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09/03/2007

Le drame de Lamartine.

Lamartine a eu une enfance rousseauiste, en pleine nature, un peu sauvageonne, mêlée à celle des enfants de toutes les conditions de Milly-la-Forêt.

Il lui est resté de cette époque le sentiment que les castes ne doivent pas empêcher les êtres humains de vivre ensemble.

Sa carrière littéraire commence par la rencontre du mal du siècle : la tuberculose. Il tombe amoureux d'une veuve (ou quasi-veuve) qui meurt dans ses bras.

Il en extrait l'émotion de son premier recueil de poèmes et surtout du "Lac", dont on ne se lasse pas.

Ces poèmes, je l'ai dit ailleurs, sont lancés dans le sillage de l'édition de Chénier, en 1820, et portés par la rumeur flatteuse du faubourg Saint-Germain.

Je passe ici sur cette partie de sa vie pour en venir à 1846 : l'édition de l'Histoire des Girondins.

C'est un texte splendide, d'un style époustouflant, du Racine politique, une langue magnifique et lumineuse. C'est ausi le coup d'envoi de la Révolution de 1848.

On se souvient que Lamartine est un homme alors puissant : il a fondé le journal "Le Bien Public", il est appuyé par tous ses amis de 1830, dont Hugo malgré quelques hésitations, et en 1848, avec les Affaires étrangères, c'est de la réalité du pouvoir qu'il s'empare.

Hélas, sa politique échoue. Cavaignac prend la tête de l'État, puis Louis-Napoléon Bonaparte, qui fait son coup d'état.

Alors commence un calvaire de dix-huit ans pour Lamartine, que l'Empire va ruiner pas à pas, méthodiquement, en profitant de son extravagante prodigalité.

Au milieu des années 1860, Lamartine a épuisé les ressources de sa plume. Il a pissé la copie autant qu'il l'a pu, étirant d'interminables textes de moins en moins digestes, qui sont passés de plus en plus inaperçus. Finalement, il est au bout du rouleau.

L'empereur lui donne le coup de pied de l'âne en organisant lui-même une tombola pour le renflouer.

Lamartine s'éteint himilié, seul, oublié, comme presque tous les romantiques. C'est dur, de vieillir. Même libre.

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08/03/2007

L'intarissable George Sand.

Il y a des écrivains inépuisables au XIXe : Dumas (qui, il est vrai, pratique la littérature collaborative), Balzac (qui aurait bien aimé), Eugène Sue (qui n'avait plus rien d'autre à faire depuis son exil alpestre), Verne, et quelques autres moins connus.

George Sand écrit avec une régularité métronomique. Baudelaire a d'ailleurs raillé la fluidité tiède de son style. Elle pond ses quinze ou vingt feuillets par jour, même par gros temps, même quand elle s'est battue avec Musset, même quand Chopin compose en faisant résonner les notes de son piano, toujours, partout, elle écrit.

Invraisemblable robinet perpétuel.

Et à vrai dire, le résultat de cette invariable activité est inégal. Il y a un peu de bon et beaucoup de déchet.

Pourquoi lui a-t-on toujours pardonné cette faible proportion de bon ?

Parce que c'est une femme exceptionnelle. Amante froide, cherchant beaucoup chez l'homme et y trouvant peu, elle a vécu en toute liberté durant sa vie entière. On ne contrôle pas George Sand, on ne la lie pas, on ne la mène pas : on la suit.

Elle marche d'un pas ferme, toise avec calme, s'assied avec lenteur. George Sand aime prouver qu'elle égale tous les hommes.

Et elle cherche l'égalité de tous les hommes.

Voilà deux qualités.

Aujourd'hui, jour des femmes, j'aurais pu évoquer Beauvoir ou (on me l'a suggéré) Marie de France, mais j'ai préféré George Sand et je reparlerai d'elle.

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07/03/2007

Le plaideur Racine.

Racine est le plus jeune du quintette littéraire du Grand Siècle : Corneille (1606), Molière (1621 sans doute), La Fontaine (1621 aussi), Boileau (1636) et lui-même (1639).

Il boxe dans la catégorie "orphelins de mère", assez fréquentée par les écrivains français.

Ce deuil qu'il n'a pas subi (il avait trois ans) le propulse à Paris, en plein nid de jansénistes et aux portes de la Cour : à l'abbaye de Port-Royal, où il est élevé.

Habile à la flatterie et poussé par ses amis, il est rapidement pensionné par le roi, dès l'âge de vingt ans.

Ah, les écrivains pensionnés ! Quel dommage.

Il faut tout de même dire qu'il a l'un des plus jolis styles de toute la littérature française : plein de fluidité et de limpidité. On n'est pas surpris de découvrir qu'il fait partie du club très fermé, lui, des écrivains français hellénistes. Très fermé : il ne contient pratiquement que lui et Chénier. Ce sont les deux vrais experts du grec ancien et le sens de la mélodie que l'on retrouve chez l'un comme chez l'autre peut bien venir de là.

L'autre source de Racine, c'est le barreau, une véhémente plaidoirie. Un personnage de Racine est toujours trahi par quelqu'un ou par les circonstances, et cette indubitable félonie lui permet de s'écrier, le dos de la main posé sur le front : "Comment, moi qui ai fait...." (interminable liste des sacrifices concédés ou des exploits accomplis). "Comment, moi qui jour après jour...." (interminable autre liste).

Voilà l'éloquence selon Racine : l'injustice subie, la révolte légitime mais avortée, et bien sûr l'inexorable stupidité qu'on va commettre pour arriver à ce que la pièce se termine mal.

Public en larmes, sentiments à flots. Vive Racine !

Bon, évidemment, le revers de la médaille, ce ne sont pas ses rivalités de métier, mais son ingratitude prudente envers les jansénistes (ceux-ci ne sont d'ailleurs guère plus sympathiques que lui) et l'accusation qu'il essuie d'avoir empoisonné la célèbre actrice Du Parc.

Il faut bien un peu de mesquinerie et un peu de soufre pour donner du relief à une biographie.

En vérité, sous ses dehors souples et son talent courtisan, c'était sans doute tout simplement un homme libre.

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Demain, journée de la femme.

Voici un lien utile :



8 mars 2007 : Journée de la femme - blogueuse citoyenne


Recommandé par des Influenceurs


Il faudra que je trouve une femme écrivain. George Sand ?

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06/03/2007

Théophile Gautier fumait la moquette.

Théophile Gautier est l'un des romantiques les plus libres et les plus baroques.

Né en 1811 (à Tarbes), il est le vrai benjamin de la bataille d'Hernani en février 1830. Il connaît alors Victor Hugo depuis un peu plus de six mois.

On ne rappellera jamais assez à quel point cette aventure fut aussi celle de la jeunesse.

On dit que lors de la fameuse soirée où les têtes chevelues ont fait danser les perruques, le jeune Gautier arborait un gilet rouge. On imagine une soie carmin, une écarlate, mais l'examen a révélé que le rouge tirait plutôt sur la couleur crevette.

Dans la foulée, tout auréolé du succès auquel il a contribué avec ses nombreux amis jeunes peintres échappés de tous les ateliers de Paris, il décide de publier son premier recueil de poèmes. Il n'a pas de chance : l'ouvrage paraît le 28 juillet 1830, au beau milieu des Trois Glorieuses de la révolution qui renverse le vieux Charles X : le livre passe absolument inaperçu.

Il ne se décourage cependant pas et c'est plutôt dans le roman qu'il va se faire un nom.

On connaît encore l'expression "Jeunes France", mais on ignore que c'est le titre de l'une de ses oeuvres. On a parfois encore "Mademoiselle de Maupin" dans l'oreille, et c'est aussi de lui (un vrai scandale à l'époque, d'ailleurs). Bien sûr, on se régale rien qu'au titre du "Capitaine Fracasse", et c'est encore de lui.

Pourtant l'homme n'est guère connu et si je n'avais pas longtemps habité une avenue Théophile Gautier, je n'y serais sans doute pas sensibilisé.

Il faut dire que, très versé en peinture, qu'il a étudiée et pratiquée, Gautier a consacré l'essentiel de son activité littéraire à la critique. Il est même devenu, en ce domaine, l'arbitre, le donneur de brevet de romantisme.

Si un peintre adopte quelques-unes des caractéristiques de l'esprit pictural romantique, Gautier l'encense. Si au contraire, il se cambre dans le classicisme, Gautier l'ignore. Il y a parfois du dogmatisme dans ses choix. Tant pis. Il continue à produire sa myriade d'articles sur la peinture.

Ayant sans doute épuisé la résistance de ses concurrents dans ce domaine et exterminé tous les peintres qui ne lui plaisaient pas par des phrases acides, il finit par obtenir la présidence de la société des Beaux-Arts, l'organe alors le plus prestigieux en ce domaine.

Voici donc un homme de pouvoir, installé, considéré.

Comme Dumas, la défaite de 1870 lui porte un coup fatal, mais il faudra près de deux ans à Gautier (il est vrai plus jeune que Dumas) pour s'éteindre, en 1872.

Ses recueils de poèmes, comme sa prose, sont des modèles de simplicité et de clarté, mais les thèmes dont il raffole sont parfois si fantastiques, que leur force se perd dans la fumée de ses rêveries.

Ah oui, parce que j'oubliais de vous dire le plus croustillant : en 1844, Théophile Gautier a fondé un club très spécialisé : le club des Haschischins, consacré à l'étude ... du cannabis. On imagine que l'étude devait être très appliquée dès qu'elle passait aux travaux pratiques...

Il ne faut donc pas s'étonner si l'oeuvre de ce romancier, poète et critique d'art, a parfois paru fumeuse.

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05/03/2007

Quitterie Delmas ministre de la culture de Bayrou ?

Il faut bien que quelqu'un cristallise les jalousies.

L'équipe de campagne de François Bayrou est particulièrement bon enfant et on y perçoit un climat serein et amical.

Or voilà que l'excellente Quitterie Delmas, dont je signale le blog dans ma colonne de droite, se plaint des difficultés qu'elle rencontre en raison de ses succès, qui lui suscitent d'étranges inimitiés de la part de ses camarades de classe qui commencent à avoir la fâcheuse habitude de lui tirer les cheveux dans la cour de l'école parce qu'elle a de trop bonnes notes.

Alors, qu'il soit dit ici que le journal Technikart, qui vient de situer la même Quitterie Delmas parmi les candidats crédibles au poste de ministre de la Culture du présidentiable Bayrou, eh bien que Technikart a raison ! la valeur n'attend pas le nombre des années !

Et tant pis pour les autres jeunes que cela chagrinerait. Ils devraient pourtant bien comprendre que chacun aura son tour et que le parcours de notre Miss Buzz (surnom que je lui donne affectueusement) nationale mérite qu'on l'évoque en si bonne place.

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04/03/2007

Chrysalide présidentielle.

Bayrou a raison. Voilà ce que pensent la plupart des gens, même ceux qui n'ont pas encore pris la décision de voter pour lui.

Il a raison, il a vu juste. Son niveau de réflexion a donc atteint une sphère rare.

C'est cette intuition qui fait de lui un homme plus perspicace, différent des autres. C'est aussi elle qui le métamorphose : jour après jour, par la justesse de son analyse, il devient la France.

La dernière fois que j'ai vu de près, je lui ai trouvé cet air de papillon échappé de sa chrysalide.

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La une du JDD.

J'ai été frappé de la une du JDD ce matin : "Tous contre Bayrou", ce au moment même où j'entends partout m'annoncer qu'on "va voter Bayrou". Peut-on mieux dire le décalage du monde politique et de la société réelle ?

Raison de plus pour voter Bayrou, sans doute. Et vive la 6e !

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03/03/2007

Rues littéraires.

Il n'est pas donné à tout le monde d'habiter une rue qui porte son nom.

Victor Hugo, lui, est mort avenue Victor Hugo, à Paris, dans le 16e arrondissement. Il y a vécu les toutes dernières années de sa vie et c'est de là qu'il vint à pied, en traversant un pré, un jour de 1884, présider à la fondation du lycée Janson dont j'ai été l'élève.

Un immeuble bourgeois a remplacé la maison qu'Hugo habitait là. Ses architectes ont eu la bonne idée d'y faire sculpter, au-dessus de la porte, le visage du vieux poète qui semble veiller immobile sur son avenue.

Cette artère borde le bas d'un square, à deux cents mètres à peine vers l'ouest. Ce square est équipé d'un puits artésien branché sur des robinets que des gens viennent encore de loin presser pour emporter l'une des meilleures eaux de Paris.

Ce square porte le nom de Lamartine. Une statue de ce poète et homme politique l'orne, elle-même hélas ornée chaque jour par des pigeons qui la trouvent commode pour se poser.

En face de la fière statue, l'endroit où Lamartine est mort en 1869.

Eh oui ! Hugo et Lamartine, les deux âmes poétiques de la génération de 1830, sont morts à moins de cinq cents mètres l'un de l'autre. Seulement, lorsque Lamartine s'est éteint, Victor Hugo poursuivait son exil à Guernesey. On ignore s'il arriva ensuite à Hugo, le soir, en rentrant de ses escapades amoureuses, de rendre un bref hommage à son ami de jeunesse par un détour devant le lieu de sa mort.

Dans le même arrondissement de Paris se trouve la rue Boileau, dédiée là à ce poète parce qu'il y avait sa maison de campagne, sa résidence secondaire, dirait-on aujourd'hui en style un peu formel.

Boileau, le plus parisien de nos écrivains sans doute, venait à Auteuil, un village campagnard, et y amenait ses amis : Molière, Racine, La Fontaine et quelques autres.

On murmure (et Guitry a exploité cette rumeur) qu'il a corrigé beaucoup de textes, non seulement des trois auteurs que je viens de citer, mais aussi de Corneille.

Il recevait chez lui, rue du Vieux-Colombier, près de l'endroit où la Comédie française possède désormais sa deuxième salle et, selon la légende, il rabotait les vers des quatre génies.

Il avait un argument imparable pour le faire : il était le neveu de Malherbe, celui qui a codifié la langue française pour tout le XVIIe siècle.

Il faut se rappeler que le français est alors une langue savante, à laquelle on a donné une construction volontairement rigoureuse et des règles qui paraissent encore neuves. Molière, dit-on, est particulièrement prudent et hésitant devant des élaborations trop minutieuses, ennemies de la spontanéité. Il exprime ses vues dans le "Misanthrope". C'est donc pour lui une négociation tendue avec Boileau.

Et quand Boileau écrit "Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la rime", on se demande jusqu'où son humour va. Cela étant, il est probable que les rimes, elles, sont bien de Molière.

Près du croisement de la rue Boileau, la rue d'Auteuil actuelle était bordée par deux cabarets, celui de la "Croix blanche" et celui du "Mouton blanc", où la joyeuse bande s'ébattait parfois.

On aurait envie de faire ainsi la liste de toutes les rues qui tiennent leur nom d'un écrivain qui a vécu là. Et chez vous ? Y en avait-il un ?

18:45 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Il m'est même arrivé de lire Christian Jacq.

Un jour de désoeuvrement, je me suis assis près d'une bibliothèque qui contenait les quelques volumes du "Ramsès" de Christian Jacq.

N'ayant vraiment rien d'autre à faire, j'ai ouvert le premier volume de ce cycle.

Le style m'a pris. La jeune princesse aux seins nus, l'atmosphère ensoleillée de l'Égypte, la stature de Ramsés, tout cela avait de l'allure. J'ai lu le tout.

Fort content, j'ai tenté de m'attaquer à une autre histoire du même auteur. Hélas, j'ai eu l'impression de relire la première : le stéréotype avait figé son écriture.

Tout ce que j'ai pu avaler par la suite, c'est "Le moine et le vénérable", une narration courte sur le rapprochement a priori inattendu d'un franc-maçon et d'un homme d'Église pendant la Seconde guerre mondiale.

Disons tout de suite que Christian Jacq est spécialiste de la littérature maçonnique. N'étant pas initié, je perds sûrement une grande partie du sel de ce qu'il écrit. Mais une littérature réservée à ceux qui savent lire n'en est plus tout à fait une.

Il a produit une série d'études et de vulgarisations sur l'Égypte ancienne et sur les pharaons, à quoi il a ajouté des portraits de Champollion et du maître de la musique maçonnique : Mozart. Vraiment, il creuse toujours le même sillon.

Sa principale diversification réside dans la nuée de romans policiers qui a accompagné cette oeuvre polarisée. Ceux qui en ont lu ont le droit de me dire ce qu'ils en ont pensé.

Peut-être me donneront-ils envie de lire de nouveau de ses pages, une envie qui m'a passé.

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02/03/2007

Cinéma : "Je crois que je l'aime"

C’est vendredi. Pourquoi pas un peu de cinéma ?

Pierre Jolivet excelle dans le monde des réalités. Dans "Ma petite entreprise", une comédie jubilatoire, il montrait Vincent Lindon, patron de PME en grand péril, aux prises avec les petites magouilles de son ami François Berléand.

Revoici Vincent Lindon patron, d’une grosse PME cette fois-ci. Une entreprise dans la haute technologie, on travaille avec la Chine, on voit au long cours. Le personnage incarné par Lindon lui-même est équipé du tout dernier cri : il communique avec son fils et son ex-femme aux Etats-Unis par Internet, avec des cybercaméras ; chez lui, tout est géré par une unité centrale branchée sur un petit écran portatif.

C’est l’homme de demain. Plongé dans une atmosphère cosmopolite : l'Italie est en référence et la visite d'un prestigieux professeur italien permet à Venantino Venantini (le dernier survivant des "Tontons Flingueurs") un clin d'oeil sympathique, on voit aussi passer le nom du Portugal, pour ses céramiques, un lutteur de sumo japonais, l'accent québécois, bref, la mondialisation apprivoisée.

On assiste dans l'entreprise à des réunions de travail très crédibles, pas tout à fait du Sautet, mais comme on est dans le ton de la comédie, on ne peut tout de même pas retrouver l'intensité dramatique de "Mado", un drame pur.

Ce patron a le coup de foudre pour une artiste qui vient décorer son hall. Ce détail n’arrachera pas des larmes au jury d’originalité des César, mais on n’insiste pas et il passe très facilement.

Tout de suite, Lindon dit :

- Je crois que je l’aime.

Et c’est une catastrophe.

Pourquoi ? Parce que la dernière fois qu’il est tombé amoureux, ce fut un désastre pour lui et pour son entreprise : la femme lui avait été envoyée par un concurrent, il a sombré dans la dépression, l'entreprise a failli disparaître.

Il charge donc son chef de sécurité, habitué aux besognes du renseignement sensible appuyé sur les technologies les plus avancées, d’enquêter à fond sur elle.

La suite est un joli vaudeville sentimental admirablement mené et interprété.

Longtemps, j’ai pensé que ce que Lindon avait de mieux, c’était sa femme (son ex : Sandrine Kiberlain). Puis j’ai vu "Paparazzi", d’Alain Berbérian, et je l’ai trouvé étonnant d’énergie et de vérité. Deux ans plus tard, "Ma petite entreprise" a achevé de me convaincre de son talent.

Le tandem qu’il formait avec François Berléand dans ce dernier film est reconstitué, Berléand est glauque à souhait, capable de détenir tous les secrets et de s’en servir comme le plus ténébreux des hommes de l’ombre.

Il vient des services de police, des stup', il a dû assumer quelques missions discrètes pour de hauts personnages. Il incarne en tout cas le nouvel espionnage privé que l’on voyait déjà dans "Demonlover", d’Assayas.

Quand Lindon lui indique qu’il a besoin de lui, non pour ce qui relève de ses fonctions dans l’entreprise, mais pour "du personnel, de l’informel", Berléand répond, comme quelqu’un qui connaît la chanson :

- J’ai travaillé sous Mitterrand.

Et de fait, il est assis, dans son bureau qui ressemble plutôt à un mélange de salle de vidéosurveillance et de central informatique qu’à un vrai bureau, devant la photo de Mitterrand coiffé de son stetson très particulier, Mitterrand "l’Africain". Pense-t-on à l'affaire "Carrefour du développement" ? Aurait-il quitté la police à cette époque ?

Toute la distribution est parfaite, Sandrine Bonnaire n’en finit pas d’atteindre des trésors de simplicité, Liane Foly, avec un fort accent québécois, en ancienne maîtresse, est à cent pour cent, Kad Merad fait un court et impeccable passage, bref, voilà un film à aller voir avec sa copine.

Hélas, j’étais seul.

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01/03/2007

Le meilleur de Dieu : Francis Jammes corrigé par Brassens.

Pour ne pas dire toujours du mal des mêmes, j'ai trouvé un moyen d'intégrer Dieu au champ des possibles. Il faut à cela deux marches : la première est le poète Francis Jammes.

C'est un Béarnais né en 1868, un gentil bucolique que l'on étudie dans les petites classes. Très attaché à son terroir, il n'en bouge guère, sauf par exemple pour visiter l'Algérie avec André Gide. Il y croise cependant d'autres poètes dont il devient parfois le guide ou le maître à lire. On pense par exemple à Saint-John Perse, le jeune Alexis Léger, élève du lycée de Pau, dont on sait qu'il a fréquenté l'entourage de Jammes.

En 1905, sans doute par esprit de contradiction, Jammes se fait catholique. Ses textes charmants y perdent de la fraîcheur, qu'ils troquent contre une rigueur plus hivernale.

Dès 1906, il donne un poème simple, parfois mou, qui évoque une prière. Brassens s'empare du tout, taille dans le mou, garde le vif, et en fait "La Prière", une chanson émouvante rythmée par les "Je vous salue Marie", tout à fait agenouillés selon la tradition.

Après tout, Zola a bien fait un roman, "Le rêve", qui n'écorche pas non plus la religion outre mesure. Et Victor Hugo, avec son Monseigneur Myriel des "Misérables", a défini le profil d'un prélat tolérable.

Mais Brassens pousse un peu plus loin la malice : il donne à sa chanson la même mélodie (ou presque, car il y a des différences tout de même) qu'à une autre : "Il n'y a pas d'amour heureux", sur des paroles d'... Aragon.

En somme, à lui tout seul, Brassens réalise le programme de "La Rose et le Réséda". Il entortille savamment celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas.

Et avec son tortillon, que fait-il ? Un cure-pipe !

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Mon premier mois complet.

Février est mon premier mois complet. Le nombre de visites sur mes pages continue de croître lentement. Plus de 1500 connexions et 5000 pages lues. MSIE et Mozilla sont maintenant à égalité parmi les navigateurs.

10:50 | Lien permanent | Commentaires (8) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook