19/06/2009
Quitterie s'exprime un peu.
Rassurez-vous : Quitterie Delmas ne s'est pas installée en Suisse avec les paquets de lingots d'or soigneusement dissimulés dans la cave du MoDem par François Bayrou, et elle n'a pas maquillé son forfait avec des motifs apparemment nobles. En fait, si elle était hier à Genève, c'est à l'invitation de Rézonance et de la Fédération des Entreprises Romandes, pour témoigner de son parcours politique et de ses engagements les plus fondamentaux. Évidemment, lorqu'elle a abordé le sujet des paradis fiscaux, un frisson a couru sur le public assez fourni.
Elle est revenue sur les différents sujets qui ont fait parler les bavards en France dans les derniers mois à son sujet, puis elle a expliqué ce qu'elle faisait pout le moment.
Je vous conseille de regarder l'ensemble des interventions qui seront visibles (avec leurs propres images) sur le site de Rézonance, et bien sûr mes images de Quitterie, juste ici.
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09/06/2009
Royal en embuscade.
La plus grande erreur que les élus puissent commettre, c'est de se croire propriétaires des voix qui se sont portées sur eux. Cohn-bendit l'a justement noté dimanche soir : des millions d'électeurs se sont portés sur Europe-Écologie "cette fois-ci", façon de dire que ces électeurs sont désormais adultes. Fini, l'électeur ventouse qui oublie de prendre ses lunettes pour lire les programmes, allume le feu avec son courrier électoral et va voter comme son père avant lui. Désormais, l'électeur se renseigne, lit les professions de foi, calcule, évalue, soupèse, et choisit pour une raison qui lui paraît bonne.
Cette fois-ci, puisqu'on l'invitait à lancer un signal fort, et puisque l'enjeu de pouvoir lui paraissait faible, il a lancé un mot : "écologie". En comptant les deux listes écolo (EE et AEI), 20 % des voix tout juste se sont directement (et sans la moindre ambiguïté possible) portées sur l'écologie. Et le message était bien l'écologie, l'environnement, l'avenir de la planète, puisque les "petits" écologistes en ont autant bénéficié que les grands. Le vainqueur n'est ni Cohn-Bendit, ni EE, mais l'écologie elle-même, ce que ni les écolo des Verts, ni ceux du MoDem (dont son président) ne devront oublier.
Car l'écologie était lourdement absente de son livre. Deux ou trois autres choses m'y ont paru gênantes (bien que je trouve en général le livre bien écrit et juste sur des points cruciaux) : la première, c'est qu'on n'y parle des immigrés qu'une fois, pour les désigner comme nuisibles (les patrons se servent d'eux pour comprimer les petits salaires à la baisse, ce qui est vrai), pas d'amendement "Welcome" chez Bayrou, c'est réellement abasourdissant ; la deuxième, c'est que lorsqu'il dit qu'il ne fréquentait plus les gens de la haute industrie ni de la haute finance depuis 1997, je reste circonspect, étant donné qu'après cette date il a très longtemps siégé dans le bureau de la gestion économique du sport hippique français aux côtés de Lagardère père puis de Rothschild, et je veux bien croire qu'il n'appelle pas cela les fréquenter, mais tout de même, il y a une forme de tartuferie ; bref, peu importe, disons que son livre fait l'impasse sur l'écologie, et que c'est regrettable, une faute non seulement politique, mais tout simplement contre l'esprit.
Pour en revenir au fait que les voix n'appartiennent à personne, il faut noter aussi qu'une bonne part de l'électorat socialiste a décidé de sanctionner le Parti Socialiste, et c'est certainement le cas de nombreux partisans de Ségolène Royal, ce qui laisse augurer des régionales terribles pour le PS s'il ne se réforme pas. Royal est en embuscade, ça sent la poudre.
Et pour finir sur ce sujet, je reviens une dernière fois sur ce qui a été dit par les esprits nauséabonds du bayroucosme : que Quitterie se serait vendue à Ségolène Royal. Il y a deux choses : la première, c'est qu'elle se serait vendue. Or sur ce point, renoncer à une candidature qui lui garantissait (ah, si elle avait été candidate !) d'être députée européenne pour rejoindre le bateau Royal, lâcher la proie pour l'ombre, cela ne me paraît pas relever de la catégorie des âmes vendues pour des plats de lentilles. La deuxième chose, c'est qu'il aurait été parfaitement admissible que Quitterie, jugeant les perspectives programmatiques proposées par Royal plus proches de ses aspirations profondes (compte tenu de l'évolution de Bayrou), se rapproche de Royal. Quel mal y aurait-il eu à cela, d'autant plus qu'elle avait l'honnêteté de ne pas le faire en empochant au passage un siège de député MoDem qu'elle aurait ensuite monnayé auprès de Royal ? On s'est donc vraiment mal conduit envers elle.
Une dernière conclusion sur le vote de dimanche dernier : près d'un électeur sur trois qui s'est exprimé a refusé d'entrer dans le jeu du débat droite-gauche... J'ai l'impression que c'est la première fois depuis très longtemps, mais je ne serais pas surpris que ce chiffre continue à augmenter, tant la réalité de l'axe doite-gauche peine à rendre compte de celle des politiques menées.
Le cadeau électoral du RSA, quelques jours avant le vote, a dissuadé les petits revenus concernés (qui sont nombreux) de protester contre le sarkozysme, il faudra en tenir compte, car cette tactique sera employée de nouveau.
Je crois que ces manoeuvres détestables ne nous seront pas épargnées à l'avenir, et j'ai la conviction qu'il faudra une alliance très large dans laquelle l'ensemble des sensibilités devra faire preuve d'abnégation, si nous voulons au moins remplacer le sarkozysme par un moindre mal en 2012, voire favoriser l'évolution vers une société des "petits matins" chère à Quitterie.
Quant à Quitterie elle-même, qu'elle le sache, elle peut décider de soutenir qui elle veut, non pas forcément pour le succès de cette personne, mais pour des principes qu'elle jugera cardinaux. Elle peut continuer à agir seulement dans l'ombre, ou bien militer pour le succès d'un programme, ou soutenir qui elle veut, elle aura mon soutien, qu'il s'agisse de n'importe qui, même de Bayrou ou de Royal.
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16/11/2008
Crise financière : c'est Roland Barthes le coupable !
Il arrive qu'on achète des livres, qu'on les pose sur un meuble, qu'on pose ensuite des piles de chaussettes ou de parchemins médiévaux sur eux, puis qu'un jour, longtemps après, en soulevant la pile pour autre chose, on les retrouve, et qu'on se dise "mais au fait..."
C'est ce qui m'est arrivé avec le fondamental ouvrage de Christian Salmon paru voici tout juste un an : "Storytelling".
Mais au fond, il vaut mieux ne l'avoir découvert qu'aujourd'hui alors que la crise financière s'est déclenchée.
De quoi s'agit-il ?
De la substitution progressive du fantasme à la réalité dans la communication marchande et politique depuis trente ans. Notez la concomitance avec la période néoconservatrice.
Storytelling est l'action de "telling a story", mot à mot raconter une histoire. Plus précisément, il s'agit d'une technique consistant à raconter une histoire (le plus souvent un bobard) pour faire comprendre et admettre une idée ou pour faire aimer un produit. C'est évidemment un monstrueux moyen de manipulation des foules. Mais ce peut être aussi une spirale d'autointoxication, et alors gare au réveil.
Remplaçant tout (les vertus d'un produit, les positions stratégiques d'une bataille, le projet politique d'un candidat), le bobard s'inscrit comme une reconstruction complète d'un discours pour décorer l'apparence de la réalité, un peu comme ces villages de carton-pâte autrefois présentés à la Grande Catherine, dont Bayrou parlait pendant la campagne présidentielle. Une Renault n'est plus une voiture, c'est l'épopée des modèles successifs de la marque, un personnage politique n'est plus une intelligence, une compétence ni une conscience, c'est un parcours, un florilège d'émotions articulées autour d'événements racontés (parfois voire souvent entièrement réécrits - inventés ?).
Le jeu est devenu dangereux en économie parce que le discours du storytelling s'y est entièrement substitué à la réalité des chiffres. Une culture du mensonge y a remplacé la rigueur de la gestion. De là sans doute la violence du krach récent, ardent retour à la réalité. Les techniques comptables récemment abandonnées, qui permettaient d'évaluer des actifs sur des tourbillons de vent, relèvent d'ailleurs du storytelling, jusqu'à la caricature (elles dataient de l'époque glorieuse d'Enron, c'est tout dire).
Le même jeu encore, appliqué systématiquement à la politique américaine depuis Clinton mais surtout depuis Bush (avec un contrôle approfondi des médias parfaitement contraire à tous les principes fondateurs de l'Amérique), a confiné à la folie et à la démarche d'illuminés avec George W Bush, et il faut lire ce qu'a écrit un journaliste effaré en sortant d'une rencontre en tête à tête avec W en 2002 : le discours allait remplacer la réalité. La foi pouvait donc déplacer la montagne. Hélas, c'était la technologie de l'intelligence mise au service de l'obscurantisme, et ce fut la manipulation démentielle des médias avant, pendant et après la guerre en Irak, et depuis, jusqu'au résultat navrant, jonché d'un demi-million de cadavres. Récit glaçant.
Plus près de nous, bien entendu, c'est Henri Guaino qui applique les règles du storytelling à son candidat, avec brio d'ailleurs, sauf que... sauf que, comme disait Lénine, les faits sont têtus.
Et enfin, hélas, voici qu'apparaît Ségolène Royal, dont le storytelling, organisé par le patron de Saatchi, s'organisait en 2007 autour de cette "femme qui avait mis en échec le pouvoir patriarcal des éléphants du PS", une story qu'elle est peut-être en train de reconstruire ce week-end à Reims, puisqu'elle est venue les défier.
Comme on le pressentait durant la présidentielle, il y avait donc bien entre ces deux candidats le point commun d'un choix dans l'ordre du discours, plus encore que de l'apparence, qui se résumait en fait à un choix de technique de communication, le dernier cri, un dernier cri qui vient de faire tomber la première puissance mondiale, de coûter des dizaines (et bientôt des centaines) de milliers d'emplois de par le monde, de jeter trois millions et demi de familles américaines à la rue, bref, un déshonneur funèbre.
Nous savions bien pour quoi et contre quoi nous nous battions, en 2007.
Je le dis avec prudence, car je sais qu'il y a parmi nos amis des adeptes de Royal, mais il faut le constater : elle est toujours dans cette technique de marketing, alors que, plus que jamais, nous avons le devoir de nous battre pour le triomphe de l'intelligence raisonnée, pour Descartes malgré ses défauts, pour les Lumières, contre les forces d'obscurité qui, avec le départ de Bush junior, laissent une plaie béante à la surface du globe.
Pour la raison, pour la science, et donc pour l'école, mais aussi pour une vraie presse d'investigation, indépendante et libre.
Lisons donc cet ouvrage aujourd'hui, maintenant que nous savons l'étendue des dégâts causés par les méthodes qu'il décrit, puis, chaque fois que nous en aurons l'occasion, attaquons les storytellings dans l'oeuf et démystifions-les. Il y va du plus profond du destin de l'occident.
Ah, et pourquoi Roland Barthes ? Parce que c'est lui qui, le premier, a réfléchi sur le rôle joué sur les narrations dans l'organisation de notre compréhension du monde, et que cette primauté lui a été reconnue par ceux qui l'ont reliée au succès commercial de la technique du storytellng.
03:01 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : crise financière, sociologie, politique, storytelling, christian salmon, sarkozy, ségolène royal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
13/11/2008
Je suis triste pour les militants du PS.
Ne croyez pas que je verse des larmes de crocodile : je ne me réjouis en aucune manière du triste moment que traverse le Parti Socialiste, au contraire, je suis attristé par le festival de tartufferie auquel l'élection du nouveau premier secrétaire de leur parti donne lieu. Comme le blogueur (ségoléniste si j'ai bien compris) Richardtrois le souligne, il est en effet faux de prétendre que les motions sont départagées par leur choix ou leur refus a priori de l'alliance avec les démocrates. En fait, il y a, parmi les soutiens de chacune des quatre principales motions, des élus qui ont fait alliance avec nous, que ce soit au premier ou au second tour des municipales.
Pour dire la vérité, leur congrès me rappelle celui de feu le CDS que j'ai vécu à Versailles en 1982 : alors, Bernard Stasi est arrivé largement en tête au premier tour, mais au second, l'alliance de Pierre Méhaignerie et de Jacques Barrot a permis à ce tandem de l'emporter. Et la question centrale du congrès était "faut-il se rapprocher de Giscard ou de Barre ?" et Stasi penchait pour Barre, Méhaignerie pour Giscard, mais à peine élu, Méhaignerie s'empressa de se jeter dans les bras de ... Barre, qui joue à peu près le rôle du MoDem.
Je suis triste, parce que nous connaissons bien des militants socialistes qui sont neutres dans les jeux d'appareil, et sont désolés du spectacle actuel.
L'agressivité qui est déployée contre les démocrates est à elle seule le symptôme du malaise socialiste. On nous enjoint de dire qui nous sommes pour entrer dans une boîte, pour rejoindre les rails, pour faire allégeance. On nous soupçonne, on nous conspue, on nous tolère parfois, mais au fond, on ne nous aime pas, parce qu'on n'est pas de la même bande.
C'est dommage car ce que nous savons, nous, qui avons un peu de recul, c'est qu'au moment de la prochaine présidentielle, il faudra bien que s'entendent tous ceux qui s'opposent à Nicolas Sarkozy, sans exclusive, et sur un vrai socle programmatique (comme l'ont relevé en des temps différents Royal et Aubry), faute de quoi il sera réélu et nous en porterons tous la responsabilité.
Alors ne disons pas n'importe quoi, ne faisons pas n'importe quoi, ne nous mêlons pas trop de leurs affaires internes (même si j'apprécie le débat ouvert par Luc), et concentrons-nous sur notre propre projet à élaborer.
Enfin, je dois tout de même dire que, sans arrière-plan politique, je serais heureux que la nouvelle génération, qu'il s'agisse de Peillon ou de Hamon ou d'un autre éventuel (je partage sur ce point l'opinion du blogueur et journaliste Nicolas Voisin), s'empare de Solférino pour y mettre un peu d'air.
20:58 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : politique, partis socialiste, ps, ségolène royal, benoît hamon vincent peillon, modem | | del.icio.us | | Digg | Facebook
29/05/2008
Lendemains de cuites.
06:48 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : politique, bayrou, sarkozy, ségolène royal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
24/01/2008
Sarkozy arbitrera le premier secrétariat du PS.
19:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, PS, Sarkozy, Ségolène Royal, Bayrou, Quitterie Delmas | | del.icio.us | | Digg | Facebook
06/12/2007
Un passage horrifiant de l'excellent livre de J.-F. Kahn.
01:20 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : politique, Kahn, Sarkozy, Ségolène Royal, Bayrou, Royaume-Uni | | del.icio.us | | Digg | Facebook
04/11/2007
Tristesse pour les marins pêcheurs.
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03/11/2007
La république gangrenée.
17:50 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : politique, MoDem, Bernard Laporte, Bayrou, Sarkozy, Ségolène Royal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
01/11/2007
Traité "simplifié" : une Europe sans Européens.
20:55 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, MoDem, Europe, Bayrou, Sarkozy, Ségolène Royal | | del.icio.us | | Digg | Facebook