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22/02/2009

Du rififi à l'extrême gauche ?

La création du Nouveau Parti Anticapitaliste a beau avoir été un demi-succès, les sondages sourient toujours au postier syndicalise Besancenot, dont le trotskysme est un accessoire ambigu.

Certes, les tensions sociales ne cessent d'augmenter, cristallisées sur le pouvoir dont le comportement (à en juger par les sondages, encore eux, mais aussi par un microtrottoir spontané) paraît toujours aussi brouillon, onéreux, injuste, indigne. Et bien entendu, avec les crispations sociales, reviennent les tentations d'un grand soir, d'une brusque poussée de violence, d'un coup d'épaule dans l'édifice social, de quelque chose qui fasse peur au bourgeois.

Besancenot, sans doute, incarne cette révolutuion-là. Mieux que le Parti de Gauche (Mélenchon apparaît sans doute comme un apparatchik en rupture de ban et en mal de présidentielle, ou bien seulement n'apparaît-il pas du tout et demeure-t-il dans l'anonymat des seconds couteaux). Mieux que le Parti Communiste Français (définitivement passé par pertes et profits de l'Histoire). Mieux que Laguiller et sa nouvelle représentante usée avant d'avoir commencé.

Mais que font les altermondialistes ?

Pour eux, pas de grand soir, juste des "petits matins" comme dit Quitterie.

Bové, porte-parole emblématique et moustachu de l'altermondialisme français, s'est rapproché de l'ex-libertarien devenu centriste et vert, Daniel Cohn-Bendit, lequel, après avoir consacré tant de temps à expliquer qu'en Allemagne, die Grünen était un mouvement modéré et centriste, a tout de même cru bon de dire, l'été dernier, qu'il avait,lui, le même programme que le PCF, ce qui a dû pas mal troubler ses anciens amis qui ont toujours voué les "stal" aux gémonies.

Cohn-Bendit a été marqué à la culotte par Sarkozy, qui a dit publiquement qu'il était "son ami". Un mot bien vague en politique, que Cohn-Bendit vient d'appliquer à Sylvie Goulard. Sarkozy s'est d'ailleurs rapproché des altermondialistes autant que possible, dans un de ces grands-écarts schizophrènes dont il a le secret, puisque, à en croire Ségolène Royal, il entretiendrait d'"excellentes relations" avec Lula, le président brésilien et patron de la gauche latino-américaine.

D'ailleurs, Evo Morales, président de Bolivie, ne vient-il pas de manifester son intention d'approfondir les liens économiques de son pays avec la France ?

Doit-on voir dans ces mouvements diplomatiques un effet de l'action de réseaux concurrents à l'intérieur même du sarkozysme ?

En tout cas, le fait que Besancenot soit bien devant Cohn-Bendit dans les intentions de vote semble pousser celui-ci à l'action. On le voit rue de la Banque, au ministère de la Crise du Logement, réclamer avec juste raison une amélioration de la politique du logement, aux côtés de ceux qui rament.

Les extrêmes gauches se retrouvent donc en concurrence les unes avec les autres, balkanisées comme d'habitude, et à la merci du pouvoir qui peut à sa guise les utiliser contre ses adversaires dans son champ de jeu à lui : le champ de jeu électoral. Ainsi les adversaires du système en consolident-ils parfois les pires défauts.

Alors ? grand soir, ou petits matins ?

Ah ! Quitterie...

16/05/2007

Bernard Kouchner : les paradoxes de l’humanitaire.

On annonce Bernard Kouchner comme ministre des Affaires étrangères de François Fillon dans le premier gouvernement du quinquennat Sarkozy.

Est-il possible de s’en indigner ? Faut-il s’en réjouir ? Je demeure partagé.

Pourquoi ce mélange d’impressions ?

L’aspect positif de la nomination de Kouchner au Quai d’Orsay, c’est bien entendu la vocation humaniste de la France qui trouve un avocat inlassable dont l’image, de ce point de vue, est intacte.

Le french doctor, l’homme des réseaux humanitaires mondiaux, le souvenir des boat people, de l’Afrique en guerre et en souffrance, l’expérience d’une gestion réussie au Kosovo. Tout cela.

Mais c’est aussi la victoire de la conception de l’administration Bush. Kouchner n’est pas un partisan infatigable de la paix à tout prix : la guerre en Irak, il est pour. Il est pour, sans doute, pour préserver Israël dont Saddam Hussein est le plus irréductible adversaire, mais aussi parce que la guerre en Irak lui paraît illustrer in vivo sa théorie du devoir d’intervention à fin humanitaire.

Voilà l’un des enjeux : les souverainistes défendent l’idée qu’il revient aux peuples eux-mêmes de choisir leurs chefs, quitte à être l’objet de dictatures sanguinaires. Nul n’a ni le droit ni a fortiori le devoir de s’occuper des affaires intérieures des peuples.

Kouchner, lui, défend l’idée symétrique : la communauté internationale est coresponsable des affaires intérieures des pays, elle est soumise à un devoir d’ingérence.

Or l’affaire irakienne, qui démontrait si bien le principe défendu par Kouchner, en a encore plus parfaitement prouvé les limites : combien difficile est la vie d’un gouvernement importé dans les valises d’un « libérateur » étranger.

Il y aurait donc, dans la nomination de Kouchner un double « persiste et signe » : celui de l’administration Bush récompensant un de ses fidèles et réaffirmant par là la légitimité de son intervention en Irak et, par ailleurs, celui de Kouchner disant « la stratégie a échoué en Irak mais elle est bonne et bien fondée » telle quelle et sans modification.

On voit bien entendu que, pour la France, c’est d’abord le signe d’un pays (le nôtre) qui aurait « mangé son chapeau » alors que chacun, aux États-Unis mêmes, sait désormais que nous avions raison en 2003 et qu’on a multiplié pour nous convaincre les mensonges et les intimidations les plus scandaleuses, dont la simple accumulation démontre la justesse de notre position.

Et aussitôt se profile l’inconvénient majeur de la nomination de Bernard Kouchner : en désignant un humanitaire aux Affaires étrangères, la France semble donner une deuxième fois raison à l’administration Bush : n’oublions pas que celle-ci voulait cantonner l’ONU et les organes du multilatéralisme mondial dans un rôle purement humanitaire, comme une sorte de super Croix-Rouge. Il ne reste donc plus aux gouvernements des États qu’à nommer ministres les directeurs de leurs croix-rouges pour matérialiser leur vocation, cependant que, seul, le gendarme du monde s’occupera de sécurité et de puissance.

Or cette vision n’est pas satisfaisante. Il ne peut y avoir de gouvernement mondial que multilatéral et aucun pays n’a vocation à diriger à lui seul le destin des autres.

Voilà donc pourquoi (au-delà même de la caution qu’il donnerait au programme de Sarkozy) je m’interroge sur le projet de désignation de Bernard Kouchner comme ministre des Affaires étrangères.

Bien sûr, on peut dire qu’il s’agit aussi de faire bouger les lignes. On peut voir là l’incarnation du projet que François Bayrou a incarné avec grand talent.

Et cependant, non.

On ne peut pas dire ça. Ca n’a rien à voir avec l’union nationale telle que la voulait Bayrou. Oh, je pourrais invoquer la confusion entre rassemblement et débauchage, entre décloisonnement et reniement.

Je pourrais aussi noter que l’atmosphère pétainiste qui se dégageait de la fin de la campagne de Sarkozy ne me paraît en aucune manière compatible avec la novation humaniste qui inspirait et inspire toujours le projet d’union nationale.

Il me suffit de dire que Sarkozy n’a en aucune manière désavoué ceux de ses amis qui ont sans vergogne pioché dans la caisse, pour rappeler qu’il n’y a pas de liberté sans vertu et que ceux qui rejoignent aujourd’hui le gouvernement sans avoir pris les plus élémentaires garanties de ce point de vue se font tout simplement les complices d’un système qui, bien plus que la fraude de certains pauvres, alimente le déséquilibre de nos finances publiques et la ruine de nos concitoyens les plus faibles.

Alors, au moment de répondre à la question que Sarkozy, tout miel, tout loup enfariné, va leur poser, que tous les ralliés réfléchissent donc au destin des faibles : entrer dans l’inféodation de Sarkozy c’est, pour toujours, choisir le camp des puissants contre celui des faibles.

À chacun donc selon sa conscience.

13/05/2007

Naissance du Mouvement Démocrate jeudi 10 mai.

Tous étaient là.

Haut lieu historique de la gauche française au XXe siècle annexé depuis quelques années par l'ensemble de l'éventail politique, la salle de la Mutualité était pleine.

Au balcon, les auditeurs. A l'orchestre, les conseillers nationaux de l'UDF. Ceux de Marseille s'étaient levés avant le jour, ceux de Bretagne avaient choisi entre l'avion et le retard. Ceux de partout se retrouvaient avec une souriante certitutde : ils venaient actionner le bulldozer qui continuerait à labourer la vie politique française pour renverser les édifices lézardés de la politique de papa.

François Bayrou, très en forme, tout à fait alerte, retrouvé depuis ce soir de deuxième tour où, décomposé, il commentait la victoire de Nicolas Sarkozy, parla le premier. Beau discours, offensif, ponctué par la présentation de ses trente ou quarante parlementaires présents.

Le centre éclôt. On le dit mort ; il naît.

La France change. Les partis politiques ne lui ressemblent plus guère.

Il fustige au passage non pas les parlementaires qui ont rejoint le camp de Sarko, mais la logique politique et institutionnelle qui a contraint certains d'entre eux à le faire contre leurs propres convictions.

Aberration et scandale d'un engagement de principe auquel les "canossés" (pardon du néologisme) ont été contraints ; quatre votes auxquels ils jurent de ne se point dérober et qui font d'eux des pantins. Il s'agit de l'investiture, du budget et de la confiance en particulier.

Pourtant, la constitution stipule que "tout mandat impératif est nul".

Comme toujours, à l'UMP, tout en se drapant dans sa dignité, on s'assied gaillardement sur la constitution. Voici donc vingt-deux parlementaires transformés en marionnettes.

Ils sont comme les soldats étrangers de Napoléon, comme les ralliés de tous les régimes : tenus en suspicion, soumis aux fourches caudines, liés pieds et poings, enchaînés aux grilles de l'Assemblée nationale comme au pilori avec la pancarte "J'ai trahi".

Et dire que c'est l'UMP qui accuse Bayrou d'avoir trahi !

Pauvres parlementaires qui, pour sauver la dorure d'un titre, les émoluments d'un mandat, la fierté peut-être d'une épouse, d'une maîtresse ou d'un giton, se retrouvent à l'état d'esclaves politiques, privés de leur souveraineté la plus élémentaire.

Faut-il rappeler que la fonction primordiale, historique, onthologique, du Parlement, est le consentement à l'impôt ?

Sont-ils donc encore parlementaires, les enchaînés de l'UMP ? Eux qui s'engagent à voter l'impôt quoi qu'il arrive ?

Où sont-elles donc les belles envolées de Charles-Amédée de Courson contre la gabegie budgétaire ? Désormais, il la votera, il s'en réjouira, il la soutiendra, il y participera. Le calice se boit jusqu'à la lie.

Où le courage de ceux qui ont voté la censure ?

Il n'en reste plus rien. Ces gens ont déceint leur écharpe tricolore, ils l'ont déposée au pied du trône et ils vont désormais nus, vêtus de leurs seuls oripeaux de goudron et de plumes.

Voici en substance ce que leur a dit François Bayrou.

Pauvre Jean-Louis Bourlanges qui s'est dévoué pour venir porter leur parole à une salle qui ne l'écoutait que pour le combattre.

Vaste silence quand François Bayrou tança ses amis qui s'en prenaient à Bourlanges ; en chef sage il leur lança, contre leur tohu-bohu :

- Si vous le désapprouvez, que ce soit par le silence.

Oh, quel silence. Quel terrible et éloquent silence.

- Ecoutez, dit Talleyrand.

- Quoi ?

- Le silence.

Quel silence.

Et Bourlanges, théâtre sans doute, évoque un malaise qui le prend, tente d'attendrir sa salle, une salle pour une fois sans coeur, sans oreille pour celui dont l'intelligence a longtemps (vingt ans !) égayé tant d'oreilles centristes.

Le voici, amaigri, lent, piteux, qui descend de la tribune.

Et le combat continue.

Une députée européenne se présente dans le Tarn aux législatives. Acclamations.

Un vieux centriste vient rappeler des souvenirs de la fondation de l'UDF en 1978, en écho aux propos de Didier Bariani qu'on a trouvé brillant et ému de remuer lui aussi des souvenirs de jeunesse.

L'UDF a presque trente ans.

La voici sur le point de s'engager auprès de François Bayrou dans le Mouvement Démocrate. Bayrou soumet sa motion. Plus de mille cartons bleus se lèvent. Plus de mille. Quatre cartons blancs de l'abstention, quatre cartons jaunes du vote contraire. A la quasi-unanimité, le Mouvement Démocrate est adopté, aun plus grand contentement aussi de l'écologiste Corinne Lepage et du député ex-vert européen Bennahmias (annoncé), mais aussi d'autres formations et groupes qui vont adhérer au Mouvement Démocrate.

Voici les temps nouveaux.

En juin, les jockeys centristes courront sous la casaque orange du Mouvement Démocrate. Le tiercé dans l'ordre ?

Liberté, égalité, fraternité.

11/05/2007

Soutien au "Canard Enchaîné".

Voici que l'affaire Clearstream, qui porte décidément mal son nom (Courant clair en anglais) fait de nouveaux remous. Ce matin même, une perquisition (apparemment infructueuse) a été menée dans les locaux du journal satirique.
 
Il s'agit d'une nouvelle violation du principe de la protection de leurs sources par les journalistes. À ce titre, cette opération est contraire aux droits les plus fondamentaux de l"information et je tiens à manifester ici mon soutien aux journalistes du "Canard".
 
Bien entendu, le fait qu'une autre perquisition ait visé l'avocat de Sarko n'y change rien. Il est souhaitable que toute la lumière soit faite sur cette affaire et en particulier sur le rôle trouble de notre président élu, mais la protection des sources des journalistes et du secret professionnel des avocats sont des garanties primordiales pour les libertés publiques. Je suis navré qu'on utilise de tels moyens pour parvenir à une fin qui paraît cependant juste : la vérité. 

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10/05/2007

Quelques jours sans blog ?

À l'heure où j'écris, je suis supposé partir demain matin pour la Bretagne, la verte terre bretonne. Or là-bas, je n'ai pas encore trouvé de borne wifi gratuite. Par conséquent, suspense, j'ignore encore si je pourrai poursuivre, durant ces quelques jours, l'activité de mon blog.
 
Si quelqu'un a des lumières sur une borne wifi en libre accès à Quimper, Pont-l'Abbé, Bénodet et autour, n'hésitez pas à me le faire savoir.
 
J'ajoute que j'avais trouvé très bien, dans le programme de Bayrou, l'ouverture de bornes wifi gratuites, comme une sorte de service public, un peu partout sur le territoire.
 
Encore une occasion de regretter cette présidentielle. 

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09/05/2007

Les bizarreries des équipements municipaux (encore le champ de course d'Auteuil).

Beaucoup connaissent sans doute le champ de courses d'Auteuil à Paris, dont j'ai parlé voici quelques jours. Les images de cette pelouse où se ruent une quinzaine où une vingtaine de chevaux frénétiques montés par de petits hommes multicolores sont parmi les plus familières qui soient avec le sigle PMU.
 
On se souvient avec une nostalgie encore amusée de l'époque où Léon Zitrone racontait avec fougue comment Une de Mai (était-ce bien à Auteuil ?) était revenue "du diable vauvert" pour arracher une victoire sur le fil.
 
On s'amuse des sketchs des Guignols, sur Canal +, montrant Denisot et son émission de "choual", qui, comme lors des beaux temps de Canal, se terminent par un piteux "Désolé".
 
Parfois, quand on est fauché (c'est mon cas en ce moment) on se demande si on ne devrait pas s'y précipiter pour jouer les derniers Euros qu'on a en poche en attendant de vendre enfin des satanés livres.
 
Et puis, la politique revient. Je me suis longtemps intéressé au devenir des circonscriptions législatives de mon XVIe arrondissement. C'est fini. Elles auront le candidat démocrate que Bayrou leur choisira.
 
Puis ce soir, il était question de la 10e circonscription, celle qui couvre partie du 13e et partie du 14e arrondissements, l'ancienne de Jacques Toubon. Et je me demandais si j'avais vraiment envie que Quitterie Delmas s'y présente. J'avoue que je ne sais plus quoi penser. Mais je garde le sujet sous le coude, sans intention bien sûr d'y aller moi-même.
 
Pour en revenir à mon champ de courses, il y a une piscine municipale qui permet aux gens de ce quartier de venir l'été se rafraîchir et prendre le soleil au solarium.
 
La curiosité que j'ai découverte lorsque j'étais élu en charge de cet équipement dans ma délégation de la Jeunesse et des Sports du 16e, c'est que cette piscine, ça ne s'invente pas, a été creusée ... dans une nappe phréatique.
 
On met de l'eau dans de l'eau. Vraiment, c'est surréaliste.
 
Autant dire que le béton qu'on a intercalé entre l'eau du sol et celle de la baignade a vite souffert, d'autant plus qu'un ingénieur distrait a eu l'idée baroque, à une certaine époque, de boucher les aérations de la piscine pour recycler indéfiniment le même air en circuit fermé, sans imaginer qu'à la longue l'air serait de plus en plus chargé de chlore et que ce chlore attaquerait tout.
 
Bref, ce sont les découvertes amusantes (mais coûteuses pour le contribuable) qu'on fait lorsqu'on est élu.
 
J'ai trouvé qu'un déficit de démocratie était en partie à l'origine de cette accumulation d'erreurs. Et c'est une raison forte pour moi d'espérer que le Mouvement Démocrate obtiendra suffisamment de députés pour bloquer les décisions trop unilatérales et capricieuses de la majorité gouvernementale : en politique, je crois dans la vertu de la parole, du débat, de l'expression libre.

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Crétinisation aliénante.

Le peuple grondait. Le peuple se rebellait. Le système craquait.
 
Que demandait le peuple ? de la réalité ?
 
Non, répond le système : de l'aliénation. 
 
On lui en a donné.
 
Contre la colère, on a trouvé le remède : l'opium.
 
Contre la douleur, on a trouvé le remède : l'opium.
 
Contre la réalité, on a trouvé le remède : l'opium.
 
Voici donc toute la philosophie démasquée : comme à la fin d'un jeu télévisé, comme à la fin d'une StarAc, le vainqueur dîne au Fouquet's avec des stars et se retrouve en vacances au soleil sur un yacht immense. La belle vie.
 
Le rideau s'est levé sur les arrière-pensées, il est tombé sur la pensée.
 
Il est tombé avec la violence de la lame d'une guillotine.
 
La campagne a débuté dans Voici/Gala et se termine comme elle a commencé : on donne aux gens ce qu'ils croient vouloir, on leur fournit toute la quantité de mensonge nécessaire pour qu'ils se taisent ou qu'ils parlent des sujets sur lesquels on les autorise à s'exprimer, ce qui est la même chose que se taire.
 
Et dans ce projet tout a un sens : l'obsession de l'apparence, la nullité des candidats. Oui, qu'on lise bien : la nullité des candidats fait partie intégrante du projet d'aliénation.
 
Les chiffres tous plus faux les uns que les autres jetés par des candidats aussi gribouilles l'un que l'autre dans leur débat télévisé ? C'est dans le script.
 
Un zeste de StarAc, un zeste de Qui veut gagner des millions.
 
Et les récriminations de François Bayrou entre les deux tours ne ressemblent à rien d'autre qu'à ces courtes confidences amères que livrent les concurrents en quittant le plateau de Qui veut gagner des millions : la rage des mauvais perdants. Hou, le vilain.
 
Voilà donc pourquoi Bigard lançait à Bercy que Bayrou était comme un joueur qui a perdu la demi-finale et qui squatte la finale. C'est dans le script. Hou le vilain.
 
Consolons-nous, cette phase crétinisante qui triomphe aujourd'hui n'aura qu'un temps.
 
Pourvu qu'il soit le plus bref possible.
 
À nous de réagir. 
 

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Un blog entier contre Quitterie Delmas ?

Un blog (lesvieuxcons.hautetfort.com) vient d'être créé ... en réaction à celui de Quitterie Delmas (lesjeuneslibres.hautetfort.com). C'est du moins le projet affiché de son auteur qui, c'est bien le moins qu'on puisse attendre, demeure anonyme.
 
En vérité, ce blog, ça va de soi, est une offensive contre François Bayrou. Tout le montre par ailleurs. Toutes les notes transpirent la haine du leader centriste et de sa démarche rénovatrice.
 
Et comme les vieux cons sont de grands démocrates, il va également de soi que les commentaires sont impossibles sur ce blog.
 
Somme toute, la démocratie et l'intelligence progressent tous les jours.

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08/05/2007

Le candidat du peuple et son yacht.

On avait dit, on avait susurré, on avait laissé entendre que Saint Nicolas Sarkozy se recueillerait, après son élection, dans un monastère durant quelques jours.
 
Drôle de monastère.
 
Le voici dans un yacht long de soixante mètres. Aucun président de la république française n'a jamais osé s'afficher dans un tel luxe jusqu'ici. C'est une insulte aux 48 % d'ouvriers qui ont voté pour lui, le candidat auto-proclamé du peuple.
 
Est-il en train de débriefer avec ses amis de la scientologie ou de faire ses comptes avec ses commettants du Cac 40 ?
 
Voici en tout cas toute honte bue, toute vergogne jetée à la baille, toute limite franchie.
 
Qu'on le sache désormais, le modèle de la politique française, c'est Dallas, le dénouement d'une crise, c'est le milliardaire, le yacht tout blanc, le champagne, la Rollex, le Fouquet's.
 
Quant aux millions de morts de la seconde guerre mondiale ? Houla, mais c'est un sujet bien trop barbant pour la télé, mon vieux, biiip ! qu'on amène Santini, lui au moins il sait rigoler.
 
Et l'Europe ?
 
Vous ennuyez le sultan.
 
Et la vie des gens ?
 
Regardez la télé. 

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07/05/2007

"Et le peuple sévère, avec sa grande voix..."

On attendait, lors de cette élection, le score de Jospin en 2002 et ce fut celui de Jospin en 1995.
 
Quarante-sept pour cent est un score ni bon ni mauvais, ça matérialise une défaite, pas une déroute. Le couple Royal-Hollande semble devoir sauver sa tête pour poursuivre la mutation du Parti Socialiste, avec sans doute Dominique Strauss-Kahn, bien fatigué hier soir m'a-t-on dit.
 
François Bayrou, lui, hier soir aussi, de plus près, m'a paru avoir pris dix ans d'un coup, les traits lourds, le regard triste, la voix certes ferme et bien posée, le geste vif, mais une épaisseur inhabituelle dans le visage et nous avons tous failli pleurer quand il a parlé de l'amertume des soirs de défaite. L'émotion nous a tous tenus un moment. Ces choses-là ne se mesurent pas sur le coup. Il y faut un délai. Puis on rebondit.
 
Bien entendu, la censure médiatique a repris sans tarder : alors que les trois grandes chaînes hertziennes avaient donné officiellement leur accord pour diffuser son intervention en direct, elles n'en ont finalement rien fait, se contentant d'extraits tronqués, en différé.
 
On dit que le partage des récompenses a commencé : Bouygues (dont l'action s'envole à la bourse) céderait TF1 à Lagardère, mais récupérerait Areva, plus proche de ses métiers initiaux.
 
Bref, ces messieurs de l'argent s'ébattent dans leur oligarchie triomphante.
 
Pour l'avenir, le combat reste celui d'une Assemblée nationale où Sarkozy ne soit pas majoritaire seul. On ne peut guère espérer mieux, ce serait déjà beaucoup, mais il y faudra beaucoup d'efforts des socialistes et une pédagogie renforcée vers les centristes.
 
Enfin, il faut bien répéter les vers de Victor Hugo, puisque le peuple a parlé : 
 
"Et le peuple sévère, avec sa grande voix,
Souffle qui courbe un homme et qui brise une femme..."
 
J'ai bien trouvé Bayrou courbé, je n'ai pas remarqué Ségolène Royal brisée.
 

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Cette présidentielle se termine par la victoire du favori.

Cette après-midi, on m'avait dit, de source journalistique, 55/45 comme sondage "sortie des urnes". Le résultat est plus proche de 53/47.
 
Pour parler du résultat des reports centristes, que j'évoquais hier, on trouve une répartition géographique qui traduit la nature de l'UDF-Mouvement Démocrate : du centre droit et du centre gauche.
 
En Bretagne, et dans le sud-ouest, centre gauche, le report est à gauche ; en Alsace, centre droit, le report est à droite.
 
Le fait que l'on trouve environ 40% de bayrouistes reportés sur Sarko et autant sur Ségo ne signifie pas pour autant qu'il n'y ait que 60% de bayrouistes (en comptant les 20% de blancs, nuls et abstention) dans son électorat, car il y a une conviction profonde dans toute une partie des bayrouistes sincères que je connais qu'il valait mieux, pour d'obscures raisons tactiques, que Sarko gagnât, car ainsi le MD démarrerait dans de meilleures conditions.
 
Bref, une fois de plus, les centristes sont centristes et dédaignent la simplicité des votes formatés.
 
Quant à la France, elle a choisi. Elle aura ce qu'elle mérite. 

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06/05/2007

Quand les défaites sont lourdes.

Oh, qu'on ne compte pas sur moi pour commenter d'éventuelles info dont je serais détenteur, puisque je n'en ai pas le droit.
 
Si le dernier sondage publié, 55/45, se confirme, cela signifiera une défaite d'une ampleur qu'on n'a vu que trois fois dans la V' république : en 1965, en 1969 et en 1988, en laissant de côté  le cas particulier de 2002.
 
La victoire de 1965 fut le chant du cygne du général de Gaulle. Celle de 1969 ne put empêcher la famille gaulliste de perdre la tête de l'État en 1974. Celle de 1988 fut suivie par la défaite législative de 1993 et la longue dégringolade dont l'éviction de Lionel Jospin du second tour en 2002 fut l'aboutissement.
 
Le relatif succès de Mme Royal au premier tour sera-t-il finalement le signe d'un réveil de cette gauche-là ou au contraire le dernier feu d'une étoile qui s'éteint ?
 
Si les derniers sondages publiés sont confirmés, 55/45, il faudra conclure à l'extinction des feux.
 
Pour François Bayrou, la défaite de Ségolène Royal sera une autre confirmation : il disait vrai quand il affirmait que, par raison mécanique, il était mieux placé qu'elle pour battre Nicolas Sarkozy. Les électeurs seront donc appelés à se remémorer cette vérité.
 
La naissance du Mouvement Démocrate interviendra alors sur fond de séisme politique, au fond dans l'esprit de l'onde de choc qu'avait annoncée le relatif succès de sa candidature du premier tour.
 
Mais bien entendu, cette analyse ne sera pertinente que si le résultat (je rappelle que je ne cherche pas à faire état ici d'info dont je disposerais) confirme la tendance de vendredi : 55/45. 

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05/05/2007

L'enjeu du second tour pour Bayrou.

Qu'on ne compte pas sur moi pour donner des incitations au vote pour l'un des deux candidats. Je l'ai déjà fait. Aujourd'hui, je vais parler du troisième, le mien, François Bayrou.

La carte du vote François Bayrou, en 2007, ressemble un peu à la carte du vote Barre il y a vingt ans : l'ouest, Rhône-Alpes, l'Alsace. On y ajoute le soud-ouest, apport personnel de Bayrou pour une part, et Paris.

La première composante de ce vote, c'est le centrisme d'origine chrétienne. Dans l'ouest, l'Europe, une forme de modération, la référence à Jacques Delors, le côté terrien, tout cela a dû compter, comme d'ailleurs l'opposition à la droite dont l'autorité est devenue rebutante pour les terroirs occidentaux.

En Alsace, l'Europe, la tradition centriste là aussi chrétienne pour une grande part.

Dans le sud-ouest, le centrisme laïc en majorité.

En Rhône-Alpes, le mélange très lyonnais de tous les centrismes, augmenté sans aucun doute des populations "issues de la diversité" (vilaine expression pour une réalité forte).

À Paris, un peu plus de centre gauche, moins de référence chrétienne, et sûrement des orphelins du gaullisme, clairsemés aussi dans le reste de l'électorat.

Pour les législatives, ce score devrait se traduire par plusieurs dizaines de députés. Comment ? Par la capacité des candidats de Bayrou à se maintenir et à y faire perdre l'un ou l'autre camp. L'examen de la carte des résultats du premier tour permet de conclure rapidement sur le côté où le pouvoir de nuisance et donc d'influence est le plus grand.

Il est dès lors passionnant d'examiner le report des voix centristes dans ses trois composantes : centre droit, centre, centre gauche, pour déterminer la réelle force de frappe de Bayrou pour les législatives.

Voilà, comme prévu, je n'ai donné aucune indication supplémentaire sur le vote de demain dimanche. 

 

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04/05/2007

Le camp de la liberté.

1943. La France est occupée. L'Europe est couverte de croix gammées. De la mer Noire à l'Atlantique Nord, de la Norvège à l'Adriatique.
 
Alors, l'Occident se divise en deux camps et nous sommes, je suis, vingt ans avant ma naissance, dans le camp de la liberté.
 
Mon grand-père paternel a refusé de se saborder dans la rade de Toulon en novembre 1942. Il a été radié des cadres de la Marine nationale le 1er janvier 1943. Expédiant sa famille dans le Tarn, il a aussitôt été embauché comme ingénieur chez Citroën à Paris. Là, le jour, il travaille au projet de la future 2 cv ; la nuit, il sabote. Il sabote tout ce qu'on lui dit de saboter, des trains en particulier. Son pistolet de service dans la poche, un pain de plastic dans l'autre poche, une pilule de cyanure, sans doute, dans la bouche.
 
Mon grand-père maternel, ancien combattant de la guerre de 14-18, a été le plus haut fonctionnaire des Affaires étrangères à démissionner de Vichy en novembre 1942. Condamné à mort par contumace par les nazis quelques semaines plus tard, il se cache à Paris où il tente de reconstituer les archives de son ministère détruites dans la panique du printemps 1940. Au bout de quelques mois, il expédie sa famille dans le Tarn et Garonne puis rejoint début 1944 le gouvernement provisoire à Alger.
 
Le camp de la liberté.
 
Après la Libération, on s'aperçoit que, dans le camp de la liberté, il y avait Staline. "Pour dîner avec le diable, il faut une très longue cuiller", disait Churchill à son propos. Au camp de la liberté succède alors le Monde libre. Quarante ans.
 
Et maintenant ? qui est le diable ? où est la liberté ? Pourquoi les choses ne sont-elles plus aussi simples ? Ce serait tellement commode.
 
Victor Hugo a plusieurs fois nommé le diable : "la misère, démon...", "l'envie, alors, ce démon vigilant..." (Les Contemplations).
 
Il a souvent nommé la liberté. Il lui a parfois donné le synonyme de civilisation.
 
Quand j'étais lycéen, puis étudiant, on discutait des "libertés formelles" et des "libertés réelles", concept d'une certaine gauche. Au cours de mes études de droit, j'ai entendu parler des "libertés publiques".
 
Dans les années 1980, on a brandi un étendard de libéralisme, tout empreint d'une liberté dont les contours paraissaient sauvages. On réfléchissait sur les libertés économiques. 
 
Et maintenant ? Qu'est-ce que la liberté ? Quel est le diable ? 
 
On nous dit que le libéralisme est dans le camp de Sarko.
 
Oh, je sais, mon sujet rétrécit rien qu'en évoquant cette fin d'élection présidentielle. Tant pis.
 
Or Sarko n'a rien d'un libéral : son programme se résume en trois locutions : cruauté sociale, concentration des pouvoirs, réaction morale. Dans ces trois domaines, par ces trois idées, il se trouve aux antipodes du libéralisme et de la liberté.
 
La cruauté sociale, ce sont les inconvénients d'un libéralisme mal maîtrisé, sans les avantages.
 
La concentration des pouvoirs, c'est le bâillon sur les lèvres de la liberté.
 
La réaction morale, c'est une conception normative de la vie en société, où les comportements sont imposés à l'individu. Aux antipodes de la liberté.
 
En face, désormais, se situe le camp de la liberté. Il a beaucoup de défenseurs chez François Bayrou ; il en a aussi au Parti Socialiste, il faut le dire, même si les vieilles lunes dirigistes y contrôlent encore l'appareil. Il y en a encore, dissimulés, à l'UMP.
 
Pour ces raisons et pour ce que j'ai entendu du discours personnel de Ségolène Royal, et malgré ses défauts patents, (et aussi en hommage à Quitterie Delmas) je voterai pour cette femme, Mme Royal, dimanche.

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03/05/2007

À chaud : Bayrou ne votera pas Sarko.

On le lit ici :
 

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02/05/2007

On rêve d'un débat entre Victor Hugo et Napoléon III.

On imagine Victor Hugo interpellant Napoléon III : "Monsieur le petit".

Au moment où se prépare le débat entre les deux derniers candidats à l'élection présidentielle, on se prend à rêver que nous pourrions avoir de meilleurs hommes et femmes politiques, un peu plus cultivés, connaissant mieux leur matière, un peu plus sincères.

Le jeu politique est une joute. L'enjeu n'y est pas l'exercice d'une responsabilité mais la conquête d'un champ clos qui se nomme le pouvoir. Les règles de conquête du pouvoir sont les mêmes partout, quel que soit la forme politique du régime, quelle que soit la nationalité et la culture des assujettis, le pouvoir se conquiert et s'exerce selon les mêmes règles.

Et partout, quoiqu'il arrive, il faut éliminer l'autre.

Tout pouvoir consiste à supprimer l'autre. Physiquement ou moralement. Dans une société policée, il s'agit de prendre l'ascendant sur lui. Dans un état plus sauvage, de le supprimer ou de le réduire à l'état d'objet.

Ce soir, si l'un des impétrants est susceptible de l'emporter sur l'autre, si le débat peut faire pencher la balance, c'est que l'un des deux aura pris l'ascendant sur l'autre. Il l'aura éliminé. Au mieux provisoirement. Au pire, définitivement.

Ouvrez l'arène, lâchez les lions. 

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01/05/2007

Faut-il empailler Jean-Pierre Pernaut ?

Le grand gagnant du premier tour de l'élection présidentielle est ... Jean-Pierre Pernaut.
 
Lui, l'homme du journal télévisé de treize heures, le Picard goguenard qui passe souvent pour la "voix de son maître", l'homme pour qui la météo est toujours une info plus urgente que mille morts au Bangladesh, l'homme que les Guignols ont caricaturé en éternel et sempiternel chantre du "dernier fabricant traditionnel de...".
 
Car son public n'a qu'un âge : la vieillesse.
 
Déjà, il y a vingt ans, je voyais ma grand'mère regarder Mourousy. Au moins, c'était drôle.
 
Et voilà, ils ont voté, nos vieux qu'on aime tant. Ils ont voté.
 
Ils ont voté, nous dit l'Ifop... pour Sarko. 
 
Et, selon l'Ifop toujours, ils s'apprêtent à récidiver massivement : 75% ! oui, tu ne rêves pas, lecteur, 75/25, c'est le rapport de forces chez les vieux, au profit de Sarko, pour le deuxième tour, d'après l'Ifop.
 
On les aime bien, pourtant, nos vieux, on ne leur a rien fait de mal. Pourquoi nous en veulent-ils tant ?
 
Car dans toutes les autres catégories d'âges ou presque, Ségolène Royal est majoritaire dans les intentions de vote pour le deuxième tour.
 
Il n'y a que chez les vieux. Et c'est ce vote massif des retraités qui, à lui seul, fait gagner Sarko.
 
Alors, lecteur, si tu souhaites la victoire de Ségo, fixe-toi un objectif simple : fais la liste de tous les vieux que tu connais et convaincs-les. Un par un.

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30/04/2007

Que va faire Le Pen ?

Le Pen est le grand perdant du premier tour de l'élection présidentielle. Il y a perdu environ un million de voix sur son score de 2002 et, en termes de pourcentages, six points, soit presque quarante pour cent de son capital initial.
 
Je me souviens de Farid Smahi qui, une semaine avant le vote, me trouvant sur le marché de la Porte de Saint-Cloud, à l'ouest de Paris, se moquait de Bayrou et clamait : "Il va faire douze pour cent comme d'habitude". Il ne croyait pas si bien dire, mais c'est de son propre candidat qu'il parlait, sauf qu'il n'a pas atteint douze pour cent, à peine dix et demi.
 
La question qui se pose maintenant est celle de sa stratégie la plus efficace : va-t-il tenter de déstabiliser Sarko en donnant des signes forts d'abstention à son propre électorat ? Ira-t-il plus loin en se joignant au TSS avec l'idée que l'instauration de la proportionnelle, consécutive à la victoire de Ségo, permettrait de pérenniser son mouvement ?
 
Choisira-t-il au contraire de prendre la main que Sarko lui a tendue au milieu des récupérations diverses de son programme ?
 
On a en effet noté le retour de la proportionnelle dans l'escarcelle programmatique du candidat scientologue. Mais la proportionnelle où ? Au Sénat ? Il y en a déjà une forte dose depuis plusieurs années. À l'Assemblée ? Mais quel chiffre ? Bayrou voulait 50%, Ségo propose encore officiellement 20% (elle devra sûrement faire un effort). Alors, et Sarko ? Où et combien ?
 
Il sait que ce qu'il gagne là à court terme, il le reperd à moyen terme. Mais peut-il faire autrement ?
 
Il est allé au bout de ses options récupératrices en proposant de réhabiliter l'OAS, ce qui sans doute lui a encore acquis quelques voix chez les lepénistes (dans le sud-est en tout cas), mais doit avoir suscité quelque trouble chez les gaullistes. 
 
Sans doute Le Pen va-t-il tracer une ligne et définir des critères demain après-midi. Chacun les interprétera à sa façon. Ségolène Royal, mercredi soir, lors de son débat frontal (!) avec Nicolas Sarkozy, aurait grand tort de ne pas s'en servir. Les réponses qu'il donnera alors seront un couperet aiguisé qui tranchera sa tête ou celle de son adversaire.
 
Car s'il se rapproche trop de Le Pen, Bayrou n'aura aucun état d'âme à se placer dans le camp de Ségolène Royal. Et s'il s'en éloigne trop, les lepénistes iront à la pêche.
 
L'écart que l'on annonce entre les deux candidats est pour le moment voisin de quatre pour cent, soit environ un million et demi de voix, c'est-à-dire plus d'un tiers des électeurs de Le Pen du premier tour et moins d'un quart de ceux de Bayrou.
 
C'est une avance difficile à rattraper, mais il suffit qu'un demi-million bouge dans un sens pour que tout redevienne incertain.
 
Un demi-million ? 
 
Les trois jours qui viennent s'annoncent passionnants. 

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28/04/2007

Le débat : vive la démocratie.

Ouf, on a tellement voulu étouffer le débat pendant cette campagne, on a tellement voulu faire taire Bayrou en particulier, on l'a tellement couvert de tous les noms d'oiseaux, que le retrouver, même à la sauvette et sur une chaîne encore minoritaire, que vraiment, on a respiré.
 
On a d'autant plus respiré que le dialogue s'est développé sans concession ni agressivité, comme un bon échange de vue sur le contenu des programmes.
 
Pour ceux qui en doutaient, il vaut mieux avoir voté Bayrou que Royal au premier tour. Ses idées sont plus précises et plus modernes.
 
Pour ceux qui le redoutaient, le programme de Ségolène Royal reste hélas celui de la gauche de grand-papa : "je fais confiance aux partenaires sociaux..." de qui se moque-t-on avec ce refrain seriné depuis 25 ans et qui ne trompe plus personne ? Le tout-État ? Elle dit "je le nie" mais son programme le fait. Comme l'a dit Bayrou, il y a deux Ségolène Royal et l'une est rarement en accord avec l'autre.
 
Pour ceux qui l'espéraient, il y a tout de même des raisons solides de rejeter plus Sarko que Ségo : les changements institutionnels nécessaires, la laïcité (et d'une manière générale la neutralité de l'État), l'humanisme en général (certains propos de Sarko méconnaissent l'art 1 de la déclaration des droits de l'homme de 1789 : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit"), la menace de noyautage de l'État par certaines sectes, etc.
 
Bref, je n'ai pas changé d'avis même si je dois avouer que Ségolène Royal ne m'a donné aucune envie de voter pour elle.
 
J'ai lu pendant le débat qu'Emmanuelli appelait à la création d'un grand parti anti-libéral. Pourvu que ce soit le signe avant-coureur de la recomposition que nous attendons tous avec impatience. Pour moi, évidemment, dans le sens de la démocratie et de la liberté. 

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26/04/2007

Ségolène tristement.

Voici un extrait d'une interview donnée par l'excellente Quitterie Delmas au site de débat politique www.page2007.com qui résume en tout ce que je pense (réalisée par Joy Binoche) :

"JB : Et toi, pour qui comptes tu voter ?

QD : J’ai entendu que certains députés UDF avaient déclaré publiquement qu’à titre personnel ils voteraient Nicolas Sarkozy. Du coup je n’hésite pas à dire qu’en ce qui me concerne, il n’y a aucune raison pour que je ne vote pas pour Ségolène Royal…

JB : Quelles sont les raisons de ce choix ?

QD : Les méthodes et les pratiques de Nicolas Sarkozy ne me satisfont absolument pas et pour moi, la clé de la vie politique et de l’avenir, c’est la réforme des institutions, le non cumul des mandats, la proportionnelle, la séparation des pouvoirs. A mon sens, on ne pourra pas avancer tant que ce travail là n’aura pas été effectué.
La dérive droitière de Nicolas Sarkozy avec en particulier le projet de créer un Ministère de l’Immigration et de l’identité Nationale et l’idée selon laquelle la pédophilie et le fait d’être suicidaire sont génétiques sont des choses que je trouve totalement inacceptables. Tout cela est vraiment très éloigné de mon engagement politique. C’est diamétralement opposé à mon esprit réformateur."

L'engagement est un acte de toute la vie. Il n'est pas divisible. Toujours, partout, l'humanisme prime, Quitterie Delmas le dit avec les mots parfaits.

 

Pour ceux que des précisions intéressent, Quitterie Delmas indique aujourd'hui sur son blog (en lien colonne de droite) les motifs de son choix qui reste à titre personnel. 

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