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29/08/2007
Des armes et du pétrole.
Disons tout de suite que le libellé de son avertissement ne suffira pas à le qualifier pour l’Académie française. Lorsqu’il y a dit que si l’Iran se dotait de la bombe atomique, cela signifierait des bombardements sur l’Iran, il a énoncé une contrevérité flagrante : si l’Iran se dote de la bombe, il est bien évident que personne ne bombardera l’Iran, il sera trop tard.
C’est dans le processus intermédiaire que se place la menace et là se trouve bien le problème mis en évidence par l’affaire irakienne : comment évaluer la réalité de l’armement condamné ? Comment éviter le mensonge d’un secrétaire d’État américain venant au Conseil de Sécurité des Nations unies avec des preuves évidemment (et grossièrement) fabriquées de toutes pièces ? Pas de réponse sur ce point.
En vérité, il semble que l’ardeur que le présidentourloupe a consacrée à vilipender l’Iran soit surtout destinée à adoucir l’oreille des Irakiens froissés par les immixtions kouchnériennes dans leurs affaires intérieures.
Que ne ferait-on pas pour vendre des armes et acheter du pétrole…
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28/08/2007
Breizh atao … sans Sarko !
Quelquefois, je me demande si l’insistance récente de la chaîne de télévision TF1 à faire élire Sarkozy n’était pas une pièce avancée sur l’échiquier de l’indépendance de la Bretagne. On peut se gausser de cette idée et cependant, Patrick Le Lay a déclaré sans rire à un magazine local qu’il se sentait à peine français. Alors…
L’homme d’ailleurs n’est pas aussi antipathique que ses caricatures et sa stratégie commerciale le suggèrent. J’ai eu l’occasion de le rencontrer début 2002 quai du Point du Jour, à Boulogne-Billancourt, au quatorzième étage de la grande tour vitrée de TF1 : il m’achetait trois exemplaires du premier de mes livres et m’avait très poliment demandé si j’aurais l’obligeance de faire le détour par cet endroit. Venant du quartier voisin, le seizième arrondissement de Paris, je n’y voyais guère d’effort et plutôt l’amusement de découvrir le tout-puissant patron de la première chaîne.
Je n’apportai qu’un exemplaire. Mes livres pèsent deux kilos et demi chacun et mesurent un quart de raisin sur dix centimètres d’épaisseur ; on les voit de loin. À l’entrée du siège de TF1, le vigile vit mon livre. Il me dit :
- Ah, c’est vous.
J’étais attendu.
Je pénétrai dans le hall que je trouvai empli de verre et de tout ce qui peut luire, d’une dalle de pierre polie à un écran de télévision, en passant par des ampoules électriques et du chrome. Une très jolie femme bondit de son siège dès qu’elle m’aperçut et vint à moi avec un sourire et des prévenances qui en disaient long sur l’impact des info données sur moi par le secrétariat du président.
Je franchis un portillon et montai seul dans un ascenseur. Au quatorzième, je découvris une moquette épaisse comme la savane.
La secrétaire principale de Le Lay m’accueillit et me pria de l’attendre dans une pièce qui ouvrait sur la Seine, sur la tour Eiffel et sur les cimenteries. Je m’assis devant un bureau en loupe orangée et vernie, derrière lequel quelques cassettes de films produits par TF1 meublaient vaguement une étagère.
Je posai avec soin mon livre sur le bureau. On me proposa du café (il était trois heures de l’après-midi) et j’acceptai du thé : je ne bois jamais de café.
Faisant le tour de la pièce du regard, je finis par remarquer une très petite caméra dans le coin, juste sous le plafond, à laquelle j’adressai un sourire. L’instant d’après, Le Lay entra.
Il fut très affable et délicat. Il me parla un certain de temps de sa collection de livres sur la Bretagne. Il possédait trois exemplaires de l’Histoire de Bretagne de Bertrand d’Argentré, l’édition de 1582, celle que je viens de rééditer et qui, à plus d’un égard, est un brûlot antifrançais. Il avait tout. Il connaissait tout. Un seul joyau manquait à sa collection : un incunable (pour ceux qui l’ignorent, un incunable est un livre imprimé avant 1500).
Il faut dire qu’il n’y a qu’une dizaine d’incunables bretons, qu’il s’en vend très rarement, et qu’ils sont toujours préemptés par des bibliothèques publiques.
Bref, le pauvre Le Lay en était réduit à collectionner les manuscrits enluminés italiens du XIVe siècle. Un véritable drame.
L’entretien dura tant que je vis apparaître les visages étonnés de Mougeotte et de Bataille et Fontaine qui grimpaient de l’étage inférieur par un colimaçon étroit. J’appris plus tard que Le Lay avait retardé impromptu une réunion au sommet pour me recevoir avec mon précieux ouvrage qui constituait l’une des rares pièces contemporaines de sa collection. Que ne ferait-on pas par vice. Il en est de pires.
Il m’adressa à TV-Breizh en m’expliquant qu’il avait lui-même une ligne très patriotique et bretonne, qui faisait écho au profil de mon livre. Je précise que celui-ci traite d’une époque où le maître de la Bretagne se faisait qualifier de “souverain seigneur, duc par la grâce de Dieu“, ce qui laissait peu de place à la souveraineté royale. De là ce que disait Le Lay. Et après tout, cette lecture n’est pas absurde. Mais j’avoue n’être absolument pas nationaliste, ni pour la Bretagne, ni pour la France, ni pour l’Europe, ni pour quelque nation que ce fût. Je n’aime pas ce genre d’égoïsmes.
En revanche, si l’on songe que le patron de la principale chaîne était un ennemi du pays dans lequel celle-ci était diffusée, le fait qu’il en ait tellement crétinisé la population prend un sens tout différent, non ? Et alors, s’il a fait élire Sarkozy, ce n’est pas bon signe pour la France, mais au contraire l’indice tangible qu’il veut la mort de ce pays.
Et le fait que la Bretagne soit ennemie de Sarkozy serait une motivation que le machiavélique plan lui donnerait pour réclamer son indépendance…
Bon, il faut bien se consoler en rigolant un peu.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, je précise que Yasmina Reza rapporte dans son nouveau livre que Sarkozy n’a “rien à foutre des Bretons“.
C’est réciproque.
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27/08/2007
Rentrée littéraire : youpi !
Tant pis pour les grincheux et les rabat-joie : je suis heureux qu’il n’y ait pas moins de 727 (tout un Airbus…) romans programmés pour la rentrée littéraire d’automne 2007. Et j’aimerais avoir le temps et l’argent de les lire tous.
Hélas, il faudra choisir.
Quelques idées ?
19:10 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, littérature, poésie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
26/08/2007
Raymond Barre : l’honnête homme.
Tout d’abord, le tenant de l’école économique libérale française. L’économie, selon Raymond Barre, nécessite rigueur et effort. Les règles de la bonne gestion sont celles de la croissance. On ne doit pas jouer avec l’outil monétaire. Le moteur de la croissance est la production.
Fondée sur des principes taillés dans le granit, sa doctrine économique a fait de lui une référence mondiale après avoir conduit des générations d’élèves de Sciences Po à étudier les dures lois de l’économie dans le manuel qu’il avait rédigé.
Écouté, reconnu, il fut appelé en politique par l’un des Jeanneney (le deuxième). Giscard le nomma premier ministre parce que, dit-on, Barre se taisait beaucoup lors des conseils des ministres et laissait les autres parler.
Premier ministre, Barre appliqua ses théories, trancha dans les systèmes prébendiers installés par les gaullistes (ou se disant tels ; Barre lui-même ne cachait pas sa fascination pour de Gaulle), lutta en même temps contre les chocs pétroliers, bref, entreprit de reconstruire en profondeur l’économie française en vraie économie libérale (éloignée de ce qu’on nomme ainsi en général, car dépourvue des instruments léonins qui font de nos économies des pouvoirs féodaux). Il prônait la vertu et, fait rare, respectait la seconde vertu de tout homme d’État (juste après la première : l’efficacité) : l’honnêteté. Ce brevet d’honnêteté lui a été décerné ce samedi par Michel Rocard, un expert en la matière et c’est tout dire.
19:11 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, Mouvement démocrate, Sarkozy, Bayrou, Barre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
24/08/2007
Guéant président ?
Guéant mangera-t-il Sarkozy ?
On avait déjà vu Chirac devenir le fusible de son premier ministre Juppé, on voit maintenant le président devenir le secrétaire général de l'Élysée, recevant petits et grands interlocuteurs avec une disponibilité de maire de commune rurale, cependant que les tâches du gouvernement sont assumées par le secrétaire général devenu président.
On est dès lors à peine surpris que l'épouse du président, promue négociatrice -officielle mais muette - de l'État français destinée à remettre sur les rails le train-train de la diplomatie française depuis Pompidou : ventes d'armes, achat de pétrole, soit interdite de reddition de compte devant les députés et sénateurs : le président, qui reçoit tout le monde et ne gère rien viendra s'exprimer devant la représentation nationale, mais ceux qui ne reçoivent personne et font tout n'y viendront pas. Est-on décidément surpris de cette régression de la démocratie ? Bien sûr que non.
Ah, vivement le MoDem !
12:46 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, Mouvement démocrate, Sarkozy, Bayrou | | del.icio.us | | Digg | Facebook
22/08/2007
Paris me manque.
Quand je suis à Paris, la Bretagne me manque ; quand je me trouve en Bretagne, je regrette Paris.
En somme, je voterai pour le candidat qui inventera l’ubiquité.
16:35 | Lien permanent | Commentaires (5) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
21/08/2007
Avant de revoir « Le Corniaud ».
Ayant usé mes fonds de culottes dans les mêmes classes que sa petite-fille, la très jolie et talentueuse psy Caroline Thompson (je m’usai les yeux à la dévorer du regard pendant tous les cours durant de longs mois), je fus tout particulièrement heureux de venir dans le réfectoire des prof écouter la conférence du vieux maître du burlesque français.
Il n’avait pas encore perdu la vue.
Il vint et, contrairement à, par exemple, Alain Decaux qui énuméra ses camarades et ses professeurs, il ne dit pas un mot de son séjour dans les vieux bâtiments faits de brique et de fonte. Il ne nous régala que de ses anecdotes de tournage.
Pourtant, l’enfance d’Oury est exceptionnelle : son père, violoniste et chef d’orchestre de brasserie, avait quitté sa femme et celle-ci menait une vie très libre, entourée des grands artistes du Montparnasse d’alors qui était le prodigieux Montparnasse des années 1920. Foujita était l’ami particulier de la famille ; c’est dans sa voiture que la mère et le petit Max se rendaient à Deauville. Il y avait d’autres peintres, des écrivains. Marcelle Houry fut de la génération des pionniers de Saint-Tropez, comme Colette et Pagnol. La maison d’Oury, dans les hauts de Saint-Tropez, qui appartient aujourd’hui à sa fille, la cinéaste Danielle Thompson, date en partie de cette époque où Saint-Tropez était une découverte de tout premiers initiés.
Oury détenait une collection d’art moderne de très gros calibre qui lui venaient de sa mère et de ce temps. Sans doute est-ce pourquoi Danielle Thompson, au même titre que Claude Berry, est collectionneuse avertie et passionnée d’art contemporain : sa grand-mère (celle qui a servi de modèle à l’arrière-grand-mère de « La Boum ») lui en avait inoculé le virus.
« Le Corniaud » est le match aller de la rencontre Louis de Funès – Bourvil. Cette première manche est incontestablement gagnée par Bourvil, qui se taille la part du lion et impose un personnage plus fort que beaucoup de ses autres rôles. Il est aussi très touchant et ses relations avec ses partenaires féminins sont d’une grande sensibilité. Avec le recul, le film y perd en drôlerie, même s’il reste un chef-d’œuvre. Les vraies scènes amusantes sont toutes dues au génie particulier de Funès. Celle où il répare la cadillac en rythme et en musique (qui rend hommage à la scène du barbier dans « Le dictateur » de Chaplin) est prodigieuse. L’équilibre repose donc sur le gentil et émouvant corniaud opposé au vilain et ridicule brigand qui roule en Rolls et déjeune chez Drouant. Un troisième larron s’intercale entre eux, l’Italien Venantino Venantini (par ailleurs dernier rescapé des « Tontons flingueurs ») et, avec lui, la haute qualité esthétique des images : « le Corniaud » est un dépliant touristique pour l’Italie des années 1960.
C’est Louis de Funès lui-même qui avait suggéré à Oury de s’essayer à la comédie, à la fin du tournage d’un précédent film (sérieux) du maître. Oury avait hésité : acteur classique, habitué des scènes prestigieuses et des rôles du répertoire, de Corneille à Hugo, issu d’un milieu très imprégné des arts majeurs comme je l’ai dit, il s’était interrogé. Puis il avait plongé.
En vérité, Oury déploie des moyens considérables pour racheter son passage à la comédie. On l’a entendu assez souvent pour que je n’aie pas besoin de le répéter : il est le premier à avoir obtenu des enveloppes financières de films à grand spectacle pour réaliser des comédies.
Et tout y est : l’exotisme, les paysages somptueux, les couleurs, le mouvement, les effets spéciaux (ah, la scène où la Deuche implose !..).
Je reverrai donc « Le Corniaud » avec délectation.
Pourtant, mon préféré est le match retour, celui où Funès s’empare de la vedette au détriment de Bourvil : « La grande Vadrouille », une comédie trépidante, brillante dans tous ses aspects, époustouflante pour beaucoup des scènes de ses principaux acteurs. La romance entre Bourvil et Marie Dubois n’égale pas là l’intensité du moment où Funès dirige l’orchestre de l’Opéra, ni celle du bain turc, et de tant d’autres. Et curieusement, c’est, de tous les films de Louis de Funès, le seul où il reste un peu en retrait, où il économise les grimaces ; il l’a avoué lui-même : pour lui, Bourvil était un maître et on sent que les conseils du maître Bourvil (faux grimaçant) portent leurs fruits, Funès en fait moins, et il fait mouche à tous les coups.
Et pour les curieux, je signale que l’un des thèmes musicaux de « la grande vadrouille » a servi à Piovani comme accroche de l’un de ceux de « Fauteuil d’orchestre », l’excellente comédie de Danielle Thompson sortie l’an dernier, qui contient un autre hommage au film qu’elle avait coécrit avec son père, à travers le patronyme du pianiste, un film où il est question d’un collectionneur d’art contemporain qui vend sa collection parce qu’il va mourir. Oury est mort quelques mois après la sortie du film, l’été dernier.
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16/08/2007
France/USA : je t’aime, moi non plus ?
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Français sont partagés entre un réflexe d’ingratitude et une admiration envieuse quand ils pensent à l’Amérique. Sardou chante « Si les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie » cependant qu’on entend partout décrier l’arrogance et l’hégémonisme américains. On chante Lafayette, on déplore qu’il n’ait pas accepté l’offre qui lui était faite de l’adoption du français comme langue officielle des Etats-Unis naissants, et pourtant on regrette que Napoléon ait vendu la Louisiane. On s’inquiète de l’invasion de nos anciennes colonies africaines par les intérêts américains, cependant qu’on trouve plus chic de jargonner dans un sabir d’anglais qui n’est même pas le langage bizarre qu’utilisent les institutions internationales en guise de langue de Shakespeare. Bref, la France marche à côté de ses chaussures dès qu’il est question de l’Amérique, à peu près de la même façon qu’autrefois de l’Angleterre.
Au milieu de ces contradictions, quelques moments se détachent. Parmi ceux-ci, la séance du Conseil de Sécurité des Nations-Unies où, en 2003, la France opposa son véto à l’emploi de la force internationale pour achever le régime moribond du vieux dictateur Saddam Hussein.
Ce fut l’heure de gloire de Dominique de Villepin, son quart d’heure de célébrité. Et la France quasi-unanime approuva le choix qu’il exprima alors au nom du président Chirac : nous savions que les arguments employés par l’administration Bush pour justifier l’intervention en Irak n’étaient que des mensonges, comme cela fut avoué depuis lors par plusieurs des intéressés américains eux-mêmes.
J’ai moi-même approuvé la décision de refuser la collaboration au mensonge.
Pourtant, une erreur capitale a été commise par notre ministre des Affaires étrangères ce jour-là : il n’a pas tenté de s’adresser au peuple américain, ou plutôt, il a donné l’impression que le peuple français était désormais hostile au peuple américain, en n’employant aucune des nuances indispensables pour dissocier la nation américaine de ses dirigeants.
Cette faute n’est pas apparue à beaucoup. Pourtant, dans les conversations privées, on entendait presque toujours ce distinguo.
Or c’est cette erreur qui a occasionné les réflexes anti-français aux Etats-Unis à l’époque.
On voit bien que c’est pour remédier à cet inconvénient la stratégie du président Sarkozy, ces derniers jours, a plus visé l’opinion publique américaine que les autorités actuelles des Etats-Unis. Bien sûr, il a aussi remercié ses commanditaires, mais il a véritablement fait un effort pour rappeler en France les supposées hordes de touristes américains capables de consommer nos illustres produits de toutes natures ; et, outre-Atlantique même, d’encourager le retour aux produits français. En somme, le but est de contribuer pour quelques fractions de point supplémentaires à la croissance du PIB français.
Pourquoi pas, après tout ? Peut-on critiquer un effort qui semble louable ?
Oui.
Oui, car il a trente ans de retard. Encourager la consommation américaine de productions françaises comme si l’affaire de 2003 était seule cause de son ralentissement est une erreur : dès avant le 11 septembre 2001, les Américains venaient moins nombreux en France et notre part de marché en Amérique même se comprimait. Pour une cause politique ? Pas du tout : parce que l’Amérique évolue, que ses priorités changent, certes (ce qui pourrait se corriger), mais aussi et surtout parce que les Etats-Unis, tout puissants qu’ils demeurent, ne sont pas un pays en bonne santé. La croissance économique y est, depuis près d’une décennie, artificielle.
Par conséquent, jouer les VRP de luxe en Nouvelle-Angleterre est une erreur d’analyse. Certes, il n’est pas mauvais de rappeler que les Français n’ont jamais détesté collectivement les citoyens américains, mais outre que c’est au prix du rapprochement avec une administration discréditée dans sa propre population, c’est surtout un formidable coup d’épée dans l’eau : ce n’est pas comme ça que l’on pourra relancer la production française.
L’enfer est pavé de bonnes intentions. On croyait que jamais le nom de Sarkozy ne pourrait rejoindre le nombre de celles-ci. Eh bien, tout arrive…
Voici donc que s’éloigne la perspective d’un point supplémentaire de croissance pour notre pays. Le chiffre très faible annoncé mardi pour la croissance du PIB au deuxième trimestre fait douter qu’il y ait jamais eu d’effet Sarkozy sur le moral des ménages et sur le dynamisme de l’économie. Demain, à cet égard, ressemblera fort à hier. Avis de tempête pour l’UMP et ses valets.
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15/08/2007
Urbanisme rurbain : l’oubli de la leçon d’Haussmann ?
En Bretagne, il ne s’est pas développé uniformément. Depuis plus d’une décennie, en retard sur d’autres parties de ce territoire, il couvre toute la périphérie quimpéroise, en particulier dans la zone qui sépare Quimper de l’océan.
L’apparition de cette nouvelle population déséquilibre les communautés villageoises anciennes et crée de nouveaux besoins et de nouveaux services. Comme elle se combine avec une urbanisation de résidences secondaires, elle produit des effets considérables et spéciaux en été, lorsque les estivants viennent y grossir les effectifs résidentiels.
Certes, la saison est courte. Cette année, elle n’aura été sensible que lors de la première quinzaine d’août : juillet, froid, pluvieux, fut un désert. Septembre, en principe, proposera une arrière-saison qu’un autre tourisme animera, moins nombreux.
Ces jours-ci, les Belges, Allemands, Franciliens, Nordistes, gens de toutes parts, sont bien là et les routes deviennent des chapelets de pare-chocs embués de vapeurs d’essence, pas encore comme à Biarritz ou à Saint-Tropez, mais tout de même, ça se développe.
Et je suis frappé de constater que ces bouchons qui s’étirent sur des kilomètres n’ont aucune raison d’être ; ils n’ont qu’une cause : la concentration du trafic.
C’est que pour se rendre d’un endroit à un autre, il ne peut être question de trouver un raccourci dans les lotissements : on les a fermés sur eux-mêmes, aucune route ne les traverse en général, ils forment des épis de culs-de-sacs. On constitue donc patiemment, une par une, des communautés autistes, ouvertes par une seule fenêtre sur le monde, calmes c’est vrai, de ce calme très particulier que connaissent les villages isolés, lointains, blottis sur des pentes escarpées et désolées.
Disons simplement que ces lotissements sont des isolats. On est en train, grappe par grappe, groupe par groupe, d’enclaver des populations entières, de les enclaver là où il serait simple de les intégrer car il n’existe aucune raison de les cloisonner.
On doit réfléchir sur ce choix d’urbanisme que je juge personnellement dangereux à terme. On peut en tout cas mesurer de jour en jour à quel point il est absurde pour la fluidité du trafic. Qu’on ne m’objecte pas que c’est destiné à promouvoir les transports en commun en obstruant le passage des véhicules individuels : dans ce genre d’agglomérations, les transports en commun ne sont pas réalistes : la densité de population y est insuffisante pour une rentabilité minimale d’un mode de transport autre qu’individuel, du moins à court-moyen terme. La voiture a ici encore de beaux jours devant elle.
En somme, la situation est, en surface, d’une absurde concentration du trafic et, en profondeur, d’une régression historique qui fait reconstituer partout des cités qui ressemblent à ce qu’était le Paris d’avant Haussmann : un dédale obscur, charmant parfois, malcommode souvent, en tout cas générateur de sociétés murées. On doit y voir l’incurable résurgence d’un tempérament national, celui des Gaulois qui n’aimaient ni les lignes droites ni les trajets simples et auxquels le goût romain des routes rectilignes et des plans orthogonaux parut une simplification hérétique. Je sais que la notion de progrès est relative mais, en ce domaine, j’y crois, et il est dans le camp des Romains, dans le camp d’Haussmann.
N’oublions pas de relier entre elles les cellules humaines ; comme le dirait Quitterie Delmas, n’oublions pas de jeter des passerelles entre les êtres humains.
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11/08/2007
La faune contre l’humain ?
Du reste, depuis que l’on nous avait annoncé que la femelle avait atteint l’âge de dix-sept ans au lieu des sept précédemment officiels, on savait que sa fonction reproductrice était amoindrie, que le rapport qualité/prix de la livraison slovène devenait mauvais. Le tableau était sale, il fallait le laver.
Quant à l’opportunité de la réintroduction de l’ourse dans les Pyrénées, je me rappelle d’abord ce que Bayrou en a justement dit : on ne fait pas ce genre d’opérations lourdes sans l’assentiment, voire l’adhésion, de la population. De ce côté-là, c’était raté. Au-delà même, l’explication donnée par la jolie Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État qui assume l’environnement auprès du ministre Borloo (on mesure au passage le changement de statut de l’écologie résultant du départ de Juppé du gouvernement), ne convainc personne : réintroduire l’ours pour ne pas avoir l’air d’on ne sait quoi auprès des Africains à qui l’on demande de protéger le dévastateur éléphant. C’est absurde : l’ours slovène n’est pas l’ours des Pyrénées ; c’est en Slovénie qu’il faut le protéger.
On sait cependant pourquoi l’ours était slovène : pour qu’on ne le confonde pas avec une fraise des bois.
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