Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« 2015-01 | Page d'accueil | 2015-03 »

25/02/2015

Dette et déflation sont liées

L'Europe s'enlise dans une inflation quasi-nulle et, ici ou là, des moments de déflation font craindre une bascule franche dans la déflation pure et simple. Aux États-Unis mêmes, la grande mollesse de l'inflation tempère les ardeurs de la Réserve Fédérale de remonter ses taux. Selon les derniers chiffres disponibles, le déficit budgétaire américain frôle encore les 5% du PIB, cependant que la croissance a dû plafonner autour de 2% en 2014. En France, nous en sommes à plus de 4% de déficit pour 0,x de croissance.

Que signifie cette différence entre déficit et croissance ? Elle signifie que, en 2014, les États Unis auront diminué la valeur de leur économie de presque 3%, la France de plus de 3,5%.

Or qu'est-ce que l'inflation mesurée à l'échelle macroéconomique d'un pays ? C'est l'augmentation de la valeur d'une production globalement mesurée, c'est le triomphe du produit sur la monnaie. Il faut de plus en plus de monnaie pour acheter le produit. Une augmentation de valeur. Or nous venons de dire que le différentiel (croissance - déficit des comptes publics) est une perte de valeur de l'économie. Cela signifie donc que le déficit budgétaire, chaque fois qu'il est plus fort que la croissance de l'économie en valeur, est une déflation.

600px-Assignat_de_15_sols.jpgC'est le triomphe de la monnaie sur le produit. Ce qui est recherché, c'est la monnaie, pas le produit. De là vient que nos économies sont en quasi-déflation : l'augmentation de la production en valeur y est plus que compensée par la destruction de valeur de l'économie par les pouvoirs publics, parce que ceux-ci cherchent avidement et désespérément de la monnaie pour financer leur activité.

Réduire la dette, c'est donc enrayer la déflation et remettre l'économie sur les rails. Hélas, ce n'est pas ce que nos autorités publiques font, ni en France, ni aux États-Unis. Pourtant, le risque d'implosion économique existe. Un jour, peut-être, faudra-t-il ouvrir des tribunaux pour juger ces dirigeants aveugles.

À moins ... à moins qu'un sursaut ne se produise. Espérons.

(Illustration : assignat, monnaie de la Ière République dont la valeur nominale s'effondra vite. Image prise sur Wikipedia).

 

17:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/02/2015

DSK : complice de la saumure

Alors que l'on nous annonce de toutes parts une relaxe triomphale pour l'accusé Dominique Strauss-Kahn dans sa deuxième affaire hôtelière, celle du Carlton qui a succédé à celle du Sofitel, il faut avouer (et faute avouée est à moitié pardonnée) que ce mot triomphale qui, en grec signifierait triple nombril, laisse un goût amer.

Il ne s'agit nullement de juger ici le principe d'une vie sexuelle débridée, à un, à deux, à trois, à quatre ou à plus. Quoique. Brassens a chanté "Sitôt qu'on est plus de quatre, on est une bande de cons", ce qui lui permettait de conclure qu'"au faisceau des phallus, on verra pas le mien". Non, sérieusement, du moment que l'affaire ne concerne que des adultes consentants, elle leur appartient. L'amertume est ailleurs.

Je pense d'abord à la France, qui a failli se retrouver avec ce qu'on ne peut plus nommer autrement qu'un pauvre type à sa tête, une espèce de faune dominé par des besoins charnels frénétiques qui, en réalité, le plongeaient forcément dans une sorte d'hystérie masculine. Un faune brutal, ne sachant pas entendre les désirs de ses partenaires et se livrant sans limite à ses propres penchants qui l'aveuglaient. Une brute qui réussissait à faire crier grâce et à arracher des larmes de souffrance à ces femmes si courageuses et si blasées et cuirassées que sont les prostituées de bas étage dont il faisait son ordinaire aux États-Unis comme en France.

Comment ? Lui ? Il ne savait pas que c'étaient des prostituées ? Mais que l'on relise ce qui s'écrivait partout, dans tous les journaux, au moment de l'affaire du Sofitel : à New-York, les prostituées ne voulaient plus se rendre à ses invitations. Et leurs "employeurs" ne voulaient plus les lui envoyer en mission, car elles revenaient trop abîmées. Abîmées par son sens de la fête, bien entendu. Pourquoi personne n'a-t-il rappelé ces faits ?

C'est peut-être que, finalement, nous avons eu pitié. Pitié, parce qu'il a paru pitoyable, ce grand homme si longtemps redouté. Il a fini par admettre que ses goûts dépassaient les limites de la rudesse ordinaire, et que cela pouvait ne pas plaire à tout le monde. Oui, nous avons eu l'impression que ses yeux s'ouvraient. Peut-être sortira-t-il de ce procès plus libre au sens psychanalytique qu'il n'y est entré. Peut-être y a-t-il exorcisé une ancienne douleur. Laquelle ?

Cet homme se pensant si viril aimait-il être marié à une femme si riche qu'elle pouvait lui offrir dix fois chacune des choses les plus folles qu'il ait osé imaginer ? A-t-il subi l'humiliation de se sentir inférieur à elle par le pouvoir et même (on n'en serait pas surpris) par l'intelligence ? Se vengeait-il sur ces autres femmes, en les dominant pour oublier qu'il n'était pas le plus fort chez lui ? Peu importe, finalement. On pense cependant aussi à Anne Sinclair, qui aurait tant aimé être celle qui ferait élire le premier président juif de France. Il y a dans tout cela les ressorts de la tragédie qui l'a emporté sur eux.

L'amertume vient aussi de cette impression qui ne nous quittera plus de sitôt que la justice, en France, n'est pas l'instrument neutre, indépendant et impartial que nous aimerions qu'elle fût. Plusieurs mois avant l'affaire du Sofitel, des courriels anonymes circulaient qui appâtaient sur le goût de DSK pour les partouzes, occasions pour lesquelles il lui arrivait de louer des péniches sur la Seine, et auxquelles on voyait souvent participer des filles trop jeunes, voire beaucoup trop jeunes.

Quelqu'un préparait l'opinion à la chute qui guettait l'homme du FMI. Il le pressentait lui-même, ce qui ne l'empêcha pas de tomber au Sofitel dans le piège qu'on lui tendait. Mais ce piège l'écartait d'un autre, celui du Carlton. D'une affaire crapoteuse et minable à l'autre, il se laissait balloter dans les prétoires par une main (ou plutôt deux mains séparées) qui instrumentalisaient la justice à des fins politiciennes. L'affaire du Carlton, au milieu de la campagne présidentielle de 2012, eût été une tornade qui eût emporté sans rémission la candidature de DSK dans la géhenne. Une curieuse main providentielle a sauvé la France d'un second mandat sarkozyste en multipliant sur le fragile DSK les tempêtes judiciaires. Strauss-Kahn fut en quelque sorte, et à son corps pour une fois défendant, le bouc-émissaire, la victime sacrificielle, non pas de l'élection de François Hollande, mais de l'interruption de la dérive politique profonde qu'imposait le sarkozysme buissonnier à notre pays. Il y a là évidemment un tiroir secret dans notre amertume.

Donc s'il fut un bouc-émissaire, une victime sacrificielle, on pourrait considérer qu'il a assez payé, au propre comme au figuré. Non, je ne crois pas, cependant, que nous en soyons là. Dans ce procès, comme d'habitude, les lampistes trinquent et les politiques s'en sortent. On a pourtant lu qu'il y avait bel et bien eu viol, encore une fois, de la part de DSK. Et, comme je l'ai dit plus haut, sa posture du "je ne savais pas qu'elles étaient prostituées" ne tient pas une seule seconde. D'ailleurs, dans le monde de l'échangisme, les prostituées sont (si j'ose dire) du "matériel" courant.

Oui, les politiques, les puissants, ceux qui se connaissent de près, qui se rencontrent, qui s'envoient des émissaires, qui dînent dans les mêmes restaurants et servent dans les mêmes corps, tous ceux-là s'en sortent, toujours, ils troquent une victoire dans un procès contre une victoire dans un autre, une relaxe ici, un renvoi en cour d'appel là, et tout le monde est content. Tout le monde ? Non, car nous, qui ne sommes pas de ces gens de si haut, nous pleurons l'indépendance encore perdue de notre pouvoir judiciaire qui nous semble partout éclater. Éclater en sanglots.

08:17 | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

09/02/2015

Le FN, notre pulsion mortifère

Une bulle historique éclate. C'est la bulle de la dette. Depuis quarante ans, nous avons feint de croire qu'il y avait seulement une crise, puis des crises, après lesquelles tout rentrerait dans l'ordre. Depuis quarante ans, nos sociétés se mentent.

Lorsqu'en 1973 se termina le cycle des Trente Glorieuses, lorsque les matières premières cessèrent pour toujours de représenter une quantité négligeable de la Valeur Ajoutée que nous produisions, nous aurions dû réagir avec l'esprit du marché, en répercutant intégralement cette réalité. De cette façon, nous aurions purgé ce que la hausse brutale du prix de l'énergie avait d'excessif et nous aurions engagé nos systèmes économiques dans des cercles vertueux de croissance raisonnable.

Hélas, pour des raisons politiques liées à la guerre froide, mais aussi par illusion ou par paresse, nous avons préféré le doux mensonge de "la crise", état provisoire. En fait, nous avons enclenché des mécanismes historiques dont la réalité se dévoile jour après jour, tous basés sur la fiction (alors que le marché a besoin de comportements rationnels et non faussés pour fonctionner) et sur des inégalités croissantes.

Le principe de l'inégalité est de constituer un centre et des périphéries. Le centre est un sommet, une concentration, une focalisation, une cristallisation, et les périphéries sont les inverses de tout cela. Pour en faire une synthèse rapide, en France, nous avons deux types de périphéries, qui se regardent en chiens de faïence : les "quartiers", ce qu'autrefois on nommait avec crainte les "faubourgs", d'un côté et, de l'autre, les campagnes, les petites localités. La distance n'est pas la même, mais dans un cas comme dans l'autre, on vit à mille lieues des instances de pouvoir, comme dans une autre dimension.

Éloigné de la puissance publique, on y subit aussi l'érosion du service public. L'inégalité se matérialise là de sa façon la plus directe : quand on a de l'argent et que l'on vit au centre-ville, on a l'autorité publique à portée de la main, des écoles efficaces comme s'il en pleuvait, des réseaux économiques, sociaux, culturels, tous les moyens de se passionner, mais si l'on vit dans une périphérie proche ou lointaine, on est considéré avec condescendance, commisération, sarcasme ou dédain, et l'on ramasse les miettes que l'on est généreusement autorisé à grappiller.

J'ai lu ce soir parmi les commentaires du vote qui a eu lieu hier dans le Doubs : "Le FN joint les exaspérés et les désespérés". Jolie formule. Si je voulais la pousser au bout, j'ajouterais que pour les désespérés, le FN est l'arme d'une pulsion suicidaire, tandis que pour les exaspérés, il est l'arme d'une pulsion meurtrière. Pour les premiers, la haine de soi, pour les seconds, la haine tout court.

48796.jpg

La bulle qui éclate est une correction très lourde des comptes économiques, sociaux, humains, et cela se fait à l'échelle d'une planète désormais interconnectée et mondialisée. La correction signifie un retour très désagréable à la réalité. Le réflexe défensif est naturel, et la pulsion mortifère logique. Il faut savoir y résister, mais les marchands de peur, d'illusion, de révolution sanguinaire, de religion rétrograde, sont tous là qui hurlent à la mort comme des loups ravagés par la gale de la haine. Il est urgent de croire au sursaut.

(Tableau de Pieter Claez, 1597-1661)

08:12 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/02/2015

"Les imbéciles qui sont nés quelque part"

En prononçant le mot "Apartheid", le premier ministre Valls a commis une grave faute contre la République. Il a sous-entendu un système de ségrégation ethnique. Le but qu'il visait devrait faire honte à ceux de ses amis qui se pensent humanistes : il s'agit d'ethniciser la Société française en empruntant le toboggan fatal - et sans retour - des statistiques dites "ethniques". S'il n'y a pas de crime contre l'humanité, il y a bien un crime contre l'humanisme.

À chaque fois que ces sujets reviennent sur le tapis (et ils y sont fâcheusement revenus à une accablante nuée de reprises depuis une dizaine d'années au moins), je repense à ma chère grand-mère, Diane. Elle était née au Pérou d'un père belge et d'une mère britannique en 1903, elle avait passé toute son adolescence au Japon de 1913 à 1921, elle s'était mariée en Chine en 1926 avec un Français. Elle avait été baptisée catholique, ses deux parents l'étaient aussi, mais les parents de sa mère avaient été élevés dans la religion juive avant de se convertir à l'anglicanisme. Dans quelle case ethnique serait-elle entrée ?

Mois-de-juin1.jpgVigny, lui, a écrit : "On est toujours du pays de son enfance". Quelle case ethnique résulte de cet aphorisme ? C'est beau, de se sentir breton, corse, basque, berrichon, kabyle, berbère, loubavitch, sépharade, lapon, galicien, tonkinois, masaï, mais si cela devient une prison, si cela devient obligatoire, c'est épouvantable. L'embrigadement dans la sombre troupe (selon l'expression de Brassens) des "imbéciles qui sont nés quelque part", très peu pour moi. Crosse en l'air !

Notre particularité historique, à nous citoyens de la République Française, est justement que cette république ne se définit que comme une assemblée des citoyens et si chacun est invité à s'adonner à ses goûts intellectuels, philosophiques et culturels comme il l'entend, la république ne connaît rien de ces activités annexes. Elle ne connaît que les citoyens dans l'exercice de leur citoyenneté, si bien qu'il me semble qu'il serait judicieux de débattre moins de ce qui n'entre pas dans la citoyenneté (par exemple l'origine ethnique) et plus de ce qui en fait partie. En somme, soyons constructifs.

(L'enluminure qui illustre cet article est issue des Très Riches Heures du duc de Berry, un duc qui, comme son nom ne l'indique pas, n'était pas très berrichon).

08:42 | Lien permanent | Commentaires (3) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

04/02/2015

Faut-il construire des mosquées sur fonds publics ?

Dimanche dernier, le ministre des Finances Michel Sapin était l'invité de Maïtena Biraben dans l'émission Le Supplément sur la chaîne Canal Plus. Au milieu des questions qui lui étaient posées, M. Sapin indiqua que les églises catholiques et certaines synagogues étant construites au moment de l'adoption de la loi de Séparation des Églises et de l'État, les musulmans se trouvaient brimés puisque les mosquées ne l'étaient pas, et qu'il avait donc fallu faire avec les moyens du bord pour financer la construction de mosquées. Par cette petite phrase, l'ami intime du président Hollande a confirmé ce que plusieurs accusateurs affirmaient depuis déjà des mois : des élus, notamment socialistes, ont troqué des permis de construire et des financements de mosquées contre le vote bloqué des fidèles de ces édifices de culte.

M. Sapin ne s'en offusquait pas, mais nous avons le droit, et même le devoir, de nous en indigner : ce faisant, par ce troc, les élus concernés ont établi un lien entre citoyenneté et religion. Or ce lien est la seule et ineffaçable infraction concevable à la loi de 1905. Des élus qui, par ailleurs, prônent la laïcité s'appuient sur la confessionnalisation d'un vote collectif. Contredisant Victor Hugo, ils disent : à la conscience, je préfère la consigne et, qui plus est, la consigne d'un corbeau.

C'est cela qui n'est pas - et qui ne peut pas être - acceptable dans la République française, pas plus que le financement de crèches confessionnelles Loubavitch par la Ville de Paris, pas plus que les contorsions de bien des élus pour faire plaisir aux derniers catholiques (ou protestants) de leurs paroisses, à l'exception bien entendu des départements de l'Alsace-Moselle, encore sous régime concordataire.

Il n'est pas acceptable que des élus troquent des lignes budgétaires contre des voix. Le vote confessionnel musulman semble d'ailleurs le dernier à fonctionner encore. Cela, au profit d'élus dont la plupart sont socialistes. Il mue un clientélisme ordinaire en faute majeure contre la loi de 1905. Les élus en question devraient répondre de leurs actes devant les tribunaux, si cela ne dépendait que de moi.

Pourquoi fait-on cela ainsi ? Officiellement, c'est pour ne pas ouvrir de guerres civiles. Officieusement, c'est pour profiter de la manne électorale. On l'a bien compris. Mais par ce procédé en catimini, on joue avec le feu, et l'on pourrait se brûler prochainement.

Il est cependant un point sur lequel on peut tomber d'accord avec M. Sapin et ses séides : oui, il y a une injustice à combler, il faudrait trouver le financement public d'un nombre suffisant de mosquées. Une loi suffirait à le permettre comme elle le fit en 1920 pour la Grande Mosquée de Paris. Dans un contexte d'asphyxie budgétaire, cette perspective paraît terrifiante, mais il faudra s'y résoudre. Financer les mosquées sur fonds publics a l'avantage de donner à l'État un droit de regard sur le respect des principes républicains par les cultes, et cet avantage n'échappe à personne. C'est à l'État, et non aux collectivités locales, que devrait échoir ce financement public des mosquées.

Cela permettrait de mettre un terme au scandaleux clientélisme antirépublicain auquel se livrent paraît-il ces élus, et d'afficher les réalités avec courage. Cela déplairait évidemment aux excités. Mais il y aurait moins de perversité dans cette nouvelle situation que dans l'actuelle où l'on sent bien le jeu avec le feu, que nous constations dans la stigmatisation de l'ancien pouvoir, et que nous reconnaissons dans les jeux ambigus de l'actuel.

Cette ambiguïté fait d'ailleurs que le PS ne mérite pas que l'on vote pour lui dimanche dans le Doubs. Et cependant, il faut bien empêcher l'adversaire d'être élu. Alors, sans double-jeu, disons que si nous habitions là, nous voterions PS pour éliminer l'autre, mais ajoutons que le PS nous doit une contrepartie. Je ne veux pas dire par là que les militants du PS doivent se précipiter pour acheter mes livres (même si je suis content quand il s'en vend beaucoup), mais qu'il faut que le PS (et ceux qui l'imitent) nous prouve(nt) qu'il est prêt à s'amender. Faute de quoi, il se précipitera de lui-même dans l'abîme, et peut-être nous tous avec.

08:09 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

02/02/2015

L'Europe a besoin d'austérité

Il devrait y avoir des tribunaux pour juger et punir les responsables politiques grecs et non grecs qui ont imposé la rétraction du système de sécurité sociale grecque jusqu'à un point qui n'a pas d'autre nom que l'ignominie et que le crime. Ces responsables sont évidemment des financiers rapaces et des politiciens européens et américains arrogants. Quand on sait le poids des États-Unis sur le FMI, on a le droit de trouver qu'Obama, ce soir, en appelant à cesser de pressurer les Grecs, versait des larmes de crocodile. Larmes de crocodile aussi de la part des dirigeants allemands qui ont appelé les Grecs à vendre leurs îles, pour s'alarmer dès que le port du Pirée a été vendu ... à des Chinois.

MinerveLa suspension de la privatisation du Pirée donne donc à penser que le vrai vainqueur de l'élection grecque se trouve à Washington, ennemi feutré de la Chine, à moins qu'il ne soit à Moscou : on a tout entendu cette semaine sur l'obédience du parti Syriza et de son allié, le petit parti souverainiste dissident de la Nouvelle Démocratie.

Il y a un point commun entre tous les vainqueurs supposés de l'élection grecque : tous sont adversaires de la construction européenne. Les Chinois sont contre parce que l'Europe unie est la vraie première puissance commerciale du monde, les USA sont contre parce qu'ils ne veulent voir qu'une seule tête, la leur, et qu'ils n'aiment de constructions politiques que celles dont ils sont le chef discrétionnaire. Les Russes, enfin, sont contre parce qu'ils estiment que l'Europe a entrepris d'empiéter sur leur pré carré historique, dont on ne sait plus trop s'il se limite à l'est de l'Ukraine ou s'il est susceptible de s'étendre jusqu'aux frontières de l'ancien pacte de Varsovie.

Les Grecs ont donc voté contre l'Europe. Non. Ils ont voté contre la troïka, qui incluait trop d'instances non européennes. En ce sens, qui est l'exclusion du FMI des affaires internes de l'Europe, les Grecs ont eu raison.

Les Grecs ont voté contre l'austérité. Oui et non. Oui, car la situation sociale atteignait l'insupportable et nous aurions dû protester plus fort devant les privations sanitaires imposées au peuple de Grèce. Mais nous sommes empêchés de le faire parce que nous savons qu'il y a, en Grèce même, des systèmes mafieux qui parasitent l'État et qui organisent l'enrichissement de quelques-uns au détriment de tous, et en particulier au détriment des contribuables des autres pays européens, la Grèce se trouvant depuis longtemps sous perfusion européenne.

Ce que nous voudrions, c'est que les Grecs commencent par faire le ménage chez eux. Et de ce point de vue-là, les événements récents ne sont qu'à moitié rassurants. Certes, Syriza a annoncé vouloir purger les administrations des connexions mafieuses qui s'y épanouissent. Mais on attend les premières décisions réelles dans ce domaine et l'attribution du portefeuille de la Défense à M. Kamennos est inquiétante.

Il semble en fait que le nouveau pouvoir grec ne soit pas assez puissant chez lui pour pouvoir assumer les purges nécessaires.

Ce sont ces mêmes purges que nos pays plus riches nécessitent. Nous avons besoin que soient mis au pas tous les profiteurs, légaux ou illégaux, petits ou grands, dont la voracité anémiante mène nos pouvoirs publics tout droit vers l'embolie finale. Quand nous aurons pris la mesure de ce que cela signifie, alors, nous serons tous d'accord, gens de bonne volonté et de bonne foi, pour affirmer que oui, l'Europe a besoin d'austérité.

08:24 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook