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29/06/2012
François Bayrou, sans varier
À la veille du conseil national du Mouvement Démocrate qui doit tirer les enseignements de la récente élection présidentielle, et bien que je sois moi-même dans le souhait de me consacrer à mes travaux littéraires et historiques, il me semble utile d'expliquer pourquoi le MoDem aura à mon avis raison de prolonger la ligne politique tracée par François Bayrou et pourquoi celui-ci me paraît le mieux à même de diriger ce mouvement dans la période de deux ans qui conduira notre pays jusqu'aux élections européennes, qui seront décisives pour la pérennité du parti créé en 2007.
Une grande tristesse mais une satisfaction prudente
Trois députés ont été élus sur la ligne de François Bayrou lors des récentes élections législatives : Philippe Folliot (Alliance Centriste) dans le Tarn, Jean Lassalle dans les Pyrénées-Atlantiques et Thierry Robert à La Réunion. Le premier s'est inscrit au groupe de centre droit de Jean-Louis Borloo, le deuxième reste non inscrit comme sous la mandature précédente, le dernier s'est apparenté au groupe du Parti Radical de Gauche (PRG) dont il permet la constitution.
Bien sûr, nous regrettons vivement la défaite de François Bayrou, qui a été le bouc émissaire de la défaite générale de la droite. Les récents propos de Mme Bachelot sur lui sont d'ailleurs une véritable insulte et elle ferait bien de s'adresser à son chirurgien esthétique : il lui a tellement tiré la peau qu'il a fini par lui faire croire qu'elle avait un cerveau, alors que ce n'est que de la vieille peau matelassée. Mme Bachelot, qui ne doit sa carrière politique qu'à l'héritage qu'elle a trouvé dans sa corbeille de baptême et qu'aux laboratoires qu'elle a engraissés à coups de milliards des Euros du contribuable, n'a rien trouvé de mieux que d'insulter un homme à terre, qui n'a jamais rien dû d'autre qu'à ses électeurs et à lui-même, l'Histoire s'en souviendra.
Mais si nous sommes tristes de cet échec personnel dû à la fois à l'égoïsme du Parti Socialiste qui ne mérite que le mépris et aux manigances de réseaux souterrains comme le MIL, nous sommes heureux que, à l'échelle nationale et dans les assemblées parlementaires, les idées de Bayrou parviennent enfin à déverrouiller les camps, qu'il puisse se faire que des élus de notre famille politique puissent travailler dans des cadres divers. C'est un début de victoire morale.
Il n'y a pas d'alternative stratégique
Certains cadres du Mouvement Démocrate croient que, désormais, le PS leur doit l'alliance. Ils me font penser à ces hommes qui, ayant invité une femme à dîner, se disent : "maintenant, elle me doit quelque chose" (suivez mon regard). Non, le PS ne doit rien au MoDem. Aujourd'hui, même s'il lui devait quelque chose, il lui pisserait dessus comme il pisse sur ses électeurs chaque matin sur un sujet ou un autre.
De ce fait, ceux qui croient à la fin de la stratégie d'Épinay et au retour de celle des années 1960 se fourrent le doigt dans l'œil jusqu'au coccyx. Petit rappel historique : cette stratégie antérieure a été incarnée par exemple par Gaston Defferre et Jean-Claude Gaudin, actuel maire de Marseille, issu de la droite dure, le CNI, a été élu pour la première fois conseiller municipal de Marseille sur les listes de Defferre en 1965 comme le rappelle sa fiche Wikipedia. Il s'agirait donc de faire cela. Mais où voit-on que le PS bouge un orteil ? et pourquoi le ferait-il, alors qu'il a la majorité à lui seul ? Illusion.
Si aujourd'hui ou dans un avenir proche, le Mouvement Démocrate ralliait le Parti Socialiste, on ne voit pas ce qu'il aurait à vendre à celui-ci et on ne voit pas bien l'intérêt d'aller mendier à gauche après avoir si longtemps joué les utilités à droite. Quel piètre résultat de tant d'années d'efforts et de sacrifices consentis.
Notre redressement gît en nous-mêmes
Sans vouloir faire du bayrouisme effréné, je dois ajouter que si le MoDem veut s'en sortir, il ne doit donc pas compter sur d'autres que sur lui-même et chaque adhérent ne doit compter sur personne d'autre que sur lui-même. C'est l'unité du mouvement qui peut produire son retour en hausse. Et il faut commencer par cesser de penser que des erreurs stratégiques ou tactiques sont la cause de l'échec de l'élection présidentielle. Je veux rappeler que lorsque François Bayrou a interrogé le conseil national, à la veille de se prononcer lui-même sur le second tour de la présidentielle, il a entendu une forte majorité se prononcer pour Hollande.
Non, il ne s'agit pas d'une question tactique, ni stratégique. L'effondrement des candidatures du MoDem aux législatives est résulté de la question que les électeurs se sont posées sur la viabilité de ce mouvement alors qu'il apparaissait que Bayrou risquait fort de perdre sa propre circonscription. Il est résulté aussi du calendrier absurde qui a placé les législatives un mois après la présidentielle, j'ai dénoncé cette idée stupide dès l'origine, en 1997, parce que je savais qu'elle achèverait de réduire le parlement à néant. Preuve en est faite.
Donc s'il ne s'agit ni de tactique ni de stratégie, mais du choix souverain des électeurs qui, au fond, ont préféré le confort du vote Hollande puis du vote PS, le MoDem doit fonder sa réflexion pour l'avenir sur cette idée. Il doit répondre à une question simple, que Bayrou avait très bien posée en 2007 et qui a été un peu estompée par le poids de la crise économique et financière à venir en 2012 : à quoi sert de voter MoDem ? En quoi ce vote est-il une arme ? Contre quoi ? Contre qui ? Pour quoi ? pour qui ? Et si le MoDem a une approche stratégique, qu'il se rappelle que plus d'un électeur sur trois ne se reconnaît pas dans le débat droite-gauche. Il me semble que la mission du MoDem consiste donc à mobiliser cet électorat sur ses candidats. Jean-François Kahn a probablement raison de ce point de vue-là : sortir de la problématique du centre pour se porter dans l'anticipation et dans la transcendance. Enfin, détail, clin d'œil, la campagne de Bayrou en 2007 avait intelligemment développé le concept de sexy centriste, la famille Le Pen (elles ne sont pas de mon goût, mais...) a su récupérer ce créneau, il faudra faire un effort. Et puis, de grâce, travailler le réseau, s'appuyer sur les adhérents, leur faire confiance, les connaître, les motiver.
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22/06/2012
L'université d'été 1993
En mettant de l'ordre dans des papiers pour un déménagement, je suis tombé sur cette photo de l'Université d'Été (UE) des Jeunes Démocrates Sociaux (JDS) de 1993, tenue près de Biarritz, dans les Pyrénées Atlantiques. On reconnaît à gauche Bernard Bosson, alors secrétaire général du Centre des Démocrates Sociaux (CDS), au centre Philippe Douste-Blazy, alors maire de Lourdes et qui venait d'être élu député des Hautes-Pyrénées, puis un peu plus à droite, en nage (il ruisselait dès qu'il montait à une tribune), Dominique Baudis, alors maire de Toulouse et qui devait occuper une fonction plutôt protocolaire (du genre président exécutif) dans le CDS. Je suis moi-même juste au-dessus de l'épaule de Baudis, en polo vert. Derrière moi figure Jacques Mangon et entre Douste et Baudis, Jean-Pierre J., alors soutien de Bayrou, mais qui s'est brouillé avec lui ensuite pour une raison que j'ignore, et qui vendait du jurançon (délicieux) au profit de la fédération CDS des Pyrénées-Atlantiques sur un stand de l'UE.
Il y a évidemment un absent sur cette photo. Je viens d'en parler, c'est François Bayrou. Il n'a fait qu'un bref passage sur le campus de cette université d'été, s'étant blessé dans une piscine vide. Pourtant, cette Université d'Été avait lieu dans le département dont il était le député depuis déjà sept ans. Le repos forcé qu'il subit alors fut décisif dans son engagement vers la présidence du CDS. Mais j'anticipe...
Le retour aux affaires et à la coalition avec le RPR
L'année 1993 avait vu le retour au pouvoir de la coalition UDF-RPR (Union pour la Démocratie Française, Rassemblement pour la République), le Parti Socialiste (PS) s'engluait dans les dissensions internes, dans les affaires de la fin du règne mitterrandien, et en particulier celle du sang contaminé où on allait jusqu'à mettre le nom de Laurent Fabius en cause (à mon avis d'une façon très extrapolée et excessive). Le PS était totalement discrédité, sans chef incontesté pour succéder au vieux président malade et déjà très affaibli.
J'étais moi-même un revenant, ayant pris quelques distances avec l'engagement politique pour des raisons personnelles et professionnelles. Mais la violence de l'opprobre qui s'était abattue sur le PS m'avait conduit à reprendre le chemin du mouvement centriste et, donc, de l'Université d'Été, rendez-vous incontournable de cette formation politique membre de l'UDF.
L'UDF et le RPR avaient obtenu presque le même nombre de sièges à l'Assemblée Nationale grâce à la bonne négociation d'investitures menée par le tandem Valéry Giscard d'Estaing (VGE) - Bayrou, respectivement président et secrétaire général de l'UDF. Mais le CDS, qui avait fait dissidence en 1988 et soutenu un moment le gouvernement Rocard, avait peu profité de cette vague bleue et le nombre de ses députés avait peu augmenté par rapport à la mandature précédente. Qui pis est, il avait perdu le groupe parlementaire qu'il avait alors formé, ayant pris cet engagement en vue des négociations d'investitures.
Pourquoi Bayrou manque-t-il sur cette photo ? Parce qu'il était l'un des espoirs de cette famille politique. Après 1986, on parlait des "trois B" : Bayrou, Baudis et Bosson, comme des trois têtes montantes capables d'incarner l'avenir du centrisme français. Baudis avait tenté sa chance (peut-être dans le cadre de la tentative de retour de VGE) au congrès d'Angloulême, mais il s'était montré trop consensuel et avait de ce fait échoué, Bosson était donné comme le successeur naturel de Pierre Méhaignerie, alors président du CDS depuis onze ans, et Bayrou faisait figure de vilain petit canard (déjà), d'homme de "Giscard", puisqu'il occupait le poste de secrétaire général de l'UDF, comme je l'ai dit plus haut. Douste-Blazy était le nouveau venu, le quatrième de la partie de cartes, mais on sentait son parcours prometteur.
Or finalement, cette génération de centristes a tourné court. Aucun des quatre n'a fait la très grande carrière entrevue. Baudis avait le profil le plus brillant, sa notoriété d'ancien présentateur du journal télévisé et son statut de maire de Toulouse en faisaient d'emblée une figure politique de premier plan. Mais il lui manquait, je crois, le feu sacré de l'ambition. Bosson a cessé toute activité politique en 2007 après avoir été longtemps député et maire d'Annecy. Douste-Blazy, un temps maire de Toulouse lui aussi, et plusieurs fois ministre, n'a pas su capitaliser sur ses qualités humaines indéniables et traîne un cortège d'ennemis acharnés qui font courir toutes sortes de rumeurs sur son compte. Peut-être paie-t-il l'erreur d'avoir été l'artisan principal création de l'UMP et donc de la trahison de l'esprit centriste traditionnel, que son récent soutien à Bayrou a un peu compensée.
Quant à Bayrou lui-même, il semble aujourd'hui que son heure soit passée. À moins que... Mais revenons à 1993.
L'arrière-pensée présidentielle
À moins de deux ans de l'échéance de 1995, l'élection présidentielle est dans tous les esprits. Raymond Barre, candidat malheureux en 1988, n'est pas sérieusement envisagé pour 1995 : il aura soixante et onze ans et, d'ailleurs, son heure est passée. VGE a tenté un retour, mais la mort (hum) accidentelle de Michel d'Ornano en 1992 a porté un coup très rude à ses espérances et il paraît hors jeu.
Donc qui soutenir ? Jean-Luc Moudenc, alors président des JDS (et que je félicite de sa toute récente - 17 juin 2012 - élection à la députation), fait campagne pour la désignation de René Monory, alors président du Sénat. Monory est un candidat naturel, son statut de numéro deux du protocole républicain est un atout, il a une bonne image, mais il a déjà passé soixante-dix ans, il en aura presque soixante-douze en 1995, et finalement, sa candidature ne peut dépasser le résultat d'une candidature de témoignage.
Balladur n'est pas encore candidat. Mais on sent toute la sympathie que lui porte Bernard Bosson et comme celui-ci est donné comme successeur naturel de Pierre Méhaignerie... Bosson a d'ailleurs amené sa fille unique à cette UE, une jolie et svelte adolescente de quinze ans aux très longs cheveux blonds lisses et soyeux, qui passe au milieu des regards comme une princesse héritière objet de convoitises inavouées (et prématurées).
Comme à son habitude, Bernard Stasi est là presque dès l'ouverture et quittera l'UE pour rejoindre sa ville d'Épernay où il présidera aux cérémonies de commémoration de la ville fin août 1944. Il a perdu son siège de député en mars, mais le gouvernement Balladur l'a désigné pour diriger la commission qui réfléchit au nom de ce qu'on appelle le "Grand Stade", qui deviendra le Stade de France et dont la construction a été décidée en vue de la coupe du monde 1998. Sportif avéré, Stasi participe aux parties de waterpolo dans la piscine avec les jeunes militants, qu'il accompagne aussi en boîte de nuit à la fin des travaux du soir de la studieuse université d'été, un pull toujours noué sur les épaules et les poignets des manches de sa chemise retroussés.
On finit par oublier un peu les enjeux nationaux, tout au plaisir de se retrouver entre copains après quelques années d'éloignement relatif. Alors, on participe au journal de l'Université d'Été, un quotidien rédigé chaque soir et imprimé dans la nuit (une idée lancée par Éric Azière en 1986). J'arrive à assister aux ateliers savants du matin, aux ateliers piscine de l'après-midi, aux nouveaux ateliers savants de fin d'après-midi, à l'atelier boîte de nuit du soir et à veiller encore pour contribuer à la rédaction et à la parution de cette feuille imprimée par photocopie noir et blanc (sur une bécane de taille modeste) sur une maquette imprimée à l'avance en quadrichromie. Je fais les trois huit à moi tout seul, mais sans contrainte, juste par amusement, je ne suis candidat à rien.
Mais ce qu'on n'oublie pas, c'est le congrès statutaire qui doit se tenir en avril 1994 à Rouen (ville de Jean Lecanuet, fondateur du mouvement) et, au bord de la piscine, on cherche quel candidat pourrait faire pièce à Bosson. Et le seul nom qui revient est celui de l'absent, Bayrou, qui fait la même conclusion au même moment.
Quant à moi curieusement, ce retour désinvolte dans la famille cetnriste me conduira à diriger l'une des équipes de la campagne de l'élection européenne de juin 1994 pour la liste conduite par Dominique Baudis et Hélène Carrère d'Encausse, auprès de l'ami Moudenc et sous l'autorité du directeur de campagne ... Jean-Pierre Raffarin ... avant d'atterrir chez Bayrou, après k'Uniersité d'Été 1994.
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18/06/2012
Mon camp
Au soir de la défaite de François Bayrou dans la circonscription dont il était l'élu depuis un quart de siècle, je dois dire que plus que jamais, mon camp est le sien, j'entends par là que mon camp est celui de la vérité, celui de l'intégrité morale dont il a fait une preuve nouvelle. Peut-être Bayrou aurait-il dû renoncer plus tôt à cette circonscription, peut-être le renouvellement aurait-il dû le préoccuper plus et depuis plus longtemps. On peut gloser aussi sur la récente campagne présidentielle où il n'a pas donné l'impression de vouloir gagner, où il a semblé manquer de motivation, où il s'est immobilisé à partir de la mi-janvier. On peut critiquer aussi le manque de travail fait sur le réseau politique qu'est le Mouvement Démocrate depuis la création de ce parti, les critiques ne seront pas superflues, car il y a des progrès à faire. Mais il est indéniable que, du point de vue du Parti Socialiste, la prise de la circonscription de Bayrou est immorale. Et il ne fait aucun doute que les défauts de Bayrou ne peuvent estomper le courage qu'il a eu de s'opposer seul à un pouvoir sarkozyste dont les dérives ultradroitières étaient patentes et inquiétantes, alors que nombre de ses amis s'inclinaient devant ce pouvoir avec une souplesse peu sympathique dont quelques-uns trouvent aujourd'hui la triste récompense. Et enfin, qu'il a eu le courage d'aller au bout de sa logique politique en tendant la main au futur président Hollande, indisposant son électorat local contre lui-même. Cet ensemble d'apparence contradictoire forme un tout et dans le camp de ce tout-là, dans son camp au sens historique, je suis et serai forcément. La période économique troublée que nous abordons menace de se changer en dépression mondiale, les pires penchants politiques menacent de se réveiller et, selon la citation de Bidault maintes fois rappelée par Bayrou, quand il s'agit de dire non, le meilleur moment, c'est le premier. L'histoire rendra certainement hommage à Bayrou d'avoir dit non et gageons que l'histoire ne sera pas seule, et que les événements viendront vers lui.
Voyons maintenant ce que je pense du reste du paysage politique.
La droite sans âme
Désormais, la droite n'a plus de doctrine, plus de sociologie claire. Jadis, naguère, les campagnes, la paysannerie, les églises, les notables, la bourgeoisie, les commmerçants, l'armée, formaient les bataillons de ses électeurs, avec le Sénat pour temple. Mais ce que je viens de décrire est la vieille France, celle que remplace chaque jour un peu plus la France bobo, la France rurbaine, sans église, sans intérêt de classe, sans patriotisme autre que l'argent, une France rousseauiste, amnésique, perdue, futile et versatile, à laquelle les instruments doctrinaux hérités des décennies passées ne disent plus rien, au milieu de laquelle le patriotisme se défigure en racisme et l'égalité en communautarisme.
Il faudra donc à la droite un travail sur elle-même, un travail de fond, un travail philosophique et conceptuel pour s'adapter aux temps nouveaux. Il faudra aussi une clarification. Il ne fait aucun doute, par exemple, que notre pays a besoin d'un parti de centre droit. Cessons d'invoquer les mânes et le fantôme de l'UDF, ce parti a disparu avec une mauvaise image. Il faut faire autre chose. Là encore, le centre droit a besoin d'une réflexion doctrinale, et il a devant lui le redoutable défi de sa dispersion structurelle, de son éparpillement en plusieurs formations politiques : une partie de l'UMP, le Parti Radical (valoisien), le Nouveau Centre et l'Alliance Centriste. Le dépassement des chapelles et la construction d'une stratégie présidentielle sont la condition de son existence politique, avec ou sans candidat présidentiel, mais avec une stratégie empruntant des chemins clairs et libres. Ce travail-là va demander un effort étalé sur plusieurs années. L'élaboration de concepts capables de ravaler l'extrême droite à son rang de groupuscule est sa priorité, de façon à pouvoir éventuellement prendre la tête de l'ensemble des droites.
Le mythe de la croissance
Les majorités trop écrasantes sont celles qui mènent aux défaites les plus cuisantes, l'expérience le prouve. La gauche a devant elle un défi economique et social sans précédent depuis la Seconde Guerre Mondiale. Elle a menti pour se faire élire, préférant l'imposture qui gagne au risque de la vérité. Mais elle est désormais au pied du mur. Elle va devoir prouver maintenant comment elle peut faire à la fois tant de choses contradictoires entre elles.
Hélas, elle se focalise sur l'un des points faibles de son programme : la croissance. Sans croissance, pas question de tenir les fallacieuses promesses multipliées dans la campagne. Sans croissance ? se dit-elle, mais alors tout est simple : il n'y a qu'à faire de la croissance. Et snap, elle claque des doigts. Or hélas, on l'a assez répété, la croissance ne se décrète pas. Une croissance alimentée par la dépense publique ne vaut que si elle est supérieure à la dépense qui l'impulse, mais depuis trente ans, toutes les relances de court terme se sont soldées par une croissance inférieure à la dépense consentie, si bien que depuis trente ans, nous détruisons de la valeur au lieu d'en créer.
Nous ne sommes pas les seuls, il ne fait aucun doute que le modèle d'obsolescence programmée mis au point aux États-Unis est devenu profondément contre-productif, la croissance à tout prix cela ne marche pas. La croissance n'est saine que si elle naît d'elle-même, des conditions objectives de l'économie. Une croissance véritable serait aujourd'hui celle qui utliserait peu de matières premières et qui reposerait sur des innovations techonolgiques utiles. On en est loin.
Ce qu'il faudrait, la campagne de Bayrou l'a démontré, c'est améliorer la marge de nos entreprises et cravacher la recherche et développement tout en favorisant l'épanouissement d'un tissu d'entreprises équilibré et sain. Le tout, sans remettre en cause les protections sociales les plus importantes. De tout cela, le Parti Socialiste a désormais la responsabilité, même s'il semble encore lui manquer la conscience claire.
Et sans doute, le centre gauche devra prendre ses responsabilités dans les temps qui viennent.
Une page se tourne
Je souhaite bonne chance à François Bayrou et aux siens parmi lesquels je garde beaucoup d'amis. Ce blog va probablement entrer dans une phase d'alimentation plus rare. Mes activités personnelles et professionnelles vont sans doute m'absorber beaucoup, mais je viendrai de temps à autre m'y exprimer pour ceux qui auront la bonne idée de vouloir connaître mon opinion, je dois dire que je vais écrire sur le centre et sur le centre droit dont j'ai été militant pendant trente ans. J'ignore encore si cela sera sous une forme un peu officielle ou plus personnelle, dans le ton des portraits et souvenirs que j'ai parfois développés ici même. Cette affaire-là est à suivre.
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12/06/2012
Pour le pluralisme
Quelques jours avant le second tour des élections législatives, les débats se précisent et précisent les enjeux que représente cette échéance pour la France avant une période de particulières turbulences économiques et financières.
Personnellement, je choisis de mettre l'accent sur une valeur essentielle, cardinale, cruciale : le pluralisme. J'ai écrit avant la présidentielle que le 21 avril avait été le 11 septembre du pluralisme en France, et qu'il fallait que cette présidentielle 2012 soit un Verdun du pluralisme, en ce sens qu'il résisterait jusqu'au bout, jusqu'à en périr s'il le fallait, mais qu'il ne céderait pas, et de fait, le pluralisme a progressé, puisque cinq candidats ont largement dépassé les 5% au premier tour. Il faudra que le pluralisme continue à croître à la prochaine présidentielle, c'est important, mais on voit que, aux législatives, c'est l'inverse : la bipolarisation s'affirme de plus en plus, seuls l'UMP et le PS sont à l'heure actuelle assurés d'avoir un groupe à l'Assemblée Nationale et la bipolarisation pourrait se refermer en bipartisme, ce qui serait profondément nocif pour le débat politique français.
Donc il faut privilégier, dans nos votes, les candidats pour lesquels nous ne voterions pas autrement : EELV et MoDem (et les partis un peu plus à droite, du centre droit : NC, AC, et même PRV) pour lesquels nous pourrions voter sans état d'âmes, et les candidats du FdG pour lesquels nous n'aurions pas un penchant prononcé a priori, eh bien oui, je crois qu'il faut que cette confédération soit représentée à l'Assemblée à hauteur de sa représentativité. Et je vais même jusqu'à dire qu'après tout, si le Front National a des députés, ça ne sera pas forcément réjouissant, mais cela pourra être juste. Si la tentative de Mme Arkilovitch dans le Vaucluse fait passer la jeune Mlle Maréchal, eh bien, si ce n'est pas réjouissant, ce sera au moins juste que le FN ait des députés après avoir eu 18% des voix à la présidentielle. Ce sera une façon d'anticiper sur l'instauration d'une dose suffisante de proportionnelle promise par le pouvoir actuel.
Donc en route pour le pluralisme.
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11/06/2012
Pas une voix centriste pour le PS au second tour
Il est rare qu'une évidence s'exprime avec tant de force. Le PS veut avoir tous les pouvoirs, gouverner seul, eh bien, qu'il le fasse. Mais il n'aura pas une seule voix centriste.
Car enfin, les résultats de l'élection législative de la circonscription de François Bayrou sont clairs : si Bayrou avait appelé à voter pour Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle, il serait réélu dans un fauteuil. Si le PS est en passe de lui prendre son siège, c'est au profit d'une triangulaire, où Bayrou est puni par son électorat de droite d'avoir appelé à voter pour le candidat du PS à la présidentielle. Il y a donc une profonde immoralité dans ce résultat tel qu'il est annoncé par le premier tour de l'élection législative de la deuxième circonscritption des Pyrénées-Atlantiques. Bayrou s'est affaibli localement pour faire passer le candidat PS à la présidentielle et le PS en profite pour lui prendre son siège de député. Une telle manœuvre n'a qu'un nom : l'abjection.
Et une telle abjection ne peut avoir qu'une sanction : pas une voix centriste ne se portera sur un candidat socialiste au second tour des législatives.
Et je souhaite même que les abstentionnistes centristes du permier tour se réveillent pour sanctionner les candidats du PS au second.
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