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13/12/2009

Les écolos écoblanchissent-ils l'industrie nucléaire ?

Je suis allé voir hier "La Sainte-Victoire", un film assez moyen, et surtout un énième clin d'œil du sarkozysme en faveur du vote vert lors des prochaines élections régionales, la présence de Clavier, ami personnel du président, y signe l'intention élyséenne, cependant que les seuls purs du film, en contrepoint d'une gauche véreuse tenue par les intérêts économiques qui savent utiliser des moyens très en-deçà de la ceinture, sont les Verts.

Cet appui du pouvoir de l'argent à ceux qui sont supposés s'en prendre à lui est évidemment suspect. C'est donc l'occasion de réfléchir à ce que devient en ce moment l'écologie politique en France. On y trouvera, bien entendu, l'écho de l'article que j'ai écrit sur un sujet connexe.

Des liens croisés mais pas assumés avec l'industrie nucléaire

Dans les années 1970, des combats comme celui contre le projet de centrale nucléaire à Plogoff, en Bretagne, ont structuré l'engagement écologique en France. Les coups d'éclat de Greenpeace contre les déchets radioactifs, et contre le site d'essais nucléaire de Mururoa (on se rappelle l'affaire du Rainbow Warrior), les réseaux emblématiques comme Sortir du Nucléaire, ont été autant de jalons sur un chemin qui se poursuit en principe aujourd'hui encore. Les mauvaises langues grinçaient évidemment que les réseaux écolos étaient sans doute financés par l'argent du pétrole, pour s'en prendre aussi invariablement au nucléaire, et aussi rarement aux installations pétrolières, qui ne sont pourtant pas moins polluantes (on le voit bien aujourd'hui).

C'est le réchauffement climatique, on le comprend bien, qui a changé la donne : face à la menace multiple de fonte des glaciers, de montée des océans, de bouleversements des écosystèmes, l'urgence absolue s'est peu à peu imposée : il faut réduire notre consommation de pétrole, un constat qui arrange bien l'industrie nucléaire.

Le vote d'une résolution au parlement européen sur les perspectives du sommet de Copenhague a été le premier signal d'alarme remarqué sur un éventuel rapprochement des écologistes et du nucléaire. En effet, un amendement de la droite a introduit la référence à l'énergie nucléaire comme solution contre le réchauffement climatique. Les Verts français, dès que cet événement a fait du bruit, ont indiqué qu'ayant eu le choix entre laisser voter sans eux une résolution sur une question qui leur tient à cœur (la motion serait même passée sans leur suffrages...) et s'y opposer alors qu'ils avaient tout fait pour qu'elle soit adoptée, ont, en conscience, préféré voter la motion incluant la référence au nucléaire.

Pris par surprise ? Peut-être.

Mais est-on surpris de trouver parmi les signataires de l'"Ultimatum climatique", plateforme médiatique en vue de Copenhague, Nicolas Hulot, et parmi les soutiens de celui-ci, l'EDF (dont le président est d'ailleurs depuis peu un proche du président Sarkozy) ? L'EDF soutient Hulot quand celui-ci, en 2007, fait signer aux trois principaux candidats à l'élection présidentielle un texte qui prévoit la taxation de l'utilisation des ressources fossiles, le pétrole au premier chef. Mais lorsque le parlement français vote ladite taxe carbone, surprise, l'EDF n'est pas taxée... Est-ce vraiment une surprise ?

Bien entendu, on pourrait observer que le tramway, grande idée des écolos français, roule à l'électricité. Il se trouve qu'Alstom, qui produit de nombreux tramways français, est installé à Valenciennes, la ville de Jean-Louis Borloo, ministre ... de l'Environnement.

Je signale au passage une anecdote : lorsqu'en l'an 2000 nous cherchions un candidat pour incarner une liste UDF aux municipales de 2001 à Paris (contre l'avis de Marielle de Sarnez qui avait déjà traité avec l'UMP ou le RPR d'alors), Borloo s'était aimablement dévoué pour venir animer un dîner dans le XIIIe arrondissement, où nous étions un nombre assez proche des 511 élus parisiens d'alors pour pouvoir prétendre avoir la base humaines des listes en question. Borloo est venu, a parlé, nous l'avons applaudi. Et puis, surprise, il n'a plus été candidat, mais, comme par hasard, le tramway a fait son apparition dans tous les programmes électoraux des municipales suivantes, et Borloo est devenu directeur de la campagne présidentielle de Bayrou en 2002, et nous, il nous a laissés en carafe, merci l'artiste. Fermons la parenthèse, on aura noté au passage la promotion de l'économie de sa ville à travers le tramway.

Copenhague : le nucléaire contre le pétrole ?

EDF, l'électricité, le nucléaire civil, voici le nucléaire militaire : le négociateur de la France au sommet de Copenhague n'est autre qu'un personnage d'ailleurs sympathique, Brice Lalonde, un ami de Borloo et ancien ministre de l'environnement comme lui. Brice Lalonde, ministre, un jour, s'est baigné dans les eaux du lagon de Mururoa pour expliquer qu'il n'y avait aucun inconvénient environnemental à avoir fait là les essais nucléaires souterrains. Il n'y a pas de meilleure façon de soutenir un lobby. Brice Lalonde est un ami du nucléaire. Et, n'en doutons pas, il saura s'en souvenir.

Car si j'en crois l'un des textes mis en lien plus haut (celui du Grappe), le protocole de Kyoto excluait formellement l'énergie nucléaire comme solution contre le réchauffement climatique. Si la question se pose de nouveau lors du sommet de Copenhague, si une entourloupe vient contraindre la France à entériner le recours au nucléaire comme moyen de lutte contre le réchauffement climatique, croyez bien que, la larme à l'œil, la France se fera une raison en ne s'opposant pas à un texte qui, certes, contredit des engagements fondamentaux de la lutte pour l'environnement, mais qui est si important par ailleurs... Snif, on en pleure déjà.

Le camp du nucléaire est donc défini, au moins pour la France (je suppose que chaque pays a ses hommes-clefs dans ce sens). Voyons celui du pétrole.

Lorsqu'a éclaté la crise de Dubaï, plusieurs voix se sont interrogées : y avait-il une menace sous-jacente des pétroliers en vue du sommet de Copenhague ? La puissance financière des états du Golfe arabo-persique est telle que ses toussotements peuvent fragiliser l'édifice convalescent de l'argent mondial.

Et puis est venue l'affaire du "Climategate", un piratage effrayant, soit dit en passant, de paquets entiers de mails privés échangés par des scientifiques spécialistes des instances les plus représentatives de la réflexion sur l'évolution du climat (l'une des source du GIEC, l'organe de réflexion mondial sur le climat). Ces mails révélaient que certains scientifiques les plus en vue du GIEC avaient l'habitude de faire ce qu'un grand poète a nommé le "mentir vrai", c'est-à-dire corriger les données pour rendre leur résultat plus spectaculaire, voire peut-être, qu'ils étaient allés jusqu'à éliminer des données importantes qui ne correspondaient pas au schéma de la théorie de la cause principalement humaine (via l'effet de serre) du réchauffement climatique constaté au XXe siècle. Et quand on a creusé dans ce "Climategate", qu'a-t-on trouvé ? du pétrole, ou plutôt la trace des pétroliers.

Nucléaire contre pétrole, le vieux débat ressurgit donc. Or tout ceci serait sans importance s'il n'y avait pas la question criante du climat.

Y a-t-il encore un doute sur l'évolution possible du climat dans les décennies prochaines ?

J'ai lu grâce au site du Point la partie présentée comme la plus cruciale du rapport du GIEC de 2007. C'est un texte très alambiqué, à tendance jargonnante, ce qui n'est pas bon signe. Je crois avoir trouvé dans ses périphrases et ses conditionnels les éléments les plus significatifs, que j'ai indiqués dans un commentaire à mon précédent article donné plus haut en lien. Je me permets de reprendre ces conclusions de lecture telles quelles :

- il y a une coïncidence étroite entre les périodes chaudes de l'histoire de la planète terre, d'une part, et le taux de certains gaz (carbone et méthane en particulier) dans l'atmosphère, d'autre part.

- or comme l'effet de serre a été démontré par un scientifique (français) voici près de deux siècles, il est logique d'établir un lien entre le réchauffement climatique rapide observé au XXe siècle et l'augmentation de la production de ces gaz par l'activité humaine dans ce même siècle et le précédent.

C'est d'ailleurs sur cette base que j'avais trouvé le film présenté par Al Gore très convaincant lorsque je l'ai vu l'an dernier.

- les observations les plus fiables sur la composition de l'atmosphère terrestre sont liées à la calotte glaciaire et ne remontent pas au-delà de 650 000 ans.

- pour les périodes antérieures, les estimations sont faites par des moyens indirects, liées notamment aux fossiles, et à la nature des faune et flore retrouvées.

- les observations prennent en compte ce qui est connu de l'évolution géologique et du rayonnement solaire.

- il y a eu dans les derniers millénaires des périodes de réchauffement parfois très vif, comme de glaciation, mais les scientifiques, compte tenu des données qu'ils utilisent, considèrent que ces poussées dans un sens ou dans l'autre doivent n'avoir pas été homogènes. Autrement dit, la température globale à la surface de la planète n'aurait pas augmenté, tandis qu'elle aurait augmenté ici et diminué là, presque par compensation. La particularité, selon eux, du réchauffement récent est d'affecter toute la planète à la fois.

Cependant, outre les très nombreuses précautions oratoires prises par les rédacteurs qui multiplient les conditionnels, il y a des circonstances importantes qui ne trouvent pas de place dans l'explication globale du climat proposée :

- il y a déjà eu, dans l'histoire terrestre, des périodes de réchauffement global aussi rapide qu'en ce moment.

- il y a déjà eu des périodes où la surconcentration de gaz à effet de serre a suivi de loin le réchauffement et ne l'a pas précédé.

- enfin, chacun qui connaît les administrations sait que les conclusions d'un rapport sont toujours faites avant qu'il ne soit rédigé.

En fait, ce qui manque à ce rapport, c'est la simple démonstration quantitative que l'effet de serre suffit à expliquer l'intensité du réchauffement climatique. Le fait que ce réchauffement ait été prédit ne me paraît finalement pas une indication suffisante en termes scientifiques, j'ai vainement cherché les chiffres preuves, ils existent sans doute.

Il faut reconnaître que la très grande unanimité des milieux scientifiques concernés ne laisse pas beaucoup de place au doute ni à l'éventualité d'une fraude massive. Et cependant, on dit que les dernières observations connues (le dernier rapport du GIEC date de 2007 sur des données forcément antérieures) pourraient contredire la théorie du réchauffement. Il y aurait donc, chez les scientifiques, une forme de réflexe pavlovien qui les conduirait à continuer à prédire le réchauffement, alors que celui-ci est un peu moins probable qu'auparavant.

Donc il n'y a pas de doute que le réchauffement a eu lieu, il y en a un petit sur sa cause et sur l'évolution future du climat. Il n'y en a pas sur la nécessité de réduire notre consommation d'énergies fossiles, et d'économies en général. Reste à partager équitablement le fardeau des économies d'énergie.

La dimension politique planétaire

Quand on a un parc de cinquante hectares, on peut créer un dépotoir personnel à un kilomètre de la maison. Ca ne se voit pas, on n'y pense pas, et le risque que cela ait un inconvénient dans les décennies proches est faible. Quand on a un jardinet de cent mètre carrés, si on y déverse les ordures de la maison, c'est sale, malsain et dangereux, ça se voit tout de suite. La promiscuité d'une humanité de plus de sept milliards d'habitants de la planète est le simple raisonnement qui démontre la nécesité de gérer mieux nos filières de vie, de production et de consommation, de changer l'organisation de notre société. Le recours au GIEC, puis au protocole de Kyoto, a eu l'inconvénient grave de fausser le raisonnement en y incluant des données géostratégiques et politiques, qui ont fait que la lutte pour le climat, au lieu d'être un outil d'amélioration du monde, est devenu un moyen d'accroître les inégalités planétaires.

C'est contre quoi les manifestants de Copenhague sont venus s'insurger publiquement en réclamant l'égalité dans la lutte pour le climat. Il faut dire que le président Obama a fait dire qu'il ne signerait pas un texte qui ne fixe pas une obligation de limite de production de gaz à effet de serre par les pays en développement. De ce fait, Copenhague risque d'être le lieu où sera figée définitivement la répartition des richesses dans le monde. Et l'Amérique réclame la part du lion.

Le fait que la Russie soit très dépendante de ses exportations de pétrole n'a bien entendu aucun rapport avec la mobilisation des États-Unis pour le climat. Le fait que les pays émergents prennent de plus en plus de parts de marché non plus. C'est évident. Nous sommes-nous trompés sur Obama ?

De l'écologie politique aux politiciens à casaque verte

Moustaki, ces jours derniers, s'est "payé" Daniel Cohn-Bendit, qu'il accuse de carriérisme. L'impression que donne l'écologie politique, en France, ces temps derniers, est en fait de s'être piquée au jeu du pouvoir. Le pouvoir est une drogue. Tous ceux qui font ou ont fait de la politique ont, à un moment ou un autre, proclamé qu'ils le faisaient pour des motifs plus grands qu'eux, pour LA cause. Hélas, sans exception, lorsqu'ils ont cédé au compromis pour obtenir le pouvoir, ils ont ensuite oublié la Cause. Le mécanisme décrit pour la gauche dans le film "La Sainte-Victoire" mentionné au début du présent article ne connaît aucune exception.

Dès lors que les écologistes "professionnels" auront, pour accéder au pouvoir, accepté le soutien de ceux dont l'activité même contredit les principes les plus intimement liés à leurs convictions, n'ayons aucun doute que, dans l'exercice du pouvoir, en cas de conflit, l'avantage ira aux soutiens financiers et non pas aux convictions affichées. C'est la règle universelle. Les Verts-EE disent vouloir la présidence de plusieurs régions, certes, mais si c'est pour gérer celles-ci comme les autres partis politiques le font, quel est l'intérêt ? Où est l'avantage ?

Aujourd'hui, c'est de bonne guerre, l'UMP applique le vieux principe de base : si j'ai plusieurs adversaires, mon intérêt est de soutenir le plus faible d'entre eux. Au nom de cette loi de la stratégie, Claude Goasguen, lors des meetings pour sauver le stade Jean Bouin, dit "Nos amis les Verts" (lui, l'ancien d'Occident). Au nom de ce même principe, L'Oréal, EDF et TF1 financent Hulot.

Au nom de ce même principe, si un vaste camion de pompier s'immobilise sur le côté de l'Assemblée Nationale après avoir dû en longer inévitablement les murs surveillés par des policiers, si ce camion prend le temps de stabiliser son assiette (grâce sans doute à des vérins), puis de déployer sa grande échelle (oh, que ça prend du temps, même pour quelques mètres), eh bien les policiers de garde à l'Assemblée, curieusement, ne vont pas voir les militants de Greenpeace avant que ceux-ci soient sur le toit de l'Assemblée, bien en vue. Et la droite va s'emporter contre d'autres militants de Greenpeace qui ont réussi à s'infiltrer dans les tribunes et qui tentent d'envahir les travées. Les vrais opposants, ce sont les Verts-EE, et non pas la vieille gauche empêtrée dans le fric, voilà l'évidence. Au nom de ce même principe, une semaine à peine après l'invasion de l'Assemblée, les cadres de Greenpeace seront reçus personnellement (et avec photos) par le président de la république. Si cela n'est pas de la pub, qu'est-ce qui le sera ?

D'un côté le soutien politique, de l'autre l'argent des consortiums, les Verts-EE ont peut-être vendu l'âme de l'écologie politique au diable. Dommage pour les petits producteurs bio, pour les ouvriers de toujours de la cause écologique, qui pourraient bien se retrouver cocus au nom des intérêts supérieurs de la conquête du pouvoir par les huiles du mouvement écologiste.

La vraie solution contre le réchauffement

Je ne suis pas un écologiste, ce n'est pas mon chemin, j'ai longtemps été favorable au nucléaire contre le pétrole, mais il me semble que ces deux moyens sont désormais également disqualifiés : ce dont nous avons besoin, ce n'est pas de l'EDF, mais que chacun puisse produire son électricité lui-même, ce qui l'incitera évidemment à en faire usage avec plus de discernement. Que les copropriétés installent des panneaux photovoltaIques sur les immeubles, que les gens en placent sur leur maison, qu'on leur prête de quoi le faire, en se remboursant sur l'énergie produite.

Il ne s'agit pas d'augmenter la production globale, mais plutôt de favoriser le bascul vers un mode de production plus sain, à échelle humaine.

C'est cette organisation-là de notre société qu'il faut repenser et révolutionner. Et cela n'a aucun rapport avec aucun vote.

28/11/2009

L'arnaque des ONG et la tartufferie climatique.

Il n'y a rien que je déteste plus que de recevoir des leçons de la part de gens qui ne sont pas exemplaires, pas plus que moi en tout cas.

L'objet de la présente note n'est en rien de remettre en cause les constatations du GIEC ni de contester l'hypothèse d'une cause principalement humaine du réchauffement climatique de la planète terre. Ce sont choses bien trop compliquées pour mon niveau, je ne peux que déplorer que, depuis vingt ans que le GIEC existe, ses conclusions aient surtout servi à brider la croissance des pays autres que les États-Unis, alors même que les États-Unis sont le premier pollueur mondial, notamment en gaz à effet de serre. De toutes façons, limiter la production de CO2 est une bonne idée, il faut désormais que ce soit fait de façon équitable.

Non, l'objet de la présente note est de dénoncer, non plus le greenwashing, mais le green business pseudo-associatif et le climate business actuel, qui masque mal la vérité des intérêts qui s'y expriment : les organisations non gouvernementales (ONG) sont de véritables PME, parfois même des multinationales (pour les plus grandes comme MSF et Médecins du Monde), et très souvent, leur but est surtout financier. La liste des rédacteurs de l'Ultimatum climatique est, de ce point de vue, exemplaire, je devrais dire contre-exemplaire.

Les signataires de l'Ultimatum climatique

Entre écoblanchiment et collecte de fonds à la limite de l'escroquerie, les signataires de l'Ultimatum climatique sont une belle brochette de grigous. Passons-les en revue.

Greenpeace. L'organisation est née aux États-Unis mais, alors que les États-Unis sont de très loin le premier pollueur mondial, aucune activité marquante de Greenpeace depuis plus de trente ans n'a concerné les États-Unis. Quant à Greenpeace France, cette organisation a pour activité principale la collecte de fonds. On peut lui donner acte de la transparence avec laquelle elle explique tout benoîtement que seuls 56 % des dons collectés sont utilisés poiur ses activités de terrain. Encore faudrait-il creuser un peu ce chiffre, qui intègre probablement des dépenses de fonctionnement ordinaires. Les 44 % autres sont répartis en deux enveloppes : 33 % pour la collecte de dons, 11 % pour le fonctionnement proprement dit. C'est donc si dur de récolter des dons ? Soulignons au passage que ce ne sont pas de petites sommes, puisque le budget de Greenpeace France s'élève à 9 millions d'Euros, dont 3 millions consacrés à la collecte de dons, sans compter qu'en vérité toute campagne d'opinion montée par Greenpeace n'est finalement qu'une opération de collecte de fonds. On se demande si cet argent ne serait pas mieux utilisé à éradiquer le paludisme dans le Tiers-Monde. Bref, si la Sécurité Sociale avait des frais de fonctionnement de 44 %, tout le monde hurlerait au scandale. mais du moment que ce sont des gens qui se dévouent à sauver le climat, tout va bien. Hum.

Le WWF France. J'avoue que je suis très peiné d'écrire ce paragraphe, car j'ai beaucoup de sympathie a priori pour le WWF. Mais quand je regarde sa page de partenaires, j'ai envie de pleurer : Carrefour, Castorama, Center Parcs. Si cela n'est pas de l'écoblanchiment, qu'est-ce qui le sera ? Carrefour est quand même une usine de malbouffe et de surconsommation. Mais pas de problème pour le WWF, l'argent n'a pas d'odeur. Vraiment ?

Action contre la faim. À peu près la même remarque que pour le WWF en consultant sa page de partenariats. Chacun sait qu'Air France est une grande entreprise écologique, et que la BNP, si chère au président Sarkozy, n'a aucune filiale dans un paradis fiscal, qu'elle pratique des taux d'intérêt tout à fait convenables et que tout va très bien, Mme la marquise. Du reste, comme le rappelle cette très intéressante étude, Action contre la faim a eu de véritables problèmes et un gros scandale voici peu d'années et le moins que l'on puisse dire, c'est que le doute subsiste. La signature de l'Ultimatum climatique lui accorde-t-elle une nouvelle virginité ?

Care France. Cette branche française d'une multinationale humanitaire fait du partenariat avec les régions un véritable fonds de commerce. Pour elle, se manifester dans le jeu politique à quelques mois des régionales est évidemment une façon d'intervenir sur ses futurs donateurs institutionnels... Si l'on lit la liste de ses partenariats régionaux, qui sont ciblés par action, on verra d'ailleurs que ces partenariats sont politiquement connotés : la municipalité communiste de Saint-Denis près de Paris intervient pour aider Cuba, le département des Hauts-de-Seine est tout réjoui de glisser un œil dans la très secrète Birmanie communiste à l'occasion d'un accident climatique. Mais tout cela n'est que pure coïncidence. Quant aux régions concernées, ce sont déjà cinq régions. Un hors d'œuvre ?

La FIDH (Fédération Internationale des Droits de l'Homme). Cette organisation déjà ancienne publie ses comptes, mais dans une assez profonde opacité. On y trouve, comme ressources, cinq lignes comptables dont le sens est parfois ésotérique : cotisations (jusqu'ici tout va bien), subventions et dons reçus (le gros de la troupe : environ 75 % du total des ressources), dons et manifestations, Liberté et solidarité, les Amis de la FIDH. Le mot dons apparaît deux fois, on suppose qu'il y a d'un côté les dons spontanés, de l'autre les dons reçus à l'occasion de manifestations. Seulement voilà : dans ce total, on ne voit pas le montant des subventions publiques, et c'est très mal, car tout le monde sait que la FIDH est fortement subventionnée par l'État pour certaines de ses actions de terrain. Donc opacité, opacité suspecte.

La Fondation Nicolas Hulot est un véritable cas d'école de l'écoblanchiment. La page des quatre partenaires fondateurs ressemble au portrait de groupe des Dalton : Averell Dalton, c'est l'EDF, dont chacun sait que les centrales nucléaires sont un modèle environnemental universellement claironné, William Dalton, ce sont les hôtels Ibis, qui paraît-il tâchent d'écoblanchir leur béton et leur malbouffe, Jack Dalton c'est L"Oréal, dont l'activité chimique n'a évidemment aucun rapport avec la pollution, ni avec les shampoings Ushuaïa. Joe Dalton, enfin, c'est évidemment TF1, la plus grande usine de crétinisation d'Europe. Un véritable modèle, ou contre-modèle, à enseigner dans les écoles tant qu'il en restera. Écœurant.

Les Amis de la Terre. On se demande ce qu'ils foutent là-dedans, sinon offrir une légitimité aux autres. Par ailleurs, ils ne publient pas leurs comptes, ou du moins pas sur leur site, et c'est dommage, car on est forcé de les taxer d'opacité.

Médecins du Monde (MDM). Là, on est dans le charity business à très grande échelle, où s'entremêlent barbouzages, subventions publiques et écoblanchiment, avec tout de même, heureusement, de vraies actions de terrain, dont on voudrait qu'elles soient plutôt prises en charge par de vraies institutions désintéressées. Parmi les fondations partenaires de MDM, on retrouve Air France et L'Oréal (tiens, tiens). Parmi les entreprises, le meilleur et le pire (le meilleur le crédit coopératif, le pire la Société Générale) et l'inévitable Air France, au milieu desquels se glisse le site Soliland, dont il a été remarqué lors d'une récente table ronde animée par Quitterie Delmas pour Babyloan que sa raison sociale elle-même était l'écoblanchiment, ce qu'on retrouve dans un autre partenaire, Solidaripresse. Enfin, parmi les institutions, on trouve évidemment le gouvernement français, son homologue néerlandais et la Commission Européenne, de quoi afficher respectabilité et crédibilité. On peut savoir gré à MDM de jouer la transparence, qui est un gage de sincérité, mais on a le droit de redouter que cette transparence ne dissimule un surcroît de duplicité. Le procès du charity business n'est plus à faire.

Oxfam France. Cette branche française d'une organisation née il n'y a pas si longtemps au Royaume-Uni pratique une forme d'insincérité comptable absolument révoltante. En vérité, on est ici à la limite de l'escroquerie. En effet, si l'on lit les comptes qu'elle a publiés d'un œil distrait, tout va bien, mais si l'on y regarde d'un peu plus près, aïe. Lisons les chiffres. Le total des ressources d'Oxfam France se monte à environ un million deux cent mille Euros. Un tiers de ce budget provient d'une dotation de la maison-mère, Oxfam international. Le budget réel d'Oxfam France se monte donc à environ 800 000 Euros. Sur ces 800 000 Euros, 377 000 sont affectés à la collecte de dons, soit environ 47 % ! Près de la moitié de ce que les gens en France donnent à Oxfam est utilisé pour la recherche de nouveaux donateurs. On peut réellement dire que l'activité principale d'Oxfam France est la collecte de fonds. En fait, les dons accordés à Oxfam France ne servent qu'à permettre à Oxfam international de s'implanter en France et d'y conquérir une part de marché, une part du marché des dons... Et sl'on ajoute les frais de fonctionnement, le total des frais de structure dépasse les 500 000 Euros, soit plus de 60 % du total. Oui, vous avez bien lu : les donateurs d'Oxfam voient leurs dons utilisés à moins de 40 % pour les buts affichés de cette organisation. Seule la dotation d'Oxfam International permet de masquer ce scandale et d'afficher un bilan largement consacré aux actions de terrain... Pas de doute, pour Oxfam, signer l'Ultimatum climatique n'est pas une façon de lutter pour l'amélioration du monde, mais une façon de travailler sa notoriété et son image en France. Le fait qu'Oxfam international soit majoritairement tributaire des suventions européennes a d'ailleurs été noté, ce qui crée le doute sur la sincérité de ses engagements.

Le Réseau Action Climat semble n'être que le réseau des réseaux déjà recensés par ailleurs, qualités et défauts inclus. Ses comptes indiquent que son petit budget provient à plus de 80 % de subventions, sans qu'on sache par qui ces subventions lui sont allouées. On est tenté de parler à la fois d'endogamie et d'opacité.

Pour le Secours Catholique, Caritas, j'ai envie de dire comme pour Les Amis de la Terre : qu'est-ce qu'ils font là ? Mais il faut tout de même noter qu'ils appartiennent à la catégorie du charity business, et qu'évidemment ils ne sont exempts d'aucun des doutes qui planent sur cette activité économique qui peut exploiter autant ses bénévoles que ses donateurs. Par ailleurs, j'ai eu beau chercher dans leur vaste site (qui a dû leur coûter cher), je n'ai pas trouvé de bilan comptable, si bien que je suis forcé de parler d'opacité. Enfin, si pour eux, la signature de l'Ultimatum climatique a pour effet indirect de signaler leur soutien aux listes écologistes pour les élections régionales, il faut tout de même remarquer qu'en contestant le leadership du Parti Socialiste en France et dans les régions les listes écolo combattent aussi le vieux frère ennemi du Secours Catholique : le Secours Populaire, dont les liens avec la gauche ancienne sont connus. Alors, si c'est pour vider une vieille querelle de rivalité, ego te absolvo. Hum.

La politique française en filigrane

Accessoirement, en signant l'Ultimatum climatique, les organisations susmentionnées paraissent donner un soutien explicite au président de la république dans une vaste opération de communication qu'il mène en vue du sommet de Copenhague.

Mais là n'est pas pour moi l'essentiel. L'essentiel est que si l'Ultimatum climatique sert de base de légitimité conceptuelle et de valeurs (sinon d'idées) aux listes écolo pour les élections de mars prochain, force est de constater que le jury d'honneur convoqué pour conforter la légitimité écolo ne semble guère en mesure de refléter autre chose que l'image d'une assemblée de mœurs économiques douteuses et de calculs vénaux prononcés.

C'est pourquoi lorsque j'entends les Verts rugir ces jours-ci contre Bayrou, j'avoue que ça me donnerait presque envie de revoter pour celui-ci : car lui, au moins, ne fait pas semblant de prêcher la vertu.

Tartuffes sont les Verts qui accusent Bayrou de leur voler... de leur voler quoi, d'ailleurs ? le pain de la bouche, leur fonds de commerce écolo, car c'est bien de quoi il s'agit : Bayrou a voulu leur dérober leur fonds de commerce. Tartuffes qui reprochaient à Bayrou de piétiner la démocratie au Mouvement Démocrate et qui ne sont pas capables de la pratiquer chez eux. Comment, voilà des gens qui, lorsqu'ils ont accueilli la candidature du "parachuté" Meirieu n'ont même pas été capables de voter à bulletin secret ? Allez, on fait ça vite fait, à mains levées... c'est tellement plus commode pour ratifier des décisions qui viennent non pas de la base, mais d'en haut, dans la plus parfaite verticalité jupitérienne. Que reprochait-on à Bayrou, déjà ? ça ? C'est vrai. Mais alors, ils ne font pas mieux que ce qu'ils lui reprochaient.

Et pas question de primaires dans ces listes écolo, non, comme chez Bayrou, les têtes de listes sont recrutées sur casting pour passer à la télé, vous imaginez bien qu'on ne va pas demander aux adhérents (pouah ! fi !) de concourir et de venir menacer le débauchage qu'on a eu tant de peine à réaliser ! Les stars, c'est tellement mieux que les gens ordinaires, que les vertueux anonymes qui devraient pourtant être la sève de la démocratie. Hum.

Et parmi ces têtes de listes, comme est transparente l'envie d'en finir avec l'encombrant MoDem : Bayrou a plein de profs ? Bon, on va lui sortir l'arme lourde. Et qu'est-ce que l'arme lourde ? Croyez-vous que ce cerait un prof de ZEP qui viendrait témoigner de sa tâche héroïque et anonyme ? Que nenni ! On va prendre une star, oui une star, quelqu'un qui depuis trente ans incarne toute la pensée pédagogique dominante. L'arme atomique. Bayrou a eu un ancien dircab de Mauroy ? Qu'à cela ne tienne, on en a aussi : après le banquier Peyrelevade, voici Robert Lion, qui a été, vous ne devinerez pas, patron de Greepeace France. Bon Dieu, mais il fallait y penser ! Au passage, avec un ancien dircab de premier ministre comme patron, on mesure la très grande indépendance des ONG françaises... Il est vrai que le président de la Croix-Rouge est un ancien ministre UMP.

Allons, tout ça n'est pas sérieux. Dans l'ensemble, je rejoins l'analyse de Bernard Stiegler dans le dernier numéro papier de Bakchich Hebdo (EDIT : on peut la retrouver ) : je suis fatigué de constater que les politiques ont renoncé à la réflexion doctrinale, au travail de fond, et qu'ils ne se concentrent plus que sur leur égo, leurs rivalités personnelles et les effets d'annonce, avec le but évident non pas de s'adresser à la conscience ni à l'intelligence des électeurs, mais de travailler leur inconscient, ou pour mieux dire, de manipuler leur inconscient.

Je ne suis pas du tout sûr de voter en mars prochain, mais il y a une chose dont je suis certain : je ne voterai pas pour ceux qui font la même chose que ceux qu'ils conspuent, tout en prétendant faire le contraire. La sincérité, l'authenticité, la cohérence, la transparence, sont toujours parmi les maîtres-mots de mes aspirations politiques, à côté du rêve un peu fou que les politiques fassent leur métier en informant les gens des enjeux réels des décisions politiques, en s'adressant à leur intelligence et à leur conscience.

19/11/2009

Quitterie se confie sur Terre Tv.

Pour ceux qui ne l'auraient pas vue, voici une interview donnée tout récemment par Quitterie à la web télé Terre Tv.

 

08/06/2009

Plus que jamais, la vraie opposition est dans la société civile.

À un moment donné, en écoutant le discours de Cohn-Bendit devant ses troupes, ce soir, j'ai cru entendre, presque mots pour mots, ce que Bayrou avait dit aux fondateurs du MoDem en 2007 : créer un mouvement "où il n'y aura pas d'OPA de l'un sur l'autre", parlant des différentes organisations supposées se fédérer dans un nouvel ensemble, plus ou moins citoyen, blablabla, etc. Bref, on rejoue le film. Et on sait où il mènera, on peut écrire le scénario d'avance. Disons au moins que l'écologie y aura gagné en visibilité, c'est déjà ça.

Pour le reste, ce qui est marquant est un léger redressement de la droite. En 1999, le total droite + extrême droite est 39 %, en 2004 il descend à 38 % (l'étiage pour la fin de règne de Chirac). Or en 1994, juste avant ce cycle, il est au-delà de... 48 %, mais c'est en comptant le centre. Celui-ci s'est présenté librement quatre fois : en 1989 il a obtenu 8,43 %, en 1999 9,28 %, en 2004 11,96 %, et cette fois retour à 8,5 %.

Le total droite + ext dte + centre donne 49 % en 1989, 48 % en 1994 et 1999, 50 % en 2004 grâce à une poussée du centre au détriment de la gauche pourtant au zénith. Cette fois-ci, il approche de 51 % grâce à une poussée de la droite au détriment du centre.

Il est vrai qu'alors qu'en 2004, l'électorat centriste était perméable au vote UMP, les 8,5 % restant au MoDem peuvent facilement passer pour particulièrement déterminés contre l'UMP dont l'expansion semble bloquée.

Mais de toutes façons, cette poussée ne s'est pas (ou peu) faite par une conquête d'électeurs, mais par l'abstention plus grande de l'électorat de l'opposition que celle de l'électorat de la majorité.

Et c'est bien là le vrai problème : l'opposition politique est malade de ses partis politiques. Il n'y a décidément rien à tirer de cet invariable amoncellement de fatuités et de cupidités. Incontestablement, si nous voulons défaire le sarkozysme, en 2012 ou avant, c'est dans la société civile qu'il faudra le faire, comme l'a très justement anticipé Quitterie.

08/04/2009

"Nous resterons sur terre".

Ceux qui ne sont pas encore convaincus de devoir faire des efforts dans leur vie courante, si vous en connaissez, eh bien, c'est très simple, vous achetez un colt 45, du chatterton et une voiture électrique avec un grand coffre. Avec le colt 45, vous leur signifiez qu'ils n'ont pas le choix. Vous les faites taire en scotchant le chatterton sur leurs lèvres, puis vous les jetez dans le grand coffre de la voiture électrique. Ensuite, vous allez au cinéma, vous déposez votre paquet sur un siège, vous attendez 90 minutes, et c'est cuit : en sortant, plus besoin de chatterton, ni de colt 45, ces gens-là vont se précipiter pour acheter des éoliennes, des parts de champs de panneaux solaires, ils vont jeter leur chaudière à fuel, casser toutes leurs fenêtres pour les faire changer aux frais de l'assurance, et s'abonner à une AMAP où, pour dix ou quinze euros par semaine, ils vont avoir des légumes qui auront vu de la terre fraîche et des fruits qui n'auront pas tué les abeilles avec leurs pesticides. Bref, la révolution de leur vie sera en marche.

Oh, on peut faire la fine bouche sur le rousseauisme du film, sur quelques excès, mais fondamentalement, la réalité est là : chacun dans sa vie courante peut améliorer l'avenir de la planète et, en outre, les politiques et les ONG ont le devoir de travailler à modifier l'organisation de la société pour cesser les aberrations que le film souligne sans modération.

Et on peut dès à présent aller voir le site du film.

31/03/2009

Milliardaires verts.

Foin des tristes histoires de manque de blé de la crise, jetons quelques épis au milieu d'Hadopi, et lisons avec grand intérêt un article sur le "changement de paradigme" (grande expression made in Quitterie) de milliardaires qui investissent grandement dans les industries vertes.

Voici le début de l'article :

Bill Gates en tête des éco-investisseurs

[Terra éco]

Ils ont fait fortune dans l’informatique, l’industrie ou la finance. Aujourd’hui, ils placent leur argent dans des projets respectueux de l’environnement ou investissent dans le caritatif.

Alors que le magazine américain Forbes sort son classement des 793 milliardaires de la planète, le Sunday Times met à l’honneur ces 100 tycoons "verts", dont la fortune atteint au bas mot les 215 millions d’€.

En tête de liste, les Américains du Nord, tel le financier Warren Buffett (29 milliards de $, 1er), et le père fondateur de Microsoft Bill Gates (28 milliards de $, 2ème), sont bien placés. Selon Forbes, Bill serait repassé devant son ami Warren, par un jeu de chaises musicales auquel la chute des bourses n’est pas étrangère. Jadis en tête de peloton, les tycoons chinois du solaire et des véhicules propres, tel Lu Xiang-yang, patron de BYD (batteries électriques) se classent aujourd’hui en bas de tableau, décoiffés eux aussi par la tempête boursière.

Changement de paradigme

Que penser de ce classement ? D’abord, que les investissements verts rentrent dans les habitudes des grandes fortunes. Avec l’arrivée de Barack Obama, et le lancement d’un plan de stimulation de l’économie très orienté sur les technologies propres, la tendance pourrait bien s’accentuer. Ensuite, ces projets sont -ou pourraient- devenir rentables, voire très rentables. Si Bill Gates se consacre aujourd’hui à 100% à ses activités philanthropiques, il investit en parallèle dans le développement de carburants alternatifs, dont un fuel à base d’algues qui pourrait lui rapporter.

Idem pour Warren Buffett. Le businessman au flair légendaire a fait don d’une bonne partie de sa fortune à la fondation Bill&Melinda Gates, tout en investissant plus de 170 millions d’€ dans BYD, sans doute l’avenir de l’auto chinoise. A eux tous, ces chevaliers verts rassemblent, selon Sunday Times, une coquette somme de 287 milliards d’€.

Seuls trois Français sont représentés, dont Serge Dassault, que l’on n’attendait pas sur le terrain des véhicules électriques. Les deux autres étant Joël Séché (énergies renouvelables) et Jean-Michel Germa (éolien).

La suite ici.

(Je précise que j'ai goulûment chipé tout ça dans une widget "My Coop" qui est sur le blog de Quitterie et que j'ai essayé d'installer sur le mien, avec un succès mitigé).

03/02/2009

La pub abuse-t-elle du vert ?

Nous voyons et verrons chaque jour un peu plus fleurir les publicités utilisant les codes de l'écologie, puisque les gens veulent pouvoir acheter utile et sain.

L'Alliance pour la Planète, une coalition d'ONG bien connues dans le domaine de l'environnement et de la nature, a donc décidé de créer un observatoire spécialisé, chargé d'évaluer les faussaires qui, tels l'entreprise Tricatel du film "L'aile ou la cuisse", font de la salade avec du pétrole, ou vantent (et vendent) comme produits verts des choux gluants de carbone, ce qui, en termes commerciaux, se nomme tromperie.

Cet observatoire est ici.

22/10/2008

Quitterie Delmas et le grenelle de l'environnement.

Une étude très précise de la mécanique institutionnelle par une experte es écolo.

 

24/06/2008

Quitterie Delmas est "supernaturelle" sur l'"écoblanchiment" dans "La Tribune".

Quitterie Delmas cosigne une excellente tribune disponible sur le site de "La Tribune".
 
En voici le début :
 
"Ces derniers mois, les consommateurs avertis ont appris un nouveau mot: écoblanchiment. Si on leur demande ce que signifie ce mot aux connotations délinquantes, ils expliquent qu'il s'agit de l'utilisation abusive d'arguments environnementaux pour vanter un produit ou une entreprise: un gros 4x4 polluant appelé - imaginons - "Biosphère", c'est de l'écoblanchiment. La profession publicitaire joue, sur cette question, une partie cruciale. Soit elle accepte sa responsabilité de jouer un rôle central dans la transformation des modes de vie, et pour cela elle doit refonder le "contrat de confiance relationnelle" qui la lie au consommateur. Soit, comme il y a quelques années avec la loi Evin, elle refuse d'assumer sa responsabilité sociale et on verra ses manoeuvres de retardement s'achever par un encadrement imposé et une image dégradée."
 
La suite

11/08/2007

La faune contre l’humain ?

La fin tragique de l’ourse Franska était inévitable. Depuis plusieurs semaines, la pression s’accentuait sur cet animal. Les gens de la montagne cherchaient tous moyens de s’en débarrasser et ne s’en cachaient pas. Il (ou plutôt elle) dérangeait trop leur habitude de laisser les troupeaux seuls sans défense à l’alpage. Rien ne peut lutter contre un confort aussi manifeste. Le statut de prédateur suprême, revendiqué par l’être humain, s’exprimait là dans toute sa crudité.

Du reste, depuis que l’on nous avait annoncé que la femelle avait atteint l’âge de dix-sept ans au lieu des sept précédemment officiels, on savait que sa fonction reproductrice était amoindrie, que le rapport qualité/prix de la livraison slovène devenait mauvais. Le tableau était sale, il fallait le laver.

Quant à l’opportunité de la réintroduction de l’ourse dans les Pyrénées, je me rappelle d’abord ce que Bayrou en a justement dit : on ne fait pas ce genre d’opérations lourdes sans l’assentiment, voire l’adhésion, de la population. De ce côté-là, c’était raté. Au-delà même, l’explication donnée par la jolie Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État qui assume l’environnement auprès du ministre Borloo (on mesure au passage le changement de statut de l’écologie résultant du départ de Juppé du gouvernement), ne convainc personne : réintroduire l’ours pour ne pas avoir l’air d’on ne sait quoi auprès des Africains à qui l’on demande de protéger le dévastateur éléphant. C’est absurde : l’ours slovène n’est pas l’ours des Pyrénées ; c’est en Slovénie qu’il faut le protéger.

On sait cependant pourquoi l’ours était slovène : pour qu’on ne le confonde pas avec une fraise des bois.

16:21 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, écologie, bayrou, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

17/07/2007

Société mécaniste, société humaniste.

Si l’on compare Balzac à Zola, on rencontre vite la différence qui sépare leur analyse de la société humaine. Qu’on ne s’y trompe pas : Balzac et Zola partagent une vision pessimiste des choses ; pour l’un, le moteur de l’activité humaine est l’intérêt, parfois corrigé par la passion ; pour l’autre, il ne s’agit plus de l’intérêt, notion intellectualisée et raisonnable, en tout cas du domaine de l’esprit, mais bien plus de l’appétit, notion parfaitement organique, dictée par la loi de la chair et de son fonctionnement.

Quand Zola évoque le « ventre » de Paris, c’est bien à cet appétit parfaitement physiologique qu’il songe.

Victor Hugo anthropomorphisait les vertus, les vagues de l’océan, conférait une âme aux choses dont il faisait des gens, tout événement devenait destin, résultat d’une intention métaphysique ; Zola, lui, rappelle que tout obéit à la logique de l’organe, qui est la face non point inerte mais sans âme de la vie. La société devient ainsi le corps social, un ensemble d’organes qui forment autant de rouages d’une véritable mécanique. Un mouvement collectif, inexorable, sans intention motrice.

La conséquence de cette vision (qui est celle des marxistes in fine) est que l’individu se définit par sa position dans un diagramme, il participe à une digestion collective du présent au service d’un futur qui obéit aux lois des organismes vivants : l’expansion du groupe, la conquête, l’édification de la fourmilière, de la ruche, le bourdonnement, le tentacule agressif de la ronce qui va marcotter, du pommier qui va drageonner, du palétuvier dans la mangrove ou du figuier dans la prairie. Le fruit de l’arbre n’est qu’un instrument de l’expansion de l’espèce.

Dès lors, gouverné par une loi immense, l’individu n’est plus libre, sa vie n’est qu’un pion d’une stratégie colossale qui, du protozoaire aux colonies d’insectes, vise toujours à un progrès qui n’a rien ni de noble ni d’idéal, mais seulement une logique de pouvoir d’une fraction de la matière sur le tout.

Ces théories mécanistes ont irrigué le Vingtième siècle ; elles ont apporté parfois des innovations fructueuses, notamment dans l’étude de l’Histoire : l’école des Annales en est un bon exemple, qui a permis de comprendre par des flux de long terme et des mouvements de profondeur certains aspects de l’aventure humaine qui échappaient jusque-là à l’intelligence.

Elles ont en revanche eu le grave inconvénient de réduire l’être humain à ses fonctions organiques (production quantitative, consommation) et elles ont inspiré toutes sortes de fonctionnalismes minimalistes qui ont abouti à l’oppression de l’individu par son environnement matériel (sans parler bien sûr des dérives totalitaires).

Oublier la liberté de l’individu est le premier des chemins qui mènent aux sottises racistes et xénophobes. Considérer la personne comme branche indistincte d’un arbre gouverné par la logique de son tronc aboutit à Auschwitz.

C’est pourquoi le retour de la liberté de l’individu, que nous avons cru constater pendant les deux ou trois dernières décennies, avait d’infinies qualités et portait d’inestimables espoirs.

Hélas, la voici de nouveau combattue avec efficacité par deux ennemis aussi redoutables l’un que l’autre.

Le premier de ces adversaires est le productivisme : toujours plus, joint au plus vieux défaut de l’homme en société : l’instinct léonin du contrôle des masses au service d’un oligopole économique. Je pense, en écrivant ces mots, à la dernière campagne présidentielle, à la crétinisation militante qui s’y est déployée, à la régression (voire à la répression) de l’idéal de circulation de l’information et du savoir né de la Révolution française. Le libéralisme des échanges, la logique du marché, ce sont des notions parfaitement humaines, obéissant à des impulsions spirituelles autant que matérielles, c’est la vie ; mais le dérèglement du marché par des outils manipulatoires et politiques revient à une vision purement mécaniste et quantitative de l’être humain. D’ailleurs, et pour invoquer un autre slogan de la récente élection présidentielle, dire « travailler plus pour gagner plus », c’est invoquer une logique de bête de somme, où la valeur du travail est sa quantité, alors que tout l’effort de notre civilisation consiste à accorder plus de valeur ajoutée à la qualité du travail qu’à sa quantité. La conception mécaniste produit donc une régression historique.

L’autre adversaire de l’humanisme est rigoureusement symétrique du premier : c’est celui qui vise à incarner partout, autant que possible, une nature sans être humain, l’humain étant par essence contraire à la nature ; or cette dernière proposition est fausse : opposer nature à culture fut même la plus dangereuse erreur du rousseauisme, celle qui a produit les effets les plus meurtriers des totalitarismes.

Ce conflit nature/culture revient paradoxalement à une vision organique et donc mécaniste de la nature donc de l’être humain, vision mécaniste dont je crois avoir démontré les risques profonds.

La création d’espaces naturels côtiers me semble ainsi excessif. Il y a un moyen terme entre les barres de béton telles qu’on en voit à La Baule par exemple, et la pointe du Raz, ici, en Bretagne, où l’on a été jusqu’à raser un hôtel modeste et vétéran pour restituer enfin une mythique nature sans intrusion humaine, l’humain étant ici, comme dans la religion, l’impur absolu.

Au fond, ces espaces dévitalisés ne sont rien d’autre que la résurrection du patrimoine de l’Église nationalisé en 1789 : une aire « tabou », vouée à l’expiation et à l’humilité, qui ne doit pas être exploitée, ni même utilisée. Créer de la richesse, vivre, c’est mal, c’est fautif. Une conception punitive irrigue certes (et trop) tout le programme des Verts, mais là, on atteint un sommet, qui révèle le substrat religieux de leur doctrine.

On n’y trouve certes pas l’hypothétique Dieu judéo-chrétien, mais on y distingue parfaitement l’ancestrale « mère-nature », la castratrice conservatrice selon laquelle toute innovation est par nature, ontologiquement, mauvaise, pernicieuse, la mère-nature dont il faut respecter le tranquille sommeil.

Sans aller jusqu’à psychanalyser cet avatar de la défense de la nature (qui s’y prête pourtant), j’ai voulu, pour conclure, rappeler que l’humanisme est mon horizon politique, toute activité humaine fait partie des effets de la nature ; domestiquer la nature n’est pas mal en soi, c’est fécond autant pour la nature que pour l’humain, pourvu que l’humain en soit justement l’horizon, en protégeant le vivant ; la même phrase peut être construite en remplaçant domestiquer la nature par produire.
Une idée comme ça, au début de l’été, en considérant l’actualité inquiétante avec un peu de recul. 

17:45 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, littérature, société, écologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook