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16/11/2008

G 20 : pas de clarté dans la régulation mondiale.

Les décisions du G20, telles qu'elles sont annoncées, laissent les observateurs sur leur faim quant à l'instauration d'une gouvernance financière mondiale. La plus sepctaculaire des décisions concernerait l'élaboration de normes comptables universelles, dont des organismes nationaux ou "régionaux" seraient chargés de surveiller l'application.

Pour le reste, beaucoup de voeux pieux et de demi-mesures, les différentes instances internationales en présence ayant visiblement fait du lobbying pour conserver un rôle moteur ou particulier.

Ce qui est le plus étonnant, c'est que personne ne se soit offusqué qu'il n'y ait que 20 États conviés. Pourquoi pas les 200 États de la planète ? Est-ce bien démocratique ? Et l'ONU ? Pourquoi tant d'absence ?

Pourquoi serait-ce forcément aux États les plus riches de fixer les normes universelles ?

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Crise financière : c'est Roland Barthes le coupable !

Il arrive qu'on achète des livres, qu'on les pose sur un meuble, qu'on pose ensuite des piles de chaussettes ou de parchemins médiévaux sur eux, puis qu'un jour, longtemps après, en soulevant la pile pour autre chose, on les retrouve, et qu'on se dise "mais au fait..."

C'est ce qui m'est arrivé avec le fondamental ouvrage de Christian Salmon paru voici tout juste un an : "Storytelling".

Mais au fond, il vaut mieux ne l'avoir découvert qu'aujourd'hui alors que la crise financière s'est déclenchée.

De quoi s'agit-il ?

De la substitution progressive du fantasme à la réalité dans la communication marchande et politique depuis trente ans. Notez la concomitance avec la période néoconservatrice.

Storytelling est l'action de "telling a story", mot à mot raconter une histoire. Plus précisément, il s'agit d'une technique consistant à raconter une histoire (le plus souvent un bobard) pour faire comprendre et admettre une idée ou pour faire aimer un produit. C'est évidemment un monstrueux moyen de manipulation des foules. Mais ce peut être aussi une spirale d'autointoxication, et alors gare au réveil.

Remplaçant tout (les vertus d'un produit, les positions stratégiques d'une bataille, le projet politique d'un candidat), le bobard s'inscrit comme une reconstruction complète d'un discours pour décorer l'apparence de la réalité, un peu comme ces villages de carton-pâte autrefois présentés à la Grande Catherine, dont Bayrou parlait pendant la campagne présidentielle. Une Renault n'est plus une voiture, c'est l'épopée des modèles successifs de la marque, un personnage politique n'est plus une intelligence, une compétence ni une conscience, c'est un parcours, un florilège d'émotions articulées autour d'événements racontés (parfois voire souvent entièrement réécrits - inventés ?).

Le jeu est devenu dangereux en économie parce que le discours du storytelling s'y est entièrement substitué à la réalité des chiffres. Une culture du mensonge y a remplacé la rigueur de la gestion. De là sans doute la violence du krach récent, ardent retour à la réalité. Les techniques comptables récemment abandonnées, qui permettaient d'évaluer des actifs sur des tourbillons de vent, relèvent d'ailleurs du storytelling, jusqu'à la caricature (elles dataient de l'époque glorieuse d'Enron, c'est tout dire).

Le même jeu encore, appliqué systématiquement à la politique américaine depuis Clinton mais surtout depuis Bush (avec un contrôle approfondi des médias parfaitement contraire à tous les principes fondateurs de l'Amérique), a confiné à la folie et à la démarche d'illuminés avec George W Bush, et il faut lire ce qu'a écrit un journaliste effaré en sortant d'une rencontre en tête à tête avec W en 2002 : le discours allait remplacer la réalité. La foi pouvait donc déplacer la montagne. Hélas, c'était la technologie de l'intelligence mise au service de l'obscurantisme, et ce fut la manipulation démentielle des médias avant, pendant et après la guerre en Irak, et depuis, jusqu'au résultat navrant, jonché d'un demi-million de cadavres. Récit glaçant.

Plus près de nous, bien entendu, c'est Henri Guaino qui applique les règles du storytelling à son candidat, avec brio d'ailleurs, sauf que... sauf que, comme disait Lénine, les faits sont têtus.

Et enfin, hélas, voici qu'apparaît Ségolène Royal, dont le storytelling, organisé par le patron de Saatchi, s'organisait  en 2007 autour de cette "femme qui avait mis en échec le pouvoir patriarcal des éléphants du PS", une story qu'elle est peut-être en train de reconstruire ce week-end à Reims, puisqu'elle est venue les défier.

Comme on le pressentait durant la présidentielle, il y avait donc bien entre ces deux candidats le point commun d'un choix dans l'ordre du discours, plus encore que de l'apparence, qui se résumait en fait à un choix de technique de communication, le dernier cri, un dernier cri qui vient de faire tomber la première puissance mondiale, de coûter des dizaines (et bientôt des centaines) de milliers d'emplois de par le monde, de jeter trois millions et demi de familles américaines à la rue, bref, un déshonneur funèbre.

Nous savions bien pour quoi et contre quoi nous nous battions, en 2007.

Je le dis avec prudence, car je sais qu'il y a parmi nos amis des adeptes de Royal, mais il faut le constater : elle est toujours dans cette technique de marketing, alors que, plus que jamais, nous avons le devoir de nous battre pour le triomphe de l'intelligence raisonnée, pour Descartes malgré ses défauts, pour les Lumières, contre les forces d'obscurité qui, avec le départ de Bush junior, laissent une plaie béante à la surface du globe.

Pour la raison, pour la science, et donc pour l'école, mais aussi pour une vraie presse d'investigation, indépendante et libre.

Lisons donc cet ouvrage aujourd'hui, maintenant que nous savons l'étendue des dégâts causés par les méthodes qu'il décrit, puis, chaque fois que nous en aurons l'occasion, attaquons les storytellings dans l'oeuf et démystifions-les. Il y va du plus profond du destin de l'occident.

Ah, et pourquoi Roland Barthes ? Parce que c'est lui qui, le premier, a réfléchi sur le rôle joué sur les narrations dans l'organisation de notre compréhension du monde, et que cette primauté lui a été reconnue par ceux qui l'ont reliée au succès commercial de la technique du storytellng.

05/11/2008

Sans les "erreurs" des traders de l'Écureuil, la BNP et la Générale seraient sur la paille.

C'en est presque touchant : au moment où l'on a annoncé les pertes exceptionnelles de 700 millions d'Euros sur un coup de bourse des traders (qualifiés de "maboules") des caisses d'épargne, on a aussitôt ajouté que la "bévue" de ces joyeux lurons (dont l'un vient depuis lors d'être mis en examen) avait bénéficié ... à la BNP pour les deux tiers et à la Société Générale pour le reste, puisque ces deux sociétés, charitables, avaient accepté d'aider (moyennant finance) l'Écureuil à déplier une position boursière particulièrement épineuse. Si l'on compte bien, 2/3 de 700 millions font un peu plus de 450 millions, et le dernier tiers environ 230. Et par une merveilleuse coïncidence, la Société Génrale vient d'annoncer, ces jours derniers, un bénéfice trimestriel inférieur à 200 millions, et la BNP, supérieur à 500 millions, si bien que sans l'aide et assistance généreuses (snif) qu'elles ont portées à l'Écureuil, l'une se serait retrouvée dans le rouge et l'autre à peine mieux.

C'est si beau, l'entr'aide, entre banquiers...

Dans la même rubrique, je vous signale que le Canard enchaîné indique dans une de ses brèves que les banques américaines sauvées à grands coups de milliards par le plan Paulson s'apprêteraient à distribuer à leurs cadres dirigeants une prime de ... 70 milliards de dollars !

10% du plan Paulson supposé sauver le système bancaire et financier.

70 milliards de dollars de primes pour des gens qui ont tué leurs boîtes et brûlé les économies de millions de petites gens.

70 milliards pour sauver le caviar des banquiers, comme je l'écrivais voici quelques jours... Allez, je vous laisse, je vais dégueuler.

24/10/2008

Pour un moratoire sur les charges des PME.

La crise financière révèle peu à peu l'ampleur de la dépression économique qui s'empare de l'économie mondiale. Comme le note un économiste de l'activité boursière de Groupama, la particularité de notre époque, en regard des précédentes périodes de dépression, est le niveau inégalé d'endettement de l'ensemble des acteurs économiques. C'est la crise de solvabilité que j'ai évoquée dans une précédente note.

Pour la résoudre, c'est sur l'économie réelle qu'il faut agir et, plutôt que de promettre subventions et prêts à des entreprises qui sont en fait déjà mortes, c'est sur la trésorerie de l'ensemble des acteurs économiques qu'il faut s'employer. Parmi les entreprises, le tri se fera quoi qu'il arrive : celles qui ont quelque chose à vendre survivront, celles qui n'ont pas su s'adapter périront. En finançant aujourd'hui des entreprises non viables, selon le programme de la majorité qui jette de l'argent sans discernement, on condamne de fait les plus fragiles de celles qui pourraient survivre mais qui devront assumer le remboursement des dépenses idiotes d'aujourd'hui. C'est aberrant, à courte vue, mais c'est ce que réclament les brillants spécialistes et les coquins qui se nourrissent dans l'ombre du pouvoir.

En favorisant les prêts à des entreprises moribondes et la relance par la consommation, on applique le programme de la plus stupide des gauches, celle qui a toujours conduit les États à la banqueroute, on donne l'illusion que la machine repart, alors qu'on prépare seulement des crises bien plus graves encore pour l'avenir. On tourne le dos aux solutions réelles en préférant le confort du mensonge, on reprend le pillage des générations futures, selon le schéma bien connu de la dette publique.

Et il n'est même pas sûr que l'illusion se fasse, tant l'endettement alourdit déjà les pas de l'ensemble des acteurs de l'économie.

En fait, puisqu'il est question de dépenser des masses importantes d'argent, il vaudrait mieux en profiter pour améliorer la trésorerie des petites entreprises en décrétant un moratoire sur leurs charges, le temps de réformer lesdites charges dans un sens favorable à l'économie réelle, puis d'appliquer rétroactivement le nouveau tarif de charges ainsi réformées. Cela et cela seulement serait utile à l'économie réelle.

Donc soyons courageux, ne gobons pas ce que des affairistes véreux obtiennent de nos gouvernants, réclamons un effort immédiat pour l'économie réelle, un small business act européen, une autorité mondiale de régulation des firmes multinationales, et, pour notre pays, un moratoire sur les charges des PME préludant à une libération de l'économie réelle.

23:07 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : économie, crise financière, pme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

22/10/2008

Sarkozy ne sait que dépenser.

Il paraît que Sarkoseille tente un putsch pour conserver la présidence de l'Eurogroupe pendant un an.

Alors, il faut quand qu'on leur dise ... ce type est fou, si vous lui laissez les clefs du coffre-fort, il nous aura tous ruinés en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Rappelez-vous qu'il a été LE ministre du budget qui, en deux ans, a réussi à faire bondir la dette de l'État de 30% !

Évidemment, lui, il est aux anges, avec les milliards qui dansent devant ses yeux, il est ivre de puissance fictive. Et il ne veut plus les lâcher, "ses" milliards. D'autant moins qu'ils semblent lui redonner un peu la cote, comme si sa popularité était strictement proportionnelle aux réserves qu'il peut claquer.

