Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« 2007-02 | Page d'accueil | 2007-04 »

22/03/2007

Bayrou, le Zénith de Paris.

Une très grande foule chauffée à blanc, un candidat énergique, beaucoup de jeunes.

Pour le reste, les sondages fléchissent un peu, mais ce fut le cas au début de chaque phase de la campagne et Bayrou est remonté, à chaque fois un peu plus haut.

Du reste, son buzz a plongé spectaculairement au moment où il était au pinacle des sondages et remonte tout aussi nettement depuis qu'il est plus bas, ce qui doit laisser augurer une remontée dans quelques jours.

Je vois ici ou là qu'on s'attend à un score de chacun des quatre principaux candidats autour de 20%.

C'était mon mot politique d'après réunion électorale.

12:20 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : présidentielle, udf, bayrou | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/03/2007

Flaubert, le vertige de l'ambition formelle.

Être affublé du prénom de Gustave est une malédiction que je ne souhaite pas à mon pire ennemi. Flaubert en a subi d'autres.

Disons d'abord que son exact contemporain est Baudelaire (né comme lui en 1821) mais que celui-ci apparaît sur la scène littéraire un peu avant lui. Ils se retrouvent en revanche sous le Second Empire dans les plus retentissants procès pour atteintes aux bonnes moeurs.

Une raison particulière explique le retard de Flaubert : son épilepsie, qui le conduit à se réfugier dans une maison de famille en Normandie en 1844. Mais c'est peut-être au contraire cette maladie et ce repos forcé qui l'amènent à l'écriture. Elle ne l'empêche d'ailleurs pas de voyager, ni de pratiquer de nombreux sports.

Son voyage en Orient, de 1849 à 1852, le fait négliger complètement le changement de régime qui s'opère. De toutes façons, les questions politiques ne seront jamais sa tasse de thé et c'est probablement la vraie faiblesse de son oeuvre : elle manque de verve, il lui faudrait une qualité spéciale d'humanité que ne développent que les écrivains engagés.

L'autre défaut de sa production, c'est l'invraisemblable lenteur avec laquelle il en accouche. Il ne lui faut pas moins de cinq ans pour rédiger un roman. Toute la période du Second Empire se résume pour lui à trois textes : Mme Bovary (1851-1856), Salammbô (1857-1862) et L'Éducation sentimentale (1864-1869). Ouf, trois romans en dix-huit ans, là où Dumas est capable de publier, en trois ans seulement, "Les Trois Mousquetaires" et "Le Comte de Monte-Christo". Il est vrai que Dumas ne rédige pas seul, mais tout de même, quel escargot, ce Flaubert.

Il faut dire que notre Gustave, c'est sa troisième malédiction, après son prénom et son épilepsie, souffre d'un mal terrible : la folie des grandeurs. Il est pris du vertige de l'altitude littéraire. Il rêve d'oeuvres si grandes, qu'il a du mal à tolérer celles qui viennent de lui.

Son modèle artistique, c'est évidemment l'inévitable Victor Hugo, à qui il écrit à peu près : "Il n'y a que deux auteurs qui écrivent un français correct : vous et moi".

Folle ambition : il cherche une perfection immense, colossale, faite pour le dominer. Flaubert est un masochiste, écrire est une punition qu'il s'inflige avec application. Selon sa propre expression, il passe une matinée à ajouter une virgule et une après-midi à l'enlever.

Quand il commence à laisser le texte se former, il sort le "gueuler", comme il dit, et si ça ne roule pas correctement, il recommence.

On ne peut pas rêver plus parfaite autopunition. Beaucoup moins chère que les maisons spécialisées de ces dames.

Cela étant, à force de chercher l'impossible, il finit par connaître des revers de fortune. Son vrai drame, au fond, c'est la stérilité : s'il écrivait plus, il gagnerait plus. Mais il ressemble à ce personnage d'un roman de Camus (La Peste, je crois) qui consacre toute sa vie à écrire puis réécrire la première phrase de son roman pour être sûr qu'elle soit parfaite, si bien qu'à force de fignoler le détail, il oublie l'essentiel : quand il meurt, il n'y a pas de roman derrière la première phrase.

Tel aurait pu être Flaubert.

Heureusement, il réussit à surmonter son angoisse et à accepter ce qu'il écrit.

On connaît la première phrase de Salammbô, souvent présentée comme un modèle : "C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar". Personnellement, je la trouve un peu figée, moins que le reste de ce roman, d'ailleurs, qui n'est pas mon préféré, et où l'on sent trop, à mon avis, l'intention d'intéresser le pinceau des artistes chargés de représenter dans des oeuvres magistrales telle scène du roman.

Seulement, hélas pour Flaubert, l'époque où il publie est celle de l'apparition des Impressionnistes, très éloignés de ses sujets, et il est bien trop sulfureux pour les classiques. Quelques-uns s'y essaient cependant.

Bouvard et Pécuchet, sa dernière production achevée au moment même de sa mort, est un texte plutôt mineur. Rédigé avec soin, avec humour, mais n'échappant pas à l'anecdote.

On comprend donc pourquoi, de tout ce que Flaubert a publié, il reste surtout ses deux romans de moeurs et de psychologie : Mme Bovary et L'Éducation sentimentale.

Et puis, son autre vestige pour la postérité, c'est Maupassant.

Brrr, décidément, ces écrivains normands ne sont pas les plus rieurs. Ils ont plus de lucidité que de liberté. Dommage.

21:40 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

19/03/2007

Sartre ? La postérité s'interroge.

Sartre passe pour un philosophe. Or il n'est qu'un écrivain.

Philosophe, Sartre a composé quelques traités qui emploient les moyens de la philosophie. Il en a extrait une et quelques notions qui reflètent les préoccupations de la philosophie.

Et pourtant, en vérité, Sartre n'est pas un philosophe : c'est un écrivain.

Il n'y a qu'à lire "Les Mots", témoignage sur lui-même, pour s'en rendre compte. Toute sa vie, il n'a vécu que pour écrire. Non pas pour réfléchir, ni pour inventer des concepts et trouver des explications opérationnelles, mais pour que ses mots soient applaudis.

C'est un écrivain.

Parfois un bon, d'ailleurs. Ses textes d'avant-guerre, comme "Le Mur", sont de bonne facture, on y reconnaît la qualité de la formation qu'il a reçue rue d'Ulm. Son théâtre reste magnétique et résistera en partie au temps. "Les Mots", justement, est un joli morceau de souvenirs, bien composé, élégamment écrit.

Quant à son message philosophique, il en demeure plus la verve militante que la densité conceptuelle, malgré la grande qualité de ses suiveurs.

Il y a donc aujourd'hui un malentendu qui persiste à propos de Sartre. La postérité tâtonne, le laisse au frigo et ne sait pas bien par quel bout le prendre. Il suffirait pourtant de le considérer par le bon, celui de l'écrivain, pour qu'aussitôt tout s'éclaire.

Seulement, pour en venir là, il faudra que nos exégètes fassent preuve de liberté.

21:15 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Bayrou, les appareils politiques et l'union nationale.

Voici François Bayrou devant la double accusation castratrice dont raffolent les appareils : vous n’avez pas de programme, vous n’aurez pas de majorité. Programme ? Majorité ? Quel rapport avec la choucroute présidentielle ? répondrez-vous. Mais Bayrou est un homme poli et se garde de formules aussi familières. Programme et majorité sont l’affaire des législatives, après (juste après) la présidentielle. On verra alors, pense-t-il au fond.

Seulement voilà : la présidentielle, c’est un homme devant le peuple, tandis que les législatives, ça, ça, c’est l’affaire des appareils, leur délectation, leur gourmandise, avec leur cortège d’arrangements entre amis, de batailles de couloirs, de réunions d’investiture interminables jusqu’à l’aube où, les yeux piquants, chaque éléphant comptera ceux de ses copains qu’il aura su caser dans l’appareil de la campagne, candidats ou cadres. Rien que pour justifier son statut d’éléphant.

Alors évidemment, l’aventure solitaire de la campagne présidentielle, ça les chagrine, les appareils, et coûte que coûte, ils tentent d’y glisser leur grain de sel. De là la double accusation.

Et les présidentiables rivaux de Bayrou, en se faisant les porte-voix des accusations contre lui, se mettent de facto entre les mains des appareils quoi qu’ils puissent en prétendre.

Car le programme de Ségo, c’est “Je ferai des lois“ (et le parlement, pendant ce temps-là, que fera-t-il ? de la pêche à la ligne ?), tandis que celui de Sarko ne prend même pas la peine de qualifier les oukases qu’il adoptera : de toutes façons, à défaut du kärcher, il usera du schrapnel pour imposer ses vues, lesquelles, si elles ressemblent à celles de son ami Balkany, rappelleront fâcheusement les ordonnances de la Monarchie absolue, le souverain placé au-dessus des lois, le tout agrémenté de lettres de cachet en règle.

Bref, l’élection présidentielle, vue par les appareils, ça se résume en une phrase : la séparation des pouvoirs, ça n’existe pas. Non seulement ça n’existe pas, mais ça ne doit pas exister. Pensez donc : ils pourraient y perdre leurs privilèges et leurs perruques poudrées…

C’est eux qui ont intérêt à toutes les scléroses dont les Français sont victimes, eux qui tirent les bénéfices de notre société verrouillée, eux qui prospèrent quand la France est divisée, fût-ce au prix de la misère et de l’injustice.

Le président, selon eux, est l’instrument des appareils partisans. Le programme qu’il débite est le leur ; une fois l’élection acquise, ils n’auront donc aucune raison de le contrôler devant les chambres parlementaires, ce qui leur permettra de rester douillettement dans d’autres chambres à regarder la télé avec un plateau-repas friand au lieu de s’installer en séance sur les bancs inconfortables à somnoler en se curant le nez. La belle vie, quoi.

Et voilà que notre Bayrou, dévalant de son Béarn natal à dos d’étalon alezan, vient troubler cette mécanique tiède et la dialectique molle qui oppose les appareils à leurs candidats.

Avec lui, tout à coup, un inconnu, un rustre, un intrus, fait irruption dans la campagne : le peuple, ou plutôt l’intérêt général, la cause publique. Et des mots endormis : la liberté, l’égalité, et même la fraternité, et les réalités de la vie des gens.

Fi donc ! Comme disait Victor Hugo : “quoi, Mithridate, du siège de Cyzique eût pu citer la date ?“

La vie des gens. Quelle grossièreté. Mais, pour les appareils, la vie des gens, c’est une collection de statistiques, ça ne signifie rien de concret, rien dont on puisse parler à table entre gens du monde parisien. Fi donc ! Les gens. Quand on veut faire peuple, on dit “les vrais gens“ puis on se dissimule dans son mouchoir de dentelles pour se gausser de sa propre hardiesse. Les gens.

Les gens qui meurent et qui souffrent. Les gens qui ont dormi dans le froid. Oh, ils ont de la chance, les appareils : l’hiver a été le plus clément depuis… depuis on ne sait quand. La faute au réchauffement climatique sans doute. Au réchauffement climatique ? Bonne chose, ça, se dit l’appareil en prenant note : “surtout ne rien faire contre le réchauffement climatique“. Pensez donc, un allié pareil.

Mais les gens ont faim et soif, il en meurt, il en pleure, et personne ne fait rien, et l’État impuissant compte les sous qu’il va généreusement donner aux commanditaires des campagnes des appareils politiques. Eh oui, de ce côté-là, l’argent ne manque jamais : pour un renvoi d’ascenseur, on trouve toujours un milliard. Pour sauver un misérable, on n’a jamais dix euros. Voilà notre République, celle des appareils triomphants.

Celle où la colère sans cesse couve sur le brasier de la douleur.

C’est ce que dit Bayrou avec ses propres mots.

Et c’est ce que les gens entendent. Et c’est pourquoi, chaque jour, il gagne plus de crédit, pourquoi les humbles le considèrent avec espoir, pourquoi dans la pauvre banlieue nord de Paris il a été accueilli comme un thaumaturge. Il est celui qui peut renverser les trônes des appareils politiques, faire voler les perruques, rouvrir les palais et y faire entrer la vie des gens comme le vent de la liberté.

Il faut dire que c’est pourtant presque trop d’espoir, qu’il n’existe pas d’homme providentiel, mais depuis si longtemps on leur marche sur le visage et depuis si longtemps leurs vies sont balisées par des collections de cadenas… Comment pourraient-ils ne pas espérer que les choses puissent enfin changer ?

Changer.

Ils le méritent.

Oh, on sent bien le raidissement des appareils, ces temps-ci, et leurs ruses qui consistent à “enfiler les plumes du poulet sur le pelage du renard pour entrer dans le poulailler“, comme dit Bayrou.

Ils se moquent éperdument d’avoir conduit le pays au bord du gouffre à force d’égoïsme. Ils ne se soucient pas un instant de leur propre inertie. Ils nient farouchement leur patente obsolescence.

Ce qui leur importe, c’est : conserver le pouvoir. Le pouvoir ! ou plutôt l’apparat du pouvoir, les avantages du pouvoir, les émoluments du pouvoir, les combines du pouvoir.

La montée de Bayrou les menace, ils se contorsionnent pour faire croire qu’eux aussi, ils sont contre les logiques d’appareils (suprême imposture), ou bien ils se mettent à crier, disons même à glapir. Et l’on entend des lazzis si haineux jetés par les hommes de l’appareil droitier que l’on se croirait revenu aux années 1930.

Et l’on lit surtout la double accusation : programme, majorité. Mots d’ordre angoissés des appareils aux abois.

Or le monde change. Nous savons qu’une nouvelle forme de citoyenneté voit le jour, plus réelle, plus réactive, incontrôlable par les appareils, forte, subversive, vivante, notamment forte d’Internet et de la blogosphère.

C’est elle qui bouscule le plus les appareils en place, elle qui permet au peuple de résister là où les ennemis de la démocratie le menacent, elle qui donne envie aux jeunes de s’engager dans la cité pour des causes palpables, éloignées des enjeux d’alcôve, d’intérêt et de vanité qui sont la menue monnaie des appareils.

Oui vraiment, c’est une lame de fond qui se lève. La France va changer. Elle a crié très fort qu’elle voulait l’union nationale. Les appareils se cabrent contre ce décloisonnement qui conteste leurs intérêts acquis. Il reste au peuple à se faire entendre.

21:05 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : présidentielle, udf, bayrou | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

18/03/2007

Voltaire et l'argent.

Ah, Voltaire !

Voltaire est l'un des esprits les plus malicieux de toute notre littérature. Il tient sans doute son agilité intellectuelle des exercices continuels auxquels elle a été soumise par ses maîtres jésuites.

Trois de nos plus grands auteurs sont passés par les mains des émules de Xavier : Corneille, Molière et lui.

Comme souvent, les jésuites l'ont rendu très anticlérical. C'est curieux, cette prédisposition, pour un ordre d'Église, à fâcher ses disciples avec leur maison mère.

Quoi qu'il en soit, Voltaire a une autre particularité, qu'il partage avec La Rochefoucauld, celle-là : il n'a jamais réclamé un liard de droits d'auteurs à ses éditeurs.

Il faut dire que parmi ses talents nombreux, figurait celui de gagner de l'argent. Voltaire vendait des bas, une vocation familiale je crois, puis investissait ses gains dans diverses activités.

Et c'est là que le bonhomme risque de se trouver un jour mis à l'index par les nouveaux inquisiteurs : il lui est arrivé plusieurs fois de placer ses fonds dans des opérations de traite négrière.

Oh rien de glorieux, en vérité, et même une tache indélébile sur son plastron. Et cependant, faut-il condamner l'homme en entier pour sa part de faute ? Faut-il condamner avec lui l'esprit le plus libre de son temps ?

Mais alors, qui osera encore être libre ?

Et si aucune faute ne peut être rachetée, qui osera encore agir autrement que par prescription obligatoire ?

La loi, celle-là, celle qui proclame l'imprescriptibilité perpétuelle de crimes liés à l'esclavage, promettait de parler de liberté, mais elle n'est que l'autre nom de la tyrannie.

22:40 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ministère de l'identité nationale : sondage pipé ?

J'en ai parlé voici quelques jours : je trouve l'association de l'immigration et de l'identité nationale dans le titre d'un ministère scandaleuse.

Entre-temps, on nous a expliqué que 55 % des Français étaient pour. De quoi apparemment calmer nos critiques.

Seulement voilà : ce sondage a été réalisé pas Opinionway. Or l'autre jour, écoutant Quitterie Delmas lors d'une conférence qu'elle donnait contre André Santini devant une fondation pour l'innovation politique, le maire d'Issy (on sait qu'il vote maintenant Sarko) fit une réclame très appuyée pour les sondages Opinionway, seuls valables à ses yeux.

Le motif qu'il invoquait : les sondés étaient de vrais sondés.

- Ceux-là, précisait-il, on sait qu'ils existent, ils sont référencés ; comme c'est fait par Internet, ils répondent de chez eux entre deux télés et tout va bien. Voilà un vrai sondage.

Un vrai sondage ? Des gens qu'on connaît ? Qui sont référencés ?

Pourquoi ne pas dire tout de suite qu'il s'agit d'électeurs UMP ?

Parce qu'alors, et alors seulement, ce sondage sera intéressant : il indiquera qu'il n'y a plus que 55 % des électeurs UMP qui ont l'intention de voter Sarko.

Enfin une bonne nouvelle.

22:20 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : présidentielle | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Bayrou et la blogosphère.

Le week-end, j'aime bien parler de politique.

Le 28 février dernier, l'informaticien Thierry Crouzet, l'un des blogueurs les plus influents d'Internet, interrogeait François Bayrou dans une note sur son blog (http://blog.tcrouzet.com) : quelle part attribue-t-il à la blogosphère dans sa montée ?

Il s'agissait de savoir si oui ou non la part citoyenne de la blogosphère a un rôle et de l'influence sur la politique elle-même. Un peu rieur, Crouzet concluait que, du moins, si Bayrou ne répondait pas à cette question, cela voudrait dire qu'elle n'en avait pas tant que ça ... sur lui Bayrou.

La réponse n'est pas encore parvenue, à ma connaissance, à l'informaticien. Je crois savoir cependant que Bayrou mesure le chemin et les ressorts de son progrès. Il devrait à mon avis le dire à très haute voix.

Et nous, qu'en pensons-nous ? Y a-t-il une transformation, une métamorphose, de la politique ? La blogosphère sert-elle de vecteur d'informations multiples qui composent à la longue une influence ? Permet-elle de résister aux désordres des pouvoirs ?

Ce sera l'objet de la 1e journée du 5e pouvoir qui aura lieu samedi à Saint-Denis, aux portes de Paris, en face du Stade de France.

Courons-y tous devenir les citoyens du XXIe siècle.

Il suffit de cliquer sur l'icône grise dans la colonne de droite.

15:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : présidentielle, bayrou, blogosphère | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

17/03/2007

Beaumarchais, j'ai failli l'oublier.

Personne ne peut résister à la biographie de Beaumarchais : c'est un tissu d'intelligence, de roublardise, d'aventures, de forfanterie, de pirouettes et d'insolences. Beaumarchais tombe, se relève, en rit, s'envole, brille, retombe, rebondit, il ressemble à une bille de caoutchouc qu'on lance à un chien et qui le rend fou.

Ce qui m'amuse le plus, personnellement, dans cette succession de cavalcades et de sautillements rieurs, c'est son incroyable inspiration lors de la première de sa pièce célèbre : "Le mariage de Figaro ou la folle journée".

Le théâtre, ce jour-là, est plein à craquer, un vent de polémique a fait frissonner tout Paris et tout Paris s'est précipité pour obtenir une place à l'orchestre, puis au poulailler.

La salle est bouillante.

La pièce commence. Très vite, le talent étourdissant du maître horloger fait tourner les têtes. De la polémique, on passe au scandale. L'émotion soulève des cris.

Elle se change en brouhaha, en tohu-bohu.

Beaumarchais se frotte les mains : sa pièce sera un succès énorme, il le sent.

Mais ce n'est pas suffisant : il regarde la rue. Calmes, les passants s'y promènent. Les clameurs de l'intérieur ne sont là qu'un vague bruit.

Il faut qu'ils sachent.

Alors, tranquillement, avec méthode, Beaumarchais entreprend de casser les carreaux du théâtre, pour faire croire que le scandale est tel qu'il s'est changé en pugilat. Il n'en laisse pas un intact.

Rien de tel qu'un vrai scandale pour faire sa pub.

Quel farceur, ce Beaumarchais, et comme les temps ne changent pas...

21:40 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le nouveau livre de Bayrou.

Je viens d'acheter (enfin) le nouveau livre de Bayrou, "Projet d'Espoir". Sans rancune, je l'ai acheté chez Lagardère, à la Maison de la Presse près de chez moi.

A peine ouvert, je lui trouve des accents gaulliens : "j'ai toujours eu la France en tête. Je la ressens. Je pense à elle avec affection, comme je pense à ceux que j'aime. Je pense à la France comme à une personne..." Sinon de de Gaulle, ces mots sont peut-être l'écho de Michelet.

Puis il y a des paragraphes très beaux sur notre identité républicaine : "Nous sommes la seule nation qui ait choisi comme devise l'énoncé de trois vertus, liberté, égalité, fraternité... Et les trois marchent ensemble. Et les trois se tiennent et s'équilibrent. Liberté sans égalité, ce serait dire que l'un peut écraser l'autre. Egalité sans liberté, ce serait tout le monde à la toise. Liberté sans fraternité, ce serait chacun pour soi et la loi du plus fort. Egalité sans fraternité, ce serait égalitarisme et juridisme. L'une se nourrit de l'autre. L'autre équilibre l'une. Les trois vertus vont ensemble et si tu perds l'une, tu perds en même temps les deux autres..." Il cite Péguy à ce propos.

Mon résumé de ce qu'il dit, avec mes propres mots et ma façon de voir, c'est : sans la fraternité, la liberté et l'égalité sont deux tyrannies symétriques.

17:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : présidentielle | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

16/03/2007

Une anecdote sur Musset.

Il y eut un long moment où Musset n'intéressait plus personne.

Seule la Revue des Deux-Mondes, prestigieux organe qui a su traverser les deux siècles, continuait à le publier quoiqu'il écrivît.

Elle s'occupait même un peu plus de lui encore : c'est à un dîner de la Revue que Musset rencontra George Sand, avec laquelle il eut d'ailleurs une célèbre liaison orageuse et intermittente, dont la partie la plus longue se termina par une scène de drame de quai de gare : alors qu'il était profondément malade, son amante tomba amoureuse du médecin. Cette scène se passait, selon l'expression de Musset,

"À Venise, à l'affreux Lido
Où vient sur l'herbe d'un tombeau
Mourir la pâle Adriatique" (la Nuit de Décembre).

Pour en revenir à l'oubli dont il souffrit, c'est de là qu'est venue l'une des plus curieuses histoires de la littérature française.

La Revue avait publié plusieurs pièces de théâtre que personne n'osait jouer. Il se trouva qu'en Russie, un metteur en scène eut l'idée de faire traduire ces textes en russe et de les faire jouer sans créditer leur auteur.

Or un Français, passant à Moscou, fut invité à ce spectacle, qui lui plut. Il demanda un exemplaire du livret. On ne lui signala pas qu'il avait été traduit et on lui remit la version russe.

Revenu à Paris, il la fit traduire et entreprit de la faire jouer... et ...

Et on s'aperçut que Musset avait écrit la pièce... et sa carrière fut relancée.

Vive la Russie ?

23:30 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Qui est plus libre que La Fontaine ?

Le thème astral de La Fontaine dit tout de lui : papillon, ascendant chenille.

Il se définit lui-même comme un papillon, mais se conduit en général en chenille, ou plutôt en escargot. Il est la tortue de sa propre fable : lent, indolent, poussif, mais, au milieu d'une apparente distanciation, infiniment obstiné sur quelques (et quelques seulement) sujets.

On lui achète une charge administrative dans son canton de Château-Thierry ? Il papillonne.

On lui trouve une épouse de quatorze ans ? Il papillonne (et butine tout de même un peu).

On lui enlève son protecteur Fouquet ? Il s'obstine.

On critique sa poésie ? Il s'obstine et se réobstine.

Voilà donc La Fontaine toujours un peu à contre-temps, toujours un peu égaré. Pensionné par Fouquet, il écrit des textes et entreprend avec lenteur une grande composition sur le merveilleux parc du château de Vaux-le-Vicomte.

Fouquet écarté, il abandonne. Mais il revient avec un autre poème, l'un de ses plus beaux, d'une ampleur féérique, plusieurs années plus tard, au défi de l'autorité royale.

Or le roi ne semble pas le punir. Enfin, on n'est trop sûr de rien, avec La Fontaine, car les pistes sont souvent brouillées. Bref, il glisse peut-être entre les gouttes.

De toutes façons, il passe pour si distrait, qu'on ne fait parfois pas plus attention à lui que lui aux autres. Son fils Charles affirme par exemple qu'il lui est arrivé de croiser son père dans l'escalier sans que celui-ci s'en rendît compte. Voilà une extravagance rare.

Très vite, La Fontaine ne pense plus qu'à écrire et tout le reste de ses affaires périclite : sa charge administrative est revendue, il croque l'argent en peu de temps, et tout à l'avenant. Il finit presque en gigolo.

Mais son écriture, elle, secoue les certitudes de son temps : il peut dans une même composition mêler plusieurs genres littéraires, les alterner, les empiler, le tout avec une liberté si confondante qu'elle révolte ses contemporains, totalement déroutés, qui finissent par ne plus oser même le critiquer sur sa forme.

Quand on l'attaque, c'est donc plutôt pour l'esprit de sa plus invraisemblablement libre production : ses rêveries licencieuses, de délicieuses anecdotes emplies d'une polissonnerie savoureuse.

Il fait le gros dos, promet de s'amender... et récidive aussitôt.

Ainsi, quand il entre à l'Académie française, en 1684 je crois, il jure de se conduire désormais comme tout le monde l'espère : avec pruderie.

Mais, en pouffant, il pond sans retard d'autres chefs-d'oeuvres rigolards.

On ne stoppe pas La Fontaine. Lentement, mais sûrement, il avance, à sa façon, à son rythme, mais avec ses propres idées tenaces.

On ne le précède pas non plus : ceux qui croient aller plus vite que lui sont toujours surpris. Il s'en joue.

Son seul adversaire, son vrai ennemi, c'est l'argent, qui toujours le fuit. Il rechigne à la courbette qui fait tinter les pensions royales et n'a la bosse ni du commerce ni de l'administration. Résultat, il se retrouve après chaque effort "Gros-Jean comme devant" comme il dit (il se prénomme Jean et a eu forte tendance à l'embonpoint dans son enfance), cependant que certains de ses amis qu'il connaît bien s'enrichissent en dormant, et plus ils dorment, plus ils s'enrichissent.

Son autre boulet, c'est lui-même et son implacable lucidité. Il ne cédera jamais rien pour la faire taire : il dira ce qu'il pense, quoiqu'il en coûte.

Et il lui en coûte souvent cher d'inimitiés : "Selon que vous serez puissant ou misérable..."

Oh, ce n'était décidément pas facile d'être libre, au Grand Siècle, mais il y est constamment parvenu et son oeuvre, fables bien connues et contes encore trop peu explorés, demeure parmi les plus grands trésors de la langue française.

Vive la liberté.

21:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

15/03/2007

Victor Hugo, homme à femmes jusque dans le tombeau.

J'ai lu dans la notice de wikipedia que, le soir suivant la mort de Victor Hugo, les prostituées parisiennes avaient toutes travaillé gratuitement.

Cette anecdote, je l'avoue, m'avait échappé. Voilà tout de même un curieux hommage rendu à un mort. On l'eût imaginé pour Brassens, mais pour victor Hugo...

L'intéressé, il est vrai, a toujours milité contre la prostitution nécessiteuse et un remerciement était logique sur ce registre-là. Seulement, les souteneurs, eux, sont d'ardents militants de cette activité subie. Et on voit mal les filles avoir roulé gratis sans leur consentement...

Alors...

Quoiqu'il en soit, on n'a vu ça, à mon avis, pour personne d'autre.

Et on ne peut s'empêcher d'associer l'idée de ce cadeau géant à celle d'Hugo lui-même passant ses journées dans les omnibus pour courir d'une maîtresse à une autre comme il l'a fait à la fin de sa vie.

On connaît tous les détails de cette période par la minutie avec laquelle il tenait ses comptes dans des carnets de poche. On y apprend en particulier les étrennes considérables qu'il versait à certains chauffeurs d'omnibus, sur les lignes qu'il empruntait le plus souvent à heures fixes.

À lui seul, il leur versait au moins un ou deux mois de salaire supplémentaire.

C'est que ça coûte cher, de rester galant, quand on vieillit. Mais il est sûrement le seul homme pour qui ce coût ait porté d'abord sur ses frais de transport...

Ah, décidément, le génie emprunte des voies insondables.

Le seul côté positif de cette activité incessante, c'est que, comme il voyageait par les transports en commun, il côtoyait des gens de condition moyenne, voire modeste.

Et comme il aimait à cette même période des femmes souvent humbles, on peut dire qu'il pratiquait le peuple, qu'il le connaissait. Bien. De près. À fond.

C'est assez rafraîchissant, finalement, quand on considère le comportement de certains actuels prétendus porte-paroles du peuple.

Oh, mais je ne fais pas de polémique. Chacun conserve son interprétation libre.

23:15 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Écrivains de la Résistance.

Oh, je ne les connais pas tous. On pense à Éluard, Vercors, Kessel, et combien d'autres ? Qui a le sien à citer ?

21:20 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Un jour de résistance.

Après la mort de Lucie Aubrac, on a envie de faire une journée de silence.

Et cependant, le silence est ce contre quoi elle s'est battue toute sa longue vie : le silence des coupables, le silence des complices, le silence des témoins honteux.

Pour une communiste, entrer en résistance dès 1940 signifiait désobéir à un appareil pour lequel la discipline était pourtant la vertu cardinale. Pour une femme, faire de la politique dans une France dirigée par les hommes signifiait rompre des habitudes ancestrales. Elle a tout osé et n'a jamais baissé les bras pour défendre les plus faibles.

Il y a soixante ans tout juste que le Conseil national de la Résistance, dont elle était, a lancé son appel pour les principes de l'après-guerre. Et soixante ans plus tard, tout ce que sa génération avait bâti semble à refaire. À commencer par l'indépendance de la presse, aujourd'hui contrôlée par les marchands de canons comme dans les années 1930.

Il faut que les générations nouvelles s'emparent du témoin que sa main vient de laisser choir en s'ouvrant à la mort.

Le combat de Lucie Aubrac avait un nom en 1940, il en a un en 2007, et c'est le même : la liberté.

15:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lucie aubrac | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Un ministère de l'identité nationale ? Scandaleux.

Notre identité nationale, c'est la république. Elle n'a pas besoin d'un ministère : elle les a tous.

Plus que jamais, pour arrêter ce mouvement de haine et rétablir l'unité du peuple, je vote Bayrou.

11:55 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : présidentielle, udf, bayrou | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

14/03/2007

Baudelaire le boudeur.

Voici la génération d'après 1830.

Baudelaire, en 1830, n'a que neuf ans : un peu jeune pour s'embrigader dans la bataille d'Hernani.

Du reste, les mouvements collectifs, les conflits ouverts, les révolutions, tout ça n'est pas pour lui. Lui, ce qu'il veut renverser, exterminer, piétiner, déchiqueter, ce n'est ni la misère, ni les bourgeois, ni l'ordre établi, mais son beau-père, le second époux de sa mère, le célèbre général Aupick.

Là, pour cet effet, il soulèverait volontiers des hordes de sans-culottes. Mais pour le reste, Baudelaire est un homme des espaces confinés et des rêveries mordorées.

S'il déteste l'âme bourgeoise, c'est plutôt par élitisme que par générosité sociale. S'il entaille les certitudes de la moralité, c'est plutôt par perversité pure que par analyse politique.

Avec Baudelaire, le trouble de l'esprit se met à nu, les méandres nerveux de l'affect se révèlent sans dissimulation. Baudelaire est l'homme "des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs". Il rêve de repos, un "repos où mon âme était mise" ... "du rocher de cristal où, calme et solitaire, elle s'était assise", un repos visionnaire, à fleur de nerfs.

Il s'organise un intérieur hiératique dans une idée aristocratique, méprise les contingences de la matière, repousse les offres de situations rémunérées qui lui sont faites, bref, il s'enferme dans la morgue, au propre comme au figuré.

Il s'agglomère aux romantiques alors que ceux-ci s'embourgeoisent, juste après 1840. Il arrive trop tard pour capter leur sève et les découvre immenses, au sommet de toutes les gloires. Encore un "rocher de cristal", encore un piédestal au pied duquel s'asseoir.

Baudelaire est l'homme des admirations muettes, des fascinations silencieuses. Sait-il seulement parler ?

Cultivant le savoir de son défunt père, il excelle en tout cas dans la critique d'art.

On ne dira jamais assez que les grandes époques artistiques sont aussi celles des grands critiques : Sainte-Beuve en littérature, Théophile Gautier et Baudelaire en peinture.

Mais il lui manque l'énergie, la certitude, l'amour peut-être, celui qu'on reçoit et celui qu'on donne, et, après ce départ remarqué en 1842, Baudelaire ne progressera que dans son art sans parvenir à en faire une vie.

Consolons-nous : s'il ne reste de lui que son oeuvre, cette oeuvre nous réchauffe les soirs d'hiver.

Et puis, la bataille judiciaire des "Fleurs du Mal" est l'une des plus retentissantes, l'une des plus symboliques, de toute l'histoire littéraire. Et ce recueil délicatement vénéneux, tiède comme la peau, a été l'un des tout premiers bénéficiaires de la loi qui, au début de la IVe république, a permis de revenir sur d'anciennes censures pour autoriser des publications.

Baudelaire est ainsi devenu presque malgré lui l'instrument de la liberté.

21:10 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le livre électronique ?

Je signale que Livres hebdo (http://www.livrehebdo.com) présente un intéressant dossier sur le livre électronique.

09:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

12/03/2007

Zola et la révolution industrielle.

Durant de longues années, on a vu "Germinal" trôner en tête des ventes de livres réédités. Il s'en vendait des pelletées, des wagons, des montagnes.

"Germinal". L'épopée du charbon. L'épopée du siècle. L'épopée tout court, d'ailleurs, car Zola est l'un des rares auteurs français à avoir su s'élever jusqu'au stade épique.

L'oeuvre de Zola en est tout entière vibrante, les Rougon-Macquart sont l'épopée de leur époque emportée par la tourmente de la révolution industrielle : Paris remembré au sabre par Haussmann, le tourbillon de la vie courtisane, l'affairisme, la déstabilisation de la bourgeoisie de province.

Zola se voudrait en fait le continuateur décalé de Balzac, mais cherche à y employer la puissance des moyens de Victor Hugo. Jusque dans le rythme, il singe Hugo. Et dans l'esprit, il est encore plus prosaïque que Balzac.

Il n'en a pas cependant l'élégance : on ne peut pas toujours gagner sur tous les tableaux à la fois.

On connaît bien Zola le dreyfusard. On connaît moins l'autre dernier Zola, celui des "Trois villes" : Lourdes, Rome et Paris. Celui qui rêve d'une descendance des apôtres du christ. Oh bien sûr, il ne s'acquiert que peu d'amitiés dans le clergé, mais son esprit s'ouvre à des réalités que l'on n'eût pas attendues de lui.

Un Zola complexe, voilà bien le plus inattendu ! Et s'il avait atteint un plus grand stade encore d'homme libre ?

21:45 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/03/2007

Le premier Victor Hugo : l'enfant sublime.

Quand on pense à Victor Hugo, on songe à l'homme à cheveux et barbe blancs, image d'Épinal gravée dans nos mémoires et, jadis, sur nos billets de banque.

Or longtemps, Victor Hugo fut "l'enfant sublime".

L'extraordinaire précocité de l'auteur des "Misérables" s'accompagna d'ailleurs d'une virtuosité époustouflante : à quinze ans, il traduisait Virgile en alexandrins pour lesquels n'importe quel poète adulte aurait donné dix ans de sa vie.

À dix-sept, il pastichait tous ses contemporains et recomposait leurs oeuvres mieux qu'eux-mêmes. Il pastichait d'ailleurs les morts aussi, jamais avare de ses rimes.

À cette époque, sous l'influence de sa mère, il végétait dans le conservatisme et à l'ombre du trône du podagre et goutteux Louis XVIII. On peut pardonner des erreurs politiques à un gamin de dix-sept ans.

Ce fut en tout cas dans un cadre très officiel qu'il remporta le concours poétique de Toulouse, alors le mieux considéré, deux années de suite, en 1819 et 1820.

C'est là que lui naquit son surnom d'"enfant sublime".

Il provoqua cette exclamation parmi les vieux poètes, tous plus désuets les uns que les autres, qui composaient la vieille garde orpheline de l'abbé Delille, jadis roi de son art, mort en 1813.

À quel moment faut-il situer le terme de cette période "enfant sublime" ? On ne sait pas bien.

En vérité, le mariage très précoce d'Hugo bouleversa les cartes.

L'histoire est connue : Hugo, depuis des années, était amoureux d'Adèle Foucher, une voisine de milieu moyen bourgeois.

L'union déplaisait aux deux familles, on éloigna la jeune fille. Comme toujours indomptable et animé d'une volonté inflexible, Hugo se lança dans la bataille : il parcourut plusieurs dizaines de kilomètres par un temps cataclysmique pour la rejoindre.

Il y parvint. À bout d'arguments, le père demanda à son futur gendre d'obtenir un revenu qui lui permît d'entretenir convenablement son épouse s'il la lui donnait.

Galvanisé par cet objectif, Victor Hugo publia ses premières Odes, qui reçurent un triomphe critique. Aussitôt, les gratifications plurent sur le jeune fondateur du "Conservateur littéraire". Vaincu, Foucher permit le mariage, qui eut lieu en octobre 1822. Victor Hugo avait vingt ans.

Vierge jusqu'au soir de ses noces, le jeune poète fit retentir une rafale de neuf coups. Les anciens commentateurs veulent croire dans leur propre élégance quand ils disent qu'il "triompha neuf fois de sa nouvelle épouse". Triompher ? Diable ! quelle image...

Victor Hugo, ébloui, nommait cette nuit le "premier maillon de la chaîne des nuits".

Bientôt, l'enfant sublime serait père. Un enfant père ? C'était insensé. Du reste, il ne tarda guère à s'éloigner du régime, qui cessa de le qualifier de sublime.

Il n'était donc plus ni enfant, ni sublime.

Désormais, il devenait l'agaçant : un homme tout simplement.

17:45 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

10/03/2007

C'est samedi soir, un poème coquin de Malherbe.

Pas le temps d'écrire une note complète. J'ai très peu de temps en ce moment.

Malherbe, écrivain normand, est connu pour avoir fixé les règles du français classique d'une façon spectaculaire résumée par un mot célèbre :

"Enfin Malherbe vint".

Les gourmands connaissent mieux ses textes légers, qui sont empreints d'un humour acide et d'une crudité très explicite.

En voici un pour se distraire :

"C'est un étrange cas qu'en ce monde où tout passe,
Comme on voit les torrents qui s'écoulent en bas,
Si l'homme a du plaisir, il ne lui dure pas
Et tout incontinent la nature s'en lasse.

Vous me confesserez que le foutre surpasse
Tout ce qu'on peut trouver d'agréables appâts,
Même ce qui se boit au céleste repas,
Comme fait un haut mont à une plaine basse.

Toutefois remarquez : foutons et refoutons
Puis étant délassés, aussitôt remontons
Tant que la seule mort nous en ôte l'envie.

Quand nous aurions foutu quinze lustres de vie
Nous n'aurions pas foutu six semaines en tout."

Tiens ? Il me manque un vers. Si quelqu'un le retrouve...

21:45 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook