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30/04/2013

Vers une baisse généralisée des revenus en France ?

Le dernier chiffre de l'inflation en France est particulièrement bas : 1%. Notre pays semble donc au bord d'une situation déflationniste. Au passage, on note que cette faible inflation réduit l'avantage budgétaire procuré par le gel des dépenses de l'Etat en valeur, ce qui explique sans doute une partie du dérapage que nous connaissons. Or le pire est ailleurs.

Le dispositif ANI, qui deviendra bientôt une loi, prévoit la faculté pour les entreprises de baisser les salaires de leurs employés. Il s'agit en fait de la fin du mécanisme de salaire minimum garanti (SMIG-SMIC). Dans le même temps, nous venons de supprimer l'indexation des retraites sur l'inflation, ce qui autorise en fait à réduire leur montant, au moins en termes relatifs.

Ce dernier choix pèse moins sur les retraités tant que nous avons un taux d'inflation aussi bas que celui que j'ai mentionné plus haut. Mais voilà que les institutions européennes, effrayées par le vote récent des Italiens pour le pamphlétaire Beppe Grillo et par l'évolution politique de la Grèce, ont décidé qu'il n'était plus prudent d'imposer ouvertement l'austérité aux peuples qui l'acceptent mal. On a donc pris prétexte d'une extravagante erreur de calcul attribuée au FMI pour proclamer haut et fort que "l'austérité, ça suffit". Mais dans le même temps, on se prépare à lâcher un peu la bride sur le cou de l'inflation de la zone Euro, ce qui va appauvrir les petites pensions quelles qu'elles soient, ainsi que les petits salaires que l'on n'aura peut-être même pas à baisser car ils seront dévalués d'eux-mêmes par effet mécanique.

L'austérité sournoise et insidieuse est donc sur le point de remplacer l'austérité affichée. En France, on le voit, la combinaison de l'ANI et de cette poussée inflationniste orchestrée par l'Europe devrait avoir pour effet une baisse notable des revenus, en particulier des petits revenus, en plus de celle des petites pensions, retraites désindexées en particulier. On dit en général que l'inflation pousse à consommer, car elle suscite l'anticipation du consommateur qui désépargne pour la devancer, mais étant donné que la baisse prévisible va toucher de plein fouet les petits revenus, ceux qui consomment le plus, il est probable que l'effet conjoncturel positif de l'inflation sera plus qu'entièrement absorbé par l'effet négatif des pertes de revenus. La consommation en souffrira évidemment, ce qui ne sera pas mauvais pour l'équilibre de notre commerce extérieur, mais grèvera en revanche nos finances publiques. Enfin, cela renforcera les tendances déflationnistes de notre économie et la colère des classes populaires. On joue donc avec le feu.

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24/04/2013

Changer de premier ministre pour changer de politique

L'impopularité du président de la république et du gouvernement finit par devenir préoccupante pour la position de la France. En dehors de Christiane Taubira, qui a imposé une forte personnalité place Vendôme, et de Laurent Fabius, dont l'activité quai d'Orsay donne de grandes satisfactions, on a rarement eu autant l'impression d'une équipe plus translucide encore que transparente. C'est ce qui donne appétit à ceux que l'on voit (ou qui se voient) premier ministre à la place du premier ministre.

Il y a d'abord les solutions internes. On pense au premier chef à Pierre Moscovici, qui a un peu d'expérience ministérielle, ayant assumé un portefeuille du gouvernement Jospin dans les années 1990. Mais M. Moscovici a été impliqué dans l'affaire Cahuzac et sa nomination à l'hôtel de Matignon placerait la majorité sous l'épée de Damoclès de nouvelles révélations. Autre candidat pressenti, Michel Sapin, mais sa déclaration de patrimoine est l'une de celles qui ont fait le plus douter de l'évaluation qu'il en donne, et sa promotion aiguiserait (à n'en pas douter) les curiosités. D'ailleurs, on peut se demander si Mosco ou Sapin parviendraient à réorienter d'une façon décisive la politique gouvernementale. Ils en assument chacun sa part et l'on voit mal comment ils pourraient modifier la politique économique et sociale, alors qu'ils sont justement en charge l'un de l'économique, l'autre du social. Donc la solution interne paraît inefficace.

La première solution externe est un coup de barre à gauche. Jean-Luc Mélenchon ne rêve que de ça. Il doit le ressasser en ruminant les réminiscences de ses cours de licence de philosophie. Il se voit déjà en Chavez français, mangeant le président Hollande après lui avoir conquis Matignon de haute lutte, puis nationalisant à tours de bras, fermant les médias qui lui déplaisent, et instaurant un régime populiste de gauche. Cette hypothèse paraît encore moins réaliste qu'efficace dans la perspective dans laquelle se place aujourd'hui le président de la république pour redresser la barre. La solution Montebourg ne serait au mieux qu'un retour aux erreurs de 1981, au pire qu'une mélenchonite au petit pied.

Reste le coup d'éclat. Le président Hollande, dont la ligne personnelle ne coïncide pas avec celle de son gouvernement sur bien des points ("lui c'est lui, moi c'est moi" a dit quelqu'un d'autre en d'autres temps), pourrait prendre l'opinion publique par surprise et imposer une équipe resserrée et transcourant, chargée de changer les règles du jeu en profondeur, d'instaurer par exemple la retraite à points (solution la plus durable pour le régime général), une forte dose de proportionnelle, de réduire drastiquement le nombre des parlementaires (avec un redécoupage des circonscriptions législatives), de tailler au sabre dans le Code du Travail pour le rendre accessible aux chefs de PME, de réformer la fiscalité de fond en comble pour la simplifier dans tous ses aspects. Bref, M. Hollande pourrait, avant de perdre tout à fait pied dans l'opinion publique, tenter un banco et recourir au profil singulier de François Bayrou. Les cartes sont en sa main. Tant qu'il est à l'Elysée, c'est lui qui les distribue. La France attend et espère.

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18/04/2013

Voyoucraties, Etats voyous

La BNP est le premier employeur du Luxembourg. Cette information n'a l'air de rien, mais étant donné l'opacité des pratiques financières du grand-duché, elle pèse lourd. Et du coup, on comprend mieux les mesures d'intimidation (et autres) subies en son temps par le journaliste Denis Robert parce qu'il enquêtait sur l'utilisation d'un organisme de compensation financière (Clearstream) à fin de blanchiment. Tant de moyens de l'Etat mobilisés contre lui, il fallait qu'une puissance financière proche de l'Etat subît le contre-coup de ses investigations. Hélas, il faut donc le constater : la France sait que ses organismes bancaires pratiquent à grande échelle les paradis fiscaux. Mais au fond, on le savait, on connaissait le rôle joué depuis longtemps par Monaco ou plus récemment par Andorre. On le mettait en regard des paradis fiscaux liés à la complexité du système institutionnel britannique : les îles Anglo-Normandes, l'île de Man, voire Gibraltar.

 

Seulement, il faut le dire, avec les îles Caïman, le Royaume-uni passe à une autre échelle. Ce petit archipel, peuplé d'une poignée d'oiseaux de mer et de quelques milliers d'humains, figure dans le peloton de tête des cinq premières places financières mondiales, avec pour but unique les "comptes off-shore", donc la dissimulation financière. Evidemment, on pense tout de suite qu'il y a là un instrument au service de la puissance financière de la City, la place de Londres, mais beaucoup plus que cela, les îles Caïman sont avant tout la preuve d'une véritable course à l'armement, d'une véritable escalade, des paradis fiscaux, ces paradis visant un double objectif : d'une part affaiblir les Etats adversaires, de l'autre mobiliser des masses financières que l'on peut utiliser dans la flibuste de la spéculation financière. Il s'agit de la piraterie de haute mer et, parfois, des corsaires des temps modernes. Avec les îles Caïman, le Royaume-Uni se conduit donc en chef de file des Etats voyous.

 

Course à l'armement, cela signifie équilibre des puissances dévastatrices, équilibre de la terreur. Or il se trouve que comme toute escalade guerrière, cette lutte entre Etats (dont profitent souvent des voyoucraties locales) finit par épuiser les Etats, par les tuer à petit feu. Et cette mort-là est l'une des causes (mais non la seule) de l'anémie de nos économies, privées d'un financement qui leur fait gravement défaut pour investir. Il faut donc féliciter le président Hollande de son intention de s'en prendre aux paradis fiscaux (intention sans doute plus sincère que celle de son prédécesseur), tout en constatant que si la France peut ouvrir la voie en ramenant ses propres institutions financières (et autres) à la raison légale, il en est en ce domaine comme naguère dans celui des armements nucléaires (traité anti-prolifération) : on ne désarme pas seul. Cela se fait à plusieurs. Peut-être des normes de l'OMC sur la domiciliation des sociétés, des comptes bancaires et de leurs détenteurs constitueraient-elles une première étape du désarmement général. Bien entendu, la suppression du secret bancaire et l'instauration d'une coopération généralisée dans l'Union Européenne et dans TOUS les territoires placés sous souveraineté de pays membres de l'Union Européenne ou sous accord d'association avec l'Union paraissent des préalables naturels à ce processus qui contribuera grandement au retour de nos pays à la pleine santé.

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07/04/2013

Moralisation : penser l'information

Au moment où la pétition lancée par François Bayrou pour moraliser la vie politique française a dépassé les 35000 signatures, il convient de réfléchir à quelques-uns des aspects de l'actualité qui motive de nombreux signataires de cette pétition. Tout d'abord, il faut se féliciter que le site Médiapart ait révélé l'étendue de la forfaiture Cahuzac. J'avoue que je n'ai pas cru à cette affaire à ses débuts, d'une part parce qu'elle paraissait incroyable (et elle l'est en vérité), ensuite parce que les dénégations de l'ex-ministre m'ont convaincu. Mais j'ai d'emblée indiqué que j'estimais indispensable qu'une enquête fût ouverte pour éclaircir l'affaire, les accusations étaient assez sérieuses pour réclamer l'investigation. L'enquête a tranché. tant mieux.

Cette affaire suscite l'indignation. Bien entendu, au moment où l'on demande à tout le monde de faire des efforts, constater que des responsables politiques continuent à jongler avec des millions occultes comme au temps de l'argent facile, c'est accablant, démoralisant, et cela mérite sanction dans toute la mesure de la fraude. Le fait que les rocardiens soient impliqués dans l'affaire est une douleur particulière, car nous avons toujours pensé que l'ancien premier ministre avait échappé à la fange commune et, d'ailleurs, son gouvernement a fait entrer de nombreuses dispositions de moralisation de la vie publique dans le droit. M. Cahuzac (et d'autres) ont-ils ensuite transporté les fonds vers d'autres champions que M. Rocard, M. Strauss-Kahn par exemple ?

Je suis donc heureux de l'apport de Médiapart à la liberté et à l'indépendance de la presse en France. Cependant, je trouve que les médias en général deviennent de plus en plus violents. Il n'y a pas que Mélenchon. Et je me rappelle que, dans les années 1930, il existait des organes de presse dont le "métier" (ou le jeu) consistait à faire tomber des ministres comme au jeu de massacre. Un jour, le mot massacre finit par être pris dans un sens littéral, car Salengro se suicida. Et alors, quelqu'un persifla, à propos du journaliste dont la vindicte avait poursuivi le politicien : "A force de patauger dans le sang, un jour le pied lui a glissé". Je ne dis pas qu'il ne faille pas révéler les faits révoltants, mais je dis que nous devons réfléchir à ne pas entretenir une atmosphère de lynchage. Question de style.

L'information, telle que, après des années de publication de documents historiques, je souhaite y participer, n'est pas celle-là. Il lui faut de l'indépendance (et il est vrai qu'il faut veiller à interdire la propriété des médias à des groupes vivant de commandes de l'Etat), il lui faut aussi des objectifs clairement affichés : on a le droit de vouloir une info clivée à gauche ou à droite (ou au centre), mais on a le droit aussi de désirer une info non clivée, c'est celle que je souhaite contribuer à donner. On y trouvera une info plus dense en information, ayant plus de culture et plus de mémoire que d'autres. Une info qui combine l'ambition d'expliquer l'économie de marché libérale avec l'exposition de ses critiques, même de celles que nous ne partageons pas, afin de rendre le citoyen seul juge des enjeux réels des choix qui se présentent à lui. Enfin, une information qui se donnera une hiérarchie des info rigoureuse, voire éthique : pas de people, pas de résultats sportifs, et si nous travaillerons d'abord sur la matière info telle qu'elle sort sur les écrans des lecteurs, nous aurons aussi pour ambition (en fonction de nos moyens) d'envoyer des missions sur le terrain pour témoigner de ceux qui, dans le monde, sont oubliés par l'info mainstream.

Tout cela sera plus facile si le volet "presse et médias" du référendum de moralisation de la vie politique est adopté par le peuple.

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03/04/2013

Cahuzac, de la contrevérité en politique

Dans notre pratique institutionnelle, le ministre du budget est devenu un homme-clef. Alain Juppé passa par ce poste, Nicolas Sarkozy aussi. La chute d'un titulaire de ce portefeuille ministériel a donc revêtu une grande importance dans notre actualité politique. L'aveu qui suit cette chute lui confère une seconde et bien plus considérable encore envergure. Voici un homme qui, il y a à peine quelques semaines, montait à la tribune de l'Assemblée Nationale pour opposer une dénégation très ferme (que je trouvais convaincante) aux imputations de faits délictuels que lui faisait le site d'information Médiapart. Un homme qui, hier mardi, a reconnu ce qu'il a préalablement nié. Il a avoué avoir menti, s'être enfermé dans des contrevérités.

Ah, la vérité. Cet événement intervient sur fond de parution du dernier essai (captivant) de François Bayrou, dont j'ai déjà dit un mot : "De la vérité en politique". Bayrou a été puni par la collusion d'autres Cahuzac, puni d'avoir trop (et seul) dit la vérité sur les vrais enjeux de la dernière élection présidentielle au cours de la campagne. La chute de Cahuzac rouvre une fenêtre d'espérance, de l'espérance que tombent enfin ces réseaux qui détiennent le pouvoir et qui l'exercent mal.

Oui, le PS commence à souffrir de ce déballage, et l'UMP aurait tort de s'en réjouir, car son tour ne tardera pas. Nous retrouvons l'espoir que, au lieu de penser que toute vérité n'est pas bonne à dire, nous puissions constater enfin que toute vérité n'est pas bonne à maudire.

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01/04/2013

Salah Stétié : "La beauté est peut-être le sens de l'univers"

Voici la dernière partie de l'entretien que Salah Stétié a accordé au futur site sur lequel je travaille avec quelques autres (et qui aura besoin de contributions financières).

Je signale d'ailleurs que le mois d'hommage consacré à la Bibliothèque Nationale de France au poète s'achève jeudi par un colloque ouvert à tous, dont voici le lien.

Je recommande beaucoup cette dernière vidéo, car il y est fortement question de poésie et de destin humain.


Salah Stétié - "La beauté est peut-être le sens... par lenouveaucombatfr

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