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21/12/2009

Paris - Jean Bouin : le tribunal administratif a annulé la décision municipale de démolition.

Le tribunal administratif de Paris a annulé la décision par laquelle le conseil de Paris a approuvé en février 2007 le principe des travaux au stade Jean Bouin. L'article du Moniteur en dit un peu sur cette décision dont la mairie de Paris veut minimiser la portée, indiquant par ailleurs qu'un nouveau vote aurait lieu le 31 mars prochain. Le choix de cette date du 31 mars soumet le choix d'avenir de Jean Bouin au scrutin des régionales, conformément au souhait des Verts. Il serait logique, en effet, qu'une négociation de deuxième tour avec eux et/ou d'autres formations hostiles au projet, comme le MoDem, puisse aboutir à un report d'une partie importante des crédits prévus pour Jean Bouin vers le tramway.

04/12/2009

Assemblée générale du collectif Jean Bouin : la vidéo.

En principe, les cossus du 16e et les prolos du 18e ont des intérêts antagonistes du point de vue des décisions politiques : les travaux qui sont faits ici ne le sont pas là, les équipements qui profitent au 16e manquent évidemment au 18e et réciproquement (euh, plus rarement). Le projet de nouveau stade Jean Bouin accomplit l'exploit rare de nuire autant aux habitants du 16e qu'à ceux du 18e.

L'argent que la Ville de Paris veut dépenser pour la démolition du stade Jean Bouin et sa reconstruction sur de nouveaux plans (ce qui révolte les habitants du 16e) est celui qui permettrait de prolonger le tramway jusqu'à la porte d'Asnières (que les habitants du 18e attendent comme le Messie). Non seulement ces travaux sont superfétatoires dans le 16e, mais ils créent un manque terrible dans le 18e.

Rarement, on aura pu dire à ce point qu'épargner un inconvénient aux beaux quartiers peut avoir un tel avantage pour les quartiers plus pauvres. Delanoë a réussi à inventer la convergence des classes.

C'est pourquoi il est juste que la mobilisation contre ce projet soit transversale, qu'elle joigne des élus verts à ceux de l'oppositon municipale. Cependant, je ne partage pas l'opinion de Sylvain Garel, élu vert qui incarne ce rapprochement, (opinion qu'il développe sur la vidéo que je joins ici) quant à l'effet du premier tour des élections régionales. Il vante sa boutique, c'est normal, l'argument est de bonne guerre, mais je crois que les choses sont plus compliquées. Mais si je ne partage pas son opinion sur le calcul politique, je souhaite vivement que l'argent prévu pour Jean Bouin soit finalement affecté au prolongement du tramway jusqu'à la porte d'Asnières.

Pour le reste de cette assemblée générale, je crois que les images parlent d'elles-mêmes.

Sport 2.0, année zéro.

Le remarquable cours magistral donné par Claude Goasguen sur le thème "le sport et l'argent" en surprendra plus d'un, notamment parmi ceux de mes lecteurs qui voient en lui surtout un ancien du réseau Occident accoutumé des positions plus "libérales" au sens droitier de ce terme. Que Goasguen prenne le temps d'expliquer que le déferlement de l'argent dans le sport pose des problèmes à "notre conception des choses" , comme il dit (c'est-à-dire à notre éthique), en surprendra plus d'un, et son exposé mérite d'être vu, car la prophétie qu'il fait est aussi redoutable que réaliste.

Le sport, en France, passe à un stade 2.0. On renonce enfin à la tartufferie du sport à la fois associatif et professionnel, pour reconnaître enfin que le sport professionnel n'est qu'une activité commerciale parmi d'autres. C'est une révolution éthique dans le statut juridique, qui rejoint une réalité déjà très consolidée.

Et bien entendu, le bail emphythéotique de 60 ans que Delanoë prépare actuellement pour Colony Capital au Parc des Princes sera impossible, grossièrement illégal. J'ai même l'impression qu'un arrêt du Conseil d'État interdit les concessions supérieures à quinze ou vingt ans. En tout cas, il faudra une procédure de mise en concurrence et un appel d'offres en bonne et due forme.

Cette victoire éthique n'est pas sans revers : quand on verra un milliardaire russe soumissionner pour la concession du Parc des Princes, on mesurera évidemment toutes les conséquences de la reconnaissance du caractère purement commercial du sport professionnel. Personnellement, je suis d'opinion que, puisque cette activité est commerciale, on ne lui concède plus le domaine public, qu'elle s'adresse à l'immobilier privé, et que le domaine public serve à l'accès public et aux structures associatives. Ce serait de meilleure méthode. Et pour un équipement comme le Parc des Princes, de façon à éviter de se retrouver envahis par la mafia russe, je crois qu'il serait sage qu'il fût désormais géré en régie et loué palier par palier en fonction des activités, ce qui permettrait d'y jouer à la fois le football et le rugby.

Parmi les deux ou trois autres réflexions qui me viennent au sujet de cette vidéo, il y a celle que la défense de Lagardère, qui s'étonne d'être appelé en responsabilité pénale par la justice, n'étant pas lui-même le concessionnaire de Jean Bouin, ressemble fort à une tartufferie, vu que le nom de Lagardère figure bien partout dans le stade dont il est le sponsor de référence, ayant succédé dans ce titre à la Société Générale dont le CASG, club père de Paris - Jean Bouin, était une pure et simple émanation initiale.

Collusion entre Laporte et Colony Capital ?

Une dernière remarque sur ce qui me semble être le scénario de gestation du projet Jean Bouin : l'homme-clef du projet, c'est Bernard Laporte. C'est lui qui, une fois ministre, a mobilisé les services de l'État sur une dilatation du projet initial. Ce parrainage de l'État n'apparaît nulle part jusqu'ici, mais on le voit bien dans ce que révèle Sylvain Garel sur cette vidéo : quand il demande le transfert des fonds de Jean Bouin vers le tramway, on lui répond à la Ville de Paris que "l'État ne va pas dépenser de l'argent pour le tramway", ce qui siginifie clairement qu'il est prévu que l'État pèse financièrement sur le projet de Jean Bouin. Cette décision a évidemment été prise quand Laporte était ministre des sports.

Le contenu du projet suggère qu'elle a été prise en concertation avec le voisin de Jean Bouin, Colony Capital. Il y a là comme une forme d'association. Et si j'étais le Stade Français (le club omnisport père de la section rugby), je me ferais des soucis, car le stade Géo André, siège du Stade, jouxte le Parc des Princes, et une collusion de Colony Capital et de Laporte devenu maître du Stade Français rugby pourrait préluder à une OPA inamicale sur Géo André, du type de celle que Lagardère a faite à la Croix-Catelan.

Enfin, si Laporte est le personnage-clef de l'affaire, sur fond de succession de Guazzini qui se met en retrait, il serait intéressant de connaître l'opinion du rival de Laporte pour la succession de Guazzini, qui n'est autre que l'ancien international Fabien Galthier.

 

03/12/2009

Scoop : le sport pro est illégal au Parc des Princes, à Jean Bouin et à Roland Garros.

Avant de détailler le scoop annoncé dans le titre du présent article, et avant de livrer dans un prochain la vidéo de la soirée passée au stade Jean Bouin, à Paris, pour conférer des derniers développements de l'affaire de la reconstruction contestée dudit stade, un mot de la soirée et de l'after sympathique passé au clubhouse de Jean Bouin avec notamment deux des organisatrices.

De l'ensemble de cette soirée, je dois dire que je dégage une opinion un peu différente, ou plus nuancée, que celle que j'ai eue jusqu'ici. Dans cette affaire, la précipitation extrême que Bertrand Delanoë a voulu imposer au cours naturel des choses est le signe d'une anomalie. Il est possible que, comme la rumeur l'affirme, Max Guazzini, en difficulté financière, souhaite se retirer purement et simplement, et que Delanoë veuille l'aider dans ce projet de retraite. L'aide consisterait ici à accélérer les événements (à les brusquer, pour tout dire) plutôt que dans le contenu du projet nouveau pour le stade Jean Bouin.

Sur le contenu du projet, il est possible que les choses soient complexes. On dit que l'entourage de Guazzini se déchirerait sur sa succession prochaine. Il ne serait pas étonnant que cette division soit la cause de l'évolution du projet de modernisation du stade vers sa disproportion actuelle.

Le manque de savoir-vivre du projet est tel qu'il faut constater qu'il ne ressemble en rien à Delanoë, ni d'ailleurs (mais pour d'autres raisons) à Anne Hidalgo. Il y a un tel manque d'intelligence dans la grossièreté du concept de nouveau Jean Bouin, qu'il faut y voir la patte d'un esprit retors, mais sommaire. Je ne parle pas de l'architecte, mais de celui qui a rédigé la feuille de route de l'architecte et dont Delanoë a endossé les vues.

L'une des heureuses conclusions de la soirée est que la démolition, qui est censée préluder à la reconstruction, ne pourra être faite avant au mieux le début de l'été. En vérité, étant donné que les conclusions du commissaire-enquêteur contraignent l'architecte à amender sérieusement son projet, je crois que l'urgence se dilue de jour en jour, ce qui va permettre à la justice d'instrumenter sereinement dans une affaire qui prend des allures de dossier gigogne : il y a, d'un côté, la question de la validité de la concession attribuée de gré à gré en 2004 à Paris - Jean Bouin Team Lagardère, et de l'autre la question de l'avenir de Jean Bouin, aussi bien pour les travaux que pour l'attribution ultérieure du site.

Au pénal, une enquête de trois ans

Pour ce qui est du premier dossier, le favoritisme est présumé sur deux éléments, l'un de fait, l'autre de droit. De droit, l'obligation de recourir à un marché public lorsqu'il y a délégation de service public. Si l'on s'en tenait à cet aspect de la question, Delanoë pourrait plaider la bonne foi. Malheureusemement pour lui, il a un adversaire extraordinaire, qui était présent ce soir et que nous avons découvert. Cet adversaire, c'est M. Picart.

M. Picart est une forte tête avec une faconde parfaitement méditerranéenne et un acharnement de vrai teigneux. Il gère une société de tennis et, d'après ce qu'il a indiqué, il lui est arrivé de prendre des concessions de stades dans certaines localités, pour lesquelles il a recouru à la formation d'un très grand juriste, le regretté doyen Vedel. C'est lui qui a obtenu du tribunal administratif l'annulation de la convention de 2004.

Il se trouve qu'à cette époque, il avait manifesté publiquement et directement son intention de concourir pour l'attribution du stade Jean Bouin, c'est l'élément de fait : il y avait un concurrent réel pour Lagardère en 2004. Je dois dire que c'est une erreur de ne pas l'avoir laissé concourir. J'avais le même genre de réactions quand je voyais Bayrou verrouiller les candidatures de la base à certains postes : c'était ridicule, et un tel signe de faiblesse que cela en disait long sur la piètre idée qu'il avait de ses propres forces.

Toujours est-il que Delanoë a préféré faire sa concession de gré à gré. Grave erreur. Ce sont les petites erreurs qui ont parfois les pires conséquences.

Car M. Picart, en inépuisable teigneux, a indiqué ce soir avoir eu maille judiciaire à partir avec Éric Raoult et quelques autres, à propos d'une subvention, voici une quinzaine d'années, et avoir obtenu non moins de 2,5 millions de Francs de l'époque de dommages-intérêts. Il est de ces natures que rien n'arrête, qui n'ont aucune limite ni aucune faiblesse du moment qu'elles se sentent dans leur bon droit. M. Picart ira donc jusqu'au bout.

Logiquement, il s'est porté partie civile dans l'enquête au pénal. Il révèle que l'enquête de la brigade financière dure depuis trois ans et qu'elle repose sur un énorme dossier. Il a obtenu photocopie intégrale de ce dossier, qui, dit-il, lui a été facturée ... 800 Euros. 800 Euros de photocopies, cela doit faire en effet une belle pile.

Cela étant, j'ai encore des dossiers de travaux que j'ai rapportés pour les stades du 16e devant le conseil d'arrondissement, et il arrive facilement qu'un seul rapport fasse cent pages. Trois ans d'enquête en couvrent peut-être des milliers.

Le commissaire-enquêteur complique la tâche de l'architecte

Sur les travaux, les info sont multiples, nouvelles ou non. L'essentiel est que le rapport du commissaire-enquêteur (dont Delanoë s'est engagé à suivre les conclusions) comporte des remarques qui affectent aussi bien le contenu du projet que sa chronologie. Il a en effet demandé que soit abaissée la hauteur maximale du nouveau stade du côté de Boulogne-Billancourt, à proximité du site Le Corbusier. Je signale au passage que progresse l'idée d'englober tout ce quartier dans un périmètre de protection architecturale liée aux utopies urbaines et en particulier à l'œuvre du Corbusier.

Il y a aussi une nette difficulté de circulation (donc de sécurité) dans la rue Nungesser et Coli, limitrophe de Boulogne, donc du même côté, qui va certainement poser des problèmes architecturaux. Enfin, certaines remarques ont eu pour effet de retarder les travaux préparatoires de la démolition, ce qui repousse celle-ci au mieux (façon de parler) au début de l'été, comme je l'ai dit. Espérons qu'elle n'aura jamais lieu.

On verra dans la vidéo un grand moment oratoire de Claude Goasguen relatant la tenue d'une réunion de la commission chargée de plancher sur l'avenir de l'attrubtion de Jean Bouin. Quelque chose de très haut en couleur.

Pour l'aspect politique, l'instrumentalisation des Verts par l'UMP pour affaiblir la gauche est manifeste. À vrai dire, si la gauche défendait des projets plus raisonnables, elle prêterait moins le flanc à ce type de manœuvres. Le report du "nouveau Jean Bouin" au-delà des élections régionales conduit naturellement le Vert Sylvain Garel, présent ce soir comme lors des réunions précédentes, à suggérer que si le score d'Anne Hidalgo est faible aux régionales à Paris, Delanoë aura moins de possibilités d'imposer les absurdes tours dont il veut enceindre Paris, et quelques autres trouvailles ubuesques, comme Jean Bouin. C'est vrai, mais le vote vert n'est pas le seul à avoir cet effet, et Claude Goasguen ne s'est pas rengorgé pour signaler que le vote UMP aurait le même effet, c'est donc que le vote vert l'arrange, on a bien compris pourquoi.

Mais je dois dire que si cette collusion me dérange, je suis obligé de reconnaître que la présence de Garel dans l'affaire a eu un effet de dépolarisation très fructueux pour notre résistance. D'une manière ou d'une autre, cet effet heureux doit trouver sa récompense.

Pour le reste, notons que Delanoë ne montre encore aucun signe d'ouverture sur le dossier Jean Bouin, au contraire, et c'est dommage, car personnellement, je verrais d'un bon œil une solution qui lui permette de sortir de l'affaire la tête haute sans avoir démoli ni Jean Bouin (la tribune historique et les bâtiments des années 1920-30) ni l'usage scolaire qui n'est ni recasé ni recasable.

Le scoop

Il est temps d'en venir au scoop annoncé : dans son discours énergique, Claude Goasguen a fait une belle envolée pour expliquer que c'est tout une conception du monde qui était désormais en jeu, la pression du sport professionnel ne cessant de se renforcer sur nos sociétés. D'un côté les scolaires, de l'autre le sport fric, deux mondes qui s'affrontent, deux façons d'envisager l'existence. Si mes images sont réussies, ce sera un bon moment de vidéo, où j'ai trouvé le meilleur Goasguen, un Goasguen humaniste qui se fait trop rare.

Au milieu de ces développements, il a invoqué une décision du conseil d'état qui, si elle est bien telle qu'il l'a décrite (il est docteur dans une discipline juridique, tout de même), va tout changer dans les relations entre les collectivités et les équipes sportives professionnelles : désormais, il ne s'agit plus de traiter ces équipes comme des entités associatives, mais comme des sociétés commerciales. C'est vrai que le sport fric est une activité commerciale, il y aurait là un effort de sincérité juridique extrêmement appréciable.

Seulement voilà : ainsi que je l'ai expliqué dans une précédente note, l'acte de Napoléon III qui a créé ce quartier y a interdit toute activité commerciale. Dès lors que le sport professionnel est considéré comme une activité commerciale, il y est donc interdit, c'est-à-dire qu'il est interdit au Parc des Princes, à Jean Bouin, et même à Roland Garros. Quod erat demonstrandum.

18/10/2009

Paris - Jean Bouin : forte mobilisation.

Plus de 6000 personnes sont venues ce matin au stade Jean Bouin, à Paris 16e, affirmer leur volonté de voir épargnées les installations actuelles du stade Jean Bouin et leur souhait que soit limitée l'extension du terrain de rugby à une rénovation déjà lourde, puisque chiffrée à 40 millions d'Euros. EDIT : article et photos (dont une de moi) par le site Paris 16 info.

Je devrais donner dans les prochaines semaines une vidéo plus détaillée, un parent d'élève disposant d'une caméra et d'une expérience meilleures que les miennes m'a accompagné et nous avons pu interviewer déjà le représentant des Verts Sylvain Garel, le maire de Boulogne-Billancourt Pierre-Christophe Baguet, le président des associations sportives du XVIe (EDIT : l'intéressé m'a demandé de rectifier son titre ce que je fais bien volontiers, vu ses éminentes fonctions municipales où je l'ai précédé : il est adjoint au maire du XVIe chargé des sports) Yves Hervouet des Forges, la présidente du MoDem de Boulogne Jeanne Defranoux (j'ai aussi pu rencontrer le blogueur Sylvain Canet, ex-tête de liste MoDem de Boulogne), et rendez-vous a été pris avec Claude Goasguen pour une interview plus au calme.

Sur le fond, la détermination de la municipalité de Boulogne à invoquer l'interdiction de commerce faite par le texte de Napoléon III détachant ce quartier du Bois de Boulogne m'a rassuré : la juridiction administrative a déjà consacré cette disposition dans le droit positif, les 7500 m2 de commerces devraient donc être rendus impossibles. De ce fait, à mon avis, le projet tombera. Affaire à suivre. Avec un certain culot, la municipalité parisienne présente les commerces comme le moyen de financer ce projet faramineux. Étant donné que leur construction représente à elle seule 50 millions d'Euros, on voit que l'aplomb sarkozyste fait des émules (ah, les fils à papa !).

Par ailleurs, on m'a signalé que le PCF du 14e arrondissement demandait (bien que l'adjoint au maire de Paris en charge du dossier soit lui aussi communiste) à ce que Charléty devienne le stade officiel du rugby parisien. Voici un excellent article du site La Voix du 14e, et la position officielle du PCF local. La majorité se lézarde donc de plus en plus sur ce sujet où l'entêtement de la municipalité parisienne est invraisemblable.

Enfin, à propos du MoDem encore, on m'a signalé qu'on ne comprenait pas bien comment Marielle de Sarnez, lors du vote de la motion présentée par les Verts parisiens, n'avait pas trouvé le moyen de donner un pouvoir, si elle ne pouvait être présente elle-même.

En attendant la vidéo en préparation, voici queques images d'ambiance :

 


PS : J'apprends par Générations engagées le décès de Francis Muguet qui, contre Hadopi, avait proposé un "mécénat global" sur lequel Quitterie avait attiré notre attention. Il disait d'ailleurs grand bien de Quitterie.

16/10/2009

Paris - Jean Bouin : Sébastien Bazin proche de Sarkozy.

C'est Bakchich Hebdo qui relance les info sur l'avenir du stade Jean Bouin : dans son dernier numéro, l'hebdomadaire explique que Sébastien Bazin, patron du PSG, veut faire des alentours du parc des Princes une vaste galerie commerciale. Dès lors, pour le stade Jean Bouin, tout le (funeste) projet s'éclaire.

Un scénario catastrophe évident

En effet, les 7500 m2 de commerces, qui n'ont aucun sens dans le stade de rugby voulu par Guazzini, en ont un vrai dans la galerie commerciale rêvée par Bazin.

Rappelons que le projet défendu par l'adjoint (pourtant communiste) au maire (pourtant socialiste) de Paris chargé des Sports consiste dans la démolition des installations actuelles du Stade Jean Bouin pour les remplacer par un stade de 20000 places, des courts de tennis supplémentaires (le stade n'en manque déjà pas), un gymnase sipplémentaire (où les scolaires, c'est la bonté qu'on croyait pouvoir nous octroyer avec suffisance, seraient tolérés), 1000 m2 de bureaux, une vaste brasserie, 7500 m2 de commerces (ce qui, à une moyenne de 100 m2 par commerce, n'en ferait pas moins de 75, une véritable galerie marchande à deux pas de Roland Garros !), et 500 places de parking dont 100 pour les riverains et 400 non pas pour les matchs, mais bien évidemment pour la galerie marchande.

Les travaux devraient coûter au moins 150 millions d'euros, peut-être 200 (ces chantiers font toujours l'objet de dépassement, et l'estimation du projet par la Ville a déjà plus que doublé en deux ans).

Rappelons aussi que les constructions du stade Jean Bouin sont organisées autour d'une tribune d'honneur datant de l'année 1925, exceptionnelle, qui mériterait d'être classée monument historique si nous avions un tant soit peu de respect pour autre chose que pour les monuments liés à la guerre et à l'argent.

Rappelons enfin que le stade Jean Bouin et son environnement immédiat, tant du côté parisien que de celui de Boulogne, forment un ensemble cohérent échelonné sur les années 1920 et 1930, en grande partie inspiré par les principes de l'utopie urbaine chère à l'après-guerre de 14, où l'on pensait pouvoir améliorer le monde par l'architecture et par l'urbanisme. De ce point de vue, les bâtiments administratifs mêmes du stade Jean Bouin actuel mériteraient protection publique.

Le statut actuel de Jean Bouin est flou : la concession a été renouvelée en 2004 à la structure associative qui la détient depuis l'origine du stade et qui lui est même antérieure, et qui, après s'être longtemps dénommée Club Athlétique des Sports Généraux (CASG), a fini par s'appeler Paris - Jean Bouin. Deux sous-concessionnaires figuraient dans la concession : le club d'arts martiaux Athéon qui occupe l'ancien gymnase (et dont personne ne conteste pour le moment la place), et l'équipe de rugby du Stade Français dont l'âme vigoureuse est Max Guazzini, avec de surcroît Lagardère comme invité, mais celui-ci semble désormais en retrait.

Ce renouvellement de 2004 n'a apparemment pas fait l'objet d'un appel d'offres et, voyant que la juridiction administrative s'apprêtait à l'annuler (et peut-être aussi pour réduire les résistances à ses projets immobiliers), la municipalité parisienne a cassé unilatéralement la concession à l'automne 2008, si bien qu'à première vue, le stade Jean Bouin se trouve depuis cette époque en gestion de fait, ce qui est assez grave au regard du droit administratif et pénal.

Le permis de démolir a été délivré et entériné par la justice administrative. Le permis de construire, lui, est encore soumis au débat et à l'enquête publique (désormais close) sur l'avenir du stade.

La démolition devrait être faite en pleine année scolaire, et à deux mois des élections régionales, en janvier prochain. Rappelons que 6000 élèves de l'enseignement public fréquentent le stade sans alternative possible.

L'UMP, le Nouveau Centre, le MoDem et les Verts ont exprimé leur rejet de ce projet à la fois coûteux, déséquilibré (que viennent faire les commerces dans un stade, et qui plus est dans un espace vert ?), inutile, faramineux en temps de crise, et finalement suspect.

Suspect ? Oui, car les appétits du voisin encombrant, le PSG, sont désormais patents. C'est là qu'il faut parler de Sébastien Bazin et de ses liens avec le pouvoir.

Sébastien Bazin et Nicolas Sarkozy.

Tout commence en mai 1993 : un inconnu prend en otage une école maternelle de Neuilly-sur-Seine. Parmi les enfants otages, la fille de Sébastien Bazin. Le ministre du Budget est aussi le maire de Neuilly, c'est Nicolas Sarkozy, il est sur place pendant toute l'opération de police (d'ailleurs diiscutée dans ses modalités). Depuis cette époque, les deux hommes sont amis et le président ne dédaigne pas de venir s'asseoir dans la tribune d'honneur du Parc des Princes où joue le club désormais présidé par son ami, le PSG.

Or Sébastien Bazin est avant tout un financier qui dirige l'antenne européenne d'un fonds d'investissement de droit américain, Colony Capital, dont le métier est l'immobilier. Sa vision du quartier est conforme à son métier : il a de forts intérêts dans le groupe hôtelier Accor, donc un hôtel dans la piscine Molitor ; il en a dans le groupe Carrefour (qui par ailleurs ne va pas fort), donc des commerces partout.

Tout ceci est cohérent, de son point de vue. Ce qu'on ne comprend pas bien, c'est pourquoii la Ville de Paris, dirigée par une municipalité qui se dit de gauche, sert à ce point les intérêts d'un personnage si proche du pouvoir gouvernemental (et présidentiel) de droite, au mépris du domaine public et de milliers d'élèves de l'enseignement public.

Car les 7500 m2 de commerces prévus dans le projet n'ont aucun rapport avec l'édification d'un stade entièrement dédié au rugby. On aurait pu à la rigueur comprendre l'utilité de ce stade, quoique Charléty ait été lui-même conçu pour ce même sport, mais les commerces y sont une sorte de "cavalier" (au sens d'un cavalier législatif), un grumeau sans cohérence, dont le but ne peut être que de rejoindre le projet de Colony Capital.

C'est alors que l'entrée de Bernard Laporte au gouvernement, puis à l'UMP, depuis l'automne 2007, prend tout son sens : Laporte est un proche de Max Guazzini, patron de l'équipe de rugby du Stade Français, en principe bénéficiaire de la construction du nouveau stade, et lui-même très très proche de Bertrand Delanoë, maire de Paris.

On a donc en direct ce qui ressemble à s'y méprendre à la collusion d'une bande de malfrats qui va empocher des millions sur le dos du domaine public.

Même du point de vue fiscal, le projet d'implantation des commerces n'a aucun sens : depuis la suppression de la taxe professionnelle, l'implantation d'entreprises et de commerces ne rapporte plus rien aux villes (écoutez ce qu'en dit Santini quand il explique qu'à Issy-les-Moules, la taxe pro représente 72 % de ses rentrées budgétaires) et, tout au contraire, pour une bonne santé financière, les villes ont intérêt à dorloter leurs habitants pour que les taxes immobilières rapportent, donc à mettre l'accent sur les infrastructures, l'environnement et le cadre de vie, plus de proximité, moins de béton.

Un projet alternatif

Le projet alternatif consisterait à intégrer une partie des installations existantes (dont la tribune 1925) dans un stade de rugby rénové, en harmonie avec l'atmosphère 1920-1930, ne privant pas les enfants des écoles de leur terrain de plein air, ni l'espace vert de sa végétation. L'ensemble coûterait sans doute 40 millions d'Euros, guère plus, ce qui permettrait de réserver le reste des fonds mobilisés par la Ville de Paris à de réels investissements collectifs (on parle notamment de tramway dans l'est parisien).

C'est sur cette base que le Comité Jean Bouin appelle à une manifestation sur place dimanche matin, de 11 h 30 à 13 h. J'irai.

10/09/2009

Paris Jean Bouin : les soupçons de fraude et le piège.

Il y a une ou deux chose(s) que je ne vous ai pas dite(s) et qu'il faut savoir pour comprendre une partie des événements qui dramatisent l'affaire du stade Jean Bouin.

Les rivaux de Painful Gulch

Tout d'abord, il y a la rivalité profonde, traditionnelle, entre le Stade Français et le Racing Club de France (RCF). C'est un peu ce que sont Oxford et Cambridge à l'aviron britannique ou le PSG et l'OM au football français. On pourrait aussi parler des rivaux de Painful Gulch d'un certain album de Lucky Luke par Morris et Goscinny. C'est pire que des haines de clans corses.

La situation, telle que je l'ai laissée en quittant la mairie du XVIe en 2001, était que Jean Bouin était le lieu d'une véritable guerre de tranchées entre le Stade Français (qui occupait le terrain de rugby) et le RCF qui dominait plusieurs sections du CASG (alors concessionnaire de Jean Bouin), club devenu petit et balkanisé par la lutte des plus grands. Or depuis longtemps, Lagardère est proche du RCF. Et comme Arnaud Lagardère s'est beaucoup investi dans le sport de compétition professionnelle, il louchait sur Jean Bouin. On avait donc deux milliardaires face à face : d'un côté Max Guazzini et ses maillots roses, de l'autre Arnaud Lagardère et ses tennismen plaqués or.

En 2004, la concession du stade Jean Bouin vint à échéance (les concessions sont renouvelées tous les quinze ou vingt ans). Le CASG, se sentant menacé par les appétits de Guazzini et du Stade Français, avait accepté d'ajouter Paris à son nom historique, mais ce n'était pas suffisant. Il lui fallait un protecteur, ce fut Lagardère, renouvelant le système d'alliance et de bascule traditionnel du CASG entre le Stade Français et le RCF. À cette occasion, la concession du stade Jean Bouin, attribuée depuis des lustres au CASG, fut donc donnée à une nouvelle entité, Paris - Jean Bouin - Lagardère.

Tout ça dans un petit stade de quartier dont la vocation éducative est évidente. Bref...

Les avatars successifs du projet

Depuis longtemps, comme je l'ai écrit, Guazzini avait envie de développer son emprise sur le site. Nous avions toujours résisté à cet appétit dont les inconvénients étaient aussi manifestes qu'aujourd'hui. Cependant, nous n'étions pas hostiles à une rénovation du stade. C'est celle qui, je crois, a été votée notamment par l'UDF de l'époque, et avec mon approbation, en février 2007. Elle coûtait déjà officiellement 69 millions, au moins deux fois moins qu'aujourd'hui.

En décembre 2007, le projet avait changé du tout au tout (Laporte, proche de Guazzini, était alors au gouvernement et, il est vrai, la coupe du Monde venait de mettre le rugby en valeur). Il coûtait subitement 86 millions d'Euros, et aboutissait purement et simplement au projet actuellement discuté : destruction, reconstruction, disparition des scolaires et du club omnisport. On apprend par le blog que Lagardère, lui, visait à une occupation encore plus privative du stade, dédié à l'entraînement de ses chers (et coûteux) tennismen...

L'étape suivante, nécessaire aux travaux puisque Paris - Jean Bouin refusait la démolition du stade, fut la résiliation unilatérale de la concession de Jean Bouin par la Ville de Paris, au cours d'un vote où, en novembre 2008, la séance du Conseil de Paris fut particulièrement houleuse : seuls les partis de gauche votèrent pour, ce qui est tout de même assez fort s'agissant d'une mise à l'écart des scolaires : PS, PRG, PCF, MRC, ont voté pour. La plupart des Verts, et tous les autres (dont, je suppose, l'élue MoDem) votèrent contre la résiliation. Le coût du projet avait encore enflé, ayant presque doublé en vingt mois : on en était à 120 millions d'Euros.

Soupçon de fraude

Il y eut un coup de théâtre au printemps suivant : en avril 2009, le Tribunal Administratif (TA) jugea la convention de Paris - Jean Bouin illégale, observant que des conditions de publicité pourtant élémentaires n'avaient pas été respectées, comme le relate le blog d'un élu UMP dissident. Cette décision juridictionnelle mit la justice pénale en mouvement, et Max Guazzini et Bertrand Delanoë furent entendus comme témoins, en juillet, par la Brigade de Répression de la Délinquance Économique et Financière (BRDE).

Bien que fragilisés par la décision du TA, l'équipe de Paris - Jean Bouin et le collectif Jean Bouin se manifestèrent bruyamment, pétitions, dépêches de presse notamment. D'autres voix jugeaient le destin du stade scellé.

Il y eut le 3 septembre dernier la présentation houleuse à la mairie du 16e, où le maire du 16e, Claude Goasguen, se montra incisif, et j'ai croisé ce soir-là un personnage d'aspect sympathique, dont je viens d'apprendre qu'il est Sylvain Garel, un adjoint au maire de Paris, chargé d'exprimer le refus catégorique par les Verts du projet du nouveau Jean Bouin.

Un projet faramineux, des comptes douteux

Mme Hidalgo a une curieuse arithmétique. Elle a expliqué que, si le coût du projet frisait désormais 150 millions d'Euros (selon elle, d'autres disent 200 millions en incluant notamment 25 millions pour créer ... trois terrains de gazon au milieu du champ de courses d'Auteuil, ce qui met tout de même le terrain à 8 millions pièce, alors que les miens coûtaient trente fois moins...), si donc on atteignait ce chiffre, c'est qu'il fallait appliquer l'indice du coût de la construction au chiffre précédent. Cet indice, selon elle, étant à 4,5 %, l'appliquer à 120 millions donnerait une majoration de ... (120Mx0,045=) 5,4 millions. Le montant, avec ce simple indice, aurait dû être 125,4 millions. À l'inverse, le coût de 150 millions représenterait une hausse de 25 % (et non 5,4 %). Or les travaux sont appelés à commencer dans six mois (donc + 12,5 %) et à durer trois ans (donc + (3x25 %=) 75 %). Le tout fait + 87,5 % d'augmentation de l'indice de la construction selon Mme Hidalgo. Son projet digne de l'empereur Bokassa ou du Roumain Ceaucescu s'élèverait en définitive à (150M + (150M x 0,875 = 131,25) =) 281,25 millions d'Euros. Allez, avec les faux-frais, disons 300 millions d'Euros. Une paille.

Je relève dans l'un des articles du Parisien que j'ai mis en lien le descriptif de ce que devrait être, dans l'esprit de la municipalité, le nouveau Jean Bouin (précisions tirées des explications données par Mme Hidalgo) :

"1000 m2 de bureaux, 7400 m2 de commerces et un parking de 500 places (dont 100 à un tarif résidentiel) sont prévues."

1000 m2 de bureaux, et ... 7400 m2 de commerces !!!

Franchement, ça vaut le coup que la municipalité dépense 200 ou 300 millions d'Euros pour construire une brasserie de luxe et plus de 7000 m2 de commerces de luxe dans le 16e, on ne sait tellement plus où fourrer le pognon, tellement qu'on en a, alors bien sûr, les investissements de tramway, de santé, d'éducation, peuvent attendre : l'urgence, c'est de construire des commerces de luxe dans le 16e. Et toute la gauche a voté pour, communistes y compris. Lénine, relève-toi, etc.

Si les socialistes continuent, ils finiront par s'aliéner définitivement les électorats de bonne volonté, centristes et écologistes. Un instinct suicidaire ? L'envie de tomber dans un piège ?

En terminant cette seconde note de synthèse, j'avoue que j'ai honte de notre personnel politique, et je remercie ceux des élus qui ont le courage de ne pas capituler devant ce que François Mitterrand nommait les "forces de l'argent". Je regrette véritablement le temps où la gauche savait se battre contre l'appétit des promoteurs, merci encore à Jack Lang d'avoir classé la piscine Molitor.

Résister, c'est créer, créer c'est résister.

09/09/2009

Paris - Jean Bouin : non à la dernière séance !

04/09/2009

"No pasaran" et le stade Jean Bouin.

Soirée thénatique, c'et imparable : de 7 à 9 à la mairie du XVIe arrondissement pour débattre de l'avenir du stade Jean Bouin (et accessoirement de l'hippodrome d'Auteuil, dans le Bois de Boulogne). De 10 heures à minuit aux Champs-Élysées devant le film "No pasaran". Deux points communs pour cette soirée thématique : le rugby, et l'apparition d'un supposé progrès dans un paysage calme.

L'histoire du stade Jean Bouin

Je ne vous infligerai pas le calvaire d'un historique remontant aux calendes celtiques, mais tout de même : la paroisse primitive englobant Boulogne, le Bois, Auteuil et Passy, se nommait, au temps de Clovis et un peu après, "Nemetum". Est-ce un mot franc, un mot romain ? Non, c'est un mot gaulois : le nemeton est le bois sacré des temps druidiques. Ce Bois était tellement sacré que, deux mille ans plus tard, il en reste un grand bout, irréductibe, le Bois de Boulogne.

Dans les années 1850, Napoléon III, l'empereur bling-bling, écouta l'idée de génie d'un de ses conseillers qui voulut faire un nouveau quartier, ultra-snob, qui serait pris sur le Bois de Boulogne. Ce quartier s'appellerait (on se croirait dans Astérix),  non pas le Domaine des Dieux, mais le quartier des Princes. De ce quartier est né le Parc des Princes, par exemple, qui a succédé à un autre stade qui avait une vocation fort différente. Dans ce quartier des Princes, selon le décret bling-bling, on ne pouvait faire commerce, et on devait faire du sport. Là furent implantées les Serres d'Auteuil dont je vous recommande la visite florale, et progressivement une série d'équipements sportifs implantés notamment sur l'espace gagné par la démolition des anciennes fortifications de Paris. Il y eut le Parc des Princes, le stade du Fond des Princes, et puis deux fleurons : Roland Garros et Jean Bouin, dont le dispositif fut complété par une piscine d'architecture très inspirée pour son époque (les années 1920) : la piscine Molitor. Je pourrais d'ailleurs y ajouter Géo André, stade originel du Stade Français (club omnisport dont le rugby est la vitrine), et même le stade Pierre de Coubertin, qui est en fait un monument regroupant des gymnases, célèbre pour l'escrime et le judo.

Jean Bouin a encore sa tribune d'honneur datée de 1925, une rareté que les projets de la municipalité parisienne promettent aux dents d'acier des bulldozers, alors qu'on devrait la classer.

Jean Bouin a eu son heure de gloire, il y a très longtemps. Puis progressivement, au même rythme que d'un côté le vieux Parc des Princes dédié au cyclisme subissait l'éclatante métamorphose qui l'a changé et temple de béton, et que de l'autre côté Roland Garros devenait l'une des références mondiales du tennis à grand spectacle (dévorant même le stade du Fond des Princes), la piscine Molitor s'assoupissait comme une Belle au Bois (de Boulogne) Dormant, et Jean Bouin se ramollissait en stade de quartier, oublié entre les deux géants.

Dans les années 1980, il était même si assoupi qu'un promoteur eut l'idée de raser lui et la piscine, et de bâtir des immeubles de quinze étages. Les druides ont dû se retourner dans leur tombe. La démolition de la piscine Molitor était imminente lorsque Jack Lang, par pure malice, pour casser les pieds de Chirac alors maire de Paris, eut la bonne idée de faire classer une partie de la piscine par son ministère de la Culture. La piscine était sauvée, mais depuis, elle est au piquet, l'administration municipale de Paris lui en veut. L'ancien directeur des Sports de la Ville m'a dit en 1995 : "Moi vivant, jamais la piscine Molitor ne sera restaurée". Elle n'a pas bougé depuis malgré les promesses de Delanoë.

De son côté, Jean Bouin a traversé une période de turbulence au début des années 1990 : un entrepreneur voyait grand pour l'équipe de rugby du Club Athlétique des Sports Généraux (CASG), la structure associative alors résidente du stade. Il fit beaucoup, mais récolta un désastre financier, qui mit l'existence même du CASG (et donc de Jean Bouin) en péril. C'est alors qu'apparut un chevalier blanc : Max Guazzini, cofondateur de la radio NRJ et propriétaire de 5 % du groupe, ce qui alors devait faire quelques centaines de millions de Francs. Guazzini proposait d'absorber la section rugby du CASG et son gouffre financier dans une nouvelle structure, paritaire avec le Stade Français. L'équipe s'appellerait Stade Français - CASG, elle jouerait à Jean Bouin. Guazzini injectait 15 millions de son argent et apportait son savoir-faire.

L'histoire est connue : en trois saisons, l'équipe atteignit l'élite, sous l'impulsion notamment de son entraîneur Bernard Laporte (dont l'image n'était pas aussi sulfureuse alors qu'elle l'est aujourd'hui). Puis ce fut le sommet, les boucliers de Brennus (encore un Gaulois) en chapelet, puis les calendriers érotiques et le maillot rose de meilleurs grimpeurs du rugby mondial, par la face Nord.

Lorsque j'étais élu chargé des sports dans ce quartier, l'aventure de Guazzini m'était sympathique, j'allais souvent à Jean Bouin soutenir l'équipe. J'y croisais des journalistes sportifs, des gens des médias, du fric, et Pascal Nègre. Je n'ai jamais réussi à y faire venir Bayrou pour un match Paris-Pau.

Dès ce temps, Guazzini se trouvait à l'étroit dans son terrain herbeux, il rêvait de plus grands espaces, débordait sur le Parc des Princes, et louchait sur les parties du stade qui ne lui étaient pas dévolues.

Il faut dire que, comme stade de quartier, Jean Bouin est crucial : il y a un stade purement municipal (pour le moment) juste à côté, et les deux doivent suffire à environ 6000 élèves du secondaire public, plus les centaines d'adhérents des sections athlétisme, football, basket, hand, et hockey sur gazon (très nombreuse à Jean Bouin, l'un des rares stades parisiens à pratiquer encore ce sport). Cette situation incontournable a retenu longtemps la municipalité parisienne de succomber aux instances du grand Max.

Fin 2006, on m'a parlé d'un projet dit "Paris 2012", dans le cadre de la candidature de Paris aux Jeux Olypiques (JO) de 2012. Il s'agissait de construire une tribune nouvelle, ou de surélever celle qui existait du côté de Boulogne (l'une des rues qui bordent le stade est frontalière de la ville de Boulogne-Billancourt). Mouais. c'était encore du béton, mais de toutes façons, il va bien falloir moderniser un peu Jean Bouin qui, il est vrai, est vétuste. En contre-partie, on proposait d'ouvrir enfin l'espace central de l'hippodrome d'Auteuil pour y implanter des terrains de sport. La contrepartie était valable. Quand on me demanda mon opinion, j'indiquai qu'on pouvait voter le projet, ce qu'ont fait, je crois, les élus UDF (ou la plupart d'entre eux, même Bariani concerné de près) en février 2007.

Apparemment, dès la fin 2007, le loup était sorti de la bergerie, et le projet actuel commençait à circuler. Il faut dire qu'entre-temps, Laporte, proche de Guazzini, avait été nommé au gouvernement... Guazzini parvenait à mettre en synergie, à son profit, la droite et la gauche.

Sur le papier, c'est séduisant : un stade hi-tech, éclairé grâce à des panneaux solaires, utilisant l'eau de pluie pour arroser le gazon, et construit avec des matériaux peu carbonés. Seulement voilà : ce stade "fait" 20000 places. À côté du Parc des Princes, c'est comme une réplique en miniature de l'épouvante. Et surtout : exit les scolaires, place aux vrais sportis, ceux qui sont là pour éclabousser l'écran d'une gifle de paillettes et pour faire du fric, du vrai. Et bien entendu, revoilà notre promoteur, un peu plus modeste, qui veut implanter des tas de boutiques dans le nouveau stade, petit colosse.

En somme, on dépense au moins 150 millions d'Euros (trois fois le montant nécessaire à la restauration de la piscine Molitor, 150 ou 200 fois de quoi construire une crèche dans le XIIIe ou dans le XIXe) pour évacuer du sport scolaire et associatif et le remplacer par du sport bling-bling.

Et tout ça, par une municipalité de gauche.

Un cauchemar.

Anne Hidalgo et son adjoint aux sports ont mal défendu, ce soir, un dossier qui n'est pas défendable autrement qu'en exprimant ce qu'ils ont fait : la haine des gens du XVIe, une haine stupide et aveugle, qui ignore complètement la réalité sociologique de l'arrondissement, notamment du sud. Certes, je ne dirai pas que le XVIe soit un quartier déshérité, mais si l'on y voit une population d'environ 150000 habitants, dont environ 20 % votent à gauche, on ne sera pas loin de considérer que les 6000 gamins du secondaire public sont ceux dont les parents votent pour Delanoë, et qui n'ont pas de solution de rechange à la disparition d'un équipement de quartier comme Jean Bouin.

Et d'ailleurs, les prof d'EPS (j'ai cru d'abord qu'ils étaient prof de PS et je ne comprenais pas) étaient là, ce soir, fous de rage, véhéments : personne ne les a consultés, ni eux ni les chefs d'établissements. "Nous travaillons avec  le rectorat, seul compétent, puisque c'est lui qui attribue les créneaux horaires dans les stades", plaidait Hidalgo. "C'est faux ! hurlaient les prof d'EPS, personne n'est consulté ! Il n'y a rien au rectorat !"

La seule compensation proposée est gorgée d'arrière-pensées politiques honteuses : si les terrains de sport (qui doivent accueillir les activités devenues impossibles à Jean Bouin) ne se font pas à l'hippodrome d'Auteuil, ce sera la-faute-à-la-droite, puisque c'est la droite qui gouverne et que l'hippodrome est à l'État. Certes, c'est politiquement satisfaisant, de pouvoir dire c'est-la-faute-à-l'autre, mais en attendant, qu'est-ce qu'on fait des 6000 gamins qui n'ont pas de stade ?

6000 gamins qu'on va promener en autocar, pendant au moins 3 ans, dans des stades du XVe (l'arrondissement qu'Hidalgo n'a pas gagné en refusant de s'allier avec le MoDem) ou peut-être du XVIIe. À raison de 35 jeunes par autocar, ça fait environ 170 rotations par semaine, 170 allers et 170 retours, dans les embouteillages, dans la pollution, et produisant de la pollution. Une réussite. Et si le champ de courses traîne, ce sera pour des années, des années, des années... des années... des années... 170 allers, 170 retours par semaine, 700 par mois.

Depuis vingt ans que la piscine Molitor a fermé, les enfants des écoles primaires publiques du XVIe n'ont plus que 40 % des créneaux horaires de piscine nécessaires. Des générations entières ne sont jamais allées à la piscine de toute leur scolarité primaire. Tout ça parce que des connards de politique trouvent ça marrant de pouvoir dire c'est-la-faute-à-l'autre. Et j'invite ceux qui croient que les écoles publiques du XVIe sont des annexes du Jockey-Club à faire la sortie des écoles, pour comprendre la sottise de leurs préjugés.

Or concernant le champ de course supposé servir d'espace sportif de rechange, on a des raisons d'être sceptique : les procédures de décision sont infiniment lourdes le concernant, parce qu'il appartient à l'État, qu'il implique quatre ministères différents (chacun avec son esprit de clocher), que la Ville de Paris en est en partie concessionnaire (ou l'était jusqu'en 1999), que le concessionnaire (France Galop) ne pense qu'au fric, et que tout cela a fait que, de 1999 à 2006, l'exploitation des champs de course du Bois de Boulogne n'avait plus aucun support juridique : de 1999 à 2001, le gouvernement de gauche ne voulait pas s'entendre avec la Ville de Paris de droite. De 2001 à 2002, c'était trop court, et de 2002 à 2006, c'était le gouvernement de droite qui ne voulait plus s'entendre avec la Ville de Paris de gauche, la roue avait tourné. Ubu roi. Kafka. Enfin, il a fallu toute la savante diplomatie de Rothschild, nouveau patron de France Galop, pour parvenir à faire sortir les champs de courses de la gestion de fait dans laquelle ils traînaient depuis des années parce que nanana la droite ne travaille jamais avec la gauche et réciproquement, car c'est beaucoup plus satisfaisant de pouvoir dire que c'est-la-faute-à-l'autre.

Donc, en résumé, on a un stade un peu vétuste qui mériterait un toilettage (pour pas cher), on a un président de club sportif qui veut faire dépenser au moins 150 millions d'Euros (d'aucuns disent 200 millions) à la Ville de Paris pour un stade où son équipe jouera ... huit ou dix fois par an ... Hein ? 200 millions d'Euros, les scolaires à la rue, pour un stade où on va jouer huit ou dix fois par an ?????

Pincez-moi. On a une municipalité de gauche, à Paris ?

Et qu'ont-ils de génial à dire pour leur défense, les politiques promoteurs de ce projet génial ? C'est que dans tout le XIXe arrondissement, il y a en tout et pour tout 3 grands terrains de sport. Trois. Diable, c'est vrai, ce n'est pas beaucoup, c'est un chiffre honteux, on voit qu'ils sont au pouvoir depuis huit ans et qu'ils ont massivement investi pour que l'Est parisien rattrape son retard sur l'Ouest... Hum. Donc, pan dans la gueule, vilains petits bourgeois du XVIe (je crois avoir assez démontré que ce n'étaient pas les bourgeois du XVIe qui allaient trinquer, mais les autres), vous qui avez plus de terrains que les autres, on vous les sucre et on les donne à n'importe qui qui va y faire du pognon. En somme, il ne s'agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul, mais de déshabiller Pierre pour n'habiller personne. De déshabiller Pierre pour déshabiller Pierre.

Du temps où je m'en occupais, la création d'un terrain de football coûtait environ 1,5 million de Francs, soit 230000 Euros. J'ai cessé en 2001, mettons que les prix aient fortement augmenté depuis, allez, disons 400000 Euros. 200 millions d'Euros, ce sont 500 terrains de football que la municipalité pourrait créer dans les quartiers qui en manquent. 500 terrains de football. Mais non, il est plus urgent de punir les nantis du XVIe (qui votent si mal) en leur ôtant les terrains qu'ils ont. Na.

C'est bête à pleurer, à manger du foin.

Enfin, cerise sur le gâteau, Mme Hidalgo a failli nous faire pleurer (d'émotion et d'attendrissement, cette fois-là), en nous expliquant que la construction de ce nouveau stade allait créer des centaines d'emplois dans le bâtiment.

C'est là qu'on rejoint la seconde partie de notre soirée thématique :

"No pasaran"

L'histoire de "No pasaran", vous la connaissez, nous la connaissons, nous l'avons vue à la télé, lue dans la presse, quand nous regardions encore la télé et lisions encore la presse. C'est celle des Pyrénées, de la Vallée d'Aspe, des constructions d'autoroutes et de la réintroduction des ours.

Voici un paysan pyrénéen, 40 ans, toujours puceau (comme dit un autre film), mais un artiste du jambon (mmh j'ai eu une furieuse envie de dévorer un jambon de montagne en sortant du cinéma). Son député-maire est tout fier d'annoncer que sa belle vallée va accueillir le progrès, une autoroute, l'axe européen E38. Fini le bon air. Mais il ne va pas se laisser faire, notre jambonneur, il va faire appel à une éco-terroriste (Rossy de Palma échappée de la grande époque d'Almodovar, une virtuose du coup de poing au service de l'environnement, fort critique contre les écologistes qu'elle accuse d'être plus attachés à leurs éco qu'à autre chose) et, bref, le film est très drôle, quelques clichés, beaucoup d'idées tout à fait idiotes et délectables.

Et l'argument est connu : l'autoroute, c'est le progrès. Mais est-ce le seul progrès possible ?

Et en apparence, la construction du nouveau stade, ce sont des emplois, c'est le progrès, le sport de haut niveau, à Jean Bouin, c'est le progrès, ce beau stade tout bardé de certificats de développement durable, c'est le progrès. Ouais, sauf que, en fait, on pourrait s'en passer, on n'en a pas besoin, il y a déjà deux grands stades sous-utilisés en Île de France : le Stade de France et Charléty (à Paris XIIIe). Pourquoi construire un stade de plus quand on n'utilise pas ceux qu'on a ?

Et pourquoi cette autoroute saloperait-elle la Vallée d'Aspe quand on pourrait faire autrement, développer d'autres moyens de transport ? Alors, "no pasaran", le cri des communistes espagnols d'autrefois, traduction du fin mot des poilus de Verdun : "Ils ne passeront pas".

28/06/2008

Défilés parisiens.

Eh non, je ne vais pas parler de la prochaine collection printemps-été de Lagerfeld ou de Valentino : curieusement, Paris avait aujourd'hui la tête aux défilés.
 
Vers 14 heures, je suis allé serrer la main (et la bise pour les filles) des oranges qui animaient le char tout ballonné de Centr'égaux à la marche des fiertés. J'y ai vu notamment Margaux Gandelon, candidate sur la liste des Engagés.
 
Je ne suis pas resté longtemps : ils avaient mis la sono à fond et j'ai cru que j'allais crever de bruit. Cela dit, c'était bon enfant, le char de la CFDT était orange fluo, il y avait des centaines de jeunes tout en noir, quelques déguisements décoratifs, bref, un peu formel, mais pas totalement.
 
Puis en rentrant par le boulevard Raspail ensoleillé, j'ai eu l'idée soudaine de faire un détour par les Champs-Élysées. Là, tout autre surprise : deux défilés arpentaient l'avenue de bas en haut et de haut en bas en secouant l'épaisse pollution automobile avec le vacarme de leurs cornes de brume : l'un en rouge et noir, était les supporters du Stade Toulousain ; l'autre, en bleu et jaune, ceux de l'AS Montferrand (Clermont-Ferrand). Curieusement, des petits groupes de Montferrandais défilaient avec les Toulousains, bras-dessus bras-dessous. Et même, les deux défilés se rejoignaient au milieu de l'avenue, tout joyeux, et chantaient ensemble leur grande joie de la fête que sera ce soir la finale du championnat de France de rugby.
 
On rêve de voir ainsi les joueurs du PSG et de l'OM fraterniser l'après-midi avant le match... Ah, c'est décidément un beau sport, le rugby.
 
Enfin, c'est pas tout ça : allez Montferrand ! euh ... allez Toulouse ! euh ... allez les petits ! comme disait feu Roger Couderc qui s'y connaissait.

13/10/2007

Fin de l'ère Laporte.

Quand Bernard Laporte a pris les rênes de l'équipe de France, nos joueurs n'étaient plus du tout comlpétitifs ; contre l'Angleterre et surtout contre les pays du sud, ils semblaient fluets, chétifs, lents, à peu près comme des amateurs contre des professionnels. Il faut être recopnnaissants envers Bernard Laporte d'avoir comblé ce vide : désormais, fût-ce en volant un peu un essai, l'équipe de France est capable de battre les All Blacks en compétition officielle.
 
Mais il reste à réinventer le jeu à la française.
 
Car véritablement, l'équipe de France manque d'imagination, de créativité, de mouvement. On a découvert un Chabal en qui on voyait un Jonah Lomu et qui n'est qu'un bon perforateur, peu résistant cependant. On a vu des buteurs plus ou moins heureux, un Michalak très maladroit, et plusieurs des anciens que l'on n'aurait pas dû rappeler, tel Dominici qui a fait de grandes heures mais dont le temps est passé.
 
Voilà. Merci Laporte. Merci pour une résurrection, de longues et belles années de matchs héroïques, des tournois gagnés, un sport modernisé de fond en comble. Les fondations sont posées, il faut maintenant créer et réapprendre à créer. N'est-ce pas un message qui dépasse de loin le rugby ? 

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07/10/2007

La France gagnera-t-elle sa coupe du monde malgré tout ?

Une finale ... contre l'Argentine ... finir la coupe du Monde en effaçant son erreur initale, voilà le programme de l'équipe de France de rugby pour les quinze jours qui viennent.
 
Ce samedi a vu la révolte de l'hémisphère nord, défaite de l'équipe d'Australie sur une stratégie de pur jeu au pied, sans doute la seule raisonnable contre le roc australien, défaite des All Blacks dont le point faible est devenu manifeste : le combat physique. Pour un All Black, percuter la défense adverse, provoquer un regroupement, comme tant d'équipes le font, c'est galvauder le jeu. Les seigneurs Blacks se doivent de rester debout, feux follets, insaisissables. Hélas pour eux, une défense très regroupée comme celle de la France en seconde mi-temps hier les contraint à plonger les mains dans le cambouis et la sueur. Alors, la fatigue vient vite et le dépit.
 
Une demi-finale contre l'Angleterre ne sera certainement pas une partie de plaisir, mais à domicile, dans l'euphorie, les Bleus se qualifieront. Et ils gagneront leur coupe. Et c'est normal : n'avons-nous pas dépensé des sommes énormes pour la promotion du rugby ?
 
Et puis, le pouvoir a tellement besoin d'arguments pour relancer sa popularité déclinante. 

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03/10/2007

Guy Môquet innocent !

Je n'ai pas écrit depuis les derniers matchs de poule de la coupe du monde de rugby. Un constat s'est imposé à cette occasion : on avait accusé la lettre de Guy Môquet d'avoir fait perdre l'équipe de France contre l'Argentine, mais qu'on se le dise, c'était une insulte au talent des Argentins qui sont tout simplement très bons.
 
Quant à l'équipe de France, il lui faudra beaucoup d'inspiration et de chance pour parvenir en demi-finale. À ce stade de la compétition, le trophée paraît promis à une équipe de l'hémisphère sud. On verra. 

15:06 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : rugby | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

22/09/2007

Une équipe de rugby défensive.

La principale qualité de l'équpe de France de rugby, ces jours-ci, est défensive. Peu d'imagination en attaque, stratégie physique surtout. Cet atout défensif et physique n'a pas suffi contre l'équipe d'Argentine, bien plus puissante ; il a permis d'user en revanche la résistance des Irlandais. Tant mieux.
 
Hélas, tout montre que notre équipe rencontrera celle des All-Blacks en quart de finale. Il ne sera pas facile d'entrer dans le dernier carré.
 
Décidément, il ne se passe rien de bon pour secouer la France aphasique. 

15:21 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : rugby | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

08/09/2007

Laporte ne veut pas être ministre !

Être ministre de Sarkozy n’est guère agréable. On a connu villégiature plus riante et fonction mieux valorisée. Définition du poste de ministre sous Sarkozy : une potiche posée sur un siège éjectable. Alors voilà notre sélectionneur national qui s’aperçoit que finalement, quitter la fraîcheur du gazon pour les dorures ministérielles, avec un salaire au fond modique, tout ça n’est peut-être pas pour lui. Seulement il s’est engagé : s’il gagne la coupe du monde de rugby, il sera ministre. Il ne lui reste donc qu’une solution : perdre la coupe.

Évident, non ?

Plus sérieusement, Bernard Laporte est, avec Max Guazzini, la cheville ouvrière de la métamorphose vécue par le rugby français depuis une dizaine d’années, dont l’aspect – moins anecdotique qu’il n’y paraît - le plus notoire est le calendrier de rugbymen nus intitulé « Dieux du stade », qui est devenu un véritable succès commercial.

Bien entendu, on peut se gausser ou s’inquiéter de cette évolution vers une vision moins sportive et plus commerciale de l’image des sportifs. Et cependant, j’avoue que ces photos me rappellent les vases grecs antiques où les sportifs étaient représentés nus ; et d’ailleurs, ne dit-on pas qu’ils concouraient nus aussi ? Enfin, par goût personnel, j’ajoute que le corps de certaines athlètes est aussi de toute beauté, celui des sauteuses en longueur ou en hauteur par exemple, et je ne vois rien de choquant à ce que cette beauté soit révélée comme un témoignage d’une réalité digne et marquante, reflet de l’époque.

Ne nous voilons pas la face : il y a bien une dimension érotique dans l’attrait que nous éprouvons pour certains spectacles sportifs, comme pour tous les autres. Et beaucoup d’activités athlétiques dégagent une profonde sensualité. Là encore, en montrant les corps, on dit la vérité, rien de plus.

Pour en revenir à Laporte et Guazzini, ils sont ceux qui ont le mieux entraîné leurs troupes vers le professionnalisme, qui a été et reste une authentique révolution d’une discipline longtemps façonnée par l’éthique de l’amateurisme.

Au moment du bascule, les joueurs de rugby et leurs hommes d’affaires faisaient valoir que les matchs rapportaient de plus en plus de droits dérivés et que le statut d’amateur les empêchaient de prendre leur part de ce gâteau financier croissant. Ils avaient raison. Ils ont choisi le professionnalisme, ce n’est pas sans inconvénient mais, au final, on doit se souvenir de cette justice qu’il leur a rendue.

Guazzini est un entrepreneur, très lié à une certaine gauche, aimant peindre les maillots de ses joueurs en rose et siéger près de Delanoë ; il aime d’ailleurs fort les vases grecs évoqués plus haut. Il a fait fortune en participant à l’aventure de la radio NRJ, dont il possédait il y a peu encore 5% du capital, une somme très confortable, voisine du milliard de Francs en 2000 (soit 150 millions d’Euros en monnaie courante). En 1994, il a distrait une goutte d’eau de cet océan d’argent, quinze millions de Francs (2,3 millions d’Euros) pour renflouer une équipe de rugby en faillite, celle du CASG, un vieux club qui occupait le stade Jean Bouin, juste à côté du Parc des Princes à Paris. Il a adjoint le nom d’un autre vétéran du sport parisien, le Stade français, pour créer l’équipe du Stade français-CASG qui depuis lors a pu abandonner le vieux vocable CASG pour ne conserver que Stade français. L’équipe débuta en seconde division (ou l’équivalent) avec pour entraîneur Bernard Laporte.

Celui-ci eut l’inspiration de rappeler des joueurs plus ou moins retraités, l’ancien pack mythique de l’équipe de Bègles. Il y ajouta un buteur génial et argentin (déjà), le phénoménal Diego Dominguez.

En une saison, l’équipe retrouva l’élite, la saison suivante, elle disputait la seconde division européenne de l’époque, le “bouclier européen“, puis s’enchaînèrent les titres de champion de France.

Au bout de quelques années, Laporte fut appelé pour relever l’équipe de France, qui essuyait défaite sur défaite, en partie à cause des réglementations sur le dopage qui variaient entre les pays anglo-saxons et le nôtre. Laporte, patiemment, mais vite, rebâtit une équipe capable de gagner et emporta des tournois des Six Nations.

Dans le même temps, il venait souvent assister aux matchs de l’équipe du Stade français à Jean Bouin et je le rencontrais dans la modeste tribune présidentielle où j’étais en principe bienvenu comme adjoint aux sports de ce quartier parisien. On dit qu’il continuait et continue à donner plus que des conseils pour l’équipe de Guazzini.

Depuis dix ans, il a presque tout gagné. Il a été recruté avec pour objectif principal de faire remporter une première coupe du monde par nos joueurs. Rien n’est perdu. En vérité, le résultat médiocre obtenu hier soir entretient le suspens pour la suite de la compétition. À voir Zidane s’entraîner avec les All Blacks, on a fini par se demander si ces derniers n’étaient pas les vrais favoris du public français.

Allons, Sarkozy a fait de déplorables championnats du monde d’athlétisme, le voici pour une compétition rugbystique à qui perd gagne. En tout cas, qu’il ne vienne pas nous prétendre qu’il fait gagner la France : on ne le croira pas.