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05/05/2010

Fallait-il sauver les banques ?

Jean-François Kahn est évidemment le personnage politique avec lequel je suis le plus en phase depuis déjà quelque temps. On ne sera donc pas surpris que je rebondisse sur ce qu'il a dit hier soir chez Frédéric Taddéi. Oui, il est vrai que l'aberration de la situation actuelle, de cette tension qui menace notre monnaie, l'Euro, et plusieurs de nos États associés, en particulier la Grèce, que cette aberration, donc, est que ce sont les États qui ont sauvé le système bancaire de la faillite l'an dernier, et que c'est ce même système bancaire qui, aujourd'hui, avec des manières de charognard, s'attaque à l'Europe et à ses États. On croit rêver en effet que soit à ce point développée l'ingratitude la plus révoltante. C'est infect.

Et on a envie d'ajouter qu'on est en droit de trouver honteux que l'on continue à prêter à très bas taux aux banques, alors qu'on n'est pas capable de prêter à moins de 5 % d'intérêts à la Grèce. On ne fait là qu'envenimer l'effet de spirale dans lequel la Grèce est prise. C'est au moins aussi révoltant que le fait que nous empruntions nous, France, à 3 % pour prêter ensuite à 5 %, et je sais qu'il y a une logique de marché dans cette dernière façon de procéder, mais le marché devrait s'effacer devant l'éthique la plus élémentaire.

Il y a encore un comble dans le comble de cette situation : l'arrière-plan est le procès que subit en ce moment Goldman-Sachs d'avoir délibérément trompé ses clients sur les subprimes, et c'est la même Goldman-Sachs qui a aidé la Grèce à maquiller ses comptes pour tromper les institutions financières internationales. Pourquoi un comble ? Tout simplement, parce qu'une fois de plus, cette partie de l'affaire révèle la faillite du système de notation basé exclusivement aux États-Unis. Les procédés de Goldman-Sachs, aussi bien contre ses clients que pour la Grèce, révèlent la profonde corruption du système dirigeant américain. C'est cette corruption qui a provoqué la cécité des autorités de surveillance américaines sur les manœuvres frauduleuses ou simplement folles des sociétés financières impliquées dans la crise de 2008. En s'en prenant à la Grèce et au Portugal, les agences de notation prouvent une fois de plus que la meilleure défense, c'est l'attaque et, alors même qu'ellesd evraient être convoquées aux côtés de Goldman-Sachs devant la justice américaine, elles se refont une virginité au détriment des Grecs et de l'Euro. C'est abject.

Lorsque la crise a éclaté, à l'automne 2008, j'ai immédiatement réagi en affirmant qu'il fallait laisser les institutions financières s'écrouler, car si nous croyions les sauver, nous nous tromperions, nous brûlerions en vain des paquets de milliards. En vérité, oui, je crois avoir eu raison : il fallait laisser le système financier se purger de lui-même, il est incorrigible. De toutes façons, la purge se fera. Si le pire vient au pire, elle emportera d'autres structures étatiques, et les États-Unis eux-mêmes, malgré leur souveraineté monétaire moins entamée que celle de l'Europe, ne sont pas exempts de cette menace.

Que pouvons-nous faire, à notre niveau modeste ? Changer de banque, comme dirait Quitterie.

25/10/2009

Calculez vos agios et faites sauter la banque.

Dans mes deux articles précédents, je relatais comment ma banque, qui est pourtant supposée mutualiste, m'avait imposé des pénalités de dépassement de découvert en compte qui amenaient les intérêts perçus pour ces découverts jusqu'à plusieurs dizaines de fois le taux de l'usure, et j'évoquais une communication importante du magazine 60 sur ce sujet, réclamant la prise en compte d'une décision de la cour de Cassation de février 2008 qui indique que l'ensemble des frais relatifs aux découverts en compte doit être inclus dans ce qu'on nomme (depuis une directive européenne) le taux effectif global (TEG) du prêt personnel que constitue le découvert en compte courant.

Le groupe socialiste de l'Assemblée Nationale, à l'instigation de Didier Migaud (président de la commission des finances de l'Assemblée), a d'ailleurs tenté de faire passer une taxe sur le bénéfice des banques cette semaine, et l'on a vu deux députés de droite voter pour leur amendement, mais on a maintenant l'habitude de ces pseudo-coups de théâtre parlementaires destinés à noyer le poisson et à faire croire que les députés s'agitent vraiment pour notre intérêt. Voici comment chacun de nous peut, sans attendre les politiques, à son niveau, ramener les banques à la justice, et même peut-être, faire sauter la banque.

Le taux de l'usure, une protection du faible contestée, et donc contournée

Lorsqu'une personne prête de l'argent à une autre, elle peut pratiquer ce qu'on nomme un taux d'intérêt, qui est une majoration de la somme qu'on devra lui rendre, majoration en général proportionnelle au temps qui s'écoulera jusqu'au remboursement du prêt (il existe aussi des taux d'intérêt fixés d'avance et forfaitaires). La chose ne va d'ailleurs pas d'elle-même : au Moyen Âge, en Europe, le prêt à intérêt est interdit et il se crée des méthodes extrêmement complexes qui ont permis de contourner peu à peu cette interdiction. Dans le monde musulman, l'interdiction donne une raison d'être aux communautés juives, à qui l'interdiction ne s'applique pas.

Avec les siècles, cependant, les taux d'intérêt s'imposent en Europe, et le Code Napoléon, en 1804, n'a pas d'état d'âme à instituer un principe de "dommages et intérêts" qui les rend naturels, consubstantiels à toute somme due.

Et partout en Europe, selon des modalités diverses, l'emprunteur est protégé contre les abus du prêteur, soit qu'un taux de l'usure réglementaire soit fixé par une insitution publique, soit que la justice ait le pouvoir de corriger les excès. Le taux de l'usure est celui  à partir duquel on considère que le taux d'intérêt imposé à l'emprunteur est abusif, c'est une disposition qui entre dans le cadre des principes de protection du faible contre l'abus de position dominante du fort, protection du faible contre les pratiques léonines. En France, c'est la Banque de France qui fixe le taux de l'usure, une fois par trimestre, selon des modalités assez complexes.

Ce dispositif réglementaire est d'ailleurs contesté : pour les uns, il est trop complexe et ne protège pas assez les consommateurs. Pour les autres (les banquiers), c'est un gêneur d'emprunter en rond, il bride la croissance, et doit donc être écarté, il a d'ailleurs été supprimé pour les entreprises sans dommage apparent. Et un organisme privé (l'Adie) spécialisé dans le microcrédit fait valoir que dans son domaine d'activité, le seuil de l'usure est un frein considérable, car il rend les prêts trop peu rentables pour le prêteur. C'est ainsi que, sous couvert des meilleures intentions, on risque de mettre en péril un dispositif de protection du faible, un de plus. Car si l'on laisse le marché s'autoréguler sous le contrôle du juge, on oublie que les faibles et fauchés sont aussi ceux qui ont le moins de faculté de s'adresser à la justice pour se faire rembourser des sommes, peu élevées en elles-mêmes, mais qui mettent en danger leur solvabilité personnelle.

Réagir aux abus

Comme beaucoup l'ont noté, l'un des paradoxes de la crise financière récente, c'est qu'alors que les banques se financent à des taux extrêmement avantageux, le taux d'intérêt des prêts aux particuliers, lui, a eu plutôt tendance à augmenter, les banques consument la chandelle par les deux bouts, en somme.

Et on prend conscience que les taux d'intérêt ne sont pas eux-mêmes la seule définition possible du coût réel d'un prêt : une directive européenne de février 2008 a défini le Taux Effectif Global (TEG) et aussitôt, la cour de Cassation, dans un arrêt du 5 février 2008, a décidé que l'ensemble des frais relatifs aux découverts en compte devait être intégré au TEG, ce qui justifie l'intervention récente de l'organisation 60 que j'ai déjà citée. Dans une certaine mesure, l'intiative des socialistes (pour taxer les profits des banques) peut d'ailleurs être considérée comme une diversion destinée à étouffer le vrai scandale que constitue le niveau extravagant des frais pratiqués par les banquiers. (EDIT : Je vois d'ailleurs un article de Marianne2.fr sur un sujet très proche).

Il appartient donc à chacun d'entre nous de réagir à son niveau, avec ses propres moyens. Voici comment.

Le taux de l'usure est en général entre 20 et 25 % pour les découverts en compte courant des particuliers. Calculez votre niveau moyen de découvert. Faites-le, d'abord, "à la louche" sur le dernier trimestre. Si vous avez une autorisation de découvert de 500 Euros, voyez si vous dépassez souvent le seuil des 1000 Euros, et sinon, estimez que votre découvert moyen sera plus ou moins proche de son autorisation. Rappelons que les pénalités s'appliquent à la fois pour un dépassement du seuil et si vous n'avez pas ramené votre compte à l'équilibre au moins une fois dans le mois (selon le régime général, il existe des conventions de découvert qui créent des régimes particuliers, en principe favorables à l'emprunteur).

Mettons que vous ayez 700 ou 800 Euros de découvert moyen. Le taux de l'usure, sur un trimestre, sera d'un quart (un trimestre est le quart d'une année) de 20 %, soit 5 %. 5 % de 700 Euros font 35 Euros. Recensez ensuite l'ensemble des frais afférents à votre découvert : incidents de compte, lettres de rappel, pénalités, et bien sûr les agios. Si leur total dépasse les 40 Euros, vous avez une chance raisonnable de pouvoir considérer que votre banque pratique un TEG supérieur au taux de l'usure. Et vous pouvez réclamer le remboursement de ce qu'elle a trop perçu.

Comme le souligne l'un des articles que j'ai mis en lien, la banque peut même être condamnée à une amende de 45 000 Euros si ses taux sont particulièrement abusifs. La mienne, celle que je quitte (le Crédit Agricole) avec un taux de plusleurs dizaines de fois celui de l'usure, mériterait certainement cette condamnation.

Et maintenant, si vous voyez que les surfacturations sont consistantes cette année, faites le calcul pour les deux précédentes, car vous pouvez en principe réclamer sur les trois dernières années. Imaginez que dix millions de particuliers réclament chacun 100 Euros par an (ce qui n'est pas beaucoup : une dizaine ou une quinzaine d'incidents de compte par an), cela fait un milliard par an, trois milliards en trois ans. Imaginez que les mêmes 10 millions réclament 300 Euros pas an, ce sont 9 milliards pour les trois dernières années... Imaginez aussi que 22 000 comptes aient subi des excès pénalement répréhensibles (là encore, le chiffre est faible), ce sont encore 3 milliards, un par an. Or le Crédit Agricole a des centaines de milliers de comptes en portefeuille. Imaginez des centaines de milliers d'abus, la banque saute. Vous pleurerez ?

En tout cas, vous aurez pu récupérer votre argent, ce qui sera une façon de relancer la croissance mille fois plus saine que de laisser la bride sur le cou des banquiers dont chacun connaît désormais la profonde irresponsabilité.

22/10/2009

Comment je paie 420 % d'agios par an.

J'ai un compte personnel au Crédit Agricole de Pont-l'Abbé, dans le Finistère, en Bretagne. Il m'arrive d'être là-bas à découvert et je veille à peu près à ce que ce découvert ne s'éternise pas, mais il est arrivé que je dépasse le délai de 30 jours avant de combler le découvert, c'est arrivé le mois dernier, et je n'ai pas encore terminé de le faire (il me manque encore 208 Euros et quelques centimes). Quand le délai est dépassé, toute dépense, même dans le cadre du découvert habituellement autorisé, est considérée comme irrégulière.

En septembre, j'ai remis 2600 Euros sur ce compte, j'ai une vie modeste (et je ne suis pas salarié), et j'ai dépensé 1381,92 Euros avec ma carte bancaire Eurocard.

Chaque jour, ou presque, on m'a prélevé des pénalités pour l'usage de cette carte, alors même que le solde était constamment croissant (ou le découvert constamment réduit). Voici la liste de ces prélèvements opérés par la banque :

01/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
02/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
03/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
04/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
07/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
08/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
09/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
10/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
11/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
14/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
15/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
16/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
17/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
18/09 **2 Frais Ope S/compte Debiteur   - 15,52
21/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
22/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
23/09 **2 Frais Ope S/compte Debiteur   - 15,52
24/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
25/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
28/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
29/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
30/09 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28

Le total de ces frais, pour septembre, et pour des dépenses inférieures à 1400 Euros, s'élève à 496,64 Euros, près de 500. Autrement dit, en un seul mois, par le fait des pénalités, on m'a prélevé plus de 35 % de mes dépenses, ces prélèvements concernent lesdites dépenses, puisque sanctionnent l'usage de la carte. C'est faramineux.

Dans le même temps, j'ai déposé des chèques et reçu des virements sur le même compte, à hauteur de 2600 Euros. Dépensant à peine plus de la moitié de ce que je reçois, je me considère plutôt honnête avec ma banque, et d'ailleurs, le découvert est pratiquement éteint aujourd'hui, et j'ai décidé de fermer ce compte pour en ouvrir un autre ailleurs (au Crédit Coopératif où est le compte de ma société, qui, lui, n'est pas à découvert).

Certaines séquences sont édifiantes :

28/08 **3 Frais Ope S/compte Debiteur   - 23,28
28/08 Carte Ratp 27/08/09                      - 11,60
28/08 Carte Gaumont Marigna 27/08/09   - 10,20
27/08 Carte Bo-Zinc 26/08/09                  - 16,00

J'ai trois opérations jugées irrégulières sur le compte (on est là fin août). Le total des dépenses est de 37,80 Euros, on me prélève 23,28 Euros de frais pour ces trois cartes (un film au cinéma, un carnet de tickets de métro et un déjeuner de prix raisonnable). Les frais sont donc de 61 % des dépenses, c'est ahurissant.

Parfois, on me prélève 7,76 Euros pour une dépense par carte de 5,90 Euros, le mot "usure" est encore trop faible.

Et finalement, les agios du trimestre tombent : 21 Euros. J'ai 21 Euros d'agios, et... 775,88 Euros de pénalités pour usage de la carte aux mauvais moments, soit plus de trente fois les agios. Sans les pénalités de septembre, le compte serait (légèrement) à flot depuis longtemps.

Bon, je vois les rieurs qui vont s'amuser, mais en vérité, le nombre des dépenses qu'on ne peut régler que par carte ou par virement automatique ne cesse d'augmenter : essayez de payer votre téléphone, votre Internet, votre gaz, votre électricité, en espèces. Où irez-vous ? Eh bien, ces dépenses sont prises en otages par les pénalités des banquiers.

EDIT : ayant eu un contact téléphonique avec le directeur de mon agence bancaire, j'en rendrai compte dans une note ce vendredi soir.

16/04/2009

"Let's make money !" ou l'organisation perverse de l'argent mondial.

Du flouze, de l'artiche, de l'oseille, de l'osier, des picaillons, des sous, de la fraîche, du pognon, de la monnaie, du pèse, c'est fou ce qu'il existe de noms pour désigner l'argent en français... Le film "let's make money" s'adresse à ceux à qui leur banquier a déclaré, d'un air gourmand : "il faut que votre argent travaille".

Ah oui ? il faut qu'il travaille ?

Le film montre des systèmes de prédation et de captation de l'argent produit pas les pays pauvres, au profit des spéculateurs (et des fonds de pension) des pays développés, mais ce n'est pas sa partie la plus fouillée. En revanche, l'explication d'un ministre du Burkina Faso est beaucoup plus explicite : son pays cultive énormément (trop pour la terre, apparemment) de coton. Ce coton, cueilli et nettoyé par la main, est de grande qualité. Mais il n'est pas compétitif, en raison des subventions des États-Unis à leurs propres producteurs, il est donc vendu à bas prix sur le marché international. Donc le Burkina a besoin de prêts des organisations internationales pour subsister. Autrement dit, alors que si les subventions américaines étaient supprimées, le pays "gagnerait" environ 80 milliards de Francs CFA (je pense que c'est environ 120 millions d'Euros), il en emprunte 20 milliards par an, qui viennent grossir sa dette. Le système est destiné à l'affaiblissement et à l'asservissement des pays pauvres. Let's make money ? Mais gardons surtout le pouvoir.

On voit aussi l'extravagante bulle immobilière espagnole, des projets immobiliers pharaoniques destinés seulement à lever des fonds sur les marchés financiers, et qui laissent des montagnes de béton vide.

On voit un personnage qui se présente lui-même comme un "chacal" et c'est tellement énorme qu'on hésite à croire que ce soit un vrai. Ce qu'il dit est l'exposé très exact de la théorie du complot, sauf que c'est un acteur direct et cynique qui l'expose, et on se dit que c'est tellement énorme, vraiment, que ce ne peut être un vrai. De ce fait, le film prend une autre dimension, et on se demande si ce n'est pas une fiction plutôt qu'on reportage à la manière de "Nous resterons sur terre".

Et ça se termine sur les paradis fiscaux, îles anglo-normandes en tête.

On comprend bien que le système aboutit à concentrer toujours plus les richesses mondiales.

On comprend aussi qu'il y a des gens en embuscade, ceux qui ont des liquidités en réserve, et qui, en prédateurs, attendent le moment où les États auront épongé les dettes des grands groupes industriels et financiers mondiaux, et où les actions de ces groupes seront encore à un cours bas, pour les racheter massivement et faire une culbute monstrueuse... Y parviendront-ils ? Espérons que non.

En tout cas, je suis content d'avoir ouvert le nouveau compte de ma société au Crédit Coopératif, une banque qui n'est pas cotée en bourse, qui d'ailleurs n'investit pas en bourse, et qui d'ailleurs n'investit que dans des projets solidaires, responsables et durables.

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23/02/2009

Le Pen a raison.

Oh, mes lecteurs ne liront pas souvent cette phrase sous ma plume : Le Pen a raison. Il a raison quand il dénonce l'hypocrisie qui fait qu'on ne dit pas que si l'État pousse tant à la roue de la fusion des deux groupes bancaires mutualistes (Banques Populaires et caisse d'Épargne), et si ces groupes sont si peu en état de résister, c'est évidemment parce qu'ils sont dans une situation plus que périlleuse. Le Canard Enchaîné a eu l'occasion de révéler plusieurs fois les errements de la gestion de l'Écureuil, en particulier.

21/10/2008

De la crise de liquidité à la crise de solvabilité.

Au début de la lutte contre la première forme de crise, en janvier dernier, il était décidé que l'économie américaine manquait de liquidité. De là un plan de relance qui n'eut, semble-t-il, aucun effet, puisque le léger rebond de croissance que connurent ensuite les États-Unis était dû à la faiblesse du dollar qui améliorait la compétitivité des produits américains à l'export.

Cette réalité de l'inefficacité fut ignorée par nos savants et magnanimes économistes qui pardonnent toujours à la réalité de ne pas leur obéir.

Obstinés, ils continuèrent à réclamer consolidation de la sphère financière (malade à son tour), en affirmant avec un aplomb de médecin de Molière, que tout cela n'était qu'humeur et qu'un bon cataplasme viendrait facilement à bout de la fièvre passagère, après quoi tout rentrerait dans l'ordre, la crise de liquidité n'ayant de cause que psychologique (pour ne pas dire hystérique) et ne correspondant à rien de sérieux en matière d'économie réelle.

C'est donc avec la même foi dans un cataplasme de moutarde posé sur une jambe de bois, le même acharnement du placebo, que le secrétaire américain au Trésor s'apprête à engager une nouvelle relance de l'économie, qui sera certainement suivie, celle-là, par l'Europe, désormais entièrement gouvernée par la foi superstitieuse dans les vertus du marché.

Au nom de cette superstition, on tolère les mesures dirigistes et étatistes adoptées par l'Europe. Elles ne coûteront rien, puisque bientôt, "tout rentrera dans l'ordre". On se ment et on croit mentir, en prenant des décisions volontaristes, parce qu'on est persuadé (ou on le paraît) qu'elles seront provisoires.

Or pendant ce temps-là, pendant qu'on soigne des maux imaginaires avec des potions fictives, mais coûteuses, le vrai mal court et sa progession se nourrit du mensonge entretenu par ailleurs. Ce vrai mal, c'est la crise de solvabilité.

Il fallait bien que la problématique de la dette ressurgisse à un moment ou un autre.

20/10/2008

Les "traders maboules" de l'Écureuil seront-ils embauchés par la BNP ou par la Société Générale ?

L'expression "traders maboules" est employé dans le sujet du Nouvel Obs. En somme, les traders de l'Écureuil étaient promis à extinction rapide, interdits de salle de marché, et ils s'en sont donnés à coeur joie quand même.

Non ? Vraiment ?

Voyons, voyons. Ces gens savaient que leurs postes allaient être supprimés et ont décidé un banco.

Innocemment ?

C'est curieux, cela me rappelle fâcheusement le trader Kerviel dont le frère travaillait pour la BNP qui voulait la peau de la Société Générale...

En somme, tout cela est bien trouble.

Dans le film "Une grande année" (avec Cotillard), le cinéaste Ridley Scott relate un dialogue entre quelqu'un et un trader :

- Qu'avez-vous fait la dernière fois que votre patron a pris une semaine de vacances ?

- J'ai pris sa place, répond le trader.

La réalité dépasse-t-elle la fiction ? Ces gens sont-ils totalement dépourvus d'autre morale que le profit ?

Pauvre petit écureuil.

19/10/2008

Quatre nouvelles observations sur la crise financière et économique.

1 ) Pauvre Caisse d'Épargne

Contrairement à Luc Mandret, je ne suis pas client de l'Écureuil, cet animal pas futé dont on vient de redécouvrir qu'il a pour fâcheuse habitude d'oublier où il planque ses noisettes.

La Caisse d'Épargne est une institution financière quasi-bicentenaire, connue pour sa gestion prudentielle et sa multitude de clients modestes, voire très modestes. C'est presque une banque sociale. Hélas, quelque crâne d'oeuf, on ne sait où, a eu l'idée géniale de lui ôter son produit phare, le  monopole du livret A, pour le confier à des établissements qui n'ont rien à faire des petits clients, ce qui devrait à terme porter un coup très dur au livret A ou le reconcentrer sur un établissement spécialisé.

Prévoyant la première évolution et la perte de leur monopole, les dirigeants de la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne (CNCE) - il s'agit en fait d'une fédération de caisses locales mutualistes - se sont lancés dans le contraire de leur métier : la spéculation au long-cours. D'après le site Médiapart, relayé par le Canard Enchaîné, l'Écureuil se serait fait carboniser aux États-Unis dans l'affaire des subprimes et diverses autres opérations hasardeuses. Prudemment, il a annoncé se rapprocher d'un autre système mutualiste : la Banque Populaire. Et là-dessus, on lui impute encore 600 millions d'Euros de perte en quelques heures (qui suggèrent au passage que l'Écureuil est bien menacé et qu'il a tenté un banco pour se renflouer).

Il me paraît donc urgent de crier QU'IL FAUT SAUVER LA CAISSE D'ÉPARGNE. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ils n'ont pas tenté leur mutation plutôt vers des activités proches de leur métier initial, comme le micro-crédit. Cela aurait été plus malin que d'enterrer tes noisettes, l'écureuil...

2 ) Pauvre Banque de France

La création d'un organisme qui ressemble à une société d'économie mixte, en partie corporative, en partie étatique, destinée au refinancement des banques, laisse rêveur sur ce qui reste de mission à la Banque de France depuis la créatioin de l'Euro. Vient-on en fait de reprivatiser la Banque de France (nationalisée par Léon Blum) ? Question accessoire : les gouvernements européens ont-ils fait en sorte de court-circuiter la Banque Centrale Européenne ? Et de le faire au profit du marché et des intérêts privés alors que ceux-ci viennent de faire la preuve éclatante de leur incompétence ?

Comme disait Shakespeare, "to die is nothing : to be or not to be, that is the question", mais tout de même...

3 ) Le monde se vautre dans la relance par la consommation

Le plan de sauvetage des banques est un leurre. En fait, il s'agit bel et bien d'un plan massif de relance keynésienne.

Or la relance coordonnée de toutes les économies ocidentales va donner un coup de fouet à la production ... chinoise, alors même que les Chinois n'ont pas déboursé un liard pour la relance, et à la production ... de pétrole, alors que les rentiers du pétrole n'ont pas versé un denier pour la relance. Quelqu'un a le nom du brillant inventeur de cette merveille ?

Accessoirement, l'idée centrale du keynésianisme (une relance provisoire) est explicitement invoquée par nos dirigeants, qui la mêlent à la conviction très libérale que le système va retomber de lui-même sur ses pieds et que les dépenses publiques actuelles ne coûteront donc rien au contribuable. Tout cela est une triste farce. Hélas.

En fait, on établit un système de perfusion permanente des grands groupes industriels, qui seront très heureux de bénéficier de nos impôts pour beurrer leurs tartines de caviar, cependant que nos PME continueront de sombrer. Quel bonheur !

4 ) Qui va sauver l'État ?

Je sais que parmi quelques-uns de nos petits copains libéraux intégraux, il s'en trouve pour souhaiter la mort de l'État ("act local"). Ils ont tort, du moins tant que n'existe pas un gouvernement mondial, un État universel. Car c'est l'effacement des structures étatiques qui produit l'atmosphère guerrière dans laquelle le monde baigne ces temps-ci. Dans le monde des puissances nucléaires, la guerre n'est presque pas possible, mais dans celui de bandes privées qui sont trop modestes pour l'efficacité d'un tir nucléaire, la guerre redevient possible. Autrement, la crise mondiale des institutions mène le monde vers la guerre universelle, non pas des guerres mondiales rangées comme autrefois, mais une guérilla permanente, dont les faibles sont toujours les premires victimes. Donc il faut sauver l'État.