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30/03/2013
Mélenchon insulte le peuple et joue avec le feu
Victor Hugo, dans l'un des poèmes des "Contemplations" dont je reproduis un extrait parmi les pages de garde de ce blog, qualifie le peuple : "le peuple sévère". Que juge le peuple sévère, dans ce poème ? Une fille-mère devenue prostituée par la nécessité, une fille pas convenable devenue pas respectable, le résultat apparaissant seul dans sa situation, et non sa cause hélas. De fait, la respectabilité (toute apparence) est une valeur cardinale pour le peuple, en France. On n'y voit pas les gens modestes enseigner la grossièreté à leurs enfants. Et d'ailleurs, les débuts du Front National dans certaines banlieues populaires, voici une trentaine d'années, venaient de comportements qui n'y étaient pas jugés respectables. Ce sens de la respectabilité du peuple était traduit d'une façon imagée par le Général de Gaulle, qui estimait que (on avait à l'époque la femme au foyer, et elle l'est encore plus souvent chez les ouvriers que dans beaucoup de catégories de la population), Madame n'aimait pas que, dans sa cuisine, on mît "les pieds sur la table". Or Mélenchon, lui, décide qu'il faut mettre les pieds sur la table.
C'est d'ailleurs toute la différence entre l'extrême gauche non stalinienne (dont il vient) et l'extrême gauche héritière des staliniens : au PCF (Parti Communiste Français) de Thorez et ses suiveurs, on se tenait bien, tandis que les trotskystes prônaient, dans tous les sens du terme, l'anarchie. Je ne suis pas souvent d'accord avec la CGT (sauf quand elle promeut le train contre des modes de transport plus polluants), je n'aime pas sa conception des relations sociales dans l'entreprise, je désapprouve la plupart de ses coups de force, et je n'aimais pas l'inféodation du PCF à Moscou, mais j'ai eu des instituteurs communistes qui nous ont inculqué d'authentiques valeurs de travail, d'effort, de république, d'honnêteté, de rigueur personnelle, d'ambition éthique. Mélenchon me paraît insulter tous ceux-là, il me semble qu'il tire sa confédération, le Front de Gauche, vers une forme de socialisme haineux et brutal qui a porté Mussolini au pouvoir. On n'est même plus dans le populisme ni dans la démagogie : avec ses éructations, Mélenchon en appelle aux pochtrons en mal de bistrot, aux égorgeurs en mal de forfait, aux sbires patibulaires d'un Babeuf qui confondrait justice et vengeance, punition et pogrom. Il fait du sarkozysme de gauche. Et même pire.
Or dans le monde dans lequel nous vivons, tout boursouflé de tentations génocidaires et de pulsions homicidaires à grande échelle, tout envahi des poussées des extrêmes droites de tout poil, ce que fait Mélenchon s'appelle jouer avec le feu.
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29/03/2013
Hollande a-t-il pris toute conscience de la nature de l'époque ?
François Hollande a fait hier soir une heure de télévision de meilleure qualité que les précédentes. Même si l'on peut lui trouver le regard parfois triste, voire figé par la panique, il a démontré qu'il tenait compte des agacements de l'opinion publique quant à l'action du gouvernement et il a tenu à rappeler que l'Etat n'avait pas d'autre pilote que lui-même. Le "Canard Enchaîné" expliquait la veille que le président de la république avait mis fin aux fonctions du ministre Jérôme Cahuzac en un seul coup de fil, façon de montrer son envergure de chef capable de trancher vite et n'ayant pas besoin de répéter ses ordres pour qu'ils soient exécutés.
Hélas, il a eu un aveu terrible : il a indiqué qu'au moment de son élection, il savait l'existence de la crise, mais qu'il n'avait pas prévu qu'elle durerait, parce qu'il n'avait pas compris sa nature. Cet aveu, inévitable à mon avis, jette un doute considérable sur la suite de son action, car il démontre la faiblesse de son anticipation. Pire encore : il discrédite toutes les mesures annoncées par lui lors de sa campagne, puisque, de son propre aveu, il n'avait compris ni la nature ni l'envergure de la crise. Il y a donc une contradiction formelle entre cet aveu et le fait qu'il explique ensuite que les "outils" pour résoudre la crise sont déjà là, que ce sont les mesures déjà votées par le Parlement. On voit bien que ce qu'il dit est un oxymore insoluble.
Il faudra donc certainement une inflexion beaucoup plus marquée de la politique de sa majorité, voire le recours par lui à une majorité élargie et refondée, pour que soient prises des mesures nécessaires à l'amélioration de l'environnement normatif et fiscal des entreprises, nécessaires à une vraie politique de l'offre qui remettra notre pays sur le chemin d'une croissance que l'on peut d'ailleurs souhaiter durable et équilibrée. En attendant, ne faisons pas la fine bouche sur les annonces faites d'économies importantes réalisées par l'Etat pour son fonctionnement en 2013, centraliser les achats des administrations peut être fécond, dématérialiser un grand nombre de formalités aussi. Quant au "choc de simplification", il rejoint si fort nos vœux que l'on doute que le gouvernement soit prompt à y obéir au président de la république. En cette veille de week-end de Pâques, un seul mot s'impose quant à ces différentes mesures et à leur mise en œuvre : espérons.
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25/03/2013
Metzner, Berezovsky : le KGB en tournée près de chez vous
Oui, je sais, on ne dit plus KGB, mais FSB. Oui, je sais, officiellement, Maître Metzner s'est suicidé. Mais tout de même...
J'ai été frappé de voir l'avocat Kiejman, avec un rictus, dire à propos de Metzner (j'écris de mémoire) : "c'est horrible, mais sa mort me le rend sympathique". Il faut dire que l'avocat Kiejman a fait partie des gens dont on a découvert les vilains côtés à l'occasion de l'affaire Bettencourt, et que l'avocat de l'autre camp, dans cette affaire, c'était justement le courageux, le flambeur, le fumeur de cigares Metzner, l'homme dont on disait qu'il avait transmis les enregistrements du majordome à Médiapart, l'homme qui, peut-être, orchestrait encore la stratégie de la fille Bettencourt.
Or il se trouve que des hommes de Poutine passaient par là, sur le chemin de Londres où ils s'en allaient rendre une visite aussi discrète que funeste à l'oligarque Berezovsky (dont le profil rappelle trait pour trait celui qui, à la fin du récent film Möbius, quitte la Russie et se réfugie à Londres). Et il se trouve qu'en novembre dernier, il y a tout juste quatre mois, l'ex-président Sarkozy a été rendre une visite moins discrète à son "ami" (qu'il tutoie) Vladimir Poutine à Moscou... Et il se trouve enfin que, le jour où les hommes du FSB sont (peut-être) passés chez Metzner, on se trouvait à moins d'une semaine de la comparution dudit ex-président Nicolas devant le juge d'instruction de l'affaire Bettencourt. Les hommes du FSB, ayant quelques heures à tuer, n'auraient-ils pas tué que ces quelques heures ? La mort inexplicable, de source indétectable, de Berezovsky, ressemblerait à celle de Metzner si celle-ci n'était habillée en suicide. Un ex-président français qui, après avoir chanté l'Amérique sur tous les tons, finit par se réfugier dans les jupes du KGB, on aura décidément tout vu. Triste époque.
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24/03/2013
Vers une nouvelle ère absolutiste ?
Internet, nous le mesurons chaque jour un peu plus, est une révolution d'échelle historique comparable à l'invention de l'imprimerie. La comparaison devient aiguë en ce sens que l'imprimerie donna possibilité et envie à une population nombreuse d'accéder directement aux textes, non seulement aux textes religieux, mais aussi aux poèmes épiques et les romans chevaleresques. Cet accès direct et immédiat, et sa facilité, sont la caractéristique commune de l'invention de l'imprimerie et de l'internet.
Or il se trouve que depuis l'invention de l'imprimerie, une masse considérable de population a appris à lire, une proportion encore plus considérable de la population humaine, et que si l'imprimerie toucha l'Europe d'abord et se répandit lentement au-delà, la toile de l'internet est devenue universelle en relativement peu de temps, touchant toutes les régions du monde même si elle n'est pas encore accessible à tous les humains. Un saut d'échelle est donc perceptible, la révolution devient exponentielle.
Maintenant, si nous pouvons dresser un bilan très positif de l'invention de l'imprimerie (notamment parce qu'elle a justement favorisé l'apprentissage de la lecture et la diffusion de la pensée), il faut reconnaître que sa première conséquence indirecte mais manifeste a été l'époque des absolutismes traversée par l'Europe jusqu'à la révolution aristocratique britannique du XVIIe siècle et surtout jusqu'à la révolution populaire française de la fin du XVIIIe siècle.
Au moment où naît l'imprimerie, les monarchies sont faibles et sévèrement bornées par le système féodal. Ce système se caractérise par la médiation du pouvoir et du contact. Le quidam n'a de rapport avec son roi qu'à travers un filtre, la pyramide féodale, qui commence par son seigneur de patelin, se poursuit par le suzerain de ce seigneur, et ainsi de suite jusqu'au roi. La féodalité reproduit ainsi le modèle de l'Eglise catholique, installée en médiatrice entre le fidèle et Dieu. La philosophie d'accès direct aux textes et à Dieu, court-circuitant l'Eglise (c'est l'esprit de la Réforme) et les autres corps intermédiaires, aboutit à un contact fictif mais direct entre le souverain et son peuple, sans le cadre juridique protecteur accumulé par le droit féodal. Cette nouvelle situation est la légitimation historique de la monarchie absolue. La question se pose donc : y aura-t-il, du fait de la philosophie incarnée par internet, une nouvelle ère absolutiste ?
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23/03/2013
Salah Stétié : "Ce qui fait l'intérêt des hommes, c'est leur variété"
Le Printemps des Poètes est sur le point de s'achever, mais dure encore, cependant que le salon du Livre de Paris a commencé. Voici donc l'avant-dernier extrait de l'entretien exclusif accordé par le poète franco-libanais Salah Stétié au futur site Le Nouveau Combat :
Salah Stétié : "Ce qui fait l'intérêt des... par lenouveaucombatfr
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22/03/2013
Hollande et l'urgence économique
Voulant se démarquer de son prédécesseur, qui décrétait l'urgence législative pour un oui ou pour un non, le président Hollande avait choisi, depuis le début de son mandat de "se hâter lentement" (comme on disait autrefois en latin, je crois). La dégradation de la situation économique et sociale du pays, autant que l'instance de ses amis, l'a convaincu de modifier sa manière de présider la France et d'intervenir dans le processus gouvernemental et législatif. Il l'a fait au nom de l'urgence, et il a bien fait.
Oui, il appartient au président de la république de déterminer l'ordre et la hiérarchie des urgences et, en cas de péril imminent, qui n'est pas si éloigné de ce que nous constatons, de se faire attribuer les moyens légaux de répondre à l'urgence par l'urgence. Cela ne peut pas tout concerner (et donc cela doit rester exceptionnel, à la mesure du péril), cela doit être mûrement réfléchi et pondéré, et il semble que le choix de la situation (logiquement connexe) du bâtiment et du logement soit un bon choix.
Je suis un peu plus réservé sur l'instrument fiscal, ou plutôt sur le fait que l'on n'ait pas annoncé par quoi serait gagée la baisse de la TVA sur le logement social, et d'ailleurs un peu contrarié de ce choix perpétuel du logement social alors que des mécanismes de marché retrouvés permettraient d'atteindre les mêmes objectifs de chiffres de logements sans débourser un centime d'argent public (et d'ailleurs, on va encore ruminer sur les liens financiers des OPHLM et du Parti Socialiste), mais il fallait faire face à l'urgence et il est indéniable que le recours aux ordonnances autant que le choix du secteur du logement démontrent l'engagement du président, sa prise de conscience des nécessités les plus criantes, et donc il y a changement heureux de méthode, qui devrait apporter assez vite des premiers résultats. L'inutile Ayrault devrait en prendre de la graine.
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21/03/2013
Islam : ne pas céder aux provocations
La concomitance de la décision de la Cour de Cassation aboutissant à l'annulation du licenciement d'une employée voilée d'une crèche privée francilienne et de la publication de statistiques faisant état d'une augmentation des manifestations anti-musulmanes dans notre pays renvoie un écho assez douloureux de l'engagement de nos troupes contre les brigands salafistes au Sahel, alors même que nous défendons d'autres salafistes rebelles en Syrie. Tout cela donne une impression de confusion et d'effervescence délétère. Il y a du bouillonnement sulfureux dans tout cela. Il faut donc établir des faits et des vérités pour chasser les fantasmes et éviter que la lutte contre des groupuscules extrémistes et des marionnettistes hypocrites ne se mue en choc des civilisations.
Disons pour commencer que l'Islam a produit une grande civilisation, des chefs-d'œuvres architecturaux et poétiques d'échelle universelle et millénaire. Disons aussi qu'il n'existe pas plus de raison de disqualifier le Coran de la recherche du message divin (s'il existe) que les autres grands textes religieux, notamment monothéistes. Disons enfin qu'il y a, dans le Coran comme dans la plupart des grands textes religieux, des passages qui ne sont plus acceptables dans une interprétation littérale, et que l'entrée de l'Islam dans la modernité suppose que les exégètes musulmans acceptent ce postulat comme l'ont fait les modernes des autres grands courants religieux. Mais il y a en Islam comme dans les autres courants religieux des résistances à la modernité, compréhensibles ou qui hélas dépassent parfois les bornes. Il y a, en Islam comme chez les juifs et dans les divers courants chrétiens, des extrêmes droites. C'est la puissance de ces extrêmes droites des différentes religions qui fait peser une très grande menace sur notre époque et qui la rend dangereuse.
Ce sont les ultra-religieux qui poussent Israël à des mesures sans cesse plus vexatoires contre les Palestiniens. Ce sont les ultra-religieux musulmans qui, financés par les émirs et les mollahs, ont semé peur et désolation au Sahel et s'emploient à déstabiliser les sociétés européennes (comme le remarquait déjà en son temps le regretté Bernard Stasi, auteur d'un fameux rapport sur la laïcité). Ce sont les ultra-religieux évangélistes américains qui, se prenant pour le nouveau Peuple Elu, poussent au choc des civilisations. Tous ces gens ne cessent de se lancer des provocations au visage, dont nous sommes les témoins dangereusement impliqués.
Impliqués par des moyens d'ailleurs biaisés et et hypocrites. Les réseaux sociaux jouent ici un rôle très douteux, pour ne pas dire pire. On connaît la nauséabonde affaire des mots-dièses #unbonjuif et #unjuifmort qui ont suscité un déchaînement d'antisémitisme révoltant sur Twitter, on pourrait y a jouter la véritable monomanie antisioniste des extrêmes gauches qui passent leur temps à poster des liens sur les réseaux sociaux menant à des articles qui trop souvent ne dénoncent pas seulement le sionisme, mais le "complot juif", et qui versent donc d'une manière ou d'une autre dans l'antisémitisme, et en contrepoint, on ne peut que s'étonner que, toute la journée, à longueur de semaines, il ne cesse de passer sur Facebook des dessins qui, sous couvert de plaisanteries plus ou moins fines sur le voile intégral ou sur divers autres aspects, entretiennent une sourde islamophobie avec l'opinion que, d'une manière ou d'une autre, musulman égale terroriste. Tout cela, nous Français, nous ne devons pas le permettre, et surtout, nous ne devons pas en être dupes, nous devons résister à toutes les formes de provocations. Nous, surtout, anciens alliés de la Sublime Porte (l'empire turc) au temps du roi François Ier, nous aussi qui, par la laïcité, avons fait au peuple juif une promesse de sécurité à laquelle nous avons hélas été infidèles au pire moment, voici soixante-dix ans. Nous, la France, historiquement et concomitamment Fille aînée de l'Eglise catholique, alliée de l'empire turc porte-drapeau de l'Islam, et protectrice de la diversité religieuse par notre principe laïque, celui qui n'est pas contre les religions, mais qui, au contraire, leur garantit la liberté de conscience.
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17/03/2013
Bayrou : "De la vérité en politique"
Le Parti Socialiste est-il la plus infecte machine de pouvoir qui ait été imaginée depuis... depuis que la République a fâcheusement autorisé la création des partis politiques à la fin du XIXe siècle ? La réponse est oui. Je sais bien que dans le domaine du pouvoir, le mot "morale" est un gros mot. Je sais bien qu'en ce domaine, la seule règle est "je peux prendre, je prends". Cependant, l'exemple de l'implosion du parti socialiste grec, écrasé sous ses mensonges et ses reniements, et du parti travailliste israélien, victime de ses mensonges et de ses reniements, devrait montrer que, en ce domaine comme en d'autres, tôt ou tard la facture se paie et que, selon que l'on a été plus ou moins vil, elle est plus ou moins salée.
François Bayrou a été victime de cette logique. Il a introduit dans le piètre jeu politique français (d'une génération fort médiocre) la lueur de la conscience et du libre-arbitre. Il a crié "casse-cou" et a exprimé un choix transgressif, vécu par les prisonniers du bipartisme (quel que soit leur camp) comme une trahison. Une trahison dont la droite (pas toute la droite, heureusement) entendait le punir et dont la gauche (celle qui a pris le pouvoir) s'est réjouie de pouvoir profiter et goberger sans vergogne. La façon absolument fétide dont le PS se délecte de la carcasse de la volaille centriste qu'il a jubilé de pouvoir plumer est l'un des sujets d'indignation les plus forts que j'aie rencontré depuis trente ans que je suis en âge de voter. C'est immonde, nauséabond, répugnant. L'acte noble a nourri la vermine.
Maintenant, le président Hollande est à l'heure des choix, chose qui visiblement lui coûte. Il s'égare dans les opérations de communication alors que la pays est en flammes. Il pense qu'il faut corriger son image, alors que l'urgence est dans l'action. Les pitreries d'Arnaud Montebourg ne trompent personne : la situation du pays ne s'améliore pas, et ne peut pas s'améliorer, puisque, selon l'expression de Bayrou, "les décisions ne sont pas prises". Que Hollande lise donc le livre de Bayrou et qu'il en prenne de la graine sur ce qui est la face noble d'une fonction, la politique, dont il gravit péniblement l'autre, celle qui mène au discrédit et à la honte de la chute du pays. Hollande peut être réélu, et l'homme est honnête, ce qui n'est pas si mal, mais, comme l'a très habilement et très justement dit Patrick Sébastien hier soir (dans cette émission de Ruquier où Labro et Laroque ont aussi été pertinents) : il lui reste à prouver que, dans sa culotte, outre la main de sa compagne, il y a une paire de couilles.
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15/03/2013
La Syrie, théâtre dangereux d'un Islam divisé
Pour ceux qui l'ignoraient, la guerre du Mali a révélé une opposition culturellement très ancrée entre le monde musulman méditerranéen et l'Islam subsaharien, sur fond de traite des esclaves qui dura des siècles (et d'ailleurs, on voit déjà les raids des gens du nord sur ceux du sud dans les fresques qui datent de plusieurs millénaires, bien avant l'Islam).
Ensuite, nous avons compris dans l'affaire du "printemps arabe" qu'un fossé profond séparait le nationalisme arabe de type nassériste (incarné notamment par les régimes tunisien, libyen et égyptien qui sont tombés alors) du panarabisme salafiste porté par les régimes wahhabites des monarchies de la péninsule arabique. L'Occident est même intervenu dans une guerre civile, en Libye, outrepassant le mandat de l'ONU pour renverser les cartes politiques entre secteurs géographiques et politiques, bougeant le curseur de l'oppression sans peut-être améliorer la situation.
En Syrie, la situation a considérablement évolué sur une base multiple : d'abord, le conflit plus que millénaire qui oppose les deux principales branches de l'Islam entre elles : le régime alaouite des Assad est lié à la branche chiite, cependant que les "djihadistes", armés notamment par le Qatar, sont, de ce fait, dans le camp sunnite (c'est ce qui explique l'entrée discrète mais offensive de corps d'armées iraniens au secours du régime syrien). S'ajoute à cette première division une rivalité de cités ("ethnique") exactement comparable à ce qui s'est passé en Libye. Là-bas, c'était l'est libyen contre l'ouest libyen, ici c'est l'est syrien contre l'ouest syrien, avec en outre un régime lié au nationalisme arabe (le parti Baas, dont l'autre branche a été vaincue en Irak par les Américains en 2003) faisant face au wahhabisme. Toute la panoplie est donc réunie en Syrie. On voit qu'il s'agit de quelque chose de beaucoup plus compliqué que seulement un régime qui massacre sa population qu'il faudrait éliminer, l'arrière-plan s'est considérablement complexifié, alors même que nous savons le régime particulièrement odieux, oppressif, ayant déjà assassiné des dizaines de milliers de ses citoyens dans les décennies précédentes.
C'est pourquoi il semble que l'idée de donner plus d'armes encore aux rebelles syriens puisse avoir des conséquences terribles, comparables, en pire, à ce qu'on a vu en Libye. Des brigands et autres résistants de tout poil risqueraient de s'emparer de ces armes, que l'on pourrait ensuite retrouver dans tous les pays voisins, le Liban déjà affaibli, la Turquie (où les Kurdes sont toujours opprimés), l'Irak (déjà secoué par une guerre civile plus ou moins larvée), au nord extrême l'Azerbaïdjan, et au sud Israël, bien entendu, dont la sécurité pourrait se trouver de nouveau menacée, notamment si le Hamas mettait la main sur des missiles anti-aériens.
Tout cela fait que l'on est en droit de s'interroger sur la pertinence de la décision du président Hollande de vouloir armer les "Djihadistes" syriens. Dans ce pays, pour le moment, il n'y a de solution apparue qui soit satisfaisante pour quiconque. La Syrie est bel et bien devenue un nœud de vipères.
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12/03/2013
Hollande à l'heure des vérités
La période que nous traversons a été annoncée par François Bayrou dès avant l'été : les prévisions de croissance sur lesquelles se fondaient les programmes des deux principaux candidats à l'élection présidentielle du printemps dernier étaient parfaitement fumeuses et fantastiques. De ce fait, toutes les promesses qu'ils faisaient étaient fallacieuses et, disons-le, mensongères. moins d'un an plus tard, ces vérités énoncées très tôt par Bayrou se révèlent à tout un chacun et si le style et l'esprit de la présidence Hollande continuent à satisfaire mieux que ceux de son prédécesseur, nous attendons encore, en revanche, l'aveu de l'excessive promesse.
Cela paraît risible à qui considère que, de toutes façons, les promesses ne valent que ce que valent leurs auteurs, et que les citoyens n'en sont pas dupes, mais tout au contraire, je crois qu'il n'existe pas de démocratie authentique si l'on y abandonne l'ambition élémentaire de mettre le citoyen en position éclairée au moment de prendre ses décisions politiques. Cela vaut, bien entendu, pour le travail du site sur lequel je travaille, dont le rôle civique, lié en profondeur à la fonction et au métier de journaliste, sera prioritaire, mais cela vaut aussi et avant tout pour les responsables politiques eux-mêmes.
J'attends donc avec l'intérêt que l'on devine la parution (jeudi, nous dit-on) du nouvel essai de Bayrou, au titre tocquevillien : "de la vérité en politique". Seule la vérité libère.
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