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08/04/2009

"Nous resterons sur terre".

Ceux qui ne sont pas encore convaincus de devoir faire des efforts dans leur vie courante, si vous en connaissez, eh bien, c'est très simple, vous achetez un colt 45, du chatterton et une voiture électrique avec un grand coffre. Avec le colt 45, vous leur signifiez qu'ils n'ont pas le choix. Vous les faites taire en scotchant le chatterton sur leurs lèvres, puis vous les jetez dans le grand coffre de la voiture électrique. Ensuite, vous allez au cinéma, vous déposez votre paquet sur un siège, vous attendez 90 minutes, et c'est cuit : en sortant, plus besoin de chatterton, ni de colt 45, ces gens-là vont se précipiter pour acheter des éoliennes, des parts de champs de panneaux solaires, ils vont jeter leur chaudière à fuel, casser toutes leurs fenêtres pour les faire changer aux frais de l'assurance, et s'abonner à une AMAP où, pour dix ou quinze euros par semaine, ils vont avoir des légumes qui auront vu de la terre fraîche et des fruits qui n'auront pas tué les abeilles avec leurs pesticides. Bref, la révolution de leur vie sera en marche.

Oh, on peut faire la fine bouche sur le rousseauisme du film, sur quelques excès, mais fondamentalement, la réalité est là : chacun dans sa vie courante peut améliorer l'avenir de la planète et, en outre, les politiques et les ONG ont le devoir de travailler à modifier l'organisation de la société pour cesser les aberrations que le film souligne sans modération.

Et on peut dès à présent aller voir le site du film.

17/09/2008

"La Chinafrique", de Serge Michel et Paolo Woods.

Hier soir, un certain nombre de colistiers d'"Ensemble pour un Paris Démocrate" se sont réunis au café "Alter-Mundi", dans le 11e arrondissement de Paris. J'y ai bu un whisky-coca où le coca était un (b)reizh cola équita, Quitterie a choisi un vin blanc bio (du cheverny) et, au mur, il y avait une affiche stigmatisant le pillage de l'Afrique par l'Europe. Le livre que je vais décrire ici donnera matière à une nouvelle affiche, déjà plus grosse que l'autre : stigmatisons le pillage de l'Afrique par la Chine. Quoique.

Serge Michel et Paulo Woods ont fait un travail de journalistes de terrain, ils se décrivent dans les rues, dans les forêts, dans les ports, de l'Afrique. Ils entendent les petits enfants africains mendier en interpellant les passants en mandarin (càd en chinois). Ils dialoguent avec des ministres guinéens. Ils constatent la mise en exploitation de la forêt du bassin du Congo, la deuxième du monde après l'Amazonie, pourtant protégée moyennant financement de l'État américain. Ils déjeunent d'un couscous chez un Tunisien en Chine. Bref, ils vont là où ils pourront recueillir des info de première main.

Le premier constat est logique : les pays africains, lassés des exigences démocratiques que leur imposent de plus en plus la France et l'Europe, se tournent vers une puissance qui, comme autrefois la France, ne met pas les yeux dans leurs affaires politiques, et leur fournit armes et équipements publics, et juteuses commissions.

L'implantation massive de la Chine n'est toutefois pas sans avantages réels pour l'Afrique : alors que l'Europe et les États-Unis se contentent souvent d'emporter les matières premières pour les transformer chez eux, la Chine fait des efforts supplémentaires. L'exemple est celui de la bauxite. La Guinée regorge de ce minerai qui est essentiel pour l'aluminium, mais n'a jamais été capable de le transformer elle-même, faute d'une suffisante production domestique d'électricité. Les compagnies européennes expliquent que la construction de barrages n'est pas leur métier et végètent dans leurs pantoufles commerciales. La Chine, elle, à l'ancienne, comme dans les années 1960, a une capacité de mobilisation politico-administrative qui lui permet de proposer des barrages, les installations liées, les usines etc. Qui s'empare donc de la bauxite guinéenne ? La Chine. Et la Guinée y gagne de nouveaux moyens de production d'énergie et des emplois pour ses ressortissants.

On voit là un double mécanisme politique et commercial où le dynamisme chinois fait merveille, cependant que l'absence de démocratie de ce pays est un atout dans un continent où la démocratie est minoritaire.

Il existe un troisième mécanisme, au fond plus classique : les normes internationales imposent de plus en plus aux pays africains le recours à des marchés publics pour leurs équipements majeurs. Dans ces marchés publics, les Chinois gagnent, parce que leur personnel est moins exigeant, par exemple. Donc de nouveau, le dynamisme commercial.

Résultat : la Chine est devenu le deuxième partenaire commercial de l'Afrique, dépassant la France.

On peut lire ce livre pour découvrir l'Afrique nouvelle, engagée dans les processus de la croissance des puissances émergentes. On peut d'autant plus le lire qu'on ne sait pas ce que tout cela va devenir dans la crise qui s'annonce et dont on ne connaît encore ni la profondeur, ni l'étendue, ni la durée.

(Grasset)

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