Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/10/2010

Le centre courtisé par des tartuffes

En politique, l'action est une chose délicate et l'effet boomerang fréquent. En ne rémunérant pas les journées de grève des professeurs, on les incite à pousser les lycéens à manifester à leur place. En organisant un service minimum, on incite les grévistes à employer des moyens d'action très radicaux, blocages en tous genres, à paralyser autrement l'économie nationale. À l'inverse, les excès de mai 1968 ont conduit au raz-de-marée électoral de droite de juin 1968. Les grandes grèves de 1995 ont considérablement affaibli la majorité d'alors, mais elles ont surtout propulsé Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002.

Aujourd'hui, on glose sur le calcul fait par la majorité : exciter le désordre pour appeler au retour à l'ordre ? Se poser en père-la-rigueur pour reconquérir l'électorat conservateur effrayé par ses dérapages verbaux et son style bling-bling ?

Je pense qu'en tout cas, le calcul initial a été celui-là : utiliser le mécontentement social pour effrayer l'électorat de centre droit et le ramener dans le giron majoritaire. À l'heure actuelle, d'ailleurs, l'opinion, en milieu centriste, est que la gauche est en mesure de gagner seule en 2012. Mais au fond, est-ce l'essentiel ?

La montée de l'extrême droite en Europe

Nous vivons dans un monde dangereux, la poussée xénophobe aux Pays-Bas et en Suède, deux pays longtemps admirés pour leur tolérance, le regain extrémiste en Autriche, voire en Allemagne, les ratonnades en Italie, sans parler de ce qui se passe aux États-Unis, des extrémistes sanguinaires de tous poils, islamistes et boutefeux de tous genres, tout cela fait de notre époque un moment dangereux, qui évoque les années 1930.

Or, je l'ai noté lors des dernières régionales, le fait symétrique de cette poussée de fièvre ultradroitière, c'est l'enfoncement du centre, en France notamment, mais pas seulement. On pourrait croire que cet effet de vases communicants ne soit qu'apparent, il n'en est rien : en fait, le centre est la seule vraie réponse à l'extrême droite, un rappel à la conscience morale. Oui, il faut le dire et le répéter, les valeurs du centre sont les seules à contrer efficacement celles de l'extrême droite, car la droite et la gauche, et leurs extrêmes, se placent tous dans le même champ sémantique, tandis que le centre se situe dans un tout autre champ sémantique, il déplace le débat, et c'est sa force.

Le centre longtemps moqué

On connaît la raillerie de Marie-France Garaud sur le fait que, pour convaincre les centristes, il suffisait d'agiter le maroquin ministériel. On a longtemps tourné en dérision aussi notre goût de la bonne gouvernance, notre point d'honneur de probité, notre habitude de juger une politique à ses résultats pour l'intérêt général plutôt qu'à ses effets pour un camp ou l'autre. Tout cela, au fond, a toujours fait rigoler les importants, les réalistes, les cyniques, les gens de pouvoir, en somme, qui mesuraient leur taux de satisfaction à l'aune de la cocufication qu'ils nous avaient infligée. Qui agitant les maroquins, qui "plumant la volaille centriste".

En se posant en candidat de la respectabilité, de l'ordre, des grands équilibres financiers, le pouvoir actuel ne fait qu'infliger une nasarde de plus à notre conception des choses, il nous fait un pied-de-nez, un de plus. Un de trop ?

En entendant Mme Aubry jouer de la mandoline sous le balcon de M. Bayrou, mercredi dernier, en employant des expressions qui sont chères à celui-ci, des expressions qui fleurent bon le terreau centriste, j'avoue que j'ai eu un haut-le-cœur. Comment ? Mme Aubry qui est soutenue par M. Delanoë qui donne l'absolution à bon compte à M. Chirac ? En d'autres temps, Lamartine a écrit "La France est élastique". Peut-être, mais tout de même. Jouer à ce point les attrape-tout ne dénote qu'un état de pensée : celui qui vise à prendre le pouvoir à tout prix, ce qui n'est jamais bon signe. Et puis, on l'a vu, de même que Mme Royal était suitée de sa duègne Mélenchon lorsqu'elle fredonnait des chansons galantes sous le balcon de M. Bayrou en 2007, une duègne implacable qui détenait la clef de sa ceinture de chasteté, de même le chœur des duègnes s'est immédiatement employé à couvrir les mots doux de Mme Aubry avec le grincement de ses mâchoires.

Le centre n'est pas entre la droite et la gauche

Les danses du ventre des deux bords ont pour premier but de rassurer leurs propres soutiens sur la nature du centre : le centre est un peu plus à droite que nous, pense la gauche, et un peu plus  gauche que nous, pense la droite. Double erreur.

Bien sûr, je pourrais, en me moquant, dire que la définition du centre est : tous ceux qui ont envie de donner autant de coups de pied au cul à la droite qu'à la gauche. Mais ce ne serait qu'une boutade. Le centre vaut mieux que cela. Il y a, dans notre façon d'être, ce que Raymond Barre avait nommé "une exigence intellectuelle et morale, un désir d'action", non pas la volonté de plaquer une morale sur la vie des gens, mais l'envie de trouver l'éthique de l'action publique, de lui donner du sens. C'est d'ailleurs un point qui rapproche le centre de beaucoup d'écolos, même si ensuite le tri se fait entre les valeurs compatibles des uns et des autres. Nous avons, sur l'éthique et la politique, et sur le contenu des politiques publiques, des visions souvent convergentes, ainsi que sur l'appel à la liberté. C'est sans doute pourquoi une partie des électeurs centristes hésite entre les écolos et les démocrates. Les évolutions récentes et prévisibles vont décanter cette tentation.

La spécificité présidentielle

Bien entendu, les clins d'œil à l'électorat centriste ou aux responsables centristes n'ont qu'une arrière-pensée : la présidentielle de 2012. La droite exige du centre ce qu'elle considère comme un retour au bercail, la gauche s'endort chaque soir au coin du feu en rêvant qu'elle va plumer la volaille centriste. M. Sarkozy, le matin, en se rasant, s'ébaubit de son futur deuxième mandat présidentiel, Mmes Royal et Aubry, en se faisant le maillot, s'imaginent dictant leur loi aux mâles du monde ébahi. 2012 est une musique qui leur trotte sans cesse dans la tête.

Et cependant...

Les valeurs du centre qui sont irréductibles au champ sémantique droite-gauche représenteront, en 2012 comme lors de toutes les élections présidentielles au Suffrage Universel Direct, sous la Ve république, entre 15 et 20 %. Elles auront un candidat et un seul, ce sera le même que la dernière fois, le seul qui soit crédible, le seul qui ait ce profil étrange que réclame la fonction présidentielle.

Sinon, l'extrême droite sera à 20 %.

Et sans doute, alors, si l'extrême droite rebondit, notre monde poursuivra sa glissée aussi lente et inexorable que celle d'un glacier au temps du réchauffement climatique vers l'abîme. Et alors, quand le pire se sera produit, quand nous aurons d'autres barbaries infectes, d'autres génocides, d'autres verduns, au triste compteur de nos ignominies, l'Histoire demandera des comptes à ceux qui, par des propos honteux, ont jeté de l'huile sur le feu de la haine, comme l'a fait le président de la république cet été, à ceux aussi qui, se disant centristes, n'ont pas démissionné pour protester contre ces abus de langage, et à ceux, enfin, qui ont continué à faire bouillir leur petite tambouille dans leurs petites marmites politiques, alors que, de toutes parts, le péril montait.

Notre époque, je le crois, réclame un changement de paradigme, peut-être pas seulement celui que Quitterie, que nous aimons, a évoqué en se retirant du jeu partisan, mais un sursaut, un tunnel salutaire vers l'autre champ sémantique, celui que le centre incarne.

13/06/2010

L'alibi centriste.

J'ai vu passer des info sur le congrès du Nouveau Centre à Tours. Dans le même temps, hier, soir Jean-Vincent Placé, dont la forte voix a pesé sur les débats récents de la mouvance écolo, expliquait que l'origine de son engagement écolo et politique était son travail avec le regretté Michel Crépeau, longtemps maire radsoc et centre gauche de La Rochelle (un qui aimait téter la dive, soit dit en passant et sauf son respect). Peu de jours plus tôt, Jean-François Kahn et François Bayrou avaient échangé sur le même thème.

Que se passe-t-il donc ? Pourquoi tant de bulles au centre ? Lors des derniers scrutins, on a plutôt vu la balle au centre, de ces balles faites pour tuer et non pour finir au fond des filets d'une coupe du monde. Pan !

Autant dire tout de suite que la stratégie des "néocentristes" n'a rien à voir avec la problématique du centre : ce peloton d'ex-UDF cherche à sauver ses meubles pour 2012. Froncer les sourcils et rouler des mécaniques est une façon de paraître jouer le rapport de forces. Mais le NC ne se donne pas d'autre horizon que l'alliance avec l'UMP, et donc se définit, jusqu'ici en tout cas, comme une fraction de la droite.

Au passage, je rappelle que pour certains vieux élus UMP et ex-UDF, l'existence d'un second parti à droite, pourvu qu'il ne soit pas trop fort, est un instrument pour conserver des positions électives. "Je rassemble", disent-ils en soutenant en sous-main un faux centre croupion, side-car de leur attelage UMP.

Bayrou, en détachant le centre de la droite, leur a ôté leur gagne-pain. Morin reprendra-t-il le rôle ? Peut-être. L'UMP a intérêt à se doter de satellites pour glaner des voix pour le second tour, on a bien vu que le manque de réserves de voix pesait sur les scrutins locaux contre la droite, mais la droite est incurable et ne supporte pas le pluralisme.

De toutes façons, à quoi servirait une candidature NC ?

En fait, c'est Kahn qui a raison : la question centriste n'est pas centrale. Ce qu'il faut, et ce dont notre pays a besoin dans la très grande épreuve que l'Histoire lui prépare, c'est un projet global : sage économiquement et budgétairement, mais pas seulement, proposant une croissance sobre mais pas seulement, valorisant les PME mais pas seulement, améliorant l'impact écologique de notre vie en société mais pas seulement, retrouvant un respect épanoui de nos droits de l'Homme mais pas seulement, ouvrant la voie très largement à la génération Y mais pas seulement, comprenant les bouleversements induits par le développement d'Internet mais pas seulement.

On me pardonnera de raisonner en historien, mais ce qui m'attirera lors de la prochaine campagne présidentielle, ce sera un projet qui repose sur une authentique vision historique de notre pays et de l'Europe, très au-delà des pitreries politiques quotidiennes.

Bayrou, qui reste mon candidat naturel, a profondément déçu une partie des écolo qui le tient pour un faussaire dans leur domaine. Il aura à leur prouver sa sincérité. Il aura, de même, à expliquer pourquoi il paraît s'être rapproché de Sarkozy.

Pour qui le connaît depuis longtemps, et c'est mon cas même si je ne suis pas son intime, je n'ai aucun doute qu'il ne s'est soumis à rien : Bayrou a la tête aussi dure que cele d'un Breton, il ne cède jamais. En revanche, la petite opé tactique qu'il mène pourrait bien lui offrir des résultats fructueux lors du congrès de l'UDF qui doit se tenir à l'automne et qui est prévu pour être le dernier.

Et d'ailleurs, la prétendue candidature de Morin, n'a-t-elle pas, elle aussi, ce congrès UDF pour unique but ? En se posant en présidentiable et en défenseur intrépide des valeurs centristes, Morin ne cherche-t-il pas à se hausser jusqu'au niveau de Bayrou ? Se hisser jusqu'à sembler être un contrepoids. La grenouille se rêve dans la peau du cheval.

J'ai fait cette note pour donner des clefs de lecture aux très nombreux observateurs qui ne comprennent rien à ce qui se passe. Eh bien, pour la dernière fois, le fantôme de l'UDF plane sur la politique française.

22/09/2008

Le Sénat à gauche en 2011 ?

On comprend mieux l'empressement de l'UMP à se soucier des régionales de 2010 : outre que cela leur permet de ne pas parler des européennes sur lesquelles ils sont particulièrement embarrassés, ils savent aussi que ces élections du printemps 2010 sont leur dernière chance de conserver le Sénat. S'ils les perdent, s'ils ne reprennent pas de régions (et même dans ce cas-là, rien n'est sûr), il y a fort à parier que le Parti Socialiste s'emparera de la présidence du Sénat en septembre 2011.

Fait logique, d'ailleurs, et j'ai expliqué hier comment le PS était devenu le parti de la défense des territoires, non plus seulement comme autrefois contre les empiètements du pouvoir central, mais contre le reflux des services centraux et des services publics en général.

C'est donc d'autant plus paradoxal de voir des gens qui se disent centristes et qui sont de plus en plus empressés à se regrouper avec l'UMP qui pourtant meurtrit les principes les plus fondamentaux défendus par feue l'UDF : les pouvoirs locaux, la bonne gestion, la bonne gouvernance, l'Europe. Finalement, d'eux ne reste plus qu'une vérité : le conservatisme réac, celui qui plombe la droite justement.

Ce centrisme-là n'a pas de nom, en tout cas pas celui du Mouvement Démocrate.

16:18 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : sénat, gauche, ps, ump, centre, modem | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

15/05/2008

Le mythe du centre.

Beaucoup de sociétés archaïques croyaient que le monde avait un nombril, non seulement un centre géométrique, mais un pôle mystique. Et bien entendu, ce pôle mystique leur était étroitement lié. Dans une certaine mesure, Rome joue encore ce rôle (en concurrence avec Jérusalem) pour le catholicisme et La Mecque pour l'islam.
 
À cette même idée pouvait se rattacher l'idée que la terre se situait au centre de l'univers, pour laquelle on a fait des procès en inquisition à la Renaissance. Pour que l'Homme fût au centre de la Création, il fallait qu'il fût apparu sur la planète-phare du cosmos, celle autour de quoi tout le reste gravitait.
 
En somme, l'égocentrisme féroce, identique à celui des petits enfants, se posait en pensée cosmique et en dogme intouchable.
 
Il y a quelque chose de tout cela dans la conception que l'on a, en France, du centre en politique. Bien sûr, c'est d'abord une aire, un domaine d'idée et de comportement, situé entre l'espace dévolu à la droite et celui que s'octroie la gauche. Mais c'est aussi, croit-on souvent, un pôle, le pôle de convergence des opinions des autres. Et plus encore, le pôle de convergence des attributs de la Raison.
 
De fait, le centre, en politique, a un réel rôle structurant, les tendances politiques sont souvent centripètes ou centrifuges. Autour du centre et à sa proximité, on se laisse volontiers aller aux forces centripètes. Plus on s'en éloigne, plus l'énergie dominante est centrifuge, elle croît plus que proportionnellement à son éloignement du centre proprement dit.
 
En fait, ceux qui croient au centre en politique le conçoivent comme l'espace de pensée qui rend les conflits inutiles, parce qu'il fait de la politique une science exacte.
 
En somme, l'idéal, la perfection. Sans doute trop.
 
Car le centre peine à se matérialiser dans une structure politique : il reste un espace. Cet espace a des valeurs, ou plutôt des valeurs lui sont étroitement liées, celles qui sont compatibles avec celles des autres, ou celles qui transcendent la polarité générale.
 
De toutes les valeurs de l'espace central, la bonne gouvernance et la bonne gestion sont les plus fortes, les plus visibles, les plus authentiquement centristes. C'est sur elles que Raymond Barre avait fait reposer sa campagne en 1988. Il y en a d'autres, en particulier l'intérêt général, qui ne peut être que centriste puisque par nature il conteste la pertinence des opinions des deux fractions de droite et de gauche.
 
C'est sur ce socle : bonne gouvernance, bonne gestion, intérêt général, que Bayrou a fait reposer sa percée d'avril 2007. Il faut dire qu'il était seul sur ces créneaux, seul dans l'espace central. Si je devais chiffrer la performance qu'il en a tirée, je dirais le score de Barre, 16,5%. Les deux points supplémentaires qu'il a obtenus, il les doit à d'autres thèmes, eux polarisés, sur lesquels il a su s'imposer, comme par exemple les logements hypersociaux qui ont eu un fort effet d'attraction sur des quantités de gens qui rêvent d'améliorer leur vie. On peut d'ailleurs regretter que, depuis la campagne présidentielle, il n'en ait plus fait mention.
 
Et donc, pour la prochaine fois, il lui reviendra d'accomplir une manoeuvre en deux temps : d'abord consolider son électorat naturel en rappelant les valeurs fortes (bonne gouvernance, bonne gestion, intérêt général), puis partir à la conquête d'autres électorats, soit également à droite et à gauche, soit un peu plus d'un bord que de l'autre, et pour cela, s'approprier des thèmes ordinairement polarisés. Il doit sans doute ajouter dix points à ses 16,5 naturels. Il y a donc beaucoup de travail, mais c'est possible et les deux campagnes intermédiaires (européenne et régionale) peuvent y servir, et conforter sa crédibilité s'il parvient à retrouver des scores puissants, ce qui est à sa portée pourvu qu'il choisisse bien ses candidat(e)s.
 
En n'oubliant pas que l'éventail des thématiques n'est pas le même pour ces scrutins que pour la présidentielle.
 
On voit que je ne suis pas très inquiet des tentatives élyséennes de diluer l'identité des Démocrates dans une émulsion de centrismes bigarrés.
 
Je le suis d'autant moins que, s'il est vrai que le MoDem est solidement ancré dans les valeurs centrales, il porte un fond d'âme qui, lui, n'est pas centriste et qui constitue son vrai moteur, à des milliers d'années lumière de la conception surannée qui embourbe les neurones élyséens.
 
Il y a bien une nouvelle façon d'être de gauche avec la solidité des valeurs centrales : c'est celle des Démocrates. 

20:20 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, modem, bayrou, centre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

31/03/2008

La stratégie des centres.

Pour noyer le poisson MoDem, la nouvelle stratégie de l'Élysée a un nom : la pluralité des centres. Il y a plein de centres : les deux partis radicaux, le Nouveau Centre, les centristes de l'UMP (grand parti centriste devant l'Éternel, comme chacun sait), et divers groupuscules.
 
Cas d'école : l'UMP d'Ille et Vilaine. Non content d'avoir tenté de faire fusionner la liste du MoDem avec celle de l'UMP dès avant le premier tour pour les municipales de Rennes (on imagine le résultat que cela aurait donné), le sénateur "MoDem" local, Philippe Nogrix, pourtant pas le pire, a imposé un groupe commun avec l'UMP, dénommé "Union du Centre" et parrainé par le centriste repenti Pierre Méhaignerie, en son temps condamné mais amnistié pour abus de biens sociaux au détriment de son parti (le mien aussi), le CDS. En vérité, le poulain de Nogrix, le député Thierry Benoît, élu sous l'étiquette MoDem mais ayant refusé de prendre ensuite sa carte, est devenu le leader de la génération montante de la droite locale depuis que le "centriste" de l'UMP, Philippe Rouault, poulain de Méhaignerie, a été battu à sa mairie et aux législatives. Rien à voir donc avec le MoDem.
 
Dans une certain mesure (et comme le note l'élu MoDem pur et dur d'Ille et Vilaine Reboux dans l'article que j'ai mis en lien), cette façon de procéder aboutit à banaliser le MoDem, à l'engluer, comme au fond l'attitude des sénateurs du groupe UC-UDF qui veulent garder le contact avec le Nouveau Centre.
 
Dans une certaine mesure aussi, les propos récents du tout nouveau maire du XVIe, Claude Goasguen, peuvent dériver vers cette stratégie élyséenne s'il ne les précise pas. Vouloir doper l'aile centriste de l'UMP pour réduire l'espace politique du MoDem est une manoeuvre logique et l'ambiguïté n'est pas permise.
 
Cependant, cette stratégie du recentrage a déjà été tentée plusieurs fois, et elle a toujours échoué, tant l'UMP reste marquée par les travers intellectuels et culturels de la droite. Comme dirait Bayrou, le renard enfile les plumes du poulet, mais il reste le renard.
 
Personnellement, j'estime que la réalité est bien plus riche et complexe que la droite ne se l'imagine.
 
Tout d'abord, il est simple et commode (y compris pour Bayrou) de parler du centre : cela nous place de plain-pied avec la droite et la gauche, à égalité. Il y a la droite, le centre, la gauche, chacun pour un tiers et tout le monde est content.
 
Mais cette vision facile a longtemps rebuté François Bayrou qui ne la jugeait pas pertinente, au motif que le centre est une notion purement géométrique. Il parlait d'ailleurs plus volontiers d'espace central que de parti centriste.
 
Dans cet espace central, c'est évident, le MoDem se taille plus que la part du lion. Non pas parce qu'il est centriste, mais parce qu'il assume les convergences des énergies divergentes. Il est la solution des contraires et la synthèse des dirimants.
 
Pour parvenir à ce résultat, il agglomère des sensibilités très diverses : humanistes d'inspiration chrétienne comme Bayrou ou laïque comme beaucoup d'autres, altermondialistes, écologistes, libertaires, autogestionnaires, gaullistes, sociaux-démocrates, et divers autres, dans un projet qu'en d'autres temps on aurait sans doute dénommé social-démocrate et qui allie la générosité, l'efficacité, le durable et l'intègre, conjugués à un enthousiasme européen marqué, à une nette aspiration à la subsidiarité, à un vrai appétit de démocratie numérique, et à une grande fraîcheur d'inspiration.
 
Tout cela, on le voit, a peu de rapport avec la tambouille centriste et permettra sans le moindre doute de déjouer le piège des centres pour occuper l'espace central sans se perdre dans le centrisme, en somme développer un authentique projet démocrate.

26/03/2008

Quelques idées en passant.

Une définition du centre : Chacun pour soi et Dieu heu c'est une hypothèse heu va te faire foutre pour tous.

 

Delors était pour définir l'Europe comme une fédération de nations ; avec Barroso, c'est une fédération de rations.

 

Le rationnement arrange bien les partis politiques, parce qu'il leur permet de confisquer les tuyaux de la manne. Conséquence : les partis n'ont pas intérêt à la prospérité, tandis que les citoyens, si. Or devinez pour qui les citoyens votent... C'est à se la prendre et se la mordre.

 

Pour les gens, le débat politique est une querelle de médecins ou de garagistes. La solution, les remèdes, les moyens, au fond, ils s'en foutent ; ce qui leur importe, c'est qu'on leur donne DU POGNON, de la fraîche, de l'artiche, du flouze, de l'oseille, des picaillons, des pésètes, des sous. Sous de Gaulle, on criait "Charlot, des sous !". Sous Mitterrand : "Pas d'Cresson, de l'oseille !" Aujourd'ui, on entend : "Ahem, serait-ce abuser de votre bonté que de vous prier de me concéder un peu, juste un tout petit peu, DE POUVOIR D'ACHAT?"

 

Le montant du parasitage des divers budgets publics par divers vampires est supérieur au total des déficits publics. Supprimez la corruption, la France va très bien.

 

Le marché domestique est de moins en moins crucial pour le cinéma américain (chiffres Le Film Français) : en 2001, le total du chiffre d'affaires domestique du cinéma était dans un ratio de 8/19 (où 19 est le CA total du monde), soit 42% ; en 2007, il est de 9,6/26, soit 36,9 %. Or le cinéma est une industrie stratégique pour les États-Unis et l'amortissement sur le marché domestique est son moteur. Au passage, depuis le début de l'année 2008, en raison du double succès d'Astérix et des Ch'tis, la part du cinéma américain dans le box-office français n'est que de ... 19 %. Les Ch'tis devancent désormais le deuxième Astérix (le meilleur, celui de Chabat) et n'ont plus que deux paliers à franchir pour s'inscrire au premier rang "de tous les temps" (comme on dit d'une façon ridicule pour diverses activités et sports qu'on ne pratique que depuis quelques décennies) : "La grande vadrouille" (17 millions d'entrées) et "Titanic" (presque 21 millions d'entrées). On fait les paris ?

 

Que faire pour que le MoDem ne s'enferme pas au centre ?

 

Charles Enderlin va encore se faire des copains en Israël. Longtemps correspondant de France 2 à Jérusalem (y est-il encore ?), Charles Enderlin n'y était guère apprécié par les réseaux les plus jusqu'auboutistes de la politique israélienne. Or il vient de sortir une étude historique sur les divers mouvements qui ont, souvent par le terrorisme, porté l'état d'Israël sur les fonts baptismaux (si j'ose dire). Parmi eux, le plus illuminé a été à un moment donné le "groupe Stern" qui n'hésita pas à prendre contact avec l'Allemagne nazie en 1941 pour lui faire partager le constat que si les nazis ne voulaient plus des juifs en Allemagne, ça tombait plutôt bien pour les Sionistes, qui les auraient volontiers transférés directement dans leur futur État d'Israël. On croit rêver, mais qu'aurait-on dit s'ils avaient réussi à les sauver ! Parmi les durs du terrorisme, il y a eu à cette époque deux futurs premiers ministre israéliens : Menahem Begin (prix Nobel de la Paix en 1977 avec l'Égyptien Sadate) et Itzhak Shamir. Tout ça est écrit noir sur blanc. Sacré Charles Enderlin, toujours le chic pour se faire des copains...

 

Le nouveau maire PS de Strasbourg veut faire de sa ville un district fédéral européen. Il n'aime pas Bruxelles ?

 

Le MoDem a toutes les chances de dépasser les 15 % aux Européennes de 2009. Il lui faudra envoyer des candidats crédibles, jeunes, dotés d'une solide formation et dont la notoriété soit travaillée en amont. Pourquoi pensez-vous à Quitterie Delmas dès que j'écris ce profil ?

 

François Bayrou doit se mettre à arpenter la France à la rencontre des gens. Et des adhérents du MoDem. Mais à mon avis, moins on sera structuré, plus il sera content : il préfère que les gens s'activent en liberté plutôt que pour se disputer des petites casquettes.

 

Si j'ai d'autres idées, je les ajouterai au fur et à mesure.