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29/02/2012

Stigmatiser les riches

Bien sûr, l'augmentation des salaires patrons des entreprises du Cac 40, annoncée il y a peu, peut passer pour une provocation au moment même où les fermetures d'usines se multiplient et où l'État est en grande difficulté financière, difficulté dont il ne sort qu'en accentuant la pression fiscale. Tout cela est vrai. Les démagogues de gauche l'ont bien compris, M. Mélenchon en particulier. Mais ce n'est pas en stigmatisant une partie de la population que notre pays pourra s'en sortir. Si nous voulons qu'il redresse la tête, qu'il aille de l'avant, qu'il crée plus de richesse à partager, qu'il crée plus d'emplois, il faut cesser de désigner des boucs émissaires, hier les tziganes, aujourd'hui les millionaires.

Dans les deux cas, il s'agit d'une population restreinte, on ne prend donc aucun risque électoral à la désigner à la vindicte populaire. Peuple, tu cherches des responsables coupables de tes maux ? les voici. Pends-les donc avec leurs tripes à la grille de leurs châteaux.

Non, décidément, ce n'est pas comme cela que l'on pourra faire avancer les choses et faire progresser la conscience publique et donc la particpation de chacun aux décisions et actions publiques. Notre peuple a besoin de mobilisation, pas de haine. En appelant au sacrifice des millionaires sur l'autel de Moloch, on ouvre la boîte de Pandore, car une fois que l'on se sera rendu compte que ces millionaires, plumés, n'ont pas sorti le pays des difficultés, quelle autre catégorie désignera-t-on à la vindicte publique ? La guillotine, on sait quand elle commence, on ne sait jamais quand elle s'arrête.

Alors bien sûr, vous me direz : "très bien, ne faisons rien, et tout s'arrangera ?" Non, il faut agir. Mais au centre du jeu, il y a la dette de l'État. Paralysé par son endettement et par la pression fiscale qu'il impose à toutes les catégories de la population, l'État est incapable d'agir. Il peut s'exprimer, mais ses paroles sont vaines, car il lui manque la faculté de l'action.

D'ailleurs, la bulle des dettes des États pousse les inégalités à la hausse. Pourquoi ? parce qu'elle produit des rendements financiers torrentiels sans efforts. Elle nourrit le jeu sur l'argent lui-même. De ce fait, la rentabilité qu'offre l'activité économique paraît faible, pâle, au regard des taux de la spéculation sur l'argent. Il faut donc pousser la machine productive, ce qui la déglingue, pour donner du rendement financier, et les rémunérations des dirigeants suivent. Si l'argent est au contraire plus rare, les inégalités stagnent. Oui, pour réduire la spéculation, il faut réduire l'endettement des États, ce qui réduira la liquidité de l'économie mondiale.

La réduction de cette liquidité aura un avantage accessoire, celui de rendre plus voyantes les opérations financières liées au blanchiment et aux paradis fiscaux. car il faut savoir que, selon la cour des Comptes, le blanchiment s'élève en France à 220 milliards (mais je crains que la cour n'y ait mélangé la fraude fiscale avec l'argent des réseaux mafieux, ce qui est dommage) par an, cependant que j'ai lu sur le site Aidonslargent.org que le montant des dépôts français dans les paradis fiscaux s'élève à 532 milliards. On voit qu'il y a de la marge pour réduire la dette de l'État en créant une spirale vertueuse par le désendettement de l'État, grâce à la réduction de la liquidité mondiale et donc à la transparence des transactions financières.

Or ceux qui désignent les millionaires à la haine publique sont aussi ceux qui prônent l'aggravation de la dette de l'État par l'augmentation de la dépense publique. De qui se font-ils donc les complices ?

En réalité, nul doute que, une fois les dettes souveraines réduites, les inégalités diminueront aussi. Ensuite, comme l'environnement normatif et fiscal des entreprises aura été amélioré, l'activité reprendra sur des bases saines et il sera possible de réduire la pression fiscale et de rendre du pouvoir d'achat à nos concitoyens qui en ont un grand besoin.

Cela, ce pouvoir d'achat, la mesure de taxation à 75% des plus gros revenus ne le permet pas, puisqu'elle ne rapporte guère plus de 200 millions d'Euros, une goutte d'eau dans l'océan de la dette publique. Rappelons que Bayrou crée une tranche à 50% qui ne représente qu'une augmentation modérée des impôts des hauts revenus, et qui cependant ne doit pas rapporter beaucoup moins de 2 milliards d'Euros, dix fois plus que le cri de haine poussé par M. Hollande. Encore s'agit-il d'ailleurs d'une hausse provisoire avant de réformer l'État et d'engager le redressement du pays et le retour progressif et sain de l'augmentation du pouvoir d'achat.

De toutes façons, nous savons que nous ne nous en sortirons que si et seulement si chacun, quelle que soit sa position sur l'échelle sociale, cesse de penser que l'autre est coupable : l'étranger, le chômeur, le millionaire, car nous sommes tous coresponsables de notre pays et de son destin, et il ne peut aller de l'avant que si nous nous retroussons tous les manches pour œuvrer en commun à son avenir qui est aussi le nôtre.

 

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28/02/2012

Le déconomètre à plein tube

Évidemment, le cinéma français manque de ces grands dialoguistes comme Audiard. Avant Audiard, il y avait Jeanson. Après Audiard, il y a de bons fabricants, mais pas la même verve. Chez Francis Veber, par exemple, le mot n'est pas toujours drôle en lui-même, il l'est surtout en situation. Il y a du Feydeau chez Veber. Chez Jeanson, puis chez Audiard, le joli mot comptait, il apportait un supplément de saveur. Quand je dis le joli mot, je devrais dire le bon mot, le mot d'esprit, même si l'esprit n'était pas toujours celui de l'aristocratie ni des salons parisiens (qu'il était parfois).

Et les cons, chez Audiard, ont une place toute particulière. Quand Bayrou, tout à l'heure, pour qualifier la saillie de Hollande sur la tranche marginale d'impôt sur le revenu à 75% pour les revenus supérieurs à 1 million d'Euros par an, a prononcé le nom d'Audiard, j'ai cru un instant qu'il allait dire sa phrase la plus célèbre : "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît". Mon pouls s'est accéléré un court moment, puis Bayrou a donné une autre citation d'Audiard, plus feutrée : "Le déconomètre marche à plein tube". Du caviar. Il aurait pu en puiser d'autres dans le vaste vivier des cons modèle Audiard, par exemple : "En avant les conneries", assez succinct, mais ne manquant pas d'expressivité non plus.

Eh oui, en avant les conneries, le déconomètre à plein tube.

On m'a fait remarquer ce matin qu'en fait, Hollande utilise la même technique de campagne de premier tour que Sarkozy : siphonner les voix de son extrême (en l'occurrence Mélenchon) pour maintenir sa pole position au premier tour. Y arrivera-t-il ? On verra. Heu, en fait, on s'en fout. En tout cas, il faudra qu'il nous explique l'impact réel de cette mesure. Soit c'est un gadget inventé au dernier moment pour faire le buzz, touchant peu de monde et rapportant peu d'argent (tout en étant confiscatoire contre les plus riches), soit c'est une vraie mesure, mais alors il va falloir tisser des barbelés aux frontières pour empêcher la population concernée d'émigrer.

En réalité il s'agit d'un sacrifice à la fois à l'extrême et au dieu médiatique, alors même que, comme l'a fait observer Bayrou ce matin, il n'y a pas trois semaines que Hollande a présenté ses mesures fiscales et leur cohérence avec fierté. Elles n'auront pas tenu un mois. Somme toute, si les gens veulent du sérieux, il vaut mieux qu'ils se tournent vers Bayrou.

EDIT : les calculettes tournent. Apparemment, la mesure des 75% toucherait 15000 à 20000 foyers et rapporterait 200 millions à l'État. En somme, comme Bayrou a une tranche marginale à 50 % dans son programme, eh bien, au-delà de la tranche marginale de 45 %, Bayrou prend 2 milliards, et Hollande 200 millions. Voilà voilà ...

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27/02/2012

Un référendum pour un vrai changement

J'ai été très frappé, en suivant François Bayrou hier au Salon de l'Agriculture, d'entendre les récriminations des journalistes de BFMTV. Il faut dire que la masse des caméras, des micros et des appareils photo qui suivaient Bayrou formait une sorte de mole compact, comme on dit au rugby, de la taille et de la brutalité d'un char d'assaut. J'ai moi-même sauvé une pauvre petite vieille dame de se faire écraser par le passage de ce troupeau aveugle (les journalistes et autres perchmen avancent forcément en crabe ou à reculon sans pouvoir regarder où ils marchent) qui faisait une embardée. Outre Bayrou, les jeunes de son équipe, des parlementaires comme Robert Rochefort ou Marielle de Sarnez, des maires ayant donné leur signature, des agents de sécurité de l'organisation du Salon, bref, une centaine de personnes se déplaçait en grappe compacte, surmontée d'une forêt de perches tendant des dizaines de micros au-dessus du candidat à l'élection présidentielle. C'était à la fois le signe encourageant qu'il avait marqué des points la veille et le symbole un peu effrayant de la société médiatique qui, par moments, rappelle qu'en 1789, l'un des événements déclencheurs de la révolution fut une chasse poursuivie dans les faubourgs mêmes de Paris par un frère de Louis XVI, où des passants furent ainsi bousculés et molestés avec la plus parfaite et la plus aveugle indifférence, au nom de la différence entre les choses de réelle importance et la condition inintéressante des manants. Deux fois plus de journalistes que prévu, et crac, on ne retient plus rien.

Le reproche de ce journaliste était simple : avec Sarkozy, on sait où l'on va, tandis qu'avec Bayrou, il va à droite, à gauche, on s'y perd. Et tout est là. Car la masse aveugle des journalistes continue à suivre Sarkozy qui ne peut plus aller nulle part, tandis que le candidat Bayrou, lui, avance sans s'enfermer dans les allées battues et rebattues du monde coupé en deux, hémiplégique, de la droite et de la gauche, fausse opposition d'ailleurs. Il va, il a un chemin, mais ce chemin dérange les prévisions des chiens de garde d'un ordre établi.

Contre cet ordre établi, le référendum voulu par le candidat Bayrou lance un bélier d'une puissance formidable : indépendance de la presse à l'encontre des groupes industriels et financiers, indépendance de la justice sous l'autorité d'un garde des sceaux détaché de la solidarité et de l'autorité gouvernementale, réduction du nombre des parlementaires et introduction d'une dose suffisante de proportionnelle, il y a presque les lignes fortes d'une sixième république, c'est en tout cas l'indice d'une étape fondamentale dans l'histoire de la cinquième.

Prenons les sujets un par un.

Indépendance de la presse. Il est paradoxal que ce soit un journaliste du groupe d'Alain Weill qui se plaigne de Bayrou, puisque ce groupe est déjà indépendant. Peut-être carint-il de perdre sa spécificité. Toujours est-il que, une fois posé ce principe d'indépendance par le référendum, il appartiendra à une loi solennelle d'interdire l'appropriation d'un moyen de presse par une entreprise vivant des commandes de l'État. Principe simple, opérationnel, salutaire, qui interrompra définitivement la dérive qui emporte le monde médiatique depuis une vingtaine d'années, et ce n'est pas une coïncidence si toutes les courbes les plus négatives de notre économie nationale commencent également à cette échéance d'une vingtaine d'années en arrière : un monde où la presse ne joue plus son rôle est un monde éteint, mort, déchéant.

Indépendance de la justice. Le président de l'USM ajoutait samedi à l'indépendance hiérarchique du garde des sceaux l'idée d'une refonte du conseil supérieur de la magistrature à rebours de celle qui a été faite par l'autorité constituante sous la présidence Sarkozy. Je pense qu'il a raison et que pour garantir pleinement l'indépendance du parquet, la double réforme serait bienvenue, on voit que le législateur constitutionnel sera une fois de plus mis à contribution après que le référendum aura tracé le chemin.

Réduction du nombre des parlementaires. Jusqu'en 1986, la France comptait 477 députés. Mais François Mitterrand, prévoyant la défaite de son camp aux législatives de mars 1986, imagina d'augmenter le nombre des députés et d'instaurer la proportionnelle intégrale dans le cadre départemental. De cette façon, il sauvait beaucoup de ses amis et, si le PS ne pouvait éviter le naufrage, les députés PS se mettaient, eux, à l'abri de ce naufrage. Ainsi le nombre des députés passa-t-il de 477 à 577. Je ne vois aucun inconvénient à ramener ce nombre à 400 tout rond. De surcroît, faire élire 300 députés au scrutin majoritaire représente environ la moitié de 577, donc on divise le nombre de circonscriptions par deux, ce qui est simple aussi.

Quant à la centaine de députés élus à la proportionnelle, je suis personnellement favorable à ce qu'y soit reversé le contingent des députés des Français de l'étranger. Ces derniers voteraient donc uniquement pour le quota de députés élus à la proportionnelle, je crois qu'on voit la logique de ce système. Enfin, à partir du moment où un parti aura obtenu 5% des voix (et donc au moins 5 sièges), il faudra qu'il puisse disposer d'un groupe à l'Assemblée Nationale. De cette façon, le travail parlementaire sera revalorisé.

L'exemplarité

Mais tout ceci ne sera rien si les pratiques des politiques ne changent pas. L'utilité du référendum, de ce point de vue, sera de permettre l'émergence d'une génération politique nouvelle, 300 députés au moins, qui se présenteront sous l'étiquette de la majorité nouvelle. Le référendum ayant lieu le même jour que le premier tour des législatives permettra d'asseoir les candidatures souvent surprenantes de personnalités entièrement nouvelles. On se rappelle qu'en 1958 ou en 1981, lors des grandes embardées politiques, des quantités de personnes inexpérimentées furent élues. Il faut se rappeler l'allure un peu étrange de la génération des députés de 1981 pour comprendre ce que va signifier l'apparition de la majorité bayrouiste. Un appel d'air, un souffle neuf, appuyé sur l'autorité d'un président enraciné profondément dans son lien avec le peuple.

Ensuite, il faudra nettoyer au kärcher, non pas les banlieues qui ne demandent pas grand chose d'autre qu'un peu de respect, de considération, de travail et de liberté, mais un certain nombre de tissus politiques locaux vermoulus, de droite comme de gauche. On pense par exemple à deux départements tenus par la gauche : le Pas-de-Calais et les Bouches-du-Rhône, et à un département verrouillé par la droite de la droite : les Hauts-de-Seine. Partout où le travail patient et ardent de la justice aura révélé des systèmes mafieux, il faudra que les punitions soient implacables et exemplaires.

Exemplaire doit être aussi le comportement des députés nouveaux et immédiates les sanctions de comportements inadéquats. Si nous voulons que notre pays redémarre, il importe que l'exemple vienne d'en haut. Si chacun sait que ses gouvernants sont irréprochables, il a envie de le devenir aussi. La vertu se transmet par capillarité et de haut en bas.

Et quand je dis de haut en bas, cela ne signifie pas qu'il faille croire qu'on en profitera pour rétablir une société hiérarchique qui ne prendrait pas, car comme le faisait justement remarquer Anne-Marie Idrac samedi, le top down c'est fini, le bottom up c'est fini aussi, on est dans une configuration sociétale nouvelle d'imbrication de corps intermédiaires indispensables et d'intervention directe de chacun à tous les stades des décisions grâce aux nouveaux moyens de commnication et d'information. L'élaboration des décisions doit emprunter des chemins inédits.

C'est ainsi que notre société, immobilisée et sclérosée depuis quinze à vingt ans, se remettra à vivre, sortira de son coma, et redeviendra, dans une Europe en construction, une France en mouvement.

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24/02/2012

Adjuration à des amis du centre gauche

Mes micro-trottoirs personnels sont bien rôdés. Je suis moi-même adhérent au centre depuis trente ans et, dans la période précédente, mon père militait au PS et à la CFDT, dans les lignes de la deuxième gauche. Je suis donc capable de dire que le centre droit est désormais bien arrimé à la candidature de Bayrou. Au centre gauche, c'est plus compliqué. Alors, il est temps que je m'adresse à vous, amis du centre gauche.

Vous avez peur. Vous craignez que Sarkozy, que vous exécrez comme six Français sur dix, n'ait encore un tour dans son sac, et donc vous vous cramponnez à la candidature de François Hollande de peur que son édifice ne se lézarde si vous osez dégarnir un tant soit peu les rangs de ses soutiens. Il est comme un talisman, comme la gousse d'ail qui vous protège contre le vampire des Carpathes. On vous dit que Sarkozy le talonne, qu'il est menacé de tout perdre. Or on vous ment.

La moyenne des sondages de François Hollande le donne actuellement entre 29 et 30 %, cependant que celle de Sarkozy le place entre 25 et 26 %. Quatre à cinq points séparent les deux candidats au premier tour. Vous allez me dire que ce n'est pas si énorme. Oui, c'est vrai, sauf que... au deuxième tour, l'écart, lui, est de 14 points au moins, car la moyenne des sondages se situe à 57-43 % en faveur de Hollande. Quatorze points... sachant qu'en 2007, à la même période, l'écart s'était stabilisé depuis longtemps à 53-47 en faveur de Sarkozy, la distance de crédibilité s'était creusée. C'est d'ailleurs pourquoi, et l'espoir dans lequel, vous vous êtes portés sur la candidature de François Bayrou, car lui, il battait Sarkozy. Hélas, l'électorat des fonctionnaires a fait de la résistance et a préféré perdre avec Royal plutôt que gagner avec Bayrou.

Aujourd'hui, les choses ne sont plus du tout les mêmes. Sarkozy est carbonisé. Qu'on lui veuille du bien ou non, l'écart de crédibilité entre lui et Hollande est insurmontable. La vraie question est donc de savoir si nous voulons vraiment voir Hollande triompher ou si nous préférerions voir nos idées communes l'emporter. Or cette réponse, je la connais. Le monde que vous envisagez, c'est celui que Bayrou décrit. C'est le nôtre. Oui, nous ne sommes pas seulement d'accord pour voir les talons (et talonnettes) de l'actuel président Sarkozy, nous sommes d'accord sur ce que nous voulons pour la France de demain.

Alors, je vous le dis : n'ayez pas peur. Votez pour vos idées, il n'y a pas de risque, votez Bayrou.

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23/02/2012

Deux sondages donnent Bayrou devant Holande au second tour

Voici les deux sondages, ou plutôt les liens des deux sondages : celui de Paris Match et celui de Lyon Capitale. Pour celui de Paris Match, il faut regarder tout en bas de la page. Celui de Match est plus clair, car il donne 51-48 au candidat centriste, cependant que celui de Lyon-Capitale prend en compte les indécis et ne donne que 46-45. Le rapprochement des deux sondages permet d'affirmer qu'il y a une tendance pour François Bayrou devant François Hollande. Tant mieux.

Il n'y a pas beaucoup de commentaires à faire, sinon qu'à l'évidence, François Bayrou rassemble plus que Nicolas Sarkozy et même que François Hollande. Cela, il faut le faire savoir.

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22/02/2012

La droite et la gauche face à elles-mêmes

Non, je n'ai pas écrit "face à face", la droite et la gauche face à face. Car on n'a pas d'autre adversaire que soi-même, Bayrou l'a très justement dit dès le début de la campagne : ne cherchons pas d'autre responsable de nos défauts et de nos échecs que nous-mêmes. Et donc, dans cette nouvelle phase de la campagne qui commence, la droite n'a pas d'autre adversaire qu'elle-même, la gauche n'a pas d'autre adversaire qu'elle-même, la France, notre vieux pays, n'a pas d'autre adversaire que lui-même. Voyons cela.

Droite : la France défigurée

"La France défigurée", c'était une émission des années 1970, du temps où la télévision signifiait encore quelque chose, qui militait pour les paysages et pour le patrimoine, en rappel sur ce dernier point d'une autre émission : "Chefs d'œuvres en péril". Les deux titres résument assez bien ce qu'est devenue la droite française : un paysage défiguré sur lequel planent les fantômes de chefs-d'œuvres en péril.

Depuis l'apparition du Front National au cœur du débat politique, dans les années 1980, j'ai toujours trouvé que les idées de ce mouvement contredisaient les objectifs qu'il affichait : une nation est par nature rassembleuse, la nation française s'est constituée par des milliers d'années de migrations, sans remonter même jusqu'au paléolithique, on peut considérer l'assèchement du Sahara et la remontée des populations méditerranéennes au mésolithique et surtout au néolithique, l'arrivée des populations celtiques à l'âge du bronze, des Grecs et les Romains à l'âge du fer, puis les grandes invasions, et enfin les grandes migrations tout au long du XXe siècle, la nation s'est bâtie sur ces mélanges que l'on retrouve dans la toponymie de la France de l'intérieur où se coudoient des noms de lieux d'origine gauloise, d'origine romaine, d'origine francique, ou autres. La France pratique le droit du sol depuis toujours. Par conséquent, mettre en exergue une identité plus française que les autres sur le territoire français, c'était créer une fracture dans la nation, inventer une communauté parmi d'autres communautés au lieu de faire de la nation la communauté unie, voire uniforme, qu'elle est par nature. Le nationalisme en mode Le Pen est un communautarisme, il contredit tout ce qui a fait notre histoire depuis Clovis, il est antifrançais.

Or la droite française, dont l'honneur a toujours été de défendre l'armée, la patrie, la nation, l'Histoire commune, les héros nationaux, a fini par céder sous les assauts barbares de l'Anti-France en se rangeant à la vision communautariste de la francité qui fait du Français un étranger parmi d'autres sur le sol de France, au lieu d'y faire de l'étranger un Français parmi d'autres. Nathalie Kosciusko-Morizet semble d'ailleurs l'avoir compris si elle a choisi elle-même le titre de son livre ("le front anti-national") que je n'ai pas lu, mais que diable n'en a-t-elle pas profité pour en tirer les conséquences logiques !

C'est ce dilemme central qui habite donc désormais la droite française : qu'est-ce qu'être de droite en France ? et non pas qu'est-ce qu'être français ? qui est une fausse question, un moyen de ne pas se poser la vraie, un prétexte. Le président Sarkozy a répondu à cette question à la façon sévère qu'ont les gens du peuple parfois : il faut de l'ordre dans la cuisine. Le général de Gaulle résumait cette vision en s'appropriant la devise du Brésil : "ordre et progrès". L'ordre, c'était que Madame n'aimait pas que ses enfants mettent les pieds sur la table dans sa cuisine, le progrès c'était qu'il y avait un réfrigérateur et une machine à laver dans cette cuisine (on pardonnera l'archaïsme de cette vision d'un autre temps). Le progrès ayant disparu des écrans radar de la droite, il y reste l'ordre, l'ordre pour l'ordre, avec un chapelet de boucs-émissaires de l'échec du progrès. La simple désignation de ces boucs-émissaires parmi les étrangers prouve l'appartenance de ceux-ci à la communauté nationale, puisque nous n'avons jamais d'autre ennemi que nous-mêmes.

Mais dès lors que la nation est fractionnée, dès lors qu'elle est ennemie d'elle-même, quel but le pouvoir peut-il donc avoir pour la droite ? C'est de n'avoir pas su répondre à cette question qu'est morte l'idée du quinquennat Sarkozy. Le pouvoir n'a eu d'autre but que lui-même et la routine des prévarications ordinaires. C'est peu. On ne peut pas tout effacer de ce quinquennat, mais son résultat est globalement négatif et ses rares réussites sont noyées dans l'étendue liquide de ses erreurs.

Gauche : le pouvoir pour le pouvoir ?

Il y a des moments où tout vole en éclats, où toutes les barrières tombent, où rien ne compte plus que le but, à tout prix. La gauche française en est arrivée là. Elle caracole dans les sondages d'intentions de vote : avant l'entrée de M. Sarkozy en lice, la moyenne des sondages en question lui donnait 58-42 au second tour, après la déclaration et le début de campagne de M. Sarkozy, la même moyenne donne 57-43, une avance plus que confortable.

Dès lors, avec une certaine logique, la gauche, M. Hollande, gère son avance en épicier de brousse, avec parcimonie. Qui pourrait aller l'inquiéter sur son Olympe ? Comment pourrait-elle perdre ? Et pour conforter son avance, elle marque le président actuel à la culotte, en particulier sur les sujets internationaux, et le candidat Bayrou à la culotte aussi, sachant que l'électorat centriste place la vertu budgétaire au-dessus de toute autre.

Or la dépense, la gauche, c'est son point faible, et c'est son point faible parce qu'elle aime dépenser et que, d'une part, philosophiquement, elle considère que la puissance publique doit distribuer l'argent (encore plus que le redistribuer), et que, au fond, l'État doit décider de tout, les acteurs économiques sont faits pour obéir, et que, d'autre part, elle a la même obligation que la droite envers un certain nombre de lobbys qui vivent aux crochets de la dépense publique.

Donc bien évidemment, elle s'apprête à dépenser. Elle ne pourra pas s'en empêcher. Mais elle veut tellement le pouvoir et elle a tellement peur du centre, qu'elle ment sur ses intentions. Elle ment comme des politicards d'arrière-cour. Elle choisit l'illusion en oubliant que la désillusion va vite et qu'il n'a pas fallu un an après la présidentielle de 2007 pour que la droite morde violemment la poussière aux municipales de 2008. 2014 sera évidemment une hécatombe pour les municipalités de gauche, à cause du mensonge de 2012. Mais cela, comme le reste, la gauche ne veut pas le voir.

Elle n'a aucune vraie solution pour enrayer le pillage actuel de notre économie, elle n'a aucune vraie solution pour rétablir notre compétitivité, sauf, à la marge, et pour une brève période, l'amélioration de notre compétitivité hors coûts. Les solutions qu'elle préconise sont conformes à la gestion des villes de gauche : impôts qui s'envolent, endettement qui se creuse, asphyxie financière, et fréquemment la corruption. Bah, se dit la gauche, en prenant le pouvoir, nous étoufferons les dossiers de corruption. Or là encore, la gauche se trompe. Oui, quand elle ne se ment pas, elle se trompe. Et c'est cette double erreur qui la fragilise, c'est cette double erreur, et elle seule, qui peut la faire perdre, car prendre le pouvoir pour la seule jouissance de le détenir, c'est toujours la promesse non seulement de l'échec, mais de la débandade.

Pour le moment, elle a tous les pouvoirs : presque toutes les grandes villes, presque tous les départements, presque toutes les régions, le sénat, il ne lui manque plus que l'Élysée et l'Assemblée nationale pour disposer de tous les pouvoirs, pour être en quelque sorte le parti unique du pays. Elle ne se rend pas compte que ce sera alors son chant du cygne et qu'elle finira par s'écraser sous son propre poids, qu'à l'état de supernova succède celui de naine blanche, puis de trou noir.

France : un pays en susrsis ?

Il y a au moins quatre cents ans que la France ne s'est pas trouvée dans une situation aussi dramatique. Bien sûr, il y a eu les deux guerres mondiales, et l'Occupation, mais la substance de la France résistait. Aujourd'hui, elle s'étiole. La France est un pays d'immigration, c'est son histoire, son naturel. Depuis une quinzaine d'années, elle est devenue un pays d'émigration. Et son économie se vide peu à peu de sa sève au même rythme, les entreprises productives sont de moins en moins nombreuses, les productions françaises résistent encore dans quelques domaines, comme le luxe, mais ont disparu des écrans radar du commerce international dans beaucoup de secteurs où elles étaient encore dynamiques voici quinze ou vingt ans. Il y a belle lurette que la plupart des fleurons français appartiennent à des mains étrangères, le cas le plus récent se trouvant être L'Oréal, sur lequel l'entreprise américano-suisse Nestlé ne cesse d'accentuer sa pression.

L'Allemagne traite désormais la France comme une vassale, un nain familier. L'Amérique continue à s'y servir. Et chacun y va de son coup de canif, la francophonie est battue en brèche, l'image du pays se brouille et disparaît.

Pendant que le bateau coule, les passagers dansent et l'équipage se dispute, selon l'image très juste donnée par Bayrou. Il faudrait s'unir, mais on ne pense qu'à soi. C'est le signe des grands naufrages. Il faudrait offrir à tous ces gens un DVD du film "La fille du puisatier", de Pagnol, qui montre qu'on ne peut s'en sortir que si chacun y met du sien, que si chacun accepte d'abandonner un peu de son quant-à-soi.

À droite, on hésite entre sauve-qui-peut et fatalisme. Une partie de la droite souhaite la défaite de son camp. Après tout, mai 1981, on y a survécu, et, en 2017, ce sera mon tour. Ton tour de quoi, pauvre crétin ?

À gauche, le PS veut le pouvoir, tout le pouvoir. Comme c'est frustrant, dix ans d'opposition.

Au centre, on doute. Jean-François Kahn trouve que Bayrou a tort d'exclure les extrêmes de l'union nationale qu'il espère. D'autres baissent seulement les bras, accablés par les sondages, ou louchant vers des reclassements.

Et pourtant, je vous le dis, je vous l'annonce : Bayrou rebondira.

 

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21/02/2012

Hervé Morin, vrp de Bouygues ?

Je n'aime pas beaucoup dire du mal des gens, je trouve que les campagnes sont stériles quand elles portent sur des médisances plus ou moins fondées. Mais quand même, quand un député se fait d'une façon aussi transparente le porte-parole d'une grande entreprise (un fleuron français, soit dit en passant), il ne rend service ni à cette entreprise, ni à la démocratie, ni aux valeurs qu'il prétend défendre.

Or les faits sont précis, leur rapprochement accablant : en octobre 2010, une fuite alerte les enquêteurs publics sur d'éventuelles autres fuites émanant du cabinet du ministre Hervé Morin qui auraient permis à l'entreprise Bouygues d'emporter le marché public (sulfureux dans sa substence, selon moi) de la construction et de l'entretien du nouveau ministère de la Défense, non pas à La Défense mais sur les quais de la Seine, à Balard, dans le XVe arrondissement de Paris. Un mois plus tard, Hervé Morin quitte le gouvernement de François Fillon. Au lendemain de sa démission, et pendant plus d'un an, il n'a pas un mot aimable pour le président Sarkozy. Il va même jusqu'à finir par présenter sa candidature contre lui.

Or sa déclaration de candidature est faite dans un endroit symbolique : en Normandie, dans la région d'Hervé Morin certes, mais surtout avec, en arrière-plan ... le pont de Normandie construit par ... Bouygues. Diable, un coup de deux. D'abord, un éventuel favoritisme par voie de délit d'initié, ensuite une mise en scène transparente.

Et voilà que le même Hervé Morin vient de retirer sa candidature, geste réaliste il faut l'admettre, et d'apporter son soutien au président Sarkozy, au lendemain même du jour où Bouygues vient d'emporter le marché (aussi détestable selon moi que celui de la Défense) du futur noveau ministère de la Justice...

Les coïncidences existent, certes. Certes. Mais...

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20/02/2012

Bayrou est-il jugé crédible ?

L'excellent Frédéric Lefebvre-Naré posait récemment le problème de la crédibilité de François Bayrou et son analyse a été depuis lors confirmée par mon micro-trottoir personnel : ce qui manque encore au candidat central, c'est (selon l'expression de FLN) "une équipe d'officiers au complet prête à suivre ses ordres". Pourtant les soutiens lui sont assez nombreux, de plus en plus d'ailleurs, des profils sérieux, des ministrables solides. Mais apparemment, ce petit plus qu'on appelle la crédibilité n'y est pas encore, c'est là qu'il faut parler d'un effet de spirale des sondages : les sondages sont moyens, or on consulte les sondages, on sent que la crédibilité n'y est pas encore et les sondages ne montent pas. Cet effet de spirale joue aussi du côté des médias : moins on voit le candidat, moins il monte, et moins il monte, plus les médias peuvent affirmer, la larme à l'œil 'Si seulement il montait, je l'inviterais tous les jours".

Parlons donc de la crédibilité.

Tout d'abord, la Ve république a été conçue pour permettre à l'exécutif de gouverner sans majorité. Dans l'esprit, le mécanisme n'est pas aussi fort que selon la constitution allemande, mais il lui ressemble : le premier ministre n'a pas besoin de la confiance de l'Assemblée nationale pour diriger le gouvernement (il est nommé seulement par le président de la république) et c'est au contraire une majorité de députés qui doivent voter contre lui pour qu'il soit battu. Ce mécanisme est ce qu'on nomme la "censure", la censure renverse le gouvernement et oblige le président à nommer un gouvernement. Pour qu'il y ait censure, il faut deux mécanismes : soit une motion de censure, soit l'engagement de la responsabilité du gouvenrement. Il est de tradition que le premier ministre, peu après avoir été nommé par le président, engage la responsabilité de son gouvernement. Dans les faits, le discours de politique générale et l'engagement de responsabilité du gouvernement tiennent lieu de ce qui s'appelait auparavant l'investiture du gouvernement, mais en réalité, ce n'est pas  du tout la même chose.

De ce fait, parce que le gouvernement n'a pas besoin d'une majorité permanente, il est assez libre de construire des majorités au fil des projets qu'il juge nécessaires. C'est cela, cette vision institutionnelle, qui a été inscrite dans la constitution de 1958, et rarement appliquée depuis. C'est cela, cette vision institutionnelle, que Bayrou incarnerait, désignant un premier ministre et un gouvernement capables de travailler avec des parlementaires de tous les horizons.

Qu'on le comprenne bien : rien n'oblige les ministres à être eux-mêmes parlementaires en exercice, ils peuvent être d'abord des techniciens, des experts, des consciences...

Donc évidemment, il n'y a pas de visibilité sur ce qui pourrait se passer, me direz-vous. Mais si, car le vote des budgets clarifie les situations et on est assez tranquille de ce côté-là, car il y a bien assez de parlementaires dominés par l'esprit civique dans les deux camps pour assurer l'adoption des budgets de courage que la situation difficile de notre pays réclame.

Bon et puis, Frédéric a raison, dès que le seuil de 15% sera atteint, d'autres soutiens se manifesteront encore, créant peu à peu l'image d'un rassembleur capable d'unir les forces du pays pour traverser l'ouragan et mener le navire à bon port à travers ce que Vigny, reprenant Homère, a nommé la "mer des multitudes".

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19/02/2012

Le pluralisme ou la mort

On le constate chaque jour, la pression des deux grands partis pour transformer la bipolarisation en bipartisme se fait plus forte. Cela rappelle les années 1980 où, par exemple dans l'affaire des marchés publics d'Île de France, la règle était deux tiers pour le parti au pouvoir, un tiers pour son principal opposant. Savoir laisser une place à l'opposition est exactement ce que Nicolas Sarkozy a fait pendant ses cinq années de mandat. On ne s'y trompe donc pas.

Et d'ailleurs, les deux partis ont des sponsors en commun : Vinci (Notre-Dame des Landes PS et UMP, dalle près de la BNF dans le XIIIe arrondissement PS, nouveau forum des Halles à Paris PS), Roland Garros PS et UMP, etc. Au passage, on peut d'ailleurs se demander si l'empressement de l'incivique exilé fiscal Yannick Noah à soutenir M. Hollande ne serait pas lié à l'extravagante extension accordée par la Ville de Paris au stade Roland Garros sur l'emprise pourtant protégée et même classée des Serres d'Auteuil...

Donc les deux mastodontes de la politique française se partagent le gâteau. Miam. Et ils ont faim. Une faim insatiable.

Le voyage de Laurent Fabius au Gabon, vers M. Bongo junior, illustre la volonté du PS d'incarner la continuité plus que le changement, M. Fabius étant donné probable ministre des Affaires Étrangères de M. Hollande. Faut-il rappeler que, dans sa traversée du désert, M. Fabius est allé se revigorer ... aux États-Unis ? Combien y a-t-il donc de chances que M. Hollande fasse cesser la mise au pillage de l'économie française ? Peu, trop peu.

Et si les grands partis s'entendent pour éradiquer le pluralisme, le silence de leurs programmes respectifs sur l'éventualité de l'introduction d'une dose raisonnable de proportionnelle dans les scrutins nationaux et locaux (là où il n'y en a pas ou plus) en dit assez long sur leur projet commun de confiscation.

Qu'on ne s'y trompe pas : cette confiscation aboutirait vite, comme l'a justement annoncé M. Bayrou, sur un déplafonnement des dépenses de campagne sur le modèle américain (l'argent est le point faible de la démocratie US). Or faut-il rappeler qu'en 1988, dernière élection où les dépenses de campagne n'ont pas été plafonnées, le budget de M. Barre fut de 80 millions de Francs (au moins 20 millions de nos Euros actualisés), celui de Jacques Chirac 150 millions (au moins 35 millions) et celui du président sortant qui ne s'est pourtant déclaré qu'en mars 1988 François Mitterrand 250 millions de Francs (au moins 50 millions de nos Euros actualisés) ? Plus on a d'argent, plus on gagne.

Oh, c'est déjà un peu ainsi. Les grands partis jouissent d'une dotation annuelle d'État de plusieurs dizaines de millions d'Euros, tandis que le MoDem, par exemple, n'en a que 4 millions. La partie semble bien inégale, tant l'utilisation des moyens du parti semble indissociable de ceux de la campagne. Sans compter ceux des collectivités locales et autres ministères enrôlés de force et en toute discrétion...

Alors, que faut-il ? poursuivre cette évolution vers le toujours plus d'argent (qui signifie aussi toujours plus de corruption et de lobbys en tous genres, forcément) ou l'enrayer ? L'enrayer, c'est ce que je crois.

Il en va évidemment de la santé globale de notre gestion publique. Il en va aussi de la diversité des courants politiques, de la diversité de notre société, de sa vitalité. Il en va donc d'un mot qui ne doit pas viser seulement les espèces en voie de disparition, ni les cultures en voie d'extinction : le pluralisme.

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17/02/2012

Les auteurs doivent bénéficier des économies de la vente en ligne

Comme je l'ai expliqué dans les commentaires d'un précédent article, les 25% du prix de vente d'un livre papier absorbés par les diffuseurs sont illégitimes pour la vente par internet. Pourquoi ? Tout simplement parce que les plateformes de vente par internet ne stockent pas les livres, elles les inscrivent à leurs catalogues sans avoir l'obligation d'en acheter (jusqu'à ce qu'on nous apprenne que les éditeurs auront obtenu des achats de ce type pour améliorer leur tréorerie, mais cela sera purement par extorsion, car ne repose sur aucune nécessité pratique).

Les 25% des diffuseurs, à quoi correspondent-ils ? Les diffuseurs ont des commerciaux, ces commerciaux traitent avec les détaillants (libraires) et avec les centrales d'achat (pour les ventes en grandes surfaces), ils veillent au réassort des stocks des libraires, ils veillent à l'approvisionnement en ouvrages et à la mise en mouvement d'éventuelles réimpressions. Ensuite, les diffuseurs acheminent les ouvrages vers les points de vente au détail et vers les centrales d'achat. Enfin, et surtout, ce sont les banquiers de la filière, car c'est eux qui gèrent l'interface entre les détaillants et les éditeurs pour le point crucial, qui est les avances consenties par les libraires (et centrales d'achat) en acquisitions fermes de livres, et la restitution des invendus, qui suppose un remboursement fait aux libraires, techniquement une compensation au sens financier et commercial du terme.

La justification de la position des diffuseurs est la dispersion des points de vente, on le comprend bien, ainsi que la fourniture de trésorerie aux éditeurs qui justifie la publication d'un nombre énorme de livres dont les avances forment une bulle de cavalerie. Seulement voilà, pour la vente en ligne, par Amazon, par la Fnac ou par d'autres entités, tout l'attirail du diffuseur est superfétatoire, on fonctionne à flux tendu. Dès lors, les 25% de rémunération du diffuseur n'ont plus de contrepartie, ils sont abusifs. Cependant, la règle du prix unique du livre (faite pour défendre les libraires détaillants, on le comprend bien, et je n'attaque pas ceux-ci du tout) fait que les livres ne sont pas moins chers pour le lecteur. Il semble donc que les diffuseurs devraient ici consentir une remise aux éditeurs et ceux-ci faire bénéficier les auteurs de l'économie réalisée. Or tel n'est apparemment pas le cas.

À cause de la facilité de la restitution des invendus (qui réduit le risque du livre presque jusqu'à zéro pour le libraire), les libraires aiment travailler avec les diffuseurs, c'est pour eux une routine simple et transparente. De ce fait, les éditeurs qui veulent travailler avec des libraires dans la France netière sont pratiquement obligés de passer sous les fourches caudines des diffuseurs. Ceux-ci sont donc le nœud de pouvoir de l'édition, et ce n'est pas un hasard si les grands diffuseurs sont adossés aux principaux groupes éditoriaux : Gallimard et Grasset (filiale d'Hachette depuis plusieurs années) en particulier. En vérité, il faudrait interdire aux éditeurs de posséder des diffuseurs, et réciproquement, car le risque de conflit d'intérêt saute aux yeux.

Quoi qu'il en soit, s'il est vrai qu'Amazon ne prélève que 10% du prix du livre, on voit que 50% de ce prix sont empochés par les intermédiaires sans que l'auteur en bénéficie. C'est du vol, du vol qui va bientôt chiffrer en centaines de millions d'Euros. Cela, il faut que cela change. Vraiment.

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