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30/04/2009

Hadopi : députés UMP, PS, MoDem, NC, Verts, PCF, DLR, à la conférence de presse pour une alternative à l'Hadopi.

Je signale que, dans la très longue vidéo que je viens de donner, figurent des députés de pratiquement toutes les tendances politiques représentées à l'Assemblée Nationale : Lionel Tardy et Christian Vanneste malgré l'UMP (et le CNI), Jean-Marc Ayrault, Christian Paul, Patrick Bloche, Michel Françaix pour le PS, Martine Billard pour les Verts, Jean-Pierre Brard pour le PCF, Nicolas Dupont-Aignan pour Debout la République, Jean Dionis du Séjour malgré le Nouveau Centre, et ... Abdoulatifou Aly pour le MoDem, parti qui daigne enfin se manifester à l'Assemblée Nationale sur un sujet crucial.

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26/05/2008

Résultat moyen pour Blandine Martin dans la 11e du Rhône.

Difficile de comparer le scrutin qui a eu lieu aujourd'hui avec celui de juin dernier : il y avait bien moins de candidats et une candidature de poids s'est manifestée.
 
C'est l'ancien syndicaliste magistrat Georges Fenech qui avait emporté l'élection, on sait qu'il a été invalidé en raison d'irrégularités formelles de son compte de campagne. Qu'un magistrat ne connaisse pas la loi est toujours un sujet d'étonnement.
 
Quoiqu'il en soit, c'est son suppléant qui est candidat à son remplacement, Raymond Durand, étiqueté Nouveau Centre. Il a obtenu 7 point de moins qu'en juin dernier et, avec 41%, ne peut compter en principe que sur le report des voix de l'extrême droite (4%).
 
Blandine Martin perd plus de 3 points, passant de 9,6 à 6,2, un score douloureux, dans lequel il ne faut pas négliger la responsabilité de Michel Mercier, président du Conseil Général, qui soutenait plus la candidate du MoDem en juin dernier qu'aujourd'hui.
 
Les Verts font un score équivalent qui, à peu de choses près, représente la somme des pourcentages des divers candidats écologistes de juin.
 
Le Parti Socialiste, quant à lui, réalise le même score à une décimale près (un peu plus de 23%). Mais en juin dernier, le candidat socialiste représentait toute l'union de la gauche. Cette fois, il a à sa gauche un conseiller général communiste qui dépasse 15%, à quoi il faut ajouter 3,3% de la LCR, qui doivent faire le report de voix naturel du candidat de gauche, soit un total supérieur (plus de 48% en comptant les Verts) à celui de la droite et de l'extrême droite (presque 46%).
 
Léger avantage donc, sur le papier, à la gauche, logique puisque M. Durand a perdu au premier tour 7 points sur M. Fenech et que celui-ci avait gagné avec 56%.
 
Reste que le report des voix de Blandine Martin sera probablement décisif.
 
Dans la cantonale partielle, le candidat MoDem soutenu par le PS devance celui de l'UMP. Je n'ai pas trouvé celui d'Anne Pellet, étiquetée MoDem pur jus. 

20/05/2008

Élus à vendre.

Quatre valeurs ont attiré des élus de gauche vers Nicolas Sarkozy l'an dernier : l'atlantisme (Kouchner par exemple), le communautarisme (qui draine un courant entier de la gauche), et puis deux qui se ressemblent un peu : le pouvoir et l'argent. J'entends par le pouvoir le fait de détenir l'autorité (même si on l'exerce mal) et de distribuer les largesses et les places.
 
En fait, ce qui est arrivé aux socialistes (et qui se reproduira certainement), c'est beaucoup cela, un phénomène bien connu de l'ancienne UDF : les élus, préoccupés uniquement de leur propre jardin, sans solidarité, vont au plus offrant. Quelques-uns abandonnent leur étiquette, beaucoup la gardent et la maquerellent.
 
C'est ainsi que l'on vit, lors de la campagne présidentielle de 1988, s'amenuiser la liste des soutiens réels de Raymond Barre. L'UDF soutenait celui-ci très officiellement, mais il y eut plusieurs catégories de tièdes et de de mous, voire de fuyants, voire pire.
 
Première catégorie : ceux qui, en fait, n'ont jamais soutenu Barre : Santini, par exemple. On pensait que c'était parce que les réseaux corses étaient assez fortement mobilisés autour de Chirac par Pasqua, mais ça allait probablement plus loin. Certains élus parisiens de l'UDF traînèrent beaucoup les pieds aussi, dont le président de l'UDF de Paris, le très corse Jacques Dominati. Il faut dire que l'élection municipale avait lieu l'année suivante et que ceux qui se sentaient fragiles jouaient la sécurité, ou bien au contraire, s'ils se trouvaient forts, ils se négociaient habilement.
 
Et puis il y eut d'autres catégories, comme ceux qui, en début de campagne, soutenaient Barre activement, puis se sont éloignés, et finalement, on a compris qu'ils avaient reçu bonnes promesses chez Chirac.
 
À leur décharge, Barre se souciait assez peu d'eux : il n'était adhérent d'aucun parti politique et considérait, assez gaullien, que si on l'élisait, c'était pour lui, parce qu'il pourrait se placer au-dessus des partis. Ce qui ne l'empêchait nullement de s'appuyer sur ceux qui avaient le relatif masochisme de le soutenir.
 
Pour motiver les quadras qui assumaient les responsabilités dans les partis en question, il disposait tout de même d'une sucette : le poste de premier ministre. Barrot, Méhaignerie, Léotard, tout le monde se voyait premier ministre. Et quand Charles Millon prit une importance prépondérante dans le dispositif de Barre, certains postulants y virent le signe qu'il deviendrait premier ministre. Ca changeait tout : si c'était simplement pour devenir ministre, autant valait négocier avec Chirac, ou tout au moins ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, ce qui tiédissait évidemment les ardeurs.
 
Et c'est ainsi : dans la mesure où la carrière personnelle seule est en jeu et où l'appareil partisan est incapable de réagir à des formes sournoises de trahison, toutes les négociations de l'ombre sont possibles.
 
Car n'oublions pas que de nombreux élus, même de gauche, sont, selon l'expression du sénateur Legrand "actionnés" par des lobbies économiques, qui comptent bien plus que leur étiquette partisane dans leur édifice politique personnel. désintéresser un lobby, c'est parfois une façon de neutraliser un pion politique, voire une tour.
 
C'est désormais le destin du PS.
 
Au Mouvement Démocrate, nous n'avons plus guère ce souci, sauf à la marge. C'est notre force. Notre force paradoxale. 

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Le Nouveau Centre, c'est mieux.

Mais non, c'est une blague.
 
Mais franchement, on se demande si les sujets de fond intéressent les internautes du MoDem. 

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31/03/2008

La stratégie des centres.

Pour noyer le poisson MoDem, la nouvelle stratégie de l'Élysée a un nom : la pluralité des centres. Il y a plein de centres : les deux partis radicaux, le Nouveau Centre, les centristes de l'UMP (grand parti centriste devant l'Éternel, comme chacun sait), et divers groupuscules.
 
Cas d'école : l'UMP d'Ille et Vilaine. Non content d'avoir tenté de faire fusionner la liste du MoDem avec celle de l'UMP dès avant le premier tour pour les municipales de Rennes (on imagine le résultat que cela aurait donné), le sénateur "MoDem" local, Philippe Nogrix, pourtant pas le pire, a imposé un groupe commun avec l'UMP, dénommé "Union du Centre" et parrainé par le centriste repenti Pierre Méhaignerie, en son temps condamné mais amnistié pour abus de biens sociaux au détriment de son parti (le mien aussi), le CDS. En vérité, le poulain de Nogrix, le député Thierry Benoît, élu sous l'étiquette MoDem mais ayant refusé de prendre ensuite sa carte, est devenu le leader de la génération montante de la droite locale depuis que le "centriste" de l'UMP, Philippe Rouault, poulain de Méhaignerie, a été battu à sa mairie et aux législatives. Rien à voir donc avec le MoDem.
 
Dans une certain mesure (et comme le note l'élu MoDem pur et dur d'Ille et Vilaine Reboux dans l'article que j'ai mis en lien), cette façon de procéder aboutit à banaliser le MoDem, à l'engluer, comme au fond l'attitude des sénateurs du groupe UC-UDF qui veulent garder le contact avec le Nouveau Centre.
 
Dans une certaine mesure aussi, les propos récents du tout nouveau maire du XVIe, Claude Goasguen, peuvent dériver vers cette stratégie élyséenne s'il ne les précise pas. Vouloir doper l'aile centriste de l'UMP pour réduire l'espace politique du MoDem est une manoeuvre logique et l'ambiguïté n'est pas permise.
 
Cependant, cette stratégie du recentrage a déjà été tentée plusieurs fois, et elle a toujours échoué, tant l'UMP reste marquée par les travers intellectuels et culturels de la droite. Comme dirait Bayrou, le renard enfile les plumes du poulet, mais il reste le renard.
 
Personnellement, j'estime que la réalité est bien plus riche et complexe que la droite ne se l'imagine.
 
Tout d'abord, il est simple et commode (y compris pour Bayrou) de parler du centre : cela nous place de plain-pied avec la droite et la gauche, à égalité. Il y a la droite, le centre, la gauche, chacun pour un tiers et tout le monde est content.
 
Mais cette vision facile a longtemps rebuté François Bayrou qui ne la jugeait pas pertinente, au motif que le centre est une notion purement géométrique. Il parlait d'ailleurs plus volontiers d'espace central que de parti centriste.
 
Dans cet espace central, c'est évident, le MoDem se taille plus que la part du lion. Non pas parce qu'il est centriste, mais parce qu'il assume les convergences des énergies divergentes. Il est la solution des contraires et la synthèse des dirimants.
 
Pour parvenir à ce résultat, il agglomère des sensibilités très diverses : humanistes d'inspiration chrétienne comme Bayrou ou laïque comme beaucoup d'autres, altermondialistes, écologistes, libertaires, autogestionnaires, gaullistes, sociaux-démocrates, et divers autres, dans un projet qu'en d'autres temps on aurait sans doute dénommé social-démocrate et qui allie la générosité, l'efficacité, le durable et l'intègre, conjugués à un enthousiasme européen marqué, à une nette aspiration à la subsidiarité, à un vrai appétit de démocratie numérique, et à une grande fraîcheur d'inspiration.
 
Tout cela, on le voit, a peu de rapport avec la tambouille centriste et permettra sans le moindre doute de déjouer le piège des centres pour occuper l'espace central sans se perdre dans le centrisme, en somme développer un authentique projet démocrate.

21/03/2008

Deuxième gauche, deuxième droite, et puis ?

En relatant les propos tenus hier soir sur Public Sénat par Quitterie Delmas, l'expression "deuxième droite" m'est venue spontanément. Or il m'a paru qu'elle pouvait manquer de clarté pour ceux qui n'ont pas, comme moi, plus de vingt-cinq ans de politique à alourdir leurs épaules.
 
L'expression "deuxième gauche" a été utilisée à propos de Michel Rocard et de la CFDT des années 1970. Rocard et les rocardiens étaient alors la boîte à idées de la gauche, une boîte à idées dans laquelle la première gauche, celle des alliances d'appareils, celle du pouvoir, puisait sans vergogne.
 
Il y a eu, de la même façon, une "deuxième droite" dans les années 2000 : l'UDF bayrouiste que l'Hérétique regrette si fortement. Là encore et comme il le dit très justement, l'UDF a joué le rôle de boîte à idées de la droite.
 
Seulement voilà : il est arrivé à la deuxième gauche et à la deuxième droite la même mésaventure : leurs idées pillées pour la conquête du pouvoir mais jamais mises en application dans l'exercice du pouvoir.
 
C'est face à l'échec manifeste de la stratégie du "deuxième" (du Poulidor) de la politique bipolaire, que Bayrou s'est tourné vers l'idée de l'extrême centre qui a si fortement marqué les esprits lors de l'élection présidentielle.
 
Quel rapport avec l'initiative d'exhumation de la momie de l'UDF qui agite si fort les têtes blanches du Sénat (véritable musée de la momie) autour de l'inénarrable Raffarin ?
 
Aucun.
 
Ou plutôt si, il y en a un.
 
L'UDF est née en 1978 d'un conglomérat de partis habitués à travailler ensemble au Sénat depuis les années 1960 : les indépendants (RI), les centristes, les radicaux (amputés depuis 1971 de leur aile gauche) et quelques socialistes (Max Lejeune, SFIO) rebutés par l'alliance avec les communistes prônée par le Congrès d'Épinay. Dans l'appareil du parti, les giscardiens étaient majoritaires (les RI s'étaient démultipliés en trois composantes : Adhérents Directs de l'UDF, Clubs Perspectives et Réalités, RI devenus PR), cependant que le gros des militants était centriste. Au moment de sa fondation, l'UDF avait pour vocation de servir de bras armé au président Giscard d'Estaing et cette vocation se matérialisait par un livre, "Démocratie française" (illisible), signé par Giscard.
 
Hélas, l'UDF n'a gagné qu'une élection nationale : les Européennes de 1979. Toutes les autres furent perdues, à commencer par la présidentielle de 1981. Mais battue, elle subsistait. Elle présenta un candidat à la présidentielle de 1988, battu encore : Raymond Barre.
 
Sur le terrain, dans cette période, la domination du RPR chiraquien s'affirma. Dès lors, il y eut une répartition des rôles implicite : le Sénat et une grande quantité de collectivités locales à l'UDF qui ne s'occupait pas de politique nationale, cependant que le RPR prenait le pouvoir national.
 
Et un peu partout, les candidats UDF servaient de soupapes au mécontentement de la droite. Si l'UDF avait existé encore, l'électorat de droite se serait moins abstenu qu'il ne l'a fait aux récentes élections municipales. Pour protester contre Sarkozy, l'électorat aurait voté UDF. Faute de soupape, il est allé certes voter parfois pour le MoDem (mais l'identité de celui-ci est encore diffuse et imprécise) voire pour le PS, mais il s'est surtout abstenu.
 
L'initiative de Raffarin, relayée hier soir par Yves Pozzo di Borgo et (plus maladroitement) par Christian Saint-Étienne, est de restaurer cet équilibre-là, entre la droite et "l'autre droite" : l'UDF des années 1980, une époque où Pozzo se délectait à la fois de la table du président du Sénat et des multiples combinaisons de couloirs dont bruissaient les corridors feutrés de la Haute Assemblée.
 
Au passage, je signale que Pozzo a énoncé une contrevérité historique. Il a d'ailleurs été déçu de n'être pas contredit et il l'a expliqué : "elle est beaucoup plus jeune que nous". Car le déjà sexagénaire Yves Pozzo di Borgo appartient à une période relevant du Paléolithique de la politique. C'est le retour des morts-vivants (et je le dis avec d'autant plus de regrets que j'ai toujours eu de la sympathie pour lui).
 
La contrevérité est la suivante : Giscard a laissé l'UDF en 1995 à Bayrou avec des dizaines de conseils généraux, cent cinquante sénateurs, etc. Or en 1995, ce n'est pas Bayrou, mais François Léotard, qui a pris la présidence de l'UDF. Première inexactitude donc. Deuxième inexactitude : ce n'est pas Bayrou, mais Chirac et Le Pen qui ont fait fuir les sénateurs et les conseils généraux. Le premier, parce qu'il contrôlait entièrement l'organisme corporatif des agriculteurs (FNSEA) et que le Sénat est une chambre d'agriculture. Le deuxième (Le Pen), car l'UDF a implosé en 1998 sur la question de l'alliance avec le Front National. Ceux qui prônaient cette aliance (les madelinistes notamment) sont partis à cette époque-là, cependant que restaient ceux qui la rejetaient (l'essentiel des centristes, plus Léotard et Robien qui découpa sa carte de Démocratie Libérale aux ciseaux en direct sur France 3). Six mois plus tard, Chirac récupérait le Sénat et l'UDF commençait à perdre sa vocation territoriale. Et quatre ans plus tard, c'est le candidat du Front National qu'il affrontait au second tour.
 
Maintenant, et pour conclure, à quoi peut servir "l'autre droite" ?
 
À rien.
 
À faire des élus.
 
Et ça (pour parler comme Christian Saint-Étienne), tout le monde s'en fout. 

Quitterie Delmas, sur Public Sénat, pour la stratégie d'indépendance du centre.

Quitterie Delmas était l'invitée hier soir de l'émission "Bouge la France" présentée par Pierre Sled, en compagnie de Christian Saint-Étienne (du parti de Cavada) et d'Yves Pozzo di Borgo, du Nouveau Centre, pour parler de l'avenir du centre et du MoDem en particuier.

Peu d'élus ? "Je ne crois pas au Père Noël". "On savait que ce serait difficile".

"Inventer la politique du XXIe siècle". "Il n'y a que la politique qui ne s'est pas modernisée".

Christian Saint-Étienne et Yves Pozzo di Borgo défendent l'idée d'un centre qui est en fait la deuxième droite (projet Raffarin).

"Je me suis engagée en politique pour regarder vers l'avenir"... "Si l'offre des deux grands partis politiques étaient sincères, si la classe politique allait très bien, il n'y aurait pas la nécessité de créer un nouveau mouvement".

Les Européennes ? "Les Français aiment la politique ... Je serai satisfaite le jour où il y aura une forte participation à chaque scrutin" (il y a donc une raison de croire que le score du MoDem sera meilleur).

Le rassemblement des centres ? "Je ne me suis pas engagé en politique pour le centre, mais pour la France"... "la nouvelle place du centre, c'est de dépasser les clivages"... (à ce point Christian Saint-Étienne devient insultant et s'énerve).

Les alliances ? "Je suis heureux qu'on regarde plus les personnes et les projets que les étiquettes"... "Qu'est-ce qui lie Jacques Myard et Laurent Wauquiez ?" "Ils sont dans le même parti parce que c'est facile"... "ils sont contents, tout le monde a à bouffer". 

La stratégie ? "Il faut tout mettre à plat pour tirer des enseignements". "Je n'ai aucun doute, c'est la stratégie qu'on a choisie". "Il y a une recomposition politique qui est en cours".

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31/10/2007

Nouveau Centre : Méhaignerie m'a tuer.

J'avais envie de m'exclamer encore contre l'extravagant flot de dithyrambes que les écolos font pleuvoir sur Sarkozy ces jours-ci, qui me semble indécent, quelques jours à peine après l'affaire de l'amendement ADN et de la loi sur l'immigration. Mais cet enthousiasme leur passera avant qu'il me reprenne, come on dit, et de toutes façons, un tel concert d'éloges de la part des écolos finira par brouiller la majorité avec les agriculteurs et les chasseurs, qui sont pourtant son électorat de base, et on en verra les effets aux municipales.
 
Donc il reste un sujet de politique politicienne : le site Marianne2.fr a annoncé que Sarkozy hier avait enterré la proposition de loi du Nouveau Centre et qu'il parlait désormais de "regrouper" sa majorité. De profundis.
 
Le Nouveau Centre ne faisait guère d'ombre au Mouvement Démocrate. Une bande de maquignons patibulaires ne pouvait guère rivaliser avec l'extraordinaire élan qui accompagne François Bayrou.
 
En revanche, on ne s'en était guère aperçu, l'existence d'un parti se disant centriste dans une majorité dominée par un parti (l'UMP) dont un courant se disait lui aussi centriste pouvait ressembler à un doublon et surtout créait un pôle dangereusement attractif et centripète pour ceux qui avaient envie d'un peu d'air (denrée qui manque à l'UMP), ce qui risquait de susciter un effet centrifuge pour le parti du président.
 
Le chef des centristes de l'UMP n'est autre que le vieillissant Pierre Méhaignerie. Je n'ai pas le droit de rappeler que cet homme-là a tout de même été condamné pour abus de biens sociaux au détriment de son ancien parti, le CDS : sa condamnation a été amnistiée dès avant le prononcé. Je ne le rappelle donc pas.
 
Mais il veille au grain de ses ouailles. Il a porté le coup de grâce à la tentative financière (et minable) du Nouveau Centre en analysant publiquement qu'elle avait été mal engagée. Requiescat.

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24/10/2007

Les orphelins de Bayrou.

Le Nouveau Centre : ni pour, ni contre, bien au contraire. Le double vote hier par les députés de la première partie de la Loi de Finances a démontré quelques comportements aussi surprenants de la part du Nouveau Centre que de celle du MoDem. On a vu en effet les deux formations diviser leurs voix à égalité aussi bien pour le vote de la loi de finances que pour celui de la loi sur l'immigration.
 
Pour la loi de finances, les 21 députés NC, comme ils s'y étaient engagés, l'ont approuvée ; ce fut le cas d'un député MoDem, Thierry Benoît, cependant que François Bayrou votait contre et que Jean Lassalle ne participait pas au vote. Pour la loi sur l'immigration, 18 NC seulement ont participé au vote, 4 en votant pour (dont François Sauvadet et Yvan Lachaud, ce dernier élu du sud-est), 4 en votant contre (dont l'hyperindépendant Jean-Christophe Lagarde, mais aussi Jean Dionis du Séjour, celui qui pense que le meilleur score pour Bayrou serait d'incarner l'UMP en mieux, forcément, et Jean-Pierre Abelin, qui fut président des jeunes du CDS et dont le père, Pierre Abelin, fut l'un des plus fidèles de la traversée du désert de Jean Lecanuet) et les 10 autres se sont abstenus (ils ont participé au vote en ne se prononçant pas, joyeuses nuances de la vie parlementaires qui séparent ceux qui ne participent pas au vote de ceux qui y participent mais ne se prononcent pas, ce qui, en termes de résultat, pourrait avoir l'air semblable).
 
Quoiqu'il en soit, on voit bien la symétrie de ce ballet à 24, sorte de menuet du centre.
 
Et on voit bien se profiler ce que Michel Mercier a annoncé : la réunification prochaine des centristes.
 
Pourtant, François Bayrou rejette cette idée avec vigueur. Pour lui, ceux qui ont voté le budget ne sont plus dans le camp du centre, ils sont à droite, point, fermez les guillemets.
 
Voici donc ouvert le vrai débat de l'avenir du centre.
 
Bayrou avec ses adhérents MoDem (qui sont là pour lui et pour lui seul) fera-t-il cavalier seul ? Laissera-t-il le reste de ses troupes parlementaires rejoindre le port sarkozyste ?
 
Qui sait ?
 
Le divorce, la rupture, qui a séparé Bayrou de ses anciens amis, tient à une idée qui habite Bayrou : tel en son temps Mitterrand, il est parti à la conquête de la gauche. Il est à peu près comme Mitterrand après le pseudo-attentat de l'Observatoire : un pestiféré, un maudit, voué aux gémonies par le pouvoir tout-puissant et entouré d'une petite poignée d'inconditionnels. Un survivant. Et cependant l'idée de la conquête de la gauche l'habite.
 
Pas seulement pour obtenir le pouvoir. Bayrou a la certitude que l'on ne peut pas laisser le pouvoir aux mains des seuls intérêts des grands groupes économiques et financiers, la politique est faite de l'intérêt commun, du bien commun, de l'intérêt général, bref, elle est pour tous et non pour le proit de quelques-uns.
 
Conviction philosophique par excellence, celle-là même qui traça la ligne de démarcation entre partisans et adversaires du Second Empire.
 
Celle-là même qui rencontre l'écho de la voix de Mitterrand lorsque celui-ci conspuait ce qu'il nommait "les forces de l'argent". 
 
Il y a plus : du point de vue de Bayrou, Sarkozy est un Parisien et le pouvoir qu'il incarne l'est aussi. Le terrien Mitterrand ne raisonnait pas autrement.
 
Reste qu'une bonne partie des bayrouistes décapités errent désormais dans la politique comme des poules sans tête, désolés d'être séparés de leur leader et insatisfaits de leurs amis forcés. Le rapprochement avec d'autres "pieds-noirs" du bayrouisme calmera-t-il bientôt leur souffrance ?
 
Que peut devenir le centre-droit sans présidentiable ?
 
Et le MoDem ? Avec ou sans les parlementaires ?
 
Voilà bien des questions à résoudre d'ici le prochain double congrès de Villepinte.

16:30 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, MoDem, Sarkozy, Bayrou, Nouveau Centre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook