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19/06/2009

Quitterie s'exprime un peu.

Rassurez-vous : Quitterie Delmas ne s'est pas installée en Suisse avec les paquets de lingots d'or soigneusement dissimulés dans la cave du  MoDem par François Bayrou, et elle n'a pas maquillé son forfait avec des motifs apparemment nobles. En fait, si elle était hier à Genève, c'est à l'invitation de Rézonance et de la Fédération des Entreprises Romandes, pour témoigner de son parcours politique et de ses engagements les plus fondamentaux. Évidemment, lorqu'elle a abordé le sujet des paradis fiscaux, un frisson a couru sur le public assez fourni.

Elle est revenue sur les différents sujets qui ont fait parler les bavards en France dans les derniers mois à son sujet, puis elle a expliqué ce qu'elle faisait pout le moment.

Je vous conseille de regarder l'ensemble des interventions qui seront visibles (avec leurs propres images) sur le site de Rézonance, et bien sûr mes images de Quitterie, juste ici.

 

09/06/2009

Royal en embuscade.

La plus grande erreur que les élus puissent commettre, c'est de se croire propriétaires des voix qui se sont portées sur eux. Cohn-bendit l'a justement noté dimanche soir : des millions d'électeurs se sont portés sur Europe-Écologie "cette fois-ci", façon de dire que ces électeurs sont désormais adultes. Fini, l'électeur ventouse qui oublie de prendre ses lunettes pour lire les programmes, allume le feu avec son courrier électoral et va voter comme son père avant lui. Désormais, l'électeur se renseigne, lit les professions de foi, calcule, évalue, soupèse, et choisit pour une raison qui lui paraît bonne.

Cette fois-ci, puisqu'on l'invitait à lancer un signal fort, et puisque l'enjeu de pouvoir lui paraissait faible, il a lancé un mot : "écologie". En comptant les deux listes écolo (EE et AEI), 20 % des voix tout juste se sont directement (et sans la moindre ambiguïté possible) portées sur l'écologie. Et le message était bien l'écologie, l'environnement, l'avenir de la planète, puisque les "petits" écologistes en ont autant bénéficié que les grands. Le vainqueur n'est ni Cohn-Bendit, ni EE, mais l'écologie elle-même, ce que ni les écolo des Verts, ni ceux du MoDem (dont son président) ne devront oublier.

Car l'écologie était lourdement absente de son livre. Deux ou trois autres choses m'y ont paru gênantes (bien que je trouve en général le livre bien écrit et juste sur des points cruciaux) : la première, c'est qu'on n'y parle des immigrés qu'une fois, pour les désigner comme nuisibles (les patrons se servent d'eux pour comprimer les petits salaires à la baisse, ce qui est vrai), pas d'amendement "Welcome" chez Bayrou, c'est réellement abasourdissant ; la deuxième, c'est que lorsqu'il dit qu'il ne fréquentait plus les gens de la haute industrie ni de la haute finance depuis 1997, je reste circonspect, étant donné qu'après cette date il a très longtemps siégé dans le bureau de la gestion économique du sport hippique français aux côtés de Lagardère père puis de Rothschild, et je veux bien croire qu'il n'appelle pas cela les fréquenter, mais tout de même, il y a une forme de tartuferie ; bref, peu importe, disons que son livre fait l'impasse sur l'écologie, et que c'est regrettable, une faute non seulement politique, mais tout simplement contre l'esprit.

Pour en revenir au fait que les voix n'appartiennent à personne, il faut noter aussi qu'une bonne part de l'électorat socialiste a décidé de sanctionner le Parti Socialiste, et c'est certainement le cas de nombreux partisans de Ségolène Royal, ce qui laisse augurer des régionales terribles pour le PS s'il ne se réforme pas. Royal est en embuscade, ça sent la poudre.

Et pour finir sur ce sujet, je reviens une dernière fois sur ce qui a été dit par les esprits nauséabonds du bayroucosme : que Quitterie se serait vendue à Ségolène Royal. Il y a deux choses : la première, c'est qu'elle se serait vendue. Or sur ce point, renoncer à une candidature qui lui garantissait (ah, si elle avait été candidate !) d'être députée européenne pour rejoindre le bateau Royal, lâcher la proie pour l'ombre, cela ne me paraît pas relever de la catégorie des âmes vendues pour des plats de lentilles. La deuxième chose, c'est qu'il aurait été parfaitement admissible que Quitterie, jugeant les perspectives programmatiques proposées par Royal plus proches de ses aspirations profondes (compte tenu de l'évolution de Bayrou), se rapproche de Royal. Quel mal y aurait-il eu à cela, d'autant plus qu'elle avait l'honnêteté de ne pas le faire en empochant au passage un siège de député MoDem qu'elle aurait ensuite monnayé auprès de Royal ? On s'est donc vraiment mal conduit envers elle.

Une dernière conclusion sur le vote de dimanche dernier : près d'un électeur sur trois qui s'est exprimé a refusé d'entrer dans le jeu du débat droite-gauche... J'ai l'impression que c'est la première fois depuis très longtemps, mais je ne serais pas surpris que ce chiffre continue à augmenter, tant la réalité de l'axe doite-gauche peine à rendre compte de celle des politiques menées.

Le cadeau électoral du RSA, quelques jours avant le vote, a dissuadé les petits revenus concernés (qui sont nombreux) de protester contre le sarkozysme, il faudra en tenir compte, car cette tactique sera employée de nouveau.

Je crois que ces manoeuvres détestables ne nous seront pas épargnées à l'avenir, et j'ai la conviction qu'il faudra une alliance très large dans laquelle l'ensemble des sensibilités devra faire preuve d'abnégation, si nous voulons au moins remplacer le sarkozysme par un moindre mal en 2012, voire favoriser l'évolution vers une société des "petits matins" chère à Quitterie.

Quant à Quitterie elle-même, qu'elle le sache, elle peut décider de soutenir qui elle veut, non pas forcément pour le succès de cette personne, mais pour des principes qu'elle jugera cardinaux. Elle peut continuer à agir seulement dans l'ombre, ou bien militer pour le succès d'un programme, ou soutenir qui elle veut, elle aura mon soutien, qu'il s'agisse de n'importe qui, même de Bayrou ou de Royal.

16/11/2008

Crise financière : c'est Roland Barthes le coupable !

Il arrive qu'on achète des livres, qu'on les pose sur un meuble, qu'on pose ensuite des piles de chaussettes ou de parchemins médiévaux sur eux, puis qu'un jour, longtemps après, en soulevant la pile pour autre chose, on les retrouve, et qu'on se dise "mais au fait..."

C'est ce qui m'est arrivé avec le fondamental ouvrage de Christian Salmon paru voici tout juste un an : "Storytelling".

Mais au fond, il vaut mieux ne l'avoir découvert qu'aujourd'hui alors que la crise financière s'est déclenchée.

De quoi s'agit-il ?

De la substitution progressive du fantasme à la réalité dans la communication marchande et politique depuis trente ans. Notez la concomitance avec la période néoconservatrice.

Storytelling est l'action de "telling a story", mot à mot raconter une histoire. Plus précisément, il s'agit d'une technique consistant à raconter une histoire (le plus souvent un bobard) pour faire comprendre et admettre une idée ou pour faire aimer un produit. C'est évidemment un monstrueux moyen de manipulation des foules. Mais ce peut être aussi une spirale d'autointoxication, et alors gare au réveil.

Remplaçant tout (les vertus d'un produit, les positions stratégiques d'une bataille, le projet politique d'un candidat), le bobard s'inscrit comme une reconstruction complète d'un discours pour décorer l'apparence de la réalité, un peu comme ces villages de carton-pâte autrefois présentés à la Grande Catherine, dont Bayrou parlait pendant la campagne présidentielle. Une Renault n'est plus une voiture, c'est l'épopée des modèles successifs de la marque, un personnage politique n'est plus une intelligence, une compétence ni une conscience, c'est un parcours, un florilège d'émotions articulées autour d'événements racontés (parfois voire souvent entièrement réécrits - inventés ?).

Le jeu est devenu dangereux en économie parce que le discours du storytelling s'y est entièrement substitué à la réalité des chiffres. Une culture du mensonge y a remplacé la rigueur de la gestion. De là sans doute la violence du krach récent, ardent retour à la réalité. Les techniques comptables récemment abandonnées, qui permettaient d'évaluer des actifs sur des tourbillons de vent, relèvent d'ailleurs du storytelling, jusqu'à la caricature (elles dataient de l'époque glorieuse d'Enron, c'est tout dire).

Le même jeu encore, appliqué systématiquement à la politique américaine depuis Clinton mais surtout depuis Bush (avec un contrôle approfondi des médias parfaitement contraire à tous les principes fondateurs de l'Amérique), a confiné à la folie et à la démarche d'illuminés avec George W Bush, et il faut lire ce qu'a écrit un journaliste effaré en sortant d'une rencontre en tête à tête avec W en 2002 : le discours allait remplacer la réalité. La foi pouvait donc déplacer la montagne. Hélas, c'était la technologie de l'intelligence mise au service de l'obscurantisme, et ce fut la manipulation démentielle des médias avant, pendant et après la guerre en Irak, et depuis, jusqu'au résultat navrant, jonché d'un demi-million de cadavres. Récit glaçant.

Plus près de nous, bien entendu, c'est Henri Guaino qui applique les règles du storytelling à son candidat, avec brio d'ailleurs, sauf que... sauf que, comme disait Lénine, les faits sont têtus.

Et enfin, hélas, voici qu'apparaît Ségolène Royal, dont le storytelling, organisé par le patron de Saatchi, s'organisait  en 2007 autour de cette "femme qui avait mis en échec le pouvoir patriarcal des éléphants du PS", une story qu'elle est peut-être en train de reconstruire ce week-end à Reims, puisqu'elle est venue les défier.

Comme on le pressentait durant la présidentielle, il y avait donc bien entre ces deux candidats le point commun d'un choix dans l'ordre du discours, plus encore que de l'apparence, qui se résumait en fait à un choix de technique de communication, le dernier cri, un dernier cri qui vient de faire tomber la première puissance mondiale, de coûter des dizaines (et bientôt des centaines) de milliers d'emplois de par le monde, de jeter trois millions et demi de familles américaines à la rue, bref, un déshonneur funèbre.

Nous savions bien pour quoi et contre quoi nous nous battions, en 2007.

Je le dis avec prudence, car je sais qu'il y a parmi nos amis des adeptes de Royal, mais il faut le constater : elle est toujours dans cette technique de marketing, alors que, plus que jamais, nous avons le devoir de nous battre pour le triomphe de l'intelligence raisonnée, pour Descartes malgré ses défauts, pour les Lumières, contre les forces d'obscurité qui, avec le départ de Bush junior, laissent une plaie béante à la surface du globe.

Pour la raison, pour la science, et donc pour l'école, mais aussi pour une vraie presse d'investigation, indépendante et libre.

Lisons donc cet ouvrage aujourd'hui, maintenant que nous savons l'étendue des dégâts causés par les méthodes qu'il décrit, puis, chaque fois que nous en aurons l'occasion, attaquons les storytellings dans l'oeuf et démystifions-les. Il y va du plus profond du destin de l'occident.

Ah, et pourquoi Roland Barthes ? Parce que c'est lui qui, le premier, a réfléchi sur le rôle joué sur les narrations dans l'organisation de notre compréhension du monde, et que cette primauté lui a été reconnue par ceux qui l'ont reliée au succès commercial de la technique du storytellng.

13/11/2008

Je suis triste pour les militants du PS.

Ne croyez pas que je verse des larmes de crocodile : je ne me réjouis en aucune manière du triste moment que traverse le Parti Socialiste, au contraire, je suis attristé par le festival de tartufferie auquel l'élection du nouveau premier secrétaire de leur parti donne lieu. Comme le blogueur (ségoléniste si j'ai bien compris) Richardtrois le souligne, il est en effet faux de prétendre que les motions sont départagées par leur choix ou leur refus a priori de l'alliance avec les démocrates. En fait, il y a, parmi les soutiens de chacune des quatre principales motions, des élus qui ont fait alliance avec nous, que ce soit au premier ou au second tour des municipales.

Pour dire la vérité, leur congrès me rappelle celui de feu le CDS que j'ai vécu à Versailles en 1982 : alors, Bernard Stasi est arrivé largement en tête au premier tour, mais au second, l'alliance de Pierre Méhaignerie et de Jacques Barrot a permis à ce tandem de l'emporter. Et la question centrale du congrès était "faut-il se rapprocher de Giscard ou de Barre ?" et Stasi penchait pour Barre, Méhaignerie pour Giscard, mais à peine élu, Méhaignerie s'empressa de se jeter dans les bras de ... Barre, qui joue à peu près le rôle du MoDem.

Je suis triste, parce que nous connaissons bien des militants socialistes qui sont neutres dans les jeux d'appareil, et sont désolés du spectacle actuel.

L'agressivité qui est déployée contre les démocrates est à elle seule le symptôme du malaise socialiste. On nous enjoint de dire qui nous sommes pour entrer dans une boîte, pour rejoindre les rails, pour faire allégeance. On nous soupçonne, on nous conspue, on nous tolère parfois, mais au fond, on ne nous aime pas, parce qu'on n'est pas de la même bande.

C'est dommage car ce que nous savons, nous, qui avons un peu de recul, c'est qu'au moment de la prochaine présidentielle, il faudra bien que s'entendent tous ceux qui s'opposent à Nicolas Sarkozy, sans exclusive, et sur un vrai socle programmatique (comme l'ont relevé en des temps différents Royal et Aubry), faute de quoi il sera réélu et nous en porterons tous la responsabilité.

Alors ne disons pas n'importe quoi, ne faisons pas n'importe quoi, ne nous mêlons pas trop de leurs affaires internes (même si j'apprécie le débat ouvert par Luc), et concentrons-nous sur notre propre projet à élaborer.

Enfin, je dois tout de même dire que, sans arrière-plan politique, je serais heureux que la nouvelle génération, qu'il s'agisse de Peillon ou de Hamon ou  d'un autre éventuel (je partage sur ce point l'opinion du blogueur et journaliste Nicolas Voisin), s'empare de Solférino pour y mettre un peu d'air.

29/05/2008

Lendemains de cuites.

Dois-je dire que je n'ai été qu'à moitié surpris d'entendre Alain Juppé, malgré toutes ses promesses, malgré tous les engagements solennels pris devant les électeurs, commencer à évoquer la possibilité qu'il puisse de nouveau jouer un rôle dans la politique nationale ?
 
Sont-ils incorrigibles ?
 
Et Montebourg expliquant, paraît-il, dans un récent reportage, sa renonciation au non-cumul par le fait qu'il a été "vaincu par le système" ?
 
De qui se moque-t-on ?
 
Quand les politiciens comprendront-ils qu'il faut impérativement que, selon l'éternelle expression, ils fassent ce qu'ils ont dit ?
 
Pour une large part, la crise profonde que traversent aujourd'hui les trois vedettes de la dernière présidentielle est la même : ils ont adopté une posture pour le temps de la campagne. Ils ont dit des choses qu'ils ne pensaient pas, ils ont raconté n'importe quoi pour se faire mousser. Seulement après, il faut assumer.
 
Bayrou prétendait gérer ses relations avec les gens d'une façon très web. Or lors de la réunion du 8 mai, lorsqu'il a eu le front de dire "Je réponds à presque tous mes mails", la dénégation lui est revenue au visage, immédiate, spontanée, sans calcul, même (et surtout) de la part de ceux qui le soutiennent ardemment : "Non". De fait, j'ai envoyé cinq mails à Bayrou (je n'abuse pas de la chose), il n'a répondu à aucun. Et je suis très loin d'être le seul.
 
La promesse de "faire de la politique autrement" est restée lettre morte. Bayrou mène le MoDem comme il menait l'UDF : à coups de recettes. Pour emplir la salle de sa journée européenne, il a ainsi convoqué un conseil national la veille au soir. Ca tombe bien : c'est un week-end. Les provinciaux pourront avoir envie de rester à Paris pour l'Europe...
 
Or Bayrou se trompe.
 
Et sa réticence à se moderniser, très "vieille UDF", prouve peu à peu que, comme Sarkozy qui a fait sa campagne en prétendant être le président du pouvoir d'achat, comme Ségolène Royal qui a fait la sienne en prétendant qu'elle était libre, Bayrou, qui a fait sa campagne sur la fraîcheur, sur l'avenir, et sur la nouvelle génération, n'a pas encore cuvé sa cuite, ni fait siens les préceptes qu'il prétendait tels il y a un peu plus d'un an.
 
S'il n'y parvient pas, il retombera dans les limbes. 

06:48 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : politique, bayrou, sarkozy, ségolène royal | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

24/01/2008

Sarkozy arbitrera le premier secrétariat du PS.

La remise du rapport Attali sur la libéralisation de l'économie française (en fait une antiphrase) a révélé la vraie stratégie poursuivie par le présinul Sarkozy : phagocyter le Parti Socialiste. Il a commencé par en débaucher quelques égarés mais, comme cette stratégie n'a pas produit d'effet notable (en particulier sur l'électorat), il se décide à employer des moyens plus lourds. Attali est encensé par Ségolène Royal, le voici au service de Nicolas Sarkozy ... et, dans ce poste, toujours encensé par Ségolène Royal. Ségolène premier ministre de Sarkozy ? Ca, ce serait une bonne idée pour lever l'ambiguïté qui pèse désormais sur l'action de la présidente de la région Poireau-Charentaises.
 
Dorénavant, on sait que quand Anne Roumanoff a lancé, dans un sketch "PS, maintenant, ça veut dire "Potes de Sarko"", eh bien, ce n'était pas une boutade, mais la vérité.
 
Du coup, il me revient ce que j'écrivais pendant la présidentielle sur la collusion qui unit les prévarications du PS et de l'UMP et le sigle UMPS ne me paraît avoir jamais eu plus de réalité.
 
Sans doute le Parti Socialiste de François Mitterrand est-il vraiment mort hier. Imagine-t-on Mitterrand fournir un programme à Giscard ou à Chirac ? Impensable. Mais c'est que lui, il jouait pour gagner.
 
Tout à l'inverse, les nains qui se disputent aujourd'hui le premier secrétariat du PS se trouvent devant la même nécessité les uns que les autres : trouver des voix, n'importe où, à n'importe quel prix. Alors si Sarkozy en a à vendre, ils achètent. C'est sans doute ce qu'a fait Ségolène Royal hier. Quel peut être le prix qu'elle a payé ? Sa défaite en 2012. Quel autre ?
 
Et le pire, c'est que les voix dont il dispose désormais, le président va les vendre à tous les postulants et à chacun d'eux, il demandera le même prix : la défaite. Puis, une fois qu'il se sera garanti un adversaire à sa main, il fera tout pour lui offrir dans un fauteuil le siège de faire-valoir du deuxième tour de la présidentielle. Cette stratégie lui a déjà réussi une fois en 2007.
 
Il appartiendra à Bayrou et à ceux qui le soutiennent, à Quitterie Delmas en particulier, de faire obstacle à ce plan insidieux.
 
Il y va de l'avenir de la France.

06/12/2007

Un passage horrifiant de l'excellent livre de J.-F. Kahn.

Voici un passage du livre de Jean-François Kahn paru il y a une dizaine de jours, qui explique très bien pourquoi et en quoi les sarkozystes peuvent très bien se réclamer du blairisme et pourquoi, en revanche, il est horrifiant que Ségolène Royal en ait fait autant :
 
"Chômage britannique :
 
"La Grande-Bretagne, elle, mon bon monsieur, crée des milions d'emplois ; air connu.
 
"Ce n'est pas faux, mais la grande majorité de ces créations d'emplois l'ont été, ces dernières années, dans le secteur public, ce qu'on ne dit jamais. Et au prix, elles aussi, d'un important déficit budgétaire. Par ailleurs, le pays n'est parvenu à faire baisser fortement son taux de chômage qu'au prix de l'exclusion du marché du travail de 2,7 millions de personnes, considérées comme "inaptes au travail pour des raisons médicales". Si la France en faisait autant, son taux de chômage deviendrait inférieur à 6%."
 
On comprend mieux la référence à Blair chez Sarkozy. S'il s'agit de créer des Untermensch, des bêtas comme on dit dans le"meilleur des mondes" de Huxley, les deux seront d'accord.
 
Quant à parquer des gens inaptes au travail, les totalitarismes du XXe siècle l'ont tous fait. Dans l'Allemagne nazie, c'était l'antichambre d'Auschwitz, être improductif. Oh comme Blair est bon avec les animaux, on ne les a pas tués, les improductifs, on leur a juste donné le droit de vivre, de vivoter plutôt, avec une maigre pension, la misère.
 
Honte.
 
Que l'on relise Dickens.
 
Honte à Blair et à ceux qui se réclament de lui.
 
Oh, que je n'entende plus jamais un politicien français se réclamer de Tony Blaireau : ça se terminerait mal. 

04/11/2007

Tristesse pour les marins pêcheurs.

Leur métier est rude, la pêche est lointaine, humide, froide, physique, la mécanisation a soulagé certains de leurs efforts, mais il en reste. Et reste aussi le danger, car longues sont les listes de "péris en mer".Ils se battent à mains quasi-nues contre les géants japonais ou nordiques, ils luttent contre une concurrence sans cesse faussée par l'intervention des pouvoirs publics français et européens. Ils redoutent les Espagnols et les Polonais. Pour eux, la hausse du carburant est un désastre.
 
Pour nous, c'est l'occasion de dire une fois de plus le mal qui mine l'économie française : les entreprises n'y sont pas compétitives. Dans mon métier, l'édition, chacun sait que l'impression en Espagne ou en Italie permet des économies de 30%. 30%, ce n'est pas rien, compte-tenu de la marge moyenne dans ce métier qui traverse une période creuse depuis plusieurs années. Pourquoi une telle différence ? et pourquoi aussi chez les pêcheurs ?
 
Pourquoi, à prix du carburant égal, les pêcheurs espagnols gagnent-ils de l'argent et les Bretons non ?
 
Voilà la vraie question et de sa réponse dépend l'explication de la faible croissance française.
 
Hélas, les pouvoirs publics sont plus occupés, en général, à créer des dépendance chez les acteurs économiques qu'à résoudre leurs problèmes. Ils s'attellent rarement aux réelles difficultés pour cette raison : ils veulent établir leur pouvoir et celui de leur administration.
 
Il y a donc matière à se réjouir que Bayrou place le congrès fondateur du MoDem sous le vocable de l'indépendance. Pourvu que les actes suivent les mots. Qu'il donne l'exemple.
 
Pour l'instant, je n'ai que le spectacle des pêcheurs sous les yeux. Ils viennent d'incendier un vieux chalutier en bois, une "vieille coque", que l'on avait placée à l'entrée de la ville de Pont-l'Abbé, dans le Finistère, au bout de la Bretagne. Un bateau d'une époque révolue. C'est leur propre drapeau qu'ils ont brûlé. À pleurer.

03/11/2007

La république gangrenée.

C'est mon anniversaire et je n'ai le temps que d'une courte note.
 
L'étau des affaires se resserre autour du présivent Sarkozy : après Lagardère et son kolossal délit d'initié, après Rachida Dati et son CV "avantagé", voici Laporte et l'extorsion de fonds. Je pourrais d'ailleurs ajouter Santini qui a quitté Bayrou après avoir été compromis dans l'affaire de la fondation Hamon. Le gouvernement commence à ressembler à la famille Dalton. Le premier ministre s'en sort presque mieux : lui, c'est juste son encéphalogramme et son cardiogramme politique qui sont plats.
 
L'affaire Lagardère est rude. J'avais rencontré Arnaud Lagardère en 2000, dans mes fonctions municipales, lors d'une remise de médaille d'un club de karaté où son fils était inscrit. J'avais moi-même passé le ruban de la médaille du club au cou de l'enfant et, hilare, heureux, Lagardère m'avait accueilli avec une grande chaleur, c'était jour de fête pour son fils, il faisait donc ostensiblement la fête. Cette délicatesse, je dois le dire, m'avait plu. Le père Lagardère (ou le grand-père si l'on préfère) était encore vivant. J'avoue que je trouve l'affaire du délit d'initié presque encore plus consternante de légèreté et de maladresse que d'indélicatesse. Quoiqu'il en soit, elle ira à son terme.
 
L'affaire Dati ne la mènera sans doute ni en justice ni en procédure disciplinaire. Là encore, à ce degré de responsabilité, quand on bénéficie de l'appui public de personnalités comme Simone Veil (elle-même magistrate) et Albin Chalandon (ancien garde des sceaux), il est puéril de torturer la réalité pour la présenter sous un jour aussi ambigu qu'avantageux. En vérité, ce que cette affaire révèle surtout, c'est la république du piston ; ce n'est pas au mérite que Mme Dati est devenue magistrate, mais en mettant à profit une procédure extraordinaire qui lui permettait d'intégrer le corps des magistrats sans passer par l'ENM (École Nationale de la Magistrature), mais en faisant valider une expérience professionnelle et un diplôme, ce diplôme qui justement lui manque, le tout avec les épais appuis que je viens de citer. Ah, décidément, on avait une si bonne opinion de Simone Veil, AVANT...
 
L'affaire Laporte est beaucoup plus sulfureuse. Il n'y a pas là de grande délinquance financière, mais de petites magouilles à la limite du crapuleux, voire tout bonnement crapuleuses. Ce qu'on a dit et démenti de l'affaire donne à penser qu'il y a bien eu tentative d'extorsion à base de trafic d'influence. Et comme on n'en finit plus d'énumérer les sociétés où des délits sont avérés et dont Laporte est un des associés, ça tourne franchement au vinaigre. Oscard Wilde disait "perdre un proche est un grand malheur ; en perdre deux, c'est de la négligence". Je peux le paraphraser : "être associé dans une société véreuse est un grand malheur ; l'être dans deux, c'est de la négligence" (au moins).
 
Sarkozy irait plus vite en recrutant directement dans les prisons. Ca y ferait de la place pour les prisonniers "honnêtes". 

01/11/2007

Traité "simplifié" : une Europe sans Européens.

J'avais été frappé, en lisant un vieil album de photos anciennes (datant des années 1960 et regroupant des clichés officiels et parisiens du Second Empire jusqu'à la Première Guerre mondiale) commentées par Emmanuel Berl, d'y lire l'expression "Une république sans républicains". Il s'agissait de décrire la période 1870-1875.
 
À cette époque, la France est techniquement une république, puisqu'elle n'a pas de monarque. Mais ses instances parlementaires sont dominées par des monarchistes des trois catégories : légitimistes, orléanistes et bonapartistes. C'est l'incompatibilité de ces trois options qui assurera la victoire des républicains : en 1875 furent adoptées trois lois modestes qui tinrent lieu de constitution jusqu'en 1940.
 
La France fut ainsi constitutionnelle sans le savoir, tel un M. Jourdain des institutions.
 
Or voici qu'on nous explique avec force détails que les 290 (!) pages du traité dit "simplifié" ne sont que la pure et simple réorganisation du traité rejeté fortement par les Français et les Néerlandais en 2005, dont on n'a retiré que les dispositions les plus voyantes constitutionnellement : le drapeau, l'hymne, etc, toutes choses qui sont bien antérieures au traité avorté de 2005. Il s'agit donc, comme les lois de 1875, d'une constitution de fait, sans le nom, en catimini. 
 
Seulement voilà : Sarkozy a, il est vrai, été élu pour trouver une solution au Non français en obtenant un traité modeste et technique, non pas pour faire passer par le parlement ce que le peuple avait refusé nettement. Sur cette idée, François Bayrou, dont une partie de la campagne avait été basée sur l'idée qu'il faudrait revoter (idée que défendait un autre grand Européen, Jacques Delors), avait estimé que le "mini-traité" pourrait légitimement être adopté par le seul parlement, puisque les Français en avaient donné une sorte de mandat à Sarkozy en l'élisant.
 
Sarkozy avait bien affirmé haut et fort, lors du dernier débat télévisé qui l'avait opposé à Ségolène Royal : "la constitution, c'est fini, on n'en parle plus". Mais qu'est-ce qui compte ? qu'elle soit dénommée constitution ou que ses dispositions soient en vérité de nature constitutionnelle ? Et même, les Français ont-ils rejeté le traité parce qu'il était de nature constitutionnelle ou pour les dispositions qu'il contenait ou ne contenait pas ? Le fait que l'on s'éloigne du "mini-traité" allégé pour revenir vers le pavé de 2005 va inévitablement rouvrir le débat.
 
Pour dire la vérité, il me semble qu'il faudrait revoter. Je suis démocrate et, pour moi, le suffrage du peuple est la légitimité ultime ; dans la mesure où le traité nouveau n'a perdu que peu de substance par rapport au précédent, je trouve qu'il faudrait revoter et j'entends bien des voix dire la même chose autour de moi.
 
Bien entendu, c'est une option dangereuse et on fait courir un authentique risque à l'Europe et à la construction européenne en adoptant de nouveau la voie référendaire pour son adoption. Mais que les parlementaires disent Oui là où le peuple a dit Non serait particulièrement choquant.
 
C'est parce que pendant des décennies on a construit l'Europe sans y associer le peuple qu'on en est arrivé au désastre de 2005. On ne peut pas continuer à bâtir l'Europe sans les Européens.