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21/09/2008

Pour le pluralisme au Sénat.

Le mode d'élection des sénateurs, chacun le sait, brille par son archaïsme. La logique de l'existence de cette assemblée est certes forte : dans un pays, la France, où le pouvoir central est très puissant, il faut une institution qui porte la voix des pouvoirs locaux. Cette fonction de résistance a longtemps fonctionné sans heurt. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.

Tout d'abord, l'État se retire des territoires (sans doute pour préparer une évolution vers un fédéralisme régional) et le Sénat n'y peut rien ; qui pis est : il ne fait rien de notable pour s'y opposer, dominé qu'il est par la logique majoritaire. Un Sénat aux ordres du pouvoir central, c'est le monde à l'envers.

Ensuite, les sénateurs n'ont pas le monopole de la représentation locale, ils la disputent aux députés et aux grands élus locaux que sont les présidents de départements et de régions et les maires des grandes villes et présidents de grandes agglomérations.

Enfin, la résistance des pouvoirs locaux est désormais incarnée par la gauche, qui a repris la fonction longtemps assumée par l'UDF. Aujourd'hui, le parti des territoires, avec ses qualités et ses défauts, c'est le Parti Socialiste. Or le Sénat n'a pas de majorité dominée par le PS.

Celui-ci crie au scandale, avec d'ailleurs des raisons, car les petites communes n'ont pas besoin d'une assemblée parlementaire rien que pour elles. L'équilibre entre les différents type de collectivités locales est mauvais, chacun le sent bien. Cependant, étant donné la façon dont les groupes politiques fonctionnent en France, ce dont le Sénat a besoin, c'est surtout d'une majorité flottante, d'un pluralisme réel. Ainsi les langues seraient-elles libres et les votes en conscience.

Il n'est pas normal qu'un tiers seulement des sénateurs soit élu à la proportionnelle et qu'ils le soient dans le cadre départemental : une proportionnelle sur quatre sénateurs garantit en fait le pouvoir des grands partis et n'offre rien aux petits. Dans un cadre régional, sur quinze ou vingt sénateurs, la proportionnelle jouerait réellement.

Souhaitons en tout cas que le scrutin d'aujourd'hui renforce les petits groupes et crée de l'instabilité et de la pluralité au Sénat.

Comme je l'ai déjà dit, je ne serais pas malheureux que se crée un groupe démocrate.

05/07/2008

Le MoDem entre âge des cavernes et pluralisme.

Souvenons-nous de la joie que nous avons eue avec Quitterie Delmas en janvier dernier : enfin, le temps des candidatures uniques était révolu. Enfin, il y avait plusieurs listes, chacune avec sa vision, son identité, aux élections internes, fait inouï au temps de l'UDF telle que nous l'avons connue.
 
C'était une vraie satisfaction.
 
Hélas, où en sommes-nous ?
 
Peut-il y avoir un retour à l'âge des cavernes ? un retour au temps des motions uniques, des candidatures uniques ? Mais alors, il y a fort à parier que ces cavernes prendront un sens fort platonicien de théâtres d'ombres...
 
Il faut donc travailler à ce que le débat puisse se faire.
 
Pour cela, je ne suis pas certain que la hargne procédurière d'Éric Julliard soit la mieux inspirée. Un personnage qui est (dit-on) capable de menacer (sur e-soutiens) un autre militant de poursuites judiciaires parce que celui-ci a osé révéler ce que tout le monde murmure, qui est que le ténébreux correspondant anonyme qui vomit bile et pus sur Bayrou depuis un an sur e-soutiens n'est autre que Julliard lui-même, un tel personnage ne peut guère s'attirer la sympathie, d'autant moins d'ailleurs que l'argument avec lequel il le fait tient du plus haut ridicule : cette levée d'anonymat serait un traitement informatique au sens de la loi Informatique et Liberté... et pourquoi pas une diffamation ? Tout cela est ridicule.
 
Disons les choses franchement : le rejet de la motion Julliard pour des raisons de forme est absurde. À titre de comparaison, le Conseil d'État, lorsqu'il a à connaître de décisions dont les signatures sont un élément substantiel, ne rejette pas ces décisions, mais soumet leur validité à régularisation. Autrement dit : "dès que j'aurai connaissance des vraies signatures, je validerai".
 
Cette position intelligente aurait pu et dû inspirer le Comité de Conciliation et de Contrôle.
 
En temps normal, on dirait que l'erreur commise par cette autorité en se raidissant profite à son adversaire qu'elle victimise. Ce n'est cependant pas le cas cette fois-ci. Car il y a une erreur d'analyse profonde chez Julliard et ses amis : ils croient qu'existe un mécontentement refoulé des adhérents du MoDem. Ils croient se faire les porte-paroles d'une vox populi qui dit la vérité que les autres n'osent pas formuler, bon peuple écrasé par l'infâme tyrannie exercée par Bayrou.
 
C'est une erreur totale : ceux qui étaient mécontents l'ont su très vite, dès l'automne dernier et s'en sont allés depuis cette époque, ils ne s'intéressent plus guère à nos affaires. Et d'après ce que je lis sur le taux de réadhésions, ils étaient très minoritaires déjà. Rappelons-nous qu'en janvier, la liste Branaa, sur cette ligne, en Île de France, a fait 10 % des voix seulement.
 
Pour beaucoup d'adhérents, Bayrou a subi tant de manoeuvres dans le passé, qu'on ne doit pas se formaliser trop de ses façons de procéder à l'intérieur même du MoDem : un excès de formalisme finirait par bénéficier à Sarkozy. C'est ce que la majorité de ceux qui se tiennent informés pensent à mon avis, sans compter ceux qui suivent la vie interne avec une distraction pressée. Pour eux, tout ça n'est pas bien grave, il y a un consensus pro-Bayrou dans le MoDem et une conviction que la division réelle ne peut que lui nuire.
 
C'est d'ailleurs ce qu'il a dit lui-même lors du café démocrate auquel l'excellente Quitterie l'a invité à l'automne dernier : "quand tu montres tes divisions, tu es mort".
 
Nous revoilà donc au noeud du problème : le pluralisme.
 
Comment faire en sorte que le pluralisme ne soit pas la division ? Je crois que c'est en étant de bonne foi et que c'est ce qui a manqué aux récents épisodes, de part et d'autre : la bonne foi.
 
Mais il y a un aspect institutionnel aussi : les articles du règlement intérieur et des statuts qui prévoient la consultation des adhérents ne disent pas que plusieurs consultations connexes soient forcément exclusives les unes des autres. Autrement dit, les adhérents ont la faculté de voter à la fois pour la motion Bayrou et pour la motion Julliard si celle-ci est validée. C'est une lacune : il faudrait qu'il puisse y avoir une consultation où certaines motions soient en alternative, ce serait plus clair.
 
Enfin, je dois dire que je ne comprends pas que les Julliard boys n'aient pas rédigé leur motion sur le seul point de fond qui les différencie vraiment de Bayrou ces jours-ci : le règlement intérieur. Étant donné qu'ils ont bataillé ferme pour un règlement alternatif, jurant sur tous les dieux qu'ils étaient plus légitimes que Bayrou pour le rédiger, passer à autre chose comme du coq à l'âne ne peut que les exposer au qualificatif d'incohérents. De surcroît, ç'aurait été plus simple, premettant aux adhérents qui l'auraient souhaité de dire clairement "je désavoue Bayrou", ce que ne leur permet pas la motion Julliard qui noie le poisson.
 
Bonne foi, clarté, voilà donc deux exigences minimales pour nos adhérents, pour un fonctionnement de bonne qualité de notre mouvement.
 
J'ajoute par ailleurs que je vourais savoir qui est le dénommé Zauberman que Bayrou aurait fusillé en direct au Congrès et qui est si important que Quitterie m'en a alors parlé et d'autres après elle depuis.
 
Voilà, je crois avoir tout dit de ce que je pense : que le CCC et Bayrou pratiquent la clémence d'Auguste, qu'en face on choisisse la clarté constructive plutôt que la démolition en gros et en détail, et nos modémistes pourront enfin s'occuper de l'essentiel : la critique de la politique de la France par la droite inégalitaire.
 
Un vrai sujet. Enfin.