C'est un flambeur.

Ne lui donnez pas la clef.

Et lui, grisé, il s'agrippe. S'il est en charge de l'Eurogroupe, avec tous les miracles qu'il y fait, ses Européennes sont dans la poche.

Hélas, qu'il y prenne garde : dans trois mois, quand il aura croqué les centaines de milliards d'Euros de l'Eurogroupe alors que de nouveau la situation se dégradera, du haut de son trône, c'est lui qui concentrera tous les regards.

Et tous les courroux.

21/10/2008

De la crise de liquidité à la crise de solvabilité.

Au début de la lutte contre la première forme de crise, en janvier dernier, il était décidé que l'économie américaine manquait de liquidité. De là un plan de relance qui n'eut, semble-t-il, aucun effet, puisque le léger rebond de croissance que connurent ensuite les États-Unis était dû à la faiblesse du dollar qui améliorait la compétitivité des produits américains à l'export.

Cette réalité de l'inefficacité fut ignorée par nos savants et magnanimes économistes qui pardonnent toujours à la réalité de ne pas leur obéir.

Obstinés, ils continuèrent à réclamer consolidation de la sphère financière (malade à son tour), en affirmant avec un aplomb de médecin de Molière, que tout cela n'était qu'humeur et qu'un bon cataplasme viendrait facilement à bout de la fièvre passagère, après quoi tout rentrerait dans l'ordre, la crise de liquidité n'ayant de cause que psychologique (pour ne pas dire hystérique) et ne correspondant à rien de sérieux en matière d'économie réelle.

C'est donc avec la même foi dans un cataplasme de moutarde posé sur une jambe de bois, le même acharnement du placebo, que le secrétaire américain au Trésor s'apprête à engager une nouvelle relance de l'économie, qui sera certainement suivie, celle-là, par l'Europe, désormais entièrement gouvernée par la foi superstitieuse dans les vertus du marché.

Au nom de cette superstition, on tolère les mesures dirigistes et étatistes adoptées par l'Europe. Elles ne coûteront rien, puisque bientôt, "tout rentrera dans l'ordre". On se ment et on croit mentir, en prenant des décisions volontaristes, parce qu'on est persuadé (ou on le paraît) qu'elles seront provisoires.

Or pendant ce temps-là, pendant qu'on soigne des maux imaginaires avec des potions fictives, mais coûteuses, le vrai mal court et sa progession se nourrit du mensonge entretenu par ailleurs. Ce vrai mal, c'est la crise de solvabilité.

Il fallait bien que la problématique de la dette ressurgisse à un moment ou un autre.

Les OVNI, le yéti : tout est bon pour faire diversion.

Je ne résiste pas au plaisir de vous suggérer la lecture de deux articles d'aujourd'hui et d'hier, et . Visiblement, on fait flèche de tout bois pour détourner l'attention du bon peuple des sujets sérieux de la crise financière et économique.

11:27 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : crise financière, yéti, ovni | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

19/10/2008

Quatre nouvelles observations sur la crise financière et économique.

1 ) Pauvre Caisse d'Épargne

Contrairement à Luc Mandret, je ne suis pas client de l'Écureuil, cet animal pas futé dont on vient de redécouvrir qu'il a pour fâcheuse habitude d'oublier où il planque ses noisettes.

La Caisse d'Épargne est une institution financière quasi-bicentenaire, connue pour sa gestion prudentielle et sa multitude de clients modestes, voire très modestes. C'est presque une banque sociale. Hélas, quelque crâne d'oeuf, on ne sait où, a eu l'idée géniale de lui ôter son produit phare, le  monopole du livret A, pour le confier à des établissements qui n'ont rien à faire des petits clients, ce qui devrait à terme porter un coup très dur au livret A ou le reconcentrer sur un établissement spécialisé.

Prévoyant la première évolution et la perte de leur monopole, les dirigeants de la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne (CNCE) - il s'agit en fait d'une fédération de caisses locales mutualistes - se sont lancés dans le contraire de leur métier : la spéculation au long-cours. D'après le site Médiapart, relayé par le Canard Enchaîné, l'Écureuil se serait fait carboniser aux États-Unis dans l'affaire des subprimes et diverses autres opérations hasardeuses. Prudemment, il a annoncé se rapprocher d'un autre système mutualiste : la Banque Populaire. Et là-dessus, on lui impute encore 600 millions d'Euros de perte en quelques heures (qui suggèrent au passage que l'Écureuil est bien menacé et qu'il a tenté un banco pour se renflouer).

Il me paraît donc urgent de crier QU'IL FAUT SAUVER LA CAISSE D'ÉPARGNE. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ils n'ont pas tenté leur mutation plutôt vers des activités proches de leur métier initial, comme le micro-crédit. Cela aurait été plus malin que d'enterrer tes noisettes, l'écureuil...

2 ) Pauvre Banque de France

La création d'un organisme qui ressemble à une société d'économie mixte, en partie corporative, en partie étatique, destinée au refinancement des banques, laisse rêveur sur ce qui reste de mission à la Banque de France depuis la créatioin de l'Euro. Vient-on en fait de reprivatiser la Banque de France (nationalisée par Léon Blum) ? Question accessoire : les gouvernements européens ont-ils fait en sorte de court-circuiter la Banque Centrale Européenne ? Et de le faire au profit du marché et des intérêts privés alors que ceux-ci viennent de faire la preuve éclatante de leur incompétence ?

Comme disait Shakespeare, "to die is nothing : to be or not to be, that is the question", mais tout de même...

3 ) Le monde se vautre dans la relance par la consommation

Le plan de sauvetage des banques est un leurre. En fait, il s'agit bel et bien d'un plan massif de relance keynésienne.

Or la relance coordonnée de toutes les économies ocidentales va donner un coup de fouet à la production ... chinoise, alors même que les Chinois n'ont pas déboursé un liard pour la relance, et à la production ... de pétrole, alors que les rentiers du pétrole n'ont pas versé un denier pour la relance. Quelqu'un a le nom du brillant inventeur de cette merveille ?

Accessoirement, l'idée centrale du keynésianisme (une relance provisoire) est explicitement invoquée par nos dirigeants, qui la mêlent à la conviction très libérale que le système va retomber de lui-même sur ses pieds et que les dépenses publiques actuelles ne coûteront donc rien au contribuable. Tout cela est une triste farce. Hélas.

En fait, on établit un système de perfusion permanente des grands groupes industriels, qui seront très heureux de bénéficier de nos impôts pour beurrer leurs tartines de caviar, cependant que nos PME continueront de sombrer. Quel bonheur !

4 ) Qui va sauver l'État ?

Je sais que parmi quelques-uns de nos petits copains libéraux intégraux, il s'en trouve pour souhaiter la mort de l'État ("act local"). Ils ont tort, du moins tant que n'existe pas un gouvernement mondial, un État universel. Car c'est l'effacement des structures étatiques qui produit l'atmosphère guerrière dans laquelle le monde baigne ces temps-ci. Dans le monde des puissances nucléaires, la guerre n'est presque pas possible, mais dans celui de bandes privées qui sont trop modestes pour l'efficacité d'un tir nucléaire, la guerre redevient possible. Autrement, la crise mondiale des institutions mène le monde vers la guerre universelle, non pas des guerres mondiales rangées comme autrefois, mais une guérilla permanente, dont les faibles sont toujours les premires victimes. Donc il faut sauver l'État.

17/10/2008

Cinq observations sur la crise économique et financière.

1 ) Merci Chirac, merci Villepin

À partir de 2003 et du refus de la guerre d'Irak, les grands groupes français se sont retrouvés "tricards" aux États-Unis. De là sans doute le fait qu'ils sont moins en première ligne que d'autres, même s'ils s'apprêtent à subir la crise par ricochet.

2 ) La crise est-elle déjà plus profonde en France qu'on ne nous le dit ?

À quoi peut bien correspondre le montant de 360 milliards d'Euros, alors que jusqu'ici, nos institutions financières se sont bornées à annoncer quelques milliards de pertes chacune, très absorbables par leurs fonds propres, et très loin du total de 360 milliards ?

3 ) La tentation cannibale

On rerpoche aux banques de ne pas prêter aux entreprises et de ne pas se faire confiance entre elles, mais il est évident que les lignes de crédit extraordinaires ouvertes par les autorités étatiques ont un effet d'aubaine, et que certaines banques thésaurisent sur les prêts qui leur sont consentis, et qu'elles le font certes pour faire face à de nouvelles dépréciations d'actifs qui seraient consécutives à l'approfondissement de la crise économique, mais aussi pour profiter de la faiblesse d'autres banques pour les racheter, avec la logique de vautours qui oublient que la chair putréfiée devient toxique si l'organisme qu'ils visent est mort empoisonné, empoisonné par des subprimes par exemple.

4 ) L'impact de la dépression et la distribution des cartes

Les chutes actuelles des bourses mondiales sont dues aux anticipations de la récession de l'économie réelle, récession aux États-Unis et impact de cette récession particulière sur le reste du monde. L'un des enjeux de la période qui s'ouvre est de savoir le poids respectif des bassins économiques. Jusqu'ici, une récession américaine suffisait à elle seule à plonger le reste du monde en récession. Sera-ce toujours le cas ?

5 ) Le nouveau statut de l'Euro

L'effondrement du cours des matières premières en dollars ne fait pas plonger l'Euro. Autrement dit, pour acheter à l'Europe, les pays rentiers du pétrole vont devoir puiser plus dans leurs réserves. Cela va-t-il les inciter à tenter dans l'avenir de minimiser le risque de change en demandant à être payés partie en dollars et partie en Euros ?

16/10/2008

Quitterie Delmas : nouveaux modèles économiques, nouvelle génération.

Bien que cette autre vidéo produite par pourquivoter.com porte le titre de "crise financière", elle va bien au-delà en explorant les nouveaux modèles économiques et le rôle politique de la nouvelle génération. Quitterie au sommet d'elle-même.

 

Caviar des banquiers... la suite.

Je vous recommande la lecture d'une brève du site bakchich qui montre que pendant la crise, les banquiers ne renoncent pas à leur caviar (au passage, on y voit le maire PS de Strasbourg).

14/10/2008

2000 milliards d'Euros pris dans la poche des fauchés pour sauver le caviar des banquiers.

Les 15 semblent avoir eu raison d'engager l'Euro dans la bataille financière. Il est vrai qu'en inondant le marché d'un crédit de 1700 milliards d'un coup, il y avait de quoi se goinfrer et on peut imaginer qu'il faille quelques jours au Moloch des marchés financiers pour digérer cet épais potage.

Et pourtant, rien n'est joué. Jusqu'ici, toutes les injections d'argent frais ont produit le même effet de rémission, et juste après, la rechute. En sera-t-il de même ?

Les ronchons pourraient aussi observer que c'est l'argent des contribuables européens qui vole au secours des riches financiers nord-américains, mais la chose de ce point de vue est moins simple qu'il n'y paraît, le système économique américain étant peu à peu racheté par des étrangers. D'ici à ce que le nouveau mastodonte Chrysler-General Motors, dont on parle, soit racheté par Mercedes, il y a peut-être un fossé encore, mais à la prochaine crise... et il en va de même pour les structures financières malmenées de l'ex-Nouveau Continent. Donc, nuance.

En revanche, il est malhonnête de prétendre comme le fait Christine Lagarde, que les contribuables français n'auront pas un nouveau centime de dette dans l'affaire : c'est faux. Il suffit de lire l'excellente interview du nouveau nobel d'économie prise sur lemonde.fr par Quitterie Delmas (ce n'est pas parce que je ne comprends rien à la femme que je ne soutiens plus la politique) pour se rendre compte que la récession atteindra des profondeurs inédites depuis longtemps et que, par conséquent, certains des prêts faits par les États aux banques seront plantés. Et si vous croyez que les bénéfices des autres couvriront ces pertes, vous vous mettez le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate : grâce à ces Messieurs les politiques et à leurs amis désintéressés, l'État achète toujours à perte et revend sans bénéfice... sans bénéfice, sauf pour les affairistes.

Donc ce sont bien nos impôts, les miens, les vôtres, ceux des fauchés, qui vont payer le caviar de ces Messieurs les banquiers. Une seule consolation : la Caspienne (d'où vient le meilleur caviar) est tellement polluée, qu'ils finiront par en crever.

Bon appétit, Messieurs.

Dernière minute pour prouver que je ne mens pas : ici.

12/10/2008

Crise financière : il est urgent d'attendre.

L'Eurogroupe se réunit (enfin) cet après-midi, en écho à la séance de crise du G7. Il est bon que les instances dirigeantes des pays se rencontrent dans cette période de crise et que celle qui incarne les pays de l'Euro, notre monnaie, se montre unie et forte.

Cependant, la crise financière que nous vivons, la crise économique désormais, est une explosion nucléaire. Nous voyons son champignon, mais nous n'avons pas encore commencé à sentir son souffle. Il balaiera tout sur son passage, y compris les fragiles efforts actuels, dont le seul effet est de handicaper la reconstruction d'après l'effondrement.

C'est pourquoi, au lieu d'injecter de l'argent qui n'existe pas dans des entreprises qui n'existent plus, il est urgent d'attendre.

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08/10/2008

La dépression.

On entend timidement encore monter la question : récession ou dépression ?

Ceux qui croient qu'une fois la confiance des marchés rétablie (on n'en prend pas le chemin), tout redeviendra comme avant, que la phase de récession sera une péripétie d'un cycle fondamentalement créatif et croissant, ceux-là pensent que les marchés n'ont pas eu tort, que l'économie est pleine de santé et que tout va bien sous un masque de désolation.

Ils sont de plus en plus rares.

En vérité, comme je l'ai écrit voici quelques jours, il s'agit bien d'une dépression. Et c'est parce qu'il s'agit d'une dépression que les moyens conventionnels sont insuffisants et qu'une réflexion du type de celle qui a conduit au programme du CNR en 1944-1945 est indispensable.

Comme disait l'autre, "c'est une guerre crise mondiale", "des gouvernants de rencontre" ont pu bazarder nos services publics, mais nous, nous savons qu'ils sont vitaux. Sans eux, ce sont toujours les plus faibles qui trinquent.

Relisons le programme du CNR et demandons-nous pourquoi il a été rédigé. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. La régression de notre organisation sociale vers le XIXe siècle produit, mutatis mutandis, une crise de 1929. 1945 devrait pouvoir y répondre sans passer par la case 1940.

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Le retour des services publics.

La logique de privatisation qui prévalait depuis 20 à 30 ans était fondée sur l'idée que la création des grands services publics, dans l'après-guerre, avait été subie par l'occident pour résister à la pression du modèle soviétique sur nos peuples. On va redécouvrir que la création de la SNCF, la modernisation de la poste, l'invention des organismes de sécurité sociale, tout cela avait matérialisé la conclusion tirée par les penseurs des causes de la crise de 1929 et des remèdes à y apporter.

En d'autres termes, l'existence des services publics n'est pas un facteur dogmatique, mais une nécessité pour le bon fonctionnement de l'économie de marché.

Dans ces conditions, il fauit d'urgence réclamer un moratoire sur les privatisations en Europe.