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23/02/2008

Quitterie Delmas et le patrimoine mondial de l'UNESCO.

Oh, ne croyez pas que je réclame le classement de la belle Quitterie au patrimoine mondial. Elle le mériterait, mais elle a encore tant à faire pour nos idées...
 
En fait, jeudi soir, lorsque Quitterie était l'invitée de la radio BFM (la "radio de l'économie"), elle a conclu l'entretien radiodiffusé qu'elle avait depuis une heure avec le patron de l'entreprise de communication DDB et un troisième larron (plus un journaliste, évidemment). Et comme on venait d'évoquer cette idée farfelue de classement de la gastronomie française dans la patrimoine mondial, elle a dit : "Ca me donne envie de manger un bon plat français".
 
Miam.
 
Bon, reprenons. Que va-t-on faire ? Empailler Bocuse ? Plonger Robuchon dans le formol ? Déclarer l'extraterritorialité de Lasserre, la Tour d'Argent, Ledoyen, Lucas-Carton, et quelques autres gloires parisiennes qui seront désormais placées sous mandat de l'ONU, et gardées par des casques bleus avant que leur parlement autonome ne déclare leur indépendance et leur rattachement prochain à la République des Goinfres ?
 
Ca veut dire quoi, pour une idée, pour une saveur, pour un sentiment fugace, le classement au patrimoine mondial ?
 
Ca veut dire que, désormais, l'expérimentation et l'innovation seront interdites dans les cuisines françaises et que les toques blanches, converties en Comédie française du palais (l'autre est bien hébergée au Palais Royal !), ne pourront plus, ad vitam aeternam, que décliner les mêmes recettes de grand-mère ?
 
Au fait, c'est quoi, la gastronomie française ?
 
À mon avis, Quitterie, en sortant de l'émission, est allée manger un couscous. C'est bon, le couscous. Et, la connaissant, elle a bien dû avoir ce genre d'humour.

QuelQues pages de Bayrou dans "GQ".

"Les Béarnais ne sont pas bling-bling". Cette phrase de Bayrou sert de titre à l'interview donnée par Bayrou à Frédéric Beigbeder, son compatriote, ami d'Ardisson et auteur notamment du best-seller 99 Francs 14,99 Euros.
 
François Bayrou et Beigbeder se rencontrent dans un café, "le Bien-pensant", à Pau, celui où le défunt maire André Labarère avait ses habitudes. Ils parlent pays, Bayrou explique à Beigbeder l'étymologie de son nom en béarnais ("Beig-beder" a le même sens que "Beau-voir", autre écrivain(e)).
 
Bayrou parle de ses Pyrénées, de la démocratie béarnaise, née vers l'an mil. Il paraît prédire une fin tragique à Sarkozy : "Ici, l'on considère que le souverain doit respecter la démocratie, sinon ... couic !"
 
Il parle de Gracq et de livres.
 
Il s'explique sur le second tour de l'an dernier. Beigbeder indique avoir voté Bayrou au premier tour puis Royal au second et se demande si Bayrou n'a pas raté une occasion. La réponse de Bayrou est claire et juste à mon avis.
 
Voilà, il ne vous reste qu'à lire le reste de cette nouvelle publication, "GQ". On y trouve des pub, plein, et des articles et photos sur un peu tout, notamment un article de politique signé Anna Borrel, la même qui écrit dans "Marianne".

22/02/2008

Le silence.

"Écoutez !
 
- Quoi ?
 
- Le silence".
 
Cette citation de Talleyrand qui a été utilisée pour la pièce de théâtre devenue film, "Le souper", illustre parfaitement une expression que chacun connaît : "il y a des silences éloquents".
 
La puissance d'évocation du silence est bien connue des compositeurs de musique qui, depuis longtemps, savent allonger la note, la dilater. C'est aussi l'énergie d'un moment musical spectaculaire : le point d'orgue, dont le principe est l'immobilité en contraste du mouvement, voire le silence en contraste du son, en quelque sorte la résonance dans l'absence de son.
 
Le silence est devenu un instrument politique en France à partir au moins de la présidence Giscard d'Estaing, sous la férule de Jacques Pilhan, son conseiller. François Mitterrand conserva le conseiller et la doctrine, qui lui réussit plutôt bien. Selon cette doctrine, le président garde en général le silence et fait de ses interventions des événements rares et notables. En cela, il se donne de la hauteur et laisse ses subordonnés s'user dans la tâche gouvernementale à sa place.
 
Le présibruyant Sarkozy a choisi l'attitude inverse, qui ne semble pas lui réussir. C'est qu'il y a quelque chose de frénétique dans son obsession d'occuper constamment l'espace sonore et médiatique. Et la frénésie est une faiblesse. Or pour un président de la république, la faiblesse est un très vilain défaut.
 
Il ne fait pas de la musique, mais du tapage.
 
Quand un homme politique se tait, soit on l'oublie vraiment, ce qui n'est pas probable dans le cas d'un président, soit on croit l'entendre partout. On imagine qu'il trame. On le devine derrière chaque coup bas, dans chaque manoeuvre, dans chaque conjuration. Il est tout, il voit tout, on ne pense qu'à lui. Son silence est obsédant.
 
Heureusement, Sarkozy est incapable de la maîtrise de soi nécessaire à cette tactique.
 
Pour terminer, je rappelle à ceux qui passent ces jours-ci sur ma page quelques règles du discours politique pour exprimer ses convictions et les progrès qu'on peut faire encore pour faire passer sa très grande sincérité.
 
Parmi les instruments du discours, sur la palette de l'orateur (-trice), il y a deux notes sur lesquelles il est très éloquent de pianoter : la première, ce sont les intonations. Une élocution monocorde appartient plutôt à l'univers journalistique. Faire de la musicalité de sa phrase une parabole en mettant l'accent sur des syllabes plus porteuses de sens que les autres, c'est gagner en receptivité de l'auditoire. La deuxième, c'est le silence. Écoutez Bayrou, la lenteur de son élocution n'est pas seulement due au fait qu'il est un bègue guéri, c'est une façon de travailler sur la résonance, d'amplifier son discours, de lui conférer une solennité pleine de carrure, une gravité. La sincérité, dans le cas de Bayrou, passe parfois par cette gravité. À d'autres moments, c'est parce qu'il se met en pétard sur un sujet qu'il trouve viscéralement important.
 
Viscéralement. N'oubliez pas que le viscéral est autorisé et qu'il fait tinter la corde sensible de l'auditoire sans cependant ne jouer que sur l'émotion. C'est le mélange de l'intelligence et de l'émotion.
 
En somme, il est souvent pertinent de ralentir le débit, d'appuyer sur certaines syllabes-force (comme des idées-force) et, par le jeu avec le silence, de laisser de la place dans son propre discours à ceux qui l'écoutent.

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Quitterie Delmas, l'arme citoyenne.

Puisque vous avez apprécié mon collage de photos, je ne résiste pas au bonheur de rediffuser une vidéo sur celle pour qui j'ai un sentiment unique : 
 
 

13:18 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, Mo, Quitterie Delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

21/02/2008

Quitterie Delmas, sur BFM radio, appelle les Hauts-de-Seine au sursaut démocratique.

Quitterie Delmas était invitée ce soir de 19 heures à 20 heures du "Grand Journal" sur BFM radio.
 
Sur les sectes, sur la laïcité, où tant de polémiques naissent, ce serait grave s'il s'agissait d'une "tactique de diversion" des "vraies questions" qui préoccupent les Français, notamment "le pouvoir d'achat".
 
"Je condamne les propos d'Emmanuelle Mignon" qui remettent en cause tout le travail de ceux qui se penchent sur le dossier des sectes. D'autant plus qu'elle n'a aucune légitimité : "faire de la politique, ... il faut passer par le suffrage universel, Nicolas Sarkozy se trompe lorsqu'il met ses collaborateurs en avant".
 
"Hier soir, j'étais à Neuilly et je suis allée défendre Alexandre Harmand, candidat du MoDem". À Neuilly, il y a une vraie alternative : "le Mouvement Démocrate, une équipe solide ... Alexandre Harmand est un jeune chef d'entreprise... Il y a des élus sur la liste ... Eux au moins, ils s'occupent uniquement des habitants de Neuilly".
 
Ce qui se passe à Neuilly est significatif des "méthodes de Nicolas Sarkozy, des Hauts-de-Seine, à Puteaux, Asnières, Levallois..." "Peut-être que c'est là que (en réaction) va redémarrer la démocratie... Peut-être que c'est une fin de règne".
 
"Beaucoup de jeunes entrepreneurs viennent me voir", déçus de Nicolas Sarkozy : "on s'est gravement trompés, sur les promesses de réformes... (etc)" "C'est ce public-là qu'il va falloir convaincre de rester en France... C'est aussi notre richesse à nous".
 
Sur le pouvoir d'achat, "arrêter de faire des promesses qui ne sont pas tenables"... "Responsabiliser les Français". Ainsi, leur moral sera meilleur et ils sauront que les choses ne dépendent que d'eux-mêmes. "François Bayrou l'a dit pendant sa campagne : il faut dire la vérité aux Français".
 
À propos de la censure partielle de la loi sur la rétention de sûreté, "j'aurais préféré que ce soit une censure totale"... "on essaye de ne pas désavouer totalement Rachida Dati" mais "on rend la loi inapplicable"... "J'ai l'impression d'avoir déjà vu ça plusieurs fois".
 
"La crise que nous avons à affronter est très grave : économique, morale et politique"...

Quelque chose en lui de Britney Spears.

Juste un titre pour signaler un article à la fois affligeant, désopilant et humiliant sur Betapolitique et sur le président Sarkopathe, en qui un journal anglo-saxon voit même "quelque chose de Britney Spears", la pauvre.

Les prix augmentent de 2,8% en un an ; et vous, vous avez été augmenté ?

Incroyable ! mon McDo a augmenté de 3% d'un coup, ma Volvic de 10% en novembre, ma baguette de 6% en septembre, mon lait frais Candia de 25% en dix-huit mois, mon restau favori de 10% en décembre, bref, ça dérape. Et on nous annonce 2,8% d'inflation ? De qui se moque-t-on ? Et je ne parle pas de l'essence... du gaz pour ceux qui en consomment...
 
Perso, je suis indépendant, mes prix ne montent que quand je le décide, je ne bouge pas parce que mes produits sont coûteux et que ma clientèle fait ses arbitrages.
 
Mais vous qui êtes salarié ou retraité ? Vous avez été augmenté de combien, cette année ?
 
Dernière minute : Merci à la page web du Nouvel Obs qui précise ici ce que je viens de dire. (Il y a une excellente vidéo sur Canal Obs).

Quitterie Delmas à Neuilly ! Boum !

Avant d'entamer une narration que je prévois longue, je tiens à signaler qu'il existe plusieurs Neuilly, comme Neuilly-Plaisance ou Neuilly-sur-Marne. Il s'agit ici, on l'a bien compris, de Neuilly-sur-Seine, la ville dont Nicolas Sarkozy a été le maire puis le député pendant vingt-cinq ans.
 
Deuxième précision : il se trouve que je suis né à Neuilly-sur-Seine, je n'y peux rien, et mon séjour n'y a pas été très long, mais c'est un fait indéniable, je suis né rue Saint-Pierre, à deux pas de la mairie de Neuilly.
 
Neuilly est tout voisin de mon XVIe arrondissement. Pourtant, je n'y suis jamais allé beaucoup, un peu jouer dans un modeste mais excitant (pour un gosse) parc d'attraction qui se nomme le "jardin d'acclimatation", dont je ne ferai pas l'histoire : ce serait trop long.
 
Je n'y allai pas draguer non plus à l'âge des boums et des rallyes : j'étais sinistre et travailleur. J'avais tort, car quelques-unes des plus jolies filles que j'ai connues ont passé toute leur jeunesse dans ces parages (soupir).
 
Neuilly, à partir de la fin du XIXe siècle et surtout de l'entre-deux-guerres, fut un havre de verdure et d'opulence. On y trouvait les hôtels particuliers qui, un à un, périssaient sous la pioche des bâtisseurs dans les quartiers de l'ouest parisien intra-muros, et dont les habitants ou leurs homologues trouvaient là les équivalents.
 
Voici quarante ans, ce paysage demeurait, paraît-il, inchangé.
 
Puis sont venus les promoteurs.
 
Il n'y a pas eu là, comme à Paris, des batailles homériques autour des projets ridicules tels que celui des Halles dont j'ai parlé une fois précédente. Il n'y a pas eu de victoire pour sauver le marché Saint-Germain, ni pour endiguer le flot de béton, toutes grandes luttes qui ont émaillé le Paris des années 1970 et, dans une moindre mesure, 1980.
 
À Neuilly, quand on a décidé de bâtir, on bâtit. Crac.
 
Certains de mes cousins ont ainsi cédé leur maison de famille avec jardin, dans l'impossibilité (très appuyée) de la conserver, et moyennant certes une épaisse rétribution.
 
L'urbanisme de Neuilly est le reflet de cette impunité absolue dont y jouissent les promoteurs depuis plus de trente ans : sans inspiration, désordonné, et comme abandonné.
 
La ville s'organise autour de son artère majeure, l'avenue de Neuilly Charles de Gaulle, qui va de la frontière de Paris au pont qui enjambe la Seine jusqu'au célèbre et monumental quartier de La Défense. Cette avenue est un flot ininterrompu de voitures de l'aube jusqu'à la nuit, été comme hiver. J'ai connu des gens qui, voici déjà trente ans, résidaient sur l'avenue de Neuilly et ne pouvaient absolument pas ouvrir leurs fenêtres sur l'avenue avant onze heures du soir.
 
Elle tranche la ville en deux, le sud, plus aéré, longe le Bois de Boulogne. Le nord, plus dense, va vers Levallois-Perret, hélas.
 
Outre les hôtels à jardin, l'identité de Neuilly (et ce qui en reste en fait, vu le peu d'hôtels qui a résisté à l'appétit des ogres), ce sont des édifices d'époque Louis-Philippe, soit les années 1830-1840, avec le prolongement haussmannien et post-haussmanien que l'on devine. À certains égards, Neuilly ressemble donc aux quartiers de l'ouest parisien, VIIIe, XVIIe, XVIe arrondissements.
 
L'avenue de Neuilly, dénommée Charles de Gaulle, est le parfait reflet de la stratification architecturale que je viens de décrire : on y trouve de petits immeubles du XIXe siècle, de vastes et hideuses constructions des années 1970, et de moins hideuses mais souvent plus vastes encore constructions des années 1990 et 2000. Le tout est informe, il faut le dire sans craindre de choquer les Neuilléens : ça ne ressemble à rien.
 
On imagine que l'idée globale est de créer une sorte de haie visuelle qui, par degrés, fasse monter le regard vers la pointe des tours de La Défense. Cette conception est d'ailleurs confortée par l'info reçue ce soir que l'on va autouriser les immeubles qui bordent l'avenue à grimper jusqu'à quarante mètres. Je ne donne donc pas cher de la peau des vénérables édifices centenaires qui y subsistent. Hélas, il faut reconnaître qu'ils forment désormais ce qu'on nomme des "dents creuses" dans la silhouette de l'avenue et il y a fort à parier qu'ils ne résisteront pas aux prochaines années.
 
Quoiqu'il en soit, nous avions rendez-vous, les Citoyens Démocrates et l'équipe des candidats locaux, au théâtre de Neuilly. J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de ce théâtre et que je ne l'avais même jamais remarqué. Et pour cause : il forme les premiers étages d'un énorme immeuble tout lisse et sans grâce bâti à une mauvaise mais pas si récente époque (les années 1960 sans doute).
 
Arrivant là, je me frotte les mains : il y a un monde fou qui entoure les casaques oranges des MoDem. Hélas, je comprends vite que nous partageons le théâtre, ce soir, avec Arnaud Teullé, le peut-être futur maire de Neuilly, le dissident qui se maintient malgré la mauvaise humeur de Sarkozy (et qui affronte Jean Sarkozy à la cantonale).
 
Pour notre réunion, ce sera la petite salle, à l'étage.
 
Inquiétude donc en montant, mais finalement, il y a tout de même plus d'une centaine de personnes. Une salle bien pleine.
 
Outre Quitterie, je vois là Virginie, les deux Sébastien (Soria et Dugauguez), Fabien Neveu, Franck Vautier, et la régionale de l'étape, Domitille Marbeau, candidate sur la liste de Neuilly.
 
La liste est conduite par Alexandre Harmand. Je ne peux pas dire que je l'ai connu tout petit, car je ne crois pas qu'il ait jamais été tout petit. Il est vaste. Je le connais depuis vingt ans et c'est la première fois que je l'entends parler en public.
 
Il ne s'exprime pas le premier : avant lui, Jean Peyrelevade ouvre le bal. Il est à la fois tête de liste de l'arrondissement voisin (fait que j'ai déjà signalé) et président du comité de soutien de la liste de Neuilly.
 
Il fait un discours très politique, de très bonne tenue, où l'on voit que le fonctionnaire et banquier s'est vite changé en orateur doué. Il épingle les dérives sarkozystes avec une grande éloquence et suggère, me semble-t-il, que si le dissident devenu légitime Fromantin n'a pas été envoyé par Sarkozy, il pourrait bien l'avoir été en revanche par Devedjian, président du département.
 
Il souligne évidemment que Fromantin a acepté d'endosser l'étiquette sarkozyste et, plus encore, lui qui dénonçait les travers du népotisme sarkozyste, il va devoir soutenir le fils de Nicolas Sarkozy, qui est candidat dans le canton de Neuilly sud.
 
(Là, j'avoue que j'espère qu'il y aura un second tour et un TSS bien senti, je le dis au passage).
 
Ensuite prend le micro la première colistière d'Alexandre et de Domitille, Mme Pontuer, qui représente une forme de légitimité historique, car elle est la seule des élus UDF à être restée au MoDem. Elle se place d'ailleurs explicitement dans la tradition démocrate-chrétienne et se réjouit que s'y soient joints les nouveaux adhérents du MoDem.
 
Elle explique avec calme qu'elle approuve à fond le principe d'une liste autonome, en raison en particulier des promesses non tenues par l'UMP (alors le RPR) après l'élection de 2001, où un poste promis à l'UDF a finalement été attribué à quelqu'un d'autre par motif de convenance personnelle. La parole donnée n'a donc pas été respectée. On voit bien ici la façon très UDF de raisonner en nombre de postes et en rigueur morale.
 
Alexandre Harmand prend ensuite la parole.
 
En l'écoutant détailler avec soin les innombrables propositions de leur liste, je suis impressionné. À côté de lui, un rétroprojecteur, comme à Bois-Colombes l'autre jour, produit l'image du programme rédigé et présenté avec créativité.
 
J'ai oublié de signaler qu'il a commencé par rendre hommage à Robert Parenty, qui "pousse" la liste après avoir été le premier conseiller général de Neuilly et sénateur des Hauts-de-Seine.
 
Robert Parenty n'était pas là ce soir, c'est un homme extrêmement âgé désormais. Je l'ai connu trésorier du CDS voici plus de vingt ans. On disait qu'en 1981, après une défaite qui avait laissé le mouvement exsangue, il avait renfloué le CDS en y allant de sa poche. Le fait est suffisamment rare en politique pour mériter d'être signalé !
 
Après avoir terminé son exposé, Alexandre passe le micro à la salle pour une batterie de questions qui portent sur des sujets divers, l'hôpital, les logements sociaux.
 
Alexandre y trouve l'occasion de revenir sur l'un des thèmes phares de la campagne : Neuilly moins cher. Car Neuilly est très coûteux à vivre et les jeunes comme ceux qui sont un peu moins aisés que les autres y trouvent assez difficilement leur place.
 
On parle aussi des pistes cyclables. La demande des habitants de Neuilly est forte, ce qui prouve qu'ils sont moins racornis qu'on ne le prétend en général. Et de là, on en vient aux Vélib, les vélos en location pour pas cher dans la rue. Ce sujet me donne l'occasion de préciser que l'interconnexion des Vélib parisiens avec la banlieue a échoué parce qu'au lieu d'envisager le problème à l'échelle de l'agglomération, on l'a fait seulement à l'échelon de la ville de Paris.
 
C'est l'exemple typique de ce qu'il ne faut pas faire : Paris ayant agi unilatéralement incite les autres communes à en faire autant. Et quand Paris a voulu agir en concertation, ce n'était pas légal : il fallait bien entendu un autre appel d'offre pour implanter des Vélib dans une autre commune que Paris. Or qui dit appel d'offre, dit aussi autre entreprise susceptible de le gagner et donc potentiellement autre système mis en place, pas forcément compatible avec le premier. Résultat : il n'est pas certain qu'un Neuilléen qui prenne un Vélib avenue de Neuilly, traverse la porte Maillot, remonte l'avenue de la Grande Armée, traverse la place de l'Étoile, puis redescende par les Champs-Élysées, puisse laisser là son Vélib. Ni qu'en en prenant un pour rentrer, il puisse le laisser plus loin que porte Maillot. C'est n'importe quoi, l'exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire, l'exemple parfait du fait que les structures communales actuelles sont périmées pour beaucoup de projets importants. Il faut décloisonner tout ça.
 
Au milieu des questions de la salle, notre belle Quitterie parle à son tour pour vanter le projet bayrouiste de rénovation des pratiques politiques.
 
Puis, ayant épuisé l'ordre du jour, on passe au kir, aux (très modestes mais savoureux) petits fours, et aux conversations à bâton rompu. Un architecte qui est intervenu à propos de l'urbanisme a vu Quitterie à la télé, une dame demande si elle a un bulletin d'adhésion sur elle car, après l'avoir entendue, elle souhaite payer sa cotisation, bref, la routine, si j'ose dire.
 
Reste la question politique.
 
Nicolas Sarkozy s'est emparé de Neuilly après un célèbre maire nommé Achille Peretti. C'était l'époque où les Corses dominaient le pouvoir post-gaulliste. On connaît à Paris Jean Tiberi, qui n'était pas alors un premier couteau, mais la forte personnalité d'Achille Peretti se détachait alors bien plus dans le ciel de la région parisienne.
 
Achille Peretti avait une héritière. Selon les sources, c'était sa fille ou sa nièce, peu importe. Nicolas Sarkozy épousa l'héritière et c'est ainsi qu'il put barboter la mairie de Neuilly au nez et à la barbe d'un autre Corse, Charles Pasqua, en 1983. Jean Sarkozy est le fils de cette première union de son père. Il est le produit d'une transmission clanique de la mairie.
 
L'orphelin du courant Peretti, si j'ai bien entendu ce qui a été dit ce soir, ce n'est pourtant pas lui, mais Arnaud Teullé, l'infortuné putschiste cocu qui fait sa propre liste quand même et avec lequel nous partagions le théâtre de Neuilly ce soir.
 
Je propose à mes (devenus rares) lecteurs d'en juger et de découvrir Alexandre Harmand et d'autres candidats neuilléens en regardant l'excellente vidéo tournée ce week-end à Neuilly par John-Paul Lepers pour la Télé Libre
 
Dernière minute : ayant appris qu'Arnaud Teullé appelait à voter pour Jean Sarkozy aux cantonales, je sais que Fromantin et Teullé, c'est "bonnet blanc et blanc bonnet". Il n'y a donc qu'ne seule façon de libérer Neuilly du clanisme sarkozyste : voter Harmand, voter MoDem !

20/02/2008

La franc-maçonnerie, la laïcité, la France en elle-même.

L'affaire Clearstream se loge décidément partout. Lorsqu'en lisant la notice d'Alain Bauer sur wikipedia, on apprend que les locaux de Bauer ont été perquisitionnés par les services de Sarkozy police dans le cadre de l'affaire Clearstream 2 en 2006 en raison d'info que ledit Bauer aurait détenues, on finit par se demander ce qui a ensuite poussé ledit Bauer à devenir le conseiller spécial du président Sarkozy.
 
Car Alain Bauer est à l'origine un rocardien, on parlait de lui en bien voici près d'une vingtaine d'années chez les jeunes du CDS. Il était, avec déjà Manual Valls si ma mémoire est bonne, l'un des plus prometteurs de l'entourage de Rocard.
 
Le voici chez Sarkozy.
 
Et, apprend-on par l'Express, c'est lui qui a organisé en janvier la rencontre d'une "troika" de grands-maîtres du Grand Orient avec le président Sarkodieusard.
 
Je précise que je ne suis pas moi-même enrôlé dans l'une des obédiences maçoniques (dont je ne sais que des choses superficielles) et qu'on ne doit pas voir dans mon texte un brûlot revanchard de maçon enragé.
 
Car le Grand Orient bruisse, les compas cliquettent, les tabiiers crissent, les maillets s'entrechoquent : un ex-grand-maître du Grand Orient est proche conseiller du président qui se montre décidé à froisser le parchemin inviolable de la loi de 1905 !
 
Il faut comprendre que la laïcité est une pierre angulaire de la plupart des obédiences maçonniques. Pour le Grand Orient, c'est plus que ça, c'est le pilier de l'édifice : enlevez-le et il ne reste plus grand chose. Car la personnalité du Grand Orient français, qui en fait une forme aiguë d'"exception française", est d'avoir rageusement biffé de ses statuts toute référence à ce que les autres maçons nomment l'"Être Suprème", dont le nom dit peut-être quelque chose à ceux qui se souviennent de la Révolution française et du culte de l'Être Suprême, quand on voulut remplacer Dieu par sa version 2.0, celle justement des maçons.
 
Le Grand Orient a voulu la laïcité dans sa forme la plus intransigeante. Il a veillé à la loi de 1905.
 
Or c'est aujourd'hui l'obédience maçonnique la plus nombreuse (et de loin) en France, même si elle ne regroupe pas à elle seule la majorité des maçons français.
 
Pourquoi faire cette note, moi que ces initiés ne concernent que de loin ? J'aurais pu me contenter de reparler de la laïcité en général.
 
C'est que, d'abord, le débat qui a opposé Bayrou à Xavier Bertrand dans le cadre de l'émission d'Arlette Chabot prend un autre sens si l'on songe que ledit Xavier Bertrand, surpris par un "coming-out" organisé par "L'Express", a depuis lors admis qu'il était lui-même engagé dans le Grand Orient. Voir un catholique pratiquant donner des leçons de laïcité à un frère du Grand Orient est une surprise à laquelle sans doute le petit père Combes ne se serait pas attendu (quoiqu'après tout, l'Église a souscrit au compromis de 1905 qui n'avait pas que des inconvénients pour elle).
 
Mais aussi parce qu'après tout, quand on pense la même chose sur un sujet, il est bon de le dire.
 
La remise en cause des principes laïcs ouvrirait une phase de trouble profond dont personne en France ne sortirait gagnant.
 
Le succès de l'appel de Marianne est tonitruant : le numéro de l'hebdomadaire est épuisé, l'article sur le net en est à plus de 100 000 visites pour sa première mouture et 30 000 pour la seconde. Même si Maurice (dit Momo) Leroy en a retiré sa signature avec lâcheté, cet appel se joint aux presque 100 000 signatures déjà de la pétition de l'appel laïque.
 
En somme, on a réveillé le dragon endormi.
 
Faudra-t-il faire encore monter la pression sur Sarkonoît XVI ?
 
Soyons-y prêts. Il en va de notre conception du pouvoir, de l'être humain et de la liberté. 

19/02/2008

Le choc antagoniste n'est pas le bon moyen de s'opposer à Sarkozy.

La stratégie de Sarkozy, en ce moment, consiste à semer ses graines chez les "communautés", les "minorités". C'est ainsi que l'on doit interpréter les appels répétés au thème de la shoah, c'est ainsi aussi qu'il faut interpréter les mots de Karoutchi qui comparait récemment Sarkozy à Jean Zay, persécuté, selon lui, parce qu'il était mi-juif, mi-protestant (est-on de sang protestant ? et sur le sang juif, on voit bien ce qu'il y a de grinçant), donc après deux ou trois cuillers de juif, une cuiller de protestant et, aujourd'hui, une bonne cuiller à soupe de noir à travers les propos des rêches de Rama Yade qui a accusé ses adversaires de s'en prendre à elle parce qu'elle est noire.
 
Le communautarisme, donc, comme ligne directrice non pas abstraite, mais opérationnelle.
 
Dans ces conditions, la bonne façon de répondre n'est pas de rejeter frontalement ces propos sur le ton du scandale (qui en conforte plutôt la portée). Il faut minimiser et trouver une réponse à froid : Schoelcher, Moulin, Bidault, Henri IV, sont ceux par exemple qui ont voulu ressouder au lieu de déchirer.
 
Et ça n'empêche pas de dire la vérité :
 
- Vous voulez communautariser la société française ; regardez ce que ça donne aux États-Unis : le règne des mafias. C'est cela que vous voulez ? Al Capone ?
 
Mais de toutes façons, qu'on se le dise, le vote communautaire, dans toutes les prétendues communautés, est minoritaire. 

22:10 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, Sarkozy, Rama Yade, Henri IV, Schoelcher | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le principe léonin.

Chacun connaît l'expression "la part du lion". L'adjectif "léonin" se rapporte à ce lion-là, celui qui domine. On nomme en droit "clause léonine" une clause par laquelle l'une des parties d'un contrat abuse de sa position de force. Le cas typique est celui du constructeur d'automobiles avec le garage franchisé, où le franchisé est en telle dépendance de fait que le constructeur lui impose parfois des conditions commerciales abusives, dites "léonines".
 
Au Moyen Âge, selon le principe léonin, lorsqu'on pillait une ville, le chef se gardait la part du lion, mais, s'il était un bon chef, veillait au partage équitable des dépouilles.
 
En politique, le principe de la "part du lion", le principe léonin, a une traduction différente : si une commune vote bien, le gouvernement la récompense ; si elle vote mal, il la sanctionne. Au nom du principe léonin, on a vu des circonscriptions dépouillées de leurs usines, ou moins bien défendues, ou punies d'une manière ou d'une autre. Au nom du principe léonin, quand le député d'une circonsription est maire de l'une des communes de sa circonscription, il a tendance à "servir" un peu mieux sa commune que le reste de ses électeurs.
 
Ce principe léonin a encore aux États-Unis une traduction classique, bien connue des étudiants, le "spoil system" (ou "système des dépouilles"), qui consiste, lorsque un président est élu, au remplacement de toute une catégorie d'agents de l'État.
 
À l'intérieur même des partis politiques, le principe léonin se traduit souvent par une philosophie de l'inégalité : si l'on se trouve parmi le groupe qui s'y est emparé du pouvoir, tout va bien ; si l'on s'y est opposé, rien ne va plus.
 
On voit tout ce que ce principe léonin a d'incompatible avec une éthique de l'intérêt général, par nature équitable.
 
François Bayrou, en réaction, a toujours prôné un partage des responsabilités entre les vainqueurs et les vaincus, une forme de cogestion.
 
Pour un démocrate, c'est à coup sûr ce que Quitterie Delmas nomme être ISO. 

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Quitterie Delmas soutient Médiapart.

Sur le blog de Quitterie, le texte qui copmlète cette vidéo envoyée par Médiapart :

 

Laïcité : Bayrou avait raison.

Sarkozy s'en est pris aux instituteurs et au rôle de l'État. La preuve (avec en prime Quitterie Delmas à l'arrière-plan) est au bout du film :

 

 
Comme d'habitude, c'est Bayrou qui dit la vérité. 

18/02/2008

Bruits de bottes, caisses vides : la droite aux abois.

Le pouvoir néoconservateur ne sait plus quelle diversion susciter pour tenter de reprendre la main. Les pauvres petits fantômes juifs ont à peine soulevé une vaguelette et fait grincer seulement les girouettes (merci BGR 64), le Kosovo n'époumone que Kouchner qui vieillit à vue d'oeil, les obsèques d'Henri Salvador ont chagriné tout le monde sans verser une larme sur le présiseul débrunisé, et la provoc monumentale en banlieue ne paraît pas déclencher des tonnerres, ni d'applaudissements ni de colère.
 
C'est que l'indignation de la France est désormais une colère blême, de celles qui bouillonnent, de celles qui foudroient soudainement là où on ne s'y attend pas.
 
La France sait qu'elle mérite mieux que tout ça et les Français vont le dire avec dignité. Massivement. 

Vive le Québec libre !

L'indépendance proclamée du Kosovo ne peut que réjouir les partisans de l'indépendance du Québec. 

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Municipales : multiples stratégies, multiples perspectives.

Les sondages commencent à fleurir à trois semaines des élections municipales.
 
Pour Bayrou à Pau, deux études ont en quelques jours donné des résultats contradictoires, l'une voyant le président du MoDem l'emporter de justesse, l'autre l'inverse. Ce sera serré, apparemment, mais il a choisi la stratégie la plus ambitieuse et donc la plus difficile. Il a évidemment tout mon soutien.
 
À Montpellier, la liste commune PS/PC/MoDem obtiendrait 49% et friserait donc l'élection dès le premier tour. À Bordeaux, la liste commune avec le maire sortant (qui n'affiche guère son étiquette UMP) serait en passe d'être victorieuse au premier tour également, comme d'ailleurs à Dijon avec le socialiste Rebsamen.
 
Dans les villes où des adhérents du Modem ont été investis pour des listes indépendantes, le sort des urnes demeure incertain : à Toulouse, on dit que la gauche pourrait l'emporter et on ignore encore si le candidat du MoDem atteindra les 10% nécessaires au maintien de sa liste au deuxième tour. À Lyon, les listes sont quasi-faites et Éric Lafond est en campagne sans qu'on puisse encore évaluer son résultat que l'on espère brillant. À Marseille, pas encore de sondage sur la liste Bennahmias, cependant que certains analystes voient la victoire du socialiste Guérini (a-t-il un rapport avec le célèbre "parrain" marseillais des années 1970 et du temps où la ville était dirigée par le socialiste Defferre, Mémé Guérini ?). En Bretagne, à Rennes, à Nantes, on attend encore les premiers sondages. Sans doute les choses sont-elles encore imprécises et les esprits indécis.
 
Après la période du désordre et celle du foisonnement, c'est donc celle de la campagne et de l'angoisse. Bon courage à nos candidats, et en particulier ceux qui sont sur des listes indépendantes. 

17/02/2008

Quitterie Delmas soutient Éric Lafond tête de liste à Lyon.

XVIe arrondissement de Paris : portrait de groupe.

Quelques mots sur l'équipe qui dirige le XVIe arrondissement de Paris depuis 1989. Je rappelle que le candidat du MoDem est ici Jean Peyrelevade, qui a une image de sérieux et d'efficacité.
 
En 1989, l'UDF de Paris, conduite par le "libéral" Jacques Dominati (aujourd'hui sénateur en fin de carrière), avait décidé de faire liste commune avec le RPR d'alors. C'était la deuxième fois de suite, puisqu'en 1983 (début de la politisation nationale des municipales), dans le cadre de ce qui se voulait une reconquête contre la victoire socialiste de 1981, liste commune avait déjà été présentée, conduite par Georges Mesmin, député de la plus peuplée des deux circonscriptions de l'arrondissement, celle du sud ; la négociation avait été en 1983 que Mesmin (étiqueté centriste CDS) deviendrait maire et c'était la première fois que les équipes centristes et RPR se retrouvaient sur la même liste alors qu'elles avaient toujours été concurrentes depuis le succès centriste de 1971.
 
En 1983, Jacques Chirac avait besoin des centristes. C'était moins le cas en 1989 : il venait de devancer Raymond Barre de plus de dix points à la présidentielle de 1988 dans l'arrondissement. Il présenta donc un marché simple à Georges Mesmin, maire sortant : le RPR occuperait la tête de liste et Mesmin serait réélu maire. Mesmin ne l'entendit pas de cette oreille : il voulait la tête de liste et la mairie. Chirac, voyant qu'il ne cédait pas, le laissa prendre la tête de liste. Mais lorsque le conseil d'arrondissement se réunit pour élire son maire, ce fut Pierre-Christian Taittinger qui sortit du chapeau.
 
Taittinger était étiqueté UDF, tendance libérale plutôt que centriste, mais il avait été UDR (gaulliste) et sous-ministre de quelque chose. En 1971, il ne figurait pas sur la liste des centristes et réformateurs, mais sur celle du pouvoir.
 
Il était élu à Paris depuis ... 1953. Seul "trou" dans son emploi du temps d'élu : la période 1971-1977. En 1977, il avait rejoint Giscard et était redevenu élu sur la liste UDF qui avait devancé le RPR (à l'époque, il n'y avait pas eu de fusion de liste au 2e tour, mais désistement pur et simple).
 
Taittinger, membre de la famille des célèbres champagnes, est né dans le XVIe arrondissement, rue Chardon-Lagache, à deux pas de la maison de retraite médicalisée de Sainte-Perrine. Son père, Pierre Taittinger, avait été une des figures du conseil de Paris de l'entre-deux-guerres, très forte personnalité, mais il était le président de ce conseil de Paris en 1943 et c'est lui qui avait reçu Hitler lors de la visite du chef du IIIe Reich à Paris.
 
En 1953, Pierre-Christian Taittinger avait assemblé un premier groupe de jeunes influents, liés aux milieux d'affaires, et, reprenant une partie des réseaux de son père, s'était fait élire.
 
En 1989, c'était donc un élu très expérimenté, ayant passé la soixantaine, ancien président du conseil municipal de Paris, ancien ministre, ayant des intérêts croisés avec la puissante Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris (CCIP). C'est par exemple à son groupe qu'appartenait l'hôtel Concorde-Lafayette, porte Maillot, bâti sur le Palais des Congrès qui appartient à la CCIP.
 
Je l'avais rencontré deux fois. La première était à sept heures et demi du matin, gare Saint-Lazare, en mars 1988 : il nous avait accompagnés pour la distribution de tracts lors de la campagne présidentielle de Raymond Barre. La deuxième fois était pour une réunion associative champenoise de Paris (de mon côté paternel, j'ai de solides attaches champenoises) qui avait eu lieu à la mairie du XVIe.
 
Taittinger, pour devenir maire, avait fait alliance avec une partie de l'équipe de Georges Mesmin. Il conserva sa cheffe de cabinet et plusieurs de ses adjoints, à l'exception de Guy Flesselles, qui était aussi le suppléant de Mesmin et qui, depuis, a conduit sa propre liste en 2001 jusqu'autour de 10%.
 
Parmi les adjoints, le plus important, politiquement et techniquement, était Pierre Bolotte. Ancien préfet de région, formé à la coloniale (école de la France d'Outremer), ancien membre du cabinet du MRP Georges Bidault sous la IVe république et secrétaire général de la préfecture d'Alger en 1958, il avait une longue expérience des choses de l'administration et avait la délégation stratégique des finances et de l'urbanisme.
 
L'autre élue utile était Anne Béranger, grande ordonatrice des animations de la mairie, qui passa avec aisance de Mesmin à Taittinger et qui, m'a-t-on dit, est morte très diminuée voici peu d'années.
 
Taittinger est un homme charmant, excellent orateur (on dit qu'il obtint un classement remarquable lors du concours oratoire de la conférence des avocats quelque part vers l'époque des dinosaures), capable dans la même phrase de plaire à un centriste et à un extrémiste, à un Américain et à un soviétique, bref, à tout et son contraire. C'est d'abord une marque d'éducation. Mais c'est aussi un besoin irrépressible de susciter l'empathie, sans lequel sans doute il vaut mieux ne pas faire de politique.
 
Il prononce plus d'allocutions qu'il n'y a de jours dans l'année, sans compter ses discours de mariages (il en célèbre encore beaucoup), il est partout, il connaît tout le monde, il a une mémoire étonnante. Je l'ai vu, lorsque j'étais son adjoint, se précipiter vers un de mes cousins qui me rendait visite à la mairie et qui avait été témoin d'un mariage célébré par Taittinger deux ans plus tôt. Il ne l'avait pas revu depuis, mais l'avait reconnu tout de suite. Un abattage prodigieux, donc.
 
Il passe ses journées à arpenter son arrondissement et rentre les poches pleines de post-it sur d'innombrables sollicitations. Il dit toujours oui et son équipe doit ensuite s'arracher les cheveux pour trouver le moyen de respecter les engagements qu'il a pris.
 
Evelyne Montastier, qui dirige son cabinet, est d'une rare efficacité, un carnet d'adresse kilométrique, une réactivité d'élite.
 
En somme, une excellente équipe de terrain.
 
Le premier premier adjoint de Pierre-Christian Taittinger, de 1989 à 1995, fut Gérard Leban, un gaulliste casse-croûte, capable d'obéir à toutes les évolutions de l'appareil de son parti, un bon second couteau, veillant de près (d'aucuns disent d'un peu trop près) sur les commerçants, ayant sa propre feuille politique qu'il fait distribuer dans les halls d'immeubles, tenant permanence rue de l'Annonciation, et dirigeant avec calme et discrétion l'appareil UMP local qui, en fait, gère la municipalité.
 
Gérard Leban est plus qu'utilement secondé par son épouse, liée à la conférence Saint-Vincent de Paul.
 
De 1995 à 2001, Leban était adjoint au maire de Paris et laissa le poste de premier adjoint à Danièle Giazzi dont je parlerai dans un instant. Il reprit sa délégation en 2001 et se retire, ayant passé les soixante-quinze ans, cette année.
 
Danièle Giazzi, que je viens de mentionner, a longtemps été une femme très courue. Je ne m'apesantirai pas sur les nombreuses rumeurs qui la concernent. Elle est la suppléante de Claude Goasguen dans le XVIe sud et a été conduite à celui-ci par Gérard Leban. Lorsqu'elle était première adjointe, une rivalité inexpiable l'opposait à la cheffe du cabinet du maire, une de ces rivalités féminines qui font pleuvoir des éclairs sur la tête des hommes.
 
On dit qu'un jour, dans une colère homérique, Danièle Giazzi laissa Gérard Leban terrassé par une attaque.
 
À la fin de la mandature qui s'achève, Leban a commencé à passer la main. Il a choisi, pour se décharger progressivement de ses délégations, Laurence Dreyfus, militante obéissante comme lui, fille d'une ancienne collaboratrice de Leban et petite-fille, selon eux, du chauffeur du général de Gaulle.
 
L'autre homme-clef, très lié à Évelyne Montastier, est Pierre Gaboriau. Il était à la gare Saint-Lazare le même matin de mars 1988. Je l'ai vu plusieurs fois pendant la campagne de Barre. Il n'avait pas trente ans alors, il était déjà expert-comptable.
 
Il a succédé au radical Jean-Loup Morlé à la présidence de l'Office Municipal des Sports (OMS) qui, à la mairie de l'arrondissement, regroupe les principales associations sportives du XVIe. Adjoint au maire chargé des sports en 1989, il bénéficia en 1991, en cours de mandat, du retrait de la centriste de choc Solange Marchal (la femme qui a fait échouer le projet chiraquien d'ensembles immobiliers colossaux porte Maillot), qui lui a permis de devenir conseiller de Paris.
 
En 1995, il était donc conseiller de Paris, adjoint au maire du XVIe arrondissement chargé de la jeunesse et des sports et président de l'OMS. Il me laissa la délégation de la jeunesse et des sports, mais pas la présidence de l'OMS qui formait sa base électorale. Il était élevé au rang d'adjoint au maire de Paris.
 
Il revint prendre ma place en 2001.
 
Élu de terrain, il a été candidat en solitaire aux environs de 10% lors d'une élection, et il est respecté. Il a depuis plusieurs années repris l'une des feuilles institutionnelles du XVIe, ce qui a accru sa notoriété.
 
De notoriété générale, on lui prête une rivalité avec Goasguen au sein de l'UMP locale, liée à celle qui oppose Bernard Debré, député de la circonscription du nord du XVIe, au même Goasguen. Cette rivalité existait déjà entre Georges Mesmin et l'autre député UDF du XVIe d'alors, Gilbert Gantier, qui s'est retiré après trente ans de mandat. Sans doute est-il inévitable que chacun des deux députés tente de tirer la couverture à lui.
 
La force de cette équipe est triple : un maire qui bénéficie, malgré son grand âge, d'une bonne image, un électorat entièrement polarisé, un appareil très discipliné mais en mutation.
 
Aux dernières législatives, le MoDem est arrivé devant le PS dans le XVIe. La poussée actuelle de l'électorat de gauche devrait avoir ici un impact plus limité qu'ailleurs. Jean Peyrelevade, compte tenu de sa grande notoriété et de sa bonne image, devrait être élu conseiller de Paris, donc obtenir au moins 12%.

16/02/2008

Le triomphe du manichéisme ?

La déferlante annoncée au bénéfice exclusif du Parti Socialiste, dans trois semaines, au premier tour des élections municipales, n'est une bonne nouvelle ni pour la France ni pour les Français : de toute évidence, elle se fait sans discernement et elle ne produira aucune nouveauté dans la gestion publique, seulement une part de marché plus grande pour un parti, rien de plus.
 
De quoi satisfaire Hollande, qui s'est pourtant réjoui de la douteuse proposition de Sarkozy sur le parrainage des pauvres petits fantômes juifs ?
 
De quoi lutter contre l'endettement des collectivités locales qui ne cesse d'augmenter à mesure que le PS s'en empare ?
 
De quoi augmenter la liberté des humbles que des clientélismes de gauche asservissent autant que des clientélismes de droite ?
 
Sans discernement.
 
Oui, Sarkozy, c'est mal. Bayrou a été le premier à dire pourquoi et en quoi.
 
Oui, la droite a tort. Mais elle ne gère pas partout mal ses villes.
 
Sans discernement. Avec l'aveuglement de l'obscurantisme, le même obscurantisme que celui qui est reproché à Sarkozy.
 
S'il faut battre Sarkozy en utilisant les mêmes moyens que lui et en poursuivant les mêmes objectifs que lui, en négatif, alors la victoire ne sert à rien.
 
Améliorer la France, améliorer la vie des gens, c'est la même chose, c'est le même projet (ISO comme dit Quitterie Delmas) : lutter contre un mode de pensée et d'action néfaste et le remplacer par un mode de pensée et d'action vertueux. C'est cela, et cela seulement, que les électeurs devraient vouloir. Et c'est à quoi nous devons les appeler.

Le MoDem, pour la vérité.

Bayrou incarne le courage. Il l'incarnera de plus en plus, quels que soient les événements prochains. Comme on l'a constaté jeudi soir, tous les signaux d'alarmes qu'il a tirés pendant la campagne présidentielle étaient justifiés : dérive budgétaire, clientélismes, pipolisation outrancière, offensive contre la laïcité et, d'une manière générale, contre les principes républicains, pressions sur la presse, gouvernement de tous au profit de quelques-uns, et j'en passe.
 
Bayrou a annoncé : "Le MoDem sera le parti de la vérité". Par anticipation et dans une boucle que Quitterie Delmas qualifierait d'ISO, il a dit vrai.
 
Dès lors, nous savons, les uns et les autres, que c'est là et nulle autre part qu'il faut être. Car c'est là et nulle autre part que, coûte que coûte, on dit la vérité. 

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