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31/05/2007

François Bayrou : le temps de l'âge adulte ?

Depuis le début de la Ve république, les présidents se sont succédé et peu à peu, on a vu apparaître, à travers leurs efforts pour accéder à la magistrature suprême, des stratégies d'entourage de plus en plus diverses. Pour François Bayrou, la route, de ce côté-là, semble très linéaire.
 
N'évoquons pas ici la figure de de Gaulle, ni celle de Pompidou, le premier ayant atteint l'Élysée en surfant sur des événements historiques, le deuxième en se démarquant du premier après l'avoir servi pendant six ans.
 
Le cas Giscard d'Estaing est encore différent et, là encore, la question de l'entourage n'est pas centrale, puisqu'il a exercé pendant quinze ans les fonctions de secrétaire d'État puis ministre des finances. On cite cependant deux noms, deux Michel : Poniatowski et d'Ornano. Il y en aurait d'autres, mais peu d'études ont dévoilé la trame du cas Giscard.
 
En fait, la stratégie n'est mieux connue qu'à partir de Mitterrand. Un excellent documentaire (était-il d'Hervé Hamon ?) a retracé la longue marche de Mitterrand, sa stratégie des cercles concentriques et intersecteurs. On connaît les noms de ses fidèles de la première heure, ceux qui l'ont connu dès la période de la guerre et des camps de prisonniers. On trouve facilement les noms de Rousselet, de Pelat, de Grossouvre, même celui de Danièle Gouze, sa femme, qui a joué un grand rôle dans sa chrysalide politique. On entend encore Roland Dumas ou Roger Hanin.
 
Pour Chirac, il faut découper les cercles en strates chronologiques. Il y a son mariage, sa femme, fille du dilpomate Geoffroy de Courcel qui accompagnait déjà de Gaulle dans l'avion qui le menait à Londres au printemps 1940. Il y a ensuite Pompidou, le détecteur, et ce fameux médecin maire de Brive dont le nom m'échappe et qui l'a promu sur le terrain.
 
Puis à partir du moment où Chirac devient présidentiable, les strates se clarifient. Il a ses mentors.
 
Il s'agit d'abord du tandem Marie-France Garaud, Pierre Juillet, puis de Charles Pasqua, trois noms qui sonnent très politiques et marqués à droite, et enfin Alain Juppé. Ce dernier est l'organisateur rêvé pour Chirac. Il fait de la Ville de Paris une mécanique admirable, bien huilée, un outil de haut niveau pour la conquête du pouvoir suprême. Il mène de même le combat victorieux pour l'Élysée en 1995.
 
Puis à Juppé succède Villepin et c'est le drame qui vient de se conclure comme on le sait. Sans doute Dominique de Villepin n'a-t-il pas dit son dernier mot, mais pour Chirac, l'aventure est terminée.
 
Dans chacune des époques de Chirac, la précédente laisse peu de traces. Bien sûr, on trouve des inconditionnels qui l'ont suivi dans toutes les tourmentes et dans toutes les virées. On murmure qu'un ancien ministre parisien partageait une garçonnière avec l'illustre président au beau temps des aventures féminines, celui où le maire de Paris était surnommé "DMDC" (douze minutes douche comprise). Il y a eu des seconds couteaux qui ne l'ont jamais abandonné. Mais l'entourage qui comptait se renouvelait avec l'arrivée du nouveau mentor.
 
Pour Bayrou (qui, il est vrai, n'a pas encore conquis l'Élysée), le chemin paraît plus linéaire, presque trop.
 
De sa jeunesse, l'ami indéfectible, le guide, était Pierre Letamendia, qui mourut voici déjà une dizaine d'années je crois. Il y avait aussi, parmi les Parisiens, d'ailleurs moins proches, Claude Goasguen ou Yves Pozzo du Borgo ; ces deux derniers sont à l'UMP ou chez Morin, ce qui revient au même. Je me souviens de la campagne interne de feu le CDS en 1994, les liens personnels perceptibles avec l'un comme avec l'autre.
 
Et l'avant-veille du scrutin, Pozzo disant "on va faire 764 voix", cependant qu'Éric Azière hochait la tête, là, dans le petit bureau du ministère de l'Éducation nationale, pendant que Bayrou rédigeait à côté son discours final du congrès ; Azière hochait la tête et comptait, quant à lui, 767 mandats pour Bayrou, qui en a eu finalement 765 ou 766.
 
De son passage au ministère, Bayrou a gardé un autre mentor, qu'il écoute comme on tend l'oreille devant son père, un recteur d'académie dont le nom m'échappe au moment où j'écris.
 
Plus récemment, il a été rejoint par un ancien journaliste qui l'a grandement aidé, psychologiquement, intellectuellement, à résoudre les problèmes intimes que les médias lui posaient. Il s'agit de Philippe Lapousterle qui, m'a-t-on dit, a auparavant parfois travaillé avec Georges Frèche (Frèche qui, je crois l'avoir écrit ici, était un copain de mon père).
 
On pourrait donc voir se dessiner une évolution dans l'entourage de Bayrou, si l'on relisait seulement ce que je viens d'écrire.
 
Et pourtant, non, il manque un nom et ce seul nom efface à lui seul tous les autres : Marielle de Sarnez, ex-épouse du maire de Deauville, Philippe Augier, et giscardienne des temps héroïques, 1974.
 
C'est incontestablement Marielle qui a permis à Bayrou de devenir présidentiable. C'est elle qui l'a mené jusqu'au seuil des dernières échéances.
 
Cependant, on s'interroge sur son rôle réel d'impulsion, on tente de disséquer le parcours récent de Bayrou et d'en faire la part des choses. On glose.
 
Serait-elle comme Moïse ? Faudrait-il qu'elle s'efface pour permettre à son protégé d'atteindre la Terre Promise ?
 
Et lui ? Ne serait-il pas temps qu'il volât de ses propres ailes ?
 
La politique n'est pas faite que de programmes ni de plateaux de télévision, ni même du travail de réseau : à échelle humaine c'est une aventure intérieure d'un personnage qui se découvre, se modèle, se façonne, jusqu'à atteindre son but.
 
Pour François Bayrou, l'heure des introspections commencera dans quelques semaines ou quelques mois, au plus tard après les municipales.
 
Et si l'ère Sarnez se terminait ? Et s'il lui fallait désormais de nouveaux outils ?
 
Chacun d'entre nous, informé, pourra désormais lire cette réflexion en lui. Librement.

30/05/2007

Quelques idées sur la future structure du MoDem.

Plusieurs articles ont récemment développé sur le site de débat politique Agoravox des idées sur la future structure du MoDem. Le plus original comparait l'organisation du MoDem à celle d'une colonie de fourmi, gouvernée par la gestion du chaos corrigée par l'énergie des individus, cependant que des informations encore partielles annoncent le début du travail rédactionnel pour le lendemain des législatives, donc le 18 juin, début officiel par ailleurs (ça ne s'invente pas) de la résistance au pouvoir sarkozyste.
 
Voici quelques idées et réflexions personnelles pour préparer le débat.
 
Tout d'abord, le cadre démocratique.
 
Le vote des militants, dans un parti qui comptera sans doute plus de cent ou cent vingt mille adhérents dès ses premières semaines, doit avoir la part belle. Cette exigence signifie que le fichier des adhérents devra faire l'objet d'un contrôle sévère et impartial. Elle signifie aussi qu'un recensement de ces adhérents par échelon de vote sera nécessaire.
 
Quels sont ces échelons de vote ?
 
Ceux des élections : commune, canton, circonscription législative, département, région, région pour les élections européennes, France entière.
 
Devra-t-il y avoir une instance d'organisation pour chacun de ces échelons ? C'est peut-être là que la liberté sera pertinente. D'abord, on n'empêchera pas un élu de s'entourer de sa propre équipe ; ensuite, les MoDem d'une même commune auront certainement envie de se rencontrer régulièrement pour organiser leur acrivité militante et citoyenne. Donc il vaut mieux laisser l'initiative monter et tenir des kits d'organisation à disposition des initiateurs.
 
Par ailleurs, se posera la question de l'amalgame des différentes structures affiliées au MoDem : Cap 21, autres écolo, puis autres éventuelles organisations apparentées. Les statuts devront fournir des pistes à suivre.
 
Une fois balisé le cadre démocratique, il reste à définir l'architecture hiérarchique.
 
Les adhérents du MoDem ne sont pas adeptes de la hiérarchie à tout crin. Ils préfèrent un cadre souple, on le vérifiera bientôt. On ne peut cependant pas n'avoir qu'un président, un trésorier, une équipe administrative restreinte et un océan de militants.
 
Comment imaginer un appareil qui réponde aux attentes de fraîcheur incarnées par le MoDem ?
 
j'attends vos idées. Maintenant. 

29/05/2007

Un mot sur Patrice Molle, directeur de cabinet du ministre de la Défense.

Il m'est arrivé d'être élu dans le 16e arrondissement de Paris. Ce fut en me rapprochant d'un centriste atypique, depuis lors passé à l'UMP, Claude Goasguen, récent porte-parole de Nicolas Sarkozy.
  
Le même Goasguen appartenait à la mouvance des milieux sénatoriaux, étant notamment passé par le cabinet de René Monory.
 
Avant d'être élu député, Claude Goasguen avait été désigné en 1995 adjoint au maire de Paris (Jean Tiberi) chargé des affaires scolaires. Contre la tradition établie sous Jacques Chirac, il avait à cette occasion obtenu délégation de signature du maire, alors que Chirac maire ne déléguait sa signature qu'aux administratifs, les directeurs d'administration centrale de la Ville de Paris, au détriment des élus, condamnés à faire tapisserie au mieux gesticulatoire (pratique que Sarkozy semble ressusciter au gouvernement).
 
La direction des affaires scolaires (DASCO) de la Ville de Paris était la mieux dotée (3 milliards de Francs à l'époque) et donc la plus
puissante des admlnistrations centrales de la Ville.
 
Le directeur avait survécu au départ de Chirac. Son autorité fondée sur son ancienneté déplaisait fort à Goasguen qui aurait voulu régner sans partage sur son domaine de gestion.
 
On vit donc pendant deux ans Claude Goasguen dénoncer en toutes et fréquentes occasions les aberrants devis de travaux obtenus par l'administration dans ses écoles. Il y était question de cloisons en plâtre mesurant deux mètres quinze de haut sur cinq mètres de long et quinze centimètres d'épaisseur, évaluées avant travaux à ... cent cinquante mille Francs, ou quelque chose d'aussi faramineux.
 
À force de se répéter, Goasguen finit par imprégner tout le monde de l'idée que les travaux dans les écoles étaient nettement surfacturés, d'autant plus qu'il arrivait régulièrement que la Ville ne fît pas jouer la garantie décennale contre les malfaçons dans ces bâtiments.
 
Je possède encore de ces devis étranges dont les prix surprennent en effet. 
 
Enfin, il parvint à son but : le directeur des affaires scolaires fut remplacé par ... Patrice Molle qui vient d'être désigné directeur de cabinet du ministre de la Défense, ex-ami de Bayrou.
 
Du jour au lendemain, Goasguen cessa de se plaindre du prix des travaux dans les équipements de la Ville.
 
Mais on n'entendit parler ni d'une baisse du montant du budget global des affaires scolaires de la Ville, ni d'une augmentation du nombre de projets de travaux, si bien qu'on supposa que les prix devaient rester les mêmes.
 
À vrai dire, à cette époque, j'avais moins de contacts avec Goasguen : il avait quitté Bayrou.
 
Mais je représentais la Ville de Paris dans plusieurs écoles et il m'arrivait d'assister à ce qu'on nomme des visites d'architecture ; en général, les devis n'y étaient pas mentionnés devant moi.
 
Pourtant, une fois, ce fut le cas : j'entendis parler d'un tout petit lavabo d'encoignure, vingt centimètres sur vingt, le long d'une colonne montante et d'une colonne descendante, à peu près l'équivalent de quinze euros de lavabo, deux euros de tuyauterie et une journée de travail au plus d'un plombier, mettons cinq cents euros pour être généreux, le tout à six cent cinquante euros. Et le devis qu'on a mentionné devant moi s'élevait à ... mille huit cents euros (douze mille Francs à l'époque).
 
Ce montant était tellement extravagant que je crus qu'on se payait ma tête, juste pour me faire sursauter.
 
Oh, ce serait facile à vérifier.
 
Voilà en tout cas ce que je sais de Patrice Molle.
 
Il est resté en poste à la Ville jusqu'en 2003, puis directeur de l'administration pénitentiaire de l'État, et préfet des Vosges, le département ... du président du Sénat, ce qui suggère que ses allégeances sénatoriales sont les mêmes que celles de Goasguen.
 
Espérons qu'on ne lui confiera pas les devis du nouveau porte-avions, sinon il faudra vendre le château de Versailles pour pouvoir le payer !
 
Et je me demande tout de même ce qui pouvait rendre les devis scolaires de la Ville si élevés. Des commissions occultes ? Qui peut le penser ? 

28/05/2007

Jean-Christophe Lagarde : comment perdre un copain.

J'ai connu Jean-Christophe Lagarde, actuel député-maire de Drancy, pendant la campagne présidentielle de Raymond Barre, voici près d'une vingtaine d'années.
 
C'était un gamin d'une grande maturité. Après la campagne, il est resté accroché à l'équipe nationale des jeunes centristes, souvent en compagnie d'un autre jeune, Franck Geretzhuber, qui a plus tard figuré au cabinet du ministre Jean-Claude Gaudin tout en s'installant dans le Marais.
 
Je conserve le souvenir précis d'une soirée étoilée de l'Université d'Été 1989, peu de temps après l'échec de la liste de Simone Veil aux élections européennes, Lagarde et Geretz répandus sur des chaises, dans le patio, et rêvassant à haute voix sur un avenir qui pourtant s'obscurcissait.
 
Dès cette époque, Lagarde n'avait qu'une idée en tête : enlever sa ville aux communistes qui la tenaient depuis des décennies. On ne savait pas encore, en ce début septembre que, deux mois plus tard, le mur de Berlin tomberait.
 
Plus tard, pas à pas, il a fait son chemin de militant. Il est devenu assistant parlementaire d'un député, utilisant cette position pour ses activités personnelles et pour monter progressivement son équipe dont l'âme (damnée ?) était Anthony Mangin, appuyée sur un autre pilier, Vincent Capo-Canellas.
 
Quand il m'arrivait de rencontrer Jean-Christophe, nous bavardions, presque toujours de politique : je ne me souviens pas de lui avoir connu un autre sujet de conversation.
 
Il mangeait politique, parlait politique, pensait politique.
 
Et quand nous parlions, je lui demandais ce qui, au fond, le rattachait au parti dans lequel il militait depuis plusieurs années et où, déjà, il détonait. Il réfléchissait puis, avec cette froideur et cette voix chaude, ce ton faussement détaché, qui le caractérisent, répondait :
 
- L'Europe.
 
C'est au nom de cette conviction qu'il a voté "non" au traité constitutionnel européen, proclamant que ce texte n'allait pas assez loin, mais on avait bien compris que Lagarde avait sacrifié ses convictions à son terrain.
 
Entre-temps, au milieu des années 1990, il est devenu président national des jeunes centristes, sachant admirablement conquérir un appareil. Grâce à cette position, il a pu donner de la consistance à ses ambitions locales et, en plaçant son ami Capo-Canellas à la mairie du Bourget, acquérir l'autonomie financière et politique nécessaire à son émancipation des pressions de l'appareil partisan.
 
Enfin, en 2001, il a réalisé son rêve : il a enlevé la mairie de Drancy aux communistes. Un an plus tard, d'extrême justesse, il a également réussi à prendre le siège de député d'une circonscription qui traverse le chef-lieu du département de Seine-Saint-Denis (le 9-3), Bobigny.
 
J'avoue l'avoir moins vu à cette époque. Mes contacts dans son département me renseignaient sur le jeu dangereux et ambigu de l'UMP local, Éric Raoult, avec les débris de l'ancien appareil communiste qui, me disait-on, lui semblait un adversaire commode. Dès ce temps, j'ai entendu des rumeurs sur des rapprochements entre Jean-Christophe et Raoult. Pourtant, Lagarde se montrait d'une fidélité sans faille envers Bayrou et envers cette famille politique où il comptait plus d'amis que, finalement, de convictions. Et sa détestation des communistes paraissait peu compatible avec les manoeuvres de l'UMP.
 
Durant la récente campagne présidentielle, il s'est encore illustré en proposant d'exempter les enfants de sa ville de frais de cantine et je l'ai croisé rue de l'Université, au siège de l'UDF, un jour où il venait y donner une interview pour Bayrou.
 
Le soir du premier tour, il a fait une déclaration à la fois ambiguë et réaliste, estimant que, ceux qui avaient tenté de "diaboliser Sarkozy" n'y avaient "pas réussi".
 
Depuis, rien de bruyant. De source blogueuse, on me disait "il part à l'UMP". Mais sa femme, la jeune "Aude de l'Aude" comme on la surnommait alors qu'elle n'était encore qu'une toute gamine militante avec un puissant accent du midi et des yeux rieurs, Aude de l'Aude, donc, m'a juré, le 10 mai, le jour du conseil national de l'UDF que vraiment, Jean-Christophe n'avait pas pu venir mais qu'il n'avait "pas changé".
 
Hélas. Au fond, ce doit être vrai.
 
Le voici en dérive. Ses manoeuvres avec l'UMP sont dévoilées et on dit, en milieu MoDem, que s'il n'a pas encore pris sa carte de l'UMP, c'est uniquement parce que ça le "grillerait" auprès de son électorat.
 
Il dérive donc : il n'a plus d'UDF, plus de MoDem, il a trompé ses amis, saboté les investitures dans son département, et maintenant il tente désespérément de tromper ses électeurs en se faisant passer pour non inscrit tout en guignant les sombres pâturages de l'UMP.
 
Sans doute sait-il que sa législative sera difficile : à Bobigny, Ségolène Royale fait 60% au second tour. Il y va cependant, sans étiquette.
 
Et comment fera-t-il, l'an prochain, pour les municipales ?
 
J'écrivais ici même, il y a quelques jours, que son parcours me semblait celui d'un militant réussi, on ne peut mieux. Il est gâché.
 
Le MoDem y a perdu de bonnes investitures.
 
Et moi, j'y ai perdu un copain. 

Pour ceux que cela intéresse : l'ost de Bretagne au XIIIe siècle.

L’ost est une troupe composée des vassaux d’un seigneur.

Une liste récapitulant la totalité d’une assemblée de cette troupe est évidemment un précieux renseignement.

J’ai découvert en publiant l’Histoire de Bretagne de Bertrand d’Argentré dans sa version censurée en 1582 que la liste des vassaux du duc qui ont souscrit à la fondation de la ville ducale de Saint-Aubin du Cormier, en 1225, présentait d’étranges similitudes avec celle dite de l’ost de 1294, maintes fois commentée.

Voici quelques-unes des analyses que j’ai faites :
(en bas de page les images présentant les deux listes)

    La colonne de gauche (fondation de Saint-Aubin) est dans l’ordre donné par d’Argentré (entremêlé d’éventuelles nuances de la liste telle que Dom Morice la publie d’après un vidimus du XVe siècle, Pr. I. 854). On voit du premier oeil la symétrie et donc le caractère féodal de la liste de 1225 qui, par bien des côtés, apparaît comme la première montre connue des vassaux ducaux toutes baillies confondues et non seulement comme une liste de témoins fondée sur le bon vouloir et les affinités de chacun.
    Le chiffre qui accompagne les vassaux de 1294 est celui du nombre de chevaliers qu’ils déclarent devoir. On remarque aussitôt la densité des vassaux à 2 chevaliers dans la colonne de gauche. Ce sont surtout les grands qui sont comptés. Ceux que l’on voit moindres émanent surtout des baillies de Rennes et de Ploërmel et Broérec, qui sont toutes proches de Ploërmel et de Saint-Aubin-du-Cormier.
    En Cornouaille, cette surreprésentation des grands est encore plus nette : il y a en 1294 quatre vassaux qui doivent 2 chevaliers chacun : deux ramages de Poher (Kergorlay et Rostrenen), Pont-l’Abbé (qui en ajoute 1 pour Goarlot en Kernével près Quimperlé), et Fouesnant. La similitude de prénom pourrait donner à penser qu’Henri sénéchal de Cornouaille (on sait par ailleurs qu’il se nomme Henri Bernard) pourrait être un Fouesnant. Pour le reste, les deux Poher sont en 1225 Pierre fils de Hamelin de Poher et son frère Tanguy. On sait que le prénom Pierre est courant aussi bien chez Kergorlay que chez Rostrenen et Tanguy est un prénom que l’on rencontre chez Kergorlay. On a donc bien en 1225 la même liste que celles des grands de 1294. L’anomalie est seulement Le Faou, qui semble bien plus éminent en 1225 qu’en 1294, mais on verra à propos de l’héraldique qu’il y a fort à parier sur une mutation profonde de son fief entre ces deux dates. Pont-l’Abbé et Fouesnant surveillent l’Odet qui est l’accès le plus vulnérable de Quimper. Kergorlay et Rostrenen sont placés sur les deux routes les plus naturelles de Carhaix. Rien pour Crozon, Châteaulin, Douarnenez, sinon Le Faou : il est évident que la composition du contingent de Cornouaille a été déterminée à l’époque où les comtes locaux ont un château inexpugnable à Châteaulin : deux pour Quimper, deux pour Carhaix, ils sont eux-mêmes le deuxième (avec Le Faou) pour l’espace ouest-nord-ouest de leur comté.
    On constate des anomalies : Olivier de Tinténiac paraît en 1225 sous Rennes, ce qui est logique, mais en 1294 seulement sous Broérec du fait de son fief de la Rochemoisan dont l’importance est évidente ; R. de Melecia vient en 1225 sous les couleurs de Ploërmel et Raoul de Malesse en 1294 sous celles de Rennes ; on pourrait y voir une dualité d’implantation qui se retrouve au XVe siècle, mais la liste de Dom Morice fait la correction d’elle-même ; Sylvestre de la Bouteillerie qui relève de l’évêque de Dol et dont le fief est situé en Combourg dans le diocèse de Saint-Malo entre Rennes et Dol, est compté en 1294 dans la baillie de Ploërmel, or on trouve dès le début du XIe siècle Rigaud le Bouteiller, certainement son ancêtre, témoin avec Ginguené évêque-archevêque de Dol de la restauration de l’abbaye de Saint-Méen, au beau milieu du Porhoet et très près de Ploërmel. Plus intrigante est a priori la présence de R. de Montfort en 1225 sous Rennes et en 1294 sous Ploërmel, mais la seigneurie de Montfort relève au fiscal de la châtellenie de Rennes au XVe siècle encore et Gaël est plus proche de Ploërmel. Donc rien d’inexplicable.
    L’énumération de 1225 comme celle de 1294 commence par les Rennais : de toute évidence, le schéma féodal général est mis en place dans la première moitié du XIe siècle par le duc Alain, de la maison de Rennes. En 1225, ce sont même des représentants des deux ramages de Rennes (Vitré et La Guerche) mentionnés par d’Argentré et tous deux antérieurs à 1050 qui mènent la troupe. Si l’on ne peut affirmer avec le même aplomb que d’Argentré que Rennes est depuis toujours la capitale de la Bretagne, force est de constater qu’en ce qui touche la féodalité, Rennes est à la fois le centre et la prééminence du duché, alors même que les Cornouaille ont régné bien plus longtemps (et surtout postérieurement) que les descendants des comtes de Rennes. Le système reste sur la lancée de sa fondation.
    On voit beaucoup de Dinan sous Rennes en 1225, et plutôt en Penthièvre en 1294. C’est là notamment question de frontière et l’on doit se souvenir qu’en 1225, la querelle du bail de Penthièvre est toute fraîche. Par conséquent, il faut à la fois affirmer le pouvoir ducal (donc Rennes pour la raison dite ci-dessus) et minimiser le Penthièvre confisqué. Au cas où. À moins qu’il n’y ait trace d’une distribution contemporaine du partage ducal qui a vu naître le Penthièvre, mais il manque des indices en ce sens. La dernière hypothèse serait que les Dinan sont sous Rennes en 1225 et s’y retrouvent sous la forme de quelques-uns des 10 chevaliers de l’évêque de Dol de 1294. L’attribution de Courréon aux Dinan a sûrement joué un rôle dans la bascule.
    Du reste, la répartition entre baillies de Penthièvre et de Tréguier a été difficile à faire dans la colonne de d’Argentré. Et si la baillie de Tréguier se révélait postérieure à 1225 ?
    Bien entendu, le fait que le groupe de 1225 commence par le premier vassal de la baillie de Tréguier de 1294 (Avaugour) puis par le premier de celle de Penthièvre à la même date (Coiron, Coronan ou Coréon ?) milite dans ce sens. O. Tournemine se dédouble ensuite en 2 chevaliers en Penthièvre et 2 autres en Tréguier. Eudon d’Argenton est un Breton de fraîche date, un Français, on trouve son patronyme cité à propos de Dol en 1213 et de Dinan en 1250, mais en Trégor encore (donc dans l’orbite d’Avaugour) en 1426 et son prénom, très "Penthièvre" suggère qu’il est le fruit d’une alliance Argenton-Penthièvre ; et Eudon, fils de Merien ou de Morvan, pourrait bien appartenir à la très ancienne maison du Cosquer qui, implantée sous Tréguier, porte en toute simplicité pour armes les emblèmes de l’évêché de Léon, ce qui renvoie aux conflits frontaliers évoqués plus haut datant du XIe siècle. L’absence du vicomte de Tonquédec de la liste de 1225 laisse perplexe ; cette seigneurie pourrait être déjà à l’époque entre les mains de Coetmen, à qui elle est venue par alliance. Mais peut-être l’un des personnages désignés comme "fils de" est-il en fait le dernier de Tonquédec.
    La division de l’ancien Penthièvre en deux baillies répond à la réalité du fief et le fait que Corron (ou Cour-Éon ? On verrait là Cor-Ouan plutôt que Coronan, et en 1294 Courr-Éun, il s’agirait de la Cour d’Eudon, fondateur du Penthièvre), premier cité de la portion Penthièvre, soit confié à Dinan qui a prouvé son soutien indéfectible aux autorités les plus fortes (Plantagenêt en 1160, Mauclerc durant la guerre du bail en 1220) et les plus centrales - sinon toujours les plus légitimes - donne à penser qu’on a voulu ancrer avec détermination les territoires annexés au pouvoir ducal. De là sans doute le transfert des Dinan du groupe rennais de 1225 vers celui de Penthièvre : la fidélité au duc.
    Quant à l’évêque de Dol dont l’inféodation faisait l’objet de la guerre des années 1030 entre Rennes et Penthièvre, on le voit solidement implanté sous Rennes : il précise même que les 10 chevaliers qu’il déclare devoir sont à acheminer par lui jusqu’à Rennes même ; on ne peut être plus clair.
    Il n’est pas indifférent de considérer le début de chaque groupe dans la version de 1225.
    Rennes : Vitré puis La Guerche ; Nantes : Ancenis puis Derval ; Ploërmel et Broérec : Montauban puis Rohan ; Penthièvre et Tréguier : Avaugour puis "Couréon" ; Cornouaille : le sénéchal (en lieu du comte ?) puis Poher ; Léon : Léon puis Léon. Vitré et La Guerche sont ramages de Rennes, Montauban et Rohan sont ramages de Porhoet, Avaugour est Penthièvre, Poher (dans cette forme vicomtale) paraît ramage de Cornouaille, Léon est Léon. On voit donc avec précision la logique se dessiner et il faut bien qu’Ancenis et même Derval soient ramages (agnatiques ?) de Nantes. De même, "Couréon" qui est à Dinan en 1294 se présente comme un ramage de Penthièvre. Quant au sénéchal de Cornouaille, son cas est plus complexe car son titre le destine peut-être à représenter le comte devenu duc ; du reste, son patronyme Bernard n’exprime aucune caractéristique certaine et on doit peut-être deviner Gourin, Poher ou Fouesnant sous son masque. L’absence d’un représentant du comte de Nantes combinée à l’éventuelle substitution du sénéchal au chef cornouaillais traduit-elle le fait que l’ost a été conçu à l’époque où le comte de Cornouaille l’était aussi de Nantes (faute de quoi un comte de Nantes aurait sans doute reçu lui aussi un sénéchal pour tenir sa place) ? Peut-être.

 

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27/05/2007

Une promenade dans le Val d'Oise.

Le Val d'Oise est un département situé au nord de Paris, démembré (comme l'Essonne) de l'ancien département de Seine-et-Oise, dont la majorité est devenue le département des Yvelines.
 
Le Val d'Oise confine à la région administrative de Picardie, avec à son septentrion le département de l'Oise. Mais la partie méridionale de l'Oise, autour de Chantilly notamment, relève en fait de l'esprit parisien, comme le démontre le fait qu'on y lise des éditions locales du quotidien Le Parisien.
 
La frontière orientale du Val d'Oise est l'immémoriale route des Flandres, une voie d'époque gallo-romaine. Elle prolonge jusqu'en Flandre la rue Saint-Denis qui naît au bord de la Seine en plein coeur historique de Paris. Cet axe majeur traversait au Moyen Âge, entre Val d'Oise et Seine-Saint-Denis, la plaine du Lendit où se tenait l'une des grandes foires européennes. Du nord y venait le drap de Flandre qui, de là, repartait vers Paris et vers toutes les directions. Cette foire du Lendit a grandement contribué à la fortune de l'abbaye royale de Saint-Denis.
 
Le Val d'Oise contient de nombreux vestiges des époques mérovingiennes et carolingiennes, ou capétiennes précoces. On s'y attardera par exemple à l'église de Gonesse.
 
On y trouvera, plus récent, le PC stratégique de Taverny.
 
La sociologie du département est devenue contrastée, divisons-la en trois :
 
- Cergy-Pontoise, haut-lieu des grandes écoles françaises, où se mêlent technologies, savoir-faire commerciaux et toutes sortes d'activités
- Montmorency, Sannois, disons les quartiers bourgeois
- Sarcelles, Gonesse, Goussainville, l'est du département, plus populaire, soumis au constant survol à basse altitude des avions qui décollent et atterrissent à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle
 
J'étais dans l'est du département, non loin de Sarcelles, la ville dont Dominique Strauss-Kahn est le maire.
 
Dans la circonscription la plus à l'est, le député sortant est un autre socialiste nommé Blazy. L'UMP a désigné contre lui le maire de Sannois, parachuté des quartiers bourgeois. Hélas pour lui (et pour son parti), le maire en question vient de passer deux jours en garde à vue, car les héritiers collatéraux d'une vieille dame décédée l'accusent de captation d'héritage : la morte en question, m'a-t-on dit, a fait de lui son héritier. Soupçons. En ce domaine, on ne prête qu'aux riches.
 
Le candidat du MoDem est un élu local discret nommé Messager, maire de Louvres, qui s'est illustré surtout contre les frasques de la baroque maire de Goussainville, Marie-Thérèse Hermanville (on se souvient que celle-ci, battue lors d'une élection, avait ensuite cambriolé sa mairie pour y récupérer, supposait-on, des documents importants). Il a alors appelé à voter pour la gauche pour faire barrage à cette élue douteuse.
 
Passons sur le cas Strauss-Kahn, sauf pour signaler que Bayrou fait dans sa ville l'un de ses plus bas scores de France : 13%.
 
Venons-en à la 4e circonscription et à Christophe Quarez dont j'ai parlé voici quelques jours.
 
Au dernier moment, une cabale a tenté de priver celui-ci de son investiture. Il a déposé quand même sa candidature et, comme (quoiqu'adhérent centriste depuis plus de vingt ans) il lui est déjà arrivé de faire plus de 10% sans étiquette, la cabale a échoué : il a obtenu l'investiture.
 
Celle-ci est d'autant plus intéressante que dans la 4e du Val d'Oise, les trois candidats NS, SR et FB sont dans un seul point au premier tour et que l'UMP présente deux candidats au second, ce qui exclut à peu près qu'elle puisse se maintenir pour le second. On ne devrait donc avoir là au second tour que le socialiste et le centriste.
 
Toutes ces constatations faites, je rentre à Paris par la ligne D du train régional (RER, l'équivalent d'un TER) et, en longeant le Stade de France, une foule épaisse qui bavarde dans toutes les langues envahit le train. Tiens ? Il y avait spectacle au Stade de France. Où est donc Zidane ? 

25/05/2007

Le MoDem connecté.

François Bayrou, hier, a connecté son MoDem sur les législatives et, au-delà, sur la vie politique française.
 
Une salle orange, chaleureuse, pleine de têtes nouvelles et joyeuses, sans banderoles, sans mots d'ordre, sans attaches, s'est levée pour l'applaudir. Le Zénith plein contenait six ou sept mille MoDem.
 
D'autres ont pris la parole d'abord : le trésorier de l'UDF qui assume le lancement juridique du MoDem, Gilles Artigues très en verve, plein de fougue et le verbe ample, le ton mobilisateur, Jacqueline Gourault qui prêche pour la difficulté d'être du candidat, des nouveaux militants, venus d'horizons divers, professionnels ou chômeurs, en général novices en politique, tous sympathiques, jusqu'à une peintre qui confie qu'elle n'a pas été capable d'introduire de la lumière dans ses compositions pendant quinze jours.
 
Puis des candidats : on remarque parmi eux Pierre-Yves Martin, qui défie avec talent le vétéran centriste rallié Méhaignerie, Olivier Henno, dont j'ai parlé avant-hier, par exemple, puis Jean-Marie Cavada, impérial et tonnant, Bossuet réincarné, Vincent Lindon, plein d'humour, content parce que, pour la première fois, c'est "moi qui parle et Bayrou, assis qui m'écoute (rires) ; et il va m'écouter". Beau discours bien lancé, avec force et conviction. Puis l'historien Rioux, le retour des intellectuels à la tribune, une vraie analyse de fond, et encore Jean-Luc bennahmias, le ton alerte, la voix naturellement un peu blanche et les idées vertes, comme d'ailleurs Corinne Lepage qui lui succède.
 
Comme à Bercy avant le premier tour, Jean-François Kahn se tient modeste dans la foule, à l'orchestre, debout.
 
Pendant tous ces discours, la jeune Quitterie Delmas arrive et beaucoup se précipitent vers elle pour lui confier leur tristesse ou leur indignation de sa non investiture. Des blogueurs, des jeunes, des candidats (qui souvent la sollicitent pour un déplacement de soutien vers leur campagne électorale),pas encore des parlementaires : ceux-là ne le feront qu'à la toute fin, au moment où le rideau sera tombé et où, en évacuant les gradins, ils redescendront vers elle, mais plusieurs se déplaceront jusqu'à elle.
 
Et vient enfin le discours de Bayrou. Bayrou heureux. Bayrou devant des gens qui sont là pour lui, certes, mais aussi pour bousculer la poussière de la politique française.
 
Magnifique discours d'un Bayrou retrouvé, qui n'hésite pas à rappeler qu'en 1951, le général de Gaulle avait réussi à faire élire cent députés et que dix-huit mois plus tard, la plupart l'avaient quittés, ralliés à des camps divers. De là datait la "traversée du désert".
 
Sur ce rappel historique en forme de double promesse de désert et d'accomplissement, présentation enthousiaste du MoDem, conclue par l'énoncé de sept principes fondateurs :
 
Un mouvement de citoyens actifs.

Une charte éthique ("Pour bien des responsables politiques, l’engagement, c’est une carrière. Pour les citoyens, pour les militants engagés ou de cœur, c’est de la vie donnée, gratuitement, donnée à la cité comme on la donne à ses enfants. Cela mérite d’être respecté").

Un sens plein et entier à l’idée de démocratie ("la responsabilité des citoyens entre les votes").

Une réforme profonde de nos institutions républicaines (séparation des pouvoirs, représentation pluraliste…).

La vérité en matière économique comme en matière sociale.

L’enracinement intellectuel de l’action politique.

Le rassemblement.

Une génération politique nouvelle.
 
À tous ces principes, je souscris. Et autour de Quitterie Delmas, nous définirons une ligne politique pour traduire dans des listes de candidatures internes au MoDem la lecture la plus libre, la plus moderne, la plus démocratique et la plus juste des intentions exprimées par François Bayrou, la plus proche, je crois, de sa pensée personnelle.
 
Sept principes, sept degrés certes de l'échelle de Jacob, mais aussi (je les ai comptées en 1988) sept marches du perron de l'Élysée. 

23/05/2007

Quelques candidats que je connais bien pour les légilatives.

J'ai pensé un moment donner la liste exhaustive de tous ceux que je connaissais. Finalement, voici une liste des candidats que je connais pour la plupart vraiment bien, parfois depuis très longtemps, et qui me semblent ajouter un plus militant à leur profil général. Parmi eux, certains sont élus locaux, très enracinés, et depuis un jeune âge. On se souvient qu'Olivier Henno, par exemple, était au second tour dans la partielle contre Marc-Philippe Daubresse quand celui-ci quitta le gouvernement en 2004. Michel Canevet, dans le Finistère, conseiller général et maire de Plonéour-Lanvern, est dans une circo où, au 1er tour de la présidentielle, les scores donnent NS 26 (d.s.), SR 25 (anc. d.) et FB 24, où il a l'avantage d'être la force qui monte ; Bayrou est en tête dans plusieurs communes de sa circo.
 
Isabelle Le Bal est adjointe au maire de Quimper et anime chaque année à Ouessant le désormais célèbre salon du Livre insulaire. 
 
Geoffroy de Longuemar est un très bon connaisseur de l'histoire bretonne.
 
Vincent Capo-Canellas est maire du Bourget et je me souviens de lui, jeune étudiant à Sciences-Po, au congrès centriste de Metz, en 1986.
 
Christophe Quarez rêve de devenir le barde commun de la CFDT et du Modem ; c'est un esprit charpenté qui cultive la modestie.
 
Raoul Mestre est l'un des rares à pouvoir troubler l'apparente sérénité vendéenne ; avocat souriant, il connaît de nombreux et influents réseaux. 
 
 
Gironde (6e) Jacques Mangon, (9e) Philippe Meynard, Allier (2e) Pierre-Antoine Légoutière, Orne (1e) Stéphane Thérou, Côtes d’Armor (3e) Geoffroy de Longuemar, Finistère (7e) Michel Canevet, (1e) Isabelle Le Bal, Essonne (1e) Nathalie Boulay-Laurent, (3e) Catherine Granier-Bompard, Hauts-de-Seine (5e) Stéphane Cochepain, (6e) Alexandre Harmand, Seine-Saint-Denis (3e) Vincent Capo-Canellas, Val d’Oise (4e) Christophe Quarez, Gard (3e) Corinne Ponce-Casanova, Nord (4e) Olivier Henno, Pas-de-Calais (13e) David Bourgeois, Bouches-du-Rhône (2e) Anne Claudius-Petit, Vendée (2e) Raoul Mestre, Rhône (2e) Jean-Loup Fleuret, Savoie (3e) Patrick Mignola.
 
J'y ajoute les sortants, bien sûr, dont en particulier Jean-Christophe Lagarde, exemple même d'un militantisme réussi, mais aussi Gilles Artigues, qui a perdu le très influent président de son comité de soutien entre les deux tours de la présidentielle et qu'il faut sauver comme Anne-Marie Comparini.
 
Au passage, des encouragements pour Azouz Begag, Djamel Bouras, Charles Napoléon, Jean-Marie Cavada 
 
J'aurais pu citer d'autres militants fidèles, j'en ai vus parmi les listes, dans l'Ardèche notamment. 
 
Parmi les blogueurs, on a remarqué Christine Delecroix ou Hugues de Poncins (blogueur occasionnel) mais il faudra faire un recensement exhaustif. Le plus exposé, Christophe Ginisty, se présente dans la 11e des Hauts-de-Seine contre Santini. On regrette l'absence dans l'Oise de Farid Taha, l'un des moins conformistes et les plus spirituels du PBF (le paysage blogosphérique français), et de Jérôme Charré en Seine-Saint-Denis. Quitterie Delmas reçoit le titre de candidate honoraire en attendant plus.

22/05/2007

Colombani : ouf.

Lorsque j'étais étudiant, je lisais "Le Monde".
 
C'était un journal de référence, autorisé, pondéré, dense, utile.
 
Depuis que Jean-Marie Colombani l'avait pris, j'avais rarement envie de l'ouvrir : le sourire du dessin de Plantu me suffisait.
 
Colombani a été mis en minorité aujourd'hui par ses rédacteurs, c'est justice. Que ne l'a-t-il été plus tôt. L'attitude de son journal pendant la campagne a été d'une manière générale honteuse, jusqu'à l'éditorial de l'avant-veille du premier tour expliquant que le fait de ne pas envoyer Sarko-Ségo au second tour serait anti-démocratique.
 
Eh bien, désormais, Colombani sait ce qu'est la démocratie. La vraie. 

Ce soir, repos : parlons de littérature.

J'ai commencé ce blog en janvier avec l'idée que j'y parlerais essentiellement de littérature, d'Histoire (c'est tout de même ma spécialité), et que parfois, ici ou là, je glisserais des allusions fines à mes préférences politiques.
 
Or comme tout le monde, j'ai été emporté par le maelstrom de la campagne présidentielle, toute allusion est devenue un obus de bazooka et mes préférences politiques s'étalent à longueur de mes colonnes.
 
Eh bien oui, j'ai voté Bayrou, j'en suis fier, et je me battrai pour que quelques mauvais génies ne l'empêchent pas de poursuivre sa propre idée de la rénovation politique dont la France à besoin et qui a peu de rapport avec l'hyperprésidentialisation du régime que chacun constate ces jours-ci.
 
J'ai annoncé que je parlerais de littérature ce soir ; eh bien, c'est vrai aussi.
 
La raison pour laquelle j'ai eu à ce point envie de faire cette campagne présidentielle et de me replonger dans la fièvre politique dont je m'étais éloigné depuis 2001, c'est tout ce que Victor Hugo a écrit sur le devoir de ceux qui ont une responsabilité quelconque dans la cité, qu'elle soit intellectuelle, morale, philosophique ou politique : "agrandir les esprits, amoindrir les misères".
 
Et agrandir les esprits, dans la mesure où, comme le dit ailleurs Victor Hugo (phrase que j'ai placée en exergue de ma colonne de gauche), "quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors est venu le temps de la démocratie", c'est cultiver la démocratie, la faire vivre, la vivifier, la prolonger, la développer.
 
Oui, il n'y a pas de démocratie sans militantisme du savoir.
 
Or la campagne qui a triomphé était tout l'inverse de ce militantisme-là et, au contraire, celle de François Bayrou en était constamment imprégnée, comme l'a d'ailleurs démontré la structure de son électorat. 
 
C'est pourquoi, si la campagne que j'ai faite a été perdante, elle a cependant été juste et rien ne pourra me la faire regretter.
 
Campagne contre la crétinisation, contre l'utilisation de symboles consternants et parfois abjects, contre la peoplisation, contre la bipolarisation irréfléchie et mécanisante.
 
Campagne pour l'intelligence, pour la sincérité, pour la fraîcheur, pour la vertu, toutes notions que la politique écrase en général. Pour la liberté et pour l'autonomie de l'esprit.
 
Et je crois que le Modem, le nouveau parti de François Bayrou, prolongera cette campagne dans son programme et, espérons-le, dans son fonctionnement.
 
On a lu récemment ma colère contre certains choix que je continue à trouver absurdes. Mais la politique consiste parfois à transformer la colère en acte. Cet acte, ce sera un engagement pour que le Modem prenne les chemins les plus modernes, les plus démocratiques et les plus justes. J'y veillerai, ou plutôt je contribuerai, avec d'autres, à y veiller, car mon chemin reste le livre et je laisse à d'autres le soin de devenir ce qu'ils doivent être : des armes citoyennes.
 
Je sais que je viens de parler de politique alors que j'ai annoncé un sujet littéraire, mais voilà, tout cet effort personnel, toute cette vision que j'ai eue et pour laquelle j'ai lutté, elle me vient tout droit, encore une fois, de Victor Hugo qui me l'a, de loin, du fond des "Contemplations" (le livre que j'emporterais sur l'île déserte) soufflée.
 
Alors, de grâce, courez relire les "Contemplations" avant de retourner sur le blog de Quitterie Delmas.