locale. Avant la crise, l'Argentine bénéficiait de l'image du bœuf argentin, élevé à l'herbe de la pampa, un produit de haut de gamme. Après la crise, l'Argentine exporte des sojas OGM pris sur des souches fournies par les géants agroalimentaires américains. Avant, un produit de qualité à forte identité et à forte valeur ajoutée. Après, un produit de merde totalement anonyme, à faible valeur ajoutée.

Car la dévaluation de la monnaie rejaillit sur les produits. Monnaie forte, bons produits. Monnaie faible, produits de bas de gamme. Le cas chinois le démontre parfaitement. Or pour une économie, on le sait bien, il vaut mieux avoir une image de haut de gamme (comme la France avant 1940), ce qui permet d'exporter aussi les produits médiocres, tandis que lorsque l'on a une image de marque générale médiocre, on peut produire tout ce qu'on veut de génial et de performant, personne n'y croit. La dévaluation/inflation, c'est une spirale vers le bas, vers l'appauvrissement des populations et de l'économie. Car il finit toujours par se trouver quelqu'un qui produit plus merdique et moins cher que soi.

L'extrême Orient a démontré que les phases sont les suivantes : d'abord, on produit de la merde pour pas cher, ensuite on monte en gamme. Choisir de laisser filer la monnaie et les prix, c'est s'interdire de monter en gamme. La Chine s'en aperçoit, à l'inverse du Japon ou de la Corée du Sud. Donc non, la dévaluation n'est pas une bonne solution. En économie, la seule bonne solution est la vertu.

Leçons positives

Il y a cependant du vrai positif dans ce qu'a vécu l'Argentine.

Tout d'abord, le ministre des finances interrogé dans l'article mis en lien plus haut insiste sur une idée très juste : il ne sert à rien de poser des rustines, ni de multiplier les mesurettes pour corriger tel ou tel effet budgétaire ou conjoncturel. Pour remédier à une crise, il faut une action massive, énorme, totale. C'est là l'erreur du FMI, qui prône de longues périodes d'austérité qui, peu à peu, dévitalisent et démoralisent les pays et leurs populations. On le sait bien, si une femme se fait épiler, on ne tire pas la cire peu à peu, lentement, comme dans un supplice chinois. Pour lui faire moins mal, on l'enlève d'un coup brusque. Hop ! Eh bien, c'est la même chose. Il faut faire les choses en entier et non à moitié. C'est pourquoi, en France, il ne sert à rien de serrer indéfiniment les rouages budgétaires si cette rigueur n'a pas pour effet de stopper vraiment l'augmenation de la dette. Vingt ou trente milliards d'économies, c'est une demi-mesure. Cent milliards d'économies et de recettes nouvelles, c'est une vraie action.

Deuxième leçon positive : l'abandon de l'économie argentine par les investisseurs internationaux a permis aux ouvriers et salariés argentins de s'emparer de l'outil de production et de le relever sous forme de coopérative. Il est évident que beaucoup d'usines qui ne sont pas rentables si elles doivent rémunérer à la fois un investisseur et des salariés le sont assez pour nourrir des salariés seulement. Pour la réindustrialisation de la France, le recours à cette forme coopérative sera une bonne voie, les taux bancaires bas lui permettront de se financer mieux que par les marchés financiers.

Voilà, donc, les leçons à tirer du modèle argentin : nous avons, avec l'Euro, une monnaie forte, il nous appartient d'adapter notre ambition productive aux vertus de cette monnaie, nous devons recourir à des mesures financières massives pour enrayer l'endettement de l'État et réindustrialiser la France, nous devons faire preuve d'imagination et de souplesse dans les formes juridiques de nos unités de production, notamment par les coopératives.

J'ajoute que, personnellement, je trouve que, lorsque l'État a énormément investi dans le rétablissement d'une filière, il devrait jouir d'un droit de préemption (je pense là à Arcelor, dont le rachat par MIttal a eu des effets terribles sur l'emploi, gâchant deux décennies d'investissements de l'État), ce droit de préemption devrait être applicable aux technologies rares (Bayrou citait le cas d'une entreprise de cartes à puces qui fournissait 40% du marché mondial, ou encore celui d'une usine d'acétone, la seule d'Europe, rachetée puis fermée par les Américains) ou stratégiques. Enfin, ce n'est pas aussi anecdotique qu'il y paraît, les infusions de l'éléphant devraient aussi être organisées en coopérative. Ce qui se passe avec Unilever est un scandale.

Il y a moyen de mettre en place de vraies solutions.

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19/11/2011

Les comptes fantastiques de Sarkollande

Au XIXe siècle, sous le Second Empire, le préfet de Paris fut le baron Haussmann, qui a révolutionné l'urbanisme de la capitale et imposé un modèle d'architecture qui porte son nom et que résume l'adjectif "haussmannien". Or les réformes considérables engagées par Haussmann dans l'organisation de la ville coûtaient si cher que les humoristes se déchaînaient contre elles et avaient fait appel au jeu de mots, convoquant les "Contes fantastiques" d'ETA Hoffmann (les Contes d'Hoffmann, comme on les connaît mieux) pour en faire les "comptes fantastiques d'Haussmann", expression très savoureuse à laquelle je n'ai pas résisté, bien qu'elle donne une image en partie inverse de celle qui reflète la réalité du tandem Sarkozy-Hollande. Voyons pourquoi.

Finances douteuses et sulfureuses

La France du Second Empire est riche, pour ne pas dire richissime, elle bénéficie d'une monnaie très forte, le Franc-Or, qui nourrit son prestige et celui de ses produits à l'exportation, et l'exode rural intense impose la création de nouveaux quartiers parisiens (les arrondissements XII à XX absorbant les communes voisines comme Bercy, Auteuil et quelques autres) ainsi que la restructuration des anciens dans la lignée de ce qui a été fait avec la rue de Rivoli. Les bouleversements sont tels que Victor Hugo, exilé de 1852 à 1870, peine à trouver son chemin dans les quartiers autour du Louvre quand il y revient. Il ne reconnaît plus rien. Donc les comptes fantastiques correspondent à une activité réelle et, de surcroît, utile et financée, ce qui ne se retrouve pas dans le cas de Sarkollande. Dans le cas d'Haussmann, l'expression était abusive, alors qu'elle ne l'est plus.

Elle l'était moins, il est vrai, sur un aspect : celui de l'honnêteté. Zola a très bien montré les délits d'initiés innombrables, et les abus de pouvoir, qui ont émaillé les grands travaux haussmanniens. De ce point de vue-là, elle reste pertinente, elle n'a rien perdu de son actualité, voire de son acuité.

Le pouvoir sarkozyste, pour commencer, est bien connu pour les cadeaux qu'il a faits à ses amis politiques. Que l'on songe à la privatisation des autoroutes, lancée sous le tandem Chirac-Villepin et terminée sous Sarkozy, au profit de l'entreprise Vinci. Que l'on songe que les exploitants d'autoroutes, vendus pour 12 milliards en tout, rapporteraient aujourd'hui plusieurs milliards CHAQUE ANNÉE au budget de l'État, tellement impécunieux ! On ne peut qu'être scandalisé par cette braderie de nos joyaux de famille par la droite dans son ensemble, à laquelle la gauche ne s'est pas opposée, de laquelle seul (vraiment seul) François Bayrou s'est insurgé, jusqu'au Conseil d'État qui lui a donné tort (les conseillers d'État se sont déshonorés ce jour-là).

La gauche ne s'y est pas opposée, car elle aussi a son Vinci sous le boisseau, en la matière du funeste projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Vite, un nouveau Larzac à Notre-Dame-des-Landes ! Car cet aéroport, si j'ai bien compris, sera édifié par Bouygues et exploité par ... Vinci, la même entreprise qui a déjà pillé l'État de milliards d'Euros de revenu annuel. À chaque fois que je vois la binette patibulaire de Jean-Marc Ayrault parler pour le candidat Hollande, j'entends le ding de la caisse enregistreuse qui signifie "tant pour Vinci".

Et Ayrault n'est pas le seul. Il se passe peu de semaines sans que le Canard Enchaîné ne mette en lumière les tendresses veloutées que le maire de Paris, Bertrand Delanoë, réserve au groupe bétonneur Unibail.

Et la liste est longue de ces élus locaux "vertueux" qui forment la cohorte sinistre du candidat Hollande, symétrique de l'entourage prétorien de Sarkozy. Je ne parle même plus de Guérini, dont les agissements tapageurs ont réussi à déranger la torpeur du PS, ce parti de sénateurs ventripotents, au point qu'il se croit obligé de lui demander (enfin) des comptes, comptes fantastiques eux aussi.

Je pourrais enfin évoquer dans la même rubrique le groupe Eiffage, épinglé dans la même semaine pour la gabegie honteuse de l'hôpital géant de Corbeil, proche de la droite, et des galipettes tarifées appuyées sur un proxénétisme policier proche de la gauche.

M. Julliard vante ce dont il s'est méfié

C'est pourquoi je suis particulièrement révolté quand je lis dans l'hebdomadaire Marianne de cette semaine le placard autosatisfait de Jacques Julliard (encore un sénateur ou tout comme), dessinant le contour d'une future majorité du "président" (à Dieu ne plaise) Hollande avec le calque repêché des archives poussiéreuses de la majorité plurielle de Jospin. Faut-il rappeler à M. Julliard que, malgré sa promesse faramineuse de 500000 embauches d'emplois jeunes, Lionel Jospin n'a dû de prendre le pouvoir en 1997 qu'aux triangulaires du FN (il ne lui en a pas coûté de s'appuyer sur M. Le Pen ce jour-là) et que sa gestion a tellement convaincu que, en avril 2002, les électeurs l'ont congédié dès le premier tour ?

Plus encore, M. Julliard salue l'esprit visionnaire de ce vieillard qu'était (il est vrai) de Gaulle en 1958, lequel de Gaulle a eu la claire vision qu'il fallait redessiner le paysage industriel de la France, et l'a fait, heureuse idée. Très bien. Mais tout de même, que le même M. Julliard nous explique qu'après de Gaulle, c'est le désert, rien n'a plus été fait, là, c'est un peu fort. C'est un peu fort, parce que c'est vrai, mais c'est un peu fort, parce que M. Julliard fait semblant de croire qu'une configuration hémiplégique pourrait résoudre les problèmes qu'elle a elle-même créés. Après de Gaulle et la restructuration du paysage industriel (qui n'a pas été parfaite, mais suffisante), la question n'a vraiment commencé à se poser de nouveau qu'à la fin des années 1970, dans la deuxième moitié du septennat de VGE, M. Julliard devrait relire ses vieux éditos du Nouvel Obs pour s'en souvenir, si la mémoire commence à lui faire défaut.

À cette époque, le thème récurrent, ce sont, justement, ces restructurations industrielles, elles sont au programme du gouvernement Barre, juste après le rétablissement de la monnaie et des finances publiques. Les budgets 1979 et 1980, votés en déséquilibre, sont exécutés en équilibre, fait qui ne s'est plus reproduit depuis, la rstructuration peut alors commencer. Or Barre se heurte à l'opposition de la droite RPR pour restructurer, parce que de nombreuses entreprises sous perfusion d'argent public sont en fait des vaches à lait du système RPR, ce qui est alors logique puisque de Gaulle a modelé les structures industrielles, elles sont filles du pouvoir politique.

Et dans la période suivante, celle de l'hémiplégie de gauche, la politique de Mitterrand limita les restructurations à l'étatisation, puis au démembrement sans réflexion de pans entiers de l'industrie, auxquels on ne chercha guère alors de nouveaux horizons, de reconversions possibles, comme les Allemands ont su le faire, sauf très rares exceptions comme ce qui est devenu Arcelor, depuis racheté par Mittal qui a bénéficié de la gabegie politique française. M.Julliard devrait s'en souvenir aussi, il a l'âge de mon père, il était rocardien et CFDT comme mon père en 1981, il devrait se rappeler qu'à cette époque, contrairement à Mitterrand, les rocardiens prônaient une vraie restructuration industrielle, dont le projet a été balayé par la logique de l'hémiplégie politique de 1981. Et depuis cette époque, l'hémiplégie reine nous a menés de Charybde en Scylla.

Enfin, et ce n'est pas le moindre défaut, lorsqu'il explique que le PS doit prendre le pouvoir seul, restructurer l'industrie seul, gouverner seul, assis sur ses croupions vert et rouge, il donne en fait blanc-seing à des Ayrault, à des Delanoë, à des Guérini, c'est-à-dire, entre autres, à des Vinci, à des Unibail.

Non. Cela ne sera pas. Car cela ne serait qu'à peine mieux que les errements actuels. Nous y perdrions certes (grand soulagement) les discours de Grenoble et de Bordeaux, la xénophobie d'État, le mépris de la faiblesse et de la misère, mais le pillage de l'État ne cesserait pas.

Non. Cela ne sera pas.

Hollande, le nouveau DSK ? Noooooon !!

J'ai trouvé honteuses les pages du même hebdomadaire "Marianne" intitulées "La semaine où Hollande est devenu le mâle dominant". On voit que les communicants qui tentaient de nous vendre du DSK sont les mêmes qui nous fourguent du Hollande. Ce n'est pas bon signe. Et en plus, quel est donc ce fait d'armes brillant qui aurait porté le candidat Hollande vers les cimes ? Quel est cet exploit faramineux, ce prodige interstellaire ? Ce miracle tonitruant ? C'est d'avoir imposé ses vues aux minuscules Verts. Autrement dit, Hollande est devenu le mâle dominant parce qu'il a dominé Mme Duflot, une femme, parce qu'il l'a menée au Sofitel, en quelque sorte, ou au Carlton. Hollande est donc effectivement le nouveau DSK. Beurk. Ce titre est d'un sexisme honteux, je ne suis pas près de racheter Marianne si les choses ne se rattrapent pas vite.

Sur le fond, je ne crois pas qu'il faille sortir du nucléaire à court terme, j'attends plus de transparence sur les conditions d'exploitation des centrales actuelles, j'ai des doutes sur Fessenheim notamment, je sais aussi qu'il ne faut pas construire de centrales sur des terrains granitiques, qui sont naturellement radioactifs, mais j'espère que nous entrerons bientôt dans l'ère de la fusion nucléaire, plutôt que dans celle de la fission (la fusion, énergie à froid, ne consomme pas d'eau fraîche comme la fusion, et produit peu de chaleur et de radioactivité). Cela étant, il faudra examiner la compatibilité du processus de fabrication des armes nucléaires, tant que nous en avons besoin pour notre défense nationale, avec celui de l'énergie de fusion. Et par ailleurs, je suis très favorable au développement des énergies renouvelables, hydrauliennes par exemple. Donc je ne suis pas forcément dans le camp de Mme Duflot sur tout, pas contre elle sur tout non plus, mais j'ai trouvé que les couronnes de lauriers tressées à Hollande sur le thème du guerrier bling-bling et macho (surtout maintenant qu'on sait que la marge de manœuvre financière des Verts est rrès étroite) déshonorait leurs auteurs. Leur candidat est si piètre qu'ils ont besoin d'artifices de vendeurs de bretelles pour le fourguer. C'est navrant.

D'autant plus que, pour le reste, les rares éclaircissements qu'on ait eus jusqu'ici sur les propositions économiques du candidat du PS n'ont pas incité à l'énthousiasme, c'est le moins que l'on puisse dire, car tout se passe comme si les sages intentions affichées par M. Hollande n'étaient qu'une posture de plus.

Donc, d'un côté Fillon et ses 65 milliards économisés sur cinq ans (en regard de 500 milliards perdus dans les cinq dernières années, à peine plus d'un huitième) et une faible perspective industrielle, surtout du point de vue d'un Sarkozy qui ne comprend rien et vit dans le fantasme. De l'autre côté, une sorte de Rajoy français, une anguille, laissant entendre qu'il ne dépensera pas, qu'il reconstruira, mais appuyé sur des loups enfarinés et vendus aux mêmes prédateurs que ceux qui, jadis (naguère), soutenaient son adversaire de droite. Au centre, 100 milliards de redressement budgétaire par an répartis équitablement entre tous les contribuables, faisant payer les riches et participer les moins riches, économisant à bon escient dans les dépenses publiques, restaurant l'État et reconstruisant le paysage industriel dans un esprit de liberté (voire de libéralisme), c'est-à-dire sans l'oukaze des mastodontes ni des marchés, et avec la sincérité qui est la marque de fabrique de François Bayrou pour tous ceux qui, comme moi, ont eu l'occasion de le rencontrer d'un peu près. Alors ? entre les comptes fantastiques de Sarkollande et la combinaison de la justice et de l'efficacité, vous choisissez quoi ? Moi, c'est fait.

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16/11/2011

10 bonnes raisons de ne pas ... L'Hérétique me tague

Il y a plusieurs années que je n'ai pas répondu à une chaîne, d'abord, parce que lorsqu'il m'est arrivé de tenter de lancer mes propres chaînes, tout le monde s'en est battu l'œil comme de l'an 40, ensuite, parce que le côté un peu puéril et moutonnier de la chaîne m'irrite. Mais bon, L'Hérétique m'a sollicité, et je lui devais bien de m'exécuter (même si je le soupçonne d'activisme pour la remontée de Jégoun en tête du Wikio en lieu et place de Grébert).

D'abord, comme l'Hérétique, la question posée par cette chaîne née en amont de lui ne me paraît pas très intéressante, j'ai mon candidat, Bayrou, qui me convient et que je soutiens, et dont je sais qu'il compte bien, une fois élu, travailler notamment avec Hollande, ce qui n'incite pas à critiquer celui-ci outre mesure. Mais comme l'Hérétique, j'ai plus que des critiques à faire sur la partie dépenses du projet socialiste.

En fait, il aurait été plus rigolo de trouver dix FAÇONS de ne pas laisser Hollande entrer à l'Élysée, on aurait pu imaginer la peau de banane posée sur le trottoir devant l'Élysée, ou encore la charrette de foin en travers de la rue du Faubourg Saint-Honoré.

Mais puisque le sujet est 10 bonnes raisons de ne pas laisser Hollande entrer à l'Élysée, les voici :

- le buffet, la dernière fois que j'y suis allé, en 1989, était excellent. Si la table est trop bonne, Hollande va regrossir.

- le policier de faction ne le reconnaîtra pas.

- il n'est pas béarnais.

- il est aussi nain que l'actuel squatteur du lieu.

- il y a déjà eu deux énarques à l'Élysée, leur quota est complet.

- les gens nés le même jour que lui sont tous interdits de séjour à l'Élysée en vertu du décret n°12987 du 7 septembre 1986, sauf ceux dont l'initiale commence par un W.

- Chirac a besoin d'un bâton de vieillesse en Corrèze, on ne peut pas l'en priver, ça ne serait pas bien.

- quand Bayrou aura terminé ses deux mandats, en 2022, Hollande aura 67 ans, c'est trop vieux pour devenir président à notre époque.

- il a un patronyme qui désigne un pays étranger. Les cavaliers, sur les tables de conférences internationales, seront incompréhensibles, il y aura deux fois la Hollande et pas la France, c'est impossible.

- il ne m'a pas versé un million d'Euros sur le compte en Suisse dont je lui avais indiqué le numéro.

Voilà les dix bonnes raisons, et c'est un peu dommage, car du coup, l'article de fond sur les campagnes de Sarkozy et de Hollande que je pensais faire aujourd'hui devra attendre demain.

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13/11/2011

L'Histoire et la longue mémoire

Dans trois ans, il y aura cent ans qu'a débuté la Première Guerre Mondiale. Il y a cent ans, nous n'y étions pas encore, l'époque restait celle des escarmouches. 1911, il y a juste cent ans, c'est l'année de ce qu'on a appelé le "coup d'Agadir". En 1911, l'aîné de mes grands-parents avait quatorze ans, les trois autres huit ans. J'ai connu mes quatre grands-parents, pour eux quatre, la Grande Guerre faisait partie de leur existence, ils en parlaient comme d'un fait qu'ils avaient vécu, elle appartenait de ce fait à ma réalité, à mes racines, comme aux vôtres. C'est notre vie.

Mon grand-père paternel, Édouard Torchet, avait dû quitter la France et faire une partie de ses études secondaires au Royaume-Uni. Il en parlait. Sa femme, Suzanne Mottez, avait un père amiral décoré sur le champ de bataille naval, en Méditerranée, en 1915. Elle en parlait. Mon grand-père maternel, Jean Chauvel, avait tenté de devancer l'appel et de s'engager volontaire à dix-sept ans en 1914. On l'avait refusé : trop frêle, trop maigre. Il s'en était allé au Royaume-Uni, lui aussi, faire une année d'études supérieures et pratiquer tous les exercices physiques possibles. En 1915, l'armée, moins regardante, avait accepté qu'il s'engage, à dix-huit ans. Il avait donc fait plus de trois ans de guerre dans les tranchées, dans l'artillerie, du côté de Châlons-sur-Marne ou un peu plus à l'est. Quand il s'était engagé, on lui avait donné un uniforme et un fusil, un Lebel. Il avait fini la guerre caporal chef, libéré seulement en 1919, des mois après l'armistice. De dix-huit à vingt-deux ans, à l'âge où l'on s'amuse, où l'on drague, où l'on rêve, il avait passé ses journées et ses nuits dans la boue, dans la mitraille, dans le sang. Il n'en parlait jamais. Ma grand-mère maternelle, Diane Le Maire de Warzée d'Hermalle, avait passé toute la guerre au Japon où son père représentait la Belgique avec le titre de ministre, l'équivalent de notre ambassadeur. Durant toute la guerre, elle avait été marraine de guerre de prisonniers de guerre belges détenus par les Allemands, avec lesquels elle entretenait une correspondance régulière. Elle en parlait souvent.

Lorsque j'étais enfant, autour de 1970, on voyait encore fréquemment des "gueules cassées" de la Grande Guerre dans les rues de Paris, des manchots, des cul-de-jattes qui roulaient parfois sur la chaussée parce que leur chaise roulante était trop large ou trop encombrante pour le trottoir, des borgnes, des aveugles, des visages sans nez, et ils se présentaient avec le drapeau aux jours de commémoration. C'était une image familière, étrange et familière. Il n'y a que quelques mois à peine qu'est mort le dernier des millions et millions d'hommes qui, du monde entier, ont combattu, en général sur la terre de France, en Champagne, en Lorraine, en Picardie. Il y aura bientôt un siècle que la Guerre de 1914-18 a débuté, et il semble qu'elle ne se soit jamais terminée, qu'elle ait occupé tout le siècle qui l'a suivie, malgré la quantité d'abominations exceptionnelle que ce siècle terrible a accumulée.

Peut-être parce qu'aucune guerre n'a mieux démontré l'horreur de la guerre elle-même. On ignore souvent les deux précédents qui auraient pu donner une idée de ce que serait la guerre de tranchées : le premier est la guerre de Crimée, en 1856, le deuxième la guerre de Sécession américaine dont les enlisements ont préfiguré la boucherie de Quatorze. Mais, malgré son bilan humain affreux, la guerre de Crimée demeure un conflit périphérique, méconnu, et on porte sur la guerre de Sécession un regard très déformé par le cinéma propagandiste américain. On a donc effacé les précédents. On ne retient que le conflit en lui-même, avec sa litanie immense des Morts pour la France, des pensionnés, des veuves de guerre, des pupilles de la Nation. Meurtrière de soldats comme aucune autre, la guerre de Quatorze est celle qui a inspiré le cri : "Plus jamais ça". Plus jamais la barbarie, la chair à canon, la tranchée infecte bordée de charniers, les fiancées en pleurs sur les cercueils des héros drapés de tricolore, le toscin qui résonne sans fin dans la campagne blême. Plus jamais ça. Et la mémoire de l'horreur, comme d'autres, refuse de s'éteindre, elle persiste, elle résiste.

Hier, en commémorant l'armistice, le président de la république a donné l'impression d'avoir enfin compris cette dimension temporelle, d'avoir enfin abandonné ses pulsions de l'instant pour découvrir que l'Histoire est une longue mémoire, qu'elle témoigne et enseigne, qu'elle porte des jugements, qu'elle trace des sillons, et que tout cela, il faut l'examiner, s'en imprégner, pour diriger un pays, pour assumer son destin. Les pays et les peuples ont besoin de politiques de long terme, ils ont besoin de décisions patientes, ils ont besoin de continuité dans l'action, d'anticipation, de persévérance, de permanence. Car l'Histoire se dévoile lentement, peu à peu, et la réalité historique est longue à mettre en mouvement. En Histoire, il faut bâtir sur le roc. Et si on la brutalise, l'Histoire se venge.

Et si l'on définit des objectifs de long terme, on ne tardera pas à fixer des principes d'action, une ligne directrice, une doctrine de défense et de diplomatie. Disons-le tout de suite, cette doctrine est nécessaire à la démocratie. Les pays et les peuples ont besoin de connaître l'architecture de l'action de leurs autorités constituées. Oh bien sûr, tout ne peut pas être connu, la diplomatie a besoin de secret aussi, l'Histoire l'enseigne, mais les objectifs majeurs et leurs moyens doivent avoir été présentés et expliqués au peuple en toute clarté, voire en toute transparence, faute de quoi l'on manque aux principes les plus essentiels de notre vie collective, de nos démocraties.

Le président a donné l'impression d'adhérer mieux à cette conception qu'auparavant. Pourtant, je crois qu'il ne s'agit de sa part que de posture et de calcul politicien. Je crains qu'il n'en soit revenu, hélas, à la gouvernance des simulacres qui résumait déjà les premiers mois de son quinquennat. Mais patience, l'Histoire jugera.

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04/11/2011

L'échec provisoire des politiques méditerranéennes de la France

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, dont le bilan est globalement négatif pour la France, notre politique étrangère a connu deux axes alternatifs. Jusqu'à la crise de Suez, en 1956, nos dirigeants misent tout sur l'alliance anglaise. Le Royaume-Uni est une puissance d'importance comparable à la nôtre, une démocratie appuyée sur un empire colonial comme nous. L'échec de l'opération de Suez, paralysée par l'ouverture de la Guerre Froide, coïncide à peu près avec le refus du Royaume-Uni d'entrer dans la Communauté Économique Européenne (CEE) en mars 1957.

De 1957 à 1963, hésitation, relatif isolement, changement de régime. En 1963 enfin, inauguration, par le Traité de l'Élysée, d'une longue période de rapprochemnt avec l'Allemagne, qui sera l'un des axes structurants de notre diplomatie.

À partir des années 1980, la France est en elle-même affaiblie, sa croissance est moindre que celle de son voisin, elle assume une politique d'envergure mondiale, appuyée sur ses Départements et Territoires d'Outre-Mer et sur un réseau d'États francophones, notamment en Afrique, très coûteuse. Dans cette période, les réticences britanniques devant les progrès de l'intégration européenne ont un corollaire : il faut payer, payer les Britanniques pour qu'en quelque sorte ils se taisent. On dit "L'Allemagne paiera" et, invariablement, l'Allemagne paie, en effet, ce qui ne cesse de lui donner plus d'autorité dans le système européen.

La Chute du Mur de Berlin, en 1989, accroît encore ce poids allemand, en créant un déséquilibre démographique parmi les quatre principales puissances européennes : jusque-là, l'Italie, le Royaume-Uni et la France se maintenaient dans les 50 millions d'habitants, l'Allemagne quelques millions de plus, juste au-dessus de 60. Avec la réunification (qu'il ne peut être question d'entraver pour des raisons aussi bien politiques que philosophiques), l'Allemagne dépasse les 80 millions d'habitants, nettement au-dessus des autres désormais.

Un autre mouvement crée un déséquilibre (ou un nouvel équilibre) : dans les années 1980, la CEE développe considérablement son ouverture vers le sud du continent européen, et en particulier vers la Méditerranée. Ce sont les adhésions de la Grèce, puis de l'Espagne et du Portugal. La France, par sa situation géographique et par l'affinité des dirigeants français et espagnols, profite directement de ces entrées et savoure le nouvel espace méditerranéen.

Après la chute du Mur, la CEE devient l'Union Européenne et, dans le même temps, son centre de gravité se déplace vers le nord-est, vers l'Allemagne. Dans la première CEE, la France occupait le centre de gravité entre le nord composé du Bénélux et de l'Allemagne, et le sud, l'Italie. L'arrivée des États européens du sud avait renforcé cette polarisation et la position française. Les années 1990 sont au contraire le glissement vers le nord-est.

L'entrée de la Suède, de l'Autriche de la Finlande, puis des anciens États vassaux de l'Union Soviétique, renforce la position centrale de l'Allemagne.

Lorsqu'il est question de créer l'Euro, la France cherche donc à recréer une géographie qui lui soit favorable, notamment en ancrant l'Euro dans l'Europe du sud. L'Italie de Romano Prodi fait des efforts considérables pour entrer dans les critères de l'Euro, et la France pousse l'Espagne, le Portugal (pays avec lesquels elle est en principe bénéficiaire depuis des temps historiques) et la Grèce. En maugréant, l'Allemagne tolère cette position de son allié traditionnel français et voit avec peu de plaisir défiler la cohorte méditerranéenne et méridionale des pays qu'elle toise avec une grande arrogance en les taxant de "pays du club Med".

La crise actuelle autour de la Grèce, certes exagérée quant à l'impact qu'on lui prête sur l'Euro, sonne le glas de la position française et scelle l'affaiblissement de notre pays dû à une trentaine d'années de politiques incurieuses.

La présidence de Nicolas Sarkozy n'est certes pas comptable de l'entrée de ces pays dans l'Euro, elle devrait pourtant en évaluer le sens et en comprendre l'utilité stratégique.

Il est vrai que sa politique européenne a promu deux ruptures avec la ligne diplomatique des trente dernières années (et même un peu plus). La première a été le retour à l'alliance anglaise, déjà tenté par Jospin (et ce n'est pas un hasard, puisque Jospin et Sarkozy ont été les plus américanophiles de nos leaders sous la Ve république). Cet axe franco-anglais, destiné à contrecarrer l'influence allemande dans l'esprit de ceux qui l'ont voulu, a pour effet de marginaliser l'Allemagne, en théorie. En fait, il déstabilise l'édifice européen en tant que construction politique indépendante, le Royaume-Uni ayant noué des liens culturels et politiques indéfectibles avec les États-Unis. De surcroît, il agace l'Allemagne et fragilise certaines des concessions faites par elle à son alliance avec nous (notamment l'entrée des pays du club Med dans la zone Euro qui, sans eux, est nettement dominée par l'Allemagne). Il introduit de la suspicion. La deuxième rupture a eu exactement le même effet, en ayant probablement eu la même finalité : c'était l'Union pour la Méditerranée (UPM), un concept porté par Dominique Strauss-Kahn et Hubert Védrine à l'origine, et endossé par Sarkozy en 2007. L'UPM a agacé l'Allemagne aussi et végète dans les limbes.

En fait, la France n'a plus aujourd'hui de politique méditerranéenne. Elle se contente de prendre sa part de la politique méditerranéenne du grand allié américain, sans défendre de principes qui lui soient propres.

Cette situation ne pourra pas durer longtemps. Mais il est vrai qu'il ne sera possible de rétablir une doctrine diplomatique qu'à partir du moment où la situation intérieure du pays sera suffisamment améliorée pour le faire. Pour être fort, il faut être riche. C'est ce qu'aurait dû comprendre le président Sarkozy dont le bilan diplomatique se résume en deux locutions : les yeux plus gros que le ventre, et l'échec des intérêts français.

 

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