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31/10/2007

Caen à gauche ?

La maire de Caen, Brigitte Le Brethon, vient d'être nommée ce matin même, au tour extérieur, inspectrice générale de l'Éducation nationale par le gouverement. Elle a perdu son siège de député en juin, on voit que l'UMP la case avant qu'elle ne perde aussi sa mairie.

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Nouveau Centre : Méhaignerie m'a tuer.

J'avais envie de m'exclamer encore contre l'extravagant flot de dithyrambes que les écolos font pleuvoir sur Sarkozy ces jours-ci, qui me semble indécent, quelques jours à peine après l'affaire de l'amendement ADN et de la loi sur l'immigration. Mais cet enthousiasme leur passera avant qu'il me reprenne, come on dit, et de toutes façons, un tel concert d'éloges de la part des écolos finira par brouiller la majorité avec les agriculteurs et les chasseurs, qui sont pourtant son électorat de base, et on en verra les effets aux municipales.
 
Donc il reste un sujet de politique politicienne : le site Marianne2.fr a annoncé que Sarkozy hier avait enterré la proposition de loi du Nouveau Centre et qu'il parlait désormais de "regrouper" sa majorité. De profundis.
 
Le Nouveau Centre ne faisait guère d'ombre au Mouvement Démocrate. Une bande de maquignons patibulaires ne pouvait guère rivaliser avec l'extraordinaire élan qui accompagne François Bayrou.
 
En revanche, on ne s'en était guère aperçu, l'existence d'un parti se disant centriste dans une majorité dominée par un parti (l'UMP) dont un courant se disait lui aussi centriste pouvait ressembler à un doublon et surtout créait un pôle dangereusement attractif et centripète pour ceux qui avaient envie d'un peu d'air (denrée qui manque à l'UMP), ce qui risquait de susciter un effet centrifuge pour le parti du président.
 
Le chef des centristes de l'UMP n'est autre que le vieillissant Pierre Méhaignerie. Je n'ai pas le droit de rappeler que cet homme-là a tout de même été condamné pour abus de biens sociaux au détriment de son ancien parti, le CDS : sa condamnation a été amnistiée dès avant le prononcé. Je ne le rappelle donc pas.
 
Mais il veille au grain de ses ouailles. Il a porté le coup de grâce à la tentative financière (et minable) du Nouveau Centre en analysant publiquement qu'elle avait été mal engagée. Requiescat.

17:04 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, MoDem, Nouveau Centre, Bayrou, Sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

"Chat et souris" de Ray Cooney : pleurer de rire.

Le théâtre de la Michodière, à Paris, près de l'Opéra, a été aménagé dans les années 1920. Il était comme le second domicile de l'auteur Édouard Bourdet. On y créait aussi du Guitry et des pièces d'un auteur dont le nom n'est conservé (avec d'ailleurs étonnement) que par ceux qui se souviennent d'"Au théâtre ce soir" : Louis Verneuil. Pierre Fresnay y a joué en compagnie d'Yvonne Printemps qui avait quitté Guitry pour lui. Tout le boulevard a défilé là depuis près de quatre-vingts ans (et même avant en vérité).
 
J'arrive en avance. Il y a, en guise de barmaid, une jolie jeune femme, l'air méditerranéen, le teint chaud, de très longs cheveux bouclés et blondis, une poitrine opulente (un peu trop), de longues mains et le regard entreprenant. En commandant un Perrier sage, j'apprends qu'elle vient de sortir de l'école de théâtre de la Ville de Paris. On voyait bien qu'elle était trop mignonne pour vouloir devenir barmaid de théâtre. Elle fait un bruit de théâtre en comptant des Euros, elle fait tinter des pièces de monnaie qui, dans un théâtre, son forcément des pièces de théâtre... Et cette jeune femme qui jongle avec des pièces de théâtre,c'est beau.
 
Je l'interroge sur ses goûts, elle répond qu'elle n'est pas en situation de faire la difficile. Des castings ? Son agent lui en propose, mais pas assez pour son goût. Elle va en demander plus. Elle est décidément très jolie, avec une fossette au menton, et n'aura aucun mal à se caser.
 
Il est temps que je gagne ma place. Sur un coup de tête, à cinq heures, j'ai appelé : restait-il des places ? Deux, me disait la fille au téléphone : une au deuxième balcon (donc tout en haut, au poulailler) à 8 Euros, et l'autre, à l'orchestre, pour 44 Euros, mais au premier rang. Diable, au premier rang ! Tant pis, j'accepte.
 
Or ma place est non seulement au premier rang mais au milieu du premier rang, je suis sur les genoux des acteurs (ou presque). J'éteins mon portable, la musique commence, la lumière baisse et le rideau se lève. 
 
Internet, c'est bien connu, est l'antre des pervers sexuels ; ce lieu-commun va permettre à un bigame de (espère-t-il) éviter que le fils et la fille qu'il a eus avec ses deux femmes ne se rencontrent, ne dévoilent sa double vie et, finalement, ne couchent ensemble. Bien entendu, ils se sont découverts par Internet, habitent l'un à Ivry, l'autre à Montreuil (le père est chauffeur de taxi, ce doit être rudement rentable pour payer tout ça) et se sont rapprochés parce qu'ils portent le même patronyme (Martin), parce que leurs pères respectifs se prénomment Jean et qu'ils sont tous les deux taxis. Ébahis par tant de coïncidences mais ne soupçonnant rien, les deux naïfs tourtereaux internautes, âgés de 16 et 15 ans, doivent se rencontrer aujourd'hui chez sa mère à elle. Et le double père va tout faire pour éviter le pire.
 
Dans le domaine du vaudeville, Francis Perrin et Jean-Luc Moreau sont des rolls. La pièce est admirable de tout ce qu'ils ont ôté à son texte pour le remplacer par la magie de l'acteur.
 
J'ai toujours pensé qu'un acteur comique était quelqu'un qui devait jouir de connaître le secret des tours, comme un prestidigitateur. Il sait, lui, le carton-pâte, les coulisses poussiéreuses, le mince couloir qui sépare le décor du mur, bref, le dessous des cartes, et tout son rôle consiste dans l'illusion. C'est un magicien. Et vraiment, on peut remercier les acteurs et les comédiens de tant de talent, de tant d'efforts, de bonds, de sursauts, de gestes millimétrés, de sueur, car rire est un plaisir sans limite.
 
Et ce ballet classique des portes qui claquent en rythme, des acteurs qui plongent sous des canapés ou dans des placards, ces gestes évasifs, ces regards perdus, cette mauvaise foi inusable, ces mensonges entassés sans ménagement, tout cela fait un spectacle hilarant. Le public pleure de rire de la première à la dernière minute. Aux dires d'une actrice avec qui j'ai bu un verre après, ce week-end, les gens se croyaient à guignol, hurlaient, criaient "hou... hou...!" Ce soir était plus calme, juste un océan de rire. Mais grisés par leur extravagant week-end et revenant de leur jour de repos, les acteurs ont trouvé la salle moins bonne et poussive. Assis à ma place, ils l'auraient trouvée délirante ; tout est relatif.
 
Les deux actrices qui accompagnent les comédiens que je viens de citer sont parfaites. Bunny Godillot était jeune première voici trente ans à l'époque d'"Au théâtre ce soir" et a joué bien des pièces pour la télévision.
 
Cécile Magnet préfère en général des sujets plus graves et des spectacles plus ambitieux. Je la connais depuis qu'elle était étudiante dans la classe de Michel Bouquet au Conservatoire. Elle a joué avec éclectisme "le garçon d'appartement" de Lauzier en 1981, puis "Vive les femme" d'après Reiser, a fait une série pour la télévision ("Hôtel de Police" où ele a succédé à Corinne Touzet), puis des téléfilms, notamment un Jeanne d'Arc de très bonne tenue qui s'appuyait sur les minutes du procès de la Pucelle (qu'elle interprétait), elle a hélas été choisie pour un "François Villon" fleuve qui l'a éloignée pour un très long tournage mais qui n'a finalement jamais été diffusé. Elle a joué Frédérick pendant huit mois avec Belmondo et une pièce beaucoup plus grave sur les hormones de croissance et quelques mauvaises actions de politiques, voici quelques années au théâtre Hébertot. Elle fait par ailleurs des choses de plus en plus ambitieuses qui réclament la nourriture du "boulevard".
 
La jeune première se nomme Huet des Aunay. J'ai oublié son prénom. Une blonde absolument ravissante, tendre à souhait, de grands yeux bleus, de jolies jambes sous sa minijupe, et un jeu entièrement juste. On l'enlèverait avant le troisième acte. Elle est confrontée à un jeune premier un peu grimaçant. Un faux vieillard acrobate couronne le tout et ça tonitrue de bout en bout. Rire devrait être remboursé par la Sécu.

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29/10/2007

Commission Balladur : du meilleur au pire.

La commission Balladur, après de nombreuses auditions, a laissé filtrer ce week-end le contenu de ses 77 propositions qu'Édouard Balladur est venu présenter en personne au présivore Sarkozy.
 
J'ai travaillé sur la version donnée par Le Monde.fr, qui a l'inconvénient de n'être pas formellement une série d'amendements à la constitution, mais un conglomérat de voeux, de réflexions et d'amendements.
 
J'ai fait cinq catégories : bon, acceptable, à préciser, mauvais, inacceptable. 
 
1) Bon.
 
8. Nominations par le président de la République.

Introduire une procédure de contrôle parlementaire sur certaines nominations.

13. Interventions du président de la République dans les médias audiovisuels.

Prendre en compte ces interventions dans le temps de parole de l'exécutif.

18. Cumul des mandats pour les ministres.

Interdire tout cumul entre une fonction ministérielle et un mandat électif.

19. Ordre du jour.

Donner à la conférence des présidents de chaque assemblée parlementaire le pouvoir de fixer son ordre du jour.

20. Limiter à la moitié du temps de séance (contre la totalité aujourd'hui) la faculté pour le gouvernement d'imposer l'examen de textes ou débats préparés ou acceptés par lui.

25. Préparation des projets de loi.

Imposer des études d'impact préalables au dépôt des projets de lois, avec une procédure spéciale de contrôle par le Conseil constitutionnel. (Mais je me demande si cela ne devrait pas plutôt relever d'uneloi organique.)

74. Droits fondamentaux et contrôle de constitutionnalité.

Article 61. "Le Conseil constitutionnel peut, à l'occasion d'une instance en cours devant une juridiction, être saisi par voie d'exception aux fins d'apprécier la conformité d'une loi aux libertés et droits fondamentaux reconnus par la Constitution. Le Conseil constitutionnel est, à la demande du justiciable, saisi dans les conditions fixées par une loi organique sur renvoi du Conseil d'Etat, de la Cour de cassation, des juridictions qui leur sont subordonnées ou de toute autre juridiction ne relevant ni de l'un ni de l'autre." (l'exceptio d'inconstitutionnalité tranchée par le Conseil lui-même est une innovation nécessaire mais qui nécessitera une refonte de sa composition).

75. Composition du Conseil constitutionnel.

Appliquer à toutes les nominations au Conseil constitutionnel la procédure d'encadrement du pouvoir de nomination (…); tirer les conséquences de la juridictionnalisation des missions du Conseil constitutionnel en prévoyant pour l'avenir que les futurs anciens présidents de la République n'en seront pas membres de droit. (la première partie est obscure, la seconde raisonnable, les membres de droit du conseil n'ont été instaurés en 1958 que pour "caser" Auriol et Coty, les deux présidents de la IVe).
 
Trois propositions sont plutôt bonnes, avec réserves :

27. Rendre publics les avis du Conseil d'Etat sur les projets de loi. (Loi organique plutôt)

28. Soumettre pour avis des propositions de loi au Conseil d'Etat. (loi organique plutôt)
 
56. Disponibilité des parlementaires.

Interdire tout cumul entre un mandat parlementaire et une fonction exécutive locale. (redondant avec la proposition 18)
 
 
2) Acceptable.
 
1. Rôle du président de la République.

Article 5. "Le président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par ses arbitrages, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités. Il définit la politique de la nation." (introduire cette réalité dans le texte est  logique)

2. Rôle du gouvernement.

Article. 20. "Le gouvernement [détermine et] conduit la politique de la nation.Il dispose à cet effet de l'administration et de la force armée. Il est responsable devant le Parlement dans les conditions et suivant les procédures prévues aux articles 49 et 50." (c'est le symétrique).

9. Droit de grâce.

Article 17. "Le président de la République a le droit de faire grâce après que le Conseil supérieur de la magistrature a émis un avis sur la demande."

10. Etat d'urgence et état de siège.

Article 36. "L'état de siège et l'état d'urgence sont décrétés en conseil des ministres. Leur prorogation au-delà de douze jours ne peut être autorisée que par la loi. Une loi organique définit ces régimes et précise leurs conditions d'application."

11. Article 16. "(…) Au terme d'un délai de trente jours, le Conseil constitutionnel peut être saisi par 60 députés ou 60 sénateurs aux fins d'apprécier si les conditions fixées au premier alinéa demeurent réunies. Il se prononce par un avis qu'il rend dans les moindres délais. Il procède de lui-même à cet examen après soixante jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà." (il vaudrait encore mieux supprimer l'article 16).

14. Budget de la présidence de la République.

Prévoir la prise en compte de la totalité des crédits nécessaires à son fonctionnement et instituer un contrôle par la Cour des comptes de leur utilisation comme pour les autres pouvoirs publics constitutionnels. (remise en clarté des comptes, fin des emplois fictifs dans des ministères et génuflexion devant Séguin et sa cour des comptes, mais il faut veiller au respect de la séparation des pouvoirs, la cour des comptes relevant du judiciaire).

21. Article 48. " (...)Une semaine de séance sur quatre est réservée à la discussion des projets et propositions de loi. Un jour de séance est réservé par priorité à l'ordre du jour fixé par les groupes parlementaires qui n'ont pas déclaré appartenir à la majorité qui soutient le gouvernement (...)."

22. Article 48. "(...) Une semaine de séance sur quatre est réservée au contrôle de l'action du gouvernement et à l'évaluation des politiques publiques. Un jour de séance est réservé par priorité à l'ordre du jour fixé par les groupes parlementaires qui n'ont pas déclaré appartenir à la majorité qui soutient le gouvernement (...)." (mieux formulé ici que la récurrence du mot "opposition" plus bas).

23.Article 49-3.

Limiter la portée de l'article 49-3 aux seules lois de finances et de financement de la Sécurité sociale. (un premier pas vers sa suppression).

24. Procédure d'urgence.

Permettre aux Assemblées, par un veto conjoint, de s'opposer à l'usage de la procédure d'urgence.

31. Encadrement du pouvoir d'amendement du gouvernement.

Article 44. "(...) Le gouvernement ne peut introduire, par amendement à un projet de loi, de disposition nouvelle autre que celles qui sont en relation directe avec une des dispositions du texte en discussion ou dont l'adoption est soit justifiée par des exigences de caractère constitutionnel soit nécessitée par la coordination avec d'autres textes en cours d'examen au Parlement. Ces dispositions ne s'appliquent pas aux projets de loi de finances ou de financement de la Sécurité sociale." (le début constitutionnalise une jurisprudence très sage sr les "cavaliers" législatifs ; la suite n'est pas claire).

34. Nombre de commissions.

Permettre à chaque assemblée de constituer en son sein jusqu'à dix commissions permanentes, contre six aujourd'hui.

35. Présidences de commission.

Répartir les présidences de commission parlementaire à la proportionnelle des groupes.

37. Textes soumis au débat en séance publique.

Discuter en séance publique sur le texte issu des travaux de la commission, et non plus sur le projet du gouvernement. (j'ai failli classer ça dans mauvais, mais...)

38. Amélioration de la préparation des débats législatifs.

Article 42. "(...) En première lecture, la discussion d'un texte en séance ne peut intervenir qu'à l'expiration d'un délai de deux mois après son dépôt puis, dans la seconde assemblée saisie, à l'expiration d'un délai d'un mois à compter de sa transmission. Les dispositions de l'alinéa précédent ne s'appliquent pas si, à la demande du gouvernement, l'assemblée intéressée le décide." (on pourrait allonger les délais).
 
39. Transparence des travaux des commissions.

Article 33. "(…) Les auditions auxquelles procèdent les commissions instituées au sein de chaque assemblée sont publiques, sauf si celles-ci en décident autrement."

45. Questions au gouvernement : extension des droits du Parlement.

Prévoir l'organisation de plein droit de séances de questions au gouvernement pendant les sessions extraordinaires.

48. Le droit de résolution.

Permettre à chacune des assemblées de voter des résolutions dans tous les domaines (politique intérieure, extérieure et européenne). (mouais)

49. Europe : organisation du Parlement pour suivre les affaires européennes.

Constituer au sein de chaque assemblée un comité des affaires européennes chargé notamment d'un contrôle du principe de subsidiarité.
 
53. Politique étrangère et de défense.

Informer sans délai le Parlement de toutes opérations militaires hors du territoire national et soumettre à autorisation législative la prolongation de ces interventions au-delà d'une durée de trois mois.

54. Politique étrangère.

Tenir informées les instances parlementaires compétentes des négociations diplomatiques.

55. Politique de défense.

Porter à la connaissance des commissions compétentes les accords de défense.

64. Egalité du suffrage.

Instaurer une procédure impartiale de redécoupage périodique (tous les dix ans) des circonscriptions électorales pour tenir compte des évolutions démographiques.

66. Moderniser la composition du Conseil économique et social.

71. Justice : attributions du CSM.

Lui reconnaître une compétence consultative pour la nomination des procureurs généraux (et non plus seulement, s'agissant du parquet, pour les procureurs de la République et substituts).

72. Justice : saisine du CSM par les justiciables.

Permettre aux justiciables de saisir le CSM à titre disciplinaire. (j'ai failli classer dans mauvais, mais...)

76. Droits fondamentaux.

Instituer un défenseur des droits fondamentaux reprenant tout ou partie des attributions du médiateur de la République, du défenseur des enfants, du contrôleur général des lieux de privation de liberté, de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) et de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) et habilité à saisir le Conseil constitutionnel; permettre à toute personne de saisir directement le défenseur des droits fondamentaux. (je suis cependant partagé).
 
Trois propositions sont acceptables avec de fortes réserves : 
 
42. Contrôle : les moyens du Parlement.

Prévoir que la Cour des comptes assiste les assemblées parlementaires dans leur mission de contrôle et d'évaluation. (séparation des pouvoirs).

43. Créer au sein de chaque assemblée un comité d'audit parlementaire (…) chargé d'organiser les activités de contrôle.

65. Conseil économique et social.

Reconnaître au Conseil économique et social un pouvoir consultatif en matière environnementale. (réserves surtout parce que je suis surpris que ça ne soit pas déjà dans ses compétences, car ça devrait y être évidemment).
 
 
3) À préciser. 
 
3. Clarifier le rôle du premier ministre en matière de défense nationale.
 
7. Pouvoir de nomination.

Clarifier les compétences respectives du président de la République et du premier ministre en matière de nomination aux emplois civils et militaires.

26. Instituer un contrôleur juridique dans chaque ministère.
 
47. Contrôle de l'exécution des lois : le rôle des contrôleurs juridiques des ministères.

Permettre aux contrôleurs juridiques institués dans les ministères (cf. proposition nº26) de faire rapport aux commissions parlementaires sur l'exécution des lois.
 
60. Droits de l'opposition.

Permettre l'octroi de garanties particulières aux partis, groupements politiques et groupes parlementaires qui ne sont pas dans la majorité, en levant l'obstacle opposé par la jurisprudence constitutionnelle.

63. Actualisation du collège pour l'élection des sénateurs.

Mieux tenir compte de la démographie dans la composition du collège électoral sénatorial.

69. Justice : présidence du Conseil supérieur de la magistrature.

Mettre fin à la présidence du CSM par le président de la République et lui substituer dans cette fonction une personnalité indépendante. (qui va désigner cette "peronnalité indépendante" et sur quels critères ?).

70. Justice : composition du CSM.

Elargir la composition et ne plus faire du garde des sceaux un membre de droit.

73. Stabilité du droit.

Interdire les lois rétroactives hors motif déterminant d'intérêt général. (on dirait que cette proposition-là a été rédigée spécialement pour le "Nouveau Centre" ;-)) (en fait, il existe des principes en matière de rétroactivité, comme l'interdiction de la rétroactivité des lois plus sévères en matière pénale, et le libellé de la proposition devrait s'inspirer de celui d'un manuel de droit de 1e année). 
 
77. Pluralisme.

Créer dans la Constitution un Conseil du pluralisme reprenant notamment les attributions du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la Commission des sondages. (bien des dangers...).
 
 
4) Mauvais.
 
6. Président de la République et commissions d'enquête parlementaires.

Article 18. "(…) Le président de la République peut être entendu à sa demande par une commission d'enquête parlementaire."

12. Révision constitutionnelle.

Article 89. "(…) Lorsque le projet ou la proposition de révision a été voté par les deux Assemblées en termes identiques, la révision est définitive après avoir été approuvée par un référendum organisé dans les six mois par le président de la République (…)." (la suppression de la majorité qualifiée ne me paraît pas nécessaire, la révision doit demeurer une procédure lourde, ou alors être bien plus ouverte).

16. Cabinets ministériels.

Clarifier les conditions d'emploi de leurs membres. (ça n'a rien à faire dans la constitution).

17. Retour des anciens ministres au Parlement.

Permettre aux ministres de retrouver leur siège lorsqu'ils cessent d'exercer leurs fonctions gouvernementales. (c'est la IVe république, ça permet au distributeur de sucettes de fonctionner sans relâche, ce n'est pas digne pour notre activité publique).
 
29. Portée de la loi.

Permettre le vote de lois de programmation dans tous les domaines. (le retour de la planification, en fait ; on a besoin de moins de rigidités et de moins de dirigisme).

30. Respect des articles 34 et 37 de la Constitution.

Permettre aux présidents de chaque assemblée de déclarer irrecevables les amendements intervenants dans le domaine réglementaire. (ce n'est pas aux présidents de le faire, mais au conseil constitutionnel car il est l'arbitre de la répartition des compétences).

32. Droit d'amendement parlementaire.

Article 40. "Les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit [la création ou] une aggravation des charges publiques." (la formulation actuelle a fait ses preuves).

33. Organisation du débat législatif. Lutte contre l'obstruction.

Permettre à chaque assemblée de fixer, de manière concertée, une durée programmée des débats pour éviter l'obstruction. (rien ne doit brider l'activité parlementaire).
 
40. Commissions d'enquête.

Lever l'interdiction faite aux assemblées parlementaires de créer des commissions d'enquête sur des faits faisant l'objet de poursuites judiciaires. (séparation des pouvoirs).

41. Rôle du Parlement en matière de contrôle.

Inscrire dans la Constitution la mission de contrôle et d'évaluation des politiques publiques dévolue au Parlement en plus du vote de la loi.

51. Europe : contrôle des actes européens.

Etendre l'obligation de transmission au Parlement à l'ensemble des documents, projets et actes émanant d'une institution de l'Union européenne. (noyer les gens sous la paperasse est le meilleur moyen de leur faire perdre de vue l'essentiel ; de surcroît, c'est formidablement onéreux).
 
52. Europe : transposition des directives.

Utiliser les nouvelles procédures d'examen simplifié. (il ne faut pas brider le travail parlementaire).
 
57. Droits de l'opposition et commissions d'enquête.

Systématiser la pratique : un parlementaire de l'opposition rapporteur ou président de chaque commission d'enquête. (figer l'opposition est ne pas tenir compte de la réalité de la composition de l'assemblée).

59. Reconnaissance de la place de l'opposition.

Mieux représenter l'opposition dans les manifestations officielles. (je suis contre le statut de l'opposition).

61. Elaborer une charte des droits de l'opposition recensant l'ensemble des droits de l'opposition et garantissant les bonnes pratiques d'une démocratie parlementaire.
 
 
5) Inacceptable.
 
4. Elections. Sauf cas de désynchronisation des calendriers, organiser le premier tour des élections législatives le jour du second tour de l'élection présidentielle. (le second tour renforce la bipolarisation ; c'est en même temps que le 1er tour qu'il faut le faire, ou bien plutôt à mi-mandat).

5. Messages du président de la République au Parlement.

Article 18. "Le président de la République peut prendre la parole devant l'une ou l'autre des assemblées du Parlement. Son allocution peut donner lieu à un débat qui n'est suivi d'aucun vote. Hors session, le Parlement est réuni spécialement à cet effet (…)." (c'est Louis XIV).
 
15. Sélection des candidats à l'élection présidentielle.

Substituer au système actuel de parrainage une présélection des candidats par un collège de 100 000 élus. (scandaleux).

36. Rôle des commissions et organisation du débat législatif.

Permettre l'examen approfondi de certains textes en commission avec simple ratification en séance publique après explications de vote. (les petits partis ne sont pas représentés devant toutes les commissions, c'est donc une infraction au pluralisme).

44. Questions au gouvernement : extension des droits de l'opposition.

Accorder un temps de parole équivalent à l'opposition et à la majorité dans les séances de question au gouvernement.

46. Contrôle de l'exécution des lois en y associant l'opposition.

Instituer dans les commissions permanentes des équipes de contrôle de l'exécution des lois, composées d'un parlementaire de la majorité et d'un parlementaire de l'opposition. (pluralisme).

58. Donner à chaque groupe parlementaire le droit de demander la création d'une commission d'enquête par an. (pourquoi une seule ? la limitation est inacceptable).
 
62. Représentation des courants d'opinion à l'Assemblée nationale.

Introduire une part de proportionnelle pour l'élection des députés (vingt à trente sièges) pour assurer la représentation des formations politiques minoritaires. (ridicule : une liste qui "fait 20% aura 4 à 6 députés, même pas de quoi faire un groupe ! il fat élever la barre à 100 députés au moins élus à la proportionelle).

67. Droit d'initiative populaire.

Article 11. "(…) Un référendum portant sur un objet mentionné au premier alinéa du présent article peut être organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales. La proposition des parlementaires est transmise au Conseil constitutionnel qui, après déclaration de sa conformité à la Constitution, organise la collecte des pétitions des électeurs et, après vérification de leur nombre et de leur validité, les transmet au Parlement. Si la proposition n'a pas été examinée par les deux assemblées parlementaires dans le délai d'un an, le président de la République soumet la proposition au référendum." (un dixième des électeurs = 4 millions de pétitionnaires, c'est beaucoup trop, rappelons que dans la constitution européenne, on parlait d'un million pour toute l'Europe, 500000 serait plus sage et juste).
 
 
Enfin, deux derniers points très particuliers :
 
50. Europe : élargissement.

Aligner la procédure applicable à la ratification des traités d'élargissement de l'Union européenne sur celle qui régit les révisions de la Constitution à l'article 89. (mais ça a au moins l'avantage de conserver le principe d'u référendum préalable à tout élargissement).

68. Procédure de révision de la Constitution.

Permettre à l'article 89 qu'en cas de refus de révision constitutionnelle par l'une des deux assemblées tandis que l'autre a adopté le texte à la majorité des trois-cinquièmes, il soit organisé un référendum de telle sorte que le peuple souverain soit appelé à trancher.
(faut-il effacer à ce point le bicaméralisme ? je crois que non). 
 
 
Qu'en pesnez-vous ? 

27/10/2007

Démocratie participative ou représentative ?

Corinne Lepage s'est beaucoup réjouie du déroulement du "grenelle" de l'environnement. Motif : un événement historique s'y est produit, l'introduction de la "démocratie participative" dans notre pays. Du coup, elle a accepté, a-t-elle annoncé, une mission à elle confiée par le ministre des AOC, Jean-Louis Borloo.
 
Or ce n'est pas fréquent, mais je ne suis pas du tout d'accord avec Corinne Lepage, ni sur sa première affirmation ni sur son choix.
 
Tout d'abord, qualifier une réunion d'autorités administratives et politiques d'échelon ministériel puis présidentiel, avec des organisations non gouvernementales spécialisées ne me paraît être ni une révolution ni de la démocratie participative.
 
La litanie des tables rondes, même prolongées, à bâtons rompus, sans tabou, etc, entre les autorités politiques de l'État et ce qu'on a longtemps nommé les "acteurs sociaux" couvrirait un bottin entier rien que pour la Ve république.
 
Quant à la démocratie participative, je renvoie au très beau texte de Quitterie Delmas pour en définir le contour réel et mesurer à quel point une vraie démocratie participative n'a de sens qu'à partir du moment où elle se nourrit de participation directe de citoyens, même pris au hasard. En vérité, le "grenelle" de l'environnement n'est qu'une réunion d'échelon ministériel avec des corps intermédiaires et spécialisés.
 
Peu habitués à un tel traitement de la part de l'État français, les ONG en question en sont sorties grisées, visiblement, d'autant plus qu'on leur avait servi avec le dessert leur idole du moment : Al Gore.
 
Or j'ai sur celui-ci commis une erreur généalogique délibérée (vite relevée par les Bretons costarmoricains qui connaissent leur Lalonde sur le bout des doigts) en signalant d'une part que ledit Lalonde était donné parmi les achetables de Sarkozy et d'autre part qu'il était cousin d'Al Gore, le premier fait appuyant le second, puisque c'est par amitié pour son cousin que Gore s'était rendu à l'invitation du présipathe.
 
En vérité, c'est bien John Kerry qui est le cousin de Lalonde. Mais en réfléchissant sur les vraies raisons qui ont poussé Gore à venir, j'en vois une par-dessus tout : Gore et Sarkozy ont les mêmes ennemis, les Clinton. Que Gore vienne chez un ami de Bush ennemi des Clinton que tous deux honnissent est une chose logique.
 
Plus perfide, je pourrais même supposer que parmi les soutiens de Gore pour une éventuelle candidature à la présidentielle, il y a des amis de Bush, à qui Gore ne pouvait refuser de venir à Paris.
 
Quoiqu'il en soit, il est évident pour quiconque a lu le résultat de ce "grenelle" que si Gore est venu à Paris, c'est pour une mauvaise raison.
 
La pire serait de la sympathie pour les ONG reçues par Borloo, car alors, s'il est vrai que l'habitude de Sarkozy est d'"arroser" les gens, on ne serait qu'en présence d'un lobby tout heureux d'être enfin pris en compte et ce serait le comble de la forfaiture, aux antipodes de la "démocratie participative" pourtant invoquée par Corinne Lepage.
 
Et je dois dire que dans un contexte où son organisation, Cap 21, prend sa part des efforts des paléo-hiérarques de l'UDF pour empêcher Bayrou de bâtir un Mouvement Démocrate nourri par la démocratie directe, on est en droit de s'interroger sur le choix qu'elle a fait d'accepter une mission auprès du gouvernement.
 
Car enfin, pendant que les rideaux de fumée masquent l'actualité parlementaire, le budget passe, avec son cortège de décisions scandaleuses, d'abdications de la sagesse de l'État, d'amputations de la protection administrative et sociale qui s'étend avec difficulté déjà sur les plus faibles.
 
Et enfin, peut-être n'y a-t-il de sa part qu'un aveu, à peine implicite, d'une vraie conviction qui rejoint celle de Sarkozy : la démocratie est trop fragile pour qu'on la confie aux électeurs. 
 
Comme la commission Balladur a émis, paraît-il, l'opinion que les candidats à la présidentielle devraient être sélectionnés par un vaste collège d'élus. C'est un retour, soit dit en passant, dans l'esprit sinon dans la forme, aux dispositions de 1958 qui prévoyaient que le président de la république était élu par un vaste coillège d'élus (y en avait-il dix mille ?). On ne va tout de même pas laisser les électeurs décider qui est le bon candidat.
 
c'est la même démarche : les experts ONG interlocuteurs exclusifs des ministères à l'exclusion des citoyens, les élus désignant les candidats à présenter aux citoyens (ce qui, au passage, matérialise le monopole ou l'emprise croissante des partis politiques sur la vie publique), les partis gouvernés eux-mêmes par des oligarques choisissant dans des comités théodules obscurs les candidats que les partis devraient présenter aux élections.
 
Contre tout cela, il faut relire la belle profession de foi de Quitterie Delmas et se dire que les corps intermédiaires ont un rôle plus grand à jouer qu'aujourd'hui, mais que ce ne doit pas être au détriment de l'expression des citoyens mais à celui des adiministrations.
 
Notre pays souffre de trop de procédures administratives trop lourdes et de trop de mainmises de petits milieux et d'instances sournoises, ce que feu Raymond Barre, à son meilleur, avait nommé des "microcosmes". Il a besoin de plus de participation de citoyens plus attentifs et plus courageux.

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26/10/2007

Histoires de vin, de taxes et de chevaliers bretons du Moyen Âge.

"Il doit passer autant de vin par le corps des Bretons que d'eau sous leurs ponts, car c'est avec cela que l'on paye nos états" (comprenez l'administration de la Bretagne), écrivait la cruelle marquise de Sévigné. Elle parlait de la taxe connue sous le nom de "devoirs", assez juteuse en effet : un mien ancêtre, directeur des devoirs de Bretagne et installé à Vannes, dut se retirer d'un bal pour soustraire sa très (trop) jeune et jolie épouse aux appétits du comte d'Artois, frère de Louis XVI. Il n'avait pas la vocation d'un Pompadour, mais on voit bien quel était son statut.
 
Plus tôt, dans le Moyen Âge, on parlait surtout de "billot", et encore plus tôt de "vinagium", une taxe que l'on trouve un peu partout, même hors de Bretagne. Les témoins d'une enquête de 1235 sur le Penthièvre jurèrent qu'elle n'avait nunquam (jamais) été perçue en Bretagne, contrairement à la taxe sur les pêcheries. Et cependant, en 1223, parmi les droits restitués à la chapellenie de Saint-Tudy (en Loctudy, à la pointe sud de l'ouest de la Bretagne), figurait, expressément réclamé par les moines goulus, le "vinagium" du port de Pont-l'Abbé (le vin était il est vrai débarqué à l'île Tudy, juste sous leur nez, très en aval de Pont-l'Abbé, avant d'être remonté par des barques plates jusqu'en ville). Donc on ne le percevait pas en Bretagne, sauf... En vérité, les droits de brefs (passeports), de bris (épaves), de pêcheries (poissons), de sécheries (salaison) et quelques autres, ainsi donc que le "vinagium" firent sans doute partie des droits que le duc Alain Barbetorte concéda parfois à ses feudataires pour se les attacher au moment de sa remise en ordre du duché, dans la première moitié du XIe siècle.
 
Il dut y avoir des flottements dans cette disposition juridique et fiscale, mais il faut croire qu'elle demeurait juteuse car en 1365, dans le dispositif fiscal par lequel le duc Jean de Montfort réorganisa à son tour son administration (et dans lequel figurait le fouage qui allait s'avérer vite décisif), il y eut une taxe sur le vin, un "billot".
 
Aussitôt, les seigneurs se manifestèrent. Alors bien sûr, ils furent exemptés de la nouvelle taxe. En Cornouaille, l'accord est sanctionné par un consentement solennel des cinq principaux seigneurs (dont celui de Pont-l'Abbé qui avait promis de restituer mais s'était gardé de s'exécuter) en 1365.
 
Dès lors, les feuilles de comptes des receveurs du duc de Bretagne sont émaillées des listes de nobles qui importaient des fûts entiers de vin : pipe (presque une demi-tonne) ou tonneau !
 
Et l'on voit en 1426 un noble que les enquêteurs du recensement que je publie qualifient de "fol", "se disant chevalier", qui, ayant importé non moins de quatre tonneaux de vin de Gascogne, est soupçonné d'en faire commerce. Quatre tonneaux, tout de même, c'est beaucoup. Mais la cour ducale trancha : il était noble. Son exemption demeura.
 
On aurait pu s'étonner aussi de l'incroyable soif de certains personnages : en février 1394, Bernard de Kerourcuff, sénéchal de cette partie de la Bretagne qui se nomme le Léon, exporta 3 tonneaux de blé par le port de Portsal en Ploudalmézeau ; le mois suivant, il ne reçut pas moins de quatre tonneaux de vin. Quelle soif ! Non loin de là, à Saint-Mathieu de Finistère (alias de Fine Poterne) dès le mois suivant, il reçut encore deux tonneaux de vin !
 
Il faut l'avouer, beaucoup de nobles, en Léon, sont soupçonnés d'avoir commercé et, dans cette partie de la Bretagne, nombreux sont les nobles modestes que les enquêteurs de 1426 notent vendre "pain, vin et foin au détail", ce qui ressemble fortement au métier d'aubergiste.
 
Le plus extravagant surgit à Morlaix en 1384 : là, le seigneur de Trogoff importe, d'un coup, six tonneaux de vin. On s'alarme. Il se défend : c'est pour sa garnison.
 
Mais quelle garnison ? Son château a été rasé en 1356 et pas encore reconstruit... Tant pis, il doit bien en avoir une : le receveur ferme les yeux. Vive le bon vin.
 
Une prochaine fois, je parlerai de ces marchands de Portsall qui se plaignirent à l'amiral de Bretagne : on leur avait dérobé toute leur cargaison à la livraison en Espagne ! La Bretagne, le Moyen Âge, quoi... 

23:15 | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : histoire, Bretagne, moyen âge | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

25/10/2007

Sarkozy : la planète est son doudou ?

Il y a quelque chose d'un enfant chez Sarkozy : il est dans l'immédiat. Seul l'instant présent compte. Sa cote de popularité fléchit ? Qu'à cela ne tienne : il prend un sujet populaire et tente de se l'approprier. Ainsi en est-il de l'environnement.
 
Avoir nommé la grande réunion sur l'écologie présidée par Jean-Louis Borloo depuis plusieurs semaines "grenelle" est un paradoxe. La référence historique qui s'y attache, mai 1968, est ambiguë ; bien sûr, elle fait une génuflexion à Édouard Balladur, artisan de 1968, mais les accords de Grenelle ont fait un point d'orgue des événements de 1968, le gouvernement déstabilisé cherchant à séparer les ouvriers des étudiants en accordant aux premiers des avantages substantiels que les seconds ne réclamaient pas à leur place. Grenelle est une négociation d'urgence sur fond de crise politique aiguë. Or rien de tel aujourd'hui.
 
De surcroît, c'est à Grenelle que Pompidou a gagné l'élection présidentielle de 1969 en s'assurant l'amitié ou la neutralité des communistes, ce qui a valu de longues années de politique trop dirigiste à notre pays.
 
Donc une référence historique étrange (toujours l'obsession des années 1960 chez Sarkozy, il avait 15 ans en 1970, cet homme-là n'a pas réglé ses comptes avec son adolescence), un gargarisme tonitruant d'un président en quête d'image (déjà), une déclaration officielle en présence de l'homme en forme du moment dans l'écologie, Al Gore (on voit que le ralliement de Lalonde, cousin germain de Gore, est vraiment dans les cartons de Sarkozy), et du président de la commission de Bruxelles venu constater que la France se met enfin au diapason de la norme européenne. Ledit Barroso n'est d'ailleurs pas venu pour rien, puisqu'il repart avec la "patate chaude" de la taxe sur les carbones.
 
Mais l'enfant Sarkozy va être content : autour de son berceau, les médias font déjà risette. Il va pouvoir enfiler son pyjama et faire un gros dodo. Il vient de perdre son doudou Cilia, mais ce n'est pas grave : désormais, la planète est son doudou.
 
Chut, ne le réveillez pas : il le fera bien tout seul et alors, gare aux désillusions. 

19:25 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, MoDem, Sarkozy, Bayrou, environnement | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

À propos de "la violence de l'amour" de Caroline Thompson.

Nous vivons une époque de synthèse.
 
Oh, je pourrais parler de la synthèse d'une phase d'un demi-millénaire commencée par ce qu'on a nommé les "grandes découvertes" et ponctuée, voici un siècle, par l'aphorisme de Paul Valéry : "le temps du monde fini est commencé". Cette phase se nomme en fin de compte "mondialisation", une connexion de parties du monde et de fractions de l'espèce humaine qui jusque-là s'ignoraient ou se connaissaient peu. Aujourd'hui, même s'il existe des inégalités de connexion, on peut dire que la mise en réseau du monde est très sophistiquée, le maillage commence à être fin, même en Afrique. Et la digestion de ce mouvement est un effort de synthèse.
 
Pourtant, la synthèse dont je veux parler à propos du livre de la psy Caroline Thompson est autre ; elle ne concerne que l'occident, la France en particulier. Elle repose sur la séquence en trois temps qui constituait le plan idéal de nos professeurs de collège et de lycée : thèse, antithèse, synthèse.
 
De quoi s'agit-il ? Voici cinquante ans, l'essentiel des enfants qui venaient en consultation psy (c'est ce que disent les statistiques) le faisaient en raison d'un excès de règles de nature sociale dans le cadre familial. Aujourd'hui, la courbe s'est entièrement inversée : la cause majoritaire est le trop faible encadrement normatif dans la famille. C'est toujours ce que disent les statistiques. Et vient donc le moment de la synthèse où il faut déterminer ce qui doit demeurer de règles et d'autorité pour que tout le monde soit heureux.
 
Disons tout de suite que Caroline Thompson, par ailleurs fille de la cinéaste Danièle Thompson et petite-fille du génial maître du burlesque Gérard Oury, est elle-même consultante dans un cadre beaucoup moins glamour et comique, l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans le XIIIe arrondissement de Paris. Elle consulte pour enfants, bardée d'un doctorat de psychologie clinique et d'une psychanalyse réussie (ne me demandez pas dans quelle chapelle). Son livre est tout imprégné de la souffrance des enfants et il a cette valeur de témoignage. Ca tombe bien, car les séquences où elle narre ses consultations (en fardant les identités, on s'en doute) sont le meilleur du livre, d'une langue très épurée, simple comme bonjour, au plus près des faits, presque d'une façon journalistique.
 
Si son message est tiré de son expérience personnelle, il ne peut être critiqué sans réflexion. Or on a envie de la contredire. Quand elle affirme que l'autorité est légitime, que les parents ont le droit et même le devoir de tracer des lignes, de dicter des interdits, j'ai tout le temps envie de refermer le livre, en raison de l'éducation que j'ai reçue. Seulement voilà, il y a la voix de tous ces petits enfants, âgés de quatre ou cinq ans, qui peuplent son livre et qui disent "j'ai mal" et pour lesquels elle défend l'idée que le besoin de bornes est acceptable et qu'on les rendra plus heureux en édictant des normes (qu'ils auront raison de contester) qu'en les laissant dans le flou.
 
Cette fonction structurante de l'interdit parental, en positif comme en négatif, dans l'obéissance comme dans le rejet, est une de ses principales conclusions.
 
Et elle enfonce le clou sur ce qui motive le titre de son essai : l'éducation idéale, longtemps composée de normes et d'autorité, est devenue (autre forme de synthèse) un seul mot : l'amour. Notre société ne donne qu'une injonction pour réussir une éducation : aimer ses enfants. Or, nous dit Caroline Thompson, ça ne va pas du tout. Car l'amour n'est pas un tapis de pétales de roses, l'amour est violent, même et surtout l'amour filial, paternel et maternel. Il y a une part incompressible de violence dans toute affection, dans tout regard aimant. Aimer quelqu'un, c'est par exemple vouloir le conformer à l'interprétation ou à la représentation que l'on s'en fait. Donc se contenter d'aimer, c'est amener l'enfant et ses parents sous la pression de la ressemblance et de la dissemblance, par exemple, c'est refuser que chacun mène sa barque. Eh oui, le paradoxe de la norme, en famille, c'est que son absence ou son insuffisance peut avoir pour aboutissement une moindre liberté. La norme libère, il fallait y penser.
 
Par ailleurs, il n'y a pas d'amour linéaire, ça n'existe pas.L'obsession de l'amour dans l'éducation met toute la famille dans l'obligation d'aimer. Bonheur obligatoire, comme on dit. Tandis qu'en acceptant l'instauration de règles, on permet une respiration qui rend plus libre. On se met plus dans la réalité, où le bon alterne toujours avec le mauvais. Et on finit par s'apercevoir que (comme disait Beaumarchais) "sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur" et que donc sans la liberté de détester il n'est pas de vrai amour ; on replace donc l'amour dans son vrai statut, qui n'est pas le bréviaire de l'éducation.
 
Eh oui, le livre se termine même sur le mot "détester".
 
Mais qu'on se rassure, il est tout de même dédié à sa fille Anna (comme Anna Freud) et à son père...
 
Alors s'il faut réfléchir sur l'autorité, sur la règle, autrement que comme Sarkozy qui n'a rien compris et qui raisonne encore comme dans la première phase (mais le livre ne fait aucune formulation politique), si l'on est à la recherche de la synthèse idéale, on trouvera quelques éléments de réponse dans cet essai, dans le sens de l'autorité.
 
"La violence de l'amour", Caroline Thompson, Hachette Littérature 
 
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(J'ai publié hier cet article sur le site la-librairie.org qui n'a rien de politique).

18:20 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, psy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

24/10/2007

Moi, j'aime le camembert.

Et donc forcément, au lait cru.

17:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les orphelins de Bayrou.

Le Nouveau Centre : ni pour, ni contre, bien au contraire. Le double vote hier par les députés de la première partie de la Loi de Finances a démontré quelques comportements aussi surprenants de la part du Nouveau Centre que de celle du MoDem. On a vu en effet les deux formations diviser leurs voix à égalité aussi bien pour le vote de la loi de finances que pour celui de la loi sur l'immigration.
 
Pour la loi de finances, les 21 députés NC, comme ils s'y étaient engagés, l'ont approuvée ; ce fut le cas d'un député MoDem, Thierry Benoît, cependant que François Bayrou votait contre et que Jean Lassalle ne participait pas au vote. Pour la loi sur l'immigration, 18 NC seulement ont participé au vote, 4 en votant pour (dont François Sauvadet et Yvan Lachaud, ce dernier élu du sud-est), 4 en votant contre (dont l'hyperindépendant Jean-Christophe Lagarde, mais aussi Jean Dionis du Séjour, celui qui pense que le meilleur score pour Bayrou serait d'incarner l'UMP en mieux, forcément, et Jean-Pierre Abelin, qui fut président des jeunes du CDS et dont le père, Pierre Abelin, fut l'un des plus fidèles de la traversée du désert de Jean Lecanuet) et les 10 autres se sont abstenus (ils ont participé au vote en ne se prononçant pas, joyeuses nuances de la vie parlementaires qui séparent ceux qui ne participent pas au vote de ceux qui y participent mais ne se prononcent pas, ce qui, en termes de résultat, pourrait avoir l'air semblable).
 
Quoiqu'il en soit, on voit bien la symétrie de ce ballet à 24, sorte de menuet du centre.
 
Et on voit bien se profiler ce que Michel Mercier a annoncé : la réunification prochaine des centristes.
 
Pourtant, François Bayrou rejette cette idée avec vigueur. Pour lui, ceux qui ont voté le budget ne sont plus dans le camp du centre, ils sont à droite, point, fermez les guillemets.
 
Voici donc ouvert le vrai débat de l'avenir du centre.
 
Bayrou avec ses adhérents MoDem (qui sont là pour lui et pour lui seul) fera-t-il cavalier seul ? Laissera-t-il le reste de ses troupes parlementaires rejoindre le port sarkozyste ?
 
Qui sait ?
 
Le divorce, la rupture, qui a séparé Bayrou de ses anciens amis, tient à une idée qui habite Bayrou : tel en son temps Mitterrand, il est parti à la conquête de la gauche. Il est à peu près comme Mitterrand après le pseudo-attentat de l'Observatoire : un pestiféré, un maudit, voué aux gémonies par le pouvoir tout-puissant et entouré d'une petite poignée d'inconditionnels. Un survivant. Et cependant l'idée de la conquête de la gauche l'habite.
 
Pas seulement pour obtenir le pouvoir. Bayrou a la certitude que l'on ne peut pas laisser le pouvoir aux mains des seuls intérêts des grands groupes économiques et financiers, la politique est faite de l'intérêt commun, du bien commun, de l'intérêt général, bref, elle est pour tous et non pour le proit de quelques-uns.
 
Conviction philosophique par excellence, celle-là même qui traça la ligne de démarcation entre partisans et adversaires du Second Empire.
 
Celle-là même qui rencontre l'écho de la voix de Mitterrand lorsque celui-ci conspuait ce qu'il nommait "les forces de l'argent". 
 
Il y a plus : du point de vue de Bayrou, Sarkozy est un Parisien et le pouvoir qu'il incarne l'est aussi. Le terrien Mitterrand ne raisonnait pas autrement.
 
Reste qu'une bonne partie des bayrouistes décapités errent désormais dans la politique comme des poules sans tête, désolés d'être séparés de leur leader et insatisfaits de leurs amis forcés. Le rapprochement avec d'autres "pieds-noirs" du bayrouisme calmera-t-il bientôt leur souffrance ?
 
Que peut devenir le centre-droit sans présidentiable ?
 
Et le MoDem ? Avec ou sans les parlementaires ?
 
Voilà bien des questions à résoudre d'ici le prochain double congrès de Villepinte.

16:30 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, MoDem, Sarkozy, Bayrou, Nouveau Centre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook