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26/12/2015

Hollande ne veut que des "Français de souche"

L'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés français continue à agiter l'internet francophone, autant qu'elle suscite de critiques de la presse étrangère. Parmi les critiques adressées à cette mesure : le fait qu'elle conforte la notion de "Français de souche".

Selon la Constitution de 1958, l'État, ni la loi, ne peuvent faire de distinction entre les Français, ni en fonction de leur origine, ni en fonction de leur race (notion alors rétrospective et destinée à repousser les théories hitlériennes), ni en fonction de leur religion. C'est en raison de cette disposition qui figure dans l'article 1 de la Constitution de 1958, donc parmi les principes les plus généraux et les plus forts, que le gouvernement souhaite donc introduire dans la constitution, à force égale, l'ouverture du cas de déchéance de nationalité aux binationaux se dégradant dans le terrorisme contre la France.

La déchéance de nationalité pour actes de trahison contre la France a été instaurée le 12 novembre 1938 par un décret-loi du gouvernement Daladier, quelques jours à peine après les fâcheux accords de Munich par lesquels les dirigeants français et anglais ont abdiqué tout honneur en cédant aux prétentions hitlériennes qui annonçaient pourtant la guerre sans merci. La déchéance de nationalité n'a pas été appliquée par ce gouvernement Daladier, mais par le régime de fait du maréchal Pétain, en particulier contre le général de Gaulle, dès juin 1940. On s'en est servi aussi pour annuler la naturalisation des très nombreux juifs allemands que l'Allemagne avait rendus apatrides et qui avaient cru pouvoir se ranger sous la protection de la France. Pétain avait promis de protéger les juifs français contre les nazis. Sa prétendue protection ne s'étendait pas aux naturalisés, dont beaucoup, rendus à l'Allemagne, finirent dans les Camps de la Mort. On comprend que, depuis cette époque, la déchéance de nationalité ait fait figure de spectre dans le droit français et, compte-tenu de ce précédent épouvantable, c'était bien le moins.

Le général de Gaulle, lorsqu'il fut confronté au terrorisme de l'OAS, ne procéda à aucune déchéance de nationalité, mais fit prononcer des peines de "bannissement", en pratique une interdiction de séjour sur le territoire français, qui fut levée au bout de quelques années par la loi d'amnistie et que le droit international prohibe désormais.

La déchéance, toujours pour actes contre l'État et contre la France, est réapparue beaucoup plus tard, dans les années 1990. Elle a été réservée aux naturalisés par une loi de 1996. La logique était alors qu'en accomplissant un acte de terrorisme contre la France, le naturalisé récent (moins de dix ou quinze ans) prouvait qu'il avait fait une fausse demande de naturalisation et qu'il ne souhaitait pas réellement devenir français. La déchéance de nationalité revenait alors à l'annulation de la naturalisation. En près de vingt ans, il existe très peu de cas où cette loi ait été appliquée.

Le nouveau principe consisterait à permettre la déchéance de nationalité de personnes nées françaises, de parents français, ayant étudié en France et en français, et n'ayant jamais vécu qu'en France. Ces personnes n'encourraient cette peine que par la circonstance particulière de disposer d'une deuxième nationalité, ce qui, de fait, les placerait en situation d'inégalité avec les Français n'en ayant qu'une.

En soi, on peut considérer que cette ouverture nouvelle n'est qu'une peine supplémentaire, une parmi d'autres, et même, selon des auteurs d'habitude mieux inspirés, qu'elle rétablit une égalité en ouvrant à une nouvelle catégorie la déchéance. Mais Laurent de Boissieu se trompe sur un point qui est crucial : la réforme voulue par Hollande ne rend pas tous les Français égaux devant la déchéance, celle-ci n'est pas encourue, comme il l'affirme "quel que soit le mode d'acquisition de la nationalité", puisque 95% de Français, qui n'ont qu'une nationalité, n'y sont pas exposés et que eux aussi ont acquis la nationalité française par la naissance, tout comme les binationaux désormais menacés. Il y a donc un sophisme dans le raisonnement de l'ami Laurent, excusable, mais qu'il faut souligner.

En réalité, il faut relire ce qui a été écrit en 2010 par l'excellent Robert Badinter (où l'on retrouve un Bayrou plus offensif qu'aujourd'hui) qui est que la loi doit être la même pour tous. La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 dit explicitement : "La loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse". Or en soumettant deux Français ayant acquis la nationalité française de la même façon (par la naissance) à un régime différent, il est évident que le projet Hollande, comme naguère le projet Sarkozy, crée une inégalité, une discrimination, incompatible avec le principe énoncé par la Déclaration de 1789. C'est pourquoi Jack Lang avait noté dès 2010 qu'il faudrait modifier la Constitution pour appliquer la réforme voulue par Sarkozy et aujourd'hui reprise par Hollande. À n'en pas douter, la réforme constitutionnelle annoncée pour introduire l'état d'urgence dans la Constitution n'est que le rideau de fumée de cette infamie fondamentale qui consiste à constitutionnaliser la plus choquante des infractions aux principes fondateurs de notre République. C'est à pleurer et à crier. Or ce n'est pas tout.

Car si nous trouvons dans le jeune arbre vénéneux porté par Hollande la trace de la mauvaise graine de Sarkozy, il faut ajouter aussitôt que ce n'est pas par hasard. Car dès le mois de février, Hollande a donné le signal de ce choix qui va faire mourir la Ve République : il l'a donné lorsque, devant le CRIF, il a employé les mots "Français de souche", devenus si chargés de sens haineux, menaçants et discriminatoires depuis quelques années. Le fait qu'il l'ait prononcé devant le CRIF, et tout le contexte que nous connaissons, finissent par faire naître un affreux soupçon : qu'il y ait, dans la mesure voulue par Hollande, une intention de brimade contre les musulmans français, désormais tous suspects, même si la loi ne permet de jeter dans la déchéance (quel mot) que ceux qui disposent d'une seconde nationalité et que ceux qui seront condamnés pour terrorisme. Faut-il rappeler qu'un ancien Premier ministre israélien, Itzhak Shamir, dans sa jeunesse, avait été parmi les "terroristes" de l'hôtel King David ? Ah ce mot de terrorisme... Et souvenons-nous de l'émir Abd-el-Kader et de sa seconde vie. Qu'aurions-nous fait si nous nous étions privés de lui après la première ?

EmirAbdelKader.jpg

Enfin, une fois que la brèche sera ouverte, nos dirigeants pourront se vautrer tout à fait dans la fange, et étendre à leur guise la "déchéance" pour pouvoir en faire ce qu'ils veulent. Oui, désormais, nous n'en doutons plus : ce qu'ils veulent, Sarkozy, Hollande, et quelques autres, c'est réserver la France au seul bon Français, celui qu'aiment aussi les Le Pen, le "Français de souche".

Salauds.

18/02/2009

Nos indignations profitent-elles à nos adversaires ?

Il semble que les intentions de vote de l'UMP augmentent lentement, mais sûrement, depuis six mois pour les élections européennes de juin prochain (de 23 à 26 %). Cette augmentation se fait au détriment de l'extrême doite, dont le total serait à 11 % en totalisant les estimations du Front National et celles du mouvement de Philippe de Villiers. C'est logique : la majorité fait campagne à coups de petites phrases transgressives, comme l'affirmation récente de Rachida Dati : "l'indépendance de la justice n'est pas un dogme" (on s'en était aperçu, soit dit en passant).

L'UMP s'est donc fixé un objectif (et un seul) pour ces Européennes : lessiver Le Pen, continuer l'opération commencée lors de la présidentielle, afin d'avoir les mains libres sur sa droite.

Pour le faire, l'UMP a repris ce qui a fait le succès de Le Pen à la grande époque : la méthode du scandale. Et nos partis d'opposition, notre presse, nos efforts, en s'effarouchant des scandales ainsi créés, combattent-ils l'effet recherché ? Au contraire : ils propagent le scandale, ils le popularisent, ils contribuent à son succès.

Je crois que c'est d'ailleurs l'un des aspects de ce que Quitterie a dit dans la belle note où elle annonçait sa bifurcation politique : "Changer le système de l'intérieur, je n'y crois pas. Je n'y crois plus. Plus on se débat à l'intérieur, plus on le renforce. C'est l'histoire de l'opposition d'aujourd'hui. C'est fou."

En somme, plus l'opposition se débat, plus elle renforce le pouvoir.

Le jour de la première du "Mariage de Figaro", Beaumarchais cassait lui-même les vitres du théâtre, de l'intérieur, pour faire croire que l'on s'y battait. C'était la méthode du scandale à l'état brut. Un succès retentissant en est résulté. Le scandale est le meilleur vecteur du succès.

Saurons-nous, nous blogueurs, contrecarrer cette stratégie en lui opposant non pas des réactions épidermiques et au fond complices, mais un autre discours, une autre méthode, plus tournée vers les enjeux de la réalité, plus anticipatrice, plus inventive ?

C'est sans doute l'une des responsabilités auxquelles nous ne pourrons pas échapper, si je comprends bien le discours de Quitterie.

18:01 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : politique, blogs, quitterie, sarkozy, scandale, buzz, le pen | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

17/02/2009

On ne fera pas de campagne en 2012.

Il faut être cohérent : ce que j'écrivais hier signifie clairement que je ne ferai pas de campagne présidentielle en 2012.

J'ai fait quatre campagnes présidentielles.

Pour la première, en 1988, j'ai été très actif lors de la précampagne, d'abord dans l'équipe qui, au printemps 1986, en trois semaines, a rempli un train de mille jeunes pour mener Barre s'incliner sur la tombe de Robert Schuman dont on célébrait le centenaire de la naissance, près de Metz, et lui faire rencontrer Helmut Kohl venu spécialement. Puis comme délégué national des jeunes du CDS (les JDS), j'ai organisé notamment dans l'été 1987 l'Université d'Été où Barre est venu déclarer sa candidature : "J'aurai besoin de vous", avait-il lancé devant les 1500 convives du déjeuner de clôture, majoritairement des jeunes. J'ai fait la sortie de la gare Saint-Lazare à huit heures du matin, les dîners-débats onéreux et barbants, les relances téléphoniques, les autocollants sur les parcmètres, les parebrisages à une heure du matin... Les collages d'affiches poursuivis par les gros bras qui collaient à la fois pour Chirac et pour Le Pen et qui frappaient le capot de notre voiture avec un marteau.

Pour la deuxième, en 1995, je n'ai fait que du terrain, de novembre 1994 à mai 1995, pendant six mois, une station de métro à huit heures du matin, un marché de dix heures à midi, une autre station de métro de cinq à sept. Tous les jours, sans aucune exception, pendant six mois, sauf les vacances de Noël. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, quels que soient les quolibets au départ et la cruauté de la température. C'était pour Chirac. Cette fois-là, j'ai gagné. J'ai même, dans la foulée, été élu adjoint au maire du XVIe arrrondissement de Paris comme je l'ai expliqué plusieurs fois.

Pour la troisième, en 2002, j'ai fait ce que j'ai pu, un peu au siège, beaucoup sur le terrain, des marchés, des stations de métro, des gens, toujours des gens qui nous regardaient en demandant parfois qui était François Bayrou, ou qui levaient les yeux au ciel. Et je me souviens de la soirée des résultats du premier tour, à une heure du matin, il ne restait presque plus personne, on avait mis de la musique dans la salle du bas du bâtiment qui est (rue de l'Université) devant le siège, qui venait d'être acheté. Nous étions encore une quinzaine, dont deux vieilles dames de mon arrondissement, rescapées du Centre Démocrate des années 1960, qui entraînaient un Bayrou très gêné dans un rock totalement ridicule et burlesque, cruellement burlesque.

Pour la quatrième, en 2007, avec Quitterie Delmas, pour Bayrou encore, on a occupé la Toile, elle surtout, moi comme j'ai pu. On a tout donné, des journées jusqu'à des heures impossibles, elle a tant sacrifié d'instants personnels. Et pour quel résultat ? Pour quel effet sur les gens dont la vie est difficile ? Pour quelle amélioration pour la planète qui crève ?

Quel temps perdu...

Quel temps gâché...

C'est décidé, la prochaine fois, on ne fera pas de campagne, on a mieux à faire.

13/05/2007

Naissance du Mouvement Démocrate jeudi 10 mai.

Tous étaient là.

Haut lieu historique de la gauche française au XXe siècle annexé depuis quelques années par l'ensemble de l'éventail politique, la salle de la Mutualité était pleine.

Au balcon, les auditeurs. A l'orchestre, les conseillers nationaux de l'UDF. Ceux de Marseille s'étaient levés avant le jour, ceux de Bretagne avaient choisi entre l'avion et le retard. Ceux de partout se retrouvaient avec une souriante certitutde : ils venaient actionner le bulldozer qui continuerait à labourer la vie politique française pour renverser les édifices lézardés de la politique de papa.

François Bayrou, très en forme, tout à fait alerte, retrouvé depuis ce soir de deuxième tour où, décomposé, il commentait la victoire de Nicolas Sarkozy, parla le premier. Beau discours, offensif, ponctué par la présentation de ses trente ou quarante parlementaires présents.

Le centre éclôt. On le dit mort ; il naît.

La France change. Les partis politiques ne lui ressemblent plus guère.

Il fustige au passage non pas les parlementaires qui ont rejoint le camp de Sarko, mais la logique politique et institutionnelle qui a contraint certains d'entre eux à le faire contre leurs propres convictions.

Aberration et scandale d'un engagement de principe auquel les "canossés" (pardon du néologisme) ont été contraints ; quatre votes auxquels ils jurent de ne se point dérober et qui font d'eux des pantins. Il s'agit de l'investiture, du budget et de la confiance en particulier.

Pourtant, la constitution stipule que "tout mandat impératif est nul".

Comme toujours, à l'UMP, tout en se drapant dans sa dignité, on s'assied gaillardement sur la constitution. Voici donc vingt-deux parlementaires transformés en marionnettes.

Ils sont comme les soldats étrangers de Napoléon, comme les ralliés de tous les régimes : tenus en suspicion, soumis aux fourches caudines, liés pieds et poings, enchaînés aux grilles de l'Assemblée nationale comme au pilori avec la pancarte "J'ai trahi".

Et dire que c'est l'UMP qui accuse Bayrou d'avoir trahi !

Pauvres parlementaires qui, pour sauver la dorure d'un titre, les émoluments d'un mandat, la fierté peut-être d'une épouse, d'une maîtresse ou d'un giton, se retrouvent à l'état d'esclaves politiques, privés de leur souveraineté la plus élémentaire.

Faut-il rappeler que la fonction primordiale, historique, onthologique, du Parlement, est le consentement à l'impôt ?

Sont-ils donc encore parlementaires, les enchaînés de l'UMP ? Eux qui s'engagent à voter l'impôt quoi qu'il arrive ?

Où sont-elles donc les belles envolées de Charles-Amédée de Courson contre la gabegie budgétaire ? Désormais, il la votera, il s'en réjouira, il la soutiendra, il y participera. Le calice se boit jusqu'à la lie.

Où le courage de ceux qui ont voté la censure ?

Il n'en reste plus rien. Ces gens ont déceint leur écharpe tricolore, ils l'ont déposée au pied du trône et ils vont désormais nus, vêtus de leurs seuls oripeaux de goudron et de plumes.

Voici en substance ce que leur a dit François Bayrou.

Pauvre Jean-Louis Bourlanges qui s'est dévoué pour venir porter leur parole à une salle qui ne l'écoutait que pour le combattre.

Vaste silence quand François Bayrou tança ses amis qui s'en prenaient à Bourlanges ; en chef sage il leur lança, contre leur tohu-bohu :

- Si vous le désapprouvez, que ce soit par le silence.

Oh, quel silence. Quel terrible et éloquent silence.

- Ecoutez, dit Talleyrand.

- Quoi ?

- Le silence.

Quel silence.

Et Bourlanges, théâtre sans doute, évoque un malaise qui le prend, tente d'attendrir sa salle, une salle pour une fois sans coeur, sans oreille pour celui dont l'intelligence a longtemps (vingt ans !) égayé tant d'oreilles centristes.

Le voici, amaigri, lent, piteux, qui descend de la tribune.

Et le combat continue.

Une députée européenne se présente dans le Tarn aux législatives. Acclamations.

Un vieux centriste vient rappeler des souvenirs de la fondation de l'UDF en 1978, en écho aux propos de Didier Bariani qu'on a trouvé brillant et ému de remuer lui aussi des souvenirs de jeunesse.

L'UDF a presque trente ans.

La voici sur le point de s'engager auprès de François Bayrou dans le Mouvement Démocrate. Bayrou soumet sa motion. Plus de mille cartons bleus se lèvent. Plus de mille. Quatre cartons blancs de l'abstention, quatre cartons jaunes du vote contraire. A la quasi-unanimité, le Mouvement Démocrate est adopté, aun plus grand contentement aussi de l'écologiste Corinne Lepage et du député ex-vert européen Bennahmias (annoncé), mais aussi d'autres formations et groupes qui vont adhérer au Mouvement Démocrate.

Voici les temps nouveaux.

En juin, les jockeys centristes courront sous la casaque orange du Mouvement Démocrate. Le tiercé dans l'ordre ?

Liberté, égalité, fraternité.

11/05/2007

Soutien au "Canard Enchaîné".

Voici que l'affaire Clearstream, qui porte décidément mal son nom (Courant clair en anglais) fait de nouveaux remous. Ce matin même, une perquisition (apparemment infructueuse) a été menée dans les locaux du journal satirique.
 
Il s'agit d'une nouvelle violation du principe de la protection de leurs sources par les journalistes. À ce titre, cette opération est contraire aux droits les plus fondamentaux de l"information et je tiens à manifester ici mon soutien aux journalistes du "Canard".
 
Bien entendu, le fait qu'une autre perquisition ait visé l'avocat de Sarko n'y change rien. Il est souhaitable que toute la lumière soit faite sur cette affaire et en particulier sur le rôle trouble de notre président élu, mais la protection des sources des journalistes et du secret professionnel des avocats sont des garanties primordiales pour les libertés publiques. Je suis navré qu'on utilise de tels moyens pour parvenir à une fin qui paraît cependant juste : la vérité. 

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10/05/2007

Quelques jours sans blog ?

À l'heure où j'écris, je suis supposé partir demain matin pour la Bretagne, la verte terre bretonne. Or là-bas, je n'ai pas encore trouvé de borne wifi gratuite. Par conséquent, suspense, j'ignore encore si je pourrai poursuivre, durant ces quelques jours, l'activité de mon blog.
 
Si quelqu'un a des lumières sur une borne wifi en libre accès à Quimper, Pont-l'Abbé, Bénodet et autour, n'hésitez pas à me le faire savoir.
 
J'ajoute que j'avais trouvé très bien, dans le programme de Bayrou, l'ouverture de bornes wifi gratuites, comme une sorte de service public, un peu partout sur le territoire.
 
Encore une occasion de regretter cette présidentielle. 

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09/05/2007

Les bizarreries des équipements municipaux (encore le champ de course d'Auteuil).

Beaucoup connaissent sans doute le champ de courses d'Auteuil à Paris, dont j'ai parlé voici quelques jours. Les images de cette pelouse où se ruent une quinzaine où une vingtaine de chevaux frénétiques montés par de petits hommes multicolores sont parmi les plus familières qui soient avec le sigle PMU.
 
On se souvient avec une nostalgie encore amusée de l'époque où Léon Zitrone racontait avec fougue comment Une de Mai (était-ce bien à Auteuil ?) était revenue "du diable vauvert" pour arracher une victoire sur le fil.
 
On s'amuse des sketchs des Guignols, sur Canal +, montrant Denisot et son émission de "choual", qui, comme lors des beaux temps de Canal, se terminent par un piteux "Désolé".
 
Parfois, quand on est fauché (c'est mon cas en ce moment) on se demande si on ne devrait pas s'y précipiter pour jouer les derniers Euros qu'on a en poche en attendant de vendre enfin des satanés livres.
 
Et puis, la politique revient. Je me suis longtemps intéressé au devenir des circonscriptions législatives de mon XVIe arrondissement. C'est fini. Elles auront le candidat démocrate que Bayrou leur choisira.
 
Puis ce soir, il était question de la 10e circonscription, celle qui couvre partie du 13e et partie du 14e arrondissements, l'ancienne de Jacques Toubon. Et je me demandais si j'avais vraiment envie que Quitterie Delmas s'y présente. J'avoue que je ne sais plus quoi penser. Mais je garde le sujet sous le coude, sans intention bien sûr d'y aller moi-même.
 
Pour en revenir à mon champ de courses, il y a une piscine municipale qui permet aux gens de ce quartier de venir l'été se rafraîchir et prendre le soleil au solarium.
 
La curiosité que j'ai découverte lorsque j'étais élu en charge de cet équipement dans ma délégation de la Jeunesse et des Sports du 16e, c'est que cette piscine, ça ne s'invente pas, a été creusée ... dans une nappe phréatique.
 
On met de l'eau dans de l'eau. Vraiment, c'est surréaliste.
 
Autant dire que le béton qu'on a intercalé entre l'eau du sol et celle de la baignade a vite souffert, d'autant plus qu'un ingénieur distrait a eu l'idée baroque, à une certaine époque, de boucher les aérations de la piscine pour recycler indéfiniment le même air en circuit fermé, sans imaginer qu'à la longue l'air serait de plus en plus chargé de chlore et que ce chlore attaquerait tout.
 
Bref, ce sont les découvertes amusantes (mais coûteuses pour le contribuable) qu'on fait lorsqu'on est élu.
 
J'ai trouvé qu'un déficit de démocratie était en partie à l'origine de cette accumulation d'erreurs. Et c'est une raison forte pour moi d'espérer que le Mouvement Démocrate obtiendra suffisamment de députés pour bloquer les décisions trop unilatérales et capricieuses de la majorité gouvernementale : en politique, je crois dans la vertu de la parole, du débat, de l'expression libre.

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Crétinisation aliénante.

Le peuple grondait. Le peuple se rebellait. Le système craquait.
 
Que demandait le peuple ? de la réalité ?
 
Non, répond le système : de l'aliénation. 
 
On lui en a donné.
 
Contre la colère, on a trouvé le remède : l'opium.
 
Contre la douleur, on a trouvé le remède : l'opium.
 
Contre la réalité, on a trouvé le remède : l'opium.
 
Voici donc toute la philosophie démasquée : comme à la fin d'un jeu télévisé, comme à la fin d'une StarAc, le vainqueur dîne au Fouquet's avec des stars et se retrouve en vacances au soleil sur un yacht immense. La belle vie.
 
Le rideau s'est levé sur les arrière-pensées, il est tombé sur la pensée.
 
Il est tombé avec la violence de la lame d'une guillotine.
 
La campagne a débuté dans Voici/Gala et se termine comme elle a commencé : on donne aux gens ce qu'ils croient vouloir, on leur fournit toute la quantité de mensonge nécessaire pour qu'ils se taisent ou qu'ils parlent des sujets sur lesquels on les autorise à s'exprimer, ce qui est la même chose que se taire.
 
Et dans ce projet tout a un sens : l'obsession de l'apparence, la nullité des candidats. Oui, qu'on lise bien : la nullité des candidats fait partie intégrante du projet d'aliénation.
 
Les chiffres tous plus faux les uns que les autres jetés par des candidats aussi gribouilles l'un que l'autre dans leur débat télévisé ? C'est dans le script.
 
Un zeste de StarAc, un zeste de Qui veut gagner des millions.
 
Et les récriminations de François Bayrou entre les deux tours ne ressemblent à rien d'autre qu'à ces courtes confidences amères que livrent les concurrents en quittant le plateau de Qui veut gagner des millions : la rage des mauvais perdants. Hou, le vilain.
 
Voilà donc pourquoi Bigard lançait à Bercy que Bayrou était comme un joueur qui a perdu la demi-finale et qui squatte la finale. C'est dans le script. Hou le vilain.
 
Consolons-nous, cette phase crétinisante qui triomphe aujourd'hui n'aura qu'un temps.
 
Pourvu qu'il soit le plus bref possible.
 
À nous de réagir. 
 

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Un blog entier contre Quitterie Delmas ?

Un blog (lesvieuxcons.hautetfort.com) vient d'être créé ... en réaction à celui de Quitterie Delmas (lesjeuneslibres.hautetfort.com). C'est du moins le projet affiché de son auteur qui, c'est bien le moins qu'on puisse attendre, demeure anonyme.
 
En vérité, ce blog, ça va de soi, est une offensive contre François Bayrou. Tout le montre par ailleurs. Toutes les notes transpirent la haine du leader centriste et de sa démarche rénovatrice.
 
Et comme les vieux cons sont de grands démocrates, il va également de soi que les commentaires sont impossibles sur ce blog.
 
Somme toute, la démocratie et l'intelligence progressent tous les jours.

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08/05/2007

Le candidat du peuple et son yacht.

On avait dit, on avait susurré, on avait laissé entendre que Saint Nicolas Sarkozy se recueillerait, après son élection, dans un monastère durant quelques jours.
 
Drôle de monastère.
 
Le voici dans un yacht long de soixante mètres. Aucun président de la république française n'a jamais osé s'afficher dans un tel luxe jusqu'ici. C'est une insulte aux 48 % d'ouvriers qui ont voté pour lui, le candidat auto-proclamé du peuple.
 
Est-il en train de débriefer avec ses amis de la scientologie ou de faire ses comptes avec ses commettants du Cac 40 ?
 
Voici en tout cas toute honte bue, toute vergogne jetée à la baille, toute limite franchie.
 
Qu'on le sache désormais, le modèle de la politique française, c'est Dallas, le dénouement d'une crise, c'est le milliardaire, le yacht tout blanc, le champagne, la Rollex, le Fouquet's.
 
Quant aux millions de morts de la seconde guerre mondiale ? Houla, mais c'est un sujet bien trop barbant pour la télé, mon vieux, biiip ! qu'on amène Santini, lui au moins il sait rigoler.
 
Et l'Europe ?
 
Vous ennuyez le sultan.
 
Et la vie des gens ?
 
Regardez la télé. 

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07/05/2007

"Et le peuple sévère, avec sa grande voix..."

On attendait, lors de cette élection, le score de Jospin en 2002 et ce fut celui de Jospin en 1995.
 
Quarante-sept pour cent est un score ni bon ni mauvais, ça matérialise une défaite, pas une déroute. Le couple Royal-Hollande semble devoir sauver sa tête pour poursuivre la mutation du Parti Socialiste, avec sans doute Dominique Strauss-Kahn, bien fatigué hier soir m'a-t-on dit.
 
François Bayrou, lui, hier soir aussi, de plus près, m'a paru avoir pris dix ans d'un coup, les traits lourds, le regard triste, la voix certes ferme et bien posée, le geste vif, mais une épaisseur inhabituelle dans le visage et nous avons tous failli pleurer quand il a parlé de l'amertume des soirs de défaite. L'émotion nous a tous tenus un moment. Ces choses-là ne se mesurent pas sur le coup. Il y faut un délai. Puis on rebondit.
 
Bien entendu, la censure médiatique a repris sans tarder : alors que les trois grandes chaînes hertziennes avaient donné officiellement leur accord pour diffuser son intervention en direct, elles n'en ont finalement rien fait, se contentant d'extraits tronqués, en différé.
 
On dit que le partage des récompenses a commencé : Bouygues (dont l'action s'envole à la bourse) céderait TF1 à Lagardère, mais récupérerait Areva, plus proche de ses métiers initiaux.
 
Bref, ces messieurs de l'argent s'ébattent dans leur oligarchie triomphante.
 
Pour l'avenir, le combat reste celui d'une Assemblée nationale où Sarkozy ne soit pas majoritaire seul. On ne peut guère espérer mieux, ce serait déjà beaucoup, mais il y faudra beaucoup d'efforts des socialistes et une pédagogie renforcée vers les centristes.
 
Enfin, il faut bien répéter les vers de Victor Hugo, puisque le peuple a parlé : 
 
"Et le peuple sévère, avec sa grande voix,
Souffle qui courbe un homme et qui brise une femme..."
 
J'ai bien trouvé Bayrou courbé, je n'ai pas remarqué Ségolène Royal brisée.
 

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Cette présidentielle se termine par la victoire du favori.

Cette après-midi, on m'avait dit, de source journalistique, 55/45 comme sondage "sortie des urnes". Le résultat est plus proche de 53/47.
 
Pour parler du résultat des reports centristes, que j'évoquais hier, on trouve une répartition géographique qui traduit la nature de l'UDF-Mouvement Démocrate : du centre droit et du centre gauche.
 
En Bretagne, et dans le sud-ouest, centre gauche, le report est à gauche ; en Alsace, centre droit, le report est à droite.
 
Le fait que l'on trouve environ 40% de bayrouistes reportés sur Sarko et autant sur Ségo ne signifie pas pour autant qu'il n'y ait que 60% de bayrouistes (en comptant les 20% de blancs, nuls et abstention) dans son électorat, car il y a une conviction profonde dans toute une partie des bayrouistes sincères que je connais qu'il valait mieux, pour d'obscures raisons tactiques, que Sarko gagnât, car ainsi le MD démarrerait dans de meilleures conditions.
 
Bref, une fois de plus, les centristes sont centristes et dédaignent la simplicité des votes formatés.
 
Quant à la France, elle a choisi. Elle aura ce qu'elle mérite. 

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06/05/2007

Quand les défaites sont lourdes.

Oh, qu'on ne compte pas sur moi pour commenter d'éventuelles info dont je serais détenteur, puisque je n'en ai pas le droit.
 
Si le dernier sondage publié, 55/45, se confirme, cela signifiera une défaite d'une ampleur qu'on n'a vu que trois fois dans la V' république : en 1965, en 1969 et en 1988, en laissant de côté  le cas particulier de 2002.
 
La victoire de 1965 fut le chant du cygne du général de Gaulle. Celle de 1969 ne put empêcher la famille gaulliste de perdre la tête de l'État en 1974. Celle de 1988 fut suivie par la défaite législative de 1993 et la longue dégringolade dont l'éviction de Lionel Jospin du second tour en 2002 fut l'aboutissement.
 
Le relatif succès de Mme Royal au premier tour sera-t-il finalement le signe d'un réveil de cette gauche-là ou au contraire le dernier feu d'une étoile qui s'éteint ?
 
Si les derniers sondages publiés sont confirmés, 55/45, il faudra conclure à l'extinction des feux.
 
Pour François Bayrou, la défaite de Ségolène Royal sera une autre confirmation : il disait vrai quand il affirmait que, par raison mécanique, il était mieux placé qu'elle pour battre Nicolas Sarkozy. Les électeurs seront donc appelés à se remémorer cette vérité.
 
La naissance du Mouvement Démocrate interviendra alors sur fond de séisme politique, au fond dans l'esprit de l'onde de choc qu'avait annoncée le relatif succès de sa candidature du premier tour.
 
Mais bien entendu, cette analyse ne sera pertinente que si le résultat (je rappelle que je ne cherche pas à faire état ici d'info dont je disposerais) confirme la tendance de vendredi : 55/45. 

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05/05/2007

L'enjeu du second tour pour Bayrou.

Qu'on ne compte pas sur moi pour donner des incitations au vote pour l'un des deux candidats. Je l'ai déjà fait. Aujourd'hui, je vais parler du troisième, le mien, François Bayrou.

La carte du vote François Bayrou, en 2007, ressemble un peu à la carte du vote Barre il y a vingt ans : l'ouest, Rhône-Alpes, l'Alsace. On y ajoute le soud-ouest, apport personnel de Bayrou pour une part, et Paris.

La première composante de ce vote, c'est le centrisme d'origine chrétienne. Dans l'ouest, l'Europe, une forme de modération, la référence à Jacques Delors, le côté terrien, tout cela a dû compter, comme d'ailleurs l'opposition à la droite dont l'autorité est devenue rebutante pour les terroirs occidentaux.

En Alsace, l'Europe, la tradition centriste là aussi chrétienne pour une grande part.

Dans le sud-ouest, le centrisme laïc en majorité.

En Rhône-Alpes, le mélange très lyonnais de tous les centrismes, augmenté sans aucun doute des populations "issues de la diversité" (vilaine expression pour une réalité forte).

À Paris, un peu plus de centre gauche, moins de référence chrétienne, et sûrement des orphelins du gaullisme, clairsemés aussi dans le reste de l'électorat.

Pour les législatives, ce score devrait se traduire par plusieurs dizaines de députés. Comment ? Par la capacité des candidats de Bayrou à se maintenir et à y faire perdre l'un ou l'autre camp. L'examen de la carte des résultats du premier tour permet de conclure rapidement sur le côté où le pouvoir de nuisance et donc d'influence est le plus grand.

Il est dès lors passionnant d'examiner le report des voix centristes dans ses trois composantes : centre droit, centre, centre gauche, pour déterminer la réelle force de frappe de Bayrou pour les législatives.

Voilà, comme prévu, je n'ai donné aucune indication supplémentaire sur le vote de demain dimanche. 

 

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04/05/2007

Le camp de la liberté.

1943. La France est occupée. L'Europe est couverte de croix gammées. De la mer Noire à l'Atlantique Nord, de la Norvège à l'Adriatique.
 
Alors, l'Occident se divise en deux camps et nous sommes, je suis, vingt ans avant ma naissance, dans le camp de la liberté.
 
Mon grand-père paternel a refusé de se saborder dans la rade de Toulon en novembre 1942. Il a été radié des cadres de la Marine nationale le 1er janvier 1943. Expédiant sa famille dans le Tarn, il a aussitôt été embauché comme ingénieur chez Citroën à Paris. Là, le jour, il travaille au projet de la future 2 cv ; la nuit, il sabote. Il sabote tout ce qu'on lui dit de saboter, des trains en particulier. Son pistolet de service dans la poche, un pain de plastic dans l'autre poche, une pilule de cyanure, sans doute, dans la bouche.
 
Mon grand-père maternel, ancien combattant de la guerre de 14-18, a été le plus haut fonctionnaire des Affaires étrangères à démissionner de Vichy en novembre 1942. Condamné à mort par contumace par les nazis quelques semaines plus tard, il se cache à Paris où il tente de reconstituer les archives de son ministère détruites dans la panique du printemps 1940. Au bout de quelques mois, il expédie sa famille dans le Tarn et Garonne puis rejoint début 1944 le gouvernement provisoire à Alger.
 
Le camp de la liberté.
 
Après la Libération, on s'aperçoit que, dans le camp de la liberté, il y avait Staline. "Pour dîner avec le diable, il faut une très longue cuiller", disait Churchill à son propos. Au camp de la liberté succède alors le Monde libre. Quarante ans.
 
Et maintenant ? qui est le diable ? où est la liberté ? Pourquoi les choses ne sont-elles plus aussi simples ? Ce serait tellement commode.
 
Victor Hugo a plusieurs fois nommé le diable : "la misère, démon...", "l'envie, alors, ce démon vigilant..." (Les Contemplations).
 
Il a souvent nommé la liberté. Il lui a parfois donné le synonyme de civilisation.
 
Quand j'étais lycéen, puis étudiant, on discutait des "libertés formelles" et des "libertés réelles", concept d'une certaine gauche. Au cours de mes études de droit, j'ai entendu parler des "libertés publiques".
 
Dans les années 1980, on a brandi un étendard de libéralisme, tout empreint d'une liberté dont les contours paraissaient sauvages. On réfléchissait sur les libertés économiques. 
 
Et maintenant ? Qu'est-ce que la liberté ? Quel est le diable ? 
 
On nous dit que le libéralisme est dans le camp de Sarko.
 
Oh, je sais, mon sujet rétrécit rien qu'en évoquant cette fin d'élection présidentielle. Tant pis.
 
Or Sarko n'a rien d'un libéral : son programme se résume en trois locutions : cruauté sociale, concentration des pouvoirs, réaction morale. Dans ces trois domaines, par ces trois idées, il se trouve aux antipodes du libéralisme et de la liberté.
 
La cruauté sociale, ce sont les inconvénients d'un libéralisme mal maîtrisé, sans les avantages.
 
La concentration des pouvoirs, c'est le bâillon sur les lèvres de la liberté.
 
La réaction morale, c'est une conception normative de la vie en société, où les comportements sont imposés à l'individu. Aux antipodes de la liberté.
 
En face, désormais, se situe le camp de la liberté. Il a beaucoup de défenseurs chez François Bayrou ; il en a aussi au Parti Socialiste, il faut le dire, même si les vieilles lunes dirigistes y contrôlent encore l'appareil. Il y en a encore, dissimulés, à l'UMP.
 
Pour ces raisons et pour ce que j'ai entendu du discours personnel de Ségolène Royal, et malgré ses défauts patents, (et aussi en hommage à Quitterie Delmas) je voterai pour cette femme, Mme Royal, dimanche.

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03/05/2007

À chaud : Bayrou ne votera pas Sarko.

On le lit ici :
 

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02/05/2007

On rêve d'un débat entre Victor Hugo et Napoléon III.

On imagine Victor Hugo interpellant Napoléon III : "Monsieur le petit".

Au moment où se prépare le débat entre les deux derniers candidats à l'élection présidentielle, on se prend à rêver que nous pourrions avoir de meilleurs hommes et femmes politiques, un peu plus cultivés, connaissant mieux leur matière, un peu plus sincères.

Le jeu politique est une joute. L'enjeu n'y est pas l'exercice d'une responsabilité mais la conquête d'un champ clos qui se nomme le pouvoir. Les règles de conquête du pouvoir sont les mêmes partout, quel que soit la forme politique du régime, quelle que soit la nationalité et la culture des assujettis, le pouvoir se conquiert et s'exerce selon les mêmes règles.

Et partout, quoiqu'il arrive, il faut éliminer l'autre.

Tout pouvoir consiste à supprimer l'autre. Physiquement ou moralement. Dans une société policée, il s'agit de prendre l'ascendant sur lui. Dans un état plus sauvage, de le supprimer ou de le réduire à l'état d'objet.

Ce soir, si l'un des impétrants est susceptible de l'emporter sur l'autre, si le débat peut faire pencher la balance, c'est que l'un des deux aura pris l'ascendant sur l'autre. Il l'aura éliminé. Au mieux provisoirement. Au pire, définitivement.

Ouvrez l'arène, lâchez les lions. 

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01/05/2007

Faut-il empailler Jean-Pierre Pernaut ?

Le grand gagnant du premier tour de l'élection présidentielle est ... Jean-Pierre Pernaut.
 
Lui, l'homme du journal télévisé de treize heures, le Picard goguenard qui passe souvent pour la "voix de son maître", l'homme pour qui la météo est toujours une info plus urgente que mille morts au Bangladesh, l'homme que les Guignols ont caricaturé en éternel et sempiternel chantre du "dernier fabricant traditionnel de...".
 
Car son public n'a qu'un âge : la vieillesse.
 
Déjà, il y a vingt ans, je voyais ma grand'mère regarder Mourousy. Au moins, c'était drôle.
 
Et voilà, ils ont voté, nos vieux qu'on aime tant. Ils ont voté.
 
Ils ont voté, nous dit l'Ifop... pour Sarko. 
 
Et, selon l'Ifop toujours, ils s'apprêtent à récidiver massivement : 75% ! oui, tu ne rêves pas, lecteur, 75/25, c'est le rapport de forces chez les vieux, au profit de Sarko, pour le deuxième tour, d'après l'Ifop.
 
On les aime bien, pourtant, nos vieux, on ne leur a rien fait de mal. Pourquoi nous en veulent-ils tant ?
 
Car dans toutes les autres catégories d'âges ou presque, Ségolène Royal est majoritaire dans les intentions de vote pour le deuxième tour.
 
Il n'y a que chez les vieux. Et c'est ce vote massif des retraités qui, à lui seul, fait gagner Sarko.
 
Alors, lecteur, si tu souhaites la victoire de Ségo, fixe-toi un objectif simple : fais la liste de tous les vieux que tu connais et convaincs-les. Un par un.

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30/04/2007

Que va faire Le Pen ?

Le Pen est le grand perdant du premier tour de l'élection présidentielle. Il y a perdu environ un million de voix sur son score de 2002 et, en termes de pourcentages, six points, soit presque quarante pour cent de son capital initial.
 
Je me souviens de Farid Smahi qui, une semaine avant le vote, me trouvant sur le marché de la Porte de Saint-Cloud, à l'ouest de Paris, se moquait de Bayrou et clamait : "Il va faire douze pour cent comme d'habitude". Il ne croyait pas si bien dire, mais c'est de son propre candidat qu'il parlait, sauf qu'il n'a pas atteint douze pour cent, à peine dix et demi.
 
La question qui se pose maintenant est celle de sa stratégie la plus efficace : va-t-il tenter de déstabiliser Sarko en donnant des signes forts d'abstention à son propre électorat ? Ira-t-il plus loin en se joignant au TSS avec l'idée que l'instauration de la proportionnelle, consécutive à la victoire de Ségo, permettrait de pérenniser son mouvement ?
 
Choisira-t-il au contraire de prendre la main que Sarko lui a tendue au milieu des récupérations diverses de son programme ?
 
On a en effet noté le retour de la proportionnelle dans l'escarcelle programmatique du candidat scientologue. Mais la proportionnelle où ? Au Sénat ? Il y en a déjà une forte dose depuis plusieurs années. À l'Assemblée ? Mais quel chiffre ? Bayrou voulait 50%, Ségo propose encore officiellement 20% (elle devra sûrement faire un effort). Alors, et Sarko ? Où et combien ?
 
Il sait que ce qu'il gagne là à court terme, il le reperd à moyen terme. Mais peut-il faire autrement ?
 
Il est allé au bout de ses options récupératrices en proposant de réhabiliter l'OAS, ce qui sans doute lui a encore acquis quelques voix chez les lepénistes (dans le sud-est en tout cas), mais doit avoir suscité quelque trouble chez les gaullistes. 
 
Sans doute Le Pen va-t-il tracer une ligne et définir des critères demain après-midi. Chacun les interprétera à sa façon. Ségolène Royal, mercredi soir, lors de son débat frontal (!) avec Nicolas Sarkozy, aurait grand tort de ne pas s'en servir. Les réponses qu'il donnera alors seront un couperet aiguisé qui tranchera sa tête ou celle de son adversaire.
 
Car s'il se rapproche trop de Le Pen, Bayrou n'aura aucun état d'âme à se placer dans le camp de Ségolène Royal. Et s'il s'en éloigne trop, les lepénistes iront à la pêche.
 
L'écart que l'on annonce entre les deux candidats est pour le moment voisin de quatre pour cent, soit environ un million et demi de voix, c'est-à-dire plus d'un tiers des électeurs de Le Pen du premier tour et moins d'un quart de ceux de Bayrou.
 
C'est une avance difficile à rattraper, mais il suffit qu'un demi-million bouge dans un sens pour que tout redevienne incertain.
 
Un demi-million ? 
 
Les trois jours qui viennent s'annoncent passionnants. 

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28/04/2007

Le débat : vive la démocratie.

Ouf, on a tellement voulu étouffer le débat pendant cette campagne, on a tellement voulu faire taire Bayrou en particulier, on l'a tellement couvert de tous les noms d'oiseaux, que le retrouver, même à la sauvette et sur une chaîne encore minoritaire, que vraiment, on a respiré.
 
On a d'autant plus respiré que le dialogue s'est développé sans concession ni agressivité, comme un bon échange de vue sur le contenu des programmes.
 
Pour ceux qui en doutaient, il vaut mieux avoir voté Bayrou que Royal au premier tour. Ses idées sont plus précises et plus modernes.
 
Pour ceux qui le redoutaient, le programme de Ségolène Royal reste hélas celui de la gauche de grand-papa : "je fais confiance aux partenaires sociaux..." de qui se moque-t-on avec ce refrain seriné depuis 25 ans et qui ne trompe plus personne ? Le tout-État ? Elle dit "je le nie" mais son programme le fait. Comme l'a dit Bayrou, il y a deux Ségolène Royal et l'une est rarement en accord avec l'autre.
 
Pour ceux qui l'espéraient, il y a tout de même des raisons solides de rejeter plus Sarko que Ségo : les changements institutionnels nécessaires, la laïcité (et d'une manière générale la neutralité de l'État), l'humanisme en général (certains propos de Sarko méconnaissent l'art 1 de la déclaration des droits de l'homme de 1789 : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit"), la menace de noyautage de l'État par certaines sectes, etc.
 
Bref, je n'ai pas changé d'avis même si je dois avouer que Ségolène Royal ne m'a donné aucune envie de voter pour elle.
 
J'ai lu pendant le débat qu'Emmanuelli appelait à la création d'un grand parti anti-libéral. Pourvu que ce soit le signe avant-coureur de la recomposition que nous attendons tous avec impatience. Pour moi, évidemment, dans le sens de la démocratie et de la liberté. 

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