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09/11/2007

On veut des primaires !

Progressivement, l'idée du suffrage des adhérents pour la désignation des candidats du MoDem aux élections municipales progresse. Selon l'AFP, François Bayrou a en effet promis aux démocrates lyonnais l'organisation d'une consutation pour la désignation de leur candidat. Cette même solution se profile pour Marseille. Bayrou rejoint ainsi pas à pas la position de Génération Démocrate, relayée à Paris par l'excellente Quitterie Delmas, présente également dans l'initiative des Adhérents actifs.
 
Très bien. La démocratie ne se divise pas, il est juste de faire participer des adhérents qui souhaitent prendre leur part de l'action.
 
Mais pourquoi pas à Paris ? Pourquoi ne pas consulter les 6500 adhérents parisiens du MoDem ? Par quel escamotage ?
 
Alors je le dis : à Paris aussi, on veut des primaires.
 
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08/11/2007

Bayrou, Quitterie Delmas : café démocrate le 14 !

François Bayrou parmi les blogueurs de Quitterie Delmas, l'événement est d'importance, à à peine plus de deux semaines du congrès fondateur du Mouvement Démocrate.
 
Il aura lieu mercredi 14 au bar "L'Imprévu", 35 rue Didot dans le XIVe arrondissement de Paris.
 
Une occasion en or pour enfin discuter librement avec lui des statuts, de la démocratie en général, de nos projets en particuliers, des perspectives politiques en direction des élections municipales.
 
Il fallait au moins l'excellent et remarquable talent fédérateur et connecteur de Quitterie Delmas pour parvenir à l'organisation d'un tel événement. Merci donc à Quitterie. 

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L'injustice municipale : difficulté du second tour.

L'équation est simple : d'élection partielle en élection partielle, le MoDem s'enracine et conforte sa position au-delà de 10%, vers 12-13% en général. Donc si Bayrou et les adhérents du MoDem parviennent à bâtir ensemble un parti qui incarne l'idée que son électorat s'en est faite, il y a tout lieu de croire que le score du MoDem dans les principales villes et dans beaucoup de villes moyennes dépassera 10% au premier tour de la prochaine élection municipale.
 
Encourageant.
 
Mais après ?
 
Avec 10%, quel que soit le nombre de participants, les listes du MoDem seront en mesure de se maintenir au second tour. Très bien. Mais pour quoi faire ?
 
Il y a quatre hypothèses, en fait : 1 alliance systématique à droite, 2 alliance systématique à gauche, 3 alliance alternative à droite et/ou à gauche, 4 aucune alliance.
 
Faire alliance signifie que l'on considère que la droite et/ou la gauche sont fréquentables. C'est exprimer un esprit de compromis. Cela signifie surtout que l'on choisit d'être absent du second tour. Cela signifie que l'on accepte que notre programme puisse se fondre dans un autre. 
 
En maintenant au contraire nos candidats pour le second tour, notre message serait : droite et gauche, c'est la même chose, ou plutôt "ici, dans cette ville, droite et gauche c'est la même chose". Car maintenir notre liste reviendrait à refuser les deux alliances. Il faudrait le justifier. Il faudrait surtout en mesurer les conséquences.
 
Par exemple, à Paris, dans un arrondissement comme le mien, il y a treize conseillers de Paris et vingt-six autres conseillers d'arrondissement. Ce qui est important, ce sont les conseillers de Paris, seuls à siéger dans le double conseil (municipal et général) de Paris. Sur treize conseillers de Paris, en vertu de la loi municipale, sept sont acquis à la liste en tête. Reste donc six à se partager. En général, il n'y a qu'un tour, donc ces dernières années quatre partis pouvaient émarger au partage : l'UMP, le PS, le MoDem (enfin, l'UDF) et le FN. Il semble que ce dernier ait définitivement disparu du champ politique. Il ne resterait donc, par hypothèse, que trois formations : liste UMP et apparentés (NC, et DVD), liste MoDem (qui a devancé le PS dans les deux circonscriptions aux législatives), liste PS et apparentés (PCF, Verts etc). On peut estimer que le résultat, si l'UMP ne détourne pas ses électeurs de voter pour elle, serait : UMP 70%, MoDem 12%, PS 12%. Donc voyons comment se répartiraient les six élus.
 
Le calcul exact est assez compliqué, en raison des méthodes (plus forte moyenne ou plus fort reste) qui font de la proportionnelle affaire de spécialiste. Je me contenterai d'une simulation "à la louche".
 
70% de 6 font 4,2. Il y aurait donc sans doute un élu MoDem et un élu PS. Tant mieux, quoique nous ayons deux sortants élus sur liste commune avec l'UMP.
 
Mais dans les quartiers où il y aura un second tour, que feront nos électeurs ? Combien en perdrons-nous ? Quelle sera notre capacité à fédérer les électeurs des listes incapables de se maintenir au second tour ? On voit qu'il faut nettement plus de 10% pour avoir au moins un élu de premier rang dans un grand arrondissement, mais il en faut beaucoup plus dans les petits arrondissements.
 
Donc dans l'hypothèse où nous nous maintiendrions au second tour sans alliance, nous devrions avoir au moins six élus : un dans le XVIe, un dans le XVe (Élisabeth de Fresquet sortante) et un dans le XVIIe, trois quartiers où la droite peut gagner dès le premier tour (ce n'est pas sûr dans le XVe, plus dans les deux autres). Le symétrique serait vrai dans les quartiers où la gauche dervait gagner dès le premier tour si elle fait l'union (XVIIIe, XIXe, peut-être XXe ou XIIIe). Mais nous pourrions n'avoir aucun autre conseiller de Paris si nous maintenons simplement nos candidats.
 
Or il y a, dans l'équipe nationale de l'UDF (ne parlons pas encore de MoDem de ce point de vue, je vais y venir), plusieurs élus parisiens : Didier Bariani (XXe), Éric Azière (XVIe), Géraldine Martiano-Lehideux (XVIe), Pierre-Emmanuel Portheret (adjt au maire du XVIe) etc. Et il y a surtout Marielle de Sarnez dans le XIVe, l'un des arrondissements-clefs qui ne devrait pas voir de succès dès le premier tour et où la logique du vote utile pourrait faire plonger le score du MoDem bein en-deçà de 10%.
 
Voilà pourquoi la question des alliances habite tellement les esprits : négocier une proportion sur une liste de second tour sur la base d'un résultat de premier tour, c'est se garantir un nid, un poste, un bureau, une existence, une rémunération.
 
Et cette rémunération est utile aussi à Bayrou parfois, car elle a longtemps soulagé la masse salariale de l'UDF.
 
Et dans chaque ville, la question peut être la même, car sans alliance de second tour, pas de postes d'adjoints, pas de responsabilités exécutives, pas d'indemnités électives.
 
Même les maires sortants sont confrontés à cette difficulté, ce qui explique l'embarras de quelques-uns d'entre eux même les mieux intentionnés.
 
On me rétorquera que ce n'est pas le sujet du moment, qu'il faut parler du congrès de Villepinte, que nous avons à édifier une maison commune.
 
C'est vrai. Mais les deux ne sont-ils pas liés ? Ne voit-on pas ce qui se passe ?
 
Alors ? Pas d'alliances ? À droite ? À gauche ? Les deux ? Faut-il que la future "conférence nationale" du MoDem détermine une règle de conduite pour tous les candidats investis ? Quelle doit être l'identité du MoDem de ce point de vue, puisqu'enfin il ne sera plus question d'UDF ?
 
J'inscris ces questions en filigrane dans mes réflexions sur les statuts.
 
Personnellement, en tout cas, je n'envisage pas une seconde l'alliance systématique à droite. L'alliance systématique à gauche me semble avoir les mêmes inconvénients que la précédente.
 
Pour le reste, il faut réfléchir. 

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07/11/2007

François Bayrou doit-il quitter l'UDF ?

