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23/05/2013

Fiorasso, démission !

Voici quelque temps, j'ai rendu compte des manœuvres douteuses entreprises par Mme Fiorasso, ministre de l'enseignement supérieur (je ne me fais pas à l'idée que son poste ne soit pas subordonné à celui de l'éducation nationale), contre la direction de Sciences Po. Parmi les griefs qui circulaient alors contre cet établissement figurait la stratégie de feu Descoing consistant à internationaliser et décentraliser en même temps les cursus des étudiants. L'équipe dirigeante expliquait que cette stratégie avait attiré de nombreux étudiants étrangers, des quatre coins du monde, en France. Elle s'était faite au prix (élevé) du développement de nombreux cours en langue anglaise (mais aussi plus intéressant de filières bilingues français-anglais, français-allemand et français-espagnol) et d'une augmentation très sensible des frais d'inscription demandés aux étudiants. Apparemment, Mme Fiorasso espère étendre la réussite de Sciences Po à l'ensemble de l'enseignement supérieur public, ce qui est stupide, disons à l'ensemble de l'enseignement supérieur public dans les domaines du commerce et de la science, ce qui est mi-illusoire, mi-scandaleux. Voyons pourquoi.

Rappelons d'abord qu'il appartient à nos pouvoirs publics de défendre notre langue au même titre que le territoire national ou que nos intérêts à l'étranger. Cet objectif est de même nature. Rappelons aussi que tous les défauts de l'ex-président Chirac n'ont pas empêché qu'il défende notre culture et notre langue bec et ongles, ce dont l'Histoire le créditera, car ni son adversaire Jospin, ni son successeur et adversaire Sarkozy n'en ont fait autant, convaincus l'un comme l'autre qu'il n'est de salut qu'à Washington, ce qui se nomme en termes exacts de la haute trahison. Rappelons enfin qu'en élisant François Hollande, nous avons espéré envoyer à l'Elysée un président qui aime la France autant que les Français.

Venons-en aux espérances de Mme Fiorasso. Sciences Po a développé le nombre de ses étudiants en s'inscrivant dans un réseau très dense et mondial d'établissements d'enseignement supérieur d'excellence, en y apportant sa forte expertise dans les sciences sociales. Il est évident que les universités françaises ne pourront ramasser que les restes des réseaux déjà constitués, et qu'elles le feront selon un équilibre coût-avantage déplorable. Sciences Po a construit son succès autour de cursus mondialisés articulés autour de la langue anglaise, superposés, juxtaposés et entremêlés aux cursus proprement hexagonaux. Dans le cas des universités, on voit que la superposition de nouvelle filières aux actuelles poserait des problèmes logistiques dont, faute d'une pensée centrale organisatrice, et compte tenu du nombre très grand de nos établissements publics, on ne peut attendre qu'un énorme gaspillage d'argent public pour une rentabilité culturelle faible. Il a donc germé dans l'esprit baroque de Mme Fiorasso cette chose étrange : un miroir aux alouettes. Un miroir qui a l'inconvénient premier de pousser nos institutions à renoncer à la promotion de la langue française. C'est là la part scandaleuse.

On peut comprendre que les filières commerciales veuillent améliorer le niveau des étudiants francophones en pratique de l'anglais. Pourquoi pas ? Sauf que d'ici peu, nous aurons des machines de traduction instantanée qui rendront obsolète la pratique des langues étrangères, même de l'anglais, pour tous les niveaux élémentaires de l'activité commerciale. C'est déjà le cas dans un certain nombre de domaines. On comprend moins bien encore l'ardeur des scientifiques à sacrifier sur l'autel de l'anglais. Ils disent que leurs publications n'existent que si elles sont faites en anglais. Les scientifiques sont donc bien en retard sur le reste du monde ! Car dorénavant, avec les réseaux sociaux, on apprend tout en temps réel. Le vrai vecteur de la publicité d'une découverte, ce n'est plus "Nature", mais Twitter par exemple. Il suffirait d'une veille organisée diffusant les découvertes libellées en français vers les scientifiques des autres langues et le tour serait joué sans écraser la diversité linguistique qui garantit la diversité des modes de pensée. Il ne resterait qu'à compenser l'unique utilité d'une langue dominante (l'interopérabilité conceptuelle), ce qui ne doit pas être si sorcier que cela, et le tour serait joué.

Donc NON, Mme Fiorasso, il ne peut être question de vous laisser massacrer nos universités pour vos mirages. En revanche, oui, il est acceptable d'aider les étudiants francophones de nos universités à pratiquer mieux les langues étrangères si cela leur donne meilleure confiance en eux. Et pourquoi ne pas bâtir de nouvelles filières mondialisées en langue française en s'appuyant sur l'ensemble des pays francophones au lieu de raisonner toujours selon une dialectique hexagone-monde globalisé parlant globish ? Ils désespèrent de nous, paraît-il. Rendons-leur le moral. Je sais bien que le traître Sarkozy a introduit des intérêts américains anglophones dans les réseaux maçonniques qui sous-tendent la francophonie africaine, mais rien n'est définitif, aucune bataille n''est perdue tant qu'on ne l'a pas décidé.

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21/05/2013

Ayons les meilleures universités et "ils" viendront

En France, quand on veut s'accommoder les juges, on dit du mal des policiers (et réciproquement), quand on veut s'accommoder les policiers, on dit du mal des gendarmes (et réciproquement), quand on veut s'accommoder le monde universitaire, on dit du mal des grandes écoles. C'est comme ça. Cette méthode bébête, infantile et conflictuelle, qui ne vaut pas mieux que les bagarres puériles PSG-OM ou Parisiens-banlieusards, a été employée hier par le déplorable ministre de l'Education nationale (nationale...) Peillon pour justifier son projet d'autoriser les universités à dispenser une partie de leurs cours en anglais, de façon à rester dans le coup de la concurrence du monde globalisé et à attirer ainsi des étudiants de pays émergents. Tout ceci se fait alors qu'on a déshabillé les alliances françaises depuis des années, droite comme gauche, et qu'on ne cesse de rogner les crédits du Quai d'Orsay pour la promotion de notre langue et de notre culture à l'étranger. Cela s'appelle gabegie.

Et cela fait penser à ces petits maires de communes moyennes qui, pour une question de standing, veulent avoir "leur" piscine, "leur" médiathèque, etc. "Vous comprenez, nous ne serions pas à égalité avec les autres". Au nom de ces clochemerles (qui ont souvent les marchands de la balayeuse municipale de Topaze pour âme), on jette l'argent des petites gens par pleins paniers et par les fenêtres. Ici, il ne s'agit guère d'argent (quoique : il va falloir former et/ou importer de nouveaux enseignants si l'on veut dispenser un enseignement de qualité), mais de quelque chose qui est plus précieux que l'argent : l'âme d'un peuple. Les Bretons, les Basques, les Occitans, les Corses, le savent bien : ce qui caractérise un peuple, c'est sa langue. C'est donc notre langue que l'infâme M. Peillon jette par les fenêtres. Finalement, le gouvernement Ayrault verse dans le même fossé de l'Anti-France que celui de M. Jospin.

Eh bien non, nos universités ne doivent pas avoir pour objectif de figurer sur le classement de Changhaï, ni sur celui d'Honolulu ou de la planète Mars. Elles doivent avoir pour but de former bien nos étudiants. Et sur ce point, il y a beaucoup à dire et à redire. Notre éducation nationale plonge dans tous les classements, la qualité de ses résultats ne cesse de se dégrader, et des étudiants viendraient dans nos universités juste parce que soudain, on y dispenserait des cours en anglais ? Qui peut croire à cette farce pathétique ? Disons-le tout net : même de ce point de vue, l'introduction de l'anglais est un emplâtre sur une jambe de bois. Cela ne sert à rien, à rien d'autre qu'à flatter l'égo de quelques universitaires aveuglés et amollis. Qu'ils aient plus d'ambition pour leurs établissements, au lieu de se laisser coloniser par une mentalité défaitiste.

Oui, qu'ils les remontent, leurs universités. Si elles sont les meilleures, on se battra pour y venir, des quatre coins du monde, même si on y parle latin ou grec ancien. Et s'il y a de l'argent à dépenser, au lieu d'encourager l'enseignement de l'anglais, utilisons-le pour améliorer le sort de nos universités. Qui sait ? Elles pourraient redevenir bonnes et jouer ainsi le rôle pour lequel nous dépensons des paquets de milliards chaque année. En attendant, il faut le dire et le répéter, la mesure préconisée par M. Peillon n'est pas seulement stupide, elle est comme tout le reste de sa politique : une illusion. Et enfin, et par dessus tout, elle est inacceptable.

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12/05/2013

Guaino et la séparation des pouvoirs

Montesquieu, auteur de la théorie de la séparation des pouvoirs, en écrivit cette synthèse : "Pour que l'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que le pouvoir arrête le pouvoir". On peut d'ailleurs noter que ce principe tirait son origine d'un régime très efficace, la République romaine, dans l'Antiquité, où l'on nommait à la fois deux consuls pour diriger le pays, les deux disposant exactement des mêmes pouvoirs, chacun se trouvant donc en mesure de stopper les abus de l'autre. Ce régime, qui s'intercala entre deux tyrannies (la royauté et l'empire), dura plusieurs siècles. On le voit, la séparation des pouvoirs a donc un but précis : empêcher les abus de pouvoir. Elle est donc la clef de l'état de droit, et l'un des rouages essentiels, primordiaux, du fonctionnement de la démocratie, notamment contre l'arbitraire et contre la corruption.

Ce principe de séparation des pouvoirs est à l'origine de l'immunité parlementaire, les membres du parlement devant être protégés des pressions qui seraient exercées sur eux personnellement, parce qu'ils sont membres d'une institution, d'un pouvoir, le législatif, qui peut se trouver en conflit avec l'institution judiciaire. Pour l'exécutif, la question n'a été posée qu'assez rarement. Elle l'a été sous la Révolution, en particulier pour le roi Louis XVI, mais par la suite, les gouvernements ont été composés en général de parlementaires, bénéficiant de l'immunité, ce qui constituait d'ailleurs une infraction au principe de séparation. C'est qu'après la Révolution, l'exécutif a été en général trop fort ou trop faible. Evidemment, la question s'est posée de nouveau pour le président de la république sous la Ve république, et l'on a vu un régime de protection instauré sous la présidence de Jacques Chirac, qui a été jugé depuis excessif, et qu'un consensus pourrait aboutir à réformer. Quant aux ministres, ils ne sont plus membres du parlement et, de ce fait, on leur a créé un régime juridictionnel, la Haute Cour, dont l'efficacité se prouve très progressivement.

Le cas de M. Sarkozy dans l'affaire Bettencourt illustre l'une des difficultés de l'application de la séparation des pouvoirs, celle qui concerne les actes commis avant leur accès à l'Elysée par les anciens présidents de la république. On en a vu l'effet dans la condamnation de Jacques Chirac, longtemps après les faits qui lui étaient reprochés. Il est à noter que jamais M. Chirac ni ses proches n'ont contesté qu'il puisse être attrait devant les tribunaux pour ces faits anciens, même si beaucoup ont regretté les lenteurs de la justice, lenteurs qu'ils avaient eux-mêmes organisées... Dans le cas de M. Sarkozy, la nouveauté est de considérer que la justice n'ait aucun droit de le mettre en examen, qu'il y ait forcément un abus de pouvoir, une sorte de lèse-majesté.

Lèse-majesté, voilà qui renvoie à l'Ancien Régime, dont il faut rappeler qu'il eut certes ses qualités, mais qu'il était une tyrannie. L'initiative du député Guaino (auteur de l'apostrophe adressée au juge qu'elle considère coupable) serait d'ailleurs une infraction suffisamment grave au principe d'indépendance de la justice (qui est la condition sine qua non de la séparation des pouvoirs) si elle n'était pas relayée par une bonne centaine de députés de son parti politique. Il y a là véritablement une forfaiture. Ces parlementaires devraient se voir déchus sans tarder de leur mandat. Et d'ailleurs, il est grand temps que la Constitution organise vraiment un "pouvoir judiciaire", qu'elle sépare plus clairement aussi l'exécutif du législatif, et qu'enfin notre république fonctionne pleinement.

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06/05/2013

Filières opaques de la production à la distribution

Il arrive que l'on attende en vain un rendez-vous et que l'on finisse par perdre patience. Au fond, les affaires spectaculaires de consommation que nous avons connues ces derniers temps renvoient à ce schéma. Nous attendons en vain le rendez-vous que nous avons demandé et nous perdons patience. 

Dans l'affaire du cheval fou de Spanghero, produit en Roumanie, vendu à Chypre puis aux Pays-Bas avant d'être transformé en deux temps, d'abord à Castelnaudary, puis à la frontière luxembourgeoise, nous avons mesuré à quel point la multiplication des opérations économiques et des intermédiaires rendait les filières de production et de distribution opaque. Mais finalement, nous avons eu l'impression que l'entreprise finale, Findus, était au courant du processus qui aboutissait à une tromperie aussi massive que généralisée.

L'horrible affaire de l'effondrement d'un immeuble au Bangladesh donne la même impression, avec ses 650 morts exploités de leur vivant dans des conditions scandaleuses. On trouve au milieu des décombres des étiquettes d'entreprises occidentales, européennes entre autres, dont les produits étaient fabriqués là. or ces entreprises de distribution indiquent que le fabricant qui exploitait (au sens propre) les ateliers qui se sont effondrés ne figurait pas parmi leurs fournisseurs. c'est probablement vrai, et des intermédiaires doivent s'intercaler entre la production et la distribution. Ces intermédiaires n'ont d'autre fonction que d'évaporer fiscalement une partie du bénéfice tiré de cette exploitation à coûts imbattables. Je vous invite à consulter cette vidéo pour comprendre à quel point je suis, moi comme d'autres, en colère, à attendre ce rendez-vous de la transparence.

 

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04/05/2013

Hollande et la procrastination budgétaire

De mon point de vue, la fonction d'un premier ministre est de prouver que les engagements du président de la république sont réalistes et bons. En refusant d'emblée de se placer au niveau de rigueur budgétaire nécessaire, Jean-Marc Ayrault a entamé un travail de sape sur François Hollande qui semble porter aujourd'hui ses fruits avec la capitulation sans condition du président sur le principe même de la rigueur. Au fond, les choses sont plus difficiles qu'il ne se l'était imaginé, déclare ce dernier au journal Sud-Ouest. Alors, puisque c'est difficile de combiner la sérieux budgétaire réel (pas celui que pratique son gouvernement) avec le maintien de l'activité, autant baisser les bras. Voilà le résultat du vilain travail du premier ministre : le président vient de baisser les bras.

Il faut le répéter : ramener les comptes à l'équilibre, ce n'est pas pour faire plaisir à Bruxelles, mais parce que c'est la condition de la santé et de l'indépendance de notre économie. Et de cette santé et de cette indépendance dépendent les emplois de demain. On peut faire des "emplois d'avenir", mais c'est au risque de handicaper les emplois de l'avenir et, surtout, si l'on ne fait que cela, on est sûr que rien de plus ne se passera dans la colonne "positif". Pourtant d'énormes gisements d'emplois existent sans même grever les finances publiques, on n'a toujours pas tiré plein parti des 35 milliards de la formation professionnelle s'ils étaient arrachés aux partenaires sociaux et utilisés avec doigté, par exemple.

Enfin, il faut aussi le rappeler : une économie qui marche, ce n'est pas pour faire plaisir à Bruxelles, ni pour enchanter Wall Street, mais parce que c'est la condition du plein emploi. Finalement, en acceptant le moratoire de deux ans sur la dette que vient de proposer Bruxelles, le président Hollande renvoie l'équilibre budgétaire aux calendes, il accepte que l'Etat continue à s'endetter, il renvoie donc aussi aux calendes le retour à la santé de notre économie, il se place dans la médiocre continuité de ce que ses prédécesseurs ont fait en particulier dans la dernière décennie, mais même depuis trente ans. Dommage, car il vient de grever lourdement sa position au regard de l'Histoire.

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