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26/04/2012

La courageuse campagne de François Bayrou

Voilà, déjà quatre jours que le premier tour est passé. Quatre jours après le premier tour de la présidentielle 2012, nous avons la preuve éclatante que notre candidat aurait été le meilleur candidat de second tour, hélas les électeurs n'ont pas cru en lui.

Je suis en Bretagne pour quelques jours, à la recherche d'une pièce comptable enfouie dans une cantine du grenier, et j'ai tout entendu depuis que je suis ici, de la part de ceux qui devraient avoir voté pour lui. Une marchande, au marché, me dit :

- D'habitude je vote pour lui, mais non, là, j'ai changé. Je ne comprends pas pourquoi il ne perce pas.

L'intéressée, n'était la politesse, méritait, au choix, une double paire de claques ou un vaste coup de pied au cul. Évidemment, si ceux qui ont envie de voter pour lui ne le font pas, il ne perce pas, forcément ... C'est le même raisonnement que ceux qui ne votaient pas pour lui parce qu'il ne pouvait (selon eux) pas être au second tour, et qui préféraient voter pour Sarkozy, lequel pouvait certes figurer au second tour, mais avec le destin inexorable d'y rester scotché.

J'ai l'impression qu'outre la langue française et le calcul mental, il faudrait redynamiser l'enseignement du cartésianisme dans les petites classes, parce que la belle logique française part à vau-l'eau.

Encore plus fort ceux qui, après l'avoir plusieurs fois écouté à la télévision, n'ont pas remarqué qu'il proposait de baisser les dépenses publiques. Ou bien, on est persuadé que c'est d'abord le nombre des fonctionnaires qui peut produire une diminution réelle de ces dépenses publiques (alors que cinq ans de sarkozysme ont démontré le contraire), car au fond, on ne se dégage pas d'un préjugé anti-fonctionnaires. Mais surtout, en sondant, on s'aperçoit que n'est pas plus sourd que celui (ou celle) qui ne veut pas entendre. En réalité, celles et ceux qui n'ont pas entendu ses propositions ne voulaient pas les entendre, car elles contredisaient trop leur espoir déraisonnable dans une solution devenue impossible, elles contredisaient leurs préjugés aussi. Oui, le déni, le déni de la réalité du monde dans lequel nous vivons. Vote-t-on pour Cassandre ?

Voilà, un grand désarroi règne ici sur le flanc droit du vote bayrouiste, à se retrouver en tête à tête avec le choix entre l'insupportable Sarkozy ("on n'a pas le choix", se lamente une dame qui veut marquer son opposition à la gauche et qui aurait préféré Bayou, ou Fillon, ou à la rigueur Juppé) et l'inacceptable Hollande, dont on craint les décisions antiéconomiques, le dirigisme à l'ancienne, bref le retour de mai 1981, l'égalitarisme aveugle.

Le flanc plus romantique espère que Bayrou trouvera le moyen de rester sur l'Aventin, ce qui suppose qu'il obtienne un groupe de vingt députés au moins à l'Assemblée nationale sans se prononcer pour Hollande (à vrai dire, je crois n'avoir rencontré personne qui souhaite ou qui seulement s'imagine qu'il puisse appeler à voter pour Sarkozy). Il flotte encore une légère flamme dans les yeux de ses admiratrices quand elles l'envisagent repartant dans le tonnerre sur son fidèle Tornado, en ayant déjoué les redoutables pièges de la réalité politique.

Et puis dans l'aile gauche du vote bayrouiste, ici, parmi celles et ceux que j'ai rencontrés, l'espoir que Hollande saura tenir serrées les rênes des finances publiques, enjeu perçu comme crucial, et l'indifférence à l'éventuel appel de Bayrou pour le champion du second tour, la confiance intacte au fond, et la conviction que la bataille est jouée pour 2012, et que ce qui importe pour Bayrou, c'est la suite, un groupe à l'Assemblée, on le comprend bien.

Enfin, Hollande peut-il restaurer la confiance ? Je le souhaite pour notre pays, pour la France. Je pense que le second tour lui est acquis, qu'il va entrer à l'Élysée, mais je doute fort qu'il reçoive la sacro-sainte confiance des bas de laines, celle qui transforme le marasme en cocagne, ce n'est pas ce que j'entends pour le moment, la perception qu'il donne est plus celle du couteau entre les dents, ou du flou artistique, que celle du restaurateur de la vertu publique. Il lui appartiendra de s'affirmer dans ce rôle, il aura beaucoup à y prouver d'après ce que je crois avoir écouté, mais en fait, nous avons à le découvrir.

Finalement, j'ai l'impression que le choix éventuel de Bayrou pour le second tour est plus redouté qu'attendu, redouté pour lui dont l'image est intacte parmi ceux qui lui veulent du bien et qui n'ont pas tous voté pour lui. L'abdication que constituerait pour lui la descente dans l'arène serait l'échec de la résistance, une de plus, à la pesanteur des réalités.

J'ai vu passer des efforts de François Hollande dans le sens de la moralisation de la vie politique (une hypothèse de faire passer le non-cumul par référendum si les élus s'y opposent). Qu'il continue dans cette voie, bravo, il peut se le permettre. J'ai vu aussi les propos de Sarkozy, démentis par lui, le jeu avec le feu, l'emploi déshonorant de la rhétorique nazie, qui ne déshonore pas seulement lui-même, mais la droite qui le soutient et la France qui le subit.

Pour l'économie, Sarkozy avait déjà fait des promesses de sagesse budgétaire entre les deux tours de 2007, pour gagner les voix des centristes, mais il n'en a pas tenu une seule. Le PS, lui, semble pencher pour la désastreuse relance par la dépense publique. Au mieux, on peut imaginer qu'il envisage la proposition de Delors d'un plan européen d'équipements de transport pour soutenir la conjoncture. Je n'y crois pas, je pense que ce plan est plus risqué que fructueux, mais ce n'est pas ce qu'ils pourraient projeter de pire. Cela ne doit pas nous exonérer d'une gestion budgétaire restrictive, ni d'un objectif de réduction des dépenses publiques. 

Pour François Bayrou, reste à regretter que sa courageuse campagne n'ait pas permis de secouer le linceul de déni que les Français ont drapé sur l'impérieuse pression de la réalité. Pas un instant, il n'a dévié de sa voie, pas un instant il n'a cherché à travestir les faits. Cette constance dans la vérité mérite non pas récompense mais consécration. Hélas, souhaitons qu'il ne faille pas des circonstances aussi dramatiques que l'ont été la guerre de 14 pour le marginal Clemenceau et la guerre de 1940 pour le marginal Churchill. Il ne devrait pas falloir des circonstances exceptionnelles pour que puissent s'exprimer les tempéraments exceptionnels.

Je le sens en tout cas à la disposition de la France au moment où notre pays s'engage dans le tourbillon des infinies turbulences. Et je serai attentif à ses choix.

 

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19/04/2012

Bayrou et sa troisième

La première campagne présidentielle dont j'ai été le témoin était celle de 1981. Je penchais pour Giscard d'Estaing, j'aimais son style gestionnaire et sobre. J'entendais cependant murmurer, dans la cour du lycée Janson, à Paris, où je me trouvais en classe de première, toutes sortes de ragots peu flatteurs sur lui, sur sa façon d'être surtout, mais cela ne me troublait pas et la plupart était évidemment faux. Dès mai 1981, j'ai su que Jacques Chirac avait mené un double jeu, indiquant officiellement qu'il voterait pour VGE au second tour, cependant qu'il faisait passer une circulaire où il donnait consigne officieuse de faire battre VGE. Le jour du second tour, j'accompagnai mon père qui votait dans le XIVe arrondissement de Paris et qui, lui, votait Mitterrand en sifflotant.

Pour la présidentielle suivante, j'ai joué un rôle actif de la pré-campagne. J'appelais de mes vœux (comme on dit) la candidature de Raymond Barre, et je fus assez heureux pour être la cheville ouvrière (sous l'autorité amicale d'Éric Azière qui s'occupe d'investitures pour Bayrou aujourd'hui et de Bernard Sananès qui dirige un institut de sondages chez Bolloré) de l'Université d'Été où, à Hourtin, en Gironde, Raymond Barre déclara sa candidature, début septembre 1987. J'ai conservé le verbatim de la conversation que nous eûmes à huis clos, Barre et nous, le bureau national des JDS (les jeunes associés au CDS, notre parti-mère). Barre nous parla de la vie de premier ministre, commenta divers événements, promit aussi de revenir à l'Université d'Été suivante "quoi qu'il arrive" (promesse qu'il tint), expliqua diverses positions, et la conversation se fit intense lorsqu'il évoqua d'abord les suites du scrutin ("je ferai une majorité nouvelle", ce qui montrait qu'il dissoudrait l'Assemblée en cas de victoire, et "cette majorité s'exprimera à tous les niveaux", ce qui signifiait qu'il comptait remodeler le paysage partisan en profondeur et présenter des candidats aux municipales suivantes par exemple). Il précisa enfin que son objectif principal était de mettre fin à "la mise en coupe réglée de l'État", dont il dit explicitement qu'elle était "pire" avec le RPR qu'avec le PS, ce qui pouvait valoir consigne officieuse de second tour en cas d'échec au premier. Un mois plus tard, je partais pour le service militaire, mes classes à Cambrai, puis le détachement de la base aérienne de Creil et enfin l'état-major de l'armée de l'Air, à Balard, dans le XVe arrondissement de Paris où, attaché à la bibliothèque juridique de la direction du personnel militaire de l'Armée de l'Air (DPMAA), je rédigeais des notes pour le général commandant cette DPMAA. Ma participation à la campagne s'en trouvait forcément affaiblie, je me trouvais bloqué sur base d'octobre à février et ne pus atteindre Balard que courant février, alors que la cote de Raymond Barre, au plus haut avant mon départ, plongeait dangereusement. J'ai fait quelques collages d'affiches, j'ai participé officieusement à des réunions, mais mon statut d'appelé du contingent m'interdisait en principe d'en faire trop. Finalement, Barre ne passa pas le premier tour, appela  officiellement à voter pour Chirac au second, mais une bonne partie de ses électeurs se reporta sur Mitterrand, qui fut réélu.

En 1995, l'UDF n'avait pas de candidat. Les partis qui la composaient se montraient divisés : les deux principaux soutenaient Balladur (qu'escortait la silhouette patibulaire de Pasqua), mais la vieille garde, VGE, Barre et Monory, penchait pour Chirac. Je fis campagne pour ce dernier, suivant logiquement mon engagement aux côtés de Claude Goasguen commencé lors de la campagne interne pour la présidence du CDS où nous avions soutenu Bayrou à l'automne 1994. De décembre 1994 à mai 1995, je fus donc vissé au bitume du XVIe arrondissement, à distribuer des tracts. Une station de métro le matin vers 8 heures, un marché de dix heures à midi, une autre station de métro de six à sept le soir. Le week-end, pas de métro le matin, mais quatre heures de marché d'affilée. Ce sont les six mois les plus fatigants de mon existence. Nous avons démarré avec un Chirac à 12% et avons terminé avec le même Chirac à l"Élysée. Cette expérience très intense du terrain, pour épuisante qu'elle ait été, m'a donné le goût du tractage, que je fais chaque fois maintenant avec le même plaisir.

Il en fallait, d'ailleurs, pour la campagne suivante, en 2002, car la candidature de Bayrou avait du mal à accrocher dans le XVIe arrondissement où la droite dure était devenue reine. Je fis cette campagne avec désinvolture, ayant eu du mal à me réintéresser à la politique après mes six années de mandat municipal terminées en 2001. Je me trouvais en quelque sorte en état de sevrage. Le score de Bayrou fut décevant, cette fois-là, mais au fond, il me semblait que cette modestie de son entrée dans le cercle présidentiel lui donnait plus de liberté. Elle lui ôta en tout cas la majeure partie de ses élus.

En 2007, la campagne devint assez vite folle. Je la fis sur internet surtout. Là, les foules sentimenrales des bobos et des énervés s'étaient emparées de la candidature de Bayrou d'une façon phénoménale et quasi-tourbillonnaire. Nous en devenions un peu fous. On disait qu'il y avait soudain du gourou dans Bayrou, et je retrouve cette dévotion excessive des foules dans la façon dont les mêmes bobos et énervés, portés cette fois-ci sur Mélenchon, s'adressaient à celui-ci voici quelques jours encore. C'est profondément malsain et je comprends que les anciens UDF aient pu être effrayés par le tour pris par les choses en 2007. Soit dit en passant, les mélechonnistes d'aujourd'hui doivent être conscients que si leur idole est cul-et-chemise avec le sulfureux Patrick Buisson, cela ne peut pas être bon signe. Bref, nous avons vécu une campagne homérique, portée essentiellement sur les sujets sociétaux, passionnelle, qui a abouti à un véritable raz-de-marée de participation électorale, et dont nous gardons mille souvenirs émouvants.

Et voici cette étrange campagne 2012. Un Sarkozy grillé d'avance, qui a fait campagne à la droite de la droite de sa droite, un Hollande qui a géré l'avance que lui donnaient les sondages, une Le Pen mêlant stratégies sulfureuses et fautes de néophyte, un Mélenchon tonitruant parvenant à faire oublier que ses pères spirituels sont coupables d'au moins autant de massacres politiques qu'Adolf Hitler. Et puis, notre Bayrou, rescapé des scores terribles obtenus par le MoDem aux élections locales, et menant une campagne sérieuse, concentrée. Depuis début mars, je n'ai plus suivi grand chose de cette campagne, m'étant voué à la remobilisation des sympathisants autour de notre candidat. Depuis ce temps, à l'exception de trois jours consacrés à un deuil familial, du dimanche de Pâques et du jour du meeting de Rennes où je suis allé, j'a passé huit heures par jour à téléphoner au vaste fichier de ceux qui, à un moment ou un autre, depuis 2007, ont signalé leur sympathie à Bayrou.

Je crois que j'ai passé près de dix mille coups de fil. Plus de sept mille fois, j'ai simplement laissé un message sur un répondeur. Le reste du temps, j'ai parlé avec des gens qui, pour leur écrasante majorité, continuaient à soutenir la candidature de Bayrou depuis 2007, des gens de partout : Île de France, Languedoc-Roussillon, Franche-Comté, Bourgogne, Normandie, Bretagne, Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais. Le taux d'efficacité de ce fichier, je puis l'affirmer car celles et ceux qui téléphonaient avec moi l'ont constaté comme moi, était supérieur à 75 %. Autrement dit, comme l'écrasante masse des noms de ce fichier provenait de la campagne de 2007, plus de 75 % des soutiens anonymes de Bayrou continuaient à suivre son chemin. Bien sûr, il y en avait qui s'étaient éloignés, mais la plupart lui revenaient de gaieté de cœur. La surprise entendue parfois chez des gens qui secrètement se portaient de nouveau sur Bayrou et qui ne s'attendaient pas à ce que, chez Bayrou, on le sût, car depuis cinq ans, on ne leur avait pas fait signe, restera un des grands moments de fraîche et franche joie politique auxquels il m'a été donné d'assister.

Et cette campagne restera la plus athlétique que j'aie eu à faire depuis 1995 : j'ai perdu trois kilos !

Maintenant, j'ai fait ce que j'ai pu, c'est aux électeurs de décider si Bayrou est au second tour, et donc s'il gagne, ce que je souhaite.

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17/04/2012

Bayrou, vote doublement utile

À quelques jours du premier tour, les jeux semblent faits. Des représentants de l'équipe de campagne d'Obama, qui sont passés par Paris la semaine dernière ont assez bien résumé ce qui a fait la campagne jusqu'ici : "quand il y a un sortant, l'élection se résume forcément à un référendum pour ou contre lui".

Les sondages ne sont pas l'élection, mais force est de constater que, par exemple, durant les six mois qui ont précédé le scrutin de 1988, Chirac a été scotché à 46-54, qui fut son score final. De même, en 2007, de janvier à mai, Ségolène Royal est embourbée à 47-53, qui fait son score final. Il y a des mois que Sarkozy oscille autour de 45-55.

Qu'on ne s'y trompe pas : si Hollande bat Sarkozy, il bat aussi Le Pen et Mélenchon, il bat tout le monde, sauf sans doute Bayrou. Ce dernier lui tient tête dans les rares études publiées, et d'ailleurs en popularité pure. En termes de crédibilité et de sincérité, Bayrou est loin devant.

Or si les sondages du second tour sont très statiques et fiables, il en va tout autrement pour ceux du premier tour, où l'on observe des courbes hyperboliques de différentiels de plus de 10 points dans les 48 heures qui précèdent le vote. Rien n'est donc joué et il faut donc le dire et le répéter : au second tour, Le Pen est battue par tout le monde, Mélenchon est battu par tout le monde sauf par Le Pen, Sarkozy est battu par tout le monde sauf par Mélenchon et Le Pen, Hollande bat tout le monde sauf Bayrou, et Bayrou bat tout le monde.

De ce fait, puisque Hollande est tellement en tête, eh bien, si l'on veut que le second tour serve à quelque chose, il faut y propulser Bayrou. Celui-ci est donc le vote utile à la fois de ceux qui veulent déverrouiller le clivage gauche-droite et de ceux qui veulent éviter la prise de pouvoir du PS.

C'est le double effet Bayrou, en quelque sorte l'effet Konami du premier tour.

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08/04/2012

Le PS contre la réunification de la Bretagne ? Haro !

Pour celles et ceux qui l'ignorent, la Bretagne historique, celle qui a conclu un traité avec le roi de France, incluait l'actuel département de la Loire-Atlantique. Il y avait d'ailleurs, dans ce département, toute une population d'expression bretonnante, en particulier sur la côte et dans les îles. Pour diverses raisons (toutes mauvaises), le maréchal Pétain, pendant l'Occupation, décida d'amputer la Bretagne administrative du département qu'on appelait encore Loire-Inférieure. Et depuis sept décennies, les Bretons réclament leur réunification. (EDIT : j'ajoute ici un lien avec le site du collectif 44 = Breizh).

Il arrive que je sois d'accord avec les positions officielles de la droite (beaucoup moins avec Sarkozy qu'avec le reste de la droite), il arrive que je sois d'accord avec celles de la gauche, PS en particulier. Et il arrive que je sois en total désaccord avec les uns ou les autres. Le cas de la réunification est plus complexe : Sarkozy s'est prononcé pour, et la gauche bretonne s'est prononcée pour, mais celle de Nantes est contre, et son candidat à la présidence de la république a opté pour le contre.

Il se trouve que François Bayrou, j'en suis content (kalon vat !), s'est prononcé pour et qu'il est un candidat susceptible de rassembler toutes les sensibilités qui optent pour la réunification. Il y aura donc, mardi, lors du grand meeting de Rennes, un moment fort pour protester contre la position du candidat Hollande. Cela ne signifie pas qu'un projet d'alliance avec Sarkozy en découle (à Dieu ne plaise), mais qu'il y a une possibiliré de pousser un cri de colère pour soit ramener le PS à la raison soit pousser, à travers la candidature de Bayrou, un projet de réunification qui relève de la simple justice historique.

Rendez-vous donc sur l'esplanade Général de Gaulle à 18 heures 30 au son de "Breizh ma bro !"

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05/04/2012

Stop ! halte au feu !

Voilà, il faut quand même que ces choses soient dites, puisqu'internet est le lieu où la langue de bois peut être brisée.

Il y a des gens, probablement de la gauche extrême (mais avec le soutien logistique d'une certaine droite), qui se sont emparés de la candidature de Bayrou en 2007, que l'on a retrouvés sur celle de Cohn-Bendit en 2009. Je me souviens d'avoir entendu en 2009 dans la bouche de ce dernier des phrases copiées-collées de ce que j'avais entendu chez Bayrou deux ans plus tôt, et dans la bouche de Cécile Duflot celles que prononçait l'égérie des Jeunes Libres en 2007, mot pour mot, syllabe pour syllabe. Je n'ai guère écouté les discours de Mélenchon, cette fois-ci, mais d'où je suis, je suis certain qu'une recherche des mots-clefs fournirait le copié-collé, avec sans doute Clémentine Autain dans le rôle plus tôt dévolu aux deux précédentes.

Le but de ces gens qui s'emparent des candidatures est apparemment d'affaiblir la gauche dite de gouvernement. Perso, je n'ai pas d'action dans celle-ci, mais j'aime bien que l'on dise la vérité et il me semble qu'il y a là des procédés aussi habiles que déloyaux. Dans le cas de Bayrou, nous étions excusables de ne pas le comprendre, mais puisque c'est la troisième fois, il est temps de crier halte au feu.

Il y a donc un exemple d'un kit extrêmement efficace de manipulation des masses, grandeur nature, qui n'a rien à voir avec la démocratie et qui menace celle-ci avec le particulier raffinement pervers de placer ses plus belles valeurs en exergue.

Et la qualité de l'embrigadement est telle qu'il est presque impossible d'introduire de la réalité dans le tourbillon passionnel levé par ce procédé. Il faut tout de même remarquer que, porté à 18 pour Bayrou, il n'est plus monté qu'à 16 pour Cohn-Bendit. Irait-il aussi haut cette fois-ci ? Pas sûr. Je suis en tout cas triste, car cette vampirisation de l'élection participe à l'opacité du débat et à l'oubli des grandes questions que ce débat devrait poser.

Et finalement, il ne changerait rien, à mon avis.

J'ajoute bien entendu que je reste sur la ligne de Bayrou, en particulier pour ses motifs les plus singuliers et urgents : le redressement des comptes publics (la dette pèse sur les générations futures), l'indépendance de la justice et celle de la presse et des médias.

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03/04/2012

Point de grands candidats, tous égaux !

Holà, messieurs d'en haut, marquis empoudrés de la politique française, redoutez la colère de votre peuple. Vous vous croyez plus au-dessus des lois. Comment ? on vous contraindrait à débattre avec la piétaille des candidats, avec des Poutou, avec des Arthaud, et même (fi donc !) avec ce manant de Bayrou qui veut vous ôter votre sacré pouvoir sur les juges et les médias ? Palsambleu ! quelle outrecuidance ! Comment ? vous ? vous, les maîtres de l'Olympe ? vous qui pouvez, d'un trait de plume, jeter des milliers de familles dans la détresse (et qui ne vous en privez pas, d'ailleurs), vous commettre à coudoyer les cheminots de Mélenchon et les trimardeurs de Dupont-Aignan ? Comment ? vous ? au milieu du commun ? sans perruque ? sans poudre de riz ? sans parfum dans un mouchoir de dentelles pour protéger vos précieuses narrines ? sans les insignes de la supériorité que vous confère votre empire sur les sondages ? vous ? comme des roturiers ?

Eh oui, marquis de Hollande, comte de Sarkozy, il faudra vous y faire : tous égaux, c'est la loi. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, même les candidats à la présidentielle. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune, à laquelle les sondages n'appartiennent pas. Et craignez, si vous n'obtempérez pas à cette exigence modeste, que le peuple vous en présente de plus sévères. Tremblez.

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01/04/2012

Les points forts de François Bayrou

Dans cette campagne présidentielle qui touche maintenant à sa fin, François Bayrou a imposé deux au moins de ses points forts : d'abord, sur la dette et l'économie, ses propositions sont celles qui donnent le plus confiance à l'opinion publique. Dès le début, il était le plus rassurant, il l'est resté. Il est la référence, celui qui a su avant les autres, le plus qualifié. Ensuite, sur la moralisation de la vie politique, il avance les propositions les plus complètes et les plus précises, aussi bien par exemple dans le domaine de l'indépendance de la justice que dans celui de l'indépendance des médias. Ce deuxième domaine est d'ailleurs la part romantique de son programme.

Disons tout de suite que ce romantisme, qu'il avait parfaitement intégré à sa campagne de 2007, est capté par Mélenchon cette fois-ci, on verra jusqu'où. Le "centrisme révolutionnaire", concept de campagne magnifique inventé par le génial Jean-François Kahn, avait nourri une campagne très capiteuse, très fleurie, souvent émouvante, passionnante, et pleine de références à la part romantique de la politique, avec l'inconvénient que cette part romantique avait fini par vampiriser la candidature de Bayrou au point de donner l'impression qu'il n'avait pas de programme. C'était un candidat de l'utopie, selon l'opinion commune, sauf pour la presse économique et financière (dont le romantisme n'est pas l'ordinaire) qui y trouvait au contraire les éléments les plus convaincants.

Cette fois-ci, de ce programme romantique, il ne reste presque que le socle le plus indispensable : l'indépendance des deux pouvoirs judiciaire et informatif. Bayrou s'est concentré sur son programme. On en a bouffé, de la dette, du produit en France, des milliards d'économies et d'impôts nouveaux. C'était juste sans doute et le candidat finira par capitaliser sur son courage, mais en période de crise, ce n'était pas aussi prometteur d'espoir que son joli livre de l'été le laissait espérer.

Bayrou pouvait-il reprendre le concept de centrisme révolutionnaire ? sans doute pas. Une partie de son électorat de 2007 l'a jugé depuis trop à droite, ami du système. Et pourtant, le programme de Bayrou est évidemment à ranger encore dans le camp de la révolution, ce pour une raison très précise : seule la vérité libère.

Il faut dire aussi que les souffrances très profondes infligées par Nicolas Sarkozy à la France ont un peu faussé notre regard sur la politique, nous sommes un peu plus craintifs qu'en 2007. Cependant, on ne fait pas une campagne seulement sur sa crédibilité, non plus que sur son bilan, on ne fait pas une campagne en prenant des poses de sénateur comme l'avait fait Balladur avant de sombrer dans le ridicule en dansant sur les tables, passant brusquement d'un extrême à l'autre.

François Bayrou, en relançant le thème de la moralisation de la vie politique a prouvé qu'il restait dans le jeu. Ira-t-il plus loin dans ce domaine ? La foudre et le rire sont deux armes qui peuvent transformer sa statue du Commandeur en stature de commandant.

Et alors, vraiment, se fera ce qu'il a promis en 2007 : une révolution.

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