La liste des branches mortes s'égrène : Mercier, Sarnez, Lepage, auraient pactisé avec l'adversaire. Avec quoi fait-on les consiences, en politique ?
 
Et cependant, on voit se profiler l'hypothèse d'un compromis pour la naissance du MoDem. 
 
Alors il est temps de dire stop : Bayrou doit cesser de faire des compromis avec ceux qui, en fait, ne veulent pas qu'il soit élu.
 
On a vu les anciens députés UDF tomber le masque. Le soir du premier tour de la présidentielle, Courson me parlait de Balladur et m'expliquait pourquoi, selon lui, celui-ci était mort le soir du premier tour, en 1995 : "parce qu'il a tout de suite appelé à voter Chirac". Voilà tout. Au lieu de ça, sous-entendait-il, il aurait dû faire durer le suspense pour se monnayer plus cher. En somme, si je traduis, une candidature n'est pas faite pour gagner, mais pour maquignonner (ou maquereller) entre les deux tours. Telle est la mentalité de ce qui restait de l'UDF alors et telle est la mantalité de ce qui reste encore d'UDF. On ne se refait pas.
 
Donc Bayrou n'a plus rien à faire avec ces gens-là. Les gens qui lui ont fait confiance en avril dernier n'ont voté ni pour Morin, ni pour Sauvadet, ni pour Mercier ni pour Sarnez. Ils ont voté Bayrou.
 
Et c'est bien ce que les autres lui reprochent.
 
Maintenant, ils ne sont restés que pour continuer à lui savonner la planche. Il vaut mieux que Bayrou s'en aille, quitte à laisser la rue de l'Université et même le financement public, et même le MoDem, puisque c'est Mercier qui en a déposé les statuts.
 
Il n'a en fait rien à perdre : avec eux, il est sûr de ne pas gagner. Sans eux, mais avec tous ceux qui veulent changer la vie politique en France, il peut (et donc il va) gagner. 
 
 

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06/11/2007

Je signe une pétition sur les statuts du MoDem.

J'ai croisé François Bayrou aujourd'hui même rue de l'Université. Il a une allure de plus en plus mitterrandienne, avec une écharpe nouée sur un long manteau sombre. Je lui ai indiqué que j'étais plongé dans les statuts.

- Il faut travailler sur les statuts, a-t-il répondu un peu interrogatif.

- Oui, j'envoie des propositions de modifications.

- C'est bien.

En fait, je viens de signer une pétition et j'invite tous mes lecteurs qui passent et qui se sentent concernés par le MoDem à en faire autant.

Bayrou s'est fait connaître par son souci d'aérer la démocratie.

 

Bayrou tient compte de nos amendements : déjà une seconde version du projet de statuts :

 

2e version 

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Intérêt catégoriel cherche revendication lucrative.

Ouf, les marins-pêcheurs commençaient à s'échauffer. Leur ministre, à l'ancienne, les attendait tapi dans son bureau. Mais Supersarkozy, déchirant son mensonger costume de bureaucrate, a bondi jusqu'à eux en collant bleu et rouge.
 
Que veulent-ils ? Qu'on intègre les hausses de prix du gazole dans celui du poisson au détail ? Ils l'auront.
 
Qu'on suspende leurs charges sociales jusqu'aux municipales ? Ils l'auront (coût : quelques dizaines de millions d'Euros).
 
Qu'on les équipe avec des moteurs qui consomment moins de carburant ? Ils l'auront.
 
La baguette magique a parlé.
 
Alors voilà, si après de Gaulle, "l'homme qui a dit non", on a Sarkozy, "l'homme qui dit oui à tout", je cherche des associés pour créer un intérêt catégoriel au nom duquel foutre le bordel pour toucher ensuite plein de picaillons.
 
Eh bien, non. Non, ce n'est pas sérieux. Les pêcheurs vont se contenter des promesses. Ils auront tort.
 
En direct : j'entends que les pêcheurs ne sont pas dupes. Ouf. 

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Bayrou tient promesse : les statuts du MoDem sont sur la toile.

Voici l'adresse :
 
 
Bayrou avait promis que les internautes seraient associés à la rédaction des statuts. Voici un premier pas en ce sens. Chacun peut donc se mettre à l'étude et au travail. 
 
Correction après avoir lu l'avant-projet : pour le moment, le MoDem s'appelle ... l'UDF. Il va falloir modifier ces statuts. 

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05/11/2007

Trente ans sans Goscinny.

Il y a aujourd'hui tout juste trente ans que René Goscinny est mort, le 5 novembre 1977.
 
Je me souviens parfaitement de l'annonce de son décès : on avait envie de gifler son cardiologue. Je venais d'avoir treize ans (l'avant-veille) et j'étais élève du lycée Janson à Paris. Quant on indiqua qu'il était mort d'une crise cardiaque chez son cardiologue, je supposai que celui-ci avait perdu toute sa clientèle d'un seul coup, que les gens n'entreraient plus chez lui qu'en tremblant, qu'en claquant des dents. C'était ridicule et triste, mourir du coeur en pédalant chez son cardiologue.
 
Bien sûr, dans l'oeuvre de Goscinny, il y avait une baisse de régime, les derniers albums d'Astérix et de Lucky Luke ne valaient pas les plus anciens, mais aucun scénariste de BD ne pouvait rivaliser avec l'extraordinaire génie du père d'Astérix. On achetait un album les yeux fermés, rien que parce qu'il était scénarisé par Goscinny, un label de rire garanti. On ne savait pas alors que Goscinny avait moins le coeur à rire en raison du cancer de sa femme (leur fille Anne a dit pour une amère plaisanterie que son père était "mort du cancer de (s)a mère"). On découvrait effaré que cette baisse de régime serait définitive. Et pour cause. 
 
L'oeuvre de Goscinny repose sur trois piliers principaux : le Petit Nicolas, Lucky Luke et Astérix.
 
Le Petit Nicolas, j'avoue ne l'avoir jamais lu. Mais j'en ai toujours entendu parler avec émerveillement. Quand j'étais enfant, les camarades du Petit Nicolas faisaient partie des personnages que l'on pouvait se distribuer dans la cour de récréation au même titre que Zorro ou Fantômette (pour les filles). On en riait de cette joie ensoleillée que peuvent avoir les mioches. Et bien plus tard, en 2004, quand j'ai été mis dans le secret de la parution prochaine d'histoires inédites du Petit Nicolas, les quelques personnes à qui j'ai confié ce secret en ont eu instantanément les yeux brillants de joie. C'est un monument minuscule et intime, le Petit Nicolas ; ah, si seulement sa parution n'avait pas servi la candidature de Sarkozy !..
 
Le Petit Nicolas est une création personnelle de Goscinny ; Sempé l'a dit et redit au moment de la nouvelle parution : l'idée était déjà entière en Goscinny quand celui-ci a sollicité Sempé pour des dessins d'illustration.
 
Lucky Luke, au contraire, est né tout entier de l'imagination de Morris. C'est au bout de plusieurs albums que celui-ci, sentant les limites de sa création, a demandé du secours à Goscinny. Alors sont nés les cousins Dalton, Rantanplan, et tant d'autres qui comptent au moins pour moitié dans le succès de la série. Mais si Morris pouvait être bien reconnaissant envers Goscinny, l'inverse était vrai aussi, car les scénarii de Lucky Luke ont été le vrai sésame qui a permis à Goscinny d'entrer en BD.
 
Morris expliquait qu'au moment où il a "recruté" Goscinny, la fonction de scénariste n'était pas reconnue, le nom du seul dessinateur figurait sur l'oeuvre et c'est à peine si on rémunérait les écrivains.
 
Or pour Goscinny, l'accès à la BD était le commencement du rêve : élevé en Argentine (dans une famille d'ailleurs très engagée dans le sionisme), il avait voulu, peu après guerre, faire son trou à New-York dans les studios Disney, qui n'avaient pas voulu de lui. Il était reparti des États-Unis avec la déception d'un rêve d'adolescence brisé. Toute sa carrière allait le conduire à réaliser ses propres dessins animés (il ne le savait pas encore) et Lucky Luke était la première vraie marche de cet escalier.
 
Personnellement, je trouve que la plupart des meilleurs albums de Lucky Luke scénarisés par Goscinny sont parmi ceux parus chez Dupuis : "la Ville fantôme", "Billy the Kid", "des barbelés sur la prairie", par exemple, mais j'ai adoré recevoir comme cadeaux de Noël, à leur parution, "le pied tendre" et "chasseur de primes". Je les possède toujours et il m'arrive de les relire.
 
Je relis chaque année ses quinze chefs-d'oeuvre qui sont, de mon point de vue, les albums d'Astérix (dont Uderzo assume à juste titre la moitié de la paternité) à partir du "Tour de Gaule" jusqu'à "Astérix en Corse" inclus. Ces albums sont bons et hilarants de la première phrase au banquet final. Goscinny y glisse quantité de sa gourmandise : les calembours.
 
À côté de ces trois mastodontes, l'oeuvre de Goscinny se développe avec deux autres classiques, les Dingodossiers et Iznogoud qui est passé dans le langage courant parce que tout le monde connaît quelqu'un qui veut être "calife à la place du calife".
 
On peut y ajouter une poussière d'autres oeuvres, comme Oumpah Pah, Modeste et Pompon, d'autres moins connues comme "Jean Pistolet", tout un peuple qu'on peut rencontrer désormais à la librairie Goscinny, rue Goscinny, à Paris, à un jet de pierre de la Bibliothèque nationale de France, dans le XIIIe arrondissement.
 
Il y a eu aussi une série d'histoires courtes pour la télévision, toutes empreintes de son esprit incisif et malicieux, et bien sûr des scénarii de cinéma, notamment pour Pierre Tchernia ("le viager"). Bref, on se demande comment il faisait pour produire tant avec seulement vingt-quatre heures par jour (dont quelques-unes à dormir).
 
L'accouchement était chez lui toujours douloureux, solitaire, concentré, anxieux. Il écrivait sur une petite machine à écrire et ses dessinateurs recevaient leur copie à exécuter par la poste, sans commentaire.
 
Il leur arrivait fréquemment de pester, car Goscinny aimait leur lancer des défis en imaginant des scènes panoramiques et fourmillantes, ou bien des mouvements de foule compliqués que le dessin devait rendre. On pense à certaines scènes de bataille ou de bagarre. On pense aussi aux décors parfois grandioses.
 
Il ne riait plus guère, Goscinny. Les progrès de la maladie de sa femme augmentaient son anxiété. Les engagements financiers qu'il avait pris pour monter son studio de dessins animés l'angoissaient. Il menait de front Pilote et tant d'autres activités.
 
Il est mort âgé d'à peine plus de cinquante ans, laissant une veuve, Gilberte, qui a fondé le prix René Goscinny pour honorer un scénariste de BD chaque année, et une fille, Anne, née en plein mai '68, et devenue une romancière qui aurait fait la joie de son père.
 
Il a surtout laissé orphelins ses millions de lecteurs, en France, en Allemagne où Astérix est aussi vendu qu'en France, et finalement aux quatre coins du monde. Nous tous, ses orphelins.
 
Ils sont fous, ces orphelins. 

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04/11/2007

Tristesse pour les marins pêcheurs.

Leur métier est rude, la pêche est lointaine, humide, froide, physique, la mécanisation a soulagé certains de leurs efforts, mais il en reste. Et reste aussi le danger, car longues sont les listes de "péris en mer".Ils se battent à mains quasi-nues contre les géants japonais ou nordiques, ils luttent contre une concurrence sans cesse faussée par l'intervention des pouvoirs publics français et européens. Ils redoutent les Espagnols et les Polonais. Pour eux, la hausse du carburant est un désastre.
 
Pour nous, c'est l'occasion de dire une fois de plus le mal qui mine l'économie française : les entreprises n'y sont pas compétitives. Dans mon métier, l'édition, chacun sait que l'impression en Espagne ou en Italie permet des économies de 30%. 30%, ce n'est pas rien, compte-tenu de la marge moyenne dans ce métier qui traverse une période creuse depuis plusieurs années. Pourquoi une telle différence ? et pourquoi aussi chez les pêcheurs ?
 
Pourquoi, à prix du carburant égal, les pêcheurs espagnols gagnent-ils de l'argent et les Bretons non ?
 
Voilà la vraie question et de sa réponse dépend l'explication de la faible croissance française.
 
Hélas, les pouvoirs publics sont plus occupés, en général, à créer des dépendance chez les acteurs économiques qu'à résoudre leurs problèmes. Ils s'attellent rarement aux réelles difficultés pour cette raison : ils veulent établir leur pouvoir et celui de leur administration.
 
Il y a donc matière à se réjouir que Bayrou place le congrès fondateur du MoDem sous le vocable de l'indépendance. Pourvu que les actes suivent les mots. Qu'il donne l'exemple.
 
Pour l'instant, je n'ai que le spectacle des pêcheurs sous les yeux. Ils viennent d'incendier un vieux chalutier en bois, une "vieille coque", que l'on avait placée à l'entrée de la ville de Pont-l'Abbé, dans le Finistère, au bout de la Bretagne. Un bateau d'une époque révolue. C'est leur propre drapeau qu'ils ont brûlé. À pleurer.

03/11/2007

La république gangrenée.

C'est mon anniversaire et je n'ai le temps que d'une courte note.
 
L'étau des affaires se resserre autour du présivent Sarkozy : après Lagardère et son kolossal délit d'initié, après Rachida Dati et son CV "avantagé", voici Laporte et l'extorsion de fonds. Je pourrais d'ailleurs ajouter Santini qui a quitté Bayrou après avoir été compromis dans l'affaire de la fondation Hamon. Le gouvernement commence à ressembler à la famille Dalton. Le premier ministre s'en sort presque mieux : lui, c'est juste son encéphalogramme et son cardiogramme politique qui sont plats.
 
L'affaire Lagardère est rude. J'avais rencontré Arnaud Lagardère en 2000, dans mes fonctions municipales, lors d'une remise de médaille d'un club de karaté où son fils était inscrit. J'avais moi-même passé le ruban de la médaille du club au cou de l'enfant et, hilare, heureux, Lagardère m'avait accueilli avec une grande chaleur, c'était jour de fête pour son fils, il faisait donc ostensiblement la fête. Cette délicatesse, je dois le dire, m'avait plu. Le père Lagardère (ou le grand-père si l'on préfère) était encore vivant. J'avoue que je trouve l'affaire du délit d'initié presque encore plus consternante de légèreté et de maladresse que d'indélicatesse. Quoiqu'il en soit, elle ira à son terme.
 
L'affaire Dati ne la mènera sans doute ni en justice ni en procédure disciplinaire. Là encore, à ce degré de responsabilité, quand on bénéficie de l'appui public de personnalités comme Simone Veil (elle-même magistrate) et Albin Chalandon (ancien garde des sceaux), il est puéril de torturer la réalité pour la présenter sous un jour aussi ambigu qu'avantageux. En vérité, ce que cette affaire révèle surtout, c'est la république du piston ; ce n'est pas au mérite que Mme Dati est devenue magistrate, mais en mettant à profit une procédure extraordinaire qui lui permettait d'intégrer le corps des magistrats sans passer par l'ENM (École Nationale de la Magistrature), mais en faisant valider une expérience professionnelle et un diplôme, ce diplôme qui justement lui manque, le tout avec les épais appuis que je viens de citer. Ah, décidément, on avait une si bonne opinion de Simone Veil, AVANT...
 
L'affaire Laporte est beaucoup plus sulfureuse. Il n'y a pas là de grande délinquance financière, mais de petites magouilles à la limite du crapuleux, voire tout bonnement crapuleuses. Ce qu'on a dit et démenti de l'affaire donne à penser qu'il y a bien eu tentative d'extorsion à base de trafic d'influence. Et comme on n'en finit plus d'énumérer les sociétés où des délits sont avérés et dont Laporte est un des associés, ça tourne franchement au vinaigre. Oscard Wilde disait "perdre un proche est un grand malheur ; en perdre deux, c'est de la négligence". Je peux le paraphraser : "être associé dans une société véreuse est un grand malheur ; l'être dans deux, c'est de la négligence" (au moins).
 
Sarkozy irait plus vite en recrutant directement dans les prisons. Ca y ferait de la place pour les prisonniers "honnêtes". 

01/11/2007

Traité "simplifié" : une Europe sans Européens.

J'avais été frappé, en lisant un vieil album de photos anciennes (datant des années 1960 et regroupant des clichés officiels et parisiens du Second Empire jusqu'à la Première Guerre mondiale) commentées par Emmanuel Berl, d'y lire l'expression "Une république sans républicains". Il s'agissait de décrire la période 1870-1875.
 
À cette époque, la France est techniquement une république, puisqu'elle n'a pas de monarque. Mais ses instances parlementaires sont dominées par des monarchistes des trois catégories : légitimistes, orléanistes et bonapartistes. C'est l'incompatibilité de ces trois options qui assurera la victoire des républicains : en 1875 furent adoptées trois lois modestes qui tinrent lieu de constitution jusqu'en 1940.
 
La France fut ainsi constitutionnelle sans le savoir, tel un M. Jourdain des institutions.
 
Or voici qu'on nous explique avec force détails que les 290 (!) pages du traité dit "simplifié" ne sont que la pure et simple réorganisation du traité rejeté fortement par les Français et les Néerlandais en 2005, dont on n'a retiré que les dispositions les plus voyantes constitutionnellement : le drapeau, l'hymne, etc, toutes choses qui sont bien antérieures au traité avorté de 2005. Il s'agit donc, comme les lois de 1875, d'une constitution de fait, sans le nom, en catimini. 
 
Seulement voilà : Sarkozy a, il est vrai, été élu pour trouver une solution au Non français en obtenant un traité modeste et technique, non pas pour faire passer par le parlement ce que le peuple avait refusé nettement. Sur cette idée, François Bayrou, dont une partie de la campagne avait été basée sur l'idée qu'il faudrait revoter (idée que défendait un autre grand Européen, Jacques Delors), avait estimé que le "mini-traité" pourrait légitimement être adopté par le seul parlement, puisque les Français en avaient donné une sorte de mandat à Sarkozy en l'élisant.
 
Sarkozy avait bien affirmé haut et fort, lors du dernier débat télévisé qui l'avait opposé à Ségolène Royal : "la constitution, c'est fini, on n'en parle plus". Mais qu'est-ce qui compte ? qu'elle soit dénommée constitution ou que ses dispositions soient en vérité de nature constitutionnelle ? Et même, les Français ont-ils rejeté le traité parce qu'il était de nature constitutionnelle ou pour les dispositions qu'il contenait ou ne contenait pas ? Le fait que l'on s'éloigne du "mini-traité" allégé pour revenir vers le pavé de 2005 va inévitablement rouvrir le débat.
 
Pour dire la vérité, il me semble qu'il faudrait revoter. Je suis démocrate et, pour moi, le suffrage du peuple est la légitimité ultime ; dans la mesure où le traité nouveau n'a perdu que peu de substance par rapport au précédent, je trouve qu'il faudrait revoter et j'entends bien des voix dire la même chose autour de moi.
 
Bien entendu, c'est une option dangereuse et on fait courir un authentique risque à l'Europe et à la construction européenne en adoptant de nouveau la voie référendaire pour son adoption. Mais que les parlementaires disent Oui là où le peuple a dit Non serait particulièrement choquant.
 
C'est parce que pendant des décennies on a construit l'Europe sans y associer le peuple qu'on en est arrivé au désastre de 2005. On ne peut pas continuer à bâtir l'Europe sans les Européens.