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09/06/2009

Royal en embuscade.

La plus grande erreur que les élus puissent commettre, c'est de se croire propriétaires des voix qui se sont portées sur eux. Cohn-bendit l'a justement noté dimanche soir : des millions d'électeurs se sont portés sur Europe-Écologie "cette fois-ci", façon de dire que ces électeurs sont désormais adultes. Fini, l'électeur ventouse qui oublie de prendre ses lunettes pour lire les programmes, allume le feu avec son courrier électoral et va voter comme son père avant lui. Désormais, l'électeur se renseigne, lit les professions de foi, calcule, évalue, soupèse, et choisit pour une raison qui lui paraît bonne.

Cette fois-ci, puisqu'on l'invitait à lancer un signal fort, et puisque l'enjeu de pouvoir lui paraissait faible, il a lancé un mot : "écologie". En comptant les deux listes écolo (EE et AEI), 20 % des voix tout juste se sont directement (et sans la moindre ambiguïté possible) portées sur l'écologie. Et le message était bien l'écologie, l'environnement, l'avenir de la planète, puisque les "petits" écologistes en ont autant bénéficié que les grands. Le vainqueur n'est ni Cohn-Bendit, ni EE, mais l'écologie elle-même, ce que ni les écolo des Verts, ni ceux du MoDem (dont son président) ne devront oublier.

Car l'écologie était lourdement absente de son livre. Deux ou trois autres choses m'y ont paru gênantes (bien que je trouve en général le livre bien écrit et juste sur des points cruciaux) : la première, c'est qu'on n'y parle des immigrés qu'une fois, pour les désigner comme nuisibles (les patrons se servent d'eux pour comprimer les petits salaires à la baisse, ce qui est vrai), pas d'amendement "Welcome" chez Bayrou, c'est réellement abasourdissant ; la deuxième, c'est que lorsqu'il dit qu'il ne fréquentait plus les gens de la haute industrie ni de la haute finance depuis 1997, je reste circonspect, étant donné qu'après cette date il a très longtemps siégé dans le bureau de la gestion économique du sport hippique français aux côtés de Lagardère père puis de Rothschild, et je veux bien croire qu'il n'appelle pas cela les fréquenter, mais tout de même, il y a une forme de tartuferie ; bref, peu importe, disons que son livre fait l'impasse sur l'écologie, et que c'est regrettable, une faute non seulement politique, mais tout simplement contre l'esprit.

Pour en revenir au fait que les voix n'appartiennent à personne, il faut noter aussi qu'une bonne part de l'électorat socialiste a décidé de sanctionner le Parti Socialiste, et c'est certainement le cas de nombreux partisans de Ségolène Royal, ce qui laisse augurer des régionales terribles pour le PS s'il ne se réforme pas. Royal est en embuscade, ça sent la poudre.

Et pour finir sur ce sujet, je reviens une dernière fois sur ce qui a été dit par les esprits nauséabonds du bayroucosme : que Quitterie se serait vendue à Ségolène Royal. Il y a deux choses : la première, c'est qu'elle se serait vendue. Or sur ce point, renoncer à une candidature qui lui garantissait (ah, si elle avait été candidate !) d'être députée européenne pour rejoindre le bateau Royal, lâcher la proie pour l'ombre, cela ne me paraît pas relever de la catégorie des âmes vendues pour des plats de lentilles. La deuxième chose, c'est qu'il aurait été parfaitement admissible que Quitterie, jugeant les perspectives programmatiques proposées par Royal plus proches de ses aspirations profondes (compte tenu de l'évolution de Bayrou), se rapproche de Royal. Quel mal y aurait-il eu à cela, d'autant plus qu'elle avait l'honnêteté de ne pas le faire en empochant au passage un siège de député MoDem qu'elle aurait ensuite monnayé auprès de Royal ? On s'est donc vraiment mal conduit envers elle.

Une dernière conclusion sur le vote de dimanche dernier : près d'un électeur sur trois qui s'est exprimé a refusé d'entrer dans le jeu du débat droite-gauche... J'ai l'impression que c'est la première fois depuis très longtemps, mais je ne serais pas surpris que ce chiffre continue à augmenter, tant la réalité de l'axe doite-gauche peine à rendre compte de celle des politiques menées.

Le cadeau électoral du RSA, quelques jours avant le vote, a dissuadé les petits revenus concernés (qui sont nombreux) de protester contre le sarkozysme, il faudra en tenir compte, car cette tactique sera employée de nouveau.

Je crois que ces manoeuvres détestables ne nous seront pas épargnées à l'avenir, et j'ai la conviction qu'il faudra une alliance très large dans laquelle l'ensemble des sensibilités devra faire preuve d'abnégation, si nous voulons au moins remplacer le sarkozysme par un moindre mal en 2012, voire favoriser l'évolution vers une société des "petits matins" chère à Quitterie.

Quant à Quitterie elle-même, qu'elle le sache, elle peut décider de soutenir qui elle veut, non pas forcément pour le succès de cette personne, mais pour des principes qu'elle jugera cardinaux. Elle peut continuer à agir seulement dans l'ombre, ou bien militer pour le succès d'un programme, ou soutenir qui elle veut, elle aura mon soutien, qu'il s'agisse de n'importe qui, même de Bayrou ou de Royal.

13/05/2009

On danse sur le monde en morceaux.

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17:16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, européennes, verts, cohn-bendit | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Faut-il sauver le soldat Cohn-Bendit ?

Depuis que Quitterie a renoncé à y participer, j'avoue que les élections européennes ont cessé de m'intéresser. Les grands équilibres du parlement européen sont relativement stables, l'élection française n'y bouleversera pas grand chose, sinon quelques députés socialistes en moins, quelques députés de droite en plus, et peut-être la disparition du Front National de l'échiquier, que j'ai annoncé voici déjà plusieurs mois être l'objectif principal pour Sarkozy dans ces Européennes.

Mais les derniers sondages annoncent un possible événement majeur : les listes Europe-Écologie, conduites par Daniel Cohn-Bendit et José Bové sont en difficulté selon plusieurs sondages. Le dernier en date, celui de l'IFOP, donne les listes vertes au coude à coude avec le NPA et le Front de Gauche à 7 %. Qui plus est, les Verts sont en phase descendante, le Front de Gauche en phase ascendante, et leurs courbes pourraient se croiser. Daniel Cohn-Bendit va-t-il quitter le parlement européen par la petite porte, sur un banco manqué ?

Il faut dire que sa stratégie est un peu confuse : il l'a lancée en affichant vertement (si j'ose dire) son opposition à Sarkozy au parlement européen, mais dans le même temps, on apprenait qu'il était reçu régulièrement et chaleureusement à l'Élysée. Il a aussi participé à un lipdub dont l'opposition à l'action du gouvernement est explicite, mais il va suggérer aux Verts italiens de participer à un gouvernement avec Berlusconi.

On n'est pas obligé de s'arrêter à ces contradictions : l'argument le plus explicite qui sous-tend la volonté de rapprochement avec la droite est qu'il y a urgence pour la planète, et qu'attendre que la gauche parvienne à prendre le pouvoir peut-être un crime contre la nature. C'est vrai, mais si l'on regarde ce raisonnement d'un autre oeil, on retrouvera les arguments des vieux UDF toujours prêts à se vendre pour un maroquin, et les électeurs n'aiment pas ce genre d'attitudes.

Au contraire, les électeurs veulent de la sincérité. Sarkozy est rejeté par presque deux Français sur trois en ce moment. Et non seulement il est rejeté, mais c'est avec véhémence et passion, alors que Cohn-Bendit se donne une image (d'ailleurs intéressante) de vendeur de complexité, capable d'évaluer le pour et le contre. Dans certaines circonstances, ce qui est complexe est en fait compliqué. C'est probablement ce que l'électeur pense de l'attitude de l'ex-figure de Mai 68.

Et d'ailleurs, la génération de mai 68, on l'a vu pendant la dernière présidentielle, elle a plutôt mauvaise presse. Souvenons-nous de ce qu'a écrit Quitterie en 2007, au nom de la génération des jeunes actifs, contre la génération de 68 qui a maintenu son train de vie en creusant la dette et en sacrifiant la planète. Dans une certaine mesure, Cohn-Bendit paie pour les autres de sa génération.

Cela ne pourrait suffire à expliquer qu'il soit passé en deux ou trois mois de 11 % à 7 %. Il y a autre chose, des causes en partie exogènes.

La première sans doute est que la première campagne européenne de Cohn-Bendit, en 1999, s'était faite dans un contexte très particulier, une UMP (RPR) en plein brouillard (et Séguin tête de liste focalisait la campagne sur l'enjeu spécifiquement européen), une gauche embourbée dans le pouvoir, un besoin de fraîcheur que Cohn-Bendit avait incarné en même temps que Bayrou. C'était spectaculaire : le banni de 1968 qui revenait par les palais électoraux, une revanche. Dix ans plus tard, le contexte a totalement changé. Comme on dit chez Astérix, "bis repetita ne placent pas toujours".

Ce qui a changé également, c'est la technique politique. En 1999, l'abattage fantastique de Cohn-Bendit faisait de lui de loin le plus moderne de la compétition. Dix ans plus tard, après une campagne présidentielle qui s'est faite dans Voici et dans Gala, et chez Drucker, la technique politique de Cohn-Bendit fait probablement de lui ce que Rachida Dati a nommé avec une lucidité cruelle un "homme du passé".

Enfin, il est sans doute lui-même fatigué. Il a dit en lançant sa campagne que ce serait la dernière, que ce serait son dernier mandat de député européen. C'est honnête, mais les électeurs votent rarement pour ceux qui leur expliquent qu'ils sont au bout du rouleau et qu'ils n'ont plus grand temps pour s'adresser au monde qui est en morceaux.

J'ajoute que Cohn-Bendit a un défaut important : en politique étrangère, il penche nettement du côté américain, et il est comme Strauss-Kahn pour l'Union Pour la Méditerranée, pour l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, bref...

Mais il ne faut pas oublier le rôle crucial qu'a joué le groupe vert au parlement européen dans le débat contre Hadopi, comme d'ailleurs au parlement français. Et puis, on peut voir que Cohn-Bendit a permis aux Verts de rebondir après une présidentielle très décevante.

Alors, avec tous ces contrastes, toute cette histoire entremêlée et complexe, mais aussi une planète à sauver, je crois qu'il serait dommage que Daniel Cohn-Bendit quitte le parlement européen sans avoir eu droit à son dernier tour de manège.

02/02/2009

Tarnac, Villiers-le-Bel, mises en scène et antiterrorisme.

Le Larzac, ce n'est pas mon histoire personnelle. Tarnac est un nom qui ne me dit rien. Villiers-le-Bel, en revanche, me remémore notre regretté ami, Ali Menzel, que nous étions allés soutenir avec Quitterie Delmas.

L'association de ces deux localités, c'est Quitterie qui l'a faite dans une note qui, depuis bientôt mille ans, occupe la page d'accueil de son blog.

Aujourd'hui, dans le quotidien "Le Monde", outre quelques articles sur l'économie verte (comme celui-ci), on peut lire une tribune cosignée par un ensemble de personnalités comme Patrick Braouézec, maire de Saint-Denis, et Daniel Cohn-Bendit. Ce texte est intitulé "Tarnac ou l'antiterrorisme à grand spectacle", où l'on retrouve presque mot pour mot le thème de l'excellente note de Quitterie.

Cette tribune est remarquablement écrite et s'insurge contre le qualificatif de "terroriste" jeté sur les  détenus de Tarnac, contre lesquels on n'a visiblement pas grand chose. En utilisant le mot "terroriste", on a pu infliger la garde à vue spéciale prévue par les lois : 96 heures (quatre jours et quatre nuits) au lieu de 48. Et l'on n'a pas constaté, là, dans cet abus de droit manifeste, la même protestation que pour un ancien patron de rédaction de Libé, me permettrais-je de glisser au passage.

En tout cas, traiter de terroristes des gens qui ont tiré sur des caténaires (s'ils l'ont fait), c'est à peu près comme de classer dans le grand banditisme des joueurs de bonneteau de fête foraine ou de faire passer en cour d'assises quelqu'un qui aurait chipé une pomme à la devanture d'un marchand de fruits. C'est ridicule, ou cela le serait sans les terribles conséquences que cet abus a sur l'existence de personnes dont beaucoup ne seront certainement condamnées à rien.

Qualifier de terrorisme permet aussi de mettre les petis plats policiers dans les grands plats médiatiques. Et c'est cette instrumentalistaion honteuse qui, au fond, insurge Quitterie, et scandalise les auteurs de la tribune du "Monde". Ils ont raison, ce qui fait que le lien avec les mises en scène de Villiers-le-Bel est entièrement justifié.

J'adhère donc entièrement aux conclusions de cet article : "Il est temps que l'on revienne au respect de l'état de droit". Merci de l'avoir dit si tôt, Quitterie.

19/09/2008

Sarkozy : "mon ami Daniel Cohn-Bendit".

Une fuite de propos off, soigneusement organisée on s'en doute, a été lue par "Le Canard Enchaîné" qui les relate cette semaine. Sarkozy y distribue bons et mauvais points. Le PS ? "Je suis leur DRH" ; Bayrou ? n'en finira pas de traverser le désert ; Cohn-Bendit ? "mon ami Cohn-Bendit".

Je crois que si Eva Joly lit ce texte, elle va avoir une attaque.

Allez, chiche, on lui donne ?