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13/06/2008

Compte de Jean Droniou 1426-28 (suite 2).

Offert par le duc le 1er janvier sur la tombe de Maître Vincent (Ferrier) un écu d’or
À Messire Jehan Huichart, chevalier, venu vers le duc à la fin de l’Épiphanie
À Jehan Gruel pour l’aider à payer sa rançon aux Anglais
À Jehan de Kermen (?) pour l’aider à payer sa rançon aux Anglais
À Jehan de la Villeblanche pour l’aider à payer sa rançon aux Anglais
À l’archidiacre du Désert de Rennes, Guillaume Grantboys, Jehan Périou, Jamet Godart et À Ma Vie le poursuivant, allant en ambassade en Normandie vers les Anglais, mandement du 10 février 1426(7).
À Mgr d’Estampes quel lu duc envoya de Ploërmel à Dinan pour y assembler gens d’armes et de trait
À Henri de Kerlouaguen pour aider à payer sa rançon aux Anglais
À Henri Knechriou de la garnison de Pontorson, pour lui aider à payer sa rançon aux Anglais
À Morice de la Noë, prêtre, venu des parties de Flandres vers le duc lui rapporter ce que son chancelier avait besogné avec le duc de Bourgogne, mandement du 28 avril 1427
À Maître Jacques Ferré, pour un bréviaire que le duc prit de lui et le donna à Mgr le comte de Montfort son fils, mandement du 25 mai 1427
Au sire de Coesquen qui était devers le comte de Varvic (Warwick) où le duc l’avait envoyé en ambassade, et lequel le duc renvoya derechef, mandement du 1er juin 1427, Jehan Périou alla avec lui
Aux chevaliers et écuyers qui furent devant la place de Pontorson, lesquels par la rendue d’icelle predirent leurs biens, mandement du 7 juin 1427
Au duc à sa main pour aumônes pendant son voyage de Basse-Bretagne, mandement du 26 juin 1427
Pour vitailler pour les gendarmes et de trait étant es côtes de Léon et Cornouaille pour garder que les Anglais n’y descendissent, mandement du 9 août 27
À Jehan de la Feillée, capitaine de Conq, pour fortifier ladite place
À l’amiral et aux gendarmes qui furent à la garde de Brest le temps durant que les Anglais y furent devant
Aux sires de Lescoulouarn et de Névet, o lesquels le duc joua à la paume à Quimper, mandement du 27 août 27
À Marie Pestivien, veuve de feu Jehan Goures Villebarré
À Jehan de Tréal, maître d’hôtel de Mgr Pierre de Bretagne
le duc à Auray à la Saint Michel
À Keranval, héraut du duc de Betford qui vint à Malestroit vers le duc lui apporter lettres, mandement du 8 décembre 1427
À Messire Guillaume Giffart qui vint aussi à Malestroit de par le connétable de France
le duc à Saint-Brieuc à la Toussaint
le duc à Tréguier, Notre-Dame du Folgoet et ailleurs
Au duc pour distribuer à Noël pour son aesge (?) selon sa coutume, 38 écus d’or, mandement du 28 décembre 1427
Mandement du 22 mai 1428, aus sires de Talbot et Descalles et autres ambassadeurs qui viendront de par le duc de Betford en ambassade vers le duc, 323 marcs d’argent, à 11 # le marc
Audit sire de Talbot que le duc lui fit payer de (..?) pour la trève  o lui prise du duc jusques au mois d’août prochain afin qu’il n’en souffrît les Anglais courir les terres des sire et dame de Laval et de Vitré, 320 écus d’or
À Pierre le Louch, écuyer du duc, pour aider à payer sa rançon aux Anglais, mandement du 22 mai 1428
À Jehan Guihou et Auffroy Guinot pour avoir été trois fois en ambassade vers les sieur et dame de Laval et de Vitré pour le bien public du pays, mandement du 23 mai 1428
Au sire de Rostrenen pour aider à payer sa rançon aux Anglais
À Mgr d’Estampes et 20 hommes d’armes et 20 de trait ordonnés par le duc à la garde du château de Cliczon (Clisson), mandement du 26 mai 28
À Raoullet le Neveu pour aller en Normandie vers les Anglais avec Mgr le chancelier, mandement du 2 juin 28
À À Ma Vie, poursuivant, pour le voyage quel a fait en France avec le chancelier, mandement du 10 juin 28
À Alain de la Forest pour aider à payer sa rançon aux Anglais
À Mgr le chancelier pour une (..?) qu’il fit entre Combour et Dol par un de ses gens allant à Paris en ambassade, mandement du 20 juin 1428
Au sire de Ploeuc et Messire Jehan de Kermellec pour mener Guillaume de Blois du Succeniou (Suscinio) à Brest, mandement du 3 juillet 28
À Messire Bertran de Montbourcher pour aider à payer sa rançon aux Anglais
À l’archidiacre du Désert de Rennes et Guillaume de Grantboys que le duc envoya au Mans en ambassade vers Talbot avec Allain Coaynon, mandement du 18 juillet 1428
À Messire Robert de Kergroezes pour aider à payer sa rançon aux Anglais
À Messire Jehan Coades (?) pour aider à payer celle de son fils
À Mgr le chancelier pour distribuer à certains poursuivants qui étaient venus de par les Anglais de Normandie avec lui, mandement du 25 juillet
À Mgr d’Estampes qui était venu vers le duc au Succeniou et alla de là avec lui à Redon et au Boisraoul
À À Ma Vie, poursuivant, pour aller à Paris vers le duc de Betford
le duc à Rennes à la Pentecôte
À un Anglais nommé Jehan le Ferreur pour qu’il se délaissât d’un cas de gage d’entre lui et Tritan Guéhennec et s’en retournât en Normandie
À Jehan Périou pour son défrais d’aller en Angleterre en ambassade vers la reine, mère du duc
À Hervé de la Forest pour lui aider à payer sa rançon aux Anglais
À Jehan de Tréal que le duc lui fit bailler pour employer à la dépense de Mgr Pierres son fils pour le renvi (?) qu’il faisait de Vannes à Auray pour lequel y avait mortalité et menaison, mandement du 23 octobre 1428
À Mgrs les comtes de Richemont et d’Estampes qui furent à la fête Saint Michel audit lieu d’Aurai devers le duc
À À Ma Vie et Riou, poursuivants du duc envoyés par lui vers le duc de Betford
À Mgr de Richemont connétable de France pour employer en soudoi de gens d’armes et de trait pour devoir mener guerre à L’Aigle et à Jehan de la Roche étant au pays de Limoges, mandement du 24 octobre 1428
À Messire Raoul le Bouteiller, capitaine de Crosay, qui vint vers le duc à Redon en ambassade de par le duc de Betford, avec Maître Cantin Masrue (?) conseiller du roi, Maître Jehan Rivel, secrétaire du roi, Jehan Jorces lieutenant de Pontorson, Cocaigne le fou, un autre fou nommé Pontaise, Messire Thomas Tipetot, mandement du 22 octobre 1428
À Guillot Kerauffray pour aider à payer sa rançon aux Anglais

Décharge du 12 novembre 1428

Le duc alla à Saint-Julien de Vouvantes accompagné de Mgr d’Estampes qui conduisait 50 hommes d’armes et 50 de trait, de Mgr le chancelier avec 10 hommes d’armes et 10 de trait, du sire de Combour avec 10 hommes d’armes et 10 de trait, de Messire Robert d’Espinay avec 30 archers, du sire de Beaumanoir avec 20 hommes d’armes et 20 de trait, de Jehan Angier avec 10 hommes d’armes, de la Manne et Olivier de Méel avec 30 hommes d’armes et 30 de trait, on envoya Michel Manchais de Craon épier le gouvernement de la garnison dudit lieu
À Philippes de Vaudry, demeurant o Mgr le connétable, lequel apposa un scellé de Mme de Guienne comment elle se consent à la donation que Mondit sieur le connétable a fait de sa terre de Parthenay à M. Pierres de Bretagne, mandement du 16 novembre 1428
À Jehan Mauneuf, secrétaire du duc
À Joyeux Aller, poursuivant du roi de Castille venu vers le duc de par son maître, mandement du 28 décembre
Au duc pour aumôner à Noël comme il a de coutume pour son aesge, 39 #

11/06/2008

Laïcité : un peu d'histoire.

J'ai été frappé, ces jours derniers, de lire sous la plume de certains de nos amis une lecture de certains aspects de la laïcité qui contredit la réalité historique de la laïcité en France, ouvrant la question de ce qui caractérise désormais le droit de croire et de ne pas croire.
 
Tahar Houhou par exemple, s'interrogeait sur la sanction pénale subie par un desservant de mosquée (un imam) parce que celui-ci avait célébré un mariage religieux alors que le mariage civil n'avait pas été célébré. Alors voici l'histoire de l'état-civil en France, qui permet de comprendre un peu mieux les enjeux juridiques et sociaux de l'affaire :
 
Au Moyen Âge, la célébration des mariages était le fait de l'Église catholique. Il n'y avait pas encore de protestants et les juifs étaient rares, voire bannis. L'aspect civil des choses ne concernait que la tranche la plus élevée de la population, qui accompagnait la cérémonie religieuse d'un contrat notarié qui prenait effet à la date du mariage religieux.
 
Le XVIe siècle a opéré sur cette réalité une véritable révolution : l'édit de Villers-Cotterêt a purement et simplement nationalisé l'état-civil en prescrivant les formes de la tenue des registres par les desservants des paroisses. C'est à partir de ce jour-là que le mariage a cessé d'être un pur contrat pour entrer dans le domaine à la fois du service public et de l'administration judiciaire : désormais, le juge de l'état des personnes n'est plus seulement celui du droit canon, comme au Moyen Âge, mais celui de l'État, le sénéchal ou président du présidial, à qui a succédé finalement le président du tribunal de grande instance (TGI), justice du roi, puis de la République.
 
Cette dépossession de l'église s'est accélérée quand Louis XIV a prescrit qu'un deuxième exemplaire des registre paroissiaux serait tenu et déposé au greffe du présidial, comme aujourd'hui à celui du TGI.
 
Enfin, la Révolution a ôté la délégation de service public dont bénéficiaient les prêtres pour confier la célébration de l'acte civil, seul reconnu par la Société, à un laïc, officier d'état-civil. J'ai été officier d'état-civil pendant six ans et j'ai célébré 647 mariages, dont une assez faible proportion était suivie par un mariage religieux.
 
L'idée est que l'individu n'est pas entièrement propriétaire de lui-même ni de sa famille. C'est au nom de la même idée que les parents peuvent être déchus de leurs droits parentaux si l'intérêt de l'enfant l'impose.
 
Comme je l'ai répété 647 fois, le mariage est d'abord, et avant tout, une institution de la Société, qui ne devrait avoir aucun rapport, de mon point de vue, avec la religion, car on ne voit guère le rôle d'un dieu dans tout ça.
 
Cependant, il a été prévu que les gens qui le souhaiteraient pourraient continuer à se marier religieusement, un mariage en stuc, à condition expresse que le vrai mariage, civil, ait été célébré antérieurement.
 
Tahar Houhou se demandait ce que la Société avait à voir avec ça et ajoutait que, de son point de vue, si les gens avaient envie de se marier religieusement, et seulement religieusement, on ne voit pas pourquoi la Société les en empêcherait. La réponse, là encore, est historique : le système qu'il préconise, celui où le mariage civil et le mariage religieux coexistent sans se superposer (le mariage religieux valant aussi pour un mariage civil), ce système, donc, existe : c'est celui qui prévaut au Royaume-Uni, un pays qui ne connaît pas la séparation des églises et de l'état.
 
Donc les choses sont claires : une vraie laïcité rend le mariage religieux superfétatoire, purement privé, inopposable en droit civil sauf scories de droit.
 
Et c'est là qu'il faut parler de la tendance la plus récente en matière matrimoniale : la recontractualisation du mariage, l'envie pour les conjoints d'expulser la Société du contrat qu'ils passent entre eux. Cette tendance est l'écho de l'érosion de l'État, son image, son autorité. Elle a ici clairement l'inconvénient de faire peser un poids nouveau sur notre modèle de laïcité, dont on découvre pourtant chaque jour qu'il a fait ses preuves.

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10/06/2008

Compte de Jean Droniou 1426-1428

Le compte de Jehan Dronyou, trésorier et receveur général depuis son derrain compte le 31 octobre 1426.

Pensions

À Mgr d’Estampes (Étampes) qui prenait sur les recettes de Nantes 2200 #
À Mme d’Estampes qui prend de pension pour ses épingles 500 # sur les receveurs de Nantes
À Mgr de Gavre qui prendra chaque mois pendant qu’il servira le duc et Mgr le comte son fils 60 #
À Mgr de Porhoet 1000 #
À l’évêque de Léon confesseur 200 #
Au sire de Châteaubrient 1200 #
Au connétable d’Écosse
Au sire de Kemeneguigamp (Guéméné-sur-Scorff)
Au sire de Rex
À Messire Pierre Eder chambellan
À Messire Guillaume l’Évesque
À Messire Jehan de Malestroit, seigneur de Kaer
À Messire Henri du Juch, chambellan
Au sire de la Feillée (Feuillée) chambellan
À Perronnelle Hardvyche (alias Aldroviche) demoiselle de Madame
À Jehan Gaudin, seigneur de Martigné-Ferchaut
À Jehan de Montauban, chambellan de Mgr le comte de Montfort
À Messire Yvon Foucaut chambellan du duc
À Frère Alain de Lespervez confesseur
À  Gillette Dananches demoiselle (?) de M. le comte

Gens d’armes et de trait payés par ce trésorier depuis le 1er novembre 1426 jusqu’en novembre 28.

À Messire Pierre Eder, capitaine des gens d’armes du corps du duc, pour 17 hommes d’armes, et Pierre Eder, son lieutenant
À Messire Jehan de Kermellec, capitaine des gendarmes du corps pour 12 hommes d’armes et Pierre de Kermellec son lieutenant
À Loys de la Vallée, lieutenant de Messire Guillaume l’Évesque, capitaine des archers du corps
À Tritan de la Lande le jeune et Jehan de la Lande
À Loys de la Vallée logeur (?)
À Messire Bertran de Tréal et Hervé de Malestroit, décembre 1426
À Guillaume Renec, l’un des archers du duc quel envoya à Saint-Jacques en Galice faire le voyage pour lui en avril 1427 entrant
À Henri le Scauff à présent capitaine des archers du corps, mai 27
À Riou le Saux homme d’armes avril 28 entrant
À Messire Henri du Chastel, lieutenant de Jehan de Kermellec, mars 1427 finissant

Chambellans

Jehan Angier
le sire de Aoudon (Oudon)
le sire de Coesquen (Coetquen)
le sire de Boczac (Bossac)
le vicomte de la Bellière
le sire de Châteauneuf
Messire Alain de Penhoet
Messire Pierre Eder
Messire Guillaume de Ploeuc
le sire de la Hunaudaye
le sire du Chastel
Messire Jehan de Kermellec
le sire de Keimmerch
le vicomte du Fou (Faou)
Messire Eustache de la Houssaye
Messire Henri du Chastel
Messire Rolland Madeuc
Messire Hervé du Juch
Messire Jehan de Langan
Messire Charles le Scauff
Jehan de Musuillac (Muzillac)
Messire Jehan de Malestroit
Messire Hervé de Malestroit
Messire Joachim de Volvire
Messire Bertran de Tréal
Tritan de la Lande le jeune
Messire Jehan de Coetevennec
Marselière (La Marzelière)
Messire Robert d’Espinay
Messire Rolland de Saint-Po (Saint-Pou)
Hervé Philippes, maître d’hôtel
Jehan le Bart, maître d’hôtel
Simon Delhoye, écuyer de chambre
Jehan Périou, id
Jehan d’Ust, id
Jehan Havart, id
Guillaume du Masle, huissier de chambre
Alain de Kermellec, id
Charles de la Villeaudren, écuyer d’écurie
Henri le Scauff, écuyer d’écurie
Jehan de la Villeaudren, écuyer d’écurie
Charles de Chamvallon, écuyer d’écurie
Jehan Rouxel, écuyer d’écurie
Guillaume le Viconte, maître de la fauconnerie
Henri le Parisi, maître de la vénerie
Tritan de la Lande, chambellan et grand maître d’hôtel du duc
Guillaume Boutier, abbé de Beaulieu, aumônier
Alain Coainon, secrétaire
Jamet Godart, secrétaire
Jamet Busson, secrétaire
Raoullet le Neveu, secrétaire
Bretran Huchet, secrétaire
Jehan Bouget, secrétaire
Guillaume Philippot, secrétaire
Guillaume Becdelièvre, secrétaire
Matelin Hervé, secrétaire
Raoullet Pasquier, secrétaire
Robert du Coespern (Garzspern) pannetier
Pierre Tromelin, bouteiller
Brient de Montfort, bouteiller
Mallou, roi d’armes
Bretagne, le héraut
À Ma Vie, poursuivant

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09/06/2008

Famille du Mescam par Missirien.

Avant de poursuivre ma publication du compte ducal de 1426, je donne ici une transcription d'une étude fournie par Guy Autret de Missirien au généalogiste royal d'Hozier. On voit assez vite que pour le XVe siècle, il faut le prendre avec prudence, tandis que pour le XVIe, époque de ses parents et grands-parents, il fourmille de détails.
 
Voici le texte, les ? indiquent des portions que je n'ai pas déchiffrées d'une façon qui me satisfasse. Ce texte est écrit de la main même de Missirien, sur du mauvais papier, et ce papier est en train de se dégrader, et d'une encre bien trop acide qui, elle aussi, ronge le papier. Il est heureux qu'on ait pu microfilmer ce document très fragile. D'un autre côté, le microfilm est illisible et j'ai dû demander à consulter l'original.
 
Curieusement, Missirien n'a pas étudié la maison du Mescam en son entier, mais seulement la branche des seigneurs de Mescaradec en Lannilis (Léon). Voici son texte :
 
Mescaradec par Guy Autret, seigneur de Missirien (Cabinet d’Hozier)

Les antiques armes de Mescaradec étaient de pourpre à trois tours sommées d’or posées en fasce. De présent, les seigneurs de Mescaradec portent le nom de Mescam et pour armes d’azur à trois têtes d’aigles arrachées d’argent, brisées en chef d’une étoile d’argent.
La terre et seigneurie de Mescaradec est située dans la paroisse de Lannilis, évêché de Léon, un puîné de la maison de Mescam en épousa l’héritière l’an 1356 et de leur mariage sortit :

Yves

- Yves du Mescam, seigneur de Mescaradec en 1400, son mariage est inconnu.

Jan

- Jan du Mescam, seigneur de Mescaradec, épousa Janne de Brésal (de gueules à six besants d’or disposés en orle) fille de Hervé, seigneur de Brésal.

Yves

- Yves du Mescam, seigneur de Mescaradec, 1436, 1440, 1450, 1460, 1480, épousa Marguerite Mazéas (d’argent à la fasce de gueules accompagnée de trois crozilles du même) de la maison de Lesmel.

Jan
Marie, accordée en mariage le mardi avant Pâques 1459 avec Hervé, fils aîné de Jan de Keraldanet (de gueules au chef endenché d’or), seigneur dudit lieu et de Rascol, de ladite Marie est issue en ligne directe la dame héritière du Rascol mariée au comte du Grandbois et de La Rochederyen.

- Jan du Mescam, seigneur de Mescaradec, 1485, 1490, 1500, épousa Marguerite de la Palue, fille d’Olivier, seigneur de la Palue (d’or au lion de sable au lambeau de gueules de trois pièces).

Alain du Mescam contracta mariage le dernier mars 1495 du vivant de son père avec Marguerite de Kerhoent, fille de Pierre de Kerhoent, seigneur de Tnouhéon, et de Louise Henry, et mourut sans enfant.
Olivier du Mescam, la postérité duquel se verra ci-après.
Christofle du Mescam, homme d’église, recteur de la paroisse d’Ergué en Cornouaille et de celle de Trefles en Léon, archidiacre et official de Léon, fit son testament l’an 1529 et mourut l’an suivant.
Françoise du Mescam, contractée en mariage le 17 août 1494 avec Jan de Coeteles (d’argent à trois roses de gueules accompagnée d’une tête de renard du même), fils de noble écuyer Guillaume, seigneur de Coeteles.
Louise du Mescam, contractée le 22 juillet 1491 avec Philippe de Touronce (de gueules au chef endenché d’or chargé de trois molettes de sable), fils de Guillaume, seigneur de Touronce et de Janne de Saint-Denis.
Magadalene du Mescam, partagée le 26 juin 1514, épousa François de Launay (d’or à l’arbre d’azur), sieur de Pentré, fils d’Yvon.

- Olivier du Mescam, seigneur de Mescaradec par le décès d’Alain son frère, vivait aux années 1520, 1530, 1540, fonda et dota une chapellenie à l’autel de Saint-Sébastien en l’église paroissiale de Lannilis, l’an 1525, il épousa Fiacre de Kerouars (Kerouartz, d’argent à la roue de sable accompagnée de trois croisettes du même), fille d’Alain, seigneur de Kerouars, et de Janne de Kerlehc (sic pour Kerlec’h).

Jan
Gillette du Mescam, contractée en mariage le pénultième novembre 1525 avec écuyer Jan de Kerozven, seigneur dudit lieu.
Janne du Mescam, partagée l’an 1525, épousa écuyer Morice de Kergroas (d’azur à la croix fleurdelysée d’argent)

- Jan du Mescam, seigneur de Mescaradec, 1550, 1557, contracta mariage le 11 mars 1535 sous l’autorité d’Olivier son père avec Catherine de Penencoet (Penancoet, fascé d’argent et d’azur de six pièces), fille de noble homme Henry de Penencoet, seigneur de Kerouale, et de Marguerite de Mesnoalet.

Yves

- Yves du Mescam, seigneur de Mescaradec, de Kerbrat et de Kerleguer 1560, 1570, épousa Louise, dame du Stangier (d’argent à une quintefeuille de sable accompagnée de trois croisettes de gueules), fille de Michel, seigneur du Stangier en l’évêché de Cornouaille, et de Guione de Kerlehc (sic).

Laurens du Mescam
Jan du Mescam, seigneur de Kerleguer, épousa demoiselle Méance d’Oixant (Heussaff, Ouessant), dame de la Villeneuve, et fut père de François, Jacques et Alain du Mescam, et d’Ysabeau, femme de Jacques Touronce, seigneur de Goulenkorz (?) et de Françoise, femme du sieur de Kerinec (?).
Jacques du Mescam, sieur de Landegarou, excellent et expérimenté capitaine de mer, épousa Anne Le Gac, et en a une fille, enfant unique, nommée Françoise.
    François du Mescam, seigneur de Kerleguer, épousa dame Gillette de Bellingant, de la maison de Kerbabu, et de leur mariage sont issus Jacques du Mescam, seigneur de Kerleguer, et Peronele et Françoise ses soeurs.
Louise du Mescam, femme de Jan Michel (d’or à une crozille - càd coquille - de gueules, écartelé d’un osangé d’argent et de sable), écuyer, sieur de Kervenni.

- Laurens du Mescam, seigneur de Mescaradec et du Stangier, 1587, 1590, 1598, épousa dame Marie le Moyne (d’argent au croissant de gueules accompagné de trois crozilles du même), de la maison de Trévigner.

Laurens
Yves du Mescam, sieur de Keramoal, a laissé des enfants.
Alain du Mescam, seigneur du Stangier, mort sans mariage.
Anne du Mescam, femme du seigneur de Penenehc (Penanéac’h) Kerlehc, fut mère d’une fille qui a épousé le seigneur de Kergrézec (?) de Kernezne.

- Laurens du Mescam, seigneur de Mescaradec et du Stangier, décédé l’an 1630, épousa dame Janne Parcevaux (d’argent à trois chevrons d’azur), dame de Lesivi, fille et unique héritière de Claude Parcevaux, seigneur de Coetdrer et de Lesivi, puîné de la maison de Mesarnou, et de Françoise du Plessix, dame de Kermenehi, ladite Françoise soeur aînée de Gillette du Plessix, dame de Missirien, femme de Claude Autret, seigneur de Leshoualhc (sic) et mère de Messire Guy Autret, seigneur de Missirien. Ladite Janne Parcevaux épousa en secondes noces Messire Jan de Guergorlay (Kergorlay, vairé d’or et de gueules), seigneur de Kersalaun, et en a laissé Charles et Jan de Guergorlay, hommes de grande espérance.

Claude
Guillaume du Mescam, seigneur du Stangier, a épousé Anne Franquet (?), sans enfant.
François du Mescam, seigneur de la Roche, homme d’église, prieur et recteur de Ploudiry, bachelier en Sorbonne, gentilhomme très accompli et l’ami du coeur.
Françoise du Mescam, religieuse ursuline à Saint-Paul (Saint-Pol) de Léon.
Thérèse du Mescam épousa l’an 1649 Messire Hervé de Penhoadic, sieur de Lavallot et de Kerdanet, a des enfants.

- Messire Claude du Mescam, à présent seigneur de Mescaradec, de Lesivi, etc. (sic), né à Mescaradec l’an 1621, épousa l’an 1640 dame Marie Gourio (de gueules à deux haches d’armes adossées d’argent, au chef d’or), fille aînée de Messire Louis Gourio, seigneur de Lesereur et du Rouale, et de Claude de Penmarhc, de ce mariage ne restent que deux filles :

Catherine, née l’an 1644
Claude, née l’an 1649.
 

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07/06/2008

Compte de Jean Droniou 1424-26 (suite 4 et fin).

Après avoir longuement examiné la question et constaté que, alors que dans l'édition de 1707 des Preuves de Dom Morice, le compte était publié (un court extrait, en fait) avec sa datation 1413(4)-1426, dans l'édition de 1744, cette datation était corrigée en 1423(4)-1426, remettant en cause le titre de la transcription intégrale par deux mains différentes (et à chaque fois intégrale) qui précisait en toutes lettres, à chaque fois "mil quatre cents treze", que par ailleurs, les événements contenus dans le compte ne peuvent prétendre refléter la totalité de la période 1414-1426, j'ai décidé de corriger le titre de cette publication en adoptant la datation de l'édition de 1744, jusqu'à preuve d'erreur éventuelle. Voici donc la suite et fin du document, qui sera suivie par la publication du compte suivant de Jean Droniou, dont une autre part a été publiée par Dom Morice également, et qui commence fin 1426.
 
À Jehan de la Garde pour quatre diamants que Monseigneur donna à Mme de Rohan, à MM. et dame de Porhoet et à la femme Jehan Mauléon 45 écus d’or
Audit Jacob pour une pièce de veloursur velours broché d’or que Monseigneur donna au sire de la Feillée (Feuillée) 80 écus
Au mvet (?) de M. de Porhoet du don de Monseigneur 20 #
À Jehan de Ust pour employer aux choses secrètes de Monseigneur 3 écus d’or
À Dom Guillaume le Long 2 écus d’or
À l’abbé de Kemperlé 200 écus d’or
À Henry de Cornoaille du don de Monseigneur 100 #
À Pierres le Rebours, écuyer tranchant de Mondit seigneur, au prix de 12 # par mois
À Jehan Rouxel du don de Monseigneur 12 #
À Messire Charles de Rohan, chambellan de Mondit seigneur, tant de don que pour gages 120 #
Aux Carmes du Bondon 10 #
À Jehan de la Lande, fils de Tritan de la Lande, de don 10 #
À Jehan de Ust, tant pour aumônes que gages 40 #
À plusieurs églises, Notre-Dame du Boton, Notre-Dame du Méné, Maître Vincent (Ferrier), à Saint-Julien, à Saint Yves, à Saint François, à Saint Evé, à Saint Tugdual, à Saint Yves de Lantréguier, offrandes et messes
À Guillaume du Malle et Beauventre que Monseigneur envoya en certains lieux 6 # 10 s
À Mondit seigneur à sa main et qu’il donna aux petits choeureux de Saint-Pierres de Rennes qui avaient chanté devant lui plusieurs fois 20 s
À Tristan de la Lande le jeune de don 30 #
À Robert Eder et Jehan de Belouan, de don 20 #
À Jehan Rouzel 12 #
À Perrinet Dues 10 #
À deux chevaliers de Portugal du don de Monseigneur pour les aider à passer la mer pour aller en Flandres 20 #
À l”archidiacre de Rennes pour un cheval que Monseigneur donna à Bertrand de Boaisriou (Boisriou) pour aller demeurer en frontière à Saint-Aubin du Cormier 100 écus d’or
À Pierres du Pan, lequel fut prisonnier aux Anglais, du don de Monseigneur pour aider à payer sa rançon 60 écus d’or
Au sire de Kéménéguégant, du don de Monseigneur 2 tonneaux de vin de Lieppe
À Charles du Dresnay, lequel Monseigneur envoya autrefois en cour de Rome 160 écus d’or
À Hervé de Kerardiz, écuyer de Mondit seigneur pour un cheval 50 #
À Bertrand le Vicomte pour taux 30 #
À Jehan Angier, chambellan de Mondit seigneur, 2 tonneaux vin de Lieppe
À Messire Eustache de la Houssaye pour taux 60 #
À Jacob du Fou (Faou) pour un cheval 40 écus d’or
À Messire Jehan Brébant pour un voyage à Angers 20 #
À Jehan Guérin, conseiller de Mondit seigneur, pour une haquenée donnée à son maréchal 70 #
Au sire de Coesquen (Coetquen) pour une haquenée par Monseigneur prise de lui, donnée à Monseigneur d’Étampes son frère 80 écus
À Messire Henry du Juch 36 #
À Messire Éon Foucault, seigneur de Lescolouarn, capitaine de Concq, pour partie de rémunération des frais de voyage devant Saint-James de Bouveron 200 #
À Guillaume Guyart pour un cheval 20 #
À plusieurs églises
À deux corps saints étant dans ladite église de Saint-Brieuc 2 écus d’or
À À ma Vie, poursuiveur de Mondit seigneur pour son défrais d’aller en Normandie devers le comte de Suffolk, porter lettres de Monseigneur 20 #
Aux sires de Rieux et de Mollac qui furent tauxés  pour litige entre eux, chacun de 35 (?) #
À Messire Jehan de Penhoet, amiral de Bretagne, par lettres de don du 12 juin 1426, 600 #
Au sire de Kermauan, capitaine de Brest, pour certains gendarmes qu’il mit en garnison audit château et forteresse quand il partit à venir au siège de Saint-James de Beuveron 100 #
Au sire du Fauoet pour taux 60 #
À Guillaume Kergoet naguère prisonnier des Anglais pour aider à payer sa rançon 60 #
À Monseigneur par Symon Deloye pour messes et offrandes tant pour lui que ses enfants 8 # 10 s
À Mondit seigneur quel envoya à Saint-Herbault pour messes et offrandes pour la reine sa fille 5 # 4 s
À Monsieur pour ses écuyers lesquels il avait perdus au jeu de la paume 6 #
À Guillaume Villeaunoys (?) archer de Mondit seigneur, pour ses  gages du mois de juin 1426, 50  s
À Jehan de Kerguessec qui lui avait baillé un rug(...?) et deux faisans 2 écus d’or
À Jehan Marheuc envoyé en Goellou porter lettres à Messire Alain de Penhoet touchant la jacquerie 40 s
À Jehan le Roy pour ses gages 100 s
À Dom Rolland André 100 s
À Monseigneur le comte de Montfort par Gillette 10 #
À Rolland de Lannyon du don de Monseigneur 100 s
Au chapelain de Mme d’Alanczon (Alençon) 60 s
À Guillaume Becdelièvre pour un cheval pris de lui par Monseigneur, donné à son écuyer d’écurie Savary de Forest pour récompensation d’un voyage où il avait été en ambassade devers le roi 60 #
À Monseigneur Pierres de Bretagne pour ses aumônes et messes
À Monseigneur le comte de Montfort auquel Monseigneur a ordonné dix écus d’or par mois pour mettre en son trésor 70 écus d’or
À l’amiral, Messire Jehan de Kermellec et plusieurs autres pour être allés en Goellou sur les jacques qui se voulaient mettre sus
À Jehan de Kerhoent et Allain de Kerazret pour mettre sus certain nombre de vaisseaux pour cuider prendre l’ambassade d’Olivier de Bloys qui allait en Angleterre
À Perrot Bourdin pour 4 aunes et demi d’écrlate délivrées du don de Monseigneur à Jehan Angier et Pierres Eder pour faire à chacun sa robe 27 écus d’or
À Maître Yves le Barbu envoyé en cour de Rome 100 #
À Thomas Boutier pour taux 60 #
À Pierres du Rochier pour taux 11 #
À Jehan Daniellou pour un cheval pris par Monseigneur donné à son filleul et valet de chambre Jehan de Vennes 50 #
Au vicomte de Rohan qui prend de pension par an de Mondit seigneur 1 000 Livres pour 5 ans, 5 000 #
À Messire Jehan de Chevery pour voyages pour Mondit seigneur 1423, 500 #
À Maître Guillaume Eder à valoir en l’amende Maître Jehan de Coettannezre 40 #
À Jehan Mauléon trésorier de l’épargne de Monseigneur 400 écus d’or
Au trésorier pour ses gages à cause dudit office à 300 # par an, 900 #
Item a payé à Maître Jacques de Hongrie, scolastique de Tréguier, pour employer à parfaire de couvrir d’argent la tombe Mondit seigneur Saint Yves, outre et par-dessus etc (sic) en tout 200 marcs d’argent
À Messire Tanguy de Kermauan, capitaine de Brest, pour ses gages de cinq mois finis le 18 juin 1424 avec des gens d’armes et archers qu’il y doit tenir à raison de 1 000 Livres par an
À Messire Hervé du Juch, chevalier et chambellan à 10 # par mois
À Messire Guillaume sieur de Ploeuc, chambellan à 12 #
À Bertrand de Montbourcher, chambellan à 10 #
Au sire de Kaer semblablement à 12 #

fin

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03/06/2008

Compte de Jean Droniou 1414-26 (suite 2).

De Pierres Coaybon receveur des taux et amendes de Bretagne
Du rachat de feu Guillaume de Rosmadec, sire de Tivarlen, qui décéda au siège de Beuveron (Saint-James de Beuvron) le 8e jour de mars l’an 1425(6), qu’il a finé avec Jehanne de Lespervez, femme dudit défunt, sauf à rabattre le droit d’elle et de la femme de Messire Jehan de Rosmadec père dudit défunt, et la moitié de quoi Monsieur lui a fait grâce
Du rachat de feu Messire ... (sic) de Keymerch qui décéda au mois de juillet 1426, qu’il a finé avec Jehanne de la Feillée (Feuillée), femme du défunt, tutrice et garde de Charles son fils, sauf à rabattre le droit de la douairière

Somme toute des charges par or, 11 600 écus et tiers d’écu et 15 moutonnets d’or, 110 082 Livres 6 sous, gros de 20 deniers et 5 deniers, 5 521 Livres 13 sous 8 deniers, 114 marcs d’argent, 8 400 livres de cire, 4 tonneaux de vin de Lieppe, 180 livres de sauveté (?), 149 livres de cordes (?), 203 N(?) de verre (?), 4 livres de gingembre, 6 pipes de miel, 1 pipe d’huile, 1 mortier de cuivre, 22 tonneaux froment, 2 tonneaux seigle, 33 boisseaux d’avoine

Des charges

À Auffroy Guinot argentier et pourvoyeur de l’hôtel de Mondit seigneur, (plusieurs articles, note le transcripteur sans plus de détail)
À Jehan Bouget naguère pourvoyeur de l’hôtel de Mondit seigneur
À Pierres Filloche pourvoyeur général
À Allain de la Villethébault maître d’hôtel de Monseigneur le comte de Montfort
À Jehan Fournier, argentier de Mondit seigneur le comte
À Jehan le Gaut, bouteiller de Mondit seigneur le comte

(en marge : maison de M. Pierres de Bretagne :)

À Guyon de la Chapelle, seigneur de Mollac, pour la dépense de Monseigneur Pierres de Bretagne
Audit sire de Mollac
À Jehan de Tréal, maître d’hôtel de Mondit seigneur Pierres pour ses gages à 60 # par an
À Rolland de Carné écuyer à 40 # par an
À Jehan Choques bouteiller et pannetier à 25 # par an
À Jehan Philippes, valet de chambre à 15 # par an
À Guillaume Trémélo queux de Mondit seigneur à 25 # par an
À Chatherine, lavandière de Mondit seigneur à 10 # par an
À Jehanne Le Lay, femme dudit Rolland de Carné, à 60 # par an

(en marge : officiers du duc :)

À Jehan Chauvin président de la chambre des comptes à 200 # par an de gages
À Charles de Lespervez, auditeur de ladite chambre à 200 # par an
À Jehan Guybon de la Pippelaye semblablement auditeur à 120 # par an
À Jehan Mainfeny, clerc de ladite chambre à 100 # par an
À Jehan Luzel autre clerc au lieu de feu Jehan du Boays à 100 # par an
À Maître Jehan Rabaill, clerc et serviteur de ladite chambre à 20 # par an

À Yvon de Kerouzéré président de Bretagne à 200 # par an
À Jehan de Bennerven, procureur général de Basse-Bretagne à 100 # par an
À Maître Jehan Doguet, procureur général de Bretagne Gallo à 100 # par an
À Maître Guillaume Eder, conseiller au prix de 200 # par an
À Maître Pierre Piédru chantre et chanoine de Nantes, trésorier et garde des lettres et chartes Mondit seigneur à 100 # par an
À Guillaume Grandbois, conseiller de Mondit seigneur à 60 # par an
À Frère Guillaume Alles, prieur de la Selle et conseiller de Mondit seigneur à 120 # par an
À Briend le Bef (le Boeuf), secrétaire de Mme la duchesse

Chapelle :

À Jehan Tromelin, prieur de la chapelle de Mondit seigneur 70 # par an
À Messire Robert Marescot chapelain et doyen de la chapelle de Mondit seigneur à 120 # par an
À Maître Allain le Flo, doyen depuis le décès dudit Marescot
À Messire Guillaume Salmont chapelain à 100 # par an
À Messires Gilles Bouvel et Guillaume Binet, chapelains à mêmes gages
À Messires André Dain, Raoul Sebrie, Robin Serré (?), Alain Symon, Jacques de Branferreuc et Jehan Cochet, chapelains de ladite chapelle à 80 # par an chacun
À Messire Pierre Le Roux, chapelain à 92 #
À Robin Béguyneau, clerc de ladite chapelle à 70 # de gages
À Jordan Hannier et Geffroy Moysan, clercs de ladite chapelle à 20 #
À Messire Jehan Daumeré, chapelain à 80 #
À Messire Jehan Brébant, chapelain teneur à 100 #
À Messire Jehan Sebren, teneur et chapelain à 80 #
À Messire Guillaume Le Long, chapelain à 40 #
À Dom James Guérin chapelain à 40 #
À Dom Guillaume le Bigot chapelain à 40 #
À Colin Guezenec et Thomas de Poulmanach clercs et sommeliers de ladite chapelle à 40 # chacun

Vénerie et fauconnerie :

À Jehan de Coeteveneuc, écuyer d’écurie et maître de la fauconnerie de Mondit seigneur à 200 # par an
À Guillaume le Vicomte à présent maître de la fauconnerie à 120 # par an
À Messire Henry de Parisy, maître de la vénerie à 340 # par an
À Jehan Angier, chambellan de Mondit seigneur à 150 # par an
À Messire Alain de Penhoet, chambellan à 150 #
À Messire Guillaume de Ploeuc, chambellan à 150 #
Au sire de Rostrenan (Rostrenen), chambellan à 150 #
À Pierres de Baugé, conseiller de Mondit seigneur à 100 # par an outre les gages de sa sénéchaussée
À Pierres Loret, conseiller de Mondit seigneur à 100 # outre les gages de sa sénéchaussée de Broérec
À Hervé le Ny, conseiller de Mondit seigneur à 100 # outre les gages de la sénéchaussée de Cornouaille

 

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01/06/2008

Compte de Jean Droniou 1414-26 (suite).

Voici la suite du compte :
 
...
De Jehan Trougal bailleur des brefs (brevets, passeports)

De Jehan Garlicot receveur de Mourlaix (Morlaix)
De lui à valoir sur le rachat de dame Jehanne du Plessix, dame de Trémédern, et de feu Charles son fils par la main du sire de Kaer 150 #

De Jacquet Estienne receveur de Lannyon (Lannion)
De lui par Messire Jehan de Lannyon 1424
De Jehan du Botdeliau depuis receveur dudit lieu
De  Jacquet Estienne à présent receveur

De Henry Trégontlech receveur de la Roche-Derian (La Roche-Derrien)
De Rolland l’Arbalestrier receveur des pêcheurs de congres

De Guillemet le Limager receveur de Painpoul (Paimpol)
De Jehan Poences autrefois receveur dudit lieu
À Jehan de Kerouzéré pour la pension lui ordonnée sur les terres de Goello l’an 1420

De Éon du Bois receveur de Guingamp
De lui par Messire Jehan de Kermellec
De lui par Jehan Colin maître des monnaies de Rennes
De Rollant Pinart à présent receveur dudit lieu

De Rolland de Knecriou qui avait été receveur de Chasteaulin sur Trieu et de La Roche-Derien

De Deryan Lannorgant receveur de Cesson
De lui par Raoullet le Nevou
De lui par Charles du Dresnay
De lui par Messire Rolland de Saint-Pou
De lui par Geffroy le Breton

De Jehan Mansel, receveur de Moncontour

De Rolland Balliczon (Ballisson) receveur de Lamballe
De lui par Becdelièvre
De lui par Jacquet de Hongrie

De Jehan Sevestre receveur de Dinan
De lui par Jehan Mainfeny
De lui par Jehan Garin
De lui par Messire Rolland de Saint-Pou
De lui par Nicolas dou Jardrin
De lui par le sires de Coesquen (Coetquen)

De Michel le Breton receveur de Rennes
De lui par Pierres de Baulon et Jehan le Sénéchal

De Guillaume l’Escuier receveur de Ploërmel

De Thomas Moreau, receveur de Nantes
De lui par Maître Jehan Babouin
De lui par Jehan de Henboes trésorier de M. d’Étampes
De lui par Guillaume James
De lui par les héritiers Messire Gilles d’Elbiest (alias Lesbiest)
De Nicolas d’Ayvar receveur du port de Nantes

d’Ernault Daniel receveur de Guérande
De lui par les Jacobins dudit lieu
De Michel le Breton fermier de la traite des bêtes viles (?)

D’Éon le Brigant pour la monnaie de Vennes

De Jehan Colin pour la monnaie de Rennes

De Perrin Léon et Jehan Varades maîtres des monnaies de Bretagne

De Pierre Morel pour la monnaie de Fougères
De Jehan de la Bintinaye, receveur des finances ordonnées être levées sur les avocats, notaires et changeurs des évêchés de Rennes, Nantes, Dol et Saint-Malo
De l’évêché de Vennes (...) avocats, de Maître Jehan Reuys de Musillac, 4 écus
De Jehan Evenart (...)
D’Olivier de la Landelle
De Raoul du Boisguéheneuc
De Robert Bourges
Pierre le Saux d’Auray
Jehan Guyemarhou
notaires, d’Éon Bonenfant, 2 écus
Allain de Talhoet
Alain Laouénan
Jehan Gauvaign
Derian Guillerm
De Jehan de Tréanna pour les avocats et notaires de Cornouaille
D’Éon du Bois pour les avocats et notaires de Tréguier et Saint-Brieuc
De Rolland de Lesongar, Jehan de Keranguen et Thébaud de Lesivy, fermiers des sécheries de Cornouaille
De Henry de Tréanna et Jucquel Autret fermiers des sécheries de Pont-l’Abbé
Des taux des assignances de l’an 1419 faits et appurés par Yvon de Kerouzéré président de Bretagne
Du guet de Moncontour dont ce trésorier devait recevoir 400 #, n’en a rien pu recevoir parce que Messires Rolland Madeuc, Rolland de Saint-Pou, les ont reçus et ne les a pu contraindre
Pour la composition faite avec les hoirs de feu Messire Guillaume Godelin (Goudelin) qui est 400 écus
De Jehan l’Abbé autrefois receveur de Vennes
De Jehan Mériadec autrefois receveur de Morlaix
... 

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31/05/2008

Compte de Jean Droniou 1414-26.

Je débute ici la publication de la transcription du compte du trésorier de Bretagne Jean Droniou, tel qu'il est copié à la BNF. Dom Morice a donné dans ses "Preuves" de très larges extraits de ce texte. 
 
Pris sur BNF Fr 8267 :

Extrait

Le compte de Jehan Droniou trésorier et receveur général de Bretagne, des recettes et mises par lui faites à cause dudit office et temps d’entre le 14e jour d’avril l’an 1413 finissant (note : donc 1413(4)), jusques au premier jour de novembre l’an 1426.

Recettes

De Geffroy de Bruc receveur de Redon 36 # 13 s
De Thomas Thehel receveur de l’Isle 100 #
De Guillaume de Beisit receveur de Mesuillac (Muzillac) 100 #

De Éonnet Bourdin receveur de Vennes (Vannes)
De lui par l’abbé de Saint-Mahé (Saint-Mathieu) 45#
De lui par Bertrand de Dinan 152 Marcs d’argent
De Jehan D(tache)ar receveur de Rhuys 200 #

De Jehan Guiomarchou receveur d’Auray
De lui par Jehan de Coetevennec 100 #
De lui par Jehan de Trémédern 80 #
De lui par Messire Pierre Eder 170 #

De Henry Tangui receveur de Queberoen (Quiberon)

De Guion Euzenou autrefois receveur de Laustenc (Nostang)
De lui par Rolland de Lannouan
De Henry le Bahunou à présent receveur dudit lieu
De lui par Jehan Leheuc

De Henry de Chieffdeboais (Chefdubois) receveur de Henbont (Hennebond)
De lui par la main de M. de Kemeneguégant  (Guéméné-sur-Scorff) 200 #
De lui par les mains de chacun et de Maincuff
De Jehan du Bot receveur de Henbont par la main de Jehan du Val 100 #
Dudit Henry par Messire Yvon du Val 100 #
De lui par Auffroy Guinot argentier
De Alfons de Mancilles marchand des parties d’Espagne, pour certaine composition faite entre Monseigneur et lui pour une nef nommée la (blanc) de Portugal qui était entrée au havre de Henbont chargée de marchandises pour et à ce que Monseigneur les assurât et les laissât vendre, et avérer lesdites marchandises, tant audit lieu que ailleurs en son pays, où ils voulussent lui et les autres marchands y étant, pourvu qu’ils payassent les coutumes, pour ladite composition 100 écus d’or
De lui par Messire Henry de Parisy 70 #
De lui par le sire de Kemeneguégant 240 #

De Jehan Garlot (ou Goarlot) receveur de Kemperellé (Quimperlé)
De Charles du Vieil Chastel (Vieux-Chastel) à présent receveur dudit lieu
De lui par les Jacobins de Kemperellé
De lui par Henry de Cornoaille (Cornouaille)
De lui par Messire Jehan de Coetevennec chevalier

De Guillaume Morillon receveur de Concq (Concarneau)
De Yvon de la Bruyère receveur dudit lieu

De Jehan de Tréanna receveur de Quimpercorentin (Quimper)
De lui par le procureur du Chapitre 700 # ; par Messire Henry du Juch pour un quartier de ses gages 40 # ; par le Digoeder pour son mariage 100 # : pour le sire de Tyovarlan (Tyvarlen) à valoir sur sa pension 30 # ; à Catherine (blanc) 530 #
De Jehan Guillote receveur du Pont-l’Abbé
De Henry de Tréanna et Jucquel Aultret (Autret) sur leur ferme des sécheries 436 écus d’or
De Hervé Gauvaign (Gauvain) receveur de Pont-l’Abbé 101 moutons

De Jucquel Aultret receveur de Pontecroix (Pont-Croix)
De lui par Messire Henrydu Juch    1425
De lui par Messire Hervé du Juch 1426

De Yvon Toupin receveur de Huelgoet (Huelgoat)
De Hervé du Périer autrefois receveur dudit lieu

D’Olivier Toulbodo receveur de Gourreyn (Gourin)

De Jehan de Launay receveur de Chasteaulin (Châteaulin)
De lui par Olivier Huon
De lui par Jacob du Fou (Faou)

De Henry le Bigot receveur de Karahès (Carhaix) et de la forêt de Beaufou
De lui par Olivier de Keretlenyou
De lui par Messire Jehan de Kermellec
De lui par le sire de Ploeuc

De Charles du Vieil-Chastel receveur de Duaut
De lui par le sire de Ploesquelleuc (Plusquellec)

De Hervé le Maucazre receveur de Brest
De lui par Jehan de Castinguague
Ce receveur est chargé selon les mandements qu’il bailla au sire de Molac pour la dépense de Monseigneur Pierres de Bretagne, par quittances du 8e mars 1423(4) et du 6 mai 1424, 491 #

De Guyon Denys, receveur de Lesneven 1423
De Éon l’Abbé receveur dudit lieu 1424
De Henry le Bailliff receveur dudit lieu 1425
De lui par Messire Prigent de Coetmenech
De lui par Messire Morice de Ploesquellec

Item se charge de 325 milliers de fer, quel nombre de fers (provenant d’u bris en Léon (note : en 1424)) fut vendu par ce trésorier à Pierres de Kercoent (Kerhoent), Jehan de la Haye, Hervé du Chastel, Jehan le Bailliff, Hervé le Maucazre et Jehan de Kercoent au prix de 7 écus le millier
Et touchant le corps de la nef avec ses bateau, armes, câbles, mât, vergues, cordages et autres choses, ce trésorier avait commencé à les vendre et pour que Monseigneur le duc les donna à M. de Rohan par lettres du... jour de ... 1425, ne s’en charge

De Guillaume Henry, receveur de Saint-Paul de Léon
De Allain le Goff présent receveur dudit lieu
De Maître Jehan Coetquiz vicaire de Léon

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28/05/2008

Le président devant l'Assemblée Nationale ? Louis XVI l'a fait...

... et ça s'est mal terminé pour lui.
 
 
 
On voit bien que la démocratie a commencé en France le jour où le roi a cessé de paraître devant les élus de la nation, c'est très net sur ces images. Comme d'habitude, le projet inconscient de Sarkozy est le rétablissement de l'Ancien Régime. Ce n'est pas acceptable. 

10/05/2008

Un Napoléon pour défaire l'Allemagne, un autre pour la refaire (malgré lui).

Le 10 mai, pour une longue génération, avant mai 1968, avant mai 1981, ce fut mai 1940, le déclenchement de la campagne de France, la manoeuvre hardie dans les Ardennes, l'échec des troupes françaises en soutien de la ligne Maginot. Pourquoi ne pas reparler de l'Allemagne ?
 
Napoléon, en 1806, commit peut-être une erreur historique. Il paraît que c'est la thèse de Maurras : de la destruction de la vieille Allemagne est venu Bismarck, puis la première guerre mondiale, et enfin tout l'engrenage qui a conduit l'Europe au bout de la monstruosité suicidaire.
 
Il est rare que j'approuve Maurras, mais sur ce point, je pense globalement comme lui : en détruisant le vieux Saint-Empire hérité de Charlemagne, Napoléon a ouvert ce qui est devenu l'affaire centrale du XIXe siècle : la question allemande. Bien sûr, c'était le projet de la Révolution française, le projet républicain par excellence, la destruction de l'empire ; mais cela se faisait alors même que la république française venait de se doter d'un empereur...
 
En tout cas, la légimité séculaire d'une organisation de la poussière institutionnelle des États allemands avait disparu, il fallait la remplacer par autre chose, c'était la question allemande. 
 
Et la question allemande a hanté le XIXe siècle : petite Allemagne ou grande Allemagne ? Allemagne prussienne (petite) ? ou Allemagne autrichienne (grande) ? À cette première question, c'est l'erreur d'un autre empereur qui a répondu malgré lui : en perdant la ridicule et absurde guerre de 1870, Napoléon III a permis à la Prusse de réaliser son projet de petite (pas si petite d'ailleurs) Allemagne.
 
Mais la question allemande n'était pas réglée pour autant : la frontière rhénane n'avait pas été respectée, faute de Bismarck à son tour, et, à l'Est, tout demeurait mouvant, et puis l'unité restait fragile et imparfaite. La guerre de 1914-18 fut encore une conséquence de cette lancinante suspension de la question allemande. Et dans une certaine mesure, Hitler, l'Autrichien devenu chef de la petite Allemagne prussienne, en réalisant l'Anschluss en 1938 a pour la première fois (mais pour quelques années seulement) matérialisé le projet de la grande Allemagne autrichienne.
 
Et ensuite, il y eut deux Allemagne, l'une pour les Russes, l'autre pour les Américains et notre amie dans l'Europe.
 
Et enfin, en 1989, avec la chute du Mur, puis la réunification, la question allemande a été réglée. De 1806 à 1989, il aura fallu près de deux siècles pour cette solution. 

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06/05/2008

Il y a cinquante ans : mai 1958.

En organisant le vote ultime de la loi sur les OGM le 13 mai, le gouvernement a choisi de toute évidence un texte suffisamment polémique et visible pour jeter un rideau de fumée sur la question qui n'aurait pas manqué de se poser ce jour-là, pour le cinquantième anniversaire de mai 1958 : 1958 fut-il un coup d'état ?
 
Dans le petit bureau que je partageais avec lui dans la mairie du XVIe arrondissement, le vieux préfet Bolotte en parlait parfois. Il avait été secrétaire général de la préfecture d'Alger pendant cette période, pendant la bataille d'Alger et les événements de mai 1958. C'est lui-même, disait-il, qui avait adressé au directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur de l'époque la liste des personnalités qu'il fallait faire arrêter pour déjouer le complot que, d'Alger, on avait dévoilé.
 
Le directeur de cabinet en question se nommait Michel Poniatowski, il fut lui-même plus tard ministre de l'Intérieur (que l'on surnommait, d'après Goasguen, le "flingueur" à ce poste, mais ceci est une autre histoire, comme on dit).
 
Bref, Poniatowski, dans la nuit de mai 1958, dérangea le préfet de police en personne et dans son lit. Il lui remit la liste en mains propres. On ne pouvait faire plus confidentiel. Un bon préfet de police sait alors (surtout à cette époque de guerre où l'on plaçait facilement les gens "à la sûreté", pour un oui ou pour un non) faire soustraire ce genre de personnages sans bruit et sans fuite.
 
On attendit cependant le matin pour les cueillir.
 
Et bien entendu, au matin, les oiseaux s'étaient tous envolés.
 
Bolotte, agacé encore quarante ans plus tard (il y a dix ans de ça), grommelait que ce n'était pas la faute de Poniatowski. Il désignait le préfet. Or ce préfet sans lequel, selon lui, toute l'affaire de mai 1958 n'aurait pu réussir puisqu'il avait permis aux comploteurs de se sauver, c'était ... Maurice Papon.
 
Hum.
 
Laurent Joffrin a fait une très bonne émission pour France 5 voici deux ou trois ans, pour tenter d'éclaircir l'affaire du 13 mai 1958. Il concluait au complot, qu'on ne peut désigner autrement que par le nom d'un coup d'état (qui n'était pas encore "permanent" selon l'expression ultérieure de Mitterrand), mais son analyse sur le rôle joué par de Gaulle lui-même était pleine de nuances et d'intelligence, puisqu'il est apparu clairement que de Gaulle n'avait ni dirigé ni même commandité les événements qui avaient abouti à son retour au pouvoir et qui sont en quelque sorte le péché originel de la Ve république.
 
Il m'a paru utile de faire escale dans cet autre mois de mai en 8. Pourquoi ? Parce que, de mon point de vue, 1958 constitue une césure bien plus profonde dans notre histoire contemporaine que 1968. La séquence 1957-1960 constitue le point d'orgue, l'aboutissement, d'un mouvement qui a mis fin à huit mille ans de notre histoire. C'est la dernière grande vague d'exode rural, le moment à partir duquel la sève qui monte dans l'arbre France n'est plus paysanne. Les paysans vivent encore, leur société demeure, en apparence intacte, mais en fait déjà morte, puisqu'elle ne se reproduit plus chez elle, qu'elle n'aura pas de successeurs. Et se met en place le spectacle d'une paysannerie de vieux que j'ai connue encore active dans les années 1970-80, et qui, à son tour, s'éteint en ce moment.
 
Dans cette période aussi, les combattants de la Grande Guerre, qui s'était achevée quarante ans plus tôt, commencèrent à partir à la retraite, ils cessèrent de former les gros bataillons de la population active salariée.
 
Et puis en 1957, Sacha Guitry, qui avait connu tous les grands artistes de Paris quand Paris était ... Paris, Guitry donc s'éteignit aussi, comme un symbole, un vestige. Et toujours dans ce même esprit d'un temps révolu, comme 1900 mourait, comme 1914 partait à la retraite, c'était tout le XIXe siècle qui se trouvait terminé d'un coup par l'extinction (symbolique elle aussi) de la question des nationalités dans le traité de Rome instituant la communauté européenne.
 
Et puis 1958, ou 1957-60, c'est le moment où tous les chenapans de 1968 entraient au lycée. Leur culture, patiemment, montait un à un les degrès vers l'âge adulte et vers cette prise de pouvoir tonitruante qu'ils ont faite en se décrétant maoïstes.
 
Maoïstes ?
 
Maintenant, du fond de leurs fauteuils ils signent des pétitions pour la liberté du Tibet...
 
Il ne leur reste donc rien de leur maoïsme ?
 
Mais si : la bicyclette, le Vélib' ! 

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06/03/2008

Chevaliers et écuyers de la garde du château de Brest en 1420.

Il s'agit d'un document conservé dans le trésor des chartes de Bretagne, à Nantes. Les circonstances sont ce que l'on nomme l'"attentat de Chantoceaux", le rapt du duc de Bretagne par ses cousins de Penthièvre. La duchesse et les principaux dignitaires du duché organisent l'armée qui va libérer le duc et investir un certain nombre de forteresses, dont Brest.
 
Il est intéressant de lire cette liste en constatant que les contingents y sont répartis, comme toujours, en fonction du chef de file et l'implantation géographique des écuyers qui accompagnent leurs chefs est de grande instruction.
 
Voici le document : 
 
"Je Yvon de Kerozéré président de Bretagne et commis de par ma souveraine dame Mme la duchesse quant à fin de voir la montre de quarante hommes d’armes ordonnés de par Madite dame être à la tuition et défense du château de Brest en la compagnie de Messires Jehan de Rosmadeuc et Guillaume de Launay chevaliers, savoir est o chacun d’eux vingt hommes d’armes selon que plus à plein est contenu ès lettres de Madite dame sur ce et à moi adressée, certifie et relate par ces présentes que le 24e jour de mars derrain me transporte audit château et forteresse de Brest auquel lieu se sont montrés par devant moi lesdits chevaliers et en leur compagnie :

(ndht : quota de Jehan de Rosmadec)
Messire Olivier de Kermarzin, chevalier
le sire de Hirguarz
le sire du Rible
Rolland Kerdren
Guillaume de Rosmadeuc
Thomas Hirguarz
Jehan Levenez
Olivier Rosnivinen
Hervé Kerberffez
Tanguy Penancoet
Guillaume du Vieuxchastel
Guillaume Pentraez
Geffray du Rible
Daniel le Sénéchal
YvonPensané
Richart Mol
Bernart le Voyr
Olivier Coetaudon
Rollant Kerléau
et Bernart Brenalen

(ndht : quota de Guillaume de Launay)
Yvon de Saint-Goeznou
Morice Campir
Hervé le Maucazre l’aîné
Hervé Calvez
Guillaume Keranflech
Guillaume Lesguen
Yvon Fils Alain
Bernart Kermelegan
Prigent (tache)
Lescazgoal
Jehan Keraldanet
Hervé Keraldanet
Hamon Kerbezcat
(tache) Roda(tache)
Yvon Boedic
Guiomar Ranvelin
Jehan Anguin
Hervé an Com
Hervé Kermorvan
et Jehan Portzmoguer
 étant bien armés et garnis de trait lesquels me jurèrent par leur serment servir M. le duc tant en ladite garde que autrement durant l’ordonnance à eux faite par Madite dame la duchesse en son conseil et est bien à savoir que ledit Messire Jehan assigna à ladite garde et en sa compagnie lesdits vingt hommes d’armes dès le 24e jour de février derrain passé et ledit Messire Guillaume et en sa  compagnie lesdits vingt hommes d’armes le 27e jour dudit mois de février et de ce suis bien informé par Messires Henry du Juch capitaine dudit château, Hervé du Juch son fils, Riou le Saux, lieutenant dudit capitaine, et autres gens dignes de foi et aussi certifie que je suis bien informé par les dessus nommés et autres gens dignes de foi que lesdits chevaliers et les dessus nommés gendarmes étant en leur compagnie ont été résidants en ladite garde depuis ledit temps jusques à l’11e jour de ce présent mois d’août. Donné témoin mon seing manuel le 24e jour d’août l’an 1420."

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29/01/2008

Quand "Le Monde" était la "voix de la France".

Le journaliste Jacques Bugier a développé récemment sur France Démocrate un plaidoyer éloquent pour la survie d'une certaine ambition professionnelle du journal "Le Monde". La deuxième lettre que je puise dans le fonds de correspondance de Jacques Maritain dont j'ai entamé ici la publication, illustre pleinement le rôle quasi-institutionnel joué par le quotidien durant de nombreuses années, jusqu'au moment où ce sont des reportages aux journaux télévisés qui ont commencé à tenir la même fonction de communication diplomatique.
 
On voit le pape anxieux d'être écouté ; est-ce un peu puéril, une quête de flatterie ? Est-ce la définition d'un processus de communication indirecte ?
 
Il est question ici de la remise des lettres de créance qui est techniquement le moment où un diplomate se fait reconnaître d'un gouvernement et où ce gouvernement le reconnaît officiellement pour son rôle politique. C'est en somme la première rencontre solennelle entre les autorités et l'envoyé. On voit que cette cérémonie a lieu le 10 mai 1945, deux jours après la capitulation nazie et cinq ans jour pour jour après le déclenchement de l'offensive en 1940.
 
On voit aussi que, dès 1945, on attend des engagements précis du Vatican au sujet de la Shoah. 
 
"Ambassade de France près le Sainr-Siège, 28 mai 1945.
 
Mon cher ambassadeur,
 
Au cours de l'audience qu'il m'a accordée hier, le Saint-Père a manifesté d'une manière particulièrement vive l'intérêt qu'il porte à notre pays, et son affection paternelle pour notre peuple qui, m'a-t-il dit, a si injustement souffert. Le pape, dont on connaît la sensibilité, m'a semblé anxieux de savoir que ses sentiments étaient connus et appréciés en France, et que ses bonnes volontés pourraient apporter une aide efficace à l'effort de reconstruction de notre pays. Il m'a demandé quel effet avait produit sur l'opinion l'allocution qu'il a prononcée lors de la remise de mes lettres de créance.
 
J'ai retiré de cet entretien l'impression que le Souverain Pontife serait très sensible aux échos qui pourraient lui revenir à ce sujet de Paris et qui témoigneraient de l'accueil fait à sa parole. Il serait, je crois, désirable qu'un journal, tel que "Le Monde", notât les bonnes dispositions du Saint-Père à notre égard et commentât les passages essentiels de l'allocution du 10 mai. Il serait également bon qu'une publicité suffisante soit faite au discours que le pape, ainsi que je l'annonce par ailleurs au département (càd au ministère), prononcera le 2 juin, et où j'espère qu'il n'exprimera pas seulement sa compassion pour les souffrances des déportés en Allemagne, mais réprouvera publiquement les atrocités dont ils ont été victimes.
 
Je vous laisse le soin de donner suite à cette suggestion de la manière que vous jugerez la plus opportune.
 
Veuillez agréer, mon cher ambassadeur, les assurances de mes sentiments distingués et dévoués.
 
Jacques Maritain" 

26/01/2008

Lettre de Maritain : la suite.

Suite de la lettre du 20 mai 1945 dont j'ai commencé la publication hier.
 
"(...) Mgr Tardini a précisé à notre compatriote que le Saint-Siège ne voulait prendre en cette matière l'initiative d'aucune intervention, mais qu'il restait disposé à accepter éventuellement quelques démissions. Il considère comme une procédure normale que les archevêques donnent aux intéressés l'ordre de se démettre.
 
Mgr Tardini estime d'ailleurs qu'il appariendrait à l'Église de France de prendre des dispositions en vue d'assurer aux évêques démissionnaires une situation matérielle suffisante.
 
Mgr Tardini a cité notamment le cas de l'évêque d'Arras et celui de l'évêque de Saint-Brieuc, en ajoutant que pour celui-ci on semblait s'acheminer vers un accommodement.
 
En ce qui concerne Mgr Beaussant, Mgr Tardini a semblé soucieux d'éviter que les mesures qui pourraient être prises éventuellement à cet égard ne puissent porter atteinte au cardinal Suhard. Il a laissé entendre que Mgr Beaussant étant évêque auxiliaire et vicaire général (de Paris), on pourrait le relever simplement de ses fonctions de vicaire général.
 
L'abbé Rodhain a été chargé de faire part de ces indications au cardinal Suhard.
 
 
 
J'espère me rendre à Paris, selon ce qui a été convenu entre nous, au début de juin, afin d'examiner avec vous et le département (càd le ministère) les compléments à apporter à l'organisation du poste (diplomatique nouvellement créé au Vatican). M. Bourdeillette et le père Delos sont pour moi des collaborateurs précieux et irremplaçables, et je me félicite de les avoir tous deux pour m'assister. Mais il est essentiel de compléter les cadres. Tout d'abord il est nécessaire d'adjoindre à l'unique secrétaire-dactylographe que nous avons en ce moment, et qui est parfaitement dévouée mais travaille au-dessus de ses forces, deux autres secrétaires dont l'une sache très bien l'italien.
 
Après cela il semble indispensable d'avoir, outre un attaché d'ambassade ou un vice-consul, qui déchargerait M. Bourdeillette de la correspondance courante, un chargé de mission qui soit suffisamment cultivé pour coordonner les diverses oeuvres de documentation et d'information qu'il est de première nécessité d'établir afin que les activités catholiques françaises soient mieux connues dans les milieux romains, et que l'influence française ait sa juste place dans la formation intellectuelle des étudiants ecclésiastiques qui viennent ici de tous les pays et qui exerceront plus tard un rôle dirigeant. Je vous entretiendrai de vive voix des projets que je voudrais vous soumettre au sujet de ces oeuvres, qui à mon avis devraient être autonomes tout en étant soutenues et contrôlées par l'ambassade.
 
Veuillez agréer, Mon cher ambassadeur, l'expression de mes sentiments distingués et dévoués.
 
Jacques Maritain"
 
Deuxième lettre, demain. 

25/01/2008

Inédit : échanges épistolaires de Jacques Maritain au sujet des relations diplomatiques de la France et du Vatican.

Comme je l'avais annoncé, je commence aujourd'hui la publication d'un ensemble de lettres officieuses adressées par Jacques Maritain à l'administration centrale des Affaires Étrangères juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
 
À cette époque, ce philosophe, converti du protestantisme au catholicisme et marié à une juive, cofondateur de la revue Esprit avec Emmanuel Mounier (l'homme du personnalisme), est ambassadeur de France près le Saint-Siège, c'est-à-dire auprès du pape. Il a donc à gérer la délicate question de l'épuration du clergé qui, outrepassant son rôle strictement spirituel, s'est immiscé dans la chose politique, en l'occurrence dans la collaboration.
 
Ces courriers n'ont pas été écrits pour être publiés, ils sont destinés, à l'époque, à éclairer la correspondance officielle échangée entre le poste diplomatique et les autorités parisiennes.
 
Matériellement, ils sont adressés à Jean Chauvel, secrétaire général des Affaires Étrangères après avoir dirigé le "groupe Chauvel" qui, dans la Résistance, a reconstitué les archives sensibles du ministère qui avaient été brûlées stupidement dans le jardin du ministère sous le coup de la panique en juin 1940.
 
Je m'efforcerai de respecter l'ordre chronologique ou du moins celui des affaires en cours.
 
"Ambassade de France près le Saint-Siège, 20 mai 1945.
 
Mon cher ambassadeur,
 
Je vous remercie cordialement de votre lettre du 7 mai. Je ne l'avais pas attendue pour entretenir Monseigneur Montini (ndht grâce à un lecteur : Montini est le futur pape Paul VI) de la question du Consistoire, dans une conversation que j'ai eue avec lui le 11 mai.
 
Je ne lui ai pas caché que l'élévation à la pourpre (ndht : càd le cardinalat) de prélats dont les sympathies pour le régime du Maréchal (Pétain) s'étaient manifestées avec persistance causerait dans le pays un scandale préjudiciable aux intérêts du catholicisme et à l'union entre Français, et serait franchement déplaisante au gouvernement. J'ai cité notamment les noms de Mgr Feltin (ndht : alors archevêque de Bordeaux), de Mgr Marmottin (alors archevêque de Reims), du père Gillet ; j'ai cru devoir faire remarquer également que si Mgr Grente (archevêque du Mans depuis 1943) était moins ouvertement compromis que ces prélats, ce serait cependant une erreur de croire que cet académicien a en France un tel prestige intellectuel que son élévation serait regardée comme un geste destiné à être agréable à notre pays.
 
Mgr Montini s'est prêté de bonne grâce à cette conversation ; mais, comme je m'y attendais, il a voulu avant de s'y engager souligner le caractère purement amical de cet entretien : la création de cardinaux est en effet une matière où le Saint-Siège se montre jaloux de ses prérogatives et où nous n'avons aucun moyen d'opposer un "veto" à ses décisions. C'est seulement par des voies où la fermeté s'enveloppe de plus de nuances que nous pouvons faire valoir notre influence ; c'est à elles, me semble-t-il, qu'il faut continuer de recourir pour s'opposer efficacement à la nomination des prélats dont vous m'avez signalé les noms.
 
Dans un nouvel entretien que j'ai eu hier, 19 mai, avec Monseigneur Montini, je suis revenu encore sur cette question, en faisant mention des noms qui au contraire seraient accueillis favorablement par le pays et qui sont indiqués dans la note jointe à votre lettre du 7 mai.
 
J'ai aussi abordé la question de l'épiscopat en signalant que le gouvernement avait espéré que l'Église prendrait elle-même les mesures nécessaires, mais que, rien n'ayant été fait jusqu'à présent, il était inévitable que la loi suive son cours à l'égard des prélats qui se sont exposés, en soutenant la collaboration avec l'ennemi, à des condamnations infâmantes. Mgr Montini m'a répondu que la question était du ressort de Mgr Tardini, que j'irai voir bientôt à ce sujet. Je lui ai alors exposé longuement, en me tenant sur le terrain de la confiance personnelle qui existe entre nous et qui permet de dire bien des choses, l'ensemble du problème, sa gravité morale et spirituelle, et les répercussions politiques qu'il risque d'entraîner. Je compte en entretenir aussi personnellement le Saint-Père si j'ai une audience avec lui avant de partir pour Paris.
 
D'autre part, j'ai appris de source sûre que l'abbé Rodhain, actuellement à Rome, a été chargé par Mgr Tardini de faire parvenir à Mgr Roncalli (ndht : le futur pape Jean XXIII), sur la question des évêques, certaines indications que la secrétairerie d'État (ndht : les Affaires Étrangères du Vatican) préfère ne pas transmettre par écrit (...)"
 
La suite demain ! 

20/01/2008

Comment j'ai commencé à publier la Réformation de 1426.

La Réformation des Fouages de 1426 est un recensement de tous les chefs de famille bretons qui a eu lieu à l'initiative du duc "souverain" de la Bretagne dans les années 1426 et suivantes. Cette liste des foyers bretons avait (travers déjà français) un but fiscal, mais aussi un but militaire : ceux qui ne payaient pas l'impôt, s'ils n'étaient pas pauvres, étaient nobles. Pour les nobles, il y avait là l'occasion de préciser la nature de leurs terres et ce qui recevait le label "noble" entrait dans la portion du patrimoine qui devait être partagée noblement : deux tiers pour l'aîné, le troisième à partager équitablement entre les autres héritiers.
 
On imagine que ce document a été soigneusement conservé, qu'on en a fait des copies au moins partielles au XVIIe siècle et que, enfin, la révolution en a détruit la majeure partie, dans l'intention certes louable d'effacer une preuve des privilèges abolis, mais avec l'inconvénient de supprimer la trace majeure du peuple breton de cette époque.
 
Quoiqu'il en soit, ce document fleuve (200 000 chefs de familles répartis dans des dizaines de milliers de lieux-dits et des centaines de paroisses) est connu depuis l'origine par tous ceux qui ont écrit et réfléchi sur l'histoire de la Bretagne. Les collections des moines historiens de l'abbaye dite des "Blancs-Manteaux", à Paris, en contenaient au moins deux transcriptions détaillées (mais sans les contribuables roturiers), d'autres relevés ont été faits à diverses époques, en particulier celui connu sous le nom de leur propriétaire ancien, le chevalier de Boisgélin, détenu par la bibliothèque municipale de Saint-Brieuc et on en trouve des bribes à peu près partout.
 
Or fin 1995, je venais d'être élu adjoint au maire du XVIe arrondissement et ce mandat amusait un peu la société locale de mon coin breton, si bien qu'on cherchait à m'y rencontrer et que donc, comme je suis d'un naturel poli, on m'y rencontrait. On vit très vite que ce qui m'intéressait dans la vie, outre la littérature, était l'histoire. Et on me fit dîner avec des voisins que je connaissais un peu depuis une dizaine d'années.
 
Le mari, fort sympathique et un peu rêveur propriétaire d'un château digne de Walt Disney bâti par un émule de Viollet-le-Duc vers 1900, m'annonça qu'il possédait, plein son grenier, des masses de documents illisibles, car écrits en arabe.
 
En arabe ?
 
Voilà qui était étonnant. Le lendemain même, je montais avec précaution les marches vermoulues de ce manoir humide et déjà abîmé et je pénétrais dans le grenier en question.
 
Un foutoir innommable. Des parchemins partout, par terre, sur une table, dans des valises, sur des étagères, en vrac, dans tous les sens et de toutes les tailles.
 
Je consacrai près d'un mois (en plusieurs séjours) à trier tout ça et à faire des piles par commune (ou par paroisse ou trève à l'époque), isolant au passage tous les documents strictement familiaux : contrats de mariages, partages successoraux, minus de rachat (inventaires de successions) et autres diverses pièces qui illustraient la vie des nobles aux temps anciens.
 
Le fonds, particulièrement riche, regroupait l'historique de trois lignées cornouaillaises principales. Il s'échelonnait de la fin du XIVe siècle à la Révolution (et même au XIXe siècle pour les domaines demeurés aux héritiers).
 
L'été suivant, je passai des journées entières à empiler des pages de notes que je prenais en déchiffrant ces précieux grimoires. Je suis un paléographe autodidacte mais (sans fausse modestie) efficace.
 
Rentré à Paris, j'entrepris d'identifier les personnages dont il était question. Car sur les trois troncs principaux se greffaient des poussières de lignées de plus en plus ténues à mesure que l'on remontait dans le temps. Tel nobliau du XVe siècle fit un beau mariage local en épousant l'héritière (la "quenouille") d'une concentration de plusieurs terres opulentes et locales, chacune apportée par une lignée alors notable mais tombée dans l'oubli depuis ... six cents ans ...
 
Six cents ans, c'est à peu près le temps qui sépare l'empereur romain Domitien de Charlemagne, ou bien Hugues Capet d'Henri IV. C'est une période énorme. Et donc les noms que je trouvais ne figuraient plus nulle part depuis très longtemps, même la mémoire collective les avait effacés de ses tablettes. Ces gens étaient dans le néant.
 
Or comme la Bretagne partage avec la seule Gascogne la particularité sociologique d'avoir compté, sous l'Ancien Régime, plus de 5% de sa population qui était noble (pour une proportion ailleurs égale à 0,5% en général), un gros travailleur du XIXe siècle a eu l'idée de composer un "nobiliaire et armorial de Bretagne" ne comportant pas moins de 6000 patronymes. Je comparai donc ma liste avec sa recension et vis, avec d'abord effroi, puis avec gourmandise, qu'il ignorait absolument tout de la plupart des personnages dont il était question dans le fonds.
 
Poussant la curiosité, je trouvai assez vite l'existence de la Réformation de 1426. Mais pour la Cornouaille, il n'en existait que peu de fractions originales, on travaillait sur des transcriptions partielles du XVIIe siècle. Grâce à mes documents, je m'aperçus assez vite que ces transcriptions étaient erronnées, très fautives. J'établis donc une version solide.
 
Une fois cet effort accompli pour le quart de la Cornouaille historique couvert par le fonds du grenier, je ne pouvais décemment pas laisser le reste du territoire dans l'état navrant que je devinais. Je trouvai donc des sources, notamment publiques, et fis ailleurs ce que j'avais fait chez moi.
 
Puis comme je disposais d'une montagne d'une cinquantaine de classeurs de notes, je trouvai logique d'adjoindre une notice sur chacune des familles.
 
Sur les 530 notices sur des familles nobles de la Cornouaille médiévale, l'armorial breton de référence n'en connaissait que 240 ; d'un coup, je faisais plus que doubler le connu.
 
Je ne pouvais décemment non plus garder tout ça pour moi. C'est ainsi que je décidai de publier le premier tome de la Réformation, en adjoignant d'ailleurs des cahiers de blasons (ou plutôt d'écus) en couleur, 360 blasons là où l'armorial n'en connaissait que 240 à peine.
 
Et je travaille au quatrième tome de cette publication, que j'espère faire paraître en mars ou avril.

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11/11/2007

11 novembre : la mort des nations.

Avant les nations, il y avait les républiques maritimes : Venise, les Pays-Bas. Bien sûr, il y avait aussi la France et ses hordes de chevaliers, mais la richesse et la puissance de l'argent se trouvaient dans le camp des marins.
 
Venise put financer une croisade et utiliser la puissance franque. Les Pays-Bas régnèrent sur les mers durant presque deux siècles, du début du XVIe jusqu'à la fin du XVIIe. Au temps de Colbert, les Pays-Bas contrôlaient encore 80% de la flotte européenne au long-cours.
 
Le temps des nations, qui naquit avec son contrepoint parfait, le siècle des Lumières, effaça la surpuissance de ces petits États pour la rendre aux grandes entités humaines, forts territoires, populations nombreuses. La nation française fut la première à se cristalliser, un peu plus à l'étroit que son histoire, puisqu'elle abandonna le Piémont au sud-est (qui n'a jamais fait partie de la France mais où toute culture est longtemps restée française) et plusieurs pays au nord : Brabant, Hainaut, Liège et Hesbaie. La question de la nation allemande fut posée à partir de 1806 lorsque Napoléon commit l'erreur de détruire la vieille Allemagne, celle de Charlemagne, celle des Othon, celle des Habsbourg, pour la remplacer par une vaste interrogation qui aboutit à Bismarck. D'autres nations se formèrent, une par une. Cependant, l'idéal de nation était mort le 11 novembre 1918.
 
La fin de la guerre de 14-18 fut en effet la chute du masque : la nation n'était que l'alibi de l'intérêt de quelques-uns et non la sublimation de l'intérêt de tous. La guerre de 14-18, sans autre idéologie que la nation, aboutit, par l'intensité de l'horreur qu'elle imposa aux peuples, à tuer le fantasme national. La France, pionnière nation de l'ère moderne, se trouvait aux avant-postes de cette découverte des limites de sa propre invention : il n'y a pas de générosité dans le principe national, il n'y a que de l'égoïsme.
 
D'autres se laissèrent encore prendre au jeu, notamment les retardataires de la construction nationale, mais l'idéologie, nouvelle maladie des peuples, nouvel alibi de l'intérêt de quelques-uns déguisé en intérêt de tous, s'y était mêlée. L'horreur fut plus grande encore, au sommet de l'abomination, à travers les extravagants massacres des Japonais en Chine dans les années 1930, les effroyables purges staliniennes, et bien sûr l'immense tragédie de la Shoah. De ces atrocités, la nation ne ressuscita pas.
 
On parlait alors, après la guerre de 39-45 (Georges Bidault) des frontières comme des "cicatrices de l'Europe". L'Europe n'était plus dupe, elle ne se laisserait plus avoir au jeu des guerres intestines. Elle s'organisait et pénétrait dans un corridor métanational qui devait aboutir, espérait-on, à une sage et pacifique fédération, il est vrai soudée par l'ennemi commun, le communisme, ou plutôt le despotisme soviétique.
 
Elle appliquait en quelque sorte la devise de la Belgique : "L'union fait la force".
 
De fait, si l'on ne fait plus la guerre, si les nations ne rivalisent plus sur les champs de bataille, si les guerres ne font plus rage ailleurs que sur les marchés économiques, l'outil de l'État-nation perd sa pertinence.
 
Et alors ? Que se passe-t-il ?
 
Eh bien, dans ce monde dans lequel nous vivons, dans ce monde globalisé, interconnecté, fluide comme l'électricité, grésillant en permanence du murmure de l'Internet, on voit renaître ce qui a précédé les nations.
 
C'est ainsi que les Pays-Bas se découvrent de nouveaux orgueils. C'est ainsi que la Belgique souffre. C'est ainsi que peut-être, demain, elle mourra.
 
Car les Flamands ont soif de puissance et rejettent la faiblesse des Wallons. Ils traitent ceux-ci de parasites.
 
Grave erreur, devraient-ils savoir, car en vérité, si les Wallons sont faibles, c'est parce qu'eux Flamands sont forts. Qu'ils se séparent de leurs faibles, qu'ils perdent leur faire-valoir, et ils deviendront le faible d'un plus fort.
 
En revanche, pour les Wallons, ce pourrait être l'occasion d'un nouveau départ.
 
Je devrais donc me réjouir, moi dont la grand-mère était liégeoise, de cette chance donnée à la "communauté française de Belgique" par l'égoïsme balourd des électeurs flamands. Mais non, je ne m'en réjouis pas.
 
La Belgique est un pays attachant, Flamands et Wallons se ressemblent bien plus qu'on ne le croit. Il n'y a peut-être pas de nation belge, c'est possible. Après tout, leur État est né d'une scission des Pays-Bas en 1831 et, sans le veto de l'Angleterre, tous seraient devenus français. Dans une certaine mesure, leur pays est un accident de l'Histoire, une erreur, une coquille de typographe, une rature, une anomalie absurde, et cependant, puisque les nations ne sont plus l'alpha et l'oméga de l'organisation humaine, puisque nous n'en sommes plus dupes, la Belgique peut bien vivre aussi, claudicant sur sa double culture.
 
Mais non, les Flamands (les Néerlandophones, comme on dit parfois pour prendre un ton plus compétent) sont tentés par la solitude, par l'orgueilleuse puissance des petits États laborieux et ingénieux que permet la chute de l'idée nationale. Puisque les nations ne servent plus à rien, ils veulent se replier sur la leur. Oh, elle n'est pas bien grande, elle ne faisait pas le poids dans la guerre de tranchée, dans la bataille de la fonte et du fer, mais dans la paix, dans un monde de marchands, elle vit comme un poisson dans l'eau.
 
C'est ce qu'ils croient.
 
Et pourtant, "l'union fait la force". 

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26/10/2007

Histoires de vin, de taxes et de chevaliers bretons du Moyen Âge.

"Il doit passer autant de vin par le corps des Bretons que d'eau sous leurs ponts, car c'est avec cela que l'on paye nos états" (comprenez l'administration de la Bretagne), écrivait la cruelle marquise de Sévigné. Elle parlait de la taxe connue sous le nom de "devoirs", assez juteuse en effet : un mien ancêtre, directeur des devoirs de Bretagne et installé à Vannes, dut se retirer d'un bal pour soustraire sa très (trop) jeune et jolie épouse aux appétits du comte d'Artois, frère de Louis XVI. Il n'avait pas la vocation d'un Pompadour, mais on voit bien quel était son statut.
 
Plus tôt, dans le Moyen Âge, on parlait surtout de "billot", et encore plus tôt de "vinagium", une taxe que l'on trouve un peu partout, même hors de Bretagne. Les témoins d'une enquête de 1235 sur le Penthièvre jurèrent qu'elle n'avait nunquam (jamais) été perçue en Bretagne, contrairement à la taxe sur les pêcheries. Et cependant, en 1223, parmi les droits restitués à la chapellenie de Saint-Tudy (en Loctudy, à la pointe sud de l'ouest de la Bretagne), figurait, expressément réclamé par les moines goulus, le "vinagium" du port de Pont-l'Abbé (le vin était il est vrai débarqué à l'île Tudy, juste sous leur nez, très en aval de Pont-l'Abbé, avant d'être remonté par des barques plates jusqu'en ville). Donc on ne le percevait pas en Bretagne, sauf... En vérité, les droits de brefs (passeports), de bris (épaves), de pêcheries (poissons), de sécheries (salaison) et quelques autres, ainsi donc que le "vinagium" firent sans doute partie des droits que le duc Alain Barbetorte concéda parfois à ses feudataires pour se les attacher au moment de sa remise en ordre du duché, dans la première moitié du XIe siècle.
 
Il dut y avoir des flottements dans cette disposition juridique et fiscale, mais il faut croire qu'elle demeurait juteuse car en 1365, dans le dispositif fiscal par lequel le duc Jean de Montfort réorganisa à son tour son administration (et dans lequel figurait le fouage qui allait s'avérer vite décisif), il y eut une taxe sur le vin, un "billot".
 
Aussitôt, les seigneurs se manifestèrent. Alors bien sûr, ils furent exemptés de la nouvelle taxe. En Cornouaille, l'accord est sanctionné par un consentement solennel des cinq principaux seigneurs (dont celui de Pont-l'Abbé qui avait promis de restituer mais s'était gardé de s'exécuter) en 1365.
 
Dès lors, les feuilles de comptes des receveurs du duc de Bretagne sont émaillées des listes de nobles qui importaient des fûts entiers de vin : pipe (presque une demi-tonne) ou tonneau !
 
Et l'on voit en 1426 un noble que les enquêteurs du recensement que je publie qualifient de "fol", "se disant chevalier", qui, ayant importé non moins de quatre tonneaux de vin de Gascogne, est soupçonné d'en faire commerce. Quatre tonneaux, tout de même, c'est beaucoup. Mais la cour ducale trancha : il était noble. Son exemption demeura.
 
On aurait pu s'étonner aussi de l'incroyable soif de certains personnages : en février 1394, Bernard de Kerourcuff, sénéchal de cette partie de la Bretagne qui se nomme le Léon, exporta 3 tonneaux de blé par le port de Portsal en Ploudalmézeau ; le mois suivant, il ne reçut pas moins de quatre tonneaux de vin. Quelle soif ! Non loin de là, à Saint-Mathieu de Finistère (alias de Fine Poterne) dès le mois suivant, il reçut encore deux tonneaux de vin !
 
Il faut l'avouer, beaucoup de nobles, en Léon, sont soupçonnés d'avoir commercé et, dans cette partie de la Bretagne, nombreux sont les nobles modestes que les enquêteurs de 1426 notent vendre "pain, vin et foin au détail", ce qui ressemble fortement au métier d'aubergiste.
 
Le plus extravagant surgit à Morlaix en 1384 : là, le seigneur de Trogoff importe, d'un coup, six tonneaux de vin. On s'alarme. Il se défend : c'est pour sa garnison.
 
Mais quelle garnison ? Son château a été rasé en 1356 et pas encore reconstruit... Tant pis, il doit bien en avoir une : le receveur ferme les yeux. Vive le bon vin.
 
Une prochaine fois, je parlerai de ces marchands de Portsall qui se plaignirent à l'amiral de Bretagne : on leur avait dérobé toute leur cargaison à la livraison en Espagne ! La Bretagne, le Moyen Âge, quoi... 

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15/08/2007

Urbanisme rurbain : l’oubli de la leçon d’Haussmann ?

On constate dans nos campagnes depuis déjà un certain nombre d’années un phénomène d’urbanisation molle qu’on nomme la rurbanisation. Fait de maisons individuelles regroupées en lotissements, il est le phénomène d’agglomération de notre époque.

En Bretagne, il ne s’est pas développé uniformément. Depuis plus d’une décennie, en retard sur d’autres parties de ce territoire, il couvre toute la périphérie quimpéroise, en particulier dans la zone qui sépare Quimper de l’océan.

L’apparition de cette nouvelle population déséquilibre les communautés villageoises anciennes et crée de nouveaux besoins et de nouveaux services. Comme elle se combine avec une urbanisation de résidences secondaires, elle produit des effets considérables et spéciaux en été, lorsque les estivants viennent y grossir les effectifs résidentiels.

Certes, la saison est courte. Cette année, elle n’aura été sensible que lors de la première quinzaine d’août : juillet, froid, pluvieux, fut un désert. Septembre, en principe, proposera une arrière-saison qu’un autre tourisme animera, moins nombreux.

Ces jours-ci, les Belges, Allemands, Franciliens, Nordistes, gens de toutes parts, sont bien là et les routes deviennent des chapelets de pare-chocs embués de vapeurs d’essence, pas encore comme à Biarritz ou à Saint-Tropez, mais tout de même, ça se développe.

Et je suis frappé de constater que ces bouchons qui s’étirent sur des kilomètres n’ont aucune raison d’être ; ils n’ont qu’une cause : la concentration du trafic.

C’est que pour se rendre d’un endroit à un autre, il ne peut être question de trouver un raccourci dans les lotissements : on les a fermés sur eux-mêmes, aucune route ne les traverse en général, ils forment des épis de culs-de-sacs. On constitue donc patiemment, une par une, des communautés autistes, ouvertes par une seule fenêtre sur le monde, calmes c’est vrai, de ce calme très particulier que connaissent les villages isolés, lointains, blottis sur des pentes escarpées et désolées.

Disons simplement que ces lotissements sont des isolats. On est en train, grappe par grappe, groupe par groupe, d’enclaver des populations entières, de les enclaver là où il serait simple de les intégrer car il n’existe aucune raison de les cloisonner.

On doit réfléchir sur ce choix d’urbanisme que je juge personnellement dangereux à terme. On peut en tout cas mesurer de jour en jour à quel point il est absurde pour la fluidité du trafic. Qu’on ne m’objecte pas que c’est destiné à promouvoir les transports en commun en obstruant le passage des véhicules individuels : dans ce genre d’agglomérations, les transports en commun ne sont pas réalistes : la densité de population y est insuffisante pour une rentabilité minimale d’un mode de transport autre qu’individuel, du moins à court-moyen terme. La voiture a ici encore de beaux jours devant elle.

En somme, la situation est, en surface, d’une absurde concentration du trafic et, en profondeur, d’une régression historique qui fait reconstituer partout des cités qui ressemblent à ce qu’était le Paris d’avant Haussmann : un dédale obscur, charmant parfois, malcommode souvent, en tout cas générateur de sociétés murées. On doit y voir l’incurable résurgence d’un tempérament national, celui des Gaulois qui n’aimaient ni les lignes droites ni les trajets simples et auxquels le goût romain des routes rectilignes et des plans orthogonaux parut une simplification hérétique. Je sais que la notion de progrès est relative mais, en ce domaine, j’y crois, et il est dans le camp des Romains, dans le camp d’Haussmann.

N’oublions pas de relier entre elles les cellules humaines ; comme le dirait Quitterie Delmas, n’oublions pas de jeter des passerelles entre les êtres humains.

16:52 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, urbanisme, histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

24/07/2007

Liberté ?

Quel est le point commun entre Sarkozy et Zola ? Le déterminisme. Tous deux croient que l’être humain est prévisible, son destin écrit d’avance et dicté par l’hérédité.

Y a-t-il un paradoxe dans ce rapprochement de l’écrivain de la gauche ouvriériste et du politicien de la droite bonapartiste ? Sans doute. Mais leur idée commune est connue : le productivisme. Leur vision du monde est quantitative.

Et si l’un veut inciter les animaux humains à s’agglomérer dans des émanations de l’Internationale, l’autre use de tous ses charmes pour les manipuler car il les aime comme public à assujettir par la manoeuvre. Dans les deux cas, l’être n’est qu’une variante de la masse.

C’est pourquoi, si l’on peut s’étonner de me voir relire Zola ces jours-ci, on doit bien penser que c’est pour ce rapprochement bizarre.

Je viens de rouvrir «La curée», le roman de la spéculation foncière et de la métamorphose de Paris commencée sous la monarchie de Juillet et amplifiée à un train d’enfer sous le Second Empire. Victor Hugo conie ainsi dans ses carnets s’être plusieurs fois égaré dans Paris en y revenant en 1870 après près de vingt ans d’exil : il n’y reconnaissait plus rien.

18:24 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, littérature, histoire, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook