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30/04/2007

Que va faire Le Pen ?

Le Pen est le grand perdant du premier tour de l'élection présidentielle. Il y a perdu environ un million de voix sur son score de 2002 et, en termes de pourcentages, six points, soit presque quarante pour cent de son capital initial.
 
Je me souviens de Farid Smahi qui, une semaine avant le vote, me trouvant sur le marché de la Porte de Saint-Cloud, à l'ouest de Paris, se moquait de Bayrou et clamait : "Il va faire douze pour cent comme d'habitude". Il ne croyait pas si bien dire, mais c'est de son propre candidat qu'il parlait, sauf qu'il n'a pas atteint douze pour cent, à peine dix et demi.
 
La question qui se pose maintenant est celle de sa stratégie la plus efficace : va-t-il tenter de déstabiliser Sarko en donnant des signes forts d'abstention à son propre électorat ? Ira-t-il plus loin en se joignant au TSS avec l'idée que l'instauration de la proportionnelle, consécutive à la victoire de Ségo, permettrait de pérenniser son mouvement ?
 
Choisira-t-il au contraire de prendre la main que Sarko lui a tendue au milieu des récupérations diverses de son programme ?
 
On a en effet noté le retour de la proportionnelle dans l'escarcelle programmatique du candidat scientologue. Mais la proportionnelle où ? Au Sénat ? Il y en a déjà une forte dose depuis plusieurs années. À l'Assemblée ? Mais quel chiffre ? Bayrou voulait 50%, Ségo propose encore officiellement 20% (elle devra sûrement faire un effort). Alors, et Sarko ? Où et combien ?
 
Il sait que ce qu'il gagne là à court terme, il le reperd à moyen terme. Mais peut-il faire autrement ?
 
Il est allé au bout de ses options récupératrices en proposant de réhabiliter l'OAS, ce qui sans doute lui a encore acquis quelques voix chez les lepénistes (dans le sud-est en tout cas), mais doit avoir suscité quelque trouble chez les gaullistes. 
 
Sans doute Le Pen va-t-il tracer une ligne et définir des critères demain après-midi. Chacun les interprétera à sa façon. Ségolène Royal, mercredi soir, lors de son débat frontal (!) avec Nicolas Sarkozy, aurait grand tort de ne pas s'en servir. Les réponses qu'il donnera alors seront un couperet aiguisé qui tranchera sa tête ou celle de son adversaire.
 
Car s'il se rapproche trop de Le Pen, Bayrou n'aura aucun état d'âme à se placer dans le camp de Ségolène Royal. Et s'il s'en éloigne trop, les lepénistes iront à la pêche.
 
L'écart que l'on annonce entre les deux candidats est pour le moment voisin de quatre pour cent, soit environ un million et demi de voix, c'est-à-dire plus d'un tiers des électeurs de Le Pen du premier tour et moins d'un quart de ceux de Bayrou.
 
C'est une avance difficile à rattraper, mais il suffit qu'un demi-million bouge dans un sens pour que tout redevienne incertain.
 
Un demi-million ? 
 
Les trois jours qui viennent s'annoncent passionnants. 

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29/04/2007

Brassens, une semaine avant le second tour.

"Parmi les noms d'élus, on verra pas le mien".
 
La proclamation de Brassens, gouailleuse comme toujours, nous rappelle aux réalités de notre propre vie. Foin des élections, foin des grandes masses humaines agglomérées pour les meetings électoraux, foin de tout ça, "le pluriel ne vaut rien à l'homme ; sitôt qu'on est plus de quatre, on est une bande de cons".
 
Alors il faut le dire. Brassens est un maître à en sourire, un maître à prendre de la distance, un maître ès détachement goguenard. Agitations, fièvres, tout ça demeure dérisoire.
 
Tandis que
 
"cette plage où le sable est si fin
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins",
 
là où
 
"tantôt venant d'Espagne et tantôt d'Italie
tout chargés de parfums, de musiques jolies
le mistral et la tramontane
sur mon dernier sommeil verseront les échos
de vilanelle, un jour, un jour de fandango,
de tarentelle, de sardane"
 
Il reste de la vie le spectacle de la mort et la vertu du sage est de tenir la vie tant qu'elle tient debout.

Le plaisir de la promenade, chacun son coin de forêt ou de rivière, chacun son sentier secret, sa rue écartée, son toit qui penche.

Le plaisir d'un livre.

Le plaisir d'une camaraderie, d'un amour. D'un simple joli regard de jolie môme.

Voilà ce qui fait que l'effroi qui s'empare de nous de temps à autre en examinant les sondages peut encore être conjuré. 

 

28/04/2007

Mon 10 mai 1981.

Il faut parler de mon père.

Il admirait Mendès depuis sa jeunesse au début des années 1950. Il adressait à PMF chacune des tribunes qu'il faisait paraître d'abord dans "Combat" puis dans "Le Monde". Mendès accusait toujours réception de ces envois et les commentait quelquefois.

Logiquement, mon père, membre du Parti Socialiste depuis le congrès d'Épinay en 1971, se retrouvait dans le courant rocardien, qui se rapprochait de son mendésisme.

Le 10 mai 1981, j'avais seize ans depuis quelques mois. Mes parents étant divorcés, j'avais gardé l'habitude de voir mon père le dimanche, quoique ce ne fût plus une obligation légale depuis justement mes seize ans.

Ce jour-là, il était aux anges. Il exultait. Il m'emmena dès mon arrivée et, courant presque, bondit dans sa R20 gris métallisé où je le suivis.

Il votait dans le quatorzième arrondissement de Paris, dont il venait de déménager. À tombeau ouvert, il y courut. Il se gara comme toujours mal, à moitié sur le trottoir, et se rua sur son bureau de vote.

Il était midi, l'endroit était vide ou presque. Mon père salua son président de bureau de vote, qu'il connaissait, et s'engagea dans l'isoloir, toujours aussi joyeux. Il en ressortit aussitôt et se présenta devant l'urne. On le fit voter.

- A voté !

Et c'est alors que sa joie redoubla.

- Viens, me dit-il.

Il me conduisit vers un autre bureau de vote, toujours dans le quatorzième. Là, il sortit d'autres papiers de sa poche : ceux de son frère, Jean Torchet, mort en 1956. Ce Jean Torchet était sorti en petit rang de l'ÉNA, dans la même promotion qu'Édouard Balladur, Jacques Calvet (longtemps président de Peugeot), Jérôme Monod (le dernier homme de réseau du chiraquisme) et quelques autres. Bref, depuis 1956 et la mort (à vingt-six ans) de ce frère fauché par un cancer du fumeur (tabagie passive), mon père n'avait jamais manqué une occasion de voter à sa place.

Au fond, c'était très malsain.

Mais là, je le vis présenter, pouffant et jubilant comme un gosse, la carte d'élève de Sciences-Po de son frère, à qui il ressemblait suffisamment pour la vraisemblance. Le président le connaissait pour l'un de ses électeurs habituels. Il ne fit aucune difficulté.

Et je vis mon père entrer pour la seconde fois dans l'isoloir.

Et pour la seconde fois, il vota Mitterrand.

Je ne l'ai jamais vu plus heureux que ce jour-là.

Mais bien entendu, dès l'élection acquise, comme tant de rocardiens, il passa à la trappe.

Cette phase-là, je l'ai sue mais il ne me l'a jamais racontée : je ne l'ai revu que deux fois après le 10 mai 1981.

Les voici.

Au début de l'automne de cette même année, toujours âgé de seize ans, élève du lycée Janson, une boîte prestigieuse d'un quartier bourgeois de l'ouest parisien, j'avais décidé qu'il devenait impossible de rester neutre. Je m'étais engagé.

Intéressé par la modération et par le talent verbal de Lecanuet, j'avais adhéré au centre, une étiquette que jamais aucun membre de ma famille n'avait portée avant moi (j'avais pourtant le choix, car du radicalisme au nationalisme en passant par le socialisme, l'éclectisme régnait dans mon entourage familial). J'ai donc complété le panel en entrant en centrisme, secte bizarre et peu nombreuse dont il faudra bien que je dise quelques souvenirs cocasses à un moment ou un autre.

Quoiqu'il en soit, j'adhérai début octobre 1981 et à la fin de ce même mois, mon grand-père paternel mourut, certain d'avoir été assassiné par les sbires de Jacques Médecin : officier de marine retraité, grand résistant, il s'était présenté sous une étiquette "poujadiste" aux législatives de 1981 dans les Alpes Maritimes et y avait obtenu un peu plus de cinq pour cent. Un cyclomotoriste l'avait ensuite renversé, lui causant des blessures mortelles et mon grand-père, il est vrai parano de nature, avait conclu à l'assassinat dans une lettre qu'il m'avait adressée. Il mourut donc fin octobre.

Ce fut alors l'avant-dernière fois que je vis mon père, aux obsèques de son propre père.

Moins de deux mois plus tard, entre Noël et le Nouvel An de cette année 1981, il m'appela et me proposa de passer la soirée avec lui, ce que je n'avais jamais fait.

J'acceptai.

Il me donna le choix de son cadeau de Noël : m'offrir "une pute" ou une place au spectacle de Montand à l'Olympia.

Je choisis Montand à son grand désarroi : sûr de ma réponse, il n'avait pas acheté un billet pour le concert.

Nous nous rendîmes donc au plus célèbre music-hall de Paris. La salle était archi-comble. Il fallut parlementer un long moment avec la guichetière pour obtenir de pénétrer dans cet endroit devenu déjà mythique.

Montand était étonnant. Je ne connaissais de la chanson sur scène qu'Anne Sylvestre, amie de ma mère, dont je fréquentais ponctuellement les concerts, et le music-hall, le spectacle insensé fourni par Montand, tout cela fut pour moi un très grand choc artistique. Nous étions assis sur les marches : les sièges regorgeaient de gens assis les uns sur les autres, les strapontins fléchissaient sous la masse, il ne restait que les gradins, au mépris de toutes les lois de sécurité.

Nous n'avions pas peur. J'étais subjugué.

À l'entr'acte, une banderole fut déroulée sur tout le long de la scène. Elle portait un seul mot, inscrit en rouge sang sur fond blanc : Solidarnosc (avec des accents sur le s et le c), le nom du syndicat Solidarité en polonais. On était quinze jours après le 13 décembre 1981.

Voilà ce qu'était la gauche à cette époque-là.

Puis mon père, en sortant de l'Olympia, comme on était dans le bon quartier, réitéra sa proposition de m'offrir "une pute". J'avais dix-sept ans.

Je refusai de nouveau, un peu déstabilisé.

Il haussa les épaules et me sourit, puis il poursuivit sa route.

Je ne l'ai jamais revu : il est mort deux mois plus tard, âgé de quarante-huit ans. 

Le débat : vive la démocratie.

Ouf, on a tellement voulu étouffer le débat pendant cette campagne, on a tellement voulu faire taire Bayrou en particulier, on l'a tellement couvert de tous les noms d'oiseaux, que le retrouver, même à la sauvette et sur une chaîne encore minoritaire, que vraiment, on a respiré.
 
On a d'autant plus respiré que le dialogue s'est développé sans concession ni agressivité, comme un bon échange de vue sur le contenu des programmes.
 
Pour ceux qui en doutaient, il vaut mieux avoir voté Bayrou que Royal au premier tour. Ses idées sont plus précises et plus modernes.
 
Pour ceux qui le redoutaient, le programme de Ségolène Royal reste hélas celui de la gauche de grand-papa : "je fais confiance aux partenaires sociaux..." de qui se moque-t-on avec ce refrain seriné depuis 25 ans et qui ne trompe plus personne ? Le tout-État ? Elle dit "je le nie" mais son programme le fait. Comme l'a dit Bayrou, il y a deux Ségolène Royal et l'une est rarement en accord avec l'autre.
 
Pour ceux qui l'espéraient, il y a tout de même des raisons solides de rejeter plus Sarko que Ségo : les changements institutionnels nécessaires, la laïcité (et d'une manière générale la neutralité de l'État), l'humanisme en général (certains propos de Sarko méconnaissent l'art 1 de la déclaration des droits de l'homme de 1789 : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit"), la menace de noyautage de l'État par certaines sectes, etc.
 
Bref, je n'ai pas changé d'avis même si je dois avouer que Ségolène Royal ne m'a donné aucune envie de voter pour elle.
 
J'ai lu pendant le débat qu'Emmanuelli appelait à la création d'un grand parti anti-libéral. Pourvu que ce soit le signe avant-coureur de la recomposition que nous attendons tous avec impatience. Pour moi, évidemment, dans le sens de la démocratie et de la liberté. 

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27/04/2007

Albert Camus, la patrie du verbe.

"Ma patrie, c'est la langue française", écrivait Camus. On devrait le relire ces jours-ci, ce serait un repos. Il faisait dire aussi à Napoléon dans "Les amandiers" : "Il n'y a que deux forces au monde, le sabre et l'esprit . À la longue, l'esprit l'emportera toujours sur le sabre". Que certains en prennent donc de la graine.
 
Camus, le pessimiste, le pacifiste, le résistant, le directeur de "Combat" clandestin sous l'occupation, l'enfant français de l'Algérie opposé à la guerre, ennemi de ses amis, toujours tourné vers l'exigeance de l'intelligence, est l'un des hommes indomptables qui manquent à notre époque.
 
Jamais dupe, jamais emporté par une autre idée que la sienne, repoussant également toutes les opinions faciles, montrant son long visage et son regard incisif, il ne se laissait pas dominer. Pas assez pour la tranquillité de ses contemporains.
 
Ami des Gallimard, il a représenté pour une génération l'aune de toutes les indépendances d'esprit.
 
Tout le monde a lu "L'étranger" ou "La peste" au lycée. Je préfère "L'étranger", bien qu'il faille le lire un jour où le soleil brille fort et où on vient de gagner un milliard au Loto pour éviter de sombrer aussitôt dans la plus affreuse déprime. Son théâtre ne vaut pas celui de Sartre mais le relatif oubli ou, pour mieux dire, la trop grande négligence dans laquelle il est tenu relève de l'injustice.
 
Huster a repris son "Caligula" voici quelques années, à peu près avec la même idée étrange que Lawrence Olivier interprétant Hamlet à l'âge de cinquante ans. Ce Caligula nous rappelle de quoi est faite l'âme des dictateurs.
 
À méditer donc ces jours-ci. Libre. 

26/04/2007

Ségolène tristement.

Voici un extrait d'une interview donnée par l'excellente Quitterie Delmas au site de débat politique www.page2007.com qui résume en tout ce que je pense (réalisée par Joy Binoche) :

"JB : Et toi, pour qui comptes tu voter ?

QD : J’ai entendu que certains députés UDF avaient déclaré publiquement qu’à titre personnel ils voteraient Nicolas Sarkozy. Du coup je n’hésite pas à dire qu’en ce qui me concerne, il n’y a aucune raison pour que je ne vote pas pour Ségolène Royal…

JB : Quelles sont les raisons de ce choix ?

QD : Les méthodes et les pratiques de Nicolas Sarkozy ne me satisfont absolument pas et pour moi, la clé de la vie politique et de l’avenir, c’est la réforme des institutions, le non cumul des mandats, la proportionnelle, la séparation des pouvoirs. A mon sens, on ne pourra pas avancer tant que ce travail là n’aura pas été effectué.
La dérive droitière de Nicolas Sarkozy avec en particulier le projet de créer un Ministère de l’Immigration et de l’identité Nationale et l’idée selon laquelle la pédophilie et le fait d’être suicidaire sont génétiques sont des choses que je trouve totalement inacceptables. Tout cela est vraiment très éloigné de mon engagement politique. C’est diamétralement opposé à mon esprit réformateur."

L'engagement est un acte de toute la vie. Il n'est pas divisible. Toujours, partout, l'humanisme prime, Quitterie Delmas le dit avec les mots parfaits.

 

Pour ceux que des précisions intéressent, Quitterie Delmas indique aujourd'hui sur son blog (en lien colonne de droite) les motifs de son choix qui reste à titre personnel. 

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25/04/2007

Littérature de pouvoir.

18,5. Ce n'est pas une si mauvaise note...
 
Reste qu'une fois de plus, la politique des moyens triomphe contre celle des fins. Une fois de plus, l'énergie de la conquête a dévasté l'ordre de la raison.
 
On voudrait croire à une dimension romanesque des personnages qui sont apparus dans le récent scrutin. Or à l'examen, on aura du mal à échapper au stéréotype.
 
Bien entendu, l'idée immédiate, l'homme de pouvoir par excellence, en littérature, c'est Rastignac. Ou si l'on en veut un modèle plus politique (sinon plus républicain), on songera à ce journaliste qui est le personnage central des "Grandes familles" de Druon et dont le nom m'échappe au moment où j'écris.
 
À ces archétypes du cynisme ambitieux s'oppose le roc du Jacques Thibault de Martin du Gard, l'antipouvoir type, le sacrifié de nature, le juste à qui la pulsion mortelle et destructrice donnera toujours tort. Autant dire tout de suite que je n'identifie Bayrou ni à l'un ni à l'autre types. C'est mon ni-ni à moi. Bayrou est un juste sans sacrifice, ou plutôt de sacrifice modéré, un centriste du sacrifice : ni trop, ni trop peu. Toujours le ni-ni.
 
Et s'il est difficile de s'extraire des clichés, c'est parce que la littérature n'a guère traité la matière politique. On y voit peu les rouages de l'autorité, peu les mécanismes de la décision. "Germinal" décrit le militantisme dans sa genèse. "Les Thibault" dans son effervescence. On trouvera des auteurs engagés. On trouvera aussi des fictions documentaires du type "meurtre à l'Élysée" ou "à l'ÉNA". Mais ces livres ont un rapport lointain avec la littérature.
 
Sur le pouvoir et sa conquête, outre les classiques de Machiavel ou de Sun-Tzu, qui ne sont que des traités de tactique, on devra se rabattre sur les excellents "Mémoires" de Louis-Philippe, ou sur ceux, finalement, d'une quantité de grands hommes quand ils ont eu l'honnêteté de s'exprimer sans langue de bois. Un recensement qui reste à faire.
 
Et toi, lectrice, lecteur, qu'as-tu à ajouter à cette liste de littérature de pouvoir ?
 
Moi, je n'ai qu'une phrase que, sans surprise, j'emprunterai à Victor Hugo. Il s'agit là du seul vrai espace de vie où le pouvoir puisse être corrigé par un engagement de tous les instants : le couple. La phrase d'Hugo (je cite de mémoire) est : "Sois ma reine et mon esclave, je serai ton roi et ton esclave".
 
Je connais une jolie môme qui l'incarne bien. 
 
Libre. 

Geremek contre les liberticides.

Bronislaw Geremek, l'une des figures historiques du syndicat Solidarité, vient de s'opposer avec force au gouvernement néoconservateur polonais. La droite locale a en effet instauré une loi contraignant l'ensemble des responsables politiques et administratifs du pays à déclarer leur ancienne appartenance, affiliation ou subordination à l'ancien pouvoir communiste.
 
Geremek, l'un des animateurs de la résistance, n'est guère suspect, on s'en doute, de plaider pour sa propre cause en combattant cette disposition. Il est allé jusqu'à mettre son mandat de député européen dans la balance en ne remettant pas au pouvoir la déclaration que, comme élu, il était astreint à faire.
 
Autant dire tout de suite qu'une semblable attestation était déjà exigée auparavant, mais les nouvelles dispositions sont partout jugées liberticides. Le geste de l'eurodéputé vise la cour constitutionnelle qui doit se prononcer dans quelques jours sur la validité de la loi.
 
Que chacun sache donc ce qu'est capable de faire un pouvoir néoconservateur et que chacun se prépare à la résistance. Libre.

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23/04/2007

Bulletin bleu ? bulletin blanc ? bulletin rouge ?

Une dernière synthèse politique avant de revenir à mes travaux littéraires et historiques. 

Le débat fait rage sur le blog de Quitterie Delmas entre les partisans de Bayrou sur la conduite à tenir pour le 2e tour.

Une analyse se manifeste : le PS, pour sauver son premier tour, a sacrifié le second. Il a joué son intérêt personnel contre l'intérêt général. Résultat : le cumul des voix PS+extrême gauche est le plus faible jamais enregistré depuis le congrès d'Épinay en 1971. Il laisse supposer de bons reports de voix mais crée un flou dangereux au centre.

L'intransigeance passée de l'appareil socialiste incite de nombreux centristes à s'interroger sur leur vote, tout en détestant être devenus un cheptel à conquérir.

On s'attend à ce que François Bayrou, fidèle à sa ligne, ne donne aucune consigne de vote, chacun faisant alors selon sa conscience.

L'objectif suivant pour le vrai motif de la campagne de Bayrou, l'union nationale, est les législatives : c'est là que, au cas par cas, nous tenterons de déverrouiller de nouveau la politique française en évitant qu'une majorité automatique ne se développe. Bayrou dépasse en effet le score de 20% dans deux cents circonscriptions, soit plus d'une sur trois, ce qui lui garantit en pratique de maintenir ses candidats au second tour.

Il ne s'agira pas d'inverser la polarité de nos alliances, mais de pérenniser le parti central, le Parti Démocrate annoncé par le récent candidat.

Autrement dit, installer l'idée que l'on peut travailler avec tous, quel que soit leur bord.

Dans cette perspective, l'analyse du score possible de Ségolène Royal au second tour est nécessaire.

Il y a ceux qui envisagent qu'elle ne bénéficie pas des voix qui se sont portées sur Bayrou et qu'elle stagne à 35%, ce qui l'éliminerait durablement des premiers rangs.

Il y a ceux, symétriques, qui estiment qu'elle aura les 18,5% en rangs serrés. Elle atteindrait ainsi 53 ou 54%.

Et puis, au milieu (!), comme moi, sont ceux qui tentent de tracer une ligne entre ceux pour qui le report sur Royal est naturel et ceux pour qui il ne l'est pas.

De mon point de vue, c'est deux tiers, un tiers. D'autres me disent moitié-moitié.

Or Sarkozy a (lui+LePen+Villiers = 45%). Il faut donc à Mme Royal au moins la moitié des électeurs de Bayrou pour revenir à la hauteur de Sarkozy si les lepénistes se reportent bien sur celui-ci, ce qui semble probable.

J'en connais, il y en a sur ce blog, qui voteront dans état d'âme pour elle. D'autres sont plus circonspects et préfèrent voter blanc.

Quitterie Delmas elle-même n'a pas encore pris position.

Sarkozy est une menace pour la France, reste à savoir comment conjurer cette menace au mieux.

L'hypothèse la plus risquée est la suivante : un très mauvais deuxième tour de Royal provoquerait certes la victoire de Sarkozy, mais la disqualification de Royal pour conduire l'élection législative.

Dès lors, celle-ci pourrait se jouer entre un projet de la droite haineuse et celui de l'union nationale, le PS étant écarté du premier rôle par ses propres dissensions.

Il faut reconnaître que cette version repose sur beaucoup d'hypothèses. Il sera intéressant d'examiner les reports des bayrouistes au second tour.

Il sera également passionnant de découvrir le nouveau pouvoir d'Internet et la montée des nouvelles générations.

Bayrou a (nous dit-on) recueilli 26% des voix des "primo-votants", électeurs néophytes, presque à égalité avec les deux autres. C'est donc bien l'image de l'ancienne UDF qui l'a plombé. Mais c'est aussi le signe d'une génération qui, au moment d'entrer dans la citoyenneté, s'est fortement reconnue dans le message d'union nationale.

Il faudra donc que les démocrates songent à traduire la place d'Internet et celle des jeunes dans leurs candidatures...

Quant à moi, je replonge dans mes livres.

Libre. 

21:15 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : présidentielle, udf, bayrou, sarkozy, royal, bové, le pen | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Je rouvre les commentaires de mon blog.

Voici venu le temps des livres et des lettres.

02:45 | Lien permanent | Commentaires (6) